Sahara occidental : un dossier qui peine à sortir de l’impasse

Le Sahara occidental est un territoire avec une superficie de 266000 km2. Le territoire est frontalier du Maroc, de l’Algérie et de la Mauritanie. Il fut sous le contrôle de l’Espagne de 1884 à 1975.

Le Sahara occidental est l’objet d’intenses tiraillements entre les puissances voisines. Ces derniers demeurent convaincus que l’occupation du territoire présente des enjeux multiples dans les domaines politiques et économiques sans omettre la position de choix dans la course vers l’hégémonie régionale que conférerait le « contrôle » du territoire sahraoui.
Sous l’angle diplomatique, les relations tendues entre le Maroc et l’Algérie sont symptomatiques de la complexité du conflit sahraoui, notamment dans les relations entre les grandes puissances voisines.
Ce conflit larvé sur fond de leadership politique au Maghreb n’est toutefois pas le premier du genre sur le territoire du Sahara Occidental. En effet, les sources historiques renseignent valablement sur les conflits ayant opposé des tribus guerrières aux forces religieuses dans l’optique d’asseoir, chacune, une mainmise sur le Sahara occidental.

En 1048, des Berbères Sanhadja formèrent une unité politique en fondant le mouvement almoravide. Ils s’empareront de petits émirats à la suite de la chute de l’empire chérifien des Idrissides. Etendant alors leur hégémonie par le biais de conquêtes, ils parvinrent à occuper la péninsule ibérique et installèrent leur capitale à Marrakech. Plus tard, les Portugais et les Espagnols s’installent sur la Côte, et en 1885, à l’issue de la conférence de Berlin, l’occupation et l’administration du Sahara Occidental revint à l’Espagne. Dès lors, il est intéressant de constater une nouvelle fois qu’un pays européen avait une responsabilité sur un conflit portant sur une question de souveraineté en Afrique.

A l’aune de ces faits, l’on remarque la trajectoire particulière qu’a prise le problème sahraoui. D’abord, un conflit local entre tribus rivales ; ensuite un tiraillement sur fond de conflit colonial et enfin, une crise intra-africaine, notamment entre le Maroc et l’Algérie ; ce dernier soutenant sans relâche le Front Polisario, mouvement de lutte armée pour l’indépendance du Sahara occidental créé en 1973.
Des exemples, pour rappel, confirment la vive tension qui caractérise quasi quotidiennement les relations entre Alger et Rabat qui ont connu une escalade dans les années 70 avec l’expulsion, en 1975, de plusieurs familles marocaines d’Algérie.
Aujourd’hui la frontière algero-marocaine est fermée. Cette vive tension entre les deux pays déteint sur l’organisation qui regroupe les Etats de la sous-région. L’Union du Maghreb Arabe est le modèle type d’intégration africaine qui baigne depuis sa création dans un échec total. (1)

Le drame du Sahara occidental est aussi marqué par une lutte militaire qui peine à trouver une issue favorable. Le grand nombre de populations civiles qui vivent dans des conditions extrêmement difficiles dans les camps de réfugiés est une image saisissante sur la dureté et l’importance du drame sahraoui.

Acteur majeur du conflit sahraoui, le Front Polisario a acquis une reconnaissance internationale de fait comme un acteur incontournable du conflit sahraoui. Les différentes parties prenantes du conflit ont été obligées de considérer comme un interlocuteur valable et de poids dans le processus de règlement pacifique de ce problème. Cela s’est surtout confirmé à la suite du départ du Maroc de l’Union Africaine après l’intégration de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) au sein de la dite institution au Sommet de Tripoli en 1982. Ce retrait qui est intervenu à la suite d’un profond désaccord sur l’admission de la RASD au sein de l’organisation continentale, marque aussi, de fait, une victoire diplomatique considérable du Front Polisario et de son tuteur algérien.
Malgré les multiples tentatives et pressions de certaines institutions internationales comme l’ONU, qui a désigné un représentant spéciale au sujet du conflit sahraoui, l’américain Christopher Ross, ou l’UA vis-à-vis des différents acteurs afin de trouver des solutions crédibles et durables, la paix n’est toujours pas au rendez-vous.

Dans ce cadre, il est nécessaire de jeter un coup d’œil sur les résultats des différentes tentatives de sortie de crise. Le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU est victime d’un désaveu de la part du royaume chérifien qui doute de sa neutralité. Ce à quoi Ban Ki Moon a récemment réagi par une confirmation de sa confiance à l’endroit du diplomate américain.
Néanmoins, la déclaration de cessez-le-feu de 1991 a sans doute constitué un grand bond en avant en vue d’une solution définitive, mais le chemin vers la paix est encore long et sinueux pour ce conflit qui a tout de même duré près de quatre décennies.
Toutes les initiatives pouvant induire une issue heureuse sont les bienvenues. Mais, il est urgent d’agir rapidement et de manière efficace afin de contraindre les parties au dialogue afin qu’elles reviennent enfin autour de la table des négociation et sortent le dossier sahraoui de la situation d’impasse dans laquelle elle se trouve.

La Mission des Nations Unies pour l’Organisation d’un référendum au Sahara Occidental (MINURSO) reste tout de même un grand pas déjà franchi dans la longue route vers la paix même si son mandat lui laisse peu de marge de manœuvre. Les obstacles qui se dressent devant l’atteinte de son mandat qui est de faire respecter le cessez-le-feu et d’organiser un référendum d’autodétermination sont nombreux, surtout dans un contexte où les parties ne parlent toujours pas le même langage et ne s’entendent ainsi pas sur les termes de références de ce referendum qui reste encore très hypothétique.

 

Blaise Guignane Sene

 

1A ce propos, voir le  très bon papier de Jacques Leroueil sur Terangaweb

http://terangaweb.com/limpasse-de-lunion-du-maghreb-arabe/