Ces comédies au sommet de l’Afrique !

union_africaineQui a pu lui souffler cette idée ? Comme vous sans doute, j’ai entendu, le ministre nigérien des affaires étrangères, Mohamed Bazoum, dire au cours de sa dernière visite en France « qu’il faut que ceux qui ont fabriqué le terrorisme dans le Sahel en éliminant, l’ancien guide libyen Mouammar  Kadhafi puissent donner les moyens de le combattre. »  Expressément, il en appelait à la réaction de la France et des Etats-Unis.
En bon artisan d’une Afrique nouvelle, quel empressement de ma part pour saluer le courage d’un homme qui, a dit très haut et bien haut même ce que mijotait tout bas le peuple africain. Sur le continent, tout le monde est bien conscient que le mal du sahel est une émanation de la chute scabreuse de Kadhafi. Euphorique devant ses appels à l’ « ordre » du chef de la diplomatie nigérienne, je l’étais !
Mais soudain, une question me surplombe. Le fantôme de Kadhafi pèse-t-il encore sur l’Afrique ? Non ! me répondit ma conscience. Ce qui hante l’Afrique, c’est tout simplement la comédie au plus haut sommet du continent.
Je n’étais point un soutien de Kadhafi ! Je ne l’aurais jamais été ! Mais cet appel pressant au secours, quelques semaines après le fiasco autour de la situation sécuritaire en Centrafrique au sommet de l’Union Africaine montre ô combien l’Afrique manque de constance.
Ces dirigeants, ne savaient-ils pas que la chute de Kadhafi donnait libre cours à une déstabilisation de la région du Sahel ? Ne savaient-ils pas que Kadhafi, dégommé de son empire libyen ferait des dépenses supplémentaires pour leur sécurité nationale ? Voire même un manque à gagner en termes d’aide extérieure au développement dans le cadre de la coopération sud-sud ?
En filigrane, ça dénote d’une ignorance pathologique de ces leaders du continent. Aucun d’eux, presque n’avait haussé la voix au bon moment. Une ignorance caractéristique d’une comédie de la plus grande bassesse. Au dernier sommet de l’Union Africaine, on n’était pas bien loin du grand cabaret de Paris pour une représentation théâtrale d’un groupe souvent mal inspiré.
Le seul cas de la Centrafrique en dit long. Alpha Condé, président de la République de Guinée, président du Conseil de Sécurité de l’Union Africaine, qui se fait taper sur les doigts par ses pairs car il se montre ouvertement favorable à l’envoi des casques bleus dans le pays. Son ministre des affaires étrangères, toujours eux, fera marche arrière en prétextant que son président ne parlait pas au nom du conseil de sécurité mais en son nom propre.  Quelle aberration ?
Dans la foulée, le Tchadien Idriss Deby Itno montrera qu’à lui tout seul, il peut faire désavouer tous ses collègues! Il réussit à leur faire avaler, en attendant sa matérialisation, le principe d’envoi des casques bleus de l’ONU. Belle comédie présidentielle au plus haut sommet de l’Afrique.
Que dire de Jacob Zuma, le président sud-africain qui en pleine négociation encore incertaine de la commission de l’Union Africaine pour l’adhésion du royaume de Maroc fait des éloges en pleine tribune sur la République démocratique du Sahara Occidental. Une blague de très mauvais goût tout simplement. Suffisant pour faire dire à cet ancien journaliste béninois, que les sommets de chefs d’Etats en Afrique n’est rien d’autre qu’une partie entre des présidents mal élus pour sabler le champagne.
L’Afrique des miracles, qui se rêve et se vit sur le continent n’a sans doute pas besoin de ces comédies au plus haut sommet de la sphère continentale.
 

De-Rocher Chembessi