Le dernier baromètre mondial de l’optimisme a consacré les pays africains comme champions mondiaux. Avec trois pays au sein des 10 premières places (Nigéria 1er, Ghana 3e, Cameroun 7e), l'Afrique ressort comme le continent le plus optimiste, et de loin. Ceci peut sembler paradoxal au regard de divers autres classements du bien-être et du PIB dans lesquels les pays africains trustent les dernières places. Pourquoi les africains sont-ils optimistes ? Cet optimisme a-t-il un réel impact sur la réussite économique ?
Alors même que des émeutes inter religieuses secouent ses provinces septentrionales, le Nigéria vient remporter la palme symbolique de pays le plus optimiste du monde, d’après le résultat du sondage BVA/Gallup réalisé fin décembre dernier. Plus globalement, le sondage « récompense » les pays africains, le Nigéria occupant la première place, le Ghana et le Cameroun occupant respectivement les 3e et 7e places respectivement. L’Afrique ressort comme le continent le plus optimiste, loin devant l’Amérique du nord et l’Asie, l’Europe de l’ouest fermant la marche. Le renversement de l’espérance serait-il le signe d’un renversement inéluctable de l’échelle des puissances mondiales ?
Jusqu’à présent, et depuis le début de l’ère contemporaine, le monde occidental (États-Unis et Europe Occidentale) faisait preuve d’un optimisme et d’une foi inégalée en son futur. Les intellectuels occidentaux ont toujours eu foi dans le futur, croyant aux bienfaits des progrès de la science et de la technologie pour propager leur vision du monde ainsi que leurs idéaux aux autres peuples du monde entier.
Aujourd’hui, la machine semble grippée…la faute à une crise économique qui a rebattu les cartes dans la géopolitique mondiale. Les peuples européens dont les rêves s’agençaient autour de la construction d’une Europe forte et d’États protecteurs voient ceux-ci s’effriter devant les dissensions internes au sein de l’Euroland et la situation alarmante des Etats obligés de sacrifier les peuples à l’autel de l’irrationalité des marchés. Aux États-Unis, les espoirs soulevés par le candidat Obama, ont été balayés par l’incapacité des camps démocrate et républicain à dessiner un scénario crédible de sortie de crise. Au pays du rêve américain, moins d’un américain sur deux pense que la vie de ses enfants sera meilleure que la sienne !
Pendant ce temps, dans les pays émergents que sont la Chine, le Brésil et dans une moindre mesure certains africains, l’heure est à l’espoir. La croissance économique de ces dernières années ainsi que l’émergence de classes moyennes dynamiques et d’entreprises conquérantes propagent ces ondes positives.
Économiquement, la foi en un avenir meilleur permet à l’investisseur de risquer son épargne en pariant sur la future santé des entreprises ; c’est elle qui pousse le consommateur à commencer car il sait que le futur ne lui réserve aucune péripétie nécessitant une protection sous la forme d’épargne. Mais c’est aussi cette foi dans le futur qui crée et entretient des bulles dont l’éclatement peut être douloureux pour ces jeunes nations.
Attention donc aux gouvernements car le niveau d’espoir est intimement proportionnel à la violence de ces espoirs déchus. Que les Africains gardent le moral alors même qu’on leur prête les pires conditions de vie au monde relève du miracle. Il faut capitaliser sur cette pensée positive pour entreprendre les réformes qui permettront de réaliser ces rêves.
Ted Boulou
Source Photo: http://sustoptions.blogspot.com
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"Attention donc aux gouvernements car le niveau d’espoir est intimement proportionnel à la violence de ces espoirs déchus"
Je suis tout à fait d'accord Ted. Mais comment expliquer l'optimisme qui y prévaut actuellement alors qu'il y a eu tant d'espoirs déchus?
C'est une vraie question, Tite. Je me demande si cet optimisme doit être relié à un désir de développement économique quand on parle de l'Afrique.
Il faut savoir si c'est le niveau d'optimisme de ces pays qui a augmenté ou si c'est plutôt celui des pays du nord qui a largement baissé suite aux difficultés citées. Les africains ont toujours été de grands ''optimistes''; mais je pense que ça n'a rien à voir avec la foi à un futur économiquement prometteur. Le niveau d'optimisme des africains est très lié à leur niveau de réligiosité. Et il est très probable que si les enquêteurs font une distinction entre les peuples fortement attachés à une religion et ceux qui le sont moins, on trouve plus d'optimistes du côté des très réligieux. Ce genre d'optimisme est très différent de celui des peuples du nord qui espèrent un futur meilleur grâce aux évolutions technologiques et scientifiques. Les africains dans leur grande majorité sont optimistes parce qu'ils croient en Dieu ou en des divinités pour plusieurs; alors que dans le même temps, les autres ont cru au progrès de la science. C'est ce qui explique que malgré tant de déception ils sont toujours optimistes. Ce genre d'optimisme est certainement une bonne chose mais très insuffisant pour dynamiser l'économie africaine car ce n'est pas suffisant pour permettre à un investisseur de prendre des risques. Pour developper l'économie africaine, on a besoins des gens plus offensifs sur le marché. Et pour ça, il faut plus que seulement croire en Dieu (comme c'est le cas maintenant); il faut croire aussi en la science, aux progrès technologiques et au marché.