Cette folie homophobe est dangereuse pour l’Afrique

107911548« Ce sont des gens normaux avec des comportements anormaux ». Voici en quelques mots le cliché que répand depuis quelques semaines dans l’opinion mondiale le président ougandais, Yoweri Museveni, sur les homosexuels. Une anormalité « suffisante » pour une certaine classe populiste du continent pour lancer la chasse aux personnes gays.  

L’Afrique connue pour son hospitalité légendaire a vite été transformée en une terre hostile à des millions de personnes. Même s’il serait difficile d’estimer le nombre d’africains de la communauté homosexuelle,  la guerre ouverte orchestrée contre eux sur le continent est un mauvais signe pour la fraternité et la solidarité légendairement connues aux africains.

Le calvaire judiciaire des homosexuels au Cameroun est le signe avant-gardiste du revers de ces lois anti-homosexuels votées sous fond de populisme politique. De simples dénonciations suffiraient largement pour faire subir à quiconque la pire facette de la loi anti-homosexuel du pays. Et des personnes mal intentionnées s’en servent, aussi abusivement que possible, pour régler des comptes. De cette machination, des familles se sont révoltées contre leurs propres enfants, des jeunes diplômés mis au chômage, certaines personnes contraintes à raser les murs, d’autres à faire le choix de l’exil forcé en raison de leur orientation sexuelle. Seul moyen pour ne pas compter ses jours dans les geôles du pays. Mais pourquoi ce regain de l’homophobie sur le continent africain ?

On connaissait les crimes organisés contre les homosexuels dans certains pays de l’Afrique de l’Est. On savait que tout soupçon d’homosexualité est un passeport direct pour la prison dans nombre de pays du continent. On savait aussi qu’au nom de la loi islamique, les homosexuels étaient plus qu’indésirables dans le Maghreb. Mais jamais cette guéguerre contre les homosexuels n’a été une si sérieuse affaire d’Etat. Elle fait la quintessence des déclarations de plusieurs chefs d’Etat. Et c’est là ou le bât blesse.

Aucun serment présidentiel ne proclame la violation du respect des droits de la personne humaine. Des agissements qui donnent raison à Joël Té-Léssia qui disait deux années plus tôt que « l’homophobie est devenue une excuse » pour les leaders politiques de l’Afrique. Un nouveau moyen de prédilection pour se « sauver » des nombreux échecs des programmes de développement notamment en Afrique subsaharienne. L’homosexualité n’est donc pas la malédiction qui retarde notre développement et hypothèque notre émergence depuis des lustres.

Mais dites-moi, l’orientation sexuelle n’est-elle pas un droit humain au même titre que le droit à la liberté de penser et de religion ?

Certain que nombre d’entre vous diront que les coutumes africaines ne l’autorisent pas. Vous seriez bien nombreux à arguer que c’est une fabrication occidentale. Une fausse imagination commune. Les archives historiques de l’Afrique le montrent si bien qu’ils faillent arrêter cette intoxication qui divise, oppose les frères d’un même continent. Et le Rwanda et l’Afrique du Sud l’ont si bien compris que ces deux pays n’ont aucun mal à soutenir le Conseil des Droits de l’Homme des Nations-Unies pour la dépénalisation universelle de l’homosexualité. 

Et si tous les africains en faisaient de même…

De-Rocher Chembessi