Réalité Augmentée: la prochaine frontière en marketing numérique

Si vous demandez à l'internaute lambda ce qu'il pense de la Réalité Augmentée (RA), vous serez submergés par des réponses mentionnant les « Google Glass » et ô comment disgracieux ils nous font paraitre, le concept ingénieux des arrêts de bus récents de Pepsi…et on affirme qu’en réalité tout cela n’est qu’une mode passagère. En fait, vous serez confrontés à la tâche de définir la Réalité Augmentée.

Selon SDK Digital Lab Startup, créé par Atiyya Karodia et Christian Fongang, gagnant du Top 100 Technologies Awards, pionnier de la Réalité Augmentée et première agence à intégrer la Réalité Augmentée à la télévision, la meilleure façon de décrire ce concept est:

"La superposition de contenu numérique, dans un contexte réel, à l'aide de votre Smartphone, votre webcam ou tout autre forme informatique portable."

 

 

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La Réalité Augmentée en image

En Afrique du Sud, en tant que consommateurs, nous sommes largement ignorants du concept de la RA, et les marques sont, en toute franchise, hésitantes à sauter le pas (les principales exceptions étant Pond’s South Africa, SA Home Owner et Rolling Stone SA entre autres), préférant s'en tenir à l'alternative que d’essayer. Elles testent les services les moins cher proposés aux entreprises et qui, trop facilement, se transforment en rien de plus qu'un tableau d’affichage dans les Médias Sociaux. L'appréhension est compréhensible, mais cela signifie-t-il que nous serons toujours condamnés à porter l'étiquette du pays qui copie-colle des concepts numériques?

Un grand malentendu est généré dans le public, liant les RA uniquement au Google Glass, lui valant ce régard dubitatif alors qu'elle peut être disponible et abordable pour tout le monde car utilisable sur n'importe quel Smartphone. Il s'ensuit le problème du mauvais usage des RA quand on superpose du contenu qui offre peu ou pas d'interactivité.

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 Il est assez évident que le nombre de Smartphones augmente et, avec la croissance actuelle de la RA, 4 années après les médias mobiles, la question n'est pas tant de savoir si la RA est temporaire, mais plutôt, comment sa généralisation va nous affecter en tant que consommateurs à travers le marketing numérique.

 

Afin de comprendre l'impact de la Réalité Augmentée dans un cadre quotidien, vous aurez besoin de prendre quelques minutes pour visualiser l'image que je m'apprête à peindre :

« Imaginez un monde où vous vous réveillez, utilisez votre téléphone pour scanner votre environnement et obtenir des rapports de trafic en géolocalisation qui rendront votre trajet du matin plus facile. Vous déjeunez et avez besoin de plus de céréales pour demain, tout ce que vous faites est de scanner votre boîte, choisir votre produit, votre épicier, payez avec votre téléphone et savoir que lorsque vous rentrerez, vous aurez exactement ce dont vous avez besoin sans un détour ou un cargo ».

Il existe deux mondes : le monde en ligne où nous interagissons avec les publications, les marques et entre amis ; ensuite il y a le monde réel, où nos actions impactent les entreprises et les marques de façon plus tangible. La tâche pour les marques qui veulent rester dans les bonnes grâces et le portefeuille des consommateurs n'est pas seulement d'avoir une présence dans ces deux mondes, mais de trouver un moyen de mettre les deux ensemble. La plus grande erreur à commettre en tant que marketeur numérique est de penser que les marques détiennent encore assez de puissance pour contraindre par inadvertance les consommateurs à un engagement positif sans réel effort, parce que le nœud du problème, c’est que le symbole dièse (#) sur une affiche ne suffit plus tout simplement.

 

 

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Les progrès et réussites technologiques et de communication se sont souvent appuyés sur notre caractère évolutif qui nous incite à dépenser un minimum d'énergie et d’en tirer un avantage maximal. C’est aussi là-dessus que mise la Réalité Augmentée et d’autres technologies en développement.

Nous avons assisté à la montée en puissance de la téléphonie mobile, de l'Internet, des Médias Sociaux, et même à l’augmentation du Wifi public gratuit à Johannesburg. Monde réel et numérique semblent donc se rejoindre peu à peu. Ces évolutions font penser qu’un jour nous serons encore plus, et continuellement, en contact physique et actif avec les dispositifs qui nous relient au monde en ligne. Une formidable opportunité pour les entreprises qui ont misé sur le numérique. Mais si l’Afrique du Sud décide de rejeter la Réalité Augmentée et les technologies du monde réel, le seul impact des marques sur les consommateurs à l'avenir se limitera-t-il à de simples Tweet ?

Cedric Yamdjeu

Pourquoi faut-il investir dans les studios de jeux vidéo en Afrique ?

koriodan1L’industrie des jeux vidéo en Afrique est encore embryonnaire, contrairement aux autres régions du monde où elle représente un secteur clé de l’économie. Cependant, cette industrie voit aujourd’hui l’émergence de startups dont notamment le studio Kiro’o Games en Afrique Centrale. Quels sont les enjeux de cette industrie et pourquoi faut-il investir dans ce secteur ?

Etat du marché de la consommation

En 2013, l’industrie des jeux vidéo dans le monde représente près de 70 milliards de dollars  et plus de 95% de ces revenus proviennent des pays occidentaux qui, depuis près de 30 ans, en ont fait un secteur clé dans le divertissement.[1] Dans cette industrie, l’Afrique est à la traîne ;  le continent n’étant même pas compté dans la carte commerciale des éditeurs à cause du faible pouvoir d’achat des populations. Aujourd’hui, seuls quelques pays comme l’Afrique du Sud et le Nigeria sont les pionniers dans cette industrie sur le continent avec l’exemple de l’éditeur Maliyo Games au Nigéria qui propose des jeux certes simples, mais divertissants.

La jeunesse africaine des pays politiquement stables a pu jusqu’ici rester à la page, en partie grâce au piratage qui a mis les jeux vidéo à la disposition de bon nombre. Cette possibilité devenant de plus en plus contrainte à cause de la taille des jeux, la faiblesse des connexions à l’internet pour télécharger les jeux piratés, et l’évolution des politiques anti-piratage des créateurs de jeux. Nous nous acheminons donc dans ce secteur, vers une énorme fracture numérique pour les jeunes africains n’ayant pas les moyens financiers pour s’acheter un jeu vidéo.

Dans le cadre du goût des jeunes africains en matière de jeux, les choix sont en synergie avec les divertissements de la vie réelle auxquels ils ont droit. Les jeux de football ont la plus grande part de leur intérêt, ensuite les jeux d’aventure et de guerre, pour leur facilité de prise en main. Probablement une conséquence du système éducatif défaillant ayant tué l’intérêt pour la lecture auprès de ces jeunes, on trouve une réticence de leur part aux jeux abordant des thèmes et des systèmes exigeant une immersion poussée (jeux de rôles, jeux de stratégie, etc.). Rien ne permet toutefois d’affirmer que cette réticence persisterait s’ils s’identifiaient mieux aux personnages des jeux. A cette fin, la production locale de jeux vidéo constituerait certainement une bonne solution.

Etat du marché de la production

Il existe à ce jour très peu de studios de jeux vidéo africains. En Afrique du Nord, il s’agit pour la plupart de délocalisation de studios européens, et qui servent surtout de main d’œuvre pour les petits jeux complémentaires (version console portable ou mobile) des grands jeux européens et américains (par exemple Ubisoft au Maroc).

Les studios en Afrique subsaharienne se rencontrent principalement au Nigéria et en Afrique du Sud. L’Afrique du Sud étant la plus développée sur ce plan, avec des financements et une volonté de l’Etat de soutenir l’émergence de ce secteur. Toutefois ces studios africains sont focalisés sur le marché intérieur du jeu mobile, et du jeu gratuit surtout pour des thèmes éducatifs et sociaux. L’Afrique de l’Est spécialement le Kenya n’est pas sans reste avec la « silicon savannah » qui abrite aussi des studios de jeux vidéo comme Maliyo Games, une start-up kényane. On ne trouve aucun studio en Afrique centrale pour le moment, et aucun jeu africain à vocation de marché international. Dans cette région la startup de jeux vidéo Kiro’o Games devient une première dans le secteur.

En dépit de ces constats, l’Afrique peut exploiter le jeu vidéo comme un levier de développement, car elle dispose les talents artistiques et informatiques nécessaires à la conception des jeux vidéo. Il est donc possible pour les Africains de proposer de nouveaux jalons de créations, tout en ayant l’ambition d’exporter leurs produits pour un meilleur impact. La culture africaine trouvera ainsi un nouveau support d’expression, mais aussi une source de défis pour se sublimer et évoluer. Car le jeu vidéo doit proposer des visions « fantaisistes et extraordinaires » des cultures qui lui servent de bases. C’est justement cette approche qui fait l’originalité du projet de jeux vidéo « Aurion » en cours de conception par le studio Kiro’o Games.

koriodanLe jeu Aurion de Kiro’o Games

Aurion : L’Héritage des Kori-Odan est le premier jeu développé au Cameroun à destination du public africain et international par le premier studio de jeu vidéo d’Afrique centrale Kiro’o Games. Une sorte de Final Fantasy à l’africaine, Aurion va probablement révolutionner l’histoire de jeu vidéo en Afrique.

Ce jeu vidéo en 2D conçu par des Africains se prépare au Cameroun pour le troisième trimestre de 2014. Inspiré des mythes africains, la petite équipe de Kiro'o Games travaille activement depuis fin 2012 à la réalisation du projet Aurion, imaginé il y a plus de dix ans.  

Selon le scénario, Enzo Kori-Odan, prince de Zama et héros du jeu subi un coup d’état de la part de son beau-frère, le jour de son couronnement. Il décide alors de parcourir le monde afin d’acquérir son héritage pour retrouver son trône. Dans sa quête, il se rendra compte des dilemmes géopolitiques et existentiels de son rôle de futur Roi et devra trouver ses réponses pour assurer la destinée des siens.

Selon Guillaume Olivier Madiba, fondateur de Kiro’o Games, « Aurion, l’héritage des Koriodan » comporte trois avancées : l’esthétique, la narration et le gameplay. Esthétiquement, on découvre un tout un nouveau monde visuel et sonore pour l’environnement du jeu vidéo qu’on pourrait assimiler à de l’African Fantasy comme Final Fantasy, qui consiste à magnifier la réalité des traditions et cultures de l’Afrique. Narrativement, l’objectif ici est d’apporter une réelle profondeur dans la psychologie des personnages et aussi des dilemmes inspirés de ceux des héros africains ou des « méchants » de notre histoire continentale. Le Gameplay vient avec des innovations. L’une d’entre elle est le Cognitive Battle Event qui espèrent-ils, va donner une nouvelle piste Game design en lieu et place du QTE classique. Cette originalité a valu au projet d’être classé parmi le top 10 des studios de jeux vidéo prometteurs en 2014.

Cette innovation est à l’origine du succès grandissant de l’ouverture du capital de Kiro’o Game aux investisseurs. A ce jour, la startup a  vendu 44% des parts mises en vente pour une vingtaine d’actionnaires répartis dans le monde entier (France, canada). Son business plan a  été validé par les observateurs économiques internationaux tels que Venture Capital for Africa.

L’expérience de Kiro’o Games illustre comment l’entrepreneuriat des jeunes africains peut redynamiser la culture Africaine et son exportation massive vers d’autres horizons. Cela concourt à la sauvegarde du patrimoine culturel du continent à travers le jeu vidéo et crée par la même occasion un nouveau secteur d’emploi exploitant le plein potentiel des jeunes informaticiens, infographes et artistes africains. L’idéal serait que davantage d’initiatives similaires émergent partout en Afrique. Mais cela requiert la contribution de l’Etat à travers les subventions aux studios de jeux vidéo et plus particulièrement celle des investisseurs privés.

Cédric Yamdjeu


[1] Voir le rapport de l’ESA sur le marché aux Etats-Unis en 2013, de même que le communiqué de presse de Newzoo, l’agence de veille économique sur les marchés de jeux vidéos.