Par Christian Dior MOULOUNGUI, philosophe, enseignant de philosophie et Doctorant à l’Université Omar Bongo (Gabon)
Résumé
Cet article étudie le rôle indéniable et inéluctable des médias dans le processus de démocratisation en Afrique subsaharienne. En effet, les médias dans leur vocation première, celle d’informer, de divulguer la vérité et de dénoncer, à notre humble avis, participent à l’effectivité d’une organisation politique démocratique adéquate dans les États dits ouverts et consensuels. En principe, ils sont supposés être considérés comme la matrice de la plénitude démocratique. Malheureusement, l’obstacle de l’émergence médiatique en Afrique aurait donc un fondement politique, à savoir : de multiples tentatives despotiques de la volonté des pouvoirs politiques de contrôler la presse et les médias. Mais, notons-le, cet obstacle ne serait pas spécifiquement africain. En raisonnant ainsi, il s’agit donc de comprendre qu’il est incommode de vouloir mettre en exergue une organisation démocratique des médias libres et transparents en Afrique. Face à ce dilemme, il convient maintenant aux journalistes africains soit de rester fidèles à leur mission si noble afin de faire éclore la démocratie dont l’expression est la critique et la liberté au risque et péril de leur vie, soit ils renoncent au titre de grands gardiens de la démocratie et de grands prêtres de la liberté, en acceptant d’être amadoués et asservis pour des raisons hypothético-politiques.
Abstract
This article studies the undeniable and ineluctable role of the media in the process of democratization in sub-Saharan Africa. Indeed, the media in their primary vocation, that of informing, divulging the truth and denouncing, in our humble opinion, contribute to the effectiveness of an adequate democratic political organization in the so-called open and consensual States. In principle, they are supposed to be seen as the matrix of democratic fullness. Unfortunately, the obstacle of media emergence in Africa would therefore have a political basis, namely: multiple despotic attempts by the will of political powers to control the press and the media. But, let us note, this obstacle would not be specifically African. By reasoning in this way, it is therefore a question of understanding that it is inconvenient to want to highlight a democratic organization of free and transparent media in Africa. Faced with this dilemma, it is now appropriate for African journalists either to remain faithful to their noble mission in order to bring about democracy, the expression of which is criticism and freedom at the risk and peril of their lives, or they renounce the title of great guardians of democracy and high priests of freedom, by agreeing to be cajoled and enslaved for hypothetico-political reasons
Introduction
Parler des médias dans le processus ou effectivité de démocratisation, à notre humble avis, revient à évoquer une autre forme du pouvoir de surveillance. Justement, une forme du pouvoir de surveillance qui est censé informer, conscientiser et dénoncer les dérives du pouvoir politique ou peindre les actions de ce dernier. Laissons Pierre Rosanvallon entendre dire : « Les médias, pourrait-on dire, constituent la forme routinière et fonctionnelle d’une démocratie de surveillance dont les organisations militantes de la société civile incarnent en quelque sorte le pole activiste. Ils sont pour cela fonctionnellement complémentaires »[1]. D’où effectivement, dit-il, « ce qui donne sa consistance au célèbre mot d’ordre : Ne détestez pas les médias, devenez les médias »[2]. En effet, il est fort probable d’estimer que cette observation nous permet logiquement de comprendre que les médias occupent une place primordiale dans le nouvel espace des pouvoirs de surveillance. A cet effet, ils sont le substrat d’une organisation de la vie démocratique adéquate dont les effets concours à la prise en compte de la volonté du peuple.
A partir de là, il convient manifestement d’affirmer, qu’au-delà d’autres formes du pouvoir de surveillance, il y a bel et bien une contribution inestimable et avérée des médias dans la structuration démocratique pays africains subsahariens. Dans cette perspective, nous voulons montrer que dans son processus de démocratisation, l’Afrique subsaharienne doit rationnellement prendre en compte le rôle principal et substantiel des médias. Dans ces conditions, les Africains ont intérêt de promouvoir une politique de visibilité, de lisibilité et de transparence des médias dans la délibération politique en Afrique. Par ailleurs, il s’agit de noter que cet idéal médiatique, voire le rôle prépondérant des médias dans le processus de démocratisation en Afrique subsaharienne, souffre d’une invisibilité aiguë. Pour ainsi dire, à notre sens, l’émergence des médias en Afrique subsaharienne est, malgré tout, sujette à un certain nombre de blocages liés aux libertés d’expression et à l’effectivité structurelle provenant de la politique arbitraire des dirigeants africains. Emmanuel-Thierry Koumba n’en pense pas moins lorsqu’il affirme en substance que « nonobstant la volonté de porter certaines modifications positives dans l’organisation de la presse, au Gabon et dans d’autres pays africains, il existe de multiples manœuvres totalitaires du contrôle de la presse et des médias par les pouvoirs politiques[3] ». Il est donc fort possible de croire que les médias en Afrique subsaharienne fonctionnent de façon arbitraire, tout comme la démocratie avance à pas de caméléon, pour emprunter l’expression de Richard Banégas[4]. De ce fait, la dynamique et la transparence des médias sont à l’image d’une démocratie authentique, et donc d’une structuration politique optimale prenant en compte les aspirations et la volonté du peuple. C’est pourquoi, bien évidemment, dans cet article, nous voulons analyser et démontrer le rôle que doivent jouer normalement les médias dans le processus de démocratisation en Afrique subsaharienne, au-delà de toute opposition totalitaire des pouvoirs politiques et la manifestation des aléas de la censure dont ils font face. Tout compte fait, il s’agira donc ici, nous semble-t-il, d’analyser concomitamment et corrélativement les médias écrits et audiovisuels dans le processus de démocratisation en Afrique subsaharienne, puis nous évoquerons Internet comme nouveau média à considérer dans la délibération politique sous la lumière de Pierre Rosanvallon[5] et enfin nous ferons un détour en ce concerne la publicité dans l’espace public par le canal de la lumière de Jürgen Habermas[6].
La démocratie et la césure des médias en Afrique subsaharienne
Les médias représentent-ils un atout ou un danger pour la démocratie en Afrique subsaharienne ? Dans cet article, il s’agit de montrer comment les médias sont censurés, aliénés et corrompus dans les États d’Afrique subsaharienne. Toutefois, nous analyserons en dernier ressort, bien entendu, la nécessité des médias dans le processus de démocratisation en Afrique subsaharienne. Bref, nous le savons, les médias sont un atout pour la démocratie, où que nous soyons et quel que soit l’État qu’il s’agisse, développés ou sous-développés. En effet, les médias, en l’occurrence la presse écrite, la télévision, la radio, ou encore Internet, sont l’image d’une réelle liberté d’expression, et donc de l’effectivité de la démocratie dans sa plénitude, malgré qu’elle soit toujours un processus politique en construction, voire en puissance. Partant de là, nous comprenons sans doute que les médias jouent un rôle crucial dans la vie démocratique. Ils sont relativement constitutifs et participatifs au bon fonctionnement de la démocratie. Pour ce faire, ils véhiculent auprès des populations l’action de la politique des gouvernants et dénoncent, quand il le faut, les revers et dérives du pouvoir en place. De même, ils permettent effectivement à l’opposition de rendre manifeste leurs actions politiques. C’est-à-dire, ils couvrent également la direction politique et la critique de l’opposition à l’égard des gouvernants.
A l’évidence, ils travaillent pour la lisibilité de l’action politique des dirigeants et de l’opposition auprès des populations. C’est donc une mission caractérisée par l’information, la prise de conscience et la critique, pour tout journaliste qui se veut professionnel. Edouard Balladur note avec pertinence que « les journalistes, s’ils sont fidèles à leur mission, et même s’ils se trompent, remplissent une fonction indispensable. Grâce à eux et par eux, la critique s’exprime tous les jours.»[7]. Ainsi, ils contribuent à la constitution et au fonctionnement de l’espace public ouvert à la discussion, à la controverse et à la délibération. Toutefois, dans ce monde médiatisé où règnent abus et corruption du pouvoir, nous semble-t-il, il est difficile de s’exprimer, de transmettre et de comprendre l’information dans les États de l’Afrique subsaharienne. Dans ce cas de figure, la censure bat son plein dans la vie politique africaine. Tout compte fait, il faut dire que ces dernières années, en Afrique subsaharienne, la censure politique exercée sur les médias est devenue la nature de tout régime de la sous-région. C’est ce qui traduit logiquement l’éternelle problématique de la bonne gouvernance. Sachant bien que la presse et les médias constituent le quatrième pouvoir après le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. Pour dire les choses autrement, l’expression quatrième pouvoir désigne la presse et les médias. Par extension, le quatrième pouvoir regroupe tous les moyens de communication qui peuvent servir de contre-pouvoir face aux trois pouvoirs incarnant l’État (pouvoir exécutif, législatif et judiciaire), en recourant au principe de protection des sources d’information des journalistes.
Mais malheureusement, le problème est que ce quatrième pouvoir ne fonctionne pas comme l’aurait voulu l’idéal démocratique. Il devient à cet effet, de par sa critique, son sens d’informer les populations et sa dénonciation des revers du pouvoir, une menace pour les gouvernants. Dans ce contexte, il faut impérativement essayer de le faire taire par tous les moyens possibles, à savoir : censure, emprisonnement, corruption des journalistes. Les médias deviennent ainsi le cauchemar et la contrainte des hommes politiques, comme le pense Edouard Balladur. D’après lui, « Cauchemar du politique, qui les redoute tellement qu’il voudrait les amadouer, quand ce n’est pas les asservir »[8]. Pour ainsi dire, la critique des journalistes constitue une sorte d’opposition pour les gouvernants. Alors que nous savons que les journalistes sont là pour informer les populations des réalités de l’action gouvernementale, et dénoncer, si possible, les dérives autoritaires des pouvoirs politiques.
Cela dit, les médias veillent au bon fonctionnement de la démocratie et donc ils sont considérés comme les garants de la liberté : « Les journalistes sont résolus à tout savoir, tout juger, convaincus d’être les gardiens de la démocratie, les grands prêtres de la liberté. C’est leur raison d’être »[9]. Il s’agit donc d’affirmer que les populations et les gouvernants trouvent le salut dans la presse, ils vivent de leurs écrits et paroles. C’est une aberration démocratique, pour les dirigeants africains, de vouloir corrompre ou stigmatiser le droit des journalistes de parler, d’informer, de juger et de dénoncer quand la nécessité se fait. En principe, personne ne peut échapper à la vérité des médias. Dans l’exacte mesure où ils sont à la recherche accrue de l’information pour rendre la vérité évidente. C’est pourquoi, d’ailleurs, Edouard Balladur estime que « le Politique est percé à jour, défini, jaugé, catalogué, et, quoi qu’il fasse, il lui sera difficile d’échapper à ce qui a été dit de lui »[10]. Ainsi, le politique ne peut être invincible ou impliciter sa politique démagogique face à la force des médias, il est soumis à leur critique, contrôle et jugement. Dans cette perspective, ils remplissent ainsi leur mission indispensable et humaniste : « Grâce à eux et par eux, la critique s’exprime tous les jours, alors que le peuple vote rarement ; ainsi la délégation de pouvoir qu’il consent à ceux qu’il élit n’exclut-elle pas un contrôle quotidien. Qui pourrait l’assurer, sinon les journalistes ? »[11]. C’est là même la signification de la liberté d’expression, et donc la survie de la démocratie. D’où effectivement, notons-le, « le Politique ne se sente jamais à l’abri, qu’il soit appelé à se justifier publiquement aussi souvent que l’opinion le réclame ; c’est l’une de ses servitudes les plus lourdes, mais la plus nécessaire »[12]. A ces propos, il faut noter au passage que la justification publique de l’action gouvernementale face au peuple se fait par le moyen des médias. Mais l’objectif des gouvernants africains est de chercher à faire taire ou amadouer les journalistes dans l’optique de les contrôler et de les corrompe. Heureusement, force est de constater que c’est dans le peuple et le souci de dire la vérité que les journalistes trouvent leur courage et leur secours de rester fidèle à leur mission, faute de quoi, à notre sens, ils seront prisonniers du pouvoir politique en exercice.
C’est dans ce sens, justement, que les journalistes doivent être adeptes de la critique plutôt que la louange des gouvernants. Pour Edouard Balladur, « La presse préfère la critique à la louange. Elle demeure un contre-pouvoir, elle le restera ; le Politique ne tentera pas de l’en empêcher, ce serait peine perdue. A trop chercher à lui plaire, il témoignerait de sa faiblesse, elle réclamerait sans cesse davantage »[13]. De même, au niveau des réseaux sociaux ou d’Internet, les dirigeants africains tentent, lors des échéances électorales, de censurer les médias avec la dernière énergie. C’est dans l’optique d’étouffer la vérité des urnes et donc de promouvoir la fraude et de pérenniser le pouvoir. D’après Mai Truong, « En Afrique subsaharienne, nous constatons que les autorités dirigent souvent les fournisseurs de services internet, les FAI, pour bloquer une liste noire d’URL »[14]. Pour Mai Truong, les différents cas de censure d’Internet sont souvent dus à la mainmise de l’État sur les fournisseurs d’accès Internet qui ont, ou du moins, des liens étroits d’avec le gouvernement. Plusieurs États de l’Afrique subsaharienne, explique-t-elle, ont plus souvent eu recours à une forme de censure d’Internet. Par exemple, la suppression de contenus déjà publiés. Ils peuvent aussi procéder par la pression juridique ou militaire pour obliger les opérateurs de certains sites web à supprimer tous les textes et commentaires susceptibles de nuire au pouvoir politique en place. Partant de là, il faut comprendre que les autorités africaines sont prêtes à tout pour entretenir et conserver le pouvoir.
Il est d’autant plus raisonnable de dire que c’est ce qui sous-entend, de près ou de loin, que les médias sont d’emblée leurs premiers obstacles pour enraciner le peuple dans la corruption du pouvoir et toutes les dérives qui s’en suivent dans la gouvernance de la Cité. Pour illustrer de cas pratiques à la censure des médias en Afrique subsaharienne, Marie-Soleil Frère[15] évoque trois incidents dans la « Censure de l’information en Afrique subsaharienne francophone : la censure dans les régimes semi-autoritaires » :
D’abord, au Burundi, en septembre 2011, un groupe armé non identifié attaque un bar dans une localité, Gatumba, située à 15 km de Bujumbura, faisant plus de 40 morts. Trois jours plus tard, le ministère de l’information interdit aux médias burundais de publier, commenter ou analyser toute information liée au massacre. Plus encore, toutes les émissions en direct à caractère politique sont suspendues durant un mois. Le prétexte invoqué est celui de la nécessité de ne pas entraver l’enquête, un argument relevant de la sécurité nationale[16].
Ensuite, quelques mois plus tard, en République démocratique du Congo (RDC), en décembre 2011, suite au déroulement du second tour de l’élection présidentielle, le ministère de l’intérieur et de la sécurité ordonne la suspension du service SMS de tous les réseaux de téléphonie mobile. Raisons avancées : la préservation de l’ordre public et un aboutissement heureux du processus électoral en RDC[17].« Les SMS étaient en effet largement utilisés pour mobiliser l’opposition politique qui dénonçait la manipulation des résultats »[18].
Enfin, plus récemment, le 23 mars 2013, au Tchad, le blogueur et activiste Jean Étienne Laokolé, qui contribuait sous pseudonyme au blog d’un Tchadien de la diaspora, est arrêté par les forces de sécurité, après que son identité eut été révélée sur un autre blog. Après avoir passé cinq mois en détention, il est condamné à trois ans de prison avec sursis pour diffamation et complot d’atteinte à l’ordre public[19] n’ayant pas abouti[20].
Ces différentes formes de censure montrent qu’il s’agit d’une pratique qui intègre la nature de la politique des États de l’Afrique subsaharienne. C’est ce qui implique manifestement l’oppression et la privation des libertés d’expression, de conscience et d’agir. Cela sous-entend que « Les droits de l’homme associés aux démocraties libérales et républicaines n’offrent plus les garanties, ni ne constituent plus les systèmes de défenses imparables des individus qu’ils prétendaient être »[21]. Alors que nous sommes à l’ère de la gouvernance démocratique, où la liberté d’expression se doit d’être matérialisée, concrétisée. En réalité, c’est pourquoi, finalement, il faut affirmer que cette censure des médias traduit consensuellement le déficit de l’objectivité du droit dans les États d’Afrique subsaharienne.
Quelle est la place pour des médias écrits et audiovisuels dans le processus de démocratisation ?
On ne peut sans doute parler de la démocratie sans le concours médiatique dans les pays dits démocratiques en général et dans les pays d’Afrique subsahariens, en particulier. Dans l’exacte mesure où ils sont la voix du peuple sans voix et le substrat du fonctionnement de l’espace public, voire de la vie démocratique. Revenons aux médias écrits et audiovisuels dans le processus démocratisation. En effet, les médias ont toujours accompagné la démocratie dans son processus. C’est pourquoi, expliquons-le, dans leur participation au fonctionnement optimal de la démocratie, ils ont une fonction première : celle de dire la vérité, d’informer et de dénoncer lorsque le besoin se fait sentir. D’abord, dire la vérité fait partie de l’un des principes de l’éthique de la communication, dans la mesure où les médias constituent évidemment un espace public et critique face au fonctionnement du pouvoir politique en Afrique subsaharienne. C’est-à-dire, ils se font donc critique à l’égard de la politique autoritaire des gouvernants, à la corruption et donc aux dérives de la démocratie. Pour ce faire, les médias en disant la vérité des faits basés sur les sources fiables, non seulement participent ou contribuent à la fiabilité de la démocratie en Afrique, mais également ils remplissent pleinement leur tâche, celle d’être la voix du peuple sans voix. Car : « La communication n’est pas la perversion de la démocratie, elle est plutôt la condition de fonctionnement »[22]. Ensuite, les médias écrits ou audiovisuels doivent informer les populations africaines sur les différents domaines de la société, voire sur les faits sociétaux. Comme par exemple, nous pouvons le dire, dans le domaine économique, politique, éducatif, culturel, etc. ils doivent être à la quête de l’information avérée et tangible par le canal de sources sûres, afin d’édifier les populations. Bien sûr, un peuple qui n’est pas informé est un peuple ignorant et donne une nation faible. Si c’est le cas, les médias seraient alors en marge de l’éthique de la communication et mettraient en faute leur tâche, d’être la voix du peuple. Enfin, la dénonciation constitue un facteur primordial pour la presse parce qu’elle permet à la presse écrite ou audiovisuelle de mettre en lumière les abus, l’aliénation et la corruption du pouvoir politique en Afrique.
Pour ce faire, c’est à travers la dénonciation ou des articles à caractère satirique que le journaliste prend la pleine mesure d’assumer son rôle d’éveiller les consciences des populations africaines. Comme pour dire, si le journaliste ne dénonce pas les dysfonctionnements de l’organisation d’un État, alors les populations africaines demeureraient dans un sommeil dogmatique, et qu’il faillirait à sa mission première. C’est pourquoi, bien entendu, dans les sociétés démocratiques ou encore dans les pays développés, l’éveil ou la conscientisation des populations passe par l’information et la dénonciation médiatiques. Le journaliste britannique, John Wilkes, dans son The North Briton incarne bien l’image de cette dénonciation. En effet, dans son journal, il aurait mis une mouvance satirique pour attaquer et se moquer du roi George et de Lord Bute. Il ne s’est pas arrêté avec eux, mais a ciblé aussi des politiciens. Cependant, quel rôle peut jouer Internet dans la vie politique ou démocratique aujourd’hui ?
Internet comme nouveau média : Pour quelle implication démocratique, selon Pierre Rosanvallon ?
Aujourd’hui, bien sûr, Internet occupe une place importante dans la vie politique et sociale en démocratie en général et dans l’organisation politique africaine, en particulier. Pour dire les choses autrement, selon Pierre Rosanvallon, « La Toile est aussi devenue une forme sociale à part entière, en même temps qu’une véritable forme politique »[23]. Nonobstant les dérives d’Internet et ses aléas, nous mettons en exergue ici son rôle et sa nécessité dans le processus démocratique. Il apparaît dans ce cas de figure, finalement, comme un nouveau média participatif à la vie sociale et politique. Pierre Rosanvallon pense que nous devons « appréhender l’internet sous les espèces d’un nouveau média »[24]. Celui-ci permet effectivement, explique-t-il, la circulation des opinions, des informations et les analyses. A cet égard, affirme Pierre Rosanvallon, nous comprenons manifestement que l’Internet est donc bien un média spécifique en termes de coûts d’accès, de mode de production, de processus de diffusion, et régulation. Justement, à travers l’Internet nous avons une nouvelle vision de la sphère organisationnelle étatique promettant une politique africaine de visibilité et de lisibilité. Dans l’exacte mesure où, nous pouvons l’affirmer, qu’il est devenu à part entière une forme sociale et une forme politique que la vie politique africaine doit s’approprier. Ce qui nous permet de l’analyser sous deux angles : social et politique.
D’abord Internet comme forme sociale. Lisons Pierre Rosanvallon pour l’entendre dire : « C’est une forme sociale originale en premier lieu, parce qu’elle concourt sur des modes inédits à la constitution des communautés »[25]. Il s’agit de comprendre, selon Pierre Rosanvallon, qu’Internet crée un univers social planétaire en mettant en évidence dynamiquement la circulation, l’interaction libre, succession de rendez-vous ponctuels, la possibilité ouverte de branchements arborescents[26]. Du point de vue de l’auteur, Internet est une forme sociale parce qu’il exprime de manière instantanée l’opinion publique. Dans cette perspective, Internet apparaît alors comme une somme d’intelligences et de toutes les volontés pour dire les tourments du monde social, où jeunes et adultes africains et du monde entier expriment leurs opinions. A cet effet, rappelons que les grands médias, radio, presse et télévision, ont toujours accompagné les mouvements culturels et sociaux. Toutefois, avec l’arrivée d’Internet et du multimédia, nous sommes dans un nouveau paradigme ou paysage médiatique contemporain. Ainsi, il sied de retenir, pour notre part, qu’Internet et les nouvelles technologies de la communication sont aujourd’hui considérés logiquement comme des éléments constitutifs et participatifs des pratiques culturelles et sociales.
Ensuite, Internet comme une forme politique. D’après Pierre Rosanvallon, « Dans les années 1980, l’idée dominante était que les nouvelles technologies de la communication allaient bouleverser les pratiques démocratiques en permettant une intervention plus directe des citoyens »[27]. Il faut dire que la forme politique d’Internet peut être comprise comme étant une révolution dans le domaine du pouvoir de la politique africaine. Bien entendu, c’est un changement de paradigme qui rend manifeste « une modification de l’architecture du droit dont la structure pyramidale ou hiérarchique cède du terrain au jeu horizontal des réseaux »[28]. Pourquoi ? Parce qu’Internet serait alors, à notre humble avis, le canal par lequel on diffuse de manière virale, rapide et transfrontalière l’émancipation de l’homme, certaines connaissances et surtout les opinions politiques et la transparence démocratique en Afrique. Autrement dit, c’est le symbole de la liberté d’expression, d’émancipation[29] et de contestation[30] citoyenne. Celui-ci aurait apporté de moult mutations dans le processus de démocratisation en Afrique subsaharienne, en posant de nouveaux rapports entre les citoyens africains et leurs gouvernants. Dans ce cas de figure, il est donc possible d’affirmer qu’Internet s’impose également comme un média qui met en évidence l’effectivité de la médiation de l’expression politique africaine, de par la quantité d’information qu’il propose. En quelques mots, il est un outil complexe à appréhender et peut revêtir de nombreux rôles dans la vie politique que sociale en Afrique subsaharienne. Mais le rôle d’Internet qui cadre dans notre analyse ici bien entendu, est celui de rendre visible la transparence de la vie démocratique que les institutions publiques africaines se doivent de rendre manifeste. Ainsi, cette politique de lisibilité[31] d’Internet permet aux citoyens africains d’exprimer leurs opinions politiques dans un espace à vocation publique.
En outre, Internet en démocratie, démocratie électronique, d’e-gouvernement, de cyberdémocratie sont d’autant de nouvelles formes des médias de la participation démocratique de la politique du XXIe siècle[32]. Il apparaît bien, dans cette optique, contrairement à la radio et à la télévision, qu’Internet met en situation d’égalité l’émetteur et le récepteur en ce qui concerne l’information. Dans ce cas, c’est donc un outil idéal pour une démocratie participative où le citoyen africain pourrait sans doute intervenir dans un débat politique. En fait, Internet permet à toutes les catégories sociales de prendre la parole et de discuter de la chose publique. Ce nouveau monde électronique de la délibération démocratique favorise la multiplicité des opinions politiques. Bien évidemment, les réseaux sociaux sont maintenant considérés comme de « nouveaux espaces »[33] ou de nouvelles sphères ouvrant ainsi les perspectives au peuple. Par conséquent, Internet pourrait ainsi être le nouveau mode d’engagement du citoyen africain dans la chose politique. En d’autres termes, comme un nouvel espace de contestation et de reconstruction de la politique africaine. En réalité, le monde d’Internet suscite « chez l’individu un état conscient et permanent de visibilité qui assure le fonctionnement automatique du pouvoir. Faire que la surveillance soit permanente dans ses effets, même si elle est discontinue dans son action (…) et que les sujets soient pris dans une situation de pouvoir dont ils sont eux-mêmes les porteurs »[34]. Dit autrement, en matérialisant la visibilité des individus, Internet a permis à ces derniers de devenir manifestement porteurs de leur propre pouvoir. Il apparaît donc comme un outil de la réalisation de la citoyenneté, de l’expression de la liberté et de la délibération politique en Afrique.
De fait, il faut comprendre, en substance, qu’Internet peut en quelque sorte nous donner la dimension électorale-représentative de la vie ou de la délibération publique en Afrique subsaharienne dans le but de discuter du progrès démocratique. Toutefois, Pierre Rosanvallon pense, par extension, que le rôle effectif majeur d’Internet « réside plutôt dans son adaptation spontanée aux fonctions de vigilance, de dénonciation et de notation »[35]. Du point de vue de l’auteur, Internet est l’expression même de la réalisation de ces différentes formes du pouvoir de surveillance susmentionnées. Disons-le, dans la perspective rosanvallienne, nternet, dans la nature politique, doit être considéré comme un espace globalisé et universalisé de surveillance et d’évaluation du monde, le monde de l’organisation politique africaine. Justement, Internet « est la fonction même de la surveillance »[36]. C’est donc sans doute une forme politique, l’acte de l’activité des pouvoirs publics. Nous sommes ici, on peut le dire, dans une sorte d’agora électronique. Effectivement, notons au passage que le journaliste Howard Rheingold considère cette vision politique d’Internet comme un moyen capable de redynamiser la vie démocratique. En même temps, semble-t-il, il préconise un rapprochement entre Internet et la sphère publique chez Habermas.
En effet, le projet habermassien réside dans le souci d’apporter ou de proposer une théorie contemporaine de la démocratie, afin de résoudre de multiples problèmes qui minent les sociétés démocratiques actuelles, en général et donc africaines, en particulier. C’est pourquoi, naturellement, il se propose de fonder le concept des sociétés dans une approche historico-structuraliste, en vue de montrer les différentes mutations qui se sont faites de façon formelle et intrinsèque au cours des différentes transformations des sociétés comme procédurale d’intégration sociale[37]. La particularité d’Habermas réside dans la prise en compte de l’agir communicationnel[38] comme principe fondamental susceptible de donner une explication rationnelle des sociétés contemporaines, comme sphère publique à l’intérieur duquel l’éthique de la discussion[39] est la matrice du fonctionnement de l’espace publique. Pour comprendre l’enjeu de cet espace public chez Habermas, on revient à aborder la notion de publicité en Afrique subsaharienne.
La publicité dans l’espace public : Lecture habermassienne
La notion de publicité, selon Habermas, est au fondement de l’espace public ou la sphère publique. Elle peut se comprendre comme étant une sorte de large diffusion des informations, des délibérations et des sujets de débats politiques africains ou du monde via les médias. Celle-ci est considérée comme un élément substantiel de la théorie habermassienne, elle doit être comprise comme une dimension constitutive de l’espace public et comme principe de contrôle du pouvoir politique africain. Habermas considère ici, à notre sens, la publicité comme un espace public médiatique et critique face au pouvoir en place, c’est-à-dire le principe de publicité (les médias) se fait donc critique face à la domination du pouvoir politique.
Partant de là, pour Habermas, l’influence des médias dans la vie démocratique est incontournable et inévitable, dans la mesure où la démocratie d’un pays est à l’image de ses médias et que l’espace public s’est médiatisé et diversifié à cet effet. Pour ainsi dire, la publicité constitue un facteur primordial parmi tant d’autres pour l’effectivité de la démocratie. Même si, en Afrique, d’aucuns y voient une influence néfaste. Dominique Walton[40] n’en pense pas moins : « la communication n’est pas la perversion de la démocratie, elle en est plutôt la condition de fonctionnement »[41]. Il s’agit de comprendre que les médias de communication fournissent le principal lieu, l’espace public, commun de représentation et de débats des sociétés développées et démocratiques actuelles. Que ces débats, en Afrique, soient contradictoires, critiques ou confus, cela ne fait que souligner l’importance fondamentale de l’espace public médiatique. D’où logiquement le principe de publicité (Öffentlichkeit), pour Habermas, qui est l’exigence revendiquée d’un usage critique et public de la raison. Ce principe s’inscrit dans le cadre plus large de la démocratie délibérative que les Africains devraient politiquement considérée. En principe, pour Habermas, une décision n’est légitime que si la discussion qui y mène l’est également.
Ceci dit, le débat public qui doit constituer l’effectivité démocratique en Afrique est donc un principe de légitimité relayé par l’espace public, en lequel Kant voyait un nouveau principe normatif[42]. De fait, la publicité devient alors une source de légitimation allant à l’encontre du despotisme, selon Kant. Il y a lieu d’estimer que le principe de publicité donne à l’espace public un véritable pouvoir critique, un pouvoir d’assiègement permanent, selon Habermas. Ainsi donc, l’espace public permet sans doute une revitalisation de l’État de droit par la délibération constante et publique des individus, voire de la vie politique africaine. En somme, l’un des mérites d’Habermas a notamment été de démontrer avec pertinence l’importance de la publicité (en tant qu’opinion privée dévoilée dans l’espace public) dans un débat politique. Certes, à l’origine la publicité garantirait l’usage public de la raison aussi bien avec les fondements législatifs qu’avec un contrôle critique de son exercice. En revanche, l’évolution de cette publicité vers les intérêts privés marque, selon Habermas, le déclin de la dimension critique de l’espace public. Pour lui, après son essor au XVIIIe siècle, l’espace public « gouverné par la raison » est en déclin. Pourquoi ? Parce que la publicité critique laisse progressivement la place à une publicité de manipulation, de commercialisation et de corruption, au service d’intérêts privés, affirme-t-il pertinemment.
In fine, il convient donc d’affirmer que l’espace public doit être considéré comme un principe de la démocratie en Afrique subsaharienne. Puisqu’il est régie et structuré logiquement par le principe de la discussion. Comme tel, nous comprenons que c’est dans le Droit et démocratie[43] qu’Habermas redéfinit le principe de la discussion et lui confère une plus grande profondeur que celle d’un principe exclusivement moral. En raisonnant ainsi, le principe de la discussion se décline désormais en principe moral et en principe démocratique que les Africains subsahariens se doivent de prendre en compte, afin d’impliquer exhaustivement tous les membres du contrat social tant peint par Jean-Jacques Rousseau[44], dans son texte Du contrat Social. C’est-à-dire, en principe de règlement discursif des questions de validité dans le cadre d’interactions simple d’un côté, en principe de formation discursive et autonome de la volonté commune de l’autre. Car, explique-il, le principe moral de la discussion demeure inéluctablement inapplicable sans un principe démocratique de la participation paritaire à la formation discursive de la volonté générale. Voilà, pourquoi, en quoi le principe de la discussion ne fonde plus seulement une éthique de la discussion, mais plus généralement une théorie de la discussion qui peut prendre entre autres la forme d’une théorie morale ou d’une théorie du droit. Dans ce cas de figure, nous pensons que l’on peut estimer que le droit est plus profond que la morale. Parce que celui-ci s’efforce effectivement de sauvegarder l’existence adéquate d’un accord d’espace public, qui est soumis à l’équité de la parole et de formation d’un accord rationnel. A cet égard, un espace public où une sphère publique de la discussion est protégée tout à la fois contre les tentatives des systèmes impersonnels de l’agent et du pouvoir sur la liberté présumée des participants.
En principe, affirmons-le, la théorie du droit, ou plus précisément de l’État de droit démocratique, est une théorie normative, elle articule normalement encore une fois l’historique et le transcendantal. C’est-à-dire qu’elle s’appuie démocratiquement sur la réalité de nos institutions démocratiques modernes pour y ressaisir à travers un effort d’autoréflexion les possibilités émancipatrices qu’elle peut raisonnablement nous permettre de réaliser. Justement, notons que le droit dont parle Habermas est donc d’abord le droit positif qui régit les États démocratiques modernes, mais seulement pour autant que ce droit positif prétende porter à travers un projet démocratique une promesse d’émancipation et incarner aussi un droit naturel que tous les hommes auraient en partage, au-delà de leurs disparités spécifiques à chaque Constitution africaine.
Au regard de ce qui précède, à notre humble avis, le sens d’Habermas n’est pas d’aller chercher derrière le droit positif des États démocratiques la vérité originelle d’un droit prétendument naturel, équivalent de la raison pure pratique ou de la morale universelle. En effet, il s’agit d’abord de penser, plus précisément, un médium institutionnel qui puisse réellement filtrer l’intersubjectivité de la discussion qui libère pour les discussions pratiques l’espace public de la solidarité et de la reconnaissance. Dans la préface à l’édition de 1990 de l’Espace public[45], Habermas écrit que l’espace public politique constitue le concept fondamental d’une théorie de la démocratie. En tant que sphère de la discussion productrice d’une opinion publique, l’espace public constitue maintenant la base nécessaire de la société démocratique africaine. Idéalement parlant, nous comprenons que l’opinion publique africaine doit se constituer en juge du pouvoir politique en place et comme vecteur des demandes sociales de la société civile, c’est la naissance proprement parlé de l’espace public plébéienne : Droit et démocratie (1997). C’est pourquoi, naturellement, nous pensons qu’Habermas définit ainsi l’espace public comme le socle mouvant dont les frontières ne sont pas clairement définies par lequel doivent se dégager les problématiques discutées dans les différentes couches de la société. Logiquement, il doit s’entendre comme une caisse de résonance apte à répercuter les problèmes qui ne trouvent de solutions nulle part ailleurs.
Conclusion : Implication et considération des médias comme une forme de la démocratie contemporaine optimale
Au terme de notre analyse, il sied de retenir que le rôle prépondérant des médias dans le processus de démocratisation en Afrique subsaharienne doit être pris en compte par les membres du corps politique. Ce qui revient à dire qu’il faut aménager un espace médiatique transparent de délibération dans l’organisation politique en Afrique subsaharienne, afin de promouvoir une démocratie authentique prônant les valeurs de la dignité humaine centrées sur les principes démocratiques. Comme pour dire, bien sûr, les acteurs politiques africains se doivent de mettre en place une structure démocratique des médias libres et dynamiques dans leur fonctionnement. A cet égard, cela impliquerait la profondeur et la délicatesse de la conscience des Africains à s’ouvrir à la culture politique de critique, de remise en cause et de l’essence de la liberté. Il faut le dire, la presse est censurée en Afrique subsaharienne parce qu’il y a le refus de l’altérité, de la critique, de concéder la liberté d’expression aux individus, au déficit à la transparence dans la gestion de la chose publique, et donc réfractaire à l’affirmation de la démocratie. Tout ce qui compte pour nous, les Africains, c’est l’acceptabilité et la conversion aux politiques caricaturales et démagogiques. C’est pourquoi, d’ailleurs, les médias sont devenus le cauchemar des hommes politiques, qui veulent à tout prix les asservir. Dans le cas contraire, en cas de refus de toute forme d’aliénation de la presse, la censure devient alors le mode opératoire pour intimider la force médiatique.
Dès lors, on peut donc affirmer que l’idée d’une démocratie plausible tant prisée en Afrique subsaharienne ne serait effective que lorsque la presse prendra les règnes de sa mission première et salvatrice, celle de défende la voix du peuple, valoriser la critique et la liberté. Mais il faudra que celle-ci sorte aussi des carcans politiques et du joug des considérations partisanes, pour incarner la voix du peuple sans voix. En un mot, la presse doit avoir un espace public de délibération dans l’optique d’analyser, de discuter et d’informer la Cité sur les questions de gouvernance et d’État de droit en Afrique. Parce que, nous le savons, l’espace public véritable en Afrique ne saurait se comprendre, ni se réaliser sans le concours d’une presse dynamique, transparente et impartiale lorsqu’il s’agisse de discuter de la chose publique rationnellement et démocratiquement. Effectivement, l’espace public africain doit être un milieu qui permet non seulement de confirmer un pouvoir politique rationnel et efficace qui prend en considération la volonté des peuples africains, mais également capable de dénoncer les politiques totalitaires et népotistes. Ainsi, en Afrique, libération de la presse serait donc une manière de favoriser une organisation politique prenant en compte l’éthique de la discussion dans la gestion étatique. Oui, c’est l’affirmation même de la presse comme un pouvoir de contrôle de la gouvernance africaine voulant se convertir en despotisme.
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[1] Pierre Rosanvallon, La Contre-démocratie. La politique à l’âge de la défiance, Paris, Éditions du Seuil, 2006, p. 72.
[2] Ibid., p. 72.
[3] Lire à ce sujet, Emmanuel -Thierry Koumba, Presse écrite et engagement politique au Gabon, Thèse 3è cycle, Bordeaux 3, 1997.
[4] Lire à ce sujet, Richard Banégas, Démocratie à pas de caméléon. Transition et imaginaires politiques au Bénin, Paris, Éditions Karthala, 2003.
[5] Pierre Rosanvallon est Professeur au Collège de France, né dans une commune française appelée Bois en 1948 (Il a 75 ans actuellement). Il est historien, philosophe, sociologue, politologue français. Voir la thèse en cours de Christian Dior Mouloungui, La crise de la démocratie représentative en Afrique subsaharienne à la lumière de pierre Rosanvallon. Pertinence et respectives, CENTRE D’ÉTUDES ET DE RECHERCHES PHILOSOPHIQUES (CERP) FORMATION DOCTORALE PHILOSOPHIE, SCIENCE ET SOCIETÉ (PSS), Université Omar Bongo, Libreville (Gabon).
[6] Jürgen Habermas, né le 18 juin 1929 à Düsseldorf, est un théoricien allemand en philosophie et en sciences sociales. Il est avec Axel Honneth l’un des représentants de la deuxième génération de l’École de Francfort, et développe une pensée qui combine le matérialisme historique de Marx avec le pragmatisme américain, la théorie du développement de Piaget et Kohlberg, et la psychanalyse de Freud. Il a pris part à de nombreux débats théoriques en Allemagne, et s’est prononcé sur divers événements sociopolitiques et historiques.
[7] Edouard Balladur, Machiavel en démocratie. Mécanique du pouvoir, Op. cit., p. 43.
[8] Ibid., p. 39.
[9] Ibid.
[10] Ibid., p. 40.
[11] Ibid., p. 43
[12] Ibid.
[13] Ibid., p. 92.
[14] Mai Truong est une experte du réseau de l’organisation non-gouvernementale américaine Freedom House. C’est une organisation non-gouvernementale (ONG) financée par le gouvernement américain et basée à Washington 1, qui étudie l’étendue de la démocratie dans le monde. Cette organisation a été fondée en 1941, bénéficiant de Wendell Willkie et Eleanor Roosevelt en tant que premiers présidents honoraires. Voir freedomouse.org
[15] Maître de recherche en sciences de l’information et de la communication, Fonds national de la recherche scientifique/Université libre de Bruxelles.
[16] Marie-Soleil Frère, « Censure de l’information en Afrique subsaharienne francophone : la censure dans les régimes semi-autoritaires », Presses universitaires de Rennes, 2016.
[17] Journaliste en danger (JED), Rapport 2011. La liberté de la presse pendant les élections, Kinshasa (…)
[18] Marie-Soleil Frère, Op. cit.,
[19] Voir sur le site de Reporters sans frontières, [http://fr.rsf.org/tchad-le-contributeur-d-un-blog (…)
[20] Marie-Soleil Frère, Op. cit.,
[21] Irma Julienne Angue Medoux, « Présentation de l’argument », Éducation et démocratie en Afrique et en Europe, Paris, Éditions L’Harmattan, 2014, p. 13.
[22] Wolton Dominique, Penser de la démocratie, Paris, Éditions Flammarion, 1997, p. 143.
[23] Pierre Rosanvallon, Op. cit., p. 72.
[24] Ibid., p. 72.
[25] Ibid., p. 72-73.
[26] Ibid., p. 73.
[27] Ibid., p. 73-74.
[28] Pauline Türk, « La souveraineté des États à l’épreuve d’Internet », RDP, 1er novembre 2013, n°6, p. 1489.
[29] Paola Seda, « L’internet contestataire. Comme pratique d’émancipation. Des médias alternatifs à la mobilisation numérique », Les cahiers du numérique, 2015, Vol. 11, p. 25-52.
[30] Thiery Barboni et Eric Treille, « L’engagement 2.0. Les nouveaux liens militants au sein de l’e-parti socialiste », Revue française de science politique, 2010/6, Vol. 60, p. 1137-1157.
[31] Nous reviendrons plus amplement sur la politique de la lisibilité au chapitre VI de notre travail intitulé : Le Bon Gouvernement comme expression démocratique. En effet, la politique de la lisibilité apparaît donc comme la justification de l’exercice du pouvoir politique et la vérification de comptes publics. C’est pourquoi, nous semble-t-il, la communication et la transparence deviennent comme des moyens de la lisibilité de la chose publique susceptible de restituer la confiance entre les gouvernés et les gouvernants. Car, rapport gouvernés-gouvernants semble tombé dans l’oubli de la politique démocratique des États actuels.
[32] Les États-Unis en sont l’illustration parfaite de ces nouvelles formes des médias de la participation démocratique, en tant que la première et la grande puissance de la démocratie dans le monde.
[33] Lilian Mathieu, « L’espace des mouvements sociaux », Politix, 2007/1, p. 131.
[34] Lire à ce sujet, Jeremy Bentham, cité par Michel Foucault, Surveiller et punir, Paris, Éditions Gallimard, 1975.
[35] Pierre Rosanvallon, Op. cit., p. 75.
[36] Ibid.
[37] Lire à ce sujet, Pierre Ndong Meyé, Cours de philosophie de la communication, licence 3, parcours philo-lettre, Dispensé à l’Université Omar Bongo (Libreville/Gabon), 2013-2014.
[38] Lire à ce sujet, Jürgen Habermas, Théorie de l’agir communicationnel, tome 1 : Rationalité de l’action et rationalisation de la société, Paris, Éditions Fayard, 1987.
[39] Jürgen Habermas est l’un des penseurs de l’éthique de la discussion avec Karl-Otto Apel, éthique qui s’inscrit dans la même veine que l’éthique kantienne, tout en y apportant un certain remodelage, décentrage peut-on dire, en rapport avec l’impératif catégorique. Habermas développe en effet l’idée d’un principe de discussion capable de remplacer l’Impératif catégorique. Chez Kant, c’est au sein de l’individu qu’est déterminée la validité morale. En clair, Kant pense qu’il est possible de se mettre d’accord rationnellement sur ce qui est juste et injuste, mais que l’évaluation des normes se fait dans le for intérieur de chacun. Habermas considère que ce monologisme doit être dépassé par une compréhension dialogique de la morale, qui s’appuie sur les acquis de la pragmatique formelle et la théorie des « énoncés performatifs » (Voir Austin). Nous déterminons si une règle de conduite et d’action ou un comportement sont moraux par une discussion qui doit ressembler autant que possible à une situation de liberté de parole absolue et de renoncement aux comportements stratégiques. (Voir Jörgen Habermas, De l’éthique de la discussion, Paris, Éditions Champs essais, 2013).
[40] Dominique Wolton, né le 26 avril 1947 à Douala (Cameroun), est un sociologue français. Directeur de recherche au CNRS en sciences de la communication, il est spécialiste des médias, de l’espace public, de la communication politique, et des rapports entre sciences, techniques et société. Ses recherches contribuent à valoriser une conception de la communication qui privilégie l’homme et la démocratie plutôt que la technique et l’économie. Cf. « Les sciences de la communication », Journal du CNRS, n° 231, avril 2009.
[41] Dominique Walton, penser la communication, Op.cit., p.143.
[42] En 1962, en Allemagne un ouvrage intitulé, L’espace public, du nom du concept qu’aborde Jürgen Habermas. Ce dernier s’est sans doute inspiré de la notion d’espace public forgée par le philosophe des lumières Emmanuel Kant, dans ses textes parus en 1784 notamment, Idée du point de vue cosmopolitique ainsi que dans Qu’est-ce que les lumières ? Pour qui, établir une « constitution civile parfaitement juste », l’homme doit être libre de raisonner publiquement avec ses semblables. Cette conception kantienne de l’espace public récupérée par Habermas, qui a su l’amplifier et l’adapter au contexte socio-politique des temps modernes.
[43] Lire à ce sujet, Jürgen Habermas, Droit et démocratie, Paris, Éditions Gallimard, 1997. Dans cet ouvrage, affirmons-le, Jürgen Habermas procède à une reconstruction du système des droits et de la citoyenneté modernes. Il tente de démontrer la co-originarité de l’autonomie privée et de l’autonomie publique et de résorber la tension entre droits de l’homme et souveraineté populaire, libéralisme et républicanisme. Le présent ouvrage, issu d’un travail de doctorat, se propose de restituer les différents moments de ce paradigme procédural tout en montrant qu’il ne peut fonctionner sans le secours d’une éthique de la responsabilité. Cet ouvrage se présente comme une synthèse critique de la théorie habermassienne de la citoyenneté et tente de mettre en perspective cette théorie dans l’économie générale de l’œuvre de Habermas. Les positions les plus récentes du philosophe (par exemple en matière de clonage ou de religion) sont également discutées.
[44] Lire à ce sujet, Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat Social, Paris, Éditions Bookking International, 1996.
[45] L’ouvrage, L’Espace public, constitue un jalon fondateur dans l’œuvre du philosophe allemand. Après avoir obtenu une thèse de doctorat (Dissertation) en 1954 consacrée à L’Absolu et L’Histoire. Du dualisme dans la pensée de Schelling, il est devenu l’assistant d’Adorno à Francfort, dans les années de la refondation de l’Institut de recherches sociales. Entre 1959 et 1961, en pleine « querelle du positivisme » au cours de laquelle il a défendu la place de la philosophie dans les sciences sociales, il a soutenu sa thèse d’habilitation – L’espace public – sous la direction de Wolfgang Abendroth, après le refus de M. Horkheimer de la diriger. « Publié en 1962, L’espace public constitue donc un important travail de jeunesse. Dans ce texte, Jürgen Habermas tente de rendre compte de l’évolution du débat rationnel concernant la chose publique au sein de la société occidentale, en analysant ses structures sociales et ses principes fondamentaux. La problématique précise de l’ouvrage pourrait être la suivante : comment le principe du débat critique dans l’espace public classique a-t-il été profondément remis en cause au cours des XIXe et XXe siècle ? » Cf. https://hemispheregauche.fr/author/adrien-madec.
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