Tribunes
Pour l'observateur non averti, les élections présidentielles sénégalaises s'apparentent étrangement à une transition démocratique. Elles en portent tous les stigmates : l'intransigeance du camp au pouvoir, le sentiment d'urgence qui étreint l'opposition, la pressante mobilisation de la société civile, les stratagèmes mis en place par les partis d'opposition, les larges et difformes coalitions machinées dans l'urgence, le pouvoir parlementaire muet et unicolore, le pouvoir judiciaire contesté – non plus sa simple indépendance – les trahisons au sein de la majorité au pouvoir, l'alliance des modères de celle-ci avec l'opposition, le va-tout des conservateurs (ici, les imprécations proprement non-démocratiques de Bethio Thioune), l'irruption de candidature « boulangeo- technocratique » de Youssou Ndour. Même l'attitude d’Abdoulaye Wade : la tentation monarchique, le désir de manigancer une réforme électorale d'urgence, le déni de toute légitimité à ses opposants. Tout respire la fin du régime autocratique.
À ceci près justement, que la présidentielle 2012 au Sénégal n'est qu'une banale élection dans un pays de tradition démocratique. Au plutôt : elle n'aurait dû être qu'une banale présidentielle dans une démocratie apaisée. Que cela ne soit pas le cas aujourd'hui est d’abord et avant tout, la responsabilité des Sénégalais. Cette génération devra, un jour ou l’autre, expliquer sa trahison.
Abdoulaye Wade est une invention des Sénégalais. C’est l’opposition sénégalaise qui tira un Wade déconfit et découragé de son exil parisien en 1999 pour en faire son champion. Ce sont les Sénégalais qui l’ont porté au pouvoir et qui l’ont reconduit dans ses fonctions en 2007. Ce sont eux qui ont placidement accepté ses dérives autoritaires. Ce sont eux qui, docilement, ont laissé se dégrader leur démocratie.
Au début des années 2000, le Sénégal avait :
- l’armée la plus disciplinée, la plus unie, la plus loyale d’Afrique ;
- une population globalement libre de tensions ethniques ou de ressentiments tribaux majeurs – y compris la question casamançaise – ;
- un paysage politique diversifié et solide au début du millénaire ;
Une décennie à peine plus tard, l’offre politique se résume essentiellement à un tout sauf Wade, les semaines précédant l’élection se sont écoulées dans une ambiance quasi-insurrectionnelle, personne ne sait exactement ce que sera la réponse des militaires sénégalais si des troubles éclatent à l’issue du second tour, la CEDEAO a dû dépêcher Obasanjo comme médiateur – de tous les coups bas, celui-là est le plus abjecte. Et les citoyens sénégalais ont réalisé ce chef-d’œuvre d’irresponsabilité, en toute liberté, sans pressions extérieures, sans baïonnette aux tempes, avant de se réveiller bruyamment et violemment après des années de silence – dira-t-on "de stupeur" par mansuétude?
Que l'on ne s'y trompe pas, au moment du diagnostic, la vraie interrogation n'est pas tant de savoir ce que Wade a fait du Sénégal mais ce que les sénégalais ont fait de Wade et de leur pays. Parce que, bon sang, le droit de vote est aussi un devoir de responsabilité.
Joël Té-Léssia
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Analyse pertinente!
Avec les mots qu'il faut, là où il faut. J'ai toujours eu du mal à comprendre le pourquoi de l'usage du terme "transition démocratique" pour le Sénégal. Avant la lecture de l'article, le titre ne me paraissait pas pertinent, mais là, oui. Les Sénégalais ont trop laissé Wade faire la pluie et le beau temps!! Par ailleurs, autre chose chose qu'il serait pertinent de mentionner est la venue de Obasanjo qui ressemble plus à une farce qu'autre chose -à mon humble avis-.
Cependant, j'émets quelques réserves quant à la "responsabilité intégrale" accordée aux Sénégalais quant aux dérives de Wade!
Néanmoins, bon courage!
Ecrire un article n'est pas anodin. Dire de telles sottises tient plus de la mode journalistique du moment que d'un vrai travail de recherche et d'investigation. Parler de désir monarchique de WADE est, au meilleur des cas, un simplisme sinon, ce qui est grave, un relai pur et dur de l'avis de l'opposition sénégalaise. Le travail journalistique mérité mieux que ça.
Les intellectuels africains aiment critiquer, dénigrer et cela fait recette dans un environnement occidental très receptif. Ils font plus usage de leur esprit de critique que de leur esprit critique. Sans entrer dans les détails ici, le maillon faible de la démocratie au Sénégal en particulier et en Afrique de manière générale, c'est l'opposition devenue belliciste et trop pressée d'accéder au pouvoir sans en respecter les dispositions légales et constitutionnelles. L'attitude de l'opposition sénégalaise, prête à plonger le pays dans le chaos était irresponsable voire criminelle. La presse internationale n'en a dit un piètre mot. Où est l'objectivité ? Pourquoi toute cette campagne de diabilisation de WADE sur fond d'inexactitude, de mensonge et de manipulation ?
Cherchez !!!!
@ Little : j'ai remarqué à quel point les commentateurs vraiment courageux et modérés avaient la bizarre tendance d'oublier de signer leurs "commentaires"… Après les inepties que vous avez écrites… Qu'y répondre?
c'est peine perdue que d'essayer de commenter les betises de té lissia. un anti-senegalais notoire !
Rappeler que :
1. le droit de vote est une responsabilité.
2. Abdoulaye Wade est arrivé légalement au pouvoir.
3. L'ambiance quasi-insurrectionnelle dans laquelle les élections se sont préparées n'est pas "normale" pour un pays de tradition démocratique.
Rappeler ça, fait donc de moi un "anti-sénégalais." Démocrate m'irait mieux, à mon avis, mais bon, va pour "anti-sénégalais", ça me va bien.
il m'est avis que vous êtes allé beaucoup plus loin en parlant de "trahison" de la présente génération qui devra s'expliquer…. mais bof puisque être antisénégalais vous va si bien !
That’s actually secnadory to the point. Something to notice about the three films is the way that they adjusted following the criticism of the ones that came before.The success of the Transformers movies can’t be side stepped, and a pure desire for robots and explosions isn’t, to me, a satisfying answer simply because many other visceral action movies have come out concurrently with Transformers and failed to elicit the same box office draw. Yes, most of those movies have done well enough for themselves, but Dark of the Moon, which was grinding down an already worn premise, made twice as much money as the infinitely better Fast Five. Thor, which is in the same rating bracket and target demo, didn’t even brak the top 10 for 2011. Thor, Captain America, Cowboys & Aliens, Battle: Los Angeles, Rise of the Planet of the Apes, Conan the Barbarian, Real Steel, Mission Impossible: Ghost Protocol, there’s a good long list of films that came out the same year, all hit the same notes, and all reviewed as poorly or better than Dark of the Moon, and all brought home far, far less cash.Something to consider: criticism of Sam has been rampant since the first film came out, yet the decision made by the producers and writers was to put even more Sam into the next two movies. Not only that, each film got longer than the previous.Now, I never said that Sam was the main draw, nor did I mean to imply that he is. The point being made is that film that are as large as these, with budgets this big and ticket sales this high, don’t take risks they don’t have to. Everything has been focus grouped, test screened, preened, plucked, and prepared. The implication is that, accurate or not, Sam is what Hollywood believes we want to see in a protagonist. Robots and explosions may be the draw, but why didn’t people walk out in droves, steer their friends away, and just not go to see Revenge of the Fallen and Dark of the Moon when the films got longer and spent more and more time (in both hard numbers and % of total screen time) with Sam? Keep in mind that these movies are all well over two hours long, there’s no paucity of content that could be trimmed, and needs more robots was a common refrain after the first film. By all accounts the decisions they made with the third film, spending the first 90 minutes preening over Sam and his job problems with hardly a robot in sight, should have sunk the film. But it didn’t. Instead it made over a billion dollars.So why didn’t it sink?Well, because on some terrifying level the world is okay with Sam Witwicky. Many, many equally accessible films, just as explosion filled, have come and gone with better writing, more likeable characters, and more intelligible action, and not walked away with a billion dollars in their pocket. Explosions alone are not a sufficient answer.Now, to the accusation that I chose him as an easy target: of course. The fact that he’s an easy target is what makes him so appropriate. Like I said above, it’s all about the budget and the stakes. Sam is hardly the only example of these trends, this masculine fragility, but he’s one of the best examples because he’s been distilled down to the pure essence of self-loathing by focus groups looking to maximize revenue through audience response. Here’s what complicates it even more: they can achieve that goal, maximize symmetrical audience response (ideally stimulating a conversion rate that blah blah blah dolla dolla bills, y’all), without needing Sam to be likeable.Don’t worry, I’ll be talking about this more in the future. Not with Sam, but all the same issues.Trust me: Sam Witwicky is not alone.
I can’t believe you’re not playing with me–that was so helpful.