Selon les dernières prévisions du FMI, le taux de croissance économique (la croissance moyenne) de l’Afrique subsaharienne devrait descendre à son plus bas niveau depuis plus de vingt ans. Ces prévisions publiées précisément le 16 Octobre 2016 dans son rapport semestriel sur «les Perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne » soulignent aussi une croissance hétérogène entre les différents pays de la région.
En effet, la conjoncture actuelle de l’économie mondiale, dominée précisément par la baisse continuelle des cours du pétrole et des matières premières, a eu des effets différents sur les pays de la région en fonction de la structure de leur économie (pays exportateurs ou importateurs de pétrole, pays riches ou pauvres en ressources naturelles).
Afrique subsaharienne : croissance du PIB réel
De facto, les pays tributaires des exportations de ressources naturelles (le pétrole) connaissent aujourd’hui un fort ralentissement de leur économie. Des tensions causées, en partie, par la chute des exportations vers la Chine – premier partenaire commercial de la région (qui fait face à d’énormes difficultés économiques) – mais aussi vers le reste du monde. Ainsi les pays comme le Nigéria, l’Afrique du sud et l’Angola ont vu leurs recettes nationales amputées dans des proportions allant de 15 % à 50 % de leurs PIB depuis le milieu de l’année 2014.
Cependant, cette situation l’économie mondiale profite à d’autres pays comme le Sénégal, la Côte d’ivoire, le Kenya, l’Éthiopie …qui continuent d’afficher de bons résultats, car bénéficiant de la baisse des prix des importations de pétrole, de l’amélioration du climat des affaires. Ces pays devraient continuer d’enregistrer des taux de croissance allant de 6 % à 8% dans les deux prochaines années, selon le même rapport. Mais dans l’ensemble, la production de la région ne devrait progresser que de 1,4 % en 2016. Un chiffre correspondant à ceux des années 1977, 1983,1992 et aussi de l’année 2009 date à laquelle la plupart des pays industrialisés du monde sont rentrés en récession la suite du krach de l'automne 2008.
Afrique subsaharienne : croissance du PIB réel Pendant les épisodes de ralentissement économique actuel et passés
En plus de ces facteurs exogènes, la manque de transparence des politiques publiques des pays les plus touchés a fortement contribué à leurs relentissements actuels et aux tensions économiques qu’ils connaissent. En ce qui concerne la politique économique, la réaction des différents gouvernements fut lente voire même parcellaire.Et les progressions ou les croissances prévues pour les pays comme la Côte d’ivoire, le Sénégal, l’Ethiopie, etc. pour les années à venir n’auraient pas d’effets ou d’impacts sur l’économie des pays touchés en raison de la faible intégration économique de la région.
Toutefois, les prévisions du FMI annoncent aussi une reprise modeste, avec une croissance d’un peu moins de 3 % pour l’année prochaine mais sous certaines conditions. Cette reprise ne serait possible que si les différents gouvernements concernés, c’est-à-dire ceux qui dependent de l’exportation du pétrole, mettent en place un ajustement budgetaire efficace à moyen terme.En d’autres termes,ces pays doivent trouver des nouveaux moyens de financement de leurs économies qui pourraient contribuer à attenuer l’effet de freinage à court terme sur la croissance et réduire l’incertitude qui fait actuellement obstacle à l’investissement privé.
D’ailleurs, cette problématique du financement des économies africaines a été le thème de la Conférence annuelle 2016 de l’Afrique des Idées qui avait réuni plusieurs experts au sein de l’université Paris Dauphine le 4 juin 2016. L’élargissement de l’assiette fiscale, les Partenariats Public-Privé (PPP) sont des pistes à explorer pour garantir des moyens durables de financement des économies africaines.
Hamidou CISSE
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Merci Hamidou pour ce brillant article, notamment l'explication du ralentissement des économies africaines due à la chute des matières premières et du pétrole. Il appartient aux Etats concernés de mener des politiques d'ajustement efficaces en diversifiant leurs sources de revenus et en élargissant l'assiette fiscale pour faire face à ces chocs exogènes difficiles à maîtriser. Les Etats comme le Sénégal et le Kenya qui ne sont pas touchés doivent également rechercher une croissance inclusive.