L’entrepreneuriat au cœur du développement de l’Afrique

uneL’entrepreneuriat, un concept développé par l’économiste Joseph Schumpter en 1950 a de nos jours le vent en poupe sur le continent africain. Au lancement de sa tournée africaine portant sur le social business en 2006, Muhammad Yunus Professeur économiste et prix Nobel de la paix a déclaré que l’entreprenariat serait la clé du développement de l’Afrique.

Nombreux sont les économistes, les gouvernements et les organisations internationales qui sont du même avis et essayent de tout mettre en œuvre pour développer  l’Afrique tout en passant par l’entrepreneuriat.

Etant le continent le plus jeune du monde avec prés de 70% de sa population ayant moins de 25 ans (OECD, 2011), l’Afrique peut se vanter d’avoir une main d’œuvre abondante. Malheureusement la jeunesse africaine fait face à un sérieux problème de chômage qui ralentit considérablement la croissance du continent. En effet 60% des chômeurs africains sont des jeunes. Depuis les années 2000 l’Afrique a renoué avec une croissance économique positive, ce qui permet au continent d’être au devant de la scène en attirant de plus en plus d’investisseurs venus du monde entier. Ceci à considérablement augmenté le nombre d’opportunités d’affaires sur le continent. Voulant profiter de cette dynamique et aller de l’avant dans sa lancée vers un développement durable, l’Afrique essai d’emboiter le pas des pays développés qui depuis la deuxième moitié  du 20ème siècle  ont considéré l’entreprenariat comme un moyen d’augmenter la productivité et l’innovation.

Selon Paturel (2007), on parle d’entrepreneuriat si celui-ci « est, à partir d’une idée, l’exploitation d’une opportunité dans le cadre d’une organisation impulsée, créée de toute pièce ou reprise dans un premier temps, puis développée ensuite, par une personne physique seule ou en équipe qui subit un changement important dans sa vie, selon un processus qui aboutit à la création d’une valeur nouvelle ou à l’économie de gaspillage de valeur existante ». Ainsi nous avons l’entrepreneuriat à but lucratif et celui à but non lucratif communément appelé entreprenariat social. En plus d’être une solution aux problèmes d’emploi, l’entreprenariat contribue à la croissance économique et lutte aussi contre la pauvreté. Aussi simple que cela puisse paraitre, l’entreprenariat est créatrice d’emploi. Etant donné que tout entrepreneur est en quête de débouchés et de profits, il met  tout en œuvre pour réaliser ses ambitions et atteindre son épanouissement personnel. La création d’une entreprise ou l’expansion de cette dernière résous l’un des plus grands défis des gouvernements qui est celui de créer des emplois et de sécuriser ceux existants. En Australie par exemple dans les années 1990, les PME ont contribuée à la croissance nette de l’emploi dans une fourchette de 63% à 78% {Hall (2002)}.

L’entrepreneuriat fait augmenter la concurrence sur les marchés avec la création d’entreprises, ce qui a des répercussions positives sur la productivité de tout le secteur. L’apport d’innovation  redynamise le secteur et pousse les autres entreprises à se perfectionner. A long terme l’efficacité du secteur privé se voit renforcer, ce qui augmente sa contribution au PIB (Produit intérieur brut). Mis à part la création d’emploi qui contribue déjà à la réduction de la pauvreté, ces dernières années le phénomène d’entreprenariat social s’est énormément développé. Ce dernier à pour but spécifique de lutter contre la pauvreté, et les inégalités sociales. Ce phénomène qui est bien connu dans les pays développés vient de voir le jour en Afrique avec quelques initiatives comme au Nigeria où l’entreprise DMT ‘’Mobile toilets’’ fondée par Isaac Durojaiye a non seulement apporté un rendement intéressant à son fondateur mais, à travers son modèle de franchise, elle a aussi permis d’installer 22 000 WC et a donné un moyen de subsistance à des milliers de franchisés, principalement des femmes marginalisées.[1]

L’entrepreneuriat peut jouer un rôle important dans la croissance économique de l’Afrique mais pour atteindre cet objectif,  les gouvernements, les preneurs de décisions et les organisations internationales doivent se focaliser sur certains points vitaux: la promotion de l’entrepreneuriat, l’instauration d’un environnement favorable à la création d’entreprise, faciliter  l’accès au financement et assurer le suivi des entreprises.                                                        

Ø  La promotion de l’entrepreneuriat

Par la promotion de l’entrepreneuriat on sous entends la vulgarisation du phénomène et aussi l’encouragement de l’esprit d’entrepreneuriat. Sur ces points la grande partie du travail a été faite par les organisations internationales telles que les Nations Unies (NU), l’Organisation Mondiale de la Sante (OMS), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE); et les différents gouvernements. Grâce aux forums, conférences, foires et autres organisés pour promouvoir l’entrepreneuriat une avancée considérable a été faite. Cependant l’entrepreneuriat n’est toujours pas aussi répandu en Afrique comme dans les pays industrialisés. En effet dans la grande majorité des pays africains la promotion s’est focalisée sur les jeunes diplômés au chômage tout en oubliant le milieu rural qui est censé être l’un des poumons de l’économie africaine. En effet l’entrepreneuriat dans le milieu rural s’est avéré être très efficace dans les pays développés. Ceci étant la promotion doit être généralisée et l’esprit entrepreneurial doit être encouragé pas en se basant sur les critères de segmentation de la population. Tout individu étant doté d’un potentiel, il est tout à fait normal que n’importe qui peut entreprendre avec succès.

Ø  L’instauration d’un environnement favorable à la création d’entreprise

Ici l’essentiel est tout d’abord d’assainir le climat des affaires, et ensuite favoriser la création des entreprises, tout en se basant sur la formation. Une bonne régulation du secteur privé accompagnée des subventions et des avantages particuliers accordés aux entrepreneurs, telles sont les pratiques qui peuvent encourager la création d’entreprise. La mise en œuvre des politiques ayant toujours été un problème particulier en Afrique, il est triste de constater que la grande partie des aides et subventions annoncées ne se fait pas voir sur le terrain. Remédier à ce genre de pratique  serait vraiment bénéfique au continent et accélérerait le développement de l’entrepreneuriat. Aussi, réduire les démarches administratives à suivre et limiter tous les autres obstacles dans la création d’entreprise sont aussi des moyens efficaces pour encourager la création d’entreprise. Vu le niveau bas d’alphabétisation des pays africains il est conseillé d’organiser des formations visant à former tout individu pour qu’il puisse être capable de gérer une affaire et de peut être s’adonner à l’entreprenariat dans un futur proche.

Ø  Faciliter l’accès au financement

 L’Afrique étant le continent le plus pauvre, le problème de financement est l’un des plus grands obstacles rencontré par l’entrepreneur africain. Dans les pays développés comme au Etats Unis d’Amérique ou au Canada, tout entrepreneur bénéficie d’avantages particuliers et de subventions par rapport à son domaine d’activité; ce qui n’est pas le cas en Afrique. Avec un système financier qui n’encourage pas vraiment la création d’entreprise il est très difficile à l’entrepreneur africain de pouvoir financer ses projets. Les banques et micro finances africaines doivent se pencher sur le problème tout en favorisant les entrepreneurs par rapport aux prêts et aux différents types de soutiens dont ils auront besoin. Diminuer les cautions et garanties bancaires exigées pour les prêts, adapter la durée de remboursement aux activités,   et rabaisser les taux d’intérêt sur les prêts accordés aux entrepreneurs, telles sont les pratiques que le système financier peut utiliser pour encourager l’entrepreneuriat.

Ø  Assurer le suivi des entreprises

Enfin mais pas le moindre un organisme de suivi doit être mis en place pour veiller à la durabilité de toute activité entreprise. Cette cellule ou cet organisme jouera le rôle d’accompagnateur et de régulateur des projets. Avec le suivi des projets il serait plus facile d’agrandir les différentes entreprises créées et de réduire considérablement les risques de faillite. Ce faisant l’entreprenariat jouerait le rôle tant désiré dans le développement de l’Afrique.

En somme, l’entrepreneuriat en soit peut parfaitement exploiter le potentiel africain. Occupant une place de plus en plus grandissante en Afrique, il peut s’avérer être le moteur même du développement africain si les moyens sont mis en place pour le promouvoir et le soutenir. Réduire le chômage, éliminer la pauvreté, relancer le secteur privé, et booster la croissance, tels sont les avantages que l’entrepreneuriat peut apporter au continent africain.

 

Daniel Sessi


[1]  Emma Schaberg O’brien (Juillet 2013),”Nous devons intégrer l’entrepreneuriat au développement africain” http://ideas4development.org.