Interview de Moufida Mohamed, Co-Fondatrice de COCOMOON Beauty

Moufida est là co-fondatrice de CocoMoon Beauty, première marque bio-cosmétique aux Comores à valoriser le Coco dans une gamme de soin 100% naturelle inspirée des secrets de beautés traditionnelles. Entre tradition et modernité, cette marque a su redonnée toutes ces lettres de noblesse à ce produit emblématique dans un packaging frais et authentique. Celle-ci fait non seulement le bonheur des Nappies mais également des touristes en quête de produits représentatifs du pays, CocoMoon Beauty a su s’imposée dans le marché local et la région grâce à un concept simple, innovant et durable tout en valorisant la beauté noire au naturel.

Sélectionnée par la prestigieuse fondation africaine Tony ELUMELU en 2017, elle s’est par la suite imposée à La Réunion en raflant 2 prix lors de la rencontre internationale du développement durable organisée par le Club Export : celui du meilleur porteur de projet au concours ambition jeune Océan indien et celui du meilleur pitch élévator décerner par le public.

Son engagement pour la promotion et la valorisation des Comores lui a valu d’être parmi les 10 personnalités de l’année 2018 qui ont marqué le paysage comorien. Autant de distinctions qui prédisent un avenir florissant pour cette jeune femme dynamique et passionnée originaire des « Iles de la Lune » qui a tenté l’aventure de l’entrepreneuriat il y a 2 ans.

ADI : Est-ce que vous pouvez nous dire qui est donc Moufida Mohamed?

Je m’appelle Moufida. J’ai 35 ans. Je suis mariée et maman de 3 garçons. J’ai vécu une grande partie de ma jeunesse en France où j’ai passé un diplôme d’Etat en soins infirmiers orienté en santé mentale. Je me suis installée aux Comores, il y a bientôt 10 ans lorsque j’ai rencontré mon mari qui est chef d’entreprise d’une agence de communication. Arrivée là-bas après une période d’inactivité, j’ai intégré une des entreprises familiales où j’ai pu développer des compétences en gestion d’entreprise et management. Hyper active de nature, je me suis immédiatement investi dans des associations et institutions œuvrant pour développement socio-économique du pays tel qu’EFOICOM ou la Synergie Jeunes. J’ai participé avec des jeunes et des femmes à la création d’activités génératrices de revenu, dans la formation professionnelle et le leadership. Bien que j’ai moins de temps aujourd’hui je continue à le faire notamment à travers des initiatives telles que la 1re Édition de « 24 H pour entreprendre Comores » organisé par OIA group dans lequel j’ai participé en tant que coach. Je suis quelqu’un qui aime les rencontres enrichissantes et voir autant de jeune avec un si grand potentiel m’a réconforté. Je réalise que les Comores aussi se réveille et se révèle à l’image du continent africain.

ADI : Pouvez-vous nous parler de votre concept et comment est née votre entreprise ?

Je voulais avant tout créer un projet qui me ressemble, ou je pouvais allier ma passion et ma créativité dans quelque chose qui aurait du sens.

Avec CocoMoon nous proposons des soins de beautés naturelles pour les femmes noires et Afro, à la fois respectueux du corps, car nos produits sont sans agents chimiques ni parfum de synthèse et qui préserve l’environnement, car nous valorisons également les déchets issus de la production en faisant du combustible pour la coque ou même de la provende avec le tourteau, nous sensibilisons également sur la nécessité de s’assumer tel que nous sommes et ne pas se laisser enfermer dans des codes imposés poussant certaines à se mettre en danger en se dépigmentant ou en faisant l’usage excessif de produits nocif tel que le défrisage. Notre slogan est « Osez le Nature » et « Révélez votre Beauté ».
Dans la diversité que propose le terroir comorien, j’ai été particulièrement inspirée par le coco, arbre de vie par excellence, du fait de sa multiple opportunité de création et d’innovation qu’il offre pour répondre de façon durable au défi d’aujourd’hui et de demain. En cosmétique, c’est un produit exceptionnel car peut être décliner en gammes de soins capillaires et corporels selon les inspirations de chacun.

J’étais aussi cet enthousiasme par le potentiel évolutif et durable du projet car il faut savoir que tout s’utilise dans le coco du déchet a la coque, des feuilles au tronc etc. Et cela cadre bien avec mon mode fonctionnement actuel, car j’ai eu une réelle prise de conscience sur le mode de consommation que nous avions. Je suis très attentive aux produits que je consomme qui sont le plus possible locaux et bio que ce soit pour l’alimentation ou les soins de beauté en tant que grande adepte de la cosméfood et de low-cosmetique.
Le choix a été également motive bien sûr pour sa valeur culturelle car l’huile de coco fait partie des secrets de beauté ancestrale de la femme comorienne qui malheureusement été délaissé au profit de produits beaucoup plus nocifs mais qui jouissent de la réputation du « Made in Ailleurs ».

Je voulais montrer au Comorien qu’on pouvait utiliser des produits fabriqués au Comores dans des standards de qualités égaux aux produits exportés tout en participant à l’économie du pays.
Aujourd’hui, je suis vraiment heureuse de voir qu’il y a une prise de conscience et une participation active dans ce sens en termes de consommation locale.

ADI: comment un projet aussi innovant qu’ambitieux a-t-il été accueilli par la communauté comorienne ?

Je pense clairement qu’il y a un avant et après CocoMoon, car nous avons su redonner toute sa valeur à ce produit simple et multi-fonctionnel qui jusqu’ici était associe aux personnes démodées, âgées.

Personnellement, j’ai réalisé son efficacité grâce à internet quand j’ai arrêté le defrisage. Je chercherai le moyen de « dompter » ma crinière et j’ai vu à travers le mouvement Naturalista que l’huile de coco avait beaucoup de succès, car très efficace et adapte aux cheveux afro. Du coup, je me suis réconcilié avec cette huile si précieuse qui jusque-là ne faisait pas partie de mes produits favoris, car comme beaucoup d’autres, j’avais cette image péjorative du coco. Cette (re)découverte m’a donné envie d’aller plus loin.

Au début, je fabriquais mes produits pour le fun et par souci économique et j’ai commencé à le faire partager autour de moi et ça a plu. J’ai eu envie de partager ma passion à plus grande échelle et le projet a été tout de suite bien accueilli par le public. Je pense qu’au-delà de la qualité du produit ce qui a plu, c’est l’image positive et moderne que nous avons su véhiculer à travers la marque.

Beaucoup de jeunes femmes se sont reconnues dedans et surtout cela a permis de valoriser l’image de la femme comorienne au-delà des frontières, car nous avons eu la possibilité à d’exposés nos produits lors de salon à l’étranger. Pour moi ça été un grand soulagement de voir que les gens ont compris la démarche et ne sont pas restes bloquer sur les représentations négatives du coco. Et c’est un hommage au savoir-faire de nos « Koko » (aînée / grand-mère) qui avait compris les vertus de la nature.

ADI : après un accueil chaleureux de la communauté et une reconnaissance qui dépasse les frontières de l’archipel grâce à vos distinctions quelles sont vos perspectives pour CocoMoon ?

Nous envisageons de passer à la vitesse supérieure afin de répondre à la demande croissante. Pour cela, nous devons mécaniser notre production, car actuellement, tout est réalisé de façon artisanale.  En exportant la marque CocoMoon profitant ainsi de l’opportunité inouïe que nous offre l’ère du digitale.
Nous travaillons sur les déclinaisons de la gamme qui pour l’instant a été très bien accueillie par nos clientes dans l’archipel et de la diaspora, car très efficace pour les cheveux afro qui ont besoin d’une attention particulière.

Mais le plus gros du travail reste dans la sensibilisation des communes sur le reboisement des cocoteraies qui vieillissent. Notre mission est de sécuriser notre production tout en faisant en sorte qu’elle s’approprie ce patrimoine agricole afin qu’il soit un atout économique au regard des multiples secteurs concernés. (alimentation, artisanat, textile, énergie, etc.)

ADI : c’est un projet très ambitieux, comment faites-vous pour assurer la réalisation de vos projets et votre vie personnelle ?

Je pense que cela repose en trois mots : Organisation, Priorisation et Collaboration ! Et c’est autant valable dans la vie personnelle que dans la vie professionnelle.

Je ne travaille pas seule dans ce projet. J’ai une associée qui est ma cousine et sœur de cœur. Et j’ai la chance d’être entouré d’entrepreneurs dans ma famille donc ils comprennent ma démarche et m’accompagnent grâce à leurs conseils et leur soutien dans le processus de réalisation de ce projet. D’ailleurs, je ne le considère pas vraiment comme un travail ou une activité dans le sens traditionnel, c’est devenu un mode de vie dans lequel je m’épanouis dans ce que j’aime faire et aime partager. Mes enfants aussi sont très impliqués et inspirés. Ils aiment beaucoup observer le processus de fabrication, il leur arrive même de cueillir et collecter des plantes ou des graines pour que j’en fasse des « ingrédients ».

ADI : quel conseil donneriez-vous à ceux et celles qui souhaiteraient se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Qu’il faut oser se lancer. Suivre son intuition, sortir des sentiers battus et de sa zone de confort car c’est de la que naissent les plus beaux projets et les plus belles innovations. Choisir un projet en adéquation avec leur passion leur compétence. Faire les choses avec enthousiasme et conviction. Je leur dirais également de toujours se former, s’informer et être à l’écoute des besoins des autres pour mieux les servir, car c’est comme ça qu’on arrive à donner de la valeur à ce que l’on fait. En tout, je pense que c’est la clé de la réussite.

Pour plus d’info :

Emil : moufida.mohamed@cocomoon-beauty.com

https://web.facebook.com/Cocomoon-1884782145143362

Le financement : un frein récurrent à la création de startups en Afrique

Mille et un articles ont été rédigés sur le financement des entrepreneurs en Afrique. Force est de reconnaître l'importance d'apporter des solutions aux questions de ces jeunes entrepreneurs partout sur le continent, qui sont prêts à se lancer à l'aventure et à donner une chance à leurs rêves de se réaliser.

Je ne discrédite aucunement la plupart des articles écrits à ce sujet. En réalité, un bon nombre d'entre eux donnent effectivement de très bons conseils sur les moyens et les pistes à suivre afin de prétendre à un financement d'amorçage pour lancer sa startup en Afrique. Sans remettre en question la véracité de ces conseils qui, souvent, sont prodigués par des experts dans le domaine, la réalité d'une levée de fonds en Afrique reste loin d’être une partie de plaisir et demeure une exclusivité pour un pourcentage très faible de startups.

L'essence même d'une start-up est de rechercher, de tester et de trouver un modèle économique viable pour une activité au fort potentiel de croissance, et qui bien souvent n’existe pas encore. Tout nouveau besoin, toute nouvelle solution, tout nouveau service, la route peut parfois être longue et semée d’embûche avant de rencontrer le bon marché. Les startups sont caractérisées par un environnement assez instable et des changements constants. Contrairement à une PME, qui applique un modèle économique déjà existant, une startup, elle, cherche une toute nouvelle manière de créer, distribuer et capturer de la valeur, elle s'aventure par conséquent sur des terrains nouveaux et souvent risqués. Obtenir des financements est une étape primodiale pour les start-ups car elles travaillent à apporter des modèles disruptifs dans l’économie d'un pays. Obtenir ces financements reste tout aussi difficile à obtenir pour les startups que pour les PME, voire plus, en raison de la volatilité de leurs activités : parce qu’elles expérimentent leurs modèles et leurs produits,  elles peuvent pivoter de leur activité principale d'un jour à un autre pour mieux s’adapter aux besoins de leurs consommateurs.

En tant que 'Early Team Member' dans une jeune startup sénégalaise qui fournit de l'appui à la création d'entreprise, j’expérimente, au même degré que tout jeune entrepreneur tous les obstacles et difficultés du passage de l’idée au projet, quand on n’a pas  nécessairement le financement nécessaire pour fair tourner l’activité comme il se doit.  En me mettant dans la peau d'un jeune entrepreneur africain, je voudrais à présent parcourir les principales sources de financement proposées par l’auteur d'un article que j'ai lu récemment, et celles dont j'ai connaissance, afin de faire ressortir les avantages et inconvénients liés à chacune de ces options financières.

1/ L'apport personnel
Si je devais donner un conseil à un entrepreneur africain en recherche de financement, ce serait certainement d'injecter ses propres fonds dans son projet de création. À mon avis, rien n'est plus valorisant que le fait de commencer là où l'on est et avec ce dont nous disposons. Faire un apport personnel libère en outre des contraintes suivantes:

– Rembourser (cet argent est vôtre)
– Ralentir la création de votre structure (fonds d’amorçage? Non Merci!)
– Céder des parts de votre entreprise (contrôle Total)
Dépenses volatiles (prudence, c'est mon argent!)

Cette forme de financement a, cependant, elle aussi ses points négatifs. Rares sont en effet le jeunes fraichement diplômés et aspirants entrepreneurs qui ont suffisamment d’économies, ou qui peuvent prétendre à un prêt bancaire. Pour un peu qu’ils viennent de familles modestes, et alors le banquier suspectera que l’emprunt sera utilisé à d’autres fins qu’entrepreneuriales.


2/ Les concours de création d'entreprise
Ils sont très récurrents dans la plupart des pays africains. Ces petits concours avec de petites sommes à la clé permettent aux entrepreneurs novices de travailler pendant quelques jours sur la mise en place de leur projet entrepreneurial et de le présenter devant un jury qui, ensuite, désigne un gagnant sur la base de plusieurs critères tels que la pertinence de l’idée, la facilite d’implémentation, la viabilité du concept etc. Les avantages des concours de création d'entreprise sont:
– Le fait qu'ils ne soient pas très compliqués à remporter
– L’opportunité de valider ou d'améliorer une idée de projet
-L’occasion de rencontrer plusieurs potentiels co-fondateurs aux compétences complémentaires et de se forger un réseau.

Les principaux inconvénients des concours de création d'entreprise sont:
– Le montant des récompenses plutôt faibles
– Les retards de versement des fonds
– Les problèmes de choix des idées les plus pertinentes par le jury
– La phobie de se faire voler une idée de projet

3/ Les institutions de Micro-Crédit
Le micro-crédit est perçu comme l'un des outils les plus efficaces pour améliorer les perspectives économiques en Afrique. Les avantages du micro-crédit résident dans le fait que ce dernier n'est pas très difficile à obtenir et peut vraiment aider à lancer une activité dont les frais de lancement sont plus ou moins minimes (exemple : une petite exploitation agricole, un élevage de volaille) ; ceux-ci, ne sont, par ailleurs, pas des start-ups car ne présentent pas un fort potentiel de croissance.

D'un autre coté, les inconvénients de ce mode de financement sont que:
– Les prêts accordés sont assez limités et ne permettent pas de lancer des projets dans certains domaines d’activités comme les TICs, ou des domaines au potentiel économique encore en train d’être démontré
– Les prêts sont sur un court terme et doivent être remboursés assez vite.

Par ailleurs, la légitimité de ce type de financement est souvent mise en cause du fait de ses objectifs plus ou moins contradictoires. Le but de ces institutions est de démocratiser le financement et de le rendre disponible au plus grand nombre de personnes y compris les population vulnérables mais se retrouvent parfois à privilégier le profit au dessus de leur mission d'origine (la démocratisation du financement).

4/ Les Banques
Au cours de mes nombreuses conversations avec de jeunes entrepreneurs, dès que la question du financement se posait, il a toujours été question de recourir aux prêts accordés par les banques. Ce que nous semblons constamment oublier c’est que les banques ont besoin de sûreté et de stabilité. Business modèles en création, les start-ups sont par conséquent tout ce qu'il y a de moins sûr dans le monde complexe des affaires.
De plus, afin de bénéficier des prêts bancaires, d'importantes garanties sont demandées par les banques aux porteurs de projets pour pouvoir leur accorder un prêt. Un autre facteur déterminant pour obtenir un prêt bancaire est bien sur la qualité et la cohérence du business plan qui est présenté.

Les prêts bancaires offrent cependant deux avantages pour une start-up :
– La possibilité d’avoir à disposition un montant d'argent important et disponible immédiatement pour lancer ses activités, payer les premiers prestataires, stagiaires, fournisseurs (l’obsession du BFR alias le Cash)
– L’assurance pour la start-up de pouvoir financer ses ressources vitales que sont les locaux et le matériel de travail.

Cependant, comme tout autre moyen de financement, les prêts bancaires ont eux aussi leurs points négatifs. En effet, contracter un prêt bancaire demande d'avoir des garanties sures qui peuvent être mises en gage en cas d’insolvabilité du débiteur. En tant que jeune entrepreneur, il est plus qu’évident que nous ne pouvons satisfaire ce critère car n'ayant pas de possessions de valeur pouvant servir de garantie. À cela, s'ajoute la réticence des banques à avoir à faire aux jeunes porteurs de projet sans grande expérience.

 

5/ Le Capital Risque
Le Capital Risque est encore très peu répandu en Afrique. En développement progressif dans les écosystèmes d'Afrique anglophone, il peine à s'installer dans la zone francophone du continent. Encore appelé 'Venture Capital' en anglais, il est à l'origine du développement des plus grands écosystèmes entrepreneuriaux à travers le monde. Il consiste, en effet, à financer une jeune pousse (souvent dans le domaine technologique) à grand potentiel de revenu dans le but d'en retirer un profit supérieur à l'investissement consenti lorsque la start-up atteindra une valorisation financière significative. Les principaux avantages de ce mode de financement sont que:
– En plus du financement reçu, la startup dispose du large réseau professionnel et de l’expérience des investisseurs
– Ces investisseurs ne lésinent pas sur les sommes déboursées pour accélérer le développement d'une startup à fort potentiel.

D'un autre coté les inconvénients de ce mode de financement sont:
– Le fait que ce type de financement ne soit pas très développé en Afrique entrainant par conséquent une difficulté d’accès aux fonds.
– La présence d'un ou de plusieurs investisseurs dans le conseil d'administration de la future entreprise du fait du manque de liberté lorsqu'il s'agit de prendre des décisions cruciales pour l'entreprise.
− Financement réservé uniquement aux start-ups à très fort potentiel de croissance alors que les besoins existants dans l'environnement africain ne nécessitent pas forcément la création de projets à fort potentiel d'expansion.

Un autre moyen de financement qui n'a pas été mentionné dans l'article et qui présente un énorme potentiel en Afrique, c'est bien entendu, le crowdfunding. Le concept du crowdfunding est encore nouveau même dans des écosystèmes plus matures tels que l’Amérique du Nord et l’Europe. Appelé financement participatif en français repose sur le principe des petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Le principe consiste à faire appel à ses proches, à son réseau et à toute personne intéressée pour récolter une somme d’argent annoncée à l’avance dans le but de financer un projet déterminé (création d'un produit, mise en place d'un service etc.). La récolte se fait via une plateforme internet, généralement sur un laps de temps assez court et les contributions individuelles sont souvent peu élevées. Le crowdfunding représente une source de financement non-négligeable pour les entrepreneurs africains dans la mesure où tout ce dont ils ont besoin pour la mobiliser est une idée originale, un réseau à l’écoute et une communication percutante.

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Moussa Traoré est un jeune entrepreneur qui a mis en place la plateforme , une plateforme d'achat en ligne pour la diaspora expatriée qui s'occupe encore de leurs familles au pays. Moussa, pour financer sa jeune entreprise, a opté pour le financement sur fonds propres malgré les offres d'investissement qu'il a reçu d'entreprises telles que InnovaCom. D’après lui, on va voir un business angel principalement pour deux raisons : soit pour une levée de fonds dont on ne dispose pas ou alors pour partager le risque avec quelqu'un. Or, dans son cas, contrairement à beaucoup d'entrepreneurs africains, les fonds étaient disponibles et les risques, entièrement assumés. Il nous confie également que les principaux avantages du financement sur fonds propres sont la grande liberté sur la gouvernance de son entreprise et sur la stratégie à adopter, la simplification de la vente à terme de l'entreprise, la preuve de l'engagement de l'entrepreneur lorsqu'un jour il souhaite se faire accompagner par des partenaires financiers. D'un autre coté, l’inconvénient principal de ce type de financement est sans aucun doute la responsabilité de la totalité des risques encourus.

 

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Le studio de jeu vidéo camerounais Kiroo Games a été créé par un jeune entrepreneur du nom de Madiba Olivier. Apres avoir eu recours dans un premier temps au financement classique (crédit bancaire), sans grand succès, la jeune pousse a décidé d'ouvrir son capital a des investisseurs privés (particuliers, entreprises etc.) afin d'offrir à ces derniers la possibilité de prendre part au capital de la start-up. C'est bien plus tard que la start-up a découvert que leur mode de financement était en faite appelé 'Equity Crowdfunding', un moyen de financement généralement utilisé par les start-ups à fort potentiel de croissance. C'est donc grâce à cette technique que le studio a pu lever à ce jour plus de 120.000 euros, avec 220 parts vendues sur les 300 qui étaient mises en vente. L'avantage principal de ce type de financement est l'absence de barrières au financement, permettant ainsi à tout un chacun d'investir son épargne. Pour une entreprise, il n'est pas nécessaire d’avoir au préalable des garanties ou de l'argent en réserve pour prétendre à ce type de financement. A noter que la lenteur d’obtention du financement et le retour sur investissement qui doit se faire presqu'immédiatement sont les deux inconvénients de l’equity crowdfunding. Mais tout compte fait, il présente plus d'avantages que d’inconvénients et peut être une plus-value pour les jeunes entrepreneurs africains qui n'ont pas le privilège de se faire subventionner par l'Etat.                       

Les options de financement s'offrant aux entrepreneurs africains pour mettre en place leurs projets sont plutôt limitées. Celles à leur disposition comportent pour la plupart plus d’inconvénients que d'avantages. La rareté des fonds d’amorçage impacte fortement le taux de création d'entreprises et de start-ups sur le continent. Cependant, nous commençons à voir peu à peu un développement d’initiatives pour aider au financement de nouvelles entreprises, à l'image du Sénégal qui accueillera son premier fond d’amorçage dédié aux nouvelles entreprises technologiques dans le but de booster les initiatives entrepreneuriales. En espérant que d'ici quelques années, beaucoup plus de moyens de financement privés puissent voir le jour en Afrique subsaharienne pour aider plus de jeunes entrepreneurs à poursuivre leurs idées et à développer des projets de plus en plus innovants.

Ibrahima Gabriel Mall