L’émergence de politiques de santé publique ambitieuses en Afrique sub-saharienne fait de la production des médicaments génériques un enjeu majeur. Le marché africain du générique offre ainsi de belles opportunités d’investissement au secteur privé africain.
A l’heure où les pays occidentaux tentent de freiner leurs dépenses de santé, au risque d’entériner définitivement des systèmes de santé à deux vitesses, certains pays africains adoptent une démarche radicalement opposée. Ainsi en février dernier, le gouvernement du Bénin a annoncé la création d’un Régime d’Assurance Maladie Universelle (RAMU), afin de permettre à l’ensemble de la population d’accéder aux soins selon les besoins médicaux et les revenus de chacun. En mars, s’est tenue au Niger une conférence pour le renforcement de la gratuité de soins de santé, gratuité qui avait été instaurée au Niger en 2005.
Les Etats d’Afrique subsaharienne prêtent un intérêt croissant à la gestion du risque maladie auquel font face les populations locales, lourd de conséquence en termes financiers pour les familles qui doivent souvent supporter la majeure partie des dépenses de santé publique. Le risque sanitaire fait de l’accès aux médicaments à bas coût un enjeu essentiel. L’Afrique subsaharienne importe actuellement environ 90% de ses médicaments, le secteur des génériques représente donc un marché à fort potentiel sur le continent.
Outre l’innovation pharmaceutique, qui demeure essentielle, la priorité pour le continent consiste à renforcer ses capacités locales de production de médicaments . Une politique de développement volontariste dans le secteur pharmaceutique local est déterminante pour attirer des investisseurs privés locaux pour qu’ils contribuent à développer une industrie pharmaceutique africaine. Les pays les plus actifs en termes de production de médicaments génériques sont principalement le Kenya, le Nigéria, la Tanzanie et l’Afrique du Sud.
On peut citer à titre d’exemple le groupe sud-africain Aspen Pharma, qui fait partie du top 20 mondial des fabricants de génériques. Six de ses sites de production sont situés sur le continent (Afrique du Sud, Kenya, Tanzanie). Le chiffre d’affaires du groupe était en hausse de 31% sur les six derniers mois de l’année 2011, grâce à un marché domestique (Afrique du Sud) en forte croissance, et un bonne performance dans la sous-région, avec un profit opérationnel en hausse de 23%. Le groupe a su développer des partenariats stratégiques judicieux, notamment en Afrique de l’Ouest et au Nigéria avec le leader britannique Glaxosmithkline. Les perspectives de croissance sont en outre très favorables pour le Groupe, qui a l’intention d’accroître sa prise de participation dans le groupe pharmaceutique tanzanien Shelys, qui fabrique notamment des traitements génériques contre le paludisme.
Le secteur des génériques en Afrique subsaharienne attire également les investisseurs d’autres pays émergents, comme l’Inde. Selon le site Bloomberg, le laboratoire pharmaceutique indien Cipla a l’intention d’investir 80 millions de dollars pour accroître ses capacités de productions en Ouganda, en partenariat avec Quality Chemicals Industries, un laboratoire du pays. Cet investissement vise à développer la production de traitements génériques contre le VIH et les médicaments génériques anti-malaria. L’usine de Quality Chimicals à Kampala a déjà des capacités de production existantes de 6 millions de comprimés anti-paludisme ou anti-VIH par jour.
La demande en médicaments générique de l’Afrique subsaharienne reste donc aujourd’hui fortement supérieure à l’offre locale, ce qui permet à la concurrence indienne et chinoise de s’attribuer de larges parts de marché dans l’industrie pharmaceutique africaine. Les opportunités d’investissements pour les laboratoires africains sont pourtant bien réelles, et l’émergence de grands laboratoires africains spécialisés sur les génériques tels qu’Aspen permettrait de réduire les importations de médicaments et d’assurer une stabilité dans la production de médicaments génériques locaux. Les bailleurs de fonds devront quant à eux respecter les dynamiques d’un secteur pharmaceutique africain encore fragile, notamment en mesurant bien ex ante l’impact potentiel de dons aux Etats de médicaments achetés à l’extérieur, ce qui peut menacer l’équilibre du marché.
Le marché africain des génériques est malgré tout promis à un bel avenir, grâce aux efforts grandissants des pouvoirs publics pour assurer au plus grand nombre un accès aux soins tout en optimisant les dépenses publiques liées à la santé.
Leïla M.
Laisser uncommentaire
Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués par *
L'article fait bien de mettre l'accent sur la production locale de médicaments. C'est évidemment le futur. C'est une vraie bonne nouvelle de voir l'activité grandissante du Kenya, du Nigéria, de la Tanzanie et de l’Afrique du Sud dans le domaine. Je note au passage qu'encore une fois, l'Afrique francophone est reléguée loin derrière.
Les Etats africains devraient faire la cour aux grands groupes pharmaceutiques pour qu'ils y installent des unités de production ou créer des entreprises de production qu'ils pourraient ensuite privatiser. Un cadre incitatif doit être mis en place pour booster l'offre de médicaments car la demande est importante et croissante. Au passage, c'est un bon moyen de créer des emplois, de transférer des compétences et de doper la croissance.
Hello Tite, tout à fait d'accord pour inciter les grands labos à délocaliser une partie de leur production en Afrique. Mais sont-ils prêts à accepter un "knowledge transfer" inévitable? Pas sûr que ça soit dans leur intérêt..
je pense plutot que nos Etats devraient miser sur la production de medicaments traditionnels ameliorés (issus de nos pharmacoopées respectives) pour une plus grande valeur ajoutée sur tous les plans…
bonjour Maloum, que veux-tu dire par "médicaments traditionnels améliorés"? Si c'est de médicaments non-génériques dont tu veux parler, ils ne seraient alors pas accessibles au plus grand nombre.
bonjour leila,
j'entends par medicaments traditionnels ameliorés des medicaments à base de plantes avec lesquels nosu nous sommes toujours soignés dans plusieurs zones en afrique…
eh bin, si chaque pays s'y mettait, non seulement on developperait des secteurs importants de notre economie ( activités generatrices de revenus pour les paysans, recherches, agriculture, industries d'emballages…) mais encore avec la circulation de ces medicaments d'un pays à l'autre, le plsu grand nombre pourrait y avoir accés.
Coucou Tite et Leila, je suis d'accord avec vous, ce serait vraiment très intéressant pour l'Afrique et surtout l'Afrique francophone, que des laboratoires de production de médicaments génériques y soient créés. Mais au lieu d'inciter les grands laboratoires pharmaceutiques à venir s'implanter dans nos pays, il faudrait plutôt que ce soit les états africains où des particuliers africains qui les créent. Car les grands groupes pharmaceutiques internationaux n'ont aucun intérêt à délocaliser leur production en Afrique et à participer ainsi à un transfert de compétences.
Il faudrait donc courtiser des frères africains expatriés qui sont dans le domaine pharmaceutique et les inciter à venir créer de telles entreprises en Afrique avec l'aide de bailleurs de fonds et de capitaux privés africains. Cela permettrait aux populations africaines de se soigner convenablement à l'aide de médicaments de qualité et très économiques, de générer des emplois, de réduire significativement les importations de médicaments et surtout de permettre aux états africains ou à des particuliers africains d'être détenteurs des plus grandes parts du marché africain de médicaments.
On pourrait même à long terme investir dans la recherche et développer des médicaments compétitifs au niveau mondial à partir de nos connaissance en médecine traditionnelle. Ce qui permettrait à l'Afrique de se faire une place dans le monde de la recherche scientifique et peut-être même d'exporter des médicaments vers l'Occident.
ca fait un peu tard mais j'essaye à toute fin utile
je suis sur un dossier pour l'implantation d'un laboratoire pharmaceutique aunigeria ce qui pourra apporter beaucoup d'aide(et bien sur gener le plus petit nombre?!)
je vous adresse ce courrier leila c'est parce que je n'arrive pas à avoir une source d'information sur le mrché du generique au nigeria pour commencer
est ce mon approche est mauvaise ou c'est chasse gardée
si vous pouvez m'aider je vous serais tres reconnaissance(m(aider en source d'information
merci beaucoup
nacera