Stephen Smith et la négrophobie

Stephen Smith: je vous donne ce nom pour que vous le gardiez en mémoire car cet homme est dangereux. Vous faites tous partie d'une élite instruite alors à défaut d'agir tous les jours, soyez au moins informés. Cet homme, " connaisseur de l’Afrique " qui y a bourlingué de long en large a écrit plusieurs bouquins sur notre continent mère. Universitaire et journaliste, notamment au  " Monde ", journal français de premier plan, il fait dans son essai Négrologie: pourquoi l'Afrique meurt (paru en 2003) une analyse des maux africains avec son regard de blanc occidental.
Il part de constats réels et que nous même faisons tous les jours dans nos palabres dans les ngandas, les maquis, dans les timokos, ou simplement devant un match de foot chez le cousin célibataire : l’Afrique se meurt de ses guerres incessantes, de la corruption de ses politiques. Le souci c’est qu’il part de faits exacts, en parle avec franchise (ce qui lui donne l’image d’un homme sans concession) pour attribuer à ces faits des raisons totalement farfelues, voire racistes. Les prémices sont justes, les conclusions insultantes et fausses.

D’après ce monsieur, si l’Afrique souffre c’est par sa faute propre et les Occidentaux maintes fois montrés du doigt n’y sont pour rien ! Si les Mobutus, les Sassou, les Bongo affament leurs peuples, les blancs n’ont aucune responsabilité là dedans. Et nous Africains sommes dans une éternelle attitude de victimisation. Nous croupissons dans la fange de la misère de bon gré, et nous mettons à tort sur le dos du néocolonialisme libéral, du colonialisme chrétien, de l’esclavage (dont nous serions seuls responsables puisque nos aïeux auraient choisi sciemment de "bazarder" les meilleurs d’entre eux contre du sel et des miroirs… !) et nous nous en délectons car cela nous donne l’occasion de nous plaindre et de mendier des regards auprès de ces "gentils" occidentaux qui se ruinent à nous tendre la main.

On oublie simplement qui a placé ces hommes, qui les maintien en place, qui fomente coups d’état et insurrections civiles depuis des années à la moindre renégociation des contrats pétroliers …
Mais je ne vais pas refaire ce qui a été fait sinon que je vous conseille vivement de lire " Négrologie " de S. Smith (Négro !! rappelez vous qu’il ne s’agit pas ici du mot "negro" en espagnol mais du même "négro" que j’entendais à chaque fois qu’un noir devait se faire fouetter dans "Racine " de A. Haley) afin de vous faire votre propre opinion et surtout lisez "Négrophobie" de Boubacar Boris Diop, Odile Tobner et Fraçois-Xavier Verschave qui démontent une à une les idées de malade de cet homme. Un simple exemple tiré du livre de S. Smith et qui vous révoltera comme il m’a révolté :
«Si l’on " remplaçait " la population – à peu près équivalente – du Nigeria pétrolier par celle du Japon pauvre, ou celle de la république démocratique du Congo par celle de la France, il n’y aurait guère de soucis à se faire pour l’avenir ni du " géant de l’Afrique noire " ni de l’ex-Zaïre. De même, si six millions d’Israéliens pouvaient, par un échange standard démographique, prendre la place des Tchadiens à peine plus nombreux, le Tibesti fleurirait et une Mésopotamie africaine naîtrait sur les terres fertiles entre le Logone et le Chari. »

Et je vous épargne tous les chapitres sur la " fainéantise congénitale des Africains ", sur ces "Africains qui se plaignent toujours de l’esclavage " ; sur la " décolonisation qui a fait du mal aux pays d’Afrique que les Africains sont incapables de gérer " ; sur " ces Africains qui sont culturellement violents, agressifs " ; … Et je ne vous parle pas de l’insistance avec laquelle il développe la thèse du "ce sont les Africains qui ont vendu leurs frères par appât du gain" oubliant que ces faits là ne constituent qu’une infime partie des déportations dues à l’esclavage.

Lisez " Négrophobie " et prenez conscience que pour que l’Afrique devienne grand, il faut que les Africains de par le monde entier s’affirment. Israël est riche, n’est-ce pas par la volonté de sa diaspora de par le monde ? On n’est pas forcé de vivre en Afrique pour montrer la force du continent.

Joss Doszen