Profession de foi pour une rubrique entreprenante !

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Des idées, les entrepreneurs en ont souvent dix par minute. Là-dessus, l’Afrique n’est pas en reste. Le continent de l’informel abrite des dizaines de milliers d’entreprises, qui contribuent à la croissance économique et au développement, menées par des entrepreneurs désireux de changer le monde ou le regard porté sur leur pays, qui se débrouillent pour se faire financer et persévèrent pour faire fructifier leurs projets.  En somme, l’Afrique bouge et innove, et notre think-tank est bien décidé à le démontrer.

Dans cette nouvelle rubrique dédiée, l’Afrique des Idées souhaite explorer les différentes facettes de l’entrepreneuriat africain, confronter les idées et les tendances pour contribuer à faire émerger des idées innovantes. Dans le processus d’une pensée en construction, nous nous intéresserons à des acteurs très différents, pour décrire sans prétendre pour autant à l’exhaustivité, une réalité que nous savons d’avance complexe et différente dans chacun des pays du continent. Entrepreneurs bien sûr mais pas seulement : structures d’appui, politiques publiques, investisseurs, entrepreneurs sociaux, institutions mondiales, joint ventures… font aussi partie du paysage entrepreneurial africain. Il y aura de la matière, c’est sûr ! Nous nous attaquerons également à des sujets plus transverses, à des analyses plus poussées, pour par exemple discuter de la définition d’une PME en Afrique, du rôle de l’informel dans la création d’activité, ou encore de l’avenir de l’entrepreneuriat social sur le continent.

L’entrepreneuriat africain est en  effet pluriel, de plus en plus féminin et les entrepreneurs africains ne font pas forcément du business comme dans la Silicon Valley. Ils ont d’ailleurs des conceptions sociales et environnementales de l’entreprise que l’Europe ou les Etats-Unis redécouvrent avec béatitude. En plus de vous informer, nous essayerons de vous inspirer, de vous donner envie de suivre certaines entreprises, voire même, sait-on jamais, de les aider d’une manière ou d’une autre. Nous tâcherons de montrer le meilleur de l’entrepreneuriat africain, en analysant les faiblesses et les difficultés spécifiques au continent.

Plus que jamais, nous sommes ouverts aux tuyaux et autres suggestions, aux mises en contact et aux contributions irrégulières. Ici, on ne dira pas « Non » mais « Pourquoi pas ? ».

Rejoignez la team des Rédacteurs entreprenants !

Vous n’y connaissez rien aux affaires ? Tant mieux, vous découvrirez des perles rares loin des projecteurs. Vous êtes curieux ? Nous sommes bien partis pour nous entendre. Vous vous sentez trop idéaliste ou anticapitaliste pour parler d’entrepreneuriat? Qu’à cela ne tienne, vous vous épanouirez à interviewer tous les entrepreneurs sociaux d’Afrique et découvrirez une autre façon de penser l’activité lucrative. Vous avez une compétence particulière ou une connaissance spécifique sur un sujet donné ? Partagez cela avec nous. Vous avez un peu la tchatche et vous adorez refaire le monde ? Les entrepreneurs répondront encore plus volontiers à vos questions ! Si vous avez encore plein de questions, si vous hésitez encore à vous lancer dans l’aventure, écrivez un petit mail, ce sera l’occasion de faire connaissance : vera@terangaweb.com

La Rubrique Entrepreneuriat

5 entrepreneurs sociaux qui font bouger l’Afrique

Les entrepreneurs sociaux mettent en œuvre des solutions innovantes et pragmatiques aux problèmes sociaux en s'attaquant aux causes profondes et en créant une vraie transformation sociale.

Cinq Africains ont été nommés Entrepreneurs Sociaux de l'année 2012 le mois dernier lors du Forum économique mondial sur l'Afrique à Addis-Abeba, en Ethiopie. Les Prix sont décernés par la Fondation Schwab pour l'entrepreneuriat social et ont été présentés par Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du Forum économique mondial. La Fondation Schwab a été créée en 2000 et a été d'identifiée comme leader mondial de l’entrepreneuriat social dans plus de 40 pays à travers le monde. Parmi les cinq lauréats de l'année 2012, on compte deux entrepreneurs d'Afrique du Sud, une venant d'Ethiopie, un du Rwanda et une équipe de deux entrepreneurs opérant au Burkina Faso.

Bethlehem Tilahun Alemu, Co-Fondatrice et Directrice Générale, soleRebels, Ethiopie

L’entreprise soleRebels recycle des pneus de voiture pour en faire des semelles en caoutchouc à partir desquelles elle fabrique des chaussures élégantes, durables, et respectueuses de l'environnement à destination des marchés internationaux. soleRebels offre une formation et un emploi à des centaines de travailleurs défavorisés en Ethiopie, en misant sur le riche patrimoine artisanal du pays et la création d'un nouveau modèle d’ emploi pour les entreprises locales. La société, qui avait déjà été finaliste des Africa Awards 2011 pour l'entrepreuriat, utilise principalement des méthodes respectueuses de l'environnement et s'engage à une empreinte zéro carbone.

Sameer Hajee, PDG, Groupe Nuru Energy, Rwanda

Le groupe Nuru Energy travaille avec des micro-entrepreneurs pour diffuser ses diodes lumineuses Nuru, qui produisent jusqu'à 26 heures de lumière rechargeables à un sixième du coût du kérosène. Elles peuvent être rechargées hors-réseau, à l’aide d’une plateforme à pédales. A ce jour, Nuru Energy a mis en place ses produits dans 70 villages et a vendu 10.000 LED Nuru. Beaucoup de maisons en Afrique ne sont pas connectés aux réseaux électriques.

Paul Scott Matthew, directeur Afrique, North Star Alliance, Afrique du Sud

Dans les années 1990, Paul Matthew a noté les impacts alarmants de VIH / SIDA sur les travailleurs ambulants tels que les chauffeurs de camion et s'est rendu compte que ces travailleurs n'avaient pas accès aux soins de santé de base. North Star Alliance offre aux travailleurs mobiles et aux communautés liées un accès continu de haute qualité à la santé et aux services de sécurité à travers un réseau de cliniques reliées entre elles connu sous le nom de « Roadside Wellness Centres ». Depuis l'ouverture de son premier centre en 2005 au Malawi, le réseau de North Star s’est étendu à 22 centres dans 10 pays.

Andrew Muir, Directeur exécutif, Fondation Wilderness, Afrique du Sud

La Fondation Wilderness, créée en 1972, intègre des programmes de protection de l’environnement au travail social et éducatif. Elle a formé des milliers de jeunes à devenir des leaders communautaires et des gardiens du parc national. Plus de 100.000 jeunes défavorisés / vulnérables ont bénéficié de la Fondation Wilderness à travers ses interventions sociales et ses programmes d'éducation environnementale. Les activités de la fondation Wilderness ont permis de réhabiliter plus de 200.000 hectares de nature sauvage africaine et ces zones ont été étendues dans l'intérêt de la conservation et la protection de l'environnement.

Seri Youlou et Thomas Granier, co-fondateurs de l'association La Voûte Nubienne, Burkina Faso

Seri Youlou, agriculteur burkinabé, et Thomas Granier, maçon français, ont construit une maison à voûte nubienne au Burkina Faso il y a 10 ans. En formant des agriculteurs à la construction de maisons voûtées avec des toits en terre, l'association fournit à un prix abordable des solutions de logement écologiquement durable qui constituent une source de revenus pour les agriculteurs au cours des saisons maigres. « Au Sahel, c’est la seule alternative à l’utilisation de bois rare et de tôles inadaptées – chaudes et chères – qui obligent les populations à une architecture les enfermant dans un cercle vicieux de pauvreté », notent-ils sur leur site internet. Aujourd'hui, plus de 200 maçons ont construit environ 1300 maisons à voûte nubienne en Afrique de l'Ouest.

Hilde Schwab, présidente et co-fondatrice de la Fondation Schwab pour l'Entreprenariat Social, a commenté dans un communiqué de presse : « L'Afrique a connu une croissance considérable au cours de la dernière décennie. Les entrepreneurs sociaux utilisent des approches innovantes pour étendre l'accès aux soins de santé, à l'éducation, à l'énergie et au logement pour les populations marginalisées qui ne peuvent être incluses dans les marchés traditionnels. Ils veillent à ce que la croissance, telle que connait Afrique, soit et reste inclusive. »

Leyla Traoré, article initialement paru chez notre partenaire Next-Afrique