Selon le lexique des termes juridiques, le proxénétisme peut être défini comme une activité délictueuse de celui ou de celle qui, de quelque manière que ce soit, contraint une personne à se prostituer, favorise ou tire profit de la prostitution d’autrui. De nombreux faits, pouvant directement ou indirectement faciliter la prostitution, sont assimilés par le législateur à l’infraction de proxénétisme. L’Afrique de l’Ouest est en proie a ce fléau grandissant et les rues des grandes villes ouest-africaines sont quotées à la bourse de l’immoralité et du commerce sexuel.
A titre d'illustration, quelques grandes places africaines du tapinage : l’Avenue Kwamé N’Krumah et Bolomankoté au Burkina-Faso, la rue Princesse de Yopougon en Côte d’Ivoire, la rue d’Anfangua au Mali, la croisette au Niger, l’avenue Ponty au Sénégal, etc.
Les adolescentes font l’objet d’exploitation sexuelle par les tenanciers de maisons closes comme en témoigne Ouaga Camping (une maison close a Ouagadougou) qui fut épinglé par les services municipaux. Elles sont aussi insérées dans les rouages du tourisme sexuel. C’est l’exemple de Saly, station balnéaire située à environ 90 km de Dakar, qui est surtout le haut lieu du tourisme sexuel au Sénégal. Raoul Mbog affirme :
«Saly est le point de ralliement des Occidentaux vieillissants qui souhaitent goûter aux charmes de jeunes Sénégalais(es), pas toujours majeur(e)s.»
A cela il faut ajouter le proxénétisme des africaines dans les pays occidentaux comme la Suisse, l’Italie, la France, la Hollande, le Danemark.
Les causes de la prostitution sont à rechercher d’abord dans les conditions de vie des populations. En effet, les programmes d’ajustement structurel (PAS) des années 1990 ont conduit au licenciement de nombreux chefs de famille. La conséquence des PAS a été la désintégration de la structure familiale. Chaque membre de la famille étant laissé à son sort. Les filles qui sont les plus vulnérables, vont développer des moyens de survie telle que la prostitution.
Après les programmes d’ajustement structurel, la dévaluation du franc CFA dans l'espace francophone va sonner le glas de la paupérisation croissante des familles africaines. En parallèle à cela, il faut noter la cupidité d’un monde libéral sans humanisme qui ne fait que creuser les écarts sociaux entre les riches et les pauvres. En témoigne la crise économique de 2008 qui soulèvera de nombreuses vagues de protestations appelées « émeutes de la faim » en Afrique de l’Ouest (Burkina-Faso, Sénégal, Mali, Togo, etc.) où « les pauvres demandaient des comptes au plus riches»
Il faut ensuite prendre en compte les causes politiques de la prostitution. La gabegie financière, la corruption et la mauvaise gouvernance démocratique en Afrique matérialisées par la patrimonialisation du pouvoir politique et assassinats politiques ont conduit les populations a être abandonnées à leur sort. A cela il faut ajouter les conflits sociopolitiques et guerres civiles avec son lot de misère et d’exactions criminelles tel que le proxénétisme.
La crise post-électorale ivoirienne ou la guerre civile au Libéria ont été des facteurs favorables au développement du proxénétisme surtout de l'exploitation sexuelle des mineurs. Combien de lycéennes et étudiantes qui pour satisfaire leurs besoins élémentaires à savoir se nourrir, se loger, se soigner, sont obligés de vendre leur corps en échange de maigres sommes d’argent.
A coté des professionnels du sexe, il ya des mineurs qui sont esclaves des réseaux mafieux. La plupart provienne des zones rurales et venues en ville pour chercher du travail comme ménagère, serveuse dans les débits de boisson. Malheureusement elles tombent entre les mains de personnes mal intentionnées qui les utilisent à d’autres fins.
Enfin, nous pouvons évoquer des raisons sociologiques pour expliquer la recrudescence de ce fléau. La prostitution quoiqu’on puisse en dire, répond à un besoin social. Les prostituées sont prisées par des hommes de tout âge et de toute catégorie sociale. Si la prostitution existe, est-ce parce que la société se conçoit mal sans elle ?
En 2009, le maire de la ville de Ouagadougou décide d’entrer en lutte contre les tenanciers de chambre de passe et autres hauts lieux du proxénétisme dont la plupart faisait recours à des filles mineures. Dans le rang de ces filles on notait celles de nationalités burkinabè, nigériane et ghanéenne surtout. Il a été dénombré près de cinq mille prostituées dans la ville de Ouagadougou (selon le projet SIDA III). La lutte menée par le maire s’est heurtée à l’opposition d’une grande partie de la population, dans un pays où le poids de la tradition ancestrale et de la religion dominent la conscience collective.
Aussi nous pouvons dire que la prostitution est un métier libéral. C'est-à-dire que de la même manière que l’on décide de devenir enseignant, on décide de devenir prostituée.
Octave Bayili