Pour une révolution numérique en Afrique

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Malgré le développement de la téléphonie mobile en Afrique, très peu de ménages sont connectés à l’internet haut débit. Compte tenu de son rôle transversal dans l’économie, ne faudrait-il pas que l’accès au haut débit pour tous devienne une priorité de développement ?

 

Lorsqu’on parle de communications électroniques, cela évoque des échanges d’informations entre amis, entre familles ou entre partenaires en affaires. Cela évoque également l’histoire de cette grand-mère qui reçoit régulièrement les nouvelles de son petit-fils vivant à l’étranger, ou encore celle de ces amoureux qui se contemplent chaque jour en dépit de la distance qui les sépare. Laissons néanmoins toute la poésie que nous apportent les télécommunications et focalisons-nous plutôt sur sa contribution à l’amélioration de notre bien-être matériel.

L’Etat des technologies de communications en Afrique

Source : Tiré du Rapport 2011 de l’Observatoire de la téléphonie mobile en Afrique (Figure 1), GSMA. Les données au-delà de 2011 sont des prévisions du GSMA.

Au cours des dix dernières années, les NTIC ont connu une croissance fulgurante dans le monde entier. Particulièrement en Afrique, cette croissance concerne surtout la téléphonie mobile dont le nombre d’utilisateurs a été multiplié par 30 entre 2001 et 2011 ; avec 620 millions de connectés en 2011. Cependant, ce progrès cache les performances du réseau mobile qui ne permet pas encore la connexion à l’internet dans plusieurs Etats Africains.[1] Ainsi, très peu d’Africains ont accès au réseau internet mobile : moins de 5% de la population selon les statistiques de l’UIT en fin 2011. Le réseau fixe est encore moins développé avec seulement 0,2% des ménages ayant accès au haut débit fixe en fin 2011. Il existe également des différences persistantes entre pays, entre les régions d’un même pays et entre les riches et les pauvres.

Ce tableau contrasté de l’état des nouvelles technologies de communications en Afrique appelle à une révolution numérique compte tenu de ses incidences sur le développement économique et social.

Impact sur le développement du marché

En effet, la réduction de la distorsion dans les prix relatifs des produits constitue l’une des incidences majeures du développement de la téléphonie mobile en Afrique. En effet, le manque de coordination dans la détermination des prix des produits crée souvent de grandes disparités régionales préjudiciables au niveau de vie des agriculteurs Africains. Par exemple, un agriculteur de maïs dans le nord du Bénin n’a pas d’information sur l’offre et la demande de maïs dans le pays en dehors de son village. Ainsi, en fixant son prix à l’acheteur, il ne tient pas compte des conditions de transactions sur les autres marchés géographiques. Cela a une incidence directe sur son niveau de vie dans la mesure où le revenu tiré de cette production ne lui permet pas toujours d’acheter d’autres produits de consommation dont les prix sont fixés en tenant compte des conditions du marché. C’est le cas souvent des produits importés dont les prix sont déterminés à l’échelle mondiale. Une récente étude menée au Niger montre comment le développement de la téléphonie mobile permet de corriger cette distorsion et d’assurer un niveau de vie plus élevé aux agriculteurs qui utilisent leur téléphone portable pour avoir l’information sur les prix dans les autres marchés géographiques.

Par ailleurs, le développement des communications électroniques a permis d’élargir et d’intégrer le marché via l’émergence de nouveaux services et la réduction des coûts de transactions. Concrètement, le paiement par téléphone mobile, la réception des informations sur un ordinateur, un poste téléviseur ou même sur un écran mobile sont de nouveaux services qui permettent d’élargir le marché et ainsi créer de nouveaux emplois. En plus, la possibilité pour un habitant d’une contrée quelconque de faire des achats via internet ou de recevoir des informations provenant de la ville permet de mieux intégrer le marché. Le cas du mobile-banking est un exemple typique qui regroupe à la fois ces deux fonctions. Non seulement, il a permis à des millions de personnes d’accéder aux services bancaires, mais également l’émergence de nouveaux services comme l’utilisation du téléphone mobile comme moyen de paiement dans un commerce. A titre d’exemple, une étude réalisée sur le système de mobile-banking au Kenya (M-Pesa) montre qu’il a fortement augmenté la bancarisation des ménages. [2]

En plus de son incidence sur le contenu et l’étendue du marché, le développement des communications électroniques contribue à entretenir la concurrence dans les autres secteurs de l’économie. Une récente étude conduite dans certains pays de l’Union Européenne montre que la diffusion des services de télécommunications induit un développement de la concurrence dans les autres secteurs. En Afrique, l’étude réalisée au Kenya montre que le M-Pesa a entraîné une baisse des prix des services de transfert d’argent comme Western Union ou Money-Gram.

Impact sur le développement social

Au delà de son impact sur le développement économique, les communications électroniques ont des ramifications dans les domaines tels que l’éducation (e-education), la santé (e-health) et l’administration publique (e-government). L’importance que prennent ces nouvelles formes de services appelle à une remise en question des politiques de développement actuellement mises en œuvre dans les pays pauvres et plus particulièrement en Afrique.

Par exemple, aurons-nous encore besoin de regrouper des élèves dans une même salle de classe ou des patients dans une même salle de soins dans 50 ans ? L’organisation de l’administration publique telle qu’elle est aujourd’hui serait-elle encore convenable dans 50 ans ? Les perspectives qu’offrent les nouvelles technologies semblent suggérer qu’il n’y rien de plus incertaine qu’une réponse à ces questions. Il s’en suit donc que le développement dans les pays actuellement dits « en développement » ne consiste pas à transposer les modèles qui existent actuellement dans les pays développés ; mais plutôt à inventer les nouveaux modèles de développement. Mon intuition est que l’accès au tout numérique doit faire partie intégrante de tout modèle de développement.

Dès lors, l’accès à l’internet haut débit fixe ou mobile représente une pièce centrale dans le puzzle que constitue le développement de l’Afrique. Alors que les agences spécialisées des Nations Unies ont récemment constitué un groupe de réflexion sur les OMD post-2015, il est temps que l’accès à l’internet haut débit pour tous soit inscrit comme un objectif global à part entière au même titre que l’accès à l’éducation pour tous.[3]

 

Georges Vivien Houngbonon


[1] Cela est dû à l’absence des réseaux mobiles de nouvelles générations telles que la 3G, la 4G ou la LTE dans la plupart des pays Africains.

[2] Voir l’étude de Issac Mbiti sur le sujet.

[3] Actuellement l’accès au NTIC fait partie des derniers objectifs des OMD !!! Voir Objectif 8, Cible F.