Wilfrid Lauriano Do Rego : « Nos entrepreneurs seront les nouveaux ambassadeurs de la France en Afrique »

En août 2017, le Président français, Emmanuel Macron, a créé un Conseil Présidentiel pour l’Afrique (CPA) auquel il a attribué la mission de se rapprocher des diasporas africaines via la société civile et de donner un nouveau visage aux relations entre la France et l’Afrique. Véritable outil de soft power, le CPA a achevé le 5 février une tournée en France dédiée à l’Entreprenariat. Il y a dévoilé de nouvelles mesures d’accompagnement des entrepreneurs désirant investir en Afrique mais aussi les résultats d’un sondage inquiétant sur l’intégration de la diaspora africaine en France.

Dans cet entretien accordé à l’Afrique des Idées, le coordonnateur de ce Conseil, Wilfrid Lauriano Do Rego, revient sur ce malaise profond qui traverse la diaspora et brandit la carte de l’entreprenariat pour y remédier. Nommé en 2019, en succession de Jules Armand Aniambossou, ce franco-béninois de 61 ans est actuellement un des acteurs de la politique africaine d’Emmanuel Macron. Membre de l’influent Club du XXIème siècle – un think tank select qui vise à pro­mouvoir la diversité dans la société française – Wilfrid Lauriano Do Rego est également Président du conseil de surveillance du cabinet d’audit KPMG France où il a acquis une longue expérience dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures.

L’Afrique des Idées : Selon un sondage que vous avez commandé au cabinet Opinionway, 73% des membres de la diaspora africaine affirment que l’égalité des chances n’est pas respectée en France. Vous attendiez-vous à ce résultat ?

Wilfrid Lauriano Do Rego : En toute sincérité, non. Je savais que ce sentiment existait mais je ne pensais pas qu’il serait de cette ampleur. Le plus surprenant pour moi est que la diaspora africaine place l’inégalité des chances bien avant l’éducation et l’emploi qui sont, comme vous savez, des sujets majeurs pour la population française. La diaspora interrogée dans le cadre de cette étude voulait montrer qu’elle n’avait pas les mêmes chances de compétir que le reste des Français. Elle nous met face à un très grand malaise, mais elle nous montre aussi l’existence de leviers d’amélioration.

Lesquels ?

Au sein du CPA, nous sommes convaincus que le remède à ce malaise est l’entreprenariat. Les différents porteurs de projets que nous avons pu rencontrer durant cette tournée en France ont relevé trois obstacles qui les empêchaient de saisir leur chance et d’initier leurs propres projets : la formation, le mentoring et le financement. Nous leur avons proposé sept solutions très concrètes. Aider l’entrepreneuriat, c’est œuvrer pour l’égalité des chances.

Avant d’arriver aux solutions, comment comprendre que ce sentiment d’inégalité des chances en France soit aussi important chez la diaspora africaine alors que 54% de cette dernière se dit satisfaite de sa position sociale ?

Certes, les membres de la diaspora africaine s’inquiètent des inégalités dans notre société mais en même temps ils acceptent l’existence de leviers d’amélioration comme l’éducation. Je tiens à rappeler que 75% des sondés estiment que la relation entre la France et le continent africain est une chance et qu’ils sont prêts à se lancer dans des projets d’entreprenariat en lien avec le continent. Donc, quelque part, nous sommes face à une inquiétude mais aussi à des pistes de solutions.

Près de 54% des personnes interrogées dans le cadre de ce sondage disent ne pas appartenir à la diaspora africaine. Comment peut-on faire partie d’une diaspora et ne pas l’assumer ?

C’est toute l’ambiguité du terme « diaspora ». Ceux qui réussissent et qui sont d’origine étrangère ont peut-être le sentiment qu’on veut les ramener en arrière en leur parlant de leurs origines. Certains refusent cette notion d’appartenance. Le sujet que vous soulevez est très complexe. La définition de la diaspora reste, à mon sens, liée à l’histoire de chacun. Elle invoque l’acceptation ou non de ses propres origines, l’appartenance à la première, deuxième ou troisième génération, la tranche d’âge…Durant ce Tour de France de l’Entreprenariat, j’ai personnellement relevé trois types d’audiences : des entrepreneurs qui ne voulaient pas parler de diaspora parce qu’ils se pensaient uniquement français. D’autres qui étaient preneurs de toutes les pistes d’intégration et puis une troisième tranche qui ne voulait pas parler d’Afrique mais préférait trouver son chemin ici en France. Tout cela pour vous dire qu’il n’y a pas une seule diaspora, mais plusieurs.

Cette ambiguïté ne convoque-t-elle pas le débat crispé sur les identités qui a lieu actuellement en France ?

Tout à fait. Je pense que cette notion de diaspora est complétement liée à l’identité. Certains vous diront qu’ils sont français tout court. D’autres se voient français mais d’origine africaine.

Les trois quarts des sondés déclarent ne pas envoyer d’argent en Afrique alors que les transferts de la diaspora africaine vers leur continent – près de 10 milliards d’euros en 2019 – dépassent de loin les aides au développement. Comment expliquez-vous cette contradiction ?

Cela est surprenant en effet. Il me semblait que la solidarité de la diaspora africaine était beaucoup plus forte. Pendant cette période de la Covid-19, nous avons tous remarqué que nos concitoyens d’origine africaine s’étaient mobilisés pour aider leurs familles en Afrique. Ce qui me pousse à dire que ce chiffre a été peut-être focalisé sur les transferts d’argent directs et ne prend pas en compte les pistes indirectes d’envoi d’argent (ndlr : remise en espèce via des proches)

Vous disiez tout à l’heure que le Tour de France de l’Entreprenariat a débouché sur sept solutions concrètes. Comment comptez-vous les implémenter ?

En effet, durant notre tournée, nous avons pu percevoir combien l’entreprenariat est l’enseignement le plus précieux. Il existe un potentiel d’innovation encore inexploité chez nos jeunes et, pour le mettre en valeur, nous allons nous adjoindre le soutien de grands partenaires français telsBPI France, l’Agence Française de Développement, Business France et Expertise France.

Quant aux solutions que nous mettons en place, elles sont au nombre de sept :

-Solution 1 :  Deuxième phase du Programme MEETAfrica pour les jeunes entrepreneurs.

– Solution 2 : « PASS Africa », un parcours unique dédié aux entrepreneurs plus matures.
– Solution 3 :  Créer la communauté « PASS Africa / EuroQuity ».

– Solution 4 : Application web CPA pour l’entrepreneuriat des diasporas.
– Solution 5 : Valoriser les diasporas dans le programme « Entrepreneuriat pour tous ».
– Solution 6 : Nouveau programme « Talents en commun » pour les experts de l’action publique.
– Solution 7 : Le Chèque Relance V.I.E pour la mobilité des jeunes professionnels en Afrique.

Chaque pays africain a sa propre politique d’entreprenariat et d’émergence industrielle. Avez-vous confronté vos ambitions avec la réalité des marchés cibles en Afrique ?

Nous ne sommes que des catalyseurs. C’est aux entrepreneurs d’étudier la faisabilité de leurs projets dans les marchés cibles et de nous convaincre de la pertinence de leurs choix. Ils y sont d’ailleurs obligés. Sans une étude de marché convaincante, aucun projet ne pourra être financé. Il faut garder à l’esprit que nous ne sommes pas dans une logique de dons ou de subventions. Les projets doivent tenir la route. Maintenant, au cas où les candidats au financement présentent des projets incomplets, nous nous engageons à les accompagner jusqu’à ce qu’ils arrivent à livrer des projets viables.

Le CPA veut-il faire de ces nouveaux entrepreneurs les ambassadeurs de la France en Afrique ?

Oui. Ces entrepreneurs seront mis aux avant-gardes dans la relation entre la France et l’Afrique. Le Président Emmanuel Macron s’est engagé à développer de nouveaux liens avec l’Afrique par le prisme de la société civile et de l’entreprenariat.

A un an de la présidentielle en France, quel bilan faites-vous de l’action du CPA ?

Le Conseil Présidentiel pour l’Afrique (CPA) a été fondé par le Président, Emmanuel Macron, en août 2017 pour véhiculer une nouvelle vision de la politique extérieure de la France envers l’Afrique. Il réunit des personnalités issues de la société civile qui croient à la puissance de l’entreprenariat dans le développement du continent. Depuis cette date, le CPA a accompagné des chantiers majeurs comme la restitution des biens culturels en Afrique, la réforme du franc CFA et, tout récemment, le Tour de France de l’Entreprenariat. Le 5 février dernier, pour souligner encore plus son engagement africain, le Président Macron a clôturé la dernière étape de ce Tour en présence de deux ministres : Mme Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, et de Franck Riester, ministre délégué, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité.

Quel est le chantier qui vous tient à cœur et que vous auriez aimé mener au sein du CPA ?

En toute franchise, c’est l’accès de la diaspora africaine à l’espace public. Le sondage sur les diasporas africaines a montré que 80 % des personnes interrogées ne se sentent pas représentées dans l’espace public français (médias, fonction publique, élus…). Remédier à cette situation permettrait à la population africaine qui se sent marginalisée de se regarder autrement. Une plus grande visibilité des Africains dans nos espaces publics abolirait les clichés et permettrait de voir ces derniers dans des postures de réussite et de challenge.

Réformer l’enseignement technique et la formation professionnelle pour l’employabilité des jeunes en Afrique

Étreintes par le sous-emploi et le chômage des jeunes, les économies africaines devront réinventer leur système éducatif. Si le débat n’est pas nouveau, notamment en ce qui concerne le rôle de l’éducation dans la formation du capital humain, ses termes devront avancer en incluant les spécificités de la formation professionnelle. Lire plus  dans ce rapport (avec un Erratum, page 8, lire 100 M d’emplois)

Enquête sur les attentes des jeunes Africains en matière de formation

Cette enquête constitue une première tentative pour comprendre les facteurs qui déterminent
les choix de formation des jeunes Africains et ce qu’ils espèrent autour de leur formation
pour améliorer leur employabilité. Bien que les résultats fournissent des indications générales
sur les attentes des jeunes Africains, elles ne devraient pas être considérées comme des faits
stylisés. On retient tout au moins les besoins des jeunes Africains en matière de formation pourrait
trouver une réponse dans l’ETFP, dont le potentiel reste très marginalement employé en Afrique.Enquete sur les attentes des jeunes africains en matière de formation

Entretien avec Lynda Aphing-kouassi Directrice Générale du Cabinet International KAIZENE

Lynda Aphing-kouassiMère d’une petite fille de 11 ans, d’origine ivoirienne, Lynda Aphing-kouassi est la  Directrice Générale du Cabinet International KAIZENE, un des cabinet de formation de renom en Afrique basé à Londres Pall Mall Piccadilly et à Abidjan Zone 4.

Diplômée de l’université de Hull, elle a commencé à travailler dans le domaine bancaire à Santander, la Société Générale, Vaultex (une filiale du groupe HSBC) en tant que responsable d’équipe, directrice des investissements puis banquière d’affaires à Londres, membre du Conseil d’Administration de l’Organisation for Talents Within (organisation non gouvernementale à Atlanta) et membre de l’Institut des Directeurs de Londres (I.O.D). Elle milite en faveur d’une Afrique innovante, capable de prendre son destin en main à travers l’entrepreneuriat et l’autonomisation des femmes. Lynda est résolument engagée à apporter sa pierre à l’édifice pour le développement de l’Afrique.

 

ADI : Pouvez-vous nous en dire plus sur les origines du cabinet KAIZENE ?

 Tout d’abord sachez que le Cabinet KAIZENE vient du mot « Kaizen » d’origine japonaise qui une très ancienne pratique de formation qui signifie détermination, le changement pour le meilleur ainsi que la continuité dans le développement et le perfectionnement.

La pratique « Kaizen » est reconnue mondialement comme une méthode compétitive aboutissant au succès, mais est également le pilier de la stratégie d’avancement que toute organisation devrait pratiquer selon nous, car elle assimile à la fois le développement personnel et celui de l’entreprise.

Ainsi créé depuis 2015, KAIZENE, Cabinet international basé à Londres et à Abidjan, est spécialisé dans le renforcement des capacités des entreprises publiques et privées, Formations Professionnelles, compétences techniques et non techniques, Coaching, Responsabilité sociétale et Conférence annuelle sur les infrastructures et BTP à savoir :

1.DÉCEMBRE 2015 : OIL MINING AND GAS – LONDRES

2.AVRIL 2016 : SECTEUR PÉTROLIER DÉFIS ET OPPORTUNITÉS – ABIDJAN

3.OCTOBRE 2016 : ELECTRIFICATION DE L’AFRIQUE – CAPE TOWN

4.DÉCEMBRE 2017 : BTP ET INFRASTRUCTURES – DAKAR

5.DÉCEMBRE 2018 : BTP ET INFRASTRUCTURES – KIGALI

La 6ème édition est prévue en Ethiopie en Octobre 2019

 

ADI : Vous avez décidé de créer votre propre entreprise. Comment en êtes-vous arrivé là ?

Apres identification de certains problèmes axés sur le capital humain j’ai eu La volonté de contribuer au développement de nos sociétés et en particulier de fournir des services à valeur ajoutée permettant de renforcer nos capacités et de renforcer l’importance du capital humain dans les entreprises et de promouvoir les talents pour le développement de notre société.

Mon objectif est également de travailler avec les entreprises pour développer leurs missions de RSE afin de créer des actions durables pour nos pays et de contribuer à l’autonomisation de la femme.

Mais surtout parce que j’avais un rêve de grande envergure auquel je croyais vraiment qui répondait a un problème de notre société et pour lequel je travaille avec acharnement et détermination.

 

 ADI : Faites-vous face à beaucoup de concurrence ? Quelle stratégie avez-vous adopté afin de relever ce défi ?

Le marché de nos jours est de plus en plus concurrentiel, nos collaborateurs représentent alors notre atout principal.

Nous mettons l’accent sur les formations ludiques qui sont à caractère personnel, nous offrons également des formations sur mesure, un coaching en développement personnel et par-dessus tout, nous n’oublions pas nous-mêmes de nous former et de nous documenter constamment pour être les meilleures versions de nous-mêmes afin de pouvoir aider les autres à travers nos formules afin d’être les meilleures versions d’eux-mêmes. Nous travaillons aussi sur des programmes axés pour les femmes et leur développement.
 ADI : Comment avez-vous financé votre début de la phase création d’entreprise ? 

J’avais quelques économies, pas un montant énorme mais je me suis néanmoins engagée et j’ai même offert des formations gratuites afin de me faire connaitre.

J’ai surtout eu la Fondatrice de l’école Grain de soleil qui a eu confiance en nous et a accepté de nous donner une chance ce qui nous a permis d’avoir un fond de roulement pour continuer et ainsi démarra notre belle expérience.

 

ADI : Qu’en est-il du marché de la formation et du coaching en Afrique ? 

L’optimisation de nos ressources humaines nécessite d’une part la convergence entre les objectifs personnels de vos employés (liberté d’expression-image- recherche de reconnaissance mesurée), et d’autre part le développement de la culture et la vision de l’entreprise. C’est ainsi que la formation prend tout son sens. De nombreuses études démontrent l’efficacité de la formation dans la croissance de l’entreprise et dans le processus de développement d’un État. Les résultats de la formation sont concrets et mesurables tant dans la productivité que dans la montée en puissance économique du pays.

Grâce à ses effets de levier sur la croissance et l’emploi, la formation professionnelle est primordiale pour les pays développés et nos pays en développement, en zones rurales et urbaines. Elle permet d’accompagner la croissance et la compétitivité des entreprises d’une part, et prévenir l’exclusion des jeunes du marché du travail d’autre part, car vecteur d’une croissance inclusive et durable.

Le coaching est très important car, sert à réécrire notre histoire, nous permet d’impacter positivement, de créer l’inspiration en l’autre et de devenir un leader ; étant ainsi une solution pertinente et efficace qui permet d’explorer les solutions possibles pour résoudre la situation actuelle d’une personne et l’aider à définir ses actions à mettre en œuvre pour atteindre ses solutions désirées. Concernant le coaching axé sur le genre précisément des femmes, le travail s’accentue davantage sur leur développement personnel, leur personnalité, l’intelligence émotionnelle et sur leur estime de soi afin de prendre leur place dans les postes directionnels et aussi de mieux s’affirmer dans la société.

 

ADI : Quelles ont été les principales difficultés auxquelles vous avez dû faire face et qui vous suivent aujourd’hui ?

L’intégration :

Il faut apprendre à mieux connaitre son environnement et l’intégrer sans complexes. La meilleure manière de l’intégrer est d’être humble et demander de l’aide quand le besoin se présente. Rester soi-même mais faire preuve de sérieux quand il s’agit du travail. Comprendre sa motivation première.

Le genre :

Le fait d’être une femme dans le passé ne facilitait pas le sérieux durant les échanges et parfois ses échanges déviaient vers le rapport social. Il a fallu une rigueur et une fermeté pour obtenir les contrats par mérite me voyant parfois obligée de refuser certains si je sentais que l’intérêt était autre que le travail. L’absence de parité également à des postes de responsabilité il est important de regarder la femme dans le milieu du travail comme son égal et surtout lui donner la crédibilité qu’elle mérite dans ses taches.

L’estime de soi :

La connaissance de moi et la confiance en moi la détermination et la motivation m’ont beaucoup aidé à surmonter ses principales difficultés parmi d’autres car ils m’ont permis d’apprendre à avoir confiance en moi, à croire en moi et à apprécier les échecs et m’en souvenir comme des expériences positives me permettant de ne rien regretter. Par-dessus tout le support de ma famille, ma fille et mon réseau féminin m’ont permis d’aller au-delà de ses difficultés et de les surmonter avec force et ténacité. Eviter de compromettre sa moralité et ses principes.

La réputation :

Nous commettons tous des erreurs et ne pouvons pas faire l’unanimité le plus important est de continuer à travailler et croire au processus. Chaque erreur est une leçon il faut savoir se relever après ses erreurs et quelque soit la durée se relever et faire preuve de force et de détermination pour ne pas laisser la place au découragement quand les critiques ne sont pas positives. Réparer du mieux que possible ses fautes et continuer l’aventure la détermination le travail bien fait et le temps nous feront toujours surmonter le négatif et répareront toujours notre réputation. Par-dessus tout faire de son mieux pour préserver sa réputation mais continuer à prendre des risques pour se développer et de diriger selon ses principes et ses valeurs. Ne jamais laisser l’opinion négative des personnes définir qui nous sommes.

Cependant, aujourd’hui j’ai pu surmonter toutes ces difficultés et je peux affirmer qu’elles n’existent plus.

 

ADI : C’est quoi pour vous la responsabilité sociétale et quel est son importance pour les entreprises ? 

 La Responsabilité sociétale pour moi c’est le développement humain et le respect de notre Environnement.

C’est l’élément prioritaire dans le développement des entreprises. Ainsi, dans toutes les actions que nous menons (nos prestations, projets et activités, etc.), nous nous assurons de leur valeur ajoutée. Il en est de même pour chacun de nos employés avec lesquels nous formons une « Unité de développement ».

Toute entreprise et tout Etat pour se développer et être productif doit se doter d’une politique de gouvernance adéquate et adopter des règles de conformité et d’éthiques qui permettent de répondre aux préoccupations sociales et environnementales de droits de l’homme et des clients et la RSE favorise le respect des droits de l’homme et contribue au développement durable et bien-être de nos sociétés en prenant en compte les attentes de toutes les parties prenantes. Une politique de RSE est nécessaire pour tous et son importance est à un très haut niveau.

ADI : Quelle est la stratégie globale de votre entreprise pour l’atteinte des ODD ? 

 A Kaizene nous insistons plus sur :

  1. L’Accès à une éducation de qualité : à travers nos formations qualifiantes, spécialisées et adaptées aux besoins des professionnels et aux jeunes que nous encourageons dans leurs initiatives d’entrepreneuriat après identification de leur aptitudes à être entrepreneurs car nous ne sommes pas tous appelés à être entrepreneurs.
  2. L’Égalité du genre : par notre engagement pour l’entrepreneuriat féminin autonomisation de la femme, la parité dans les conseils d’administration, la formation des femmes et des jeunes sur le leadership féminin, la confiance en soi et l’estime de soi, la prise de parole et la communication parmi tant d’autres.
  3. L’Innovation et les infrastructures : chaque année nous organisons des conférences ayant pour but de répondre aux défis infrastructurels de notre continent. Ces conférences visent à accroitre les investissements en faveur de l’innovation, l’énergie, des logements et des transports afin de travailler à la réduction de la pauvreté et de palier aux soucis de nos populations.
  4. Les Partenariats pour les objectifs mondiaux : l’un des objectifs de nos conférences annuelles est de favoriser la création de partenariat entre le secteur public et privé et des synergies autour des enjeux infrastructurels pour le développement du continent, des enjeux de la formation avec pour objectifs de pouvoir outiller nos populations afin de favoriser un partenariat gagnant- gagnant.

ADI : Quels conseils donneriez-vous aux étudiants et aux jeunes diplômés qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat ?

  • Aux femmes tout d’abord, elles doivent être conscientes que leur féminité n’est pas une faiblesse, mais une opportunité à saisir afin d’exceller dans tout milieu.
  • Rester soi-même et ne pas accepter ce qui n’est pas acceptable. Avoir une estime de soi et se documenter constamment, faire des recherches car la connaissance est notre pilier comme nous le traduit la bible. Etre Humble et ne pas laisser la société dicter qui nous devons êtres.
  • Ensuite, définir ce que représente pour chacun la réussite professionnelle (réussite financière, de réussite sociale, d’accomplissement de soi, de bonheur au travail, de conciliation travail-famille, inspirer les autres…). Cette étape est essentielle afin d’établir un plan d’action et de développement pour y arriver. Pour exceller dans quoi que ce soit, il est essentiel de miser sur ses talents.
  • Il est donc essentiel de connaitre ses forces naturelles et ses limites (sans oublier son objectif !) afin de pouvoir les utiliser, optimiser le développement de leur carrière, atteindre leurs objectifs, en misant sur les accélérateurs et la formation appropriée cela pour maîtriser notre intelligence émotionnelle et ne pas hésiter à en apporter de l’empathie et notre maîtrise du risque afin de contribuer au développement du changement.
  • L’entrepreneuriat n’est pas un moyen de devenir milliardaire à la première tentative c’est vraiment une expérience difficile, qui nécessite un travail avec acharnement et l’identification d’une solution a un problème de la société et une confiance en Dieu, en soi et en son idée. Mais une expérience magnifique.
  • Se doter d’un état d’esprit de gagnant et assumer ses échecs et accepter les critiques et rester patients.
  • Un autre point à prendre en considération est de développer son réseau de contacts car le succès, c’est aussi les relations. Pour booster votre carrière, il faut savoir s’entourer des bons contacts et réseaux d’influence auprès desquels l’on peut s’instruire, apprendre mutuellement et se développer tous ensemble. Il faut trouver son mentor cette personne assez connecte qui pourrai en tout temps et en toute chose se porter garant pour vous et garant de vos références.

Tels sont pour Lynda Aphing-kouassi d’excellents moyens de favoriser le développement de nos entrepreneurs.

 

Pour plus d’info : 

https://kaizene.org/en/home/  

 

Interview de Moufida Mohamed, Co-Fondatrice de COCOMOON Beauty

Moufida est là co-fondatrice de CocoMoon Beauty, première marque bio-cosmétique aux Comores à valoriser le Coco dans une gamme de soin 100% naturelle inspirée des secrets de beautés traditionnelles. Entre tradition et modernité, cette marque a su redonnée toutes ces lettres de noblesse à ce produit emblématique dans un packaging frais et authentique. Celle-ci fait non seulement le bonheur des Nappies mais également des touristes en quête de produits représentatifs du pays, CocoMoon Beauty a su s’imposée dans le marché local et la région grâce à un concept simple, innovant et durable tout en valorisant la beauté noire au naturel.

Sélectionnée par la prestigieuse fondation africaine Tony ELUMELU en 2017, elle s’est par la suite imposée à La Réunion en raflant 2 prix lors de la rencontre internationale du développement durable organisée par le Club Export : celui du meilleur porteur de projet au concours ambition jeune Océan indien et celui du meilleur pitch élévator décerner par le public.

Son engagement pour la promotion et la valorisation des Comores lui a valu d’être parmi les 10 personnalités de l’année 2018 qui ont marqué le paysage comorien. Autant de distinctions qui prédisent un avenir florissant pour cette jeune femme dynamique et passionnée originaire des « Iles de la Lune » qui a tenté l’aventure de l’entrepreneuriat il y a 2 ans.

ADI : Est-ce que vous pouvez nous dire qui est donc Moufida Mohamed?

Je m’appelle Moufida. J’ai 35 ans. Je suis mariée et maman de 3 garçons. J’ai vécu une grande partie de ma jeunesse en France où j’ai passé un diplôme d’Etat en soins infirmiers orienté en santé mentale. Je me suis installée aux Comores, il y a bientôt 10 ans lorsque j’ai rencontré mon mari qui est chef d’entreprise d’une agence de communication. Arrivée là-bas après une période d’inactivité, j’ai intégré une des entreprises familiales où j’ai pu développer des compétences en gestion d’entreprise et management. Hyper active de nature, je me suis immédiatement investi dans des associations et institutions œuvrant pour développement socio-économique du pays tel qu’EFOICOM ou la Synergie Jeunes. J’ai participé avec des jeunes et des femmes à la création d’activités génératrices de revenu, dans la formation professionnelle et le leadership. Bien que j’ai moins de temps aujourd’hui je continue à le faire notamment à travers des initiatives telles que la 1re Édition de « 24 H pour entreprendre Comores » organisé par OIA group dans lequel j’ai participé en tant que coach. Je suis quelqu’un qui aime les rencontres enrichissantes et voir autant de jeune avec un si grand potentiel m’a réconforté. Je réalise que les Comores aussi se réveille et se révèle à l’image du continent africain.

ADI : Pouvez-vous nous parler de votre concept et comment est née votre entreprise ?

Je voulais avant tout créer un projet qui me ressemble, ou je pouvais allier ma passion et ma créativité dans quelque chose qui aurait du sens.

Avec CocoMoon nous proposons des soins de beautés naturelles pour les femmes noires et Afro, à la fois respectueux du corps, car nos produits sont sans agents chimiques ni parfum de synthèse et qui préserve l’environnement, car nous valorisons également les déchets issus de la production en faisant du combustible pour la coque ou même de la provende avec le tourteau, nous sensibilisons également sur la nécessité de s’assumer tel que nous sommes et ne pas se laisser enfermer dans des codes imposés poussant certaines à se mettre en danger en se dépigmentant ou en faisant l’usage excessif de produits nocif tel que le défrisage. Notre slogan est « Osez le Nature » et « Révélez votre Beauté ».
Dans la diversité que propose le terroir comorien, j’ai été particulièrement inspirée par le coco, arbre de vie par excellence, du fait de sa multiple opportunité de création et d’innovation qu’il offre pour répondre de façon durable au défi d’aujourd’hui et de demain. En cosmétique, c’est un produit exceptionnel car peut être décliner en gammes de soins capillaires et corporels selon les inspirations de chacun.

J’étais aussi cet enthousiasme par le potentiel évolutif et durable du projet car il faut savoir que tout s’utilise dans le coco du déchet a la coque, des feuilles au tronc etc. Et cela cadre bien avec mon mode fonctionnement actuel, car j’ai eu une réelle prise de conscience sur le mode de consommation que nous avions. Je suis très attentive aux produits que je consomme qui sont le plus possible locaux et bio que ce soit pour l’alimentation ou les soins de beauté en tant que grande adepte de la cosméfood et de low-cosmetique.
Le choix a été également motive bien sûr pour sa valeur culturelle car l’huile de coco fait partie des secrets de beauté ancestrale de la femme comorienne qui malheureusement été délaissé au profit de produits beaucoup plus nocifs mais qui jouissent de la réputation du « Made in Ailleurs ».

Je voulais montrer au Comorien qu’on pouvait utiliser des produits fabriqués au Comores dans des standards de qualités égaux aux produits exportés tout en participant à l’économie du pays.
Aujourd’hui, je suis vraiment heureuse de voir qu’il y a une prise de conscience et une participation active dans ce sens en termes de consommation locale.

ADI: comment un projet aussi innovant qu’ambitieux a-t-il été accueilli par la communauté comorienne ?

Je pense clairement qu’il y a un avant et après CocoMoon, car nous avons su redonner toute sa valeur à ce produit simple et multi-fonctionnel qui jusqu’ici était associe aux personnes démodées, âgées.

Personnellement, j’ai réalisé son efficacité grâce à internet quand j’ai arrêté le defrisage. Je chercherai le moyen de « dompter » ma crinière et j’ai vu à travers le mouvement Naturalista que l’huile de coco avait beaucoup de succès, car très efficace et adapte aux cheveux afro. Du coup, je me suis réconcilié avec cette huile si précieuse qui jusque-là ne faisait pas partie de mes produits favoris, car comme beaucoup d’autres, j’avais cette image péjorative du coco. Cette (re)découverte m’a donné envie d’aller plus loin.

Au début, je fabriquais mes produits pour le fun et par souci économique et j’ai commencé à le faire partager autour de moi et ça a plu. J’ai eu envie de partager ma passion à plus grande échelle et le projet a été tout de suite bien accueilli par le public. Je pense qu’au-delà de la qualité du produit ce qui a plu, c’est l’image positive et moderne que nous avons su véhiculer à travers la marque.

Beaucoup de jeunes femmes se sont reconnues dedans et surtout cela a permis de valoriser l’image de la femme comorienne au-delà des frontières, car nous avons eu la possibilité à d’exposés nos produits lors de salon à l’étranger. Pour moi ça été un grand soulagement de voir que les gens ont compris la démarche et ne sont pas restes bloquer sur les représentations négatives du coco. Et c’est un hommage au savoir-faire de nos « Koko » (aînée / grand-mère) qui avait compris les vertus de la nature.

ADI : après un accueil chaleureux de la communauté et une reconnaissance qui dépasse les frontières de l’archipel grâce à vos distinctions quelles sont vos perspectives pour CocoMoon ?

Nous envisageons de passer à la vitesse supérieure afin de répondre à la demande croissante. Pour cela, nous devons mécaniser notre production, car actuellement, tout est réalisé de façon artisanale.  En exportant la marque CocoMoon profitant ainsi de l’opportunité inouïe que nous offre l’ère du digitale.
Nous travaillons sur les déclinaisons de la gamme qui pour l’instant a été très bien accueillie par nos clientes dans l’archipel et de la diaspora, car très efficace pour les cheveux afro qui ont besoin d’une attention particulière.

Mais le plus gros du travail reste dans la sensibilisation des communes sur le reboisement des cocoteraies qui vieillissent. Notre mission est de sécuriser notre production tout en faisant en sorte qu’elle s’approprie ce patrimoine agricole afin qu’il soit un atout économique au regard des multiples secteurs concernés. (alimentation, artisanat, textile, énergie, etc.)

ADI : c’est un projet très ambitieux, comment faites-vous pour assurer la réalisation de vos projets et votre vie personnelle ?

Je pense que cela repose en trois mots : Organisation, Priorisation et Collaboration ! Et c’est autant valable dans la vie personnelle que dans la vie professionnelle.

Je ne travaille pas seule dans ce projet. J’ai une associée qui est ma cousine et sœur de cœur. Et j’ai la chance d’être entouré d’entrepreneurs dans ma famille donc ils comprennent ma démarche et m’accompagnent grâce à leurs conseils et leur soutien dans le processus de réalisation de ce projet. D’ailleurs, je ne le considère pas vraiment comme un travail ou une activité dans le sens traditionnel, c’est devenu un mode de vie dans lequel je m’épanouis dans ce que j’aime faire et aime partager. Mes enfants aussi sont très impliqués et inspirés. Ils aiment beaucoup observer le processus de fabrication, il leur arrive même de cueillir et collecter des plantes ou des graines pour que j’en fasse des « ingrédients ».

ADI : quel conseil donneriez-vous à ceux et celles qui souhaiteraient se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Qu’il faut oser se lancer. Suivre son intuition, sortir des sentiers battus et de sa zone de confort car c’est de la que naissent les plus beaux projets et les plus belles innovations. Choisir un projet en adéquation avec leur passion leur compétence. Faire les choses avec enthousiasme et conviction. Je leur dirais également de toujours se former, s’informer et être à l’écoute des besoins des autres pour mieux les servir, car c’est comme ça qu’on arrive à donner de la valeur à ce que l’on fait. En tout, je pense que c’est la clé de la réussite.

Pour plus d’info :

Emil : moufida.mohamed@cocomoon-beauty.com

https://web.facebook.com/Cocomoon-1884782145143362

Entretien avec Douglas Mbiandou, fondateur de 10.000 codeurs

L’Afrique des Idées a rencontré 10.000codeurs, un programme de formation pour les développeurs. Son fondateur Douglas Mbiandou revient dans cet entretien sur le rationnel derrière la mise en place de ce projet.

ADI : D’où vous est venue l’idée de fonder 10.000codeurs ? 

A l’aube de mes 40 ans, je me suis demandé comment je pouvais contribuer au développement d’un continent de plus d’un milliard d’Africains, et ce après avoir contribué en 12 ans à la formation de plus de 3000 informaticiens en France. J’ai pensé qu’il faudrait 1 développeur pour 1000 habitants. On tombe alors sur le nombre 1.000.000. Comme cela faisait beaucoup à former je me suis dit que si j’arrivai déjà à former un centième, ce serait pas mal, ça donne 10.000, d’où 10.000codeurs !

ADI : En quoi consiste votre initiative, pourriez-vous nous donner un aperçu général de vos activités ?

Fédérer, Former, Insérer : dans le cadre d’une volonté de lutter contre le chômage des jeunes en Afrique, tout en repositionnant le continent comme acteur de l’industrie numérique mondiale, nous fournissons en Afrique à des jeunes, des femmes et des professionnels en reconversion des savoir-faire et savoir-être correspondant aux besoins de l’industrie mondiale du logiciel. Nous créons ainsi les conditions d’une autonomisation financière de nos bénéficiaires, et ce dans un secteur très porteur pour lequel les besoins sont plus qu’énormes.

Nous animons des formations sur 12 mois « Développeur d’applications Web Mobile » totalisant 450 heures en cours du soir avec un format de 3 fois 3h par semaine (18h-21h) et nous nous engageons à insérer sous 6 mois les bénéficiaires qui arrivent au bout du programme.

ADI : Ce n’est pas votre première expérience entrepreneuriale, mais c’est la première en Afrique, avez-vous rencontrez des difficultés particulières ?

La première difficulté fut de toucher notre cible : les jeunes. J’ai mis du temps avant de comprendre que c’est à travers les réseaux sociaux et WhatsApp que j’avais plus de chance de les atteindre. Il y a aussi le fait de raconter l’histoire des 100 premiers bénéficiaires : des parcours inspirant à partir desquels les 9900 autres vont s’identifier. Aujourd’hui nous enregistrons 1500 demandes d’inscription au programme à partir du formulaire (http://bit.ly/2BiZ0Og).

La deuxième difficulté a été de constituer un réseau de formateurs pédagogues : des professionnels du développement d’applications déterminés comme moi à jouer leur rôle. Ils sont aujourd’hui dix sur le continent répartis dans les 3 pays suivant : la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Cameroun. Ils ont pu suivre un cursus de formateurs leur permettant de bénéficier des 12 ans d’expériences de formation professionnelle du centre Objis. Nous avons besoin de 200 formateurs pour former les 10000codeurs. Nous en avons actuellement une dizaine dont Serge Komi INNOCENT à Abidjan, Daniel FOUOMENE à Yaoundé, Gabriel KWAYE KANT à Douala, Ousseynou SENE à Dakar. Je les remercie particulièrement car je peux vous dire qu’ils mouillent le maillot au-delà de mes espérances, et pour la joie et l’expertise de cette nouvelle génération de codeurs Africains !

La dernière difficulté reste le modèle économique. Former, valoriser et insérer un bénéficiaire 10000codeurs coute 6000 euros, soit dix fois plus que ce que paye les bénéficiaires actuellement. Notre pari est de montrer que nous sommes capables de former ET insérer ; nous pourrons alors obtenir les faveurs des Etats, des organismes d’aide au développement ainsi que des entreprises. Nous allons établir les partenariats rendant possible la phase industrielle de 10.000codeurs.

ADI : Quels sont les retours que vous avez reçus sur votre projet ?

Sur la base d’éléments factuels (interaction sur les réseaux sociaux, invitations dans les événements liés au numérique, perception de la jeunesse etc…) il apparaît que le projet est perçu non seulement positivement, mais aussi comme étant une initiative à fort potentiel pour la formation des jeunes et des femmes sur notre continent. C’est très encourageant et nous positionne comme une entreprise responsable.

Ce sont les histoires de nos bénéficiaires qui inspirent. Comme celle de Stéphanie NTAMACK au Cameroun : femme, maman, esthéticienne de 34 ans qui a choisi 10000codeurs pour se reconvertir en développeuse d’applications informatique. Ou encore celle de Mohamed TRAORE en Côte d’Ivoire : de formation gestionnaire, il est aujourd’hui l’un des meilleurs éléments de sa promotion. Ces cas donnent envie à d’autres de s’investir dans ce secteur en bénéficiant d’un accompagnement de professionnels responsables.

ADI : Comment voyez-vous l’avenir de 10.000codeurs ?

En 2018 nous allons continuer à raconter l’histoire de ces 100 premiers qui nous ont fait confiance. Nous souhaitons mettre en œuvre des cours en journée et un volet de e-learning pour attirer encore plus d’intéressés. En parallèle, nous menons un travail relationnel pour valoriser notre travail auprès des autorités des pays pilotes ainsi que d’autres pays sensibles à l’emploi de leur jeunesse. Dès 2019 nous souhaitons qu’Objis ne soit pas un contributeur financier parmi tant d’autres.

Nous allons fédérer les jeunes et les femmes en Afrique qui croient en notre vision, et ce à travers des groupes WhatsApp que nous créerons progressivement. Aujourd’hui, nous en avons déjà en Guinée, au Tchad et à la République Démocratique du Congo. Une occasion de garder contact et montrer notre volonté de proximité.

10.000codeurs sera également positionné comme fondation d’une plateforme en cours d’élaboration où codeurs, entrepreneurs et investisseurs seront au service de nouveaux usages du numérique en Afrique. Nous souhaitons devenir un partenaire privilégié des organisations patronales, des Etats, ainsi que des écoles de formation informatique en Afrique et cela dans le cadre de l’écosystème 10000codeurs

ADI : Une dernière chose que vous souhaitez ajouter ?

Combattons le chômage des jeunes et des femmes en Afrique. Comment ? Avec l’apprentissage des compétences pratiques en programmation web Mobile, des Soft skills, de l’anglais et de l’entrepreneuriat pour gagner entre 5000 FCFA (7,5 euros) et 1 million FCFA (1500 euros) et plus par jour.

 

 

Plus d’informations sont disponibles sur les liens suivants :

Vidéo de présentation 10000codeurs par Douglas MBIANDOU : https://www.youtube.com/watch?v=mqpbZ567OKA

Site 10000codeurs : www.10000codeurs.com

Site Douglas MBIANDOU : www.douglasmbiandou.com

Site plateforme 10000besoins : www.10000besoins.com

Demande d’inscription programme 10000codeurs : http://bit.ly/2BiZ0Og

Contact : contact@10000codeurs.com

Demande de Rdv et renseignements pays : Tel / WhatsApp

•Côte d’Ivoire : Noel N’GUESSAN au 00 225 58 66 13 07

•Sénégal : Senebou BADJI au 00 221 77 201 31 33

•Cameroun (Yaoundé) : Stéphanie NTAMACK au 00 237 568 375 60

•Cameroun (Douala) : Pierrette MAKANI au 00 237 6 96 23 19 54

Entretien avec Lionel Yao, fondateur de S-Cash Payment

L’Afrique des Idées a rencontré S-Cash Payment, une solution bancaire, totalement digitale. Son fondateur Lionel Yao, revient dans cet entretien sur le rationnel derrière la mise en place de cette plateforme.

ADI : En quoi consiste votre initiative, pourriez-vous nous donner un aperçu général de vos activités ?

Nous avons développé le premier compte sans banque 100% mobile pour les personnes exclues des systèmes financiers classiques, afin de leur permettre de bénéficier de solutions d’épargne, de crédits et d’un porte-monnaie électronique permettant d’acheter 24h sur 24 sans prendre le risque de transporter de la liquidité sur soi. Ce projet nous a couté plus de 25 millions Franc CFA jusqu’à présent. 

D’où vous est venue l’idée de fonder S-Cash Payment ? 

En 2015 lors d’un voyage au Nigeria en bus, j’ai été frustré et peiné parce que je ne disposais pas de compte bancaire, ni de produit bancaire comme les cartes de crédit pour effectuer mes transactions en naira. Ce constat m’a amené à chercher une solution dématérialisée  qui pourrait répondre aux problèmes de tous ceux qui étaient ou se retrouveraient dans ma situation. En faisant les recherches, je me rendu compte qu’en Afrique, on dénombre 925 millions de personnes non bancarisées en Afrique dont 420 millions en Afrique subsaharienne alors que 277 millions possèdent des smartphones et un compte mobile Money. Dès lors la solution que nous voulions proposer était possible et se justifiait. C’est dans cette optique que mon équipe (2 financiers et 3 codeurs) et moi, avions décidé de nous investir totalement pour créer S-Cash.

L’administration vous a-t-elle aidé dans vos démarches ?

Nous avons obtenu un fonds d’amorçage auprès de la fondation jeunesse numérique (www.fjn.ci), on espère plus dans le future. Au delà, d’un intérêt réel pour notre projet, nous n’avons pas reçu pour l’heure d’autres concours de l’Etat. Il n’y a pas de dispositifs d’appui concrets à des initiatives comme la nôtre malheureusement ; cela aurait été le bienvenu.

Quels sont les retours que vous avez eu sur votre projet ?

Nous avons seulement lancé pour le moment la version test (MVP) pour acquisition client. En termes de commercialisation véritable cela se fera dans les mois à venir. Nous recevons chaque jours de nos leads des messages nous demandant l’horizon de commercialisation de S-Cash car impatient d’utiliser la solution. Seules les banques demeurent réticentes à l’ouverture de leur système par peur des cybers attaques.

Comment voyez-vous l’avenir de S-Cash Payment ?

Je vois S-Cash comme une entreprise leader et experte dans la fourniture de solutions de finances digitales pour promouvoir l’inclusion financière en Afrique. Après la conquête du marché national, nous avons pour but de nous étendre sur toute l’Afrique subsaharienne !

Une dernière chose que vous souhaitez ajouter ?

La solution S-Cash est toujours en phase test et ne sera commercialisée que cette année. Mais nous avons déjà récolté un investissement de plus de 35 millions Franc CFA. Et nous restons ouverts à tout investisseur qui souhaiterait appuyer notre initiative pour contribuer à renforcer l’inclusion financière en Afrique.

Pour suivre le développement de S-Cash Payment, suivre leur page sur Facebook : @scash4you, Twitter: @scashpayment ou Instagram: @scash_payment

FinTechs in Africa: Multifaceted Tools to Promote Financial Inclusion

Mina lives in Sahuyé, 70 km away from Abidjan. Since 2008, she has used a mobile money account which she uses to send money to her aunt in Ouagadougou and to save a few bucks each month. Along with 100 million other people, Mina is now able to have access to basic financial services, which she did not have before. To what extent do FinTechs allow financial inclusion on the continent? Do they indeed offer financial services to all, from the Cape to Algier, from Dinga in Central African Republic and to Gondere in Ethiopia?. FinTechs are not a unique and global solution for Africa – it would be reductive to say that they are. They nevertheless offer a relevant response to daily challenges, as well as innovations that change profoundly the global financial ecosystem.

The singular breakthrough of FinTechs in Africa

Africa positions itself as new territory for financial services. Africa is one of, if not the only continent to have leaped directly to dematerialized financial services, without having to go neither through permanent agencies nor through large-scale landlines. This particularity can be explained through unpropitious access to the classic financial offer. Formal services are provided by agencies concentrated in urban areas, while the rural areas represent 2/3 of the African population and with high interest rates and commissions (around 10.07% in the ECOWAS region for example), one can then easily explain why people resort to inexpensive financial technologies.

This has then promoted a wider financial inclusion by granting access to basic financial services to a larger number of people and to marginalized communities. While the percentage of unbanked populations is 66% in Africa, with noticeable differences between countries, A resort to FinTechs is bringing about major change with 12% of Africans being able to access to financial services via FinTechs.However, it is clear that mobile money is only a solution among many others that are available to solve the problem. There are also money transfers, banking services, investment and wealth management operations, etc. This diversity is reflected in the diversity of African markets themselves, of their maturity and their needs. If some options, especially mobile money, are indeed fruitful in one country they may not make sense in another where a more or less sophisticated option would be more useful. Furthermore, some countries' profiles facilitate the deployment of one solution, where elsewhere the same solution would only respond partially or even not at all to increasing access to financial services. M'Pesa's success in Kenya, based on a demand-driven solution, has not been duplicated in Tanzania or Nigeria. These failures are linked to the diversity of ecosystems, highlighting the importance of adopting a plural approach to financial inclusion.

 

Challenges to FinTechs face and Solutions

Mobile Money today is the most developed and successful platform for financial inclusion in Africa. It positions itself as a gateway for a variety of services for its users. However, many issues must be solved to truly provide inclusive access, that is, financial service accessible to all, including those at the « bottom of the pyramid » Financial inclusion of people at the bottom of the pyramid remains indeed challenging, with or without FinTechs. This population, who live below the poverty line, carry out small operations, not above 2$ a day. Yet the agent-based model in the mobile banking system, whose revenue is 100% dependent on transactions, needs a certain total amount to become profitable. Considering 1$-operations conducted by an agent who spends monthly between 150 and 200$ and takes a percentage per transaction, the agent should register an amount of 20.000$ to get to the break-even point, which amounts to 2 transactions per minute, 8 hours a day, 7/7… Moreover, bragging about mobile penetration figures in Africa should not obliterate some realities. Mobile user rates in some African countries do not exceed 30% – on 100 people, only 30 in Burundi and 6 in Eritrea use a mobile phone. Digital data are also coming short. According to the telecoms company Tigo, only 20% of its clients / customers throughout the continent use data. Even if innovative financial services are multiplying, access to basic services is not yet guaranteed on the continent.

Other challenges remain to be overcome in order to  increase FinTechs ‘ coverage and ensure equal access to all, such as interoperability, which hinders domestic and international money transfers and efforts regarding financial education and awareness. While Rwanda can be cited as an example in terms of financial education, other countries like Nigeria do not promote FinTechs culture. For example, the Rwandan government has supported the implementation of digital platforms for basic services (Irembo) : payment for electricity bills, administrative procedures, etc. On the contrary, the economy in Nigeria is mostly based on liquidity with street agents, called Esusu or Ajo, operating day-to-day informally.

 

FinTechs potential provide a visionary ambition for Africa

If these limits / boundaries must be solved, the development of FinTechs paved the way for major progress towards financial inclusion. Financial inclusion is not limited to payments nonetheless. This « frugal innovation » deploys a wide range of financial services made accessible to most. Among the proposed services, there are of course the classic banking services, offering the possibility to those excluded from the banking system to take out a loan (as with Aire or Kreditech), insurance and micro insurance, investment, payment and online transfer services. Startups like Afrimarket, Azim or Mergims facilitate money or goods transfers safely at reduced rates. WeCashup and Dopay offer the possibility to pay online and/or get paid electronically, without any risk of corruption or security breach.

Moreover, these services not only increase financial inclusion, but also increase social inclusion with products facilitating access to basic services in health and education. For example, the Senegalese FinTech Bouquet Santé relies on the diaspora to solve some deficiencies in the national health system.These initiatives are supported by a range of elements facilitating the deployment  of digital solutions. First, the simplicity of the technology most frequently used, the USSD, as well as the dynamism of this sector which constantly offers innovations improving this technology and new applications. Second, the low cost of mobile phones, which promotes an easy and increasing penetration. Third, the ability to set up an extended distribution network, even in rural areas, throughout an agent-based system for mobile money. Finally, the increasing trend for players to seize this opportunity and to develop partnerships (between operators, banks, cooperatives, microfinance institutions) and facilitate the growth of their services with an effort in training and raising awareness.

So far, FinTechs have achieved a lot in increasing access to financial services. Today, the coverage of mobile money services in Africa exceeds 80%. In Kenya, access to banking services has increased by 58% since 2007, the year when the national unicorn M'Pesa was launched. It is undeniable that access to basic services has been reinforced on the continent with 15.4% of the total value of transactions in 2014 regarding bill payments and trade transactions.The growing access and participation in the financial system is not an end in itself, but a means to an end. They offer major direct and indirect advantages. At the heart of the system, they allow to reduce costs for trans-border funds transfers and for financial services by 80-90%, allowing companies to offer their services to low-income customers while securing their profitability. For users, they decrease the insecurity that goes with cash and provide the possibility to smooth their consumption, to manage risks linked to financial shocks by saving money, and step by step / little by little, to invest in education and health. For companies, facilitating access to credit by creating credit history allows them to grow and create jobs.

Last but not least, the growing interoperability and openness promoted by African regional integration offer exciting perspectives. Beyond mobile money, the bitcoin and block chains are a work in progress in Africa; some dare say that they could bear a revolution, the Impala Revolution. The block chain, which allows for the establishment of credit history, to check and/or create a basic financial identity may even be the next innovative leverage for financial inclusion and a tool for Africa to pioneer FinTechs at global level. To conclude, the possibility of providing larger access to financial services implies proposing tailored solutions covering the full range of needs on the continent, even adopting a local perspective because what is true in the capital city is not true anymore in a village. As a result, it is key not to believe in a single model capable of solving Africa's challenges as a single and homogenous entity. Finally, the key issue is to maintain the entrepreneurial vitality that can be observed for now in the FinTech sector.

Translated by:

Manon Richert

The Iroko project: The Crowd lending Pioneer in West Africa

The Iroko project is the first crowdlending platform in West Africa. The objective is to allow individuals to lend their savings directly to small and medium-sized companies in West Africa, for a fixed term and interest rate.

The project:

The project was created by two former students of Paris HEC (who graduated in June 2016), passionate about the dynamics and stakes that cross the African continent, especially West Africa.

Their work is based on a threefold observation: in the coming decades, the creation of millions of jobs represents a major challenge of the region, but SME’s are the main levers of job creation. However, these companies often lack the necessary funds for their development. This is the famous “missing middle” or “missing link” of financing. Since September 2015, they have been working on the opportunity of crowdfunding for small and medium businesses from West Africa and they conducted a feasibility study in April/May 2016 in Senegal and Ivory Coast. This study led to partnerships notably with Cofina group and Lendopolis (KissKissBankBank Group).

There were 3 objectives: to develop a legal operational model in the West Arican legal framework (there is no regulation on crowdlending in West Africa yet), to gauge the SMB and lender's interest in the service and to create strategic partnerships with local institutions. Then, they  presented and published their report (which is available on their website) and went back in October to start their activity.

The aim of the pilot stage (october to march) is to realize the three first lendings of about 30 millions CFA francs each. The first collection will start after the first project presentation during the launching event in Dakar on November 15th. They also joined the Cofina Group business incubator in Dakar.

Function and business model

The pivot of their model is their partnerships with agencies that assist SME’s, such as the Entreprise Upgrading Office or the ADEPME in Senegal. Every small and medium business funded is supported and  tutored by these agencies for at least a year.  These provide quantitative and qualitative information on the companies they assist and act as trusted third parties. The applications transmitted by these agencies are then reviewed by the Iroko Project team, and for those selected, presented to the lender community. The needs of the projects funded, vary between 10 and 100 million CFA francs. If the needs are more substantial, they can be complemented with a traditional bank loan. Once the project is presented online, lenders choose individually if they want to contribute, depending on the quantitative and qualitative information available on the company and its team. They also decide the amount they want to lend: between 100 000 and 2 million CFA francs. During this phase, lenders have the possibility to exchange with the manager and ask questions about the company activity. Data on social and environmental impacts are also highlighted, following the setting up of credit are also highlighted. These include: number of jobs created, reduction in the use of fossil energy, impact on local products etc. Once the collection is completed, the credit is disbursed and the reimbursements start. The proposed remuneration to lenders equals the credit interest rate and is around 9 to 14% each year.

The service proposes a complementary source of financing and a performing savings product, affordable for individuals. Once the credits have been set up, the Iroko project teams are in charge of following up the reimbursements and the possible recovery in partnership with the agencies. Concerning the default risk, as a last resort, it is supported by the lenders who are actually paid for the risk taken.

The economic model relies on the amount drawn during the credit setup, incurred by the company at a rate of 4,5 % of the total credit amount.For the lenders, the service is free and joining the community is very simple. Iroko project is open to every resident having a bank account in CFA francs. The only documents required are an ID and and bank transfer information.

Conclusion

The goal is to create a dynamic network where lenders and borrowers coordinate their funds, competence and know-how to encourage the development of the West African economic structure. The team is aware that their service targets the West-African privileged part of the population who have a strong savings capacity.   Developing innovative and popular payments channels such as mobile money is a priority.  However, these solutions are still very expensive and very difficult to bear by the parties at stake (SMB, lenders, Iroko Project).

Finally, the team hopes that their initiative helps the implementation of a specific regulation for crowd lending in this region. That is the reason why they discuss with the Senegalese authorities and the UEMOA zone to support the reflexion in that way.

The official project launching is scheduled on November 15th 2016 in Dakar.

You can contact the Iroko project team at contact@iroko-project or on Facebook and Twitter

Translated by

Anne-Sophie Cadet

Entretien avec Bénédicte Kudiman, fondatrice de Beto academy

L'Afrique des Idées a rencontré Beto Academy, une plateforme d'enseignement en ligne qui veut promouvoir les langues africaines et créer de l'emploi sur le continent africain. Sa fondatrice Bénédicte Kudiman revient sur le rationnel derrière la création de cette plateforme d'entrepreneuriat social et leurs ambitions. 

ADI : En quoi consiste votre initiative, pourriez-vous nous donner un aperçu général de vos activités ?

Beto academy est une plateforme d'enseignement des langues africaines (toutes présentées dans notre catalogue) par des enseignants qui résident dans des pays africains pour un public qui vient des quatre coins du monde. Aussi, depuis peu nous sommes sollicités pour réaliser la traduction des textes en langue européenne vers des langues africaines.

ADI : D’où vous est venue l’idée de fonder une académie des langues africaines ? 

Je fais partie de ces enfants qui ont vu leurs parents se priver pour envoyer des sous dans leurs pays d'origine. À la maison, il y a des plaisirs auxquels nous avons dû renoncer parce qu'il fallait aider tel ou tel membre de la famille au pays. Peut-on leur en vouloir ? Dans la plupart des pays africains, les gens ne sont pas payés à la fin du mois, et lorsqu'ils le sont, les sommes sont ridicules.

Nous sommes partis du constat que les autorités africaines n’ont pas la capacité de fournir à tous un emploi tel qu’elles le suggèrent dans leur programme politique. Le pouvoir politique ne  suffit pas pour assurer à tous un revenu suffisant. Le pouvoir est chez celui qui détient de quoi l'acheter…

Nous sommes en mesure de créer de la plus-value. La première matière première d'un pays c'est sa population. Nous sommes créateurs et sources de revenue. La matière première que nous proposons est inépuisable et d'une valeur inestimable : Les langues.

ADI : Quelles sont les modalités d'inscription et le profil type des adhérents ? 

Pour s'inscrire en tant qu'étudiant à une langue il n'y a pas de profil type. Vous pouvez être germanophone, anglophone, francophone. Les cours ont un coût qui reste très accessible. Il y a plusieurs options disponibles, la plus basique au prix de $15/mois inclut 1h30 d’enseignement, alors que la plus avancée au prix de $40/mois propose 4h d’enseignement. Il faut cependant prendre soin de s’enregistrer durant nos sessions d’inscriptions.

Pour ceux qui souhaitent devenir enseignants, nous recherchons des personnes motivées, qui parle couramment la langue qu’ils veulent enseigner, et bien sûr possédant une connexion Internet !

ADI : Comment voyez-vous l'avenir de Beto academy ?

Nous espérons que lorsqu'une personne souhaite faire des affaires ou immigrer dans un pays Africain que l'équivalent du TEF ou du IELTS soit requis. Nous espérons être amenés à la traduction d'œuvres littéraires en langues africaines, mais aussi de films, documentaires, et de chansons. Et bien évidement devenir une académie de référence et reconnue pour l’apprentissage des langues africaines de façon équitable. 

Mais plus sérieusement nous espérons faire partie des plus grands employeurs en Afrique.

ADI : Quel est votre bilan aujourd’hui : le nombre de personnes à qui cela a bénéficié et ce que cela a apporté en plus dans le plan de carrière de ces gens ?

Nous avons à peine un an et deux mois. Il est difficile de dire ce que cela à apporter en plus dans le plan de carrière de ceux qui ont suivi nos cours. Cela dit nous avons pu voir défiler pas moins de 3000 élèves et engager plus de 70 enseignants, c'est encourageant !

N’hésitez pas à contribuer à la cagnotte du projet :

https://www.leetchi.com/c/projets-de-benedicte-16821845

Plus d’informations sont disponibles sur le site de Beto academy :

http://www.betoacademy.com/

 

 

Les nouveaux agriculteurs : Anturia Mihidjai, la femme qui change la vision de l’agriculture aux Comores

nutrizone-agriculture-anturiamL’agriculture est, avec la pêche, le pilier de l’économie dans l’archipel des Comores. Mais elle est de loin la plus plébiscitée. La société lui préfère les emplois de bureau, les hauts postes politiques, et les fonctions culturelles, plus prestigieux en surface que les métiers de la terre. Pourtant, la donne est en train de changer. Entretien avec Anturia Mihidjai, fondatrice de Nutrizone Foods, qui instaure le changement avec une démarche innovante : valoriser les ressources alimentaires locales.  

Pouvez-vous nous présenter Nutrizone Foods ?

J’ai créé Nutrizone Foods vers fin 2014, dans le but de valoriser les produits alimentaires locaux et d’encourager leur consommation par la population a travers la transformation agroalimentaire.

Comment vous est venue l’idée d’entreprendre ?

L’idée de créer une entreprise m’a habitée depuis mes études universitaires au Kenya. L’environnement entrepreneurial Kenyan m’a vraiment impressionné par son dynamisme. J’ai su, durant mes études, que l’entrepreneuriat était ce que je voulais. De  retour au pays en 2012, je me suis dit que l’agriculture était mon domaine : elle me permettait de commencer avec un capital minimal. Je suis partie avec un avantage non négligeable : celui d’être issue d’une famille d’agriculteurs.

Quelles difficultés avez-vous surmonté pour réaliser ce projet ?

Je n’avais pas fait d’études commerciales : je suis infirmière et prothésiste dentaire. Cela a occasionné quelques doutes. D’autre part, il me fallait convaincre ma famille, ce qui n’était pas simple : culturellement, l’agriculture est vue comme un métier dégradant, « sale », aux Comores. Il était impensable qu’ayant fait mes études à l’université, je décide de m’investir dans une telle activité. Mais à présent, mon entourage l’accepte.

L’autre difficulté est liée à la pénétration du marché, l’environnement entrepreneurial aux Compres étant un peu plus compliqué qu’ailleurs pour un concept nouveau comme le mien. Ce n’est qu’après avoir présenté le projet devant un concours entrepreneurial national en 2013, au cours duquel j’ai été sélectionnée, que j’ai compris que je pouvais bien faire quelque chose.  J’ai commencé a m’impliquer, et à chercher des opportunités de formation.

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Farine de sagou, par Nutrizone Foods.

Et l’environnement entrepreneurial du continent africain, était-il plus favorable ?  

En 2014, j’ai été selectionnée par le Programme Young African Leaders Initiative (YALI) grâce auquel j’ai beneficié de ma toute première formation en entrepreneuriat et affaires a la Clark Atlanta University. J’avais toute la motivation dont j’avais besoin, et tout mon temps aussi : les six semaines durant lesquelles je m’étais absentée de mon travail d’infirmière de pharmacie pour suivre la formation du YALI m’ont valu la perte de mon emploi ! Je n’avais donc qu’un seul choix : exploiter ma motivation et les 150 euros que j’avais avec moi.

Aujourd'hui, l'agriculture est encore vue comme un métier de "paysan", donc forcément dégradant, peut-être à cause des relations féodales qu'entretenaient les grandes cités avec leurs serfs, à qui était réservée l'activité agricole…

Avant, j'avais la même vision que celle que notre culture entretient envers l’agriculture et la pêche. A l’école, j’avais honte de dire que ma mère payait mes frais de scolarité en produisant et en vendant des tomates et des feuilles de feleke*. Ce projet, c’est un hommage à mes parents et à leur noble métier.

 Je me rendais dans les champs de ma famille, je cueillais les sagous*,  les cassais et les séchais. Puis je payais pour le broyage et j’emballais ma farine dans des sachets à fermeture zip que je me suis procurés durant mon séjour aux Etats Unis.

 Je distribuais gratuitement les échantillons a des amis en échange de leur avis sur la manière dont je pourrais améliorer le produit. Apres plusieurs essais, j’ai fini par y arriver. L’étape la plus difficile fut ensuite de convaincre les supermarchés et autres distributeurs d’accepter de proposer ma farine dans leurs rayons. Le sagou est un produit qui d’habitude ne se vend qu’au marche local et non en rayons, et j’avais de bien faibles compétences en vente. Le premier magasin à accepter mes produits fut le supermarché Mag Market.

Les plus grands soutiens que j'ai eu, ont été mes coachs et mentors, et un financement de la fondation Tony Elumelu.

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Le sagou n'est vendu que sur le marché; local. Le commercialiser (ici, sachet de sagou précuit) contribue à changer la vision d'un métier essentiel.

Comment avez-vous fait face aux barrières culturelles ?

Ce qui m'a aidé à continuer, c’est d’abord l’envie de me prouver à moi-même que je suis capable de changer les choses, notamment dans un contexte où la plupart des jeunes sont convaincus que pour réussir dans la vie, il faut soit vivre à l'extérieur, soit s’impliquer dans la politique et les nombreux travers dont elle souffre.

Ayant vécu au Kenya, j'ai été contaminée, si l’on peut dire, par cette niaque entrepreneuriale. Je ne suis pas près d'accepter que ce projet échoue alors que chez mes amis, dans d'autres pays, ce concept fonctionne.

* Le feleke (ou bredy mafana à Madagascar) est une plante dont les feuilles sont appréciées pour leur goût proche de la menthe, et utilisées en sauce. 

** Le sagou est une fécule du sagoutier, probablement un lointain cousin du palmier, connue pour ses qualités nutritives. 

Kapital Plus Plus : Pionnier du crowdfunding à Madagascar

Kapital Plus Plus, plateforme de crowdfunding à Madagascar, met en relation les porteurs de projets malgaches avec des investisseurs malgaches ou étrangers.

 

Le crowdfunding est un marché très prometteur en matière de chiffres d’affaires d’autant plus qu’il représente une alternative innovante aux sources de financements classiques. Une étude menée récemment pour la Banque Mondiale concernant le marché du crowdfunding des pays émergents avait abouti à un potentiel de 95 milliards de dollars sur les 10 prochaines années. C’est ainsi que le lancement de la plateforme de crowdfunding Kapital Plus-Plus à Madagascar constitue certainement une offre pour les porteurs de projets malgaches de réaliser leurs projets et pour les investisseurs de devenir actionnaires dans ces projets.

Les porteurs de projets malgaches peuvent soumettre leur projet pour une étude complète avant de la publier sur la plateforme si les résultats sont concluants. La plateforme de crowdfunding Kapital Plus Plus contribuera à faciliter les ouvertures d’investissements ainsi que des accès aux offres bancaires et des institutions de microfinances à Madagascar. Une fois le projet présenté en ligne, les investisseurs choisissent individuellement les projets sur lesquels ils veulent contribuer, en fonction des informations quantitatives et qualitatives disponibles en ligne. Ils décident également du nombre de tickets d’entrée qu’ils veulent prendre. Une fois la collecte complétée, le fonds est décaissé et la réalisation du projet débute. La rémunération proposée aux investisseurs sera disponible dès que l’entreprise née du projet commence à obtenir des bénéfices sur le marché prévu. Lorsque les fonds sont mis en place, Kapital Plus Plus se charge de suivre l’utilisation des fonds suivant l’ordre du jour dans la réalisation du projet.

Pour tous types de projets économiques à Madagascar, la plateforme de crowdfunding Kapital Plus Plus propose à la fois une source de financement pour les porteurs de projet malgaches et en contrepartie un produit d’épargne performant pour les investisseurs malgaches et étrangers. L'objectif est également de créer un réseau dynamique où porteurs de projets  et investisseurs mutualisent leurs fonds mais également leurs expertises et savoir-faire pour favoriser le développement du tissu économique malgache. Le taux de bancarisation étant très faible à Madagascar, Kapital Plus Plus s’est adossé à des établissements bancaires et de microfinances pour assurer les métiers de LAB, KYC. Un système innovant a été mis en place afin de lutter contre le détournement de fonds avant et après la réalisation de chaque projet.

 

N’hésitez pas à contacter les équipes de Kapital Plus Plus à contact@kapitalplusplus.com  ou sur https://www.facebook.com/kapitalplusplus/

Iroko project : pionnier du crowdlending en Afrique de l’ouest

untitlediroko project est la première plateforme de financement participatif en dette rémunérée (crowdlending) en Afrique de l’ouest. L'objectif est de permettre aux particuliers de prêter directement leur épargne à des PME en Afrique de l'ouest, pour une durée et à un taux d'intérêt fixés à l'avance. 

Présentation du projet

Ce projet a été crée par deux anciens étudiants d’HEC Paris (diplômés en juin 2016) et passionnés par les dynamiques et les enjeux qui traversent le continent africain, et notamment l’Afrique de l’ouest. Leur travail est parti d’un triple constat : dans les décennies à venir, la création de millions d’emplois représente le défi majeur de cette région, or ce sont les PME qui sont les principaux leviers de la création d’emplois. Cependant, ces entreprises manquent souvent du financement nécessaire à leur développement, c’est le fameux « missing middle » ou « chainon manquant » du financement.

Depuis septembre 2015, ils ont travaillé sur l’opportunité du financement participatif pour les PME de la zone et ont notamment réalisé une étude de faisabilité, en avril-mai 2016, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Cette étude a été l’occasion de nouer différents partenariats, notamment avec le Groupe Cofina et Lendopolis (du groupe KissKissBankBank)[1].

L'objectif était triple : développer un modèle légal opérationnel dans le cadre juridique ouest-africain (qui ne possède pas encore de régulation propre au crowdlending), tester l’intérêt des PME et des prêteurs pour le service et nouer des partenariats stratégiques avec des institutions locales. Ils ont ensuite soutenu et publié leur rapport (qui est disponible sur leur site) et sont revenus en octobre pour démarrer l’activité. L’objectif de la phase pilote (octobre-mars) est de réaliser les trois premiers crédits, d’environ 30 millions FCFA chacun.

La première collecte débutera après la présentation du premier projet, lors de l'événement de lancement le 15 novembre à Dakar. Dans ce contexte, ils ont également rejoint l’incubateur du Groupe Cofina à Dakar.

Fonctionnement et modèle économique

Le pivot de leur modèle est leur partenariat avec des agences d’accompagnement de PME, comme le Bureau de Mise à Niveau ou l’ADEPME au Sénégal. L’intégralité des PME financées sur leur plateforme sont en effet suivies par ces agences depuis au minimum un an. Celles-ci  fournissent une information quantitative et qualitative sur les entreprises qu’elles accompagnement et agissent comme des tiers de confiance. Les dossiers transmis par ces agences sont ensuite étudiés par les équipes d'iroko project et, pour ceux retenus, présentés à la communauté de prêteurs. Les besoins des projets financés sur la plateforme varient entre 10 et 100 millions de FCFA. Si les besoins sont plus conséquents, ils peuvent également arriver en complément d’un crédit bancaire traditionnel.

Une fois le projet présenté en ligne, les prêteurs choisissent individuellement s’ils veulent y contribuer, en fonction des informations quantitatives et qualitatives disponibles sur l’entreprise et son équipe. Ils décident également du montant qu’ils souhaitent prêter : entre 100 000 FCFA et 2 millions FCFA. Lors de cette phase, les prêteurs ont la possibilité de communiquer avec le dirigeant de la PME et de questionner son activité. Egalement, sont mis en avant des données sur les impacts sociaux et environnementaux attendus suite à la mise en place du crédit : nombre d’emplois créés, réduction de l’usage d’énergies fossiles, impact sur la production locale, etc.

Une fois la collecte complétée, le crédit est décaissé et les remboursements débutent. La rémunération proposée aux prêteurs est égale au taux d’intérêt du crédit et se situe entre 9 et 14% par an.

Le service propose donc une source complémentaire de financement pour les PME et un produit d’épargne performant et accessible pour les particuliers.

Une fois les crédits mis en place, les équipes d'iroko project se chargent de suivre les remboursements et de réaliser d’éventuels recouvrements, en partenariat avec les agences d’accompagnement. En ce qui concerne le risque de défaut, il est, en dernier recours, porté par les prêteurs, qui sont donc rémunérés pour le risque qu’ils prennent.

Le modèle économique repose sur une commission prélevée à la mise en place du crédit, supportée par la PME et qui s’élève à 4,5% du montant du crédit.

Pour les prêteurs, le service est gratuit et rejoindre la communauté de prêteurs est simple : iroko project est ouvert à tous les résidents possédant un compte bancaire en FCFA. Les seules pièces démandés sont un document d’identité valide et un RIB.

Conclusion

L'objectif est de créer un réseau dynamique où prêteurs et emprunteurs mutualisent leurs fonds mais également leurs expertises et savoir-faire pour favoriser le développement du tissu économique ouest-africain.

L'équipe a conscience que leur service s’adresse encore à une partie privilégiée de la population ouest-africaine, bancarisée et possédant une capacité d’épargne importante. Développer des canaux de paiement innovants et populaires, comme le mobile money, est une de leurs priorités. Néanmoins, ces solutions restent encore trop onéreuses et difficilement supportables pour les parties en présence (la PME, les prêteurs ou iroko project).

Enfin, l'équipe souhaite que leur initiative permette de favoriser la mise en place d’une régulation propre au financement participatif dans la région. C’est pourquoi ils sont en discussion avec les autorités du Sénégal et de la zone UEMOA pour accompagner la réflexion dans ce sens.

 

Le lancement officiel du projet est prévu pour le 15 novembre 2016, à Dakar. N’hésitez pas à contacter les équipes d’iroko project à contact@iroko-project ou sur Facebook et Twitter


[1]  L’un des leaders du crowdlending en France

 

 

 

 

 

Redéfinir « l’innovation » dans la technologie médicale en Afrique

L'innovation – le mot à la mode peut-être le plus utilisé dans le monde du développement international – se présente de plusieurs façons mais, dans la plupart des cas, il fait référence à une variante d'une nouvelle technologie. Il peut s'agir d'une lanterne alimentée par la puissance solaire, d'un dispositif portable de filtration d'eau ou d'un test de diagnostic en temps réel. Il est cependant rare que l'innovation se concentre sur des systèmes nécessaires à la durabilité et à l'efficacité de ces technologies. Autrement dit, l'innovation porte trop souvent sur le produit et non sur le process

Pour les futurs entrepreneurs sociaux étudiant des sujets tels que la science, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques, il est tentant de se concentrer sur l'innovation au sens traditionnel et orienté sur le produit, particulièrement en Afrique. Après tout, dans un continent confronté à des défis sociaux, économiques et environnementaux, des technologies innombrables pourraient avoir un impact immédiat et de grande portée. Par conséquent, pourquoi ne pas mettre ses talents à l'œuvre pour concevoir et développer de nouveaux produits ?

« Parce qu'il est moins important d'avoir une nouvelle technologie qu'une technologie qui fonctionne », affirme Francis Kossi, un entrepreneur social et ingénieur biomédical togolais, qui s'est lancé dans la redéfinition du terme « innovation » en Afrique de l'Ouest. « Ce dont nous avons besoin, ce sont des systèmes de distribution et de réparation des produits dont nous disposons ».

Il se trouve qu'en Afrique, pratiquement 8 dispositifs médicaux sur 10 sont en panne et hors d'usage – la plus grande partie étant des dons ou des appareils d'occasion. Il en résulte que les équipements existants ne sont d'aucune utilité pour les patients auxquels ils sont destinés – non pas en raison de quelque limitation technologique, mais simplement parce qu'il n'y a pas de pièce de rechange ou qu'ils nécessitent un simple réglage qui les rendraient fonctionnels. Comme l'affirme Kossi, « les gens en Afrique ne pensent pas à des choses comme l'entretien, et de nombreuses vies sont perdues à cause de cela ».

 

Kossi est un type d'entrepreneur rare. Issu d'une grande famille modeste de 10 enfants, à l’extérieur de la ville de Lomé au Togo, il étudie la physique et les maths jusqu'à ce que des envies de théâtre en Europe le démangent. Mais il change de trajectoire après quelques années.

Une opportunité se présente pour étudier en Europe et poursuivre son éducation scientifique et technique, et il laisse expirer son visa – se retrouvant temporairement dans un camp de réfugiés belge.

 

Un champ d'équipements médicaux en panne au Malawi

Il se fraye toutefois un chemin vers une école d'ingénierie où il est le seul Africain. C'est alors qu'il découvre une nouvelle voie : ramener son acuité technique en Afrique de l'Ouest et transformer les vies au moyen de la technologie – mais non pas dans le sens conventionnel.

Revenant à Lomé, avec un petit conteneur d'outils et de matériels, Kossi démarre Homintec, une entreprise de services en génie biomédical (GBM), avec pour mission l'amélioration des soins de santé dans la région en assurant le fonctionnement continu de l'équipement des hôpitaux. Tout comme les dispositifs médicaux fonctionnels, les entreprises de service GBM sont, en Afrique de l'Ouest, rares et éloignées. La plupart des hôpitaux font part de leurs difficultés à trouver des techniciens biomédicaux ou des ingénieurs d'entretien, ce qui a des conséquences graves sur leur capacité à fournir des services de santé de qualité.

« Nous souhaitons que nos médecins et infirmiers puissent fournir des soins de qualité – afin que les enfants soient traités et que les femmes accouchent en sécurité – mais que peuvent-ils faire lorsqu'une pièce manque sur un appareil et qu'ils ne savent pas qui est le fabricant ? Remarques de Kossi. « Comment peut-on espérer qu'un appareil nous aide à traiter des os cassés si nous ne pouvons pas traiter l'appareil cassé ? »

Ces questions motivant son travail, Kossi déménage Homintec au Bénin voisin en 2013, où l'économie est plus stable mais où les cimetières d'équipements médicaux hors d'usage s'accumulent dans les salles des hôpitaux et les espaces aux alentours. C'est devant ce décor qu'Homintec commence à progresser, autant sur le plan commercial que sur le plan social. En l'espace de quelques années seulement, la société passe de cinq à trente employés, et signe des contrats avec des dizaines d'hôpitaux en Afrique de l'Ouest, la plupart d'entre eux desservant les communautés les plus vulnérables de la région. Les intervenants en matière de santé commencent rapidement à s'appuyer sur Homintec pour son support d'équipements, avec ses techniciens devenus des experts fiables dans la technologie allant des machines d'anesthésie aux équipements de diagnostic et aux appareils de radiologie.

Kossi posant dans une salle d’opération à Cotonou, Bénin

Homintec est désormais une société multinationale, bien établie dans le processus d'ouverture d'une école de formations spécialisées en GBM, travail du bois, mécanique, électromécanique, ingénierie et automatisation, et apportant son réseau, son expertise et sa vision à l'avènement de la nouvelle génération d'ingénieurs biomédicaux en Afrique de l'Ouest. Kossi croit que « Peu de choses contribuent plus au développement social et économique qu'une population que des professionnels hautement qualifiés, particulièrement dans une spécialité telle que le GBM ». « Et nous avons un rôle important à jouer dans cet effort ».

Pour un entrepreneur social comme Francis Kossi, la technologie est toujours reine, mais l'innovation réside dans les petites choses de l'écosystème qui entourent cette technologie. En créant une équipe de techniciens d'entretien des équipements médicaux, Homintec garantit le fonctionnement fiable de ces équipements, de façon à ce que les docteurs et infirmiers puissent se concentrer sur les soins de santé et maintenir leurs patients en bonne santé, au lieu de se soucier des machines en pannes qu'ils ne savent pas réparer. Le résultat est une nouvelle approche avec pour objectif d'assurer le fonctionnement correct des équipements médicaux et, dans ce cas, une nouvelle définition de « l'innovation ».

 

Par Adam Lewis, Gradian Health Systems®

Gradian Health Systems est une société d'appareils médicaux à but non lucratif qui équipe les hôpitaux à ressources limitées pour l'administration d'une chirurgie sûre. Gradian fournit l'équipement approprié, la formation clinique et technique et un service continu à la clientèle afin de garantir que les hôpitaux des pays en développement puissent dispenser des soins chirurgicaux et anesthésiques de haute qualité. La technologie centrale de la société, la Machine d'Anesthésie Universelle (UAM), est un poste de travail d'anesthésie marqué CE, conçu pour fonctionner sans électricité ni oxygène, et permettant aux utilisateurs de l'utiliser en toute confiance quel que soit leur environnement.


Malkin R, Perry L. Efficacité des dons d'équipements médicaux pour améliorer les systèmes de santé : combien d'équipements médicaux sont en panne dans le monde en développement ? Medical & Biological Engineering & Computing, 2011, Volume 49, Édition 7, pages 719 à 722.

Cordero I. Dons de dispositifs médicaux : considérations sur les sollicitations et l'approvisionnement. Organisation mondiale de la santé : Genève, 2011. [accès au site ici (en anglais) : http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/44568/1/9789241501408_eng.pdf]

Mullally, S. Efficacité de l’ingénierie clinique dans les hôpitaux des pays en voie de développement. Carleton University: Ottawa, 2008. [accès au site ici (en anglais) :https://curve.carleton.ca/system/files/etd/51fd9e39-238e-4060-81b7-1c85d95617b2/etd_pdf/04d6de4ce03a151f3351c5e4f7a4ec51/mullally-clinicalengineeringeffectivenessindeveloping.pdf]

TIC, Entrepreneuriat et les start-up technologiques

Notre précédent article sur les Télécommunications en Afrique dressait un panorama du secteur sur le continent, avec des chiffres témoignant de l’importance et de la croissance du secteur aujourd’hui et pour les années à venir. La croissance attendue du nombre d’abonnés mobiles en Afrique et le développement de la data vers des réseaux plus rapides (3G et 4G) font du secteur des NTIC un secteur privilégié par les entrepreneurs et startups africaines et les investisseurs.

La multiplication et le succès des incubateurs numériques dans les grandes capitales africaines témoignent de l’esprit d’entreprenariat et d’innovation qui se développe chez les jeunes africains. En particulier, l’Afrique du Sud, le Kenya ou le Nigéria sont des places incontournables dans l’écosystème de l’entrepreneuriat numérique en Afrique, de par le nombre de structures d’accompagnement (incubateurs, accélérateurs…), du nombre de startups qui voient le jour et des financements qu’attire le secteur. Les KINGS (Kenya, Côte d’Ivoire, Nigeria, Ghana et Afrique du Sud) représentent ces pays africains en plein essor économique, et porteurs du développement des NTIC et du digital, aussi bien dans la sphère entrepreneuriale que dans la cour des grands.

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D’autres pays, comme le Maroc, Maurice ou le Sénégal ne sont pas en reste et attirent de nombreuses entreprises du secteur des TIC. En 2015, les investisseurs et les institutions d’aide au développement auraient accordé près de 185 millions de dollars de financement aux startups africaines.

 

Les principaux incubateurs numériques en Afrique

Afrique du Nord

Afrique de l'Ouest

Afrique de l'Est

Afrique du Sud

WikiStartp.tn

Flat6Labs.com

PlugAndPlayEgypt.com

Tahrir2.com

 

JokkoLabs.net

Cticdakar.com

iLabLiberia.org

MobileWebGhana.org

mFriday.org

CCHubNigeria.com

WennovationHub.com

ActivSpaces.com

Tekxl.com

IceAddis.com

iHub.co.ke

HiveColab.org

TheHubKampala.com

kLab.rw

Teknohama.or.tz

 

mLab.co.za

Google.co.za/Umbono

BongoHive.com

i-Hub.mg

 

 

Source : Etude Forbes Afrique 2015

 

En effet, aux quatre coins de l’Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest et Centrale, les entrepreneurs jouissent d’espaces d’échanges, de création et de développement, leur permettant de développer des applications et outils répondant aux besoins de la société et des consommateurs africains. Par ailleurs, l’organisation d’évènements, concours et Hackathons contribue à favoriser l’esprit entrepreneurial et à l’animation du secteur des TIC.

 

"Contraction de "hack" et "marathon", un hackathon est un événement lors duquel des équipes (composées de développeurs, mais aussi parfois de designers et de chefs de projet) doivent développer un projet informatique, en général un logiciel ou une application. Elles doivent le faire sur une période limitée, et généralement courte (une journée, une nuit, un week-end). Le but est donc de coder rapidement quelque chose de malin (d'où le "hack"). Il s'agit aussi de développer de manière intensive, sans s'arrêter (d'où le marathon). C'est aussi souvent une compétition festive à l'issue de laquelle un jury choisit et récompense des gagnants." Journal du net

 

Prenons l’exemple de Tekki48, un événement de 2 jours dédié aux startups organisé à Saint-Louis au Sénégal par le CTIC Dakar et Jokkolabs, en partenariat avec une université locale. L’événement a accueilli plus de 100 participants venus de tout le pays et 50 projets ont été pitchés devant un jury composé des acteurs clés de l’écosystème de l’entrepreneuriat au Sénégal. En particulier, depuis ces dernières années, les applications et startups technologiques à succès se concentrent sur des secteurs de l’économie dont le développement va de pair avec la croissance du continent. On retrouve ainsi des applications et plateformes dans les services financiers, avec l’essor des startups de la Fintech (M-Pesa, WeCashUp), du secteur de la santé, Healtech (JokkoSanté, Gifted Mom), de l’éducation, Edutech (WikiAfrica), de l’énergie et dernièrement, le secteur agricole (XamMarse, Trade at Hand).

Le point commun de ces startups technologiques à succès est l’aptitude qu’elles ont à allier esprit entrepreneurial et utilité sociale, ce qui leur permet non seulement de toucher un marché large, mais également d’attirer plus facilement des financements. Nous évoquons la question des financements à juste titre, car bien que le secteur des TIC soit prometteur en Afrique, les startups technologiques restent confrontées aux mêmes difficultés et contraintes que les startups classiques.

 

C'est aussi une question de financements et de ressources humaines!

En premier lieu, il n’est pas évident pour tous de trouver les financements nécessaires au développement de son projet. Prix, concours, emprunts ou Business Angels sont autant de pistes pour les entrepreneurs avertis, mais encore faut-il convaincre les investisseurs. Les structures d’accompagnement et de coaching jouent un rôle central sur ce volet, par le biais de l’incubation, des formations et ateliers divers. Par ailleurs, le développement de certaines plateformes requiert des compétences technologiques ou sectorielles (tel est le cas des startups technologiques dans le domaine de la santé ou des secteurs financiers par exemple), mais aussi commerciales et managériales. « Un technicien inventif et compétent est rarement un vendeur ou un homme d’affaires dans l’âme. », souligne Claude Migisha co-fondateur de The iHills Network, et membre fondateur de kLab, dans un article dédié au sujet.

Ces ressources humaines peuvent s’avérer difficiles à trouver et/ou coûteuses pour une jeune startup. De plus, les coûts de développement se répercutent parfois sur le prix du produit/service, ce qui limite son accessibilité à la population. Il convient donc que ces innovations technologiques, notamment celles ayant un impact social évident, soient accompagnées par le développement d’un environnement des affaires favorable ; on parle d’un accès facilité au financement, des infrastructures technologiques entretenues et la formation d’une ressource humaine adaptées. Au Kenya, suite à l’ICT Innovation Forum (Mars 2015), Bitange Ndemo, le précédent Secrétaire Permanent au ministère de l’information, de la communication et de la technologie, et Uhuru Kenyatta, le Président de la république, souhaitent faire du Kenya une « startup nation », par le biais de mesures encourageant l’innovation chez les jeunes, le financement de la recherche et du développement, dans l’optique notamment de créer des emplois.

 

 

Ndèye Fatou Sène

 

Sources