Les nouveaux défis de la santé en Afrique, quel rôle pour le numérique? – Livre blanc de la conférence annuelle 2017 de l’ADI

Dans un environnement d’extrême pauvreté, la maladie fait partie des principaux risques auxquels est confronté une part importante de la population africaine,[1] et ce, malgré des progrès significatifs enregistrés au cours des quinze dernières années. Selon les statistiques de l’OMS, l’espérance de vie à la naissance est ainsi passée de 44 ans en 2000 à 53 ans en 2015, soit une augmentation de 9 années.[2] Cependant, l’émergence économique de l’Afrique s’accompagne d’une augmentation de la prévalence des maladies chroniques[3] imputable aux nouveaux modes de vie et de consommation.[4] De même, l’explosion démographique, avec la concentration urbaine qui l’accompagne, augmente les risques d’épidémies, notamment de maladies infectieuses.[5]

Face à ces nouveaux facteurs de risque, l’Afrique accuse encore un retard en matière de politiques de santé, d’équipements, de personnels et de traitements. Par exemple, le nombre de médecins pour 1000 habitants a seulement cru de 0,1 point entre 1990 et 2011 en Afrique subsaharienne contre 0,9 point en zone Euro et 0,8 point dans l’OCDE.[6] Alors que les politiques publiques ont été principalement axées autour de la lutte contre le VIH-SIDA, n’est-il pas temps qu’elles intègrent les nouveaux défis en matière de santé auxquels les pays africains doivent se confronter ?

Pour répondre à cette question, L’Afrique des Idées organise sa 3ème Conférence Annuelle afin d’identifier les nouveaux défis en matière de santé en Afrique, de discuter des causes et de formuler des recommandations. Retrouvez les conclusions de ces échanges dans le livre blanc de la conférence.


[1] Selon les résultats de l’enquête Afrobaromètre de 2014/2015, la moitié des africains ont déjà renoncé à des soins de santé faute de moyens.

[3] Diabète, cancer, maladies cardio-vasculaires et respiratoires, etc.

[4] Le taux de prévalence des maladies chroniques non transmissibles est passé de 18,7% à 25% entre 1990 et 2000. BOUTAYEB A. “The Double Burden of Communicable and Non-Communicable Diseases in Developing Countries”. Transactions of the Royal Society of Tropical Medicine and Hygiene, 100, 2006, pp 191-199.

[5] Selon l’OMS, la plus longue et plus grave épidémie à virus Ebola a été enregistrée en Afrique de l’Ouest en 2014, avec plus de 150 cas recensés chaque semaine.

[6] Le nombre de médecins pour 1000 habitants est passé de 0,1 à 0,2 en Afrique subsaharienne entre 1990 et 2011 alors qu’il est passé de 3 à 3,9 en zone Euro et de 2 à 2,8 dans les pays de l’OCDE sur la même période. Données Banque Mondiale : http://data.worldbank.org/indicator/SH.MED.PHYS.ZS

Les usages du numérique dans le domaine de la santé en Afrique

Dans un environnement d’extrême pauvreté, la maladie fait partie des principaux risques auxquels est confronté une part importante de la population africaine,[1] et ce, malgré des progrès significatifs enregistrés au cours des quinze dernières années. Selon les statistiques de l’OMS, l’espérance de vie à la naissance est ainsi passée de 44 ans en 2000 à 53 ans en 2015, soit une augmentation de 9 années.[2] Cependant, l’émergence économique de l’Afrique s’accompagne d’une augmentation de la prévalence des maladies chroniques[3] imputable aux nouveaux modes de vie et de consommation.[4] De même, l’explosion démographique, avec la concentration urbaine qui l’accompagne, augmente les risques d’épidémies, notamment de maladies infectieuses.[5]

Face à ces nouveaux facteurs de risque, l’Afrique accuse encore un retard en matière de politiques de santé, d’équipements, de personnels et de traitements. Par exemple, le nombre de médecins pour 1000 habitants a seulement cru de 0,1 point entre 1990 et 2011 en Afrique subsaharienne contre 0,9 point en zone Euro et 0,8 point dans l’OCDE.[6] Alors que les politiques publiques ont été principalement axées autour de la lutte contre le VIH-SIDA, n’est-il pas temps qu’elles intègrent les nouveaux défis en matière de santé auxquels les pays africains doivent se confronter ?

Dans cette étude, nous proposons une réflexion quant au rôle que pourrait jouer le numérique dans le secteur de la santé en Afrique. Retrouvez ici l’intégralité du rapport.


[1] Selon les résultats de l’enquête Afrobaromètre de 2014/2015, la moitié des africains ont déjà renoncé à des soins de santé faute de moyens.

[3] Diabète, cancer, maladies cardio-vasculaires et respiratoires, etc.

[4] Le taux de prévalence des maladies chroniques non transmissibles est passé de 18,7% à 25% entre 1990 et 2000. BOUTAYEB A. “The Double Burden of Communicable and Non-Communicable Diseases in Developing Countries”. Transactions of the Royal Society of Tropical Medicine and Hygiene, 100, 2006, pp 191-199.

[5] Selon l’OMS, la plus longue et plus grave épidémie à virus Ebola a été enregistrée en Afrique de l’Ouest en 2014, avec plus de 150 cas recensés chaque semaine.

[6] Le nombre de médecins pour 1000 habitants est passé de 0,1 à 0,2 en Afrique subsaharienne entre 1990 et 2011 alors qu’il est passé de 3 à 3,9 en zone Euro et de 2 à 2,8 dans les pays de l’OCDE sur la même période. Données Banque Mondiale : http://data.worldbank.org/indicator/SH.MED.PHYS.ZS

Énergie en Afrique : Lumière sur les défis du secteur et les opportunités

Cet article est la synthèse de la conférence sur l'énergie en Afrique organisée par Terangaweb-l’Afrique des idées en partenariat avec Global Career Company lors du forum Careers in Africa à Paris le 13 Avril 2013. Il s’agit des points-clés des interventions de messieurs Bernard Duhamel et Thierry Téné sur les défis et les opportunités du secteur énergétique en Afrique.

Un défi de taille aux réponses multiples

Prévisions de l'évolution de la demande énergétique dans le mondeAvec une croissance annuelle de la population de 2,5%, une croissance économique de l’ordre de 6%,  un taux d’urbanisation d’un point tous les deux ans (41% d'urbanisation actuellement, 60% en 2060), l’Afrique est dynamique sur tous les plans. Cela est associé à une industrialisation et à une augmentation du niveau de vie, et se traduit nécessairement par une demande énergétique de plus en plus forte.

Il se trouve heureusement que l’Afrique dispose des sources d’énergie nécessaires pour y répondre : pétrole, charbon, gaz, nucléaire, géothermie, hydraulique, solaire, éolien et biomasse.

Actuellement le charbon et  le nucléaire sont surtout exploités en Afrique du Sud. L’essentiel de la production énergétique, sur le continent est d’origine fossile.

Les autres sources, à part l’hydroélectricité ne sont que très faiblement exploitées. Elles sont considérées comme chères et encore en phase de maturation technologique. Cela est vrai pour la technologie du solaire thermique à concentration (CSP) notamment, même si le coût du photovoltaïque est en baisse et que le continent dispose d’un gisement solaire très important.

La biomasse est elle aussi une bonne alternative lorsqu’on ne cible pas les cultures vivrières. Elle peut être utilisé dans des plateformes multifonctionnelles à l’échelle d’un village par exemple ou pour l’éclairage urbain.

Avec les cotes Atlantiques et de la Mer rouge, les couloirs du vent au Sahara sont une source importante d'énergie éolienne. Son industrie est mature et elle a atteint la parité avec les sources classiques en termes de coût d’exploitation. Toutefois le problème principal avec ces énergies alternatives est leur intermittence. Il faut un mix énergétique d'importants aménagements de façon à obtenir des réseaux performants et/ou interconnectés de façon à en moduler la production en fonction des fluctuations de la demande. La Géothermie quant à elle a un potentiel de 14GW notamment dans la vallée de rift.

Energy Demand Africa

Evolution de la demande énergétique en afrique d'ici 2040 (Exxon Mobile). Le Btu (British thermal unit) est une unité de mesure. La consommation énergétique d'un ménage nord-américainmoyen s'élève à 400.000 BTU par jour. Un quadrillion correspond à 1000 milliards.

Une crise de production ?

Le grand constat est le faible taux d’exploitation du potentiel hydroélectrique alors qu’il y a d’énormes gisements pour tout type de structure (grands barrages, moyens, mini…). La crise n’est pas uniquement celle de la production. Même lorsque les installations existent, elles sont inefficacement exploitées. L’exemple des grands barrages d’INGA (RDC) – potentiel de 40GW capable d’alimenter toute la sous-région mais dont la moitié des turbines est en panne, résume l’ampleur du problème. L’absence de maintenance des infrastructures existantes est un facteur important. Une crise en amont donc.

Se pose également la question des ressources humaines et du manque de compétences spécifiques à ce secteur. Et cela se vérifie à tous les niveaux: ingénieurs, techniciens, cadres, juristes…

Si la consommation électrique actuelle par tête d’habitant est très basse (à peine 150 KWh/ pers/an dans les pays sahéliens et moins de 1000 KWh/ pers/an), on peut s’interroger sur la capacité d’absorption : Est-elle liée au faible développement économique, ou à une production défaillante (pour des équivalences en termes de consommation électrique "ordinaire" de termes tels que kilowatt, gigawatt, etc. se reporter à cette fiche)

Il se trouve aussi que la demande en énergie est importante dans les régions densément peuplées (Afrique de l’est, Egypte). Ainsi, le développement énergétique en Afrique doit être pensé dans le cadre de programme de développement "intégrés". On ne peut pas uniquement se focaliser sur la production. L’expérience du Rwanda dans l’extension du réseau, en s’assurant de l’implication effective de l’ensemble des acteurs (gouvernement, des agences de développement, acteurs locaux, citoyens…) est une réussite.

Cesser les subventions…développer des alternatives

L’énergie coûte très cher et l’électricité particulièrement est inaccessible à une grande partie de la population pauvre. Elle est aussi curieusement trop subventionnée. Les subventions de l’énergie fossile coûte plus de 400 milliards de $ par an. En 2008 lorsque le baril du pétrole à atteint 147 $, elles étaient de 600 milliards $. Ces subventions faussent les calculs économiques et la rentabilité des investissements. Elles sont un facteur freinant le développement de l’énergie contrairement à la croyance populaire qui voudrait qu'une baisse des prix soit indispensable à l'amélioration de l'accès à l'énergie en Afrique. L’expérience montre que les consommateurs sont plus sensibles à un approvisionnement régulier qu’à un tarif bas. Cela relativise-t-il la cherté des énergies alternatives ?

Electricity generation

On ne pourra pas construire rapidement les infrastructures nécessaires à l’interconnexion des réseaux avec un prix de baril de pétrole très élevé pour pouvoir répondre à l’exigence de la demande énergétique. L’augmentation du prix du baril de pétrole entraine la compétitivité des énergies alternatives. Il faut agir pour les exploiter au maximum et localement si possible. 1 MW d’hydroélectricité coûte 1 à 3 millions de $ selon les régions du continent. Ces alternatives sont in fine plus rentables que les énergies fossiles maintenues sous la perfusion des subventions.

Quels plans ?

Les subventions annuelles de l’énergie fossile représentent le coût global pour assurer l’indépendance énergétique en Afrique dans les 20 prochaines années. La mobilisation des ressources passe d’abord par un assainissement du cadre réglementaire et un renforcement des capacités. Certains pays ont des plans de développement énergétique. Ces stratégies ne sont pas encore approfondies pour être efficace. C’est au niveau sous régionale qu’il ya un manque de coordination. Pourtant à cause des ressources souvent communes notamment pour l’hydroélectricité il est nécessaire de s’entendre sur des réglementations communes. C’est la garantie pour mobiliser les investissements privés ou développer des partenariats publics privés PPP. La mise en place des portefeuilles-projets à l’exemple du Maroc pour les énergies renouvelables offre une visibilité et une attractivité aux investisseurs.

Il faut avoir une vision globale et mettre le point sur la formation. Former toutes les compétences nécessaires à la réalisation mais aussi au suivi des projets structurants que  de lancer des grands projets entièrement réalisés de l’extérieur et qui échouent fatalement faute de cette prise en compte.

Et pour finir….RSE, fraude et efficacité énergétique

Pour lutter contre la fraude et répondre à la demande, une entreprise énergétique au Brésil échange des bons de consommation électrique contre des déchets ramenés par les ménages qu’elle valorise par la suite. C’est un exemple de la RSE d’une entreprise énergétique.

Pourquoi regarder seulement la production ? Il ya d’énormes efforts à faire en efficacité énergétique. En agissant sur les matériaux de construction, en regardant la consommation des bâtiments publics par exemple on aperçoit le potentiel énorme dans l’amélioration de la consommation énergétique en Afrique.

 

 


Bernard Duhamel: Consultant Sécurité Energétique – Energies Renouvelables (UA, ACP) et Vice President de l’ADEA (Association pour le Développement de l’Energie en Afrique).  Thierry Téné: Co-fondateur de l'Institut Afrique RSE et Directeur de A2D Conseil

 

 

 

 

 

Sources (illustrations) : Exxon Mobil The Outlook for Energy: A View to 2040

IEA Energy Africa Statistics on the Web: http://www.iea.org/stats/index.asp