Depuis les mikili, d’où certains veulent véhiculer l’image de Congolais nombrilistes, occupés à ramasser des devises pour s’acheter de la sape.
Depuis mbenguè, d’où certains veulent véhiculer l’image de Congolais lubriques, occupés à arrondir leurs derrières pour mieux les faire tourner sur les pistes de danse.
Depuis abloki, d’où d’autres ne sachant plus quoi faire pour laisser la marque de leur passage sur terre, sont prêts une fois de retour au pays natal à tuer père et mère. Leurs doubles passeports soigneusement cachés et prêts à être dégainés pour se faire rapatrier, lorsqu’il y aura de l’eau dans le gaz qu’ils n’auront pas eu le temps de vendre à qui saura le commercialiser. Ci-après mes vœux pour la nouvelle année.
En lingala, une des quatre langues nationales de la RDC. En français, pour permettre aux jusque là majoritairement francophones lecteurs de Terangaweb.com de suivre ma démarche poétique : l’engagement passe par d’autres voies que celle des armes et des violences qui vont avec.
Voix des armes qui incidemment donne accès à une part de ce gâteau géologique, auquel tout le monde veut goûter !
Avec les célébrations du mois dernier, sainte Nativité, païenne Noël, fervente Yom Kipour, internationale Kwanzaa, etc, nous n’avons raté aucune occasion pour nous repaître de la fécondité artistique de nos chanteurs, danseurs et musiciens. En mode CD/DVD, non piratés.
L’engagement c’est aussi respecter le travail d’autrui et donc acheter en VO pour permettre aux artistes de toucher leurs droits d’auteur. Ou via YouTube. Le mode live étant réservé aux meilleurs d’entre eux : nos chers frères et sœurs en Christ.
Les bienpensants arrivent ainsi, petit à petit, à entraver notre rayonnement culturel, au nom du développement de leurs futurs portefeuilles ministériels. Ci-après donc mes vœux, d’amour et de paix, pour ma RDC.
RDC… République Démocratique du Congo. 2.345.409 km². Plus grand que le Groenland, le Pérou ou l’Indonésie. 80 millions d’habitants. 10 millions de morts en 10 ans, au nom d’une guerre pour s’accaparer ses richesses. Car la RDC c’est… Un fleuve majestueux, pouvant alimenter en hydro-énergie l’Afrique du nord au sud, et pas seulement. Une faune variée, une flore luxuriante qui en fait le poumon de l’Afrique et un haut lieu ésotérique. Un sous-sol scandaleusement riche. En minerais, en pierres et métaux précieux. Des sociétés aux structures complexes, aux cultures hétéroclites et tout à la fois connectées. Des arts, premier dans le cœur des profanes comme dans celui des fins limiers. Et à ça s’ajoute une joie de vivre, hors compétition. Autant de convoitises qui n’en finissent pas de faire couler le sang de ses habitants. Le sang des miens. Mon sang.
Note vocale
Koyoka nsoni te po balelisi yo N’aie pas honte qu’ils t’aient fait pleurer
Ngay, nakolinga yo kaka Moi, je t’aimerai toujours
Kobombana te po bakitisi yo Ne te cache pas d’avoir été humilié
Nalinga yo, nakolinga yo lisusu Je t’ai aimé, je t’aimerai encore
Kobanga te po na kombo to ekolo na biso Ne crains pas pour notre nom ou notre culture
Nalingi yo Je t’aime
Yo, mwana ya mboka na ngay Congo Toi, l’enfant de ma patrie le Congo
Yo, mama na nga ata obota ngay te Toi, ma mère qui ne m’a pas mise au monde
Yo, tata na nga ata obokola ngay te Toi, mon père qui ne m’a pas élevée
Mosika naza, nayoki nsango na yo ya mawa Bien que loin, j’ai entendu ton chagrin
Mosika navandi, nayoki nsango na yo ya mpasi Bien qu’éloignée, par ta peine j’ai été touchée
Mosika nakenda, nayoki nsango na yo ya somo Bien que partie, par les atrocités que tu subies j’ai été rattrapée
Na tiye pembeni bisengo to bampasi na ngay ya mukolo J’ai mis de côté mes peines ou mes joies
Po nakomela yo mwa mokanda oyo Pour t’adresser cette petite correspondance
Po natikela yo liloba na web otanga, to batangisela yoyang Pour te laisser à lire ces mots sur le web ou qu’on te les lise
Ndeko na ngay, ata toyebani te Mon frère, ma sœur, même si nous ne nous connaissons pas
Ata bokutani na biso ekokaki kosuka na mukuse Même si notre rencontre aurait pu tourner court
Nalingi yo Je t’aime
Losambo na ngay po na mikolo oyo ezo ya Ma prière pour les jours prochains
Makasi na biso ezala na kimia ata okati ya etumba Que notre force soit dans la paix même au cœur des troubles
Salongo na biso ezala po na kotonga mboka, pona kotangisa makila te
Que nos chantiers visent à la construction de la patrie, pas à la destruction des chairs
Bafimbo bafiakulaka na yango bankoko,
Ces chicottes avec lesquelles furent châtiés nos anciens
Tolokota yango po nakofiakula oyo ya biso bandeko te
Ne les ramassons pas pour humilier les nôtres
Na mayele nini to koteya kimia, bosembo pe mosala na bana na biso?
Avec quelle discernement inculquerons-nous paix, justice et travail à nos enfants ?
Mbala boni to kosenga bolimbisi, mbala boni to kobandela masumu ?
Combien de fois demanderons-nous pardon ? Combien de fois perpetrons-nous les crimes ?
Na lokumu nini to kotambola o kati ya mokili oyo
Avec quelle dignité irons-nous par le monde ?
Soki po na mwa kimokonzi, totumba bandaku, toteka mapangu, toboma bana ?
Si pour un peu de pouvoir, nous brûlons nos maisons, vendons nos terrains, tuons nos enfants !
Lobi na yango, mususu aya, abongisa, tobandela matata po na kosenga oyo biso moko tobwakisaka !
Puis lorsqu’un autre viendra, arrangera ce qu’on a gâché, encore revendiquerons-nous ce que nous avions nous-mêmes abandonné ?
Na tuni lisusu : Na libota nini matata ezalaka te ? Je demande : Dans quelle famille n’y a-t-il pas de problèmes ?
Ndeko, kanisa Camarade, médite ceci
Bakati mbula na makasi, lifuta na bango : libungutulu Le sort de ceux qui par la force font cesser la pluie : le néant
Kiamvu po na lifelo Un pont pour l’enfer
Nzete oyo ezo kweya, esalaka makelele koleka nzamba oyo ezo bota
L’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse
Na nse ya masasi, ya bitumba, ya mobulu, bilelo, matanga
Sous le feu des balles, des combats, dans le désordre, les pleurs, les deuils
Elanga nini tokolona mpo na bana na biso ?
Quel champ des possibles pour nos enfants demain ?
Lisusu ndeko J’ajouterai encore
Nzamba eza lititi moko to niama moko te La fôret n’est pas une herbe ou un animal
Mboka eza moto moko to mosala ya moto moko te Une nation n’est pas un citoyen ou l’action d’un seul citoyen
Tozala lisanga Soyons unis
Kasi, na maloba nyonso oyo natindeli yo ndeko na ngay, bomba oyo lyoko
Cependant, de tout ce que je t’ai écrit mon frère, ma sœur ne retiens que ceci
Nalingi yo
Je t’aime
Photos
Des mots, mais également des images. J’ai tenu dans ma recherche à ce qu’il y ait des images d’hommes (je ne sais pas comment on vérifie qu’une image est libre ou non de droits).
La misogynie est un mal qu’on ne peut nier. En illustrant ma lettre de vœux, avec des images d’hommes et de femmes (des images poignantes, pas misérables), ça permet de toucher tout le monde et rappeler que les maux de la guerre ne touchent pas que les plus faibles. Ils éclaboussent tout le monde : les hommes (force de la nation), les femmes (sans qui aucune vie n’est possible), les enfants (l’avenir).
Ne voulant pas tomber dans la carte postale ou l’incitation au safari, je me suis limitée pour la nature (dans laquelle on vit) à la fois paisible et évoquant le danger (celui de la chute en l’occurrence).
Crédits Photos: Girl du jour, Le Figaro, Guardian, CNN, Eralis.net, Wanuke.net
Gaylord Lukanga Feza
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Merci pour ce magnifique article, un vrai cri du coeur !
Très très bel article… Vraiment Poignant! En espérant que c'est le premier d'une longue série, Bravo!
Merci pour ce partage. Tous les encouragements.
Nalingi RDC.
salut,
premierement courage infiniment de ton beau travail que j ai profondement aimé, encore vraiment bonne contuinité
deuxiement je voulais savoir si je peux avoir un poeme en lingala qui parle de la femme ou une suggestion d un livre de poesie en lingala.
bonne comprehension merci.