Dollo Ado concentre cinq camps de réfugiés situé dans la région somalienne de l’Ethiopie à seulement 200 kilomètres de la frontière avec la Somalie. L'endroit est inhospitalier, au milieu de routes poussiéreuses et de températures qui atteignent des pics considérables. La population des cinq camps s'élève à près de 200 000 personnes. Plus de 4 000 ont été enregistrés entre janvier et février 2013. Environ 150 à 200 nouvelles arrivées sont enregistrées tous les jours, avec notamment beaucoup de femmes et d'enfants.
Dollo Ado est littéralement devenu une ville avec quelques 200 000 réfugiés qui y accèdent après plusieurs jours de marche, dont une traversée périlleuse de la frontière entre la Somalie et l’Ethiopie.
Chaque jour, le flux de réfugiés reste constant à tel point qu’un sixième camp est déjà prévu et sa construction devrait être imminente. L'insécurité alimentaire causée par les déplacements dus aux conflits et la sécheresse sont les principaux facteurs conduisant les Somaliens vers l’Ethiopie. Le caractère strict et exigeant d'entrée imposé par le Kenya, fait de l'Ethiopie un pays plus attrayant pour ces réfugiés.
En outre, la liberté de mouvement dans les camps et de traversée de l’autre coté de la frontière vers la Somalie sont permises. Ainsi, les réfugiés retournent souvent dans leur pays pour vérifier leurs avoirs et l’état de certains membres de la famille restés sur place.
Sous la coordination des agents du Haut Commissariat au Refugiés (HCR) et des fonctionnaires éthiopiens, des places sont accordées aux nouveaux arrivants dans l’un des camps. Suivent les opérations d’enregistrement d’identité, de dépistage et d’accès aux services de base (logement, assainissement et accès à l’eau).
Les conduites d'eau et des canaux d'assainissement sont mis en place dans les camps, les distributions de vivres organisées et les abris construits.
L’eau est pompée à partir de la rivière Genale, traitée et distribuée dans les camps. Les latrines sont construites et chacune affectées à un certain nombre de familles. Les abris des réfugiés varient d'une moitié de toit avec des brindilles et des morceaux de tissu aux tentes, aux abris de tôle ondulée ou de terre. A l’arrivée, la plupart des réfugiés sont logés dans des abris provisoires (tentes), avant d'être relogés vers un abri de bambou plus permanent (une pièce pour chaque famille). Les murs de terre et de bambou offrant une meilleure protection contre la chaleur et la poussière.
Les distributions de nourriture ont lieu au début de chaque mois. Un panier alimentaire comprenant sept produits alimentaires y compris des denrées de base comme les légumes et le blé est distribué à chaque famille.
La livraison de produits alimentaires se déroule globalement sans encombre, mais les réfugiés sont moins préoccupés par la quantité que par la qualité et le choix des aliments. Souvent, ils vendent une partie de leur allocation pour acheter des articles de choix comme les spaghettis en provenance des marchés qui ont surgi en peu de temps près du camp.
En outre, beaucoup de gens travaillent au quotidien pour offrir des opportunités à travers des projets axés sur la nutrition, la santé, l’accès à l'eau, l’assainissement et la création d’activités génératrices de revenu.
Les programmes éducatifs à Dollo Ado sont globalement un succès, mais des défis demeurent avec moins de 100 enfants inscrits dans des camps laissant sans éducation des milliers d'enfants en âgé d’aller à l’école primaire. La formation professionnelle est garantie à travers la couture, le fraisage, la menuiserie, la tuyauterie, l’électricité et le développement des compétences propres afin d’inspirer un sentiment d'espoir et d'optimisme. Les activités génératrices de revenus sont aussi promues avec la mise en place de plusieurs magasins où les articles allant des biens électroménagers aux vêtements sont vendus.
En termes de facilités sanitaires, les infrastructures restent inégalement réparties. Un des camps dispose d'un poste de santé tandis que qu’un autre est doté d’une maternité qui permet des accouchements sous surveillance médicale. Cependant, beaucoup de femmes choisissent encore d'accoucher à la maison. Le nombre de nouveau-nés ne cesse d'augmenter, compte tenu de ce que la planification familiale, malgré les conditions précaires de vie à Dollo reste encore un tabou. Sans oublier que les MGF constituent une grande préoccupation pour les autorités avec un taux de prévalence de 100%.
Enfin, la sécurité est un autre sujet de préoccupation à Dollo, malgré un semblant de calme dans les camps. En effet, les incidents du mois de Mars de cette année, où des militants d'Al Shabaab ont été arrêtés dans apparemment ce qui fut une tentative d’enlèvement de travailleurs étrangers, reste un exemple frappant des réels dangers qui guettent les réfugiés.
Quoi qu’il en soit, le flux continu, significatif et régulier de réfugiés à Dollo rend sceptique sur toute éventualité de retour à la normale de la situation en Somalie. A défaut d’un retournement brusque et inattendu dans la tragédie somalienne, ces chiffres continueront de croître.
Loza Seleshie
http://data.unhcr.org/horn-of-
http://www.actioncontrelafaim.
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Un grand merci de nous faire découvrir cette triste réalité, méconnue, banalisée et passée sous silence.
Merci
Bonjour Loza,
Je découvre ton article et je suis un peu surpris. Il me semblait qu'on revenait en Somalie depuis quelques mois sur un état un peu plus struturé. Or, cet article montre que plus que jamais la Somalie est en guerre. As-tu plus d'éléments sur la situation militaire et les raisons des migrations?
Le bilan en ce qui concerne la stabilité politique ne fait pas exactement l'unanimité. Malgré de nombreux efforts, tout particulièrement de l'UA et des pays occidentaux (notament avec les séries de 'Somalia conference' le dernier datant du 5 Mai de cette année https://www.gov.uk/government/topical-events/somalia-conference-2013) pour promouvoir la stabilité dans la région, il y a 1) Un contrôle qui trop souvent se réduit aux villes les plus importantes, laissant les populations rurales à la merci de conflits soit inter-tribus ou des militants Al-Shabab. 2) Un intérêt moins important pour la région depuis une baisse considérable du nombre d'attaques de pirates et donc une aide moins systématique 3) Une instabilité alimentaire même si la sècheresse s'est atténuée depuis 2011. J'espère que ça t'a aidé à y voir un peu plus clair.