La révolution cloud computing en Afrique

Le cloud computing désigne une innovation technique qui permet de stocker sur des serveurs à distance des données et traitements informatiques traditionnellement localisés sur des serveurs locaux ou sur le poste de l'utilisateur. En virtualisant et mutualisant les capacités de stockage, cette technique permet d'importantes économies d'échelle. De plus, le cloud permet à une entreprise ou un utilisateur individuel d'avoir accès à des services, des environnements, des logiciels qu'elle n'aurait pas forcement eue du fait des coûts associés (investissement, études, mise en oeuvre, maintenance…). L'avantage est de pouvoir s’affranchir des contraintes informatiques (choix du logiciel, installation, service interne informatique, mise à jour des éditeurs…).En gros, accéder à plus de services à valeur ajoutée à moins cher.

Il existe trois ensembles de Cloud computing :

IAAS (Insfrastructure As A Service) : Location de matériel (stockage, machine, etc…)
PAAS (Plate-forme As A Service) : Location d'une plate-forme louée à la demande.
SAAS (Software As A service ) : Location d'un service applicatif qui sera disponible uniquement via Internet. Exemple, votre logiciel de messagerie ne vous appartient plus, vous louez pour l'utiliser.

L'explosion du Cloud

A ce jour, près de 500 millions d'utilisateurs sont dans les "nuages". Cela prouve que les entreprises sont demandeuses et les prestataires informatiques prêts à vendre de tels services. Selon KPMG (cabinet d'audit et d'expert comptable), 80% des entreprises françaises auraient déjà démarré un projet en mode cloud. La tendance pour les quatre ans à venir serait une croissance à deux chiffres toujours selon ce cabinet. La partie qui va le plus décoller est sans conteste le mode PAAS (Plate-forme As A Service). Ce qui est intéressant de constater c'est que  les PME/PMI ne sont pas à la traîne dans l'adoption de cette technologique. Si les grands groupes passent en mode "Cloud" pour maîtriser leur budget et le réduire, les PME/PMI adoptent le "Cloud" pour la simplicité d'utilisation et un rapport coût/service plus pertinent que le mode licence classique. Selon Microsoft, le "cloud computing" est jusqu'à 40 fois plus rentable pour une PME, par rapport à la méthode traditionnelle de gestion d'un système informatique interne. Selon les estimations, le passage en mode "Cloud Computing" permettrait d'avoir une consommation d’énergie 38% moins importante par rapport aux système informatique classique. Une enquête a été effectué par le cabinet CSC basée sur un ensemble de 3645 utilisateurs du cloud et après utilisation, il apparaît que 82% d’entre eux indiquent avoir fait des gains financiers. 52% confirment avoir amélioré leur efficacité. Quand à la consommation d’énergie ils sont 64% à affirmer qu'une réduction de la consommation énergétique a été démontrée.

Le Cloud pour l'Afrique

Le cloud peut intéresser toutes les entreprises, petites, moyennes et grandes. L'informatisation des entreprises est forte en Afrique comme dans le reste du monde et prends des proportions de plus en plus importantes. De grands groupes sont déjà implantés en Afrique (IBM, Google, …) et il est fort à parier qu'ils vont surfer sur cette tendance pour séduire de nouveaux clients. Un article publié par ITmag.sn fait état de l'intérêt des professionnels du secteur en Afrique de l'Ouest pour cette technologie. Google, et son représentant pour la région Tidjane Deme, semblent être parmi les plus actifs promoteurs de Cloud dans cette région. 

Le cloud devrait aussi avoir un impact sur le développement des potentialités d'exploitation du web par les internautes africains. Par exemple, les blogs ou tout autre plate-forme de gestion de contenu utilisent aujourd'hui des services mutualisés (c'est-à-dire sur des serveurs partagé avec d’autre). Il est possible à tout internaute de se créer un compte en moins de 5 minutes et d'avoir accès à une interface d'administration et ainsi publier et être lu sur le net. Derrière tout cela nous avons des serveurs, un logiciel de gestion de contenu, un espace de données etc… Le cloud c'est cela aussi, avoir accès, presque sans le savoir à un ensemble de service et de fonctionnalité, qui se paient… évidement. Il ne faut pas oublier qu'en Afrique le réseau mobile a explosé et que les habitants ont plus de téléphone portable que de téléphone fixe. Le Cloud computing permet aussi l’accès aux données ou au services à travers n'importe quel support (PC fixe, PC portable, PDA, Smartphone…).

Autre exemple de l'utilité du Cloud, le stockage en ligne. Aujourd'hui le prix du stockage est dérisoire, par contre l'infrastructure pour stocker, dupliquer, garantir un rétablissement des données sans perte est important et c'est un métier à part entière. Avoir un système de stockage en ligne permettrait de s'affranchir de cet aspect et de dormir tranquille en cas de "problèmes informatiques" – Panne de PC, panne de courant, perte de réseau, etc…. Il n'est pas nécessaire d'avoir une connexion permanente pour effectuer un stockage.

Les limites du cloud computing

Reste que le cloud, pour pouvoir fonctionner correctement suppose d'avoir une liaison permanente à Internet, ce qui, comme tout le monde le sait est loin d'être le cas dans nos pays. Mais la bonne nouvelle, c’est que de Dakar à Djibouti, on observe que des efforts sont consentis par les acteurs des NTIC pour améliorer la connectivité. L’infrastructure existante utilisant la fibre optique a contribué à une utilisation optimisée d'Internet sur le continent au cours de ces deux dernières années. Le cloud est un marché à suivre de près et pour les directions informatiques il convient de se poser la question régulièrement pour voir si le passage en mode cloud est possible ou pas, souhaitable ou non. Le cloud reste une formidable opportunité pour une entreprise d'utiliser des outils de pointe pour la réalisation d'un projet en se focalisant sur son cœur de métier sans perdre du temps sur les outils. Le cloud peut aussi être un concept intéressant pour les étudiants, pour les créateurs d'entreprises. Sans investissements lourd initial (licence logiciel), les utilisateurs peuvent avoir accès à des services nécessaires à leur activité.

Reste que par définition, le cloud vous oblige à déporter vos données chez le prestataire de service. Mais avec un niveau de confidentialité à définir est-ce vraiment un frein ? Les prestataires de services se doivent de rassurer sur ce point. Aujourd'hui la plupart d'entre nous visualise leur compte bancaire via Internet et ne se pose plus la question de la sécurité. Reste qu'il faut évidement passer du temps à choisir LE bon partenaire informatique.

Trois SSII africaines spécialisées sur le cloud

Ajiel, SSII Marocaine, a lancé en 2007 le premier service cloud pour un logiciel de gestion comptable, financière et RH, à l’adresse des PME–PMI.
SMART HOST : start-up tunisienne a annoncé qu’elle sera le premier opérateur B2B entièrement dédié au cloud computing en Afrique du Nord.
SlapOS (Cote d'Ivoire) a mis en place un logiciel libre de cloud décentralisé. Ce système a été sélectionné par le Ministère de l'Intérieur de Côte d'Ivoire pour superviser ses centres serveurs et héberger 10 applications critiques pour 30 000 utilisateurs.

 

Philippe Jean

L’Afrique et les réseaux sociaux virtuels

Dans le domaine des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication, les réseaux sociaux sont venus apporter une nouvelle dynamique et de nouvelles pratiques d'utilisateurs, débouchant sur de nouveaux modes de vie en communauté. S'il existe plus de 700 sites de réseaux sociaux présents dans le monde, Facebook et Twitter restent les plus utilisés et une référence dans ce domaine. Un petit dernier commence à faire toutefois parler de lui, il s'agit de Pinterest qui propose une approche intéressante avec l'utilisation de tableau sur lequel les utilisateurs vont afficher des images, des articles qu'ils ont trouvés intéressants et souhaitent faire partager.

Le continent africain n'est pas rester à la marge de la vague des réseaux sociaux virtuels. Concernant Facebook, l'Egypte reste le 1er pays du continent Africain à utiliser ce site avec un peu plus de 11 Million d'abonnés à fin août. Loin derrière, en 2eme position se trouve l'Afrique du Sud avec un peu plus de 5 Million d'abonné. Voici le Top 10 sur le nombre de comptes Facebook en Afrique (situation à fin août 2012) :

 

Position

Pays

utilisateurs

1

Egypte

11 447 040

2

Afrique du sud

5 352 900

3

Nigeria

5 138 580

4

Maroc

4 746 580

5

Algérie

3 742 540

6

Tunisie

3 151 920

7

Kenya

1 596 040

8

Ghana

1 412 660

9

Congo

766 600

10

Ethiopie

661 520

 

Avoir un compte sur un réseau social c'est bien, mais l'utiliser et mettre à jour régulièrement des informations c'est mieux. Si on regarde les pays africains dont les utilisateurs ont mis le plus souvent à jour leurs informations personnelles, la palme revient encore à l'Egypte.

Du côté de Twitter, la situation est la suivante : 

 

Pays

Nombre de comptes 

Ghana

201.111

Kenya

125.000

Egypt

114.134

South Africa

85.322

Nigeria

83.205

Morocco

76.187

Tunisia

41.077

Algeria

37.828

Senegal

24.407

 

On remarque ainsi que les pays d'Afrique du nord sont les plus présents sur Facebook mais que sur Twitter ce sont les pays Anglophone (Ghana, Kenya…) qui prennent la tête. Pour le Kenya, cela s'explique notamment par l'impact d'Ushahidi (site qui est né en 2008 et a permis aux Kényans de s'exprimer suite aux violents affrontements lors des élections).

La croyance populaire veut que les hommes soient plus fréquents utilisateurs que les femmes pour tout ce qui touche les nouvelles technologies. Qu'en est-il réellement en Afrique ? Sur le top 10 des pays les plus représentés en Afrique sur Facebook, la moyenne est de 40% de femme utilisatrices. 51% des utilisateurs de facebook en Afrique du Sud sont pourtant des femmes. Dans ce même pays, c'est également une femme qui détient le record du plus grand nombre de tweets postés… 

Les réseaux sociaux africains

Ushaidi : C'est grâce à Ory Okolloh (voir article précédent) que ce site existe. Il a permis aux Kenya de communiquer sur les malversations lors des élections de 2008. Ce site permet aussi de créer sont propre blog, d'avoir une boite mail et un service d'envoi/réception de SMS 

Afrigator est un agrégateur de contenu, outil de création de blog.

Zoopy : il s'agit d'un site sud-africain de partage de vidéos construit un peu sur le modèle de YouTube. 

Star 53 : qui a pour phrase d'accroche : "le meilleur réseau social d'Afrique". Rien de moins !

Il existe aussi des réseaux sociaux spécialisé dans un domaine, par exemple http://jokkolabs.net/ qui est un réseau social spécifique sur la création et l’innovation. Il a été crée à Dakar au Sénégal. C’est un laboratoire d’idée tourné vers l’action. Une belle idée créée par Karim Sy.

Les réseaux sociaux en Afrique ont su s'adapter à la multitude de langues sur le continent. Facebook en tient compte qui propose une version en swahili, haoussa et zoulou. Google propose aussi depuis octobre 2010, un service appelé Baraza (qui signifie «lieu de rencontre» en swahili). Il est destiné à plusieurs régions du continent et est censé permettre aux internautes de dialoguer en posant et répondant à des questions d’intérêt local ou régional. Pour accroître la communication et le dialogue intra-continental, la création de réseaux sociaux « continental » ou « régional » est à privilégier car fait par les Africains, pour les Africains. Encore faut-il que ceux-ci soient connus et reconnus par les internautes sur le contient. Au-delà de l'aspect communication, les réseaux sociaux sont aussi une formidable manne commerciale avec le développement du commerce électronique (on parle de plus en plus de f-commerce par exemple : Facebook Commerce). Or, pour la mise en relation du commerce mondial, on peut penser qu'il vaille mieux utiliser les poids lourds du domaine au lieu de se battre à mettre de nouveaux réseaux en place. Ne serait-ce que pour avoir sous la main les millions d'utilisateurs déjà référencés !

Quoi qu'il en soit, l'Afrique n’a pas manqué le rendez vous des réseaux sociaux, bien au contraire. Au regard du réseau de connexion internet, elle fait même de très bons résultats à l'heure actuelle. A l'avenir, la surprise pourrait venir de l'outil d'accès en tant que tel. En effet, il va être plus facile et moins coûteux d'avoir un téléphone mobile connecté qu'un PC connecté. Pour avoir un bon réseau (social), il faut être constamment présent, régulièrement connecté, proposer du contenu pertinent, faire entendre sa voix. Or, des millions d'Africains n'attendent que l'outil qui leur permettra de porter haut et fort leur voix, et de se tisser de nouveaux réseaux sociaux. 

Philippe Jean

Trois entrepreneurs des TIC en Afrique anglophone

Herman Heunis, le créateur du concurrent de Facebook en Afrique anglophone

Cet ingénieur originaire de Namibie est le seul africain à pouvoir se vanter de tenir tête à Facebook ! En Afrique du Sud, il écrase le géant californien. Son réseau social Mxit (http://www.mxit.com/), lancé en 2003, compte aujourd’hui plus de 10 millions d’utilisateurs en Afrique du Sud là où Facebook peine avec 3,9 millions de comptes. En tout, en Afrique sub-saharienne, Mxit compte près de 24 millions d’utilisateurs et ne cesse de croître. Ce service permet aux utilisateurs d’échanger des messages (à l’image des tchat) sur téléphone mobile pour un prix beaucoup moins important que le prix des SMS classique (environ 1 centime contre 75 centimes…). Plus proche de la réalité africaine où le téléphone mobile fait office d'ordinateur portable (près de 500 millions de mobiles sur le continent), Mxit s’est imposé avec sa simplicité d’usage comme le maître des réseaux sociaux en Afrique du Sud. L'une des clés de son succès est que le service soit exclusivement proposé sur Mobile. Le parc des téléphones mobiles en Afrique du Sud est 8 fois plus important que celui des PC. Mixt a même conquis d’autre continent, puisque les consommateurs Indonésiens ont adopté ce service. Une simplicité à l’image de son fondateur, amoureux de la nature et des voyages en VTT. Herman Heunis vit et innove depuis Stellenbosch (en Afrique du sud), au milieu des vignobles. 

Chris Uwaje, le parrain Nigerian de la cybersécurité

Chris Uwaje est un personnage central et influent de la scène technologique africaine. Considéré comme le gourou de l’innovation au Nigeria, cet ingénieur informatique évolue depuis plus de trente ans dans le milieu des nouvelles technologies. Trente années à essayer de convaincre et d’évangéliser le Nigeria. Ce pionnier dirige l’entreprise Connect Technologies, et préside l’Institut des développeurs de logiciel du Nigeria (ISPON). Spécialiste de l’utilisation des technologies appliquées à la gouvernance, il est également l’un des premiers à avoir compris les enjeux de la cybersécurité en Afrique de l’Ouest. Il donne des conférences un peu partout dans le monde et sensibilise à la nécessité pour les Etats africains d’exister sur les territoires digitaux mais aussi d’être capables de s’y défendre et de contre-attaquer. Entrepreneur et militant de la cause technologique, il est certain que la création de logiciel et le développement d’un écosystème de codeurs africains pourra contribuer au développement économique du continent. «Les banquiers ont des banques, les professeurs ont des écoles…Mais les développeurs de logiciels n’ont pas de lieu consacré à leur profession», aime-t-il à dire en martelant que le développement de logiciel pourra générer des millions d’emplois au Nigeria.

Ndubuisi Ekekwe, la microélectronique au service des NTIC

La notice biographique de Ndubuisi Ekekwe indique qu'il détient deux doctorats (dont un en génie électrique et informatique de l'Université Johns Hopkins, Baltimore) quatre maîtrises et un MBA de l'Université de Calabar, au Nigéria, terminé en mars 2009. Il est le fondateur de l'Atlantique Semiconductors & Microelectronics Ltd (Fasmicro). C'est la première maison de conception de circuit intégré en Afrique . Il a aussi occupé le poste de Directeur de banque à la Diamond Bank of Lagos. Le Professeur Ekekwe est un inventeur – notamment titulaire d'un brevet américain sur une puce utilisée dans les robots chirurgicaux. Il a aussi rédigé une feuille de route sur la monnaie unique africaine où il a présenté cette étude à un congrès de l'Union Africaine. Il vit actuellement à Boston et a fait partie de l'équipe qui a créé le capteur XL à l'intérieur des iPhone et iPod. Il est l'auteur d'un document stratégique sur l'avenir de la microélectronique au Nigeria à l'horizon 2020 qui fait autorité dans le domaine.

Philippe Jean

Trois personnages du web au Kenya

Le Kenya est un pays pionner du web en Afrique de l'Est. Cela a été rendu possible par la technicité et l'esprit d'entreprise de quelques personnalités. Nous vous en présentons trois aujourd'hui, dont deux ont la particularité d'avoir été recruté par Google, entreprise phare du web mondiale, qui a fait du Kenya sa plate-forme pour l'ensemble de l'Afrique de l'Est, non sans que cela pose des questions. Le choix d'implantation de Google au Kenya est toutefois révélateur de l'attractivité de ce pays et de ses ressources humaines. Portrait de trois pionniers du web kenyan.

Joseph Mucheru : Ce Kényan de 42 ans a été formé en informatique et économie entre Londres et Stanford (Californie). Il débute sa carrière professionnelle en Angleterre, d'abord comme analyste et administrateur au département du Transport, à Londre de 1991 à 1992. Il élargit ses compétences avec des fonctions de manager de la communication et de webmaster dans différentes entreprises britanniques entre 1993 et 1997, date à laquelle il s'établit au Kenya . Il y crée sa première start-up en 1999, Wananchi Online, un portail d'accès à Internet, ce qui lui vaudra la réputation d'être l’un des pionniers de l’Internet africain. Le groupe Wananchi est désormais un leader du marché local de l'entertainment.
En 2007, Google recrute Joseph Mucheru qui devient ainsi le premier employé africain en Afrique de Google. Le choix de Google de prendre Joseph Mucheru comme son représentant au Kenya est un choix fort qui montre l’importance du personnage dans le monde de l’internet. L'ambition de Mucheru, qui rejoint celle de Google,  est de mieux structurer l'offre de contenu sur le web est-africain, et d'y faire progresser le commerce électronique (avec en ligne de mire l'augmentation des recettes de publicité sur le web).

Ory Okolloh : Cette kenyane de 33 ans est une gourou du crowdsourcing. Ce terme, qui pourrait se traduire en français par "externalisation ouverte", désigne la pratique qui consiste à utiliser la créativité, l'intelligence et le savoir-faire d'un grand nombre de personnes, des internautes en général. Il s'agit d'une dynamique émergente du management de la connaissance. Ory Okolloh occupe actuellement le poste de Policy Manager for Africa chez Google. Blogueuse, elle est la fondatrice de Mzalendo, qui se conçoit comme un outil de vigilance civique qui contrôle l'activité des parlementaires kenyans, leur assiduité aux séances, et met en lien les parlementaires et les citoyens.  Le crédo du blog collectif est ainsi décrit : "Nous considérons que les Kenyans n'ont pas seulement le "droit de savoir", mais doivent aussi prendre un rôle plus actif dans les choix d'orientation de leur pays – c'est notre effort pour faire mieux que juste se plaindre de comment les choses ne vont pas bien au Kenya".  Dans cet ordre d'idée, Ory Okolloh milite activement pour plus de transparence publique.

Avocate diplômée d’Harvard, elle s'est fait connaître au niveau international en 2007 avec le remarqué projet open source Ushaidi, qui a permis aux Kényans de signaler et localiser via leur téléphone ou Internet les incidents lors de la dernière campagne présidentielle agitée, en décembre 2007. Un outil qui a d’ailleurs été réutilisé au lendemain du tremblement de terre du 12 janvier 2010 en Haïti. Okolloh est une figure de proue de cette élite 2.0 africaine. Ci-joint, un lien en anglais dans lequel Ory Okolloh, invitée par la prestigieuse conférence américaine TED, présente son projet Ushaidi et l'impact de ce procédé qui peut faire de tous les citoyens des militants et des vigiles de la démocratie.  

Uhuru Kenyatta : Uhuru Kenyatta est ministre des Finances du Kenya. Si nous l'incluons dans ce classement, c'est parce qu'il est devenu un pionnier du budget en ligne. Il a utilisé Twitter et Facebook pour solliciter l'opinion des citoyens sur l'élaboration du budget national 2011/2012, présenté le 8 juin 2011 devant le Parlement. Non seulement cela a permis de montrer que beaucoup de ses compatriotes utilisent les réseaux sociaux, mais en plus cela a permis à Uhuru Kenyatta de se faire une e-réputation. Bien que ce mécanisme d'e-administration soit de plus en plus utilisé dans les pays du Nord, il semble que cela soit la première fois en Afrique. Jeune Afrique s'est fait l'écho de cette initiative.Si M. Kenyatta n'est pas un créateur du web, il en est un utilisateur pionnier à ce niveau de responsabilité. C'est également par l'évolution des usages des internautes que les NTIC progresseront en Afrique.

A noter que Uhuru Kenyatta est un probable futur candidat à la prochaine élection présidentielle au Kenya, et qu'il s'agit aussi d'un personnage controversé, impliqué dans le procès des Six d'Ocampo.

 

Philippe JEAN

 


Les personnages du web en Afrique de l’Ouest

Quels sont les personnages de l'internet et des nouvelles technologies de l’information en Afrique ? De par leur impact technologique, économique et social, ces personnes sont importantes, tant pour leur pays que pour le continent. Voici certains de ces acteurs, sans aucun classement, juste des gens intéressants. Régulièrement, je vous proposerai des personnages qui, malgré la piètre qualité des connexions, le coût pas forcement abordable des connexions internet, se sont fait un nom dans ce domaine qui n'est aujourd’hui plus la chasse gardée des pays développés…

Amadou Top : Pionnier de l’Internet au Sénégal

Amadou Top est présenté comme un gourou du web Sénégalais et même Africain. Il est présenté comme un "geek en boubou ". Amadou Top a été formé entre Dakar et la France à l'Institut national de recherche informatique et en automatique (INRIA). Il a commencé comme développeur, puis a fait parti de la société IBM en Afrique. Il y commence comme stagiaire puis analyste et enfin programmeur. En 1982, Amadou Top est choisi pour suivre une formation en France puis aux Etats-Unis pour apprendre à dompter le nouveau PC d’IBM. Il travaille en parallèle pour le ministère des Finances et contribue à informatiser les institutions sénégalaises. En 1987 il crée son entreprise ATI. En 1988 il remporte le prix du premier logiciel sénégalais. Lorsqu’il a découvert Internet, il a tout de suite compris la puissance du système. Même sans infrastructure interne, il a commencé à élaborer les prémices d’un journal en ligne. C'est grâce à lui que le Sénégal a mis en place l'observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal (OSIRIS). Aujourd’hui Amadou Top possède sa propre société à Dakar. Il est resté fidèle au continent et à son pays. Pour en savoir plus :  http://blog.slateafrique.com/africa-tech/

Jean-Patrick Ehouman : entrepreneur et acteur des NTIC en Côte d'Ivoire

Jean-Patrick Ehouman est né en Côte d’Ivoire le 23 Septembre 1981. En 2000 il arrive en France pour effectuer ses études universitaire. Il commence par la faculté de mathématiques et s'oriente ensuite vers un Diplôme Universitaire de Technologie en Génie Électrique et Informatique Industrielle. Il effectue ensuite une année de spécialisation dans les métiers liés au développement d’applications et au génie logiciel appliqué au Web et au mobile. A l'université de Marseille, il passe une année en Licence Professionnelle en Systèmes Informatiques et Logiciel. Il commence sa carrière comme développeur d’applications mobiles sur les technologies Java/J2E. En 2008, il crée en France la société AllDenY (http://www.alldeny.fr). La même année, il profite de sa société pour faire de l'off-shore en Côte-d'Ivoire. En 2009, il participe à la création de l'organisation non gouvernementale Akendewa. Cette organisation a pour but d’émuler l’industrie de l’internet et du mobile dans les pays d’Afrique Francophone. Initiateur de Barcamp Abidjan et co-fondateur de Africa Startup Challenge, Il écrit sur l’actualité des technologies sur Techmissus , un blog collaboratif qu’il a lancé en Décembre 2010. Jean-Patrick Présente au monde le meilleur de ce qui se dit sur l’Afrique via la plateforme Watsaa Watsaa initié en mars 2011.

Mamadou Léo Kéita : pionnier du commerce électronique en Afrique

Mamadou Léo Keita fait partie des pionniers du commerce électronique en Afrique. En 1999 il met en place un site de commerce électronique sur l'artisanat, la Galerie Indigo. Mr Keita a été directeur commercial de la compagnie internationale pour le commerce, le marketing et l'exportation, au Mali. Il a été choisi par l'Agence américaine de développement international (USAID) pour participer, aux États-Unis, à un programme appelé Entrepreneur International. La Galerie Indigo est une galerie d'art qui offre de nouveaux débouchés internationaux grâce à la vente en ligne. Cette galerie est la tête de pont d'un réseau d'artisans de toute la sous-région, en provenance du Burkina-Faso, de la Côte d'Ivoire et du Mali. La boutique de commerce électronique a généré en 1999 48 000 dollars US de revenus, dont 29 000 dollars provenant des exportations, soit cinq fois plus que le capital d'investissement initial. Mr Keita a su augmenter le périmètre de son site et propose sur les marchés chilien, péruvien et américain.

 

Philippe Jean

Internet en Afrique: état des lieux (2)

Pour mieux appréhender l'impact de l'internet en Afrique, il faut se centrer en premier sur le nombre de personnes qui l’utilisent. Quel est le pourcentage d'internautes en Afrique en fonction de la population ?
Un site nous donne toutes les informations nécessaires : http://www.internetworldstats.com/

Il apparaît tout d’abord que l’Afrique ne représente que 5.7% des utilisateurs dans le monde. 1 internaute sur 20 est africain, alors que la population mondiale est composée d’1 Africain pour sept personnes.

Quels sont les pays en Afrique qui utilisent le plus Internet ? Tout d’abord, voici le classement des 10 pays où il y a le plus d’internautes en Afrique, en chiffres absolus.

Cependant, lorsque l’on rapporte le nombre d’utilisateur à la population, voici les grands gagnants :

 

Maroc
41.3 %
Seychelle
38.0 %
Tunisie
33.9 %
Cap Vert
29.1 %
Nigéria
28.3 %
Egypt
24.5 %

 

 Le Sénégal qui est l’un des pays pionniers du Net en Afrique (articles à venir…) a un faible taux de pénétration de 7,3%. Pour information, en Europe, le taux de pénétration du Net est de 70% en France et de 46% en Grèce.

Pour se connecter à l’internet, il faut un PC mais aussi des offres d’accès à Internet dignes de ce nom, ce qui faut souvent défaut en Afrique. De ce côté, voici des bonnes nouvelles. Le schéma ci-dessous permet de visualiser les capacités réseaux actuelles des pays du continent, mais aussi les offres à venir.

 

Et combien ça coûte ?

Le tarif d'une connexion ADSL illimitée à Internet en 128 kbit/s au Togo, reste, à 45000 CFA par mois, de l'ordre de 70€ par mois… Plus d'un mois de salaire d'un employé togolais. Et l'on pourrait évoquer l'accès pro illimité 2 Mega, proposé à 960000 F CFA hors-taxes, soit 1500€ par mois, avec, tout de même, des garanties apportées sur le niveau de débit ! (source http://www.ariase.com/fr/news/afrique-internet-wacs-article-2549.html)

Tant que les offres seront aussi onéreuses, le pourcentage de pénétration de l’Internet ne décollera pas en Afrique. Mais pourquoi faudrait-il que les africains s’y mettent ? Une étude de la Banque Mondiale a démontré que chaque tranche de 10% de connexion à haut débit d'un pays se traduisait par une augmentation de 1,21% du PNB dans les pays développés et de 1,38% dans les pays en développement. (source : http://www.ariase.com/fr/news/afrique-internet-wacs-article-2549.html).

Philippe Jean