Comment l’Afrique peut-elle faire face au problème de déchets solides ?

                                                              « Les pressions subies par les écosystèmes reflètent les niveaux intenables de la demande, ainsi que les méthodes néfastes d'extraction des ressources et d'élimination des déchets »
Rapport sur l’empreinte écologique de l’Afrique (2012, p.41)

une_dechetRécemment, un ami s'est rendu au Rwanda et m'a appelé pour exprimer son étonnement face à la propreté des rues de Kigali. Des commentaires comme « c'est si propre ici » sont fréquemment exprimés par les personnes originaires d'Afrique qui se rendent dans des régions du monde développé pour la première fois – les rues propres en Afrique sont souvent perçues comme l'exception plutôt que la règle. 

Plus typiques sont des scènes de tas de déchets solides de toutes formes, tailles, origines et types jonchant les trottoirs, pris dans la végétation, ou entassés au coin des rues, sur le côté de la route et sur les terrains abandonnés dans nos villes. Tel est l'héritage visible des modes non viables de production et de consommation à mesure que les pays en développement, y compris la majorité des personnes en Afrique, deviennent de plus en plus industrialisés. Au fur et à mesure que la population augmente, les niveaux de revenus augmentent – permettant des taux de consommation plus élevés – et les pays deviennent plus urbanisés, la situation, selon toute vraisemblance, va s'aggraver. Bien que des publications récentes estiment que la moyenne de la production de déchets par habitant en Afrique est d'environ 0,65 kg/habitant/jour, ce qui est inférieur à la moyenne de 2,2 kg/habitant/jour pour les pays de l'OCDE, elle est en hausse rapide et mal gérée.  

La plupart des administrations et municipalités locales sont dépassées en ce qui concerne la gestion des déchets solides. Elles prétendent ne pas disposer de la capacité, des ressources financières et de l'accès à la technologie appropriée pour faire une différence durable.  Les conséquences du statu quo et du vécu quotidien par les citadins comprennent la contamination de la surface et des nappes phréatiques, la pollution de l'air (poussières et gaz fétides provenant de la décomposition des déchets et de la combustion des déchets solides) et la mauvaise santé générale. Dans certaines villes, des épidémies de choléra et de la dysenterie sont fréquentes (même si ce fait est également lié aux problèmes d'approvisionnement en eau et assainissement), la principale préoccupation est le fait que les décès qui en résultent sont évitables.  

Selon ONU-Habitat , la qualité des services de gestion des déchets est un bon indicateur de la gouvernance d'une ville. Qu'est-ce qui fait de la gestion des déchets solides un problème apparemment impossible à gérer dans de nombreuses régions de l'Afrique ? Est-ce le manque de volonté politique ? Le mauvais ordre de priorité ? L'absence d'un environnement politique favorable ? Les lois inadéquates ? Ou tout simplement le manque de planification ?

En fin de compte, que faudrait-il pour favoriser le changement ? Pour commencer, il existe des solutions et technologies éprouvées, parmi lesquelles des stratégies visant à : minimiser la production de déchets, maximiser le recyclage et la réutilisation des déchets de façon écologiquement rationnelle, promouvoir l'élimination et le traitement des déchets de manière écologiquement rationnelle, et étendre la couverture des services de déchets.

Si l'obstacle est la mobilisation du soutien et de l'adhésion de la communauté ou des parties prenantes, le Rwanda dispose d'un système appelé « Umuganda », qui est une journée de service communautaire le dernier samedi du mois, où la population nettoie ; il y a quelque espoir que les gens peuvent être amenés à changer leurs attitudes et, éventuellement, leurs modes de vie.   

Pour sa part, la Banque [Africaine de Développement, ndlr] a mis en place une stratégie de développement urbain qui fournit des conseils stratégiques sur la façon de renforcer la viabilité et la compétitivité des villes afin de leur permettre d'entretenir le développement économique et social durable et de servir de moteurs de la croissance. En outre, la politique de la Banque sur l'environnement identifie l'élimination des déchets solides comme un impératif pour assurer la santé publique et à améliorer l'environnement urbain. 

Plus récemment, lors de la conférence de Rio +20, la Banque africaine de développement en collaboration avec d'autres Banques multilatérales de développement a publié une déclaration commune exprimant l'engagement de leur part à soutenir globalement le programme de développement durable, reconnaissant, parmi la multitude de priorités, la nécessité de promouvoir les villes durables et par extension, la gestion des déchets urbains.  

Bien que la dynamique soit de renforcer ce domaine, il reste encore beaucoup à faire, en particulier en Afrique.

 

Un article de Musole M. Musumali initialement paru sur le blog de la Banque Africaine de Développement