Le cas Bara Tall, du nom de l’entrepreneur sénégalais qui dirige le holding Talix International et l’entreprise Jean Lefebvre, mérite l’attention de tous les sénégalais, en particulier celle des jeunes encore plein de rêves pour leur pays. Grosso modo Bara Tall, dont l’entreprise Jean Lefebvre participait, avec une quarantaine d’autres, aux fameux chantiers de Thiès, s’est vu en 2004 accusé de surfacturations et d’intelligence avec l’homme à abattre d’alors Idrissa Seck, en vue de détournement d’argent portant sur des milliards de FCFA. Ces accusations ont valu à Bara Tall un séjour carcéral de deux mois et demi à la prison Rebeuss alors même qu’à ce jour la justice sénégalaise ne reconnait un quelconque fondement aux accusations malhonnêtes et mensongères portées contre sa personne.
On pourrait ne pas s’en émouvoir si l’Etat du Sénégal ne devait pas encore aujourd’hui la rondelette somme de 10 milliards de FCFA à Bara Tall pour les travaux de la route Kaolack-Fatick d’après ses propos tenus la semaine dernière lors d’une interview accordée à la 2STV, propos non démentis par le Ministre des Finances Abdoulaye Diop qui, dans une interview au quotidien Le Soleil, dit attendre une autorisation dans ce sens. Les biens fondés de la réclamation de Bara Tall ne font pas l’objet d’un doute tant la dette est quasiment reconnue par l’Etat du Sénégal par le biais de son argentier Abdoulaye Diop d’une part et d’autre part par l’Assemblée Nationale qui avait voté un budget pour que Bara Tall soit payé et il semblerait que ces montants aient été alloués à Karim Meissa Wade pour la construction de villas dans le cadre du dernier sommet de l’OCI.
La conséquence directe du refus de l’Etat du Sénégal de payer Bara Tall est que Jean Lefebvre est au bord de la faillite, et par ricochet des milliers de braves pères de famille sénégalais seront envoyés à la rue. Déjà que l’Etat du Sénégal n’est pas en mesure d’employer cette main d’œuvre, empêcher pour des considérations politiques les entreprises privées de le faire est particulièrement inadmissible. C’est en effet un secret de Polichinelle que de dire que Bara Tall paie sa proximité avec Idrissa Seck dont les détracteurs accusent Bara Tall d’être le principal bailleur de fonds.
La conséquence indirecte de cette attitude de l’Etat du Sénégal est que les jeunes sénégalais en formation au Sénégal et surtout à l’étranger y réfléchiront par deux fois avant de travailler et de s’investir pour le développement de leur pays. Bara Tall est un pur produit de l’école sénégalaise qui a investi tout son savoir-faire dans son pays. Le sort qui lui est aujourd’hui réservé n’encourage en rien les étudiants au Sénégal à aller aussi loin dans l’engagement pour le développement de leur pays.
Ce sort dont on ne peut manquer de dénoncer l’injustice encourage encore moins les étudiants sénégalais à l’étranger, déjà réticents pour la plupart à retourner travailler au Sénégal. On pourrait dire que l’Etat du Sénégal prête le flanc tellement la conséquence psychologique de l’épisode Bara Tall sera prégnante chez les étudiants sénégalais. Pourquoi diable donc aller travailler pour un pays dont l’Etat rechigne à reconnaitre une expertise valable et préfère porter aux nues la médiocrité. Les personnes éprises de patriotisme ou qui veulent tout simplement être à coté de leurs familles pourront toujours retourner au Sénégal mais le bons sens ne manquera pas de les interpeller à la lumière du cas Bara Tall. Les personnes plus sceptiques et qui se targuent de pragmatisme seront quant à elles conforter dans leur position qui consiste à dire qu’il vaut mieux rester travailler en France, en Angleterre, aux Etats Unis, au Canada etc. parce que « yonou diameu soriwoul » (on veut un havre de paix !) ! Dans un cas comme dans l’autre l’engagement pour le développement du Sénégal risque de se faire à minima. Et il n’y a rien de plus dangereux pour un Etat non rentier et de surcroit pauvre comme le Sénégal que de ne pas pouvoir compter sur ses filles et fils, autrement dit sur ses ressources humaines. Ce serait écarter toute perspective concrète de développement. Le régime en place, incarné par les Wade Père et Fils, est entrain d’assombrir davantage un horizon déjà en quête de luminosité.
Nicolas Simel
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