Au moment de fêter le 52ème anniversaire de son accession à l’indépendance, le Sénégal s’est doté d’un nouveau Président de la République, le premier à être né après l’indépendance de 1960. Au-delà de cette anecdote, Macky Sall incarne, sans le personnaliser, une tendance profonde qui s’est développée depuis trois ans : le renouveau sénégalais. Ce renouveau s’articule autour de trois axes fondamentaux : une nouvelle société civile, laïque, jeune et éclectique, une alternance générationnelle et un nouveau sens à l’action gouvernementale.
Le premier aspect de ce renouveau sénégalais est la naissance d’une vraie société civile qui présente trois caractéristiques majeures. La première est qu’elle est laïque. Dans son ouvrage intitulé Le marabout et le Prince (1981), Christian Coulon expliquait que le Sénégal possédait une société civile essentiellement « à base religieuse ». Les chefs religieux musulmans, d’abord à l’époque de la colonisation et ensuite après l’indépendance, ont joué, à la frontière de la sphère politique, le rôle qu’on peut assigner à une société civile. Ce rôle a encore pu être joué jusqu’à la fin de la décennie 2000. Cependant, au cours des dernières années, on a de plus en plus assisté à une marginalisation de cette société civile « à base religieuse ». Quant à l’élection du Président Macky Sall, elle a sonné le glas de la décadence des chefs religieux donneurs de consignes de vote. A cette société civile « à base religieuse », s’est donc substituée une société civile qu’on pourrait se définir comme laïque et dont on peut se réjouir qu’elle soit davantage en phase avec la Constitution du pays d’une part et d’autre part avec un éveil des consciences digne d’une société éclairée.
En plus d’être laïque, la nouvelle société civile sénégalaise présente la caractéristique d’être jeune. A cet égard, il convient de rendre à César ce qui lui revient. L’opposition traditionnelle sénégalaise a pendant longtemps échoué à constituer un contrepoint à Abdoulaye Wade. C’est d’abord la jeunesse, amenée par le mouvement Y en a marre, qui a impulsé le M23 et qui a constitué la véritable opposition à l’ancien Président de la République. L’élection de Macky Sall doit beaucoup à cette jeune société civile.
Toutefois, cette deuxième caractéristique ne doit pas amener à occulter le caractère désormais éclectique de la société civile sénégalaise. On y retrouve certes une jeunesse fortement engagée mais aussi d’autres structures. Ainsi, les Assises Nationales ne sont pas à négliger d’autant plus que les conclusions qui en sont issues compléteront le programme présidentiel de Macky Sall, notamment sur le renforcement de la démocratie, le raffermissement des institutions et l’indépendance de la justice. Le phénomène Youssou Ndour non plus n’est pas à négliger : l’engagement du chanteur et homme d’affaires sénégalais pour le départ d’Abdoulaye Wade a été sans relâche et tout au moins salutaire dans l’internationalisation du débat.
Outre cette nouvelle société civile, laïque, jeune et éclectique, le renouveau sénégalais transparait également dans l’alternance générationnelle incarnée par le Président Macky Sall. Sur le continent le plus jeune de la planète, la moyenne d’âge des dirigeants est le plus élevé au monde. Face à un tel paradoxe, le Sénégal vient d’envoyer à la retraite un octogénaire pour confier les rênes du pays à un homme davantage en phase avec la jeunesse de la population. Le renouveau sénégalais, c’est aussi l’avènement d’une équipe dirigeante dont la projection vers l’avenir est crédibilisée par une appartenance à la génération du plus grand nombre. Si la démocratie est le pouvoir du peuple et si les représentants du peuple doivent être à son image, l’alternance générationnelle, tout comme le renouveau la société civile d’ailleurs, contribue substantiellement à consolider la démocratie sénégalaise.
Mais à quoi servirait une démocratie dans une misère économique ? Le renouveau aurait en effet été vain s’il n’était pas sous-tendu par un nouveau sens à l’action gouvernementale. Celle-ci est désormais résolument tournée vers un double objectif : dans l’immédiat, l’amélioration des conditions de vie des populations les plus modestes, et à moyen et long termes, la mise en œuvre des conditions de l’émergence économique.
A cet égard, le nouveau Président de la république a posé des actes concrets. Le premier est la nomination d’un Premier Ministre de très haut niveau, Abdoul Mbaye, banquier d'affaires diplômé d'HEC, ancien PDG de plusieurs banques sénégalaises et orfèvre de l'installation du Groupe marocain AttijariWafa Bank au Sénégal. Ce technocrate reconnu et respecté, doté d'une fine intelligence et d'une intégrité jamais remise en cause, saura animer l'équipe gouvernementale et lui insuffler une culture de résultat issue du secteur privé. Là où le dernier gouvernement d'Abdoulaye Wade comptait 40 personnes dont…13 ministres d'Etat, celui qui sera animé par Abdoul Mbaye ne comptera pas plus de 25 ministres. Macky Sall a fermement averti ses collaborateurs lors de son discours du 3 avril que l'exervice du pouvoir sera "un sacerdoce sans ambiguité, (car) il est question de servir et non de se servir". Et ce sacerdoce se focalisera d'abord sur l'amélioration des conditions de vie des sénégalais.
Sur ce point, le Président, directement dans ses discours et à travers ses conseillers économiques, a annoncé la baisse dans les prochaines semaines des prix de trois denrées de première nécessité, à savoir le sucre, le riz et l’huile, de quoi rendre plus agréable et plus accessible le diébou djeune (riz au poisson, plat traditionnel du pays) des sénégalais. De plus, son gouvernement devrait aussi mettre en place assez rapidement une couverture maladie universelle (CMU).
Enfin, le programme présidentiel de Macky Sall a été conçu comme un chemin vers le véritable développement. Tout ne sera pas réalisable dans les prochaines années mais le Sénégal peut au moins avoir la certitude d’être désormais sur la bonne voie, avec un leadership de qualité.
Dans ce Sénégal nouveau, la politique n’est plus déconnectée de la réalité, elle n’est plus seulement une représentation ; elle est devenue le réel. C’est aussi cela qui donne sens aux premiers mots du Président de la République, au soir de son élection : « Ce soir une ère nouvelle commence pour le Sénégal. Ensemble nous allons rapidement nous atteler au travail de redressement attendu par chacun et attendu de chacun ».
Bonne fête de l'indépendance! Bonne route sur le chemin de la réfondation démocratique et de l'émergence économique!
Nicolas Simel
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Article bien structuré et pleins de sens.
Cependant, nous restons sur notre faim en ce qui concerne la baisse du prix des denrées de 1ere nécéssité (cout de la vie en général) mais aussi par rapport au nombre plétorique de ministres et ministres conseillers (plus de 40 au total).
Et puis je ne vois plus de sentinelle de la démocratie que representait par exple un Latif Coulibaly ce qui est vraiment dommage pour notre pays.
Salam bro!!!