Pauvre Daniel Kablan Duncan! La dernière tournée du premier ministre ivoirien l'a mené à Paris, où il s'est même exprimé devant les étudiants de Sciences Po (les lecteurs habituels de Terangaweb retrouveront pas mal de visages familiers dans le reportage de la RTI sur cet évènement). Les banalités d'usage si j'ai bien compris, sur la croissance revenue, l'espoir rétabli, la paix qui ne viendra pas au détriment de la justice. Oui! Oui. On sait.
Le site de la primature reprend les données développées par le premier ministre, pour quiconque à la patience de les consulter. Je ne compte pas discuter longtemps la vraie-fausse polémique sur le vrai-faux cafouillage qui aurait eu lieu durant cette intervention. Divers sites ivoiriens mantiennent que la conférence a été perturbée par des "pro-Gbagbo". Informations démenties par les organisateurs de la conférence. Ce qui n'empêche personne de récupérer cette "information" ("une info+un démenti =deux scoops", après tout) comme il l'entend, soit pour condamner la barbarie "des" partisans de Laurent Gbagbo, soit pour se féliciter de cette heureuse interruption. Les Ivoiriens sont de plus en plus pénibles.
De tout façon, la vraie fosse aux lions dans laquelle DKD est plongé ce n'est pas celle vers laquelle trois agités ont voulu le rabattre à Paris. C'est la spirale d'esquives et d'insincérités que sa position lui impose. Ni durant cette conférence, ni durant aucune des interviews que Duncan a accordées par la suite, ni nulle part ailleurs la question de la "justice des vainqueurs" n'a obtenu de vraie réponse. L'excuse standard dont il use et abuse est la même "le temps de la justice n'est pas celui de la politique". Il l'a ressortie à Christophe Boisbouvier de RFI, qui n'a rien trouvé à redire.
Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire? Qu'est-ce que ça peut signifier quand aucune, absolument aucune des personnalités proches du régime actuel n'a eu à répondre d'aucun des crimes dont elles sont accusées? Quelle idée Daniel Kablan Duncan se fait-il de ses interlocuteurs, quand il prétend que rien de cela n'est politique? Vraiment?
Saint Daniel. Ni vu, ni connu. Innocent et honnête comme d'habitude. Daniel Kablan Duncan a beau avoir été en charge des finances ivoiriennes sous Ouattara (alors 1er ministre d'Houphouët-Boigny) pendant que ce pays passait sous les fourches caudines du FMI. DKD n'y est pour rien. Il était bien en place quand les "privatisations" servaient à brader les joyaux de la couronne et quand les barons du PDCI se remplissaient les poches. Daniel Kablan Duncan, ministre des finances puis premier ministre n'a rien vu, rien entendu. Il était là lorsque son propre parti insinuait le virus de la haine et de l'ivoirité dans l'ADN de ce pays. Daniel n'y pouvait rien. Il ne savait rien, Daniel. Il travaillait.
Aujourd'hui Daniel Kablan Duncan est de retour à la primature. Et il n'y est toujours pour rien. Les "enquêtes" sont en cours. La "justice viendra". Il ne manque plus que "chaque chose en son temps" et "qui vivra verra" pour que la boucle soit bouclée.
La Côte d'Ivoire est sur la bonne voie selon son premier ministre. C'est une bonne chose. Comme disait George Constanza : "ce n'est pas un mensonge, si tu y crois vraiment".
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Entre "il ne voit rien" et "il ne sert à rien" comme tend à le montrer très justement l'article, il n'y a qu'un pas que le lecteur se doit de faire..! En même temps peut être que DKD est là parce qu'il ne sert à rien et que TOUT peut être fait avec lui sans qu'il ne pipe mot: la naturalisation à gogo de milliers d'étrangers, la vente des terre aux multinationales, le baillonnement des opposants, etc…
Je suis tout à fait d'accord avec le contenu de cet article. DKD est l'incarnation parfaite d'un homme de paille doublé d'un mythomane impénitent…Et entre nous Daniel dans la fosse aux lions…le prénom se prête au jeu de mots mais définitivement pas le personnage…Très bel article comme d'habitude