De l’année 2009 qui vient de s’écouler, que retenir pour le Sénégal si ce n’est que l’Etat y est en déliquescence, que les populations se sont incontestablement appauvries et que la frustration y a touché un seuil jusque là jamais atteint ?
Il n’est guère besoin de s’y attarder, l’Etat au Sénégal est en faillite. Le Président Wade n’incarne même plus un pouvoir qui a déserté un gouvernement pléthorique dont la plupart des ministres sont des pantins, une Assemblée Nationale entre les mains d’un petit groupe de bandits, un Sénat qui ne sert qu’à élargir l’éventail de rente du pouvoir. Dans ce pays, la constitution et les institutions y ont été vidé de leur sens ; le président sent bien venir l’apocalypse et ne pourra sauver ni l’Etat, ni son parti ni même son propre fils. il ne lui reste plus qu’à s’accrocher à son espèce de monument dit de la renaissance africaine qui suscite l’indignation de notre peuple et fait la risée de notre pays dans la presse internationale. On ne peut plus rien attendre d’Abdoulaye Wade sur le plan politique, il a perdu la mesure des choses et son entourage ne l’a jamais suffisamment eue.
Sur le plan économique, les sénégalaises et les sénégalais sont incontestablement devenus plus pauvres. 2009 a eu son lot de dépassement budgétaire alors que la dette intérieure due aux entreprises explosait et que la dette extérieure n’a eu de cesse de se creuser. Le risque pays du Sénégal, de plus en plus pointé du doigt par les agences de notation américaines, est devenu tel que les investisseurs étrangers rechignent désormais à placer un rond dans notre pays. Plus inquiétant encore, le Sénégal est l’un des rares pays dits en voie de développement à ne pas être doté d’un plan stratégique de développement à moyen-long terme qui identifie des secteurs économiques porteurs en leur accolant des objectifs chiffrés et en mobilisant des investissements conséquents. Il y a une absence de vision économique qui me semble encore plus insupportable que l’absence de vision politique du président Wade. Après 2009, on sait désormais qu’il n’y a pas de perspective de développement économique crédible pour le Sénégal, il convient hélas de le reconnaître, ce qui ne peut que conforter nos frustrations.
Le seuil de frustration au Sénégal, qui s’est manifesté en 2009 au travers de manifs et de scènes de violence, est tel qu’à l’extérieur de nos frontières, tous les Etats avertis, y compris la France et les Etats-Unis, craignent le pire pour notre pays. Les présidents Obama et Sarkozy, pour des raisons multiples et variées, sont littéralement furieux contre Wade et ne ratent désormais plus une seule occasion de l’égratigner. Au-delà même des cas bien connus de Youssou Ndour, Bara Tall, et depuis quelques jours de l’Eglise catholique ainsi que tous les défenseurs de la laïcité, chacun d’entre nous, enfin presque, a de bonnes raisons d’en vouloir au régime en place.
Il me semble cependant que 2009 nous a aussi donné deux bonnes raisons d’espérer en finir avec ce régime qui a donné toute la mesure de ses incapacités. La première est la victoire de l’opposition aux élections locales de mars qui prouve une fois de plus que le Sénégal n’en veut plus des Wade et que le peuple sénégalais sait faire entendre sa voie par le biais des urnes. La deuxième est le réveil réconfortant de la société civile sénégalaise, celle dont Christian Coulon disait qu’elle est essentiellement à base religieuse. Le mouvement de protestation des imams du Sénégal ainsi que la lettre incendiaire du curé de Gorée Abbé André Latyr Ndiaye, les vives protestations du Cardinal Théodore Adrien Sarr et la détermination des jeunes catholiques devraient être pour le Sénégal source de réconfort et d’espoir. J’ose espérer qu’en 2010, les imams et prêtres du Sénégal prêcheront chaque vendredi et chaque dimanche contre ce régime de grands bandits. Ce ne serait pas porter atteinte à la laïcité, cette prise de responsabilité sera tout à leur honneur. Cela donne sans doute de l’espoir pour une année 2010 s’ouvrant dans un contexte de vives tensions qui font peser sur notre pays des risques certains d’instabilité. Il ne reste plus qu’à souhaiter à chacun d’entre vous, une année 2010 de paix et de sérénité. Pour 2010, je ne crois pas en un Sénégal prospère mais j’ose encore croire à un Sénégal de paix et de fraternité. C’est à chacun de nous d’y œuvrer au quotidien.
Nicolas Simel
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