L’islam est une secte évidemment. Comme le moonisme, le mouvement raëlien et la scientologie. Une secte qui a plutôt bien réussi comme le christianisme, mais une secte malgré tout. On peut d’ailleurs trouver béat et à terme dangereux l’entêtement que certains mettent à décrire la religion musulmane comme « profondément tolérante ». Toutes les religions sont profondément intolérantes. C’est être sur la défensive et reprendre l’intolérable refrain des encenseurs de « l’humanisme chrétien » que de chercher à démontrer que « l’Islam aussi est religion de tolérance ». Comme toutes les mythologies (Jésus, la famille, l’amour, etc.) l’islam est intrinsèquement radical. Il n’y a pas d’islam modéré. Il n’y a que des musulmans modérés et extraordinairement aphones.
Quand on critique l’islam, ce ne sont pas les musulmans que l’on « attaque ». C’est ce qu’il y a derrière (ou en haut, peu importe) qui fait peur, c’est l’étrange apathie des « modérés » qui inquiète, c’est la facilité avec laquelle ces « modérés » peuvent devenir des radicaux qui dérange, c’est l’absence de preuve formelle que cette « majorité de musulmans modérés » n’est pas un cheval de Troie du fanatisme religieux. Il a fallu des siècles de lutte pour remettre le Ciel à sa place, je peux comprendre que beaucoup aient peur qu’il nous retombe sur la gueule, comme des murs de cristaux sur le sol de Manhattan, comme des coups de machette sur des chrétiens nigérians. Les croyants sont – par définition – dangereux et contagieux.
Cela étant, comme en toute chose, il convient de regarder la réalité en face, même s’ils sont en dessous de ce qu’on pourrait espérer, les gages donnés par l'immense majorité des musulmans vivant en Occident, en France notamment, sont suffisamment solides pour qu’on arrête de tester leur résistance, de questionner leurs attachements républicains. Bref, pour qu’on leur fiche la paix.(Il faut voir l’insupportable danse du ventre – c’est fait exprès – qu’on exige d’eux depuis que des imbéciles ont lancé un cocktail Molotov contre l’immeuble de Charlie Hebdo)
De fait, les indignations sélectives de la société française actuellement sont insupportables en plus d’être injustes.
Ce sont des Français « normaux » qui en majorité battent leurs femmes et les défigurent, mais ce sont les musulmans qu’on accuse de ne pas respecter la dignité des femmes. Ce sont les mêmes Français bien comme il faut qui traînent les pieds quand il s’agit d’instaurer une vraie égalité salariale entre hommes et femmes, qui se découvrent soudain une énergie nouvelle pour défendre l’égalité homme-femme dans les couples musulmans seulement.
Ce sont les héritiers des ratonnades, de cette France qui trouvait que les ritals étaient des cafards, moins que des chiens, qui aujourd’hui glosent sur l’identité européenne menacée par les immigrés de confession musulmane. Ce sont des républicains – comme vous et moi – qui trouvaient normal de demander à un homosexuel si on devait l’appeler « monsieur ou mademoiselle », qui aujourd’hui dénoncent l’homophobie supposée des seuls musulmans ; ces parents absents et inefficaces qui aujourd’hui questionnent la façon dont les musulmans éduquent leurs enfants.
Ce sont ces mêmes gens bien qui acceptent que dans les restaurants kasher les femmes ne puissent pas servir le vin, que dis-je ? qui y dînent et en trouvent l’existence tout à fait normale, qui protestent contre les hamburgers Hallal. Ce sont de bons Français, attachés au terroir, qui défendent José Bové, pourfendent la malbouffe et l’emprise américaine sur leur sol, qui s’indignent de ne pas pouvoir commander un royal-bacon, dans un fast-food de Roubaix (vous voyez le pays autour de Bruxelles ? Roubaix, c’est la ville française qui vient juste avant).
Ils n’ont bien évidemment « aucun problème avec les musulmans », ça va de soi… mais tout ce qui pourrait jouer contre le repli communautaire ou conduire à traiter les musulmans comme tous les autres citoyens les rend fous. On a le droit de caricaturer Mahomet, mais pas de se déguiser en déporté pour un sketch.
Et presque tout le monde trouve ça normal. Cela confirme mes peurs initiales, si les musulmans modérés avaient été plus actifs, plus clairs dans leur dénonciation des extrémistes, s’ils avaient été beaucoup plus nombreux à refuser la sordide équation qui pose musulman=pro-palestinien+antisioniste et accepté de penser leur relation au divin hors de la Oumma, peut-être aujourd’hui pourraient-ils dire l’incongruité et la saleté du procédé qui leur est appliqué. Et c’est un ancien catholique, apprenti-juif, bouffeur de lard et fornicateur qui doit en parler. Tout ça m’écœure un peu.
Joël Té-Léssia
Laisser uncommentaire
Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués par *
Je pense également que, malheureusement, pour l'opinion publique, "musulman" veut dire "arabe" et que les musulmans d'origine slave, subsaharienne et asiatique ne se reconnaissent pas dans le discours qui est fait de leur religion chaque jours dans les médias.
Ensuite, il ne faut pas oublier que l'islam considère les Juifs et les Chréiens comme des croyants puisqu'ils sont nommés par cette religion "gens du livre" ou "gens des écritures", un musulman ne peut donc pas haïr un juif ou un chrétiens, puisque ces derniers prient le même Dieu que lui. C'est sous le Royaume d'AL-Andalus que que les Juifs et Chrétiens étaient tolérés et vivaient en paix. C'était également lorsque qu'une partie de l'Europe était dirigée par les Musulmans que l'héritage de la grèce antique a été traduite en arabe puis en latin, cf. Averroes traduisait les écrits d'Aristote par exemple. Ce sont donc les Musulmans qui ont été à l'origine de l'évolution de l'Europe (la Renaissance débute au moment de la chute de Constantinople) et si les Européens sont aujourd'hui ignorants, je ne comprends pas pourquoi ce sont les Musulmans qui auraient le devoir de les éduquer.
Dans le contexte actuel de multipolarité, nous savons que nous aurons de plus en plus besoin du monde émergeant, et partant, du monde musulman; l'archarnement contre les Musulmans rends la France et l'Europe de moins en moins attractives et préfigure donc plus de difficultés pour développer des relations avec des pays qui n'ont pas de dettes, au contraire, qui possèdent d'importants excédents.
"On a le droit de caricaturer Mahomet, mais pas de se déguiser en déporté pour un sketch."
Je vois pas le rapport. Carticaturer Mahomet, c'est l'équivalent de caricaturer Jésus. Et ça c'est fait et accepté, depuis longtemps en France. Des gens se sont battus et sont morts pour que le "blasphème" ne soit plus un crime.
Se déguiser en déporté pour un sketch, c'est se moquer de la souffrance réelle de millions d'innocents, dont les descendants directs (enfants, petits enfants) sont encore présents, et sous-entendre que l'un des pires génocides que l'Europe ait connu ces dernières 500 années est une blague, quelque chose à ne pas prendre au sérieux.
L'esclavage des noirs a été reconnu comme un crime contre l'humanité et pourtant tout le monde (ou presque) a rit en regardant "Case Départ". Le droit de blasphémer est un droit républicain, tout comme le droit de rire il me semble. Il y aura toujours des gens peinés par ce type d'humour malheureusement mais en France cela s'appelle "Liberté", ou "Laïcité" lorsqu'il est question de l'Islam . Donc il faut choisir, soit on autorise tout le monde a rire de ce qu'il veut, soit on l'interdit, mais il faut que ce soit valable pour tous les cas.
L'esclavage des noirs a été reconnu comme un crime contre l'humanité et pourtant tout le monde (ou presque) a rit en regardant "Case Départ". Le droit de blasphémer est un droit républicain, tout comme le droit de rire il me semble. Il y aura toujours des gens peinés par ce type d'humour malheureusement mais en France cela s'appelle "Liberté", ou "Laïcité" lorsqu'il est question de l'Islam . Donc il faut choisir, soit on autorise tout le monde a rire de ce qu'il veut, soit on l'interdit, mais il faut que ce soit valable pour tous les cas.
Je craignais qu'à partir de cette phrase, on ne s'éloigne, comme toujours du coeur de l'analyse. Voilà que c'est fait… Prenons le risque d'un énième monologue-dialogué sur le sujet.
J’ai mis «déguisé en déporté juif » comme j’aurais pu mettre « déguisé en esclave et parlant pti’nègre ». Je ne suis sensible ni à l’humour supposé ni à l’outrance potentielle d’aucun de ces deux actes. Les sensibilités de tel ou tel groupe que ces actes pourraient émouvoir m’indiffèrent complètement, de la même façon que les réactions des musulmans aux caricatures de leur prophète ou les récents emportements de jeunes catholiques me semblent sans intérêt.
Je n’ai pas à juger de la légitimité des émotions, ni des sensibilités (ou susceptibilités) des uns ou des autres. Je reste pourtant très conscient de leur réalité. C’est cette intelligence des autres, cette conscience des autres qu’on regimbe à étendre aux musulmans. Cela m’accable et rejoint la sélectivité des indignations que je déplore.
Qui suis-je moi, pour décréter la Shoah plus respectable que le Coran ? Les émois que celui-ci suscite inférieurs aux émotions que celle-là ressuscite ? Au nom de quoi pourrais-je proclamer du bas de mon athéisme farouchement individualiste, la mémoire de la traite négrière ou de l'indigénat plus vive que la passion du Christ ?
C’est parce que je me refuse à ce type de hiérarchie que je suis ouvert à tout type d’humour, à toute forme d’expression. Rire ou crier, de toutes ses forces, devant l’absurdité de la condition humaine, c’est un droit.