TIC, Entrepreneuriat et les start-up technologiques

Notre précédent article sur les Télécommunications en Afrique dressait un panorama du secteur sur le continent, avec des chiffres témoignant de l’importance et de la croissance du secteur aujourd’hui et pour les années à venir. La croissance attendue du nombre d’abonnés mobiles en Afrique et le développement de la data vers des réseaux plus rapides (3G et 4G) font du secteur des NTIC un secteur privilégié par les entrepreneurs et startups africaines et les investisseurs.

La multiplication et le succès des incubateurs numériques dans les grandes capitales africaines témoignent de l’esprit d’entreprenariat et d’innovation qui se développe chez les jeunes africains. En particulier, l’Afrique du Sud, le Kenya ou le Nigéria sont des places incontournables dans l’écosystème de l’entrepreneuriat numérique en Afrique, de par le nombre de structures d’accompagnement (incubateurs, accélérateurs…), du nombre de startups qui voient le jour et des financements qu’attire le secteur. Les KINGS (Kenya, Côte d’Ivoire, Nigeria, Ghana et Afrique du Sud) représentent ces pays africains en plein essor économique, et porteurs du développement des NTIC et du digital, aussi bien dans la sphère entrepreneuriale que dans la cour des grands.

ntic

D’autres pays, comme le Maroc, Maurice ou le Sénégal ne sont pas en reste et attirent de nombreuses entreprises du secteur des TIC. En 2015, les investisseurs et les institutions d’aide au développement auraient accordé près de 185 millions de dollars de financement aux startups africaines.

 

Les principaux incubateurs numériques en Afrique

Afrique du Nord

Afrique de l'Ouest

Afrique de l'Est

Afrique du Sud

WikiStartp.tn

Flat6Labs.com

PlugAndPlayEgypt.com

Tahrir2.com

 

JokkoLabs.net

Cticdakar.com

iLabLiberia.org

MobileWebGhana.org

mFriday.org

CCHubNigeria.com

WennovationHub.com

ActivSpaces.com

Tekxl.com

IceAddis.com

iHub.co.ke

HiveColab.org

TheHubKampala.com

kLab.rw

Teknohama.or.tz

 

mLab.co.za

Google.co.za/Umbono

BongoHive.com

i-Hub.mg

 

 

Source : Etude Forbes Afrique 2015

 

En effet, aux quatre coins de l’Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest et Centrale, les entrepreneurs jouissent d’espaces d’échanges, de création et de développement, leur permettant de développer des applications et outils répondant aux besoins de la société et des consommateurs africains. Par ailleurs, l’organisation d’évènements, concours et Hackathons contribue à favoriser l’esprit entrepreneurial et à l’animation du secteur des TIC.

 

"Contraction de "hack" et "marathon", un hackathon est un événement lors duquel des équipes (composées de développeurs, mais aussi parfois de designers et de chefs de projet) doivent développer un projet informatique, en général un logiciel ou une application. Elles doivent le faire sur une période limitée, et généralement courte (une journée, une nuit, un week-end). Le but est donc de coder rapidement quelque chose de malin (d'où le "hack"). Il s'agit aussi de développer de manière intensive, sans s'arrêter (d'où le marathon). C'est aussi souvent une compétition festive à l'issue de laquelle un jury choisit et récompense des gagnants." Journal du net

 

Prenons l’exemple de Tekki48, un événement de 2 jours dédié aux startups organisé à Saint-Louis au Sénégal par le CTIC Dakar et Jokkolabs, en partenariat avec une université locale. L’événement a accueilli plus de 100 participants venus de tout le pays et 50 projets ont été pitchés devant un jury composé des acteurs clés de l’écosystème de l’entrepreneuriat au Sénégal. En particulier, depuis ces dernières années, les applications et startups technologiques à succès se concentrent sur des secteurs de l’économie dont le développement va de pair avec la croissance du continent. On retrouve ainsi des applications et plateformes dans les services financiers, avec l’essor des startups de la Fintech (M-Pesa, WeCashUp), du secteur de la santé, Healtech (JokkoSanté, Gifted Mom), de l’éducation, Edutech (WikiAfrica), de l’énergie et dernièrement, le secteur agricole (XamMarse, Trade at Hand).

Le point commun de ces startups technologiques à succès est l’aptitude qu’elles ont à allier esprit entrepreneurial et utilité sociale, ce qui leur permet non seulement de toucher un marché large, mais également d’attirer plus facilement des financements. Nous évoquons la question des financements à juste titre, car bien que le secteur des TIC soit prometteur en Afrique, les startups technologiques restent confrontées aux mêmes difficultés et contraintes que les startups classiques.

 

C'est aussi une question de financements et de ressources humaines!

En premier lieu, il n’est pas évident pour tous de trouver les financements nécessaires au développement de son projet. Prix, concours, emprunts ou Business Angels sont autant de pistes pour les entrepreneurs avertis, mais encore faut-il convaincre les investisseurs. Les structures d’accompagnement et de coaching jouent un rôle central sur ce volet, par le biais de l’incubation, des formations et ateliers divers. Par ailleurs, le développement de certaines plateformes requiert des compétences technologiques ou sectorielles (tel est le cas des startups technologiques dans le domaine de la santé ou des secteurs financiers par exemple), mais aussi commerciales et managériales. « Un technicien inventif et compétent est rarement un vendeur ou un homme d’affaires dans l’âme. », souligne Claude Migisha co-fondateur de The iHills Network, et membre fondateur de kLab, dans un article dédié au sujet.

Ces ressources humaines peuvent s’avérer difficiles à trouver et/ou coûteuses pour une jeune startup. De plus, les coûts de développement se répercutent parfois sur le prix du produit/service, ce qui limite son accessibilité à la population. Il convient donc que ces innovations technologiques, notamment celles ayant un impact social évident, soient accompagnées par le développement d’un environnement des affaires favorable ; on parle d’un accès facilité au financement, des infrastructures technologiques entretenues et la formation d’une ressource humaine adaptées. Au Kenya, suite à l’ICT Innovation Forum (Mars 2015), Bitange Ndemo, le précédent Secrétaire Permanent au ministère de l’information, de la communication et de la technologie, et Uhuru Kenyatta, le Président de la république, souhaitent faire du Kenya une « startup nation », par le biais de mesures encourageant l’innovation chez les jeunes, le financement de la recherche et du développement, dans l’optique notamment de créer des emplois.

 

 

Ndèye Fatou Sène

 

Sources

 

Les 10 jeunes entrepreneurs les plus talentueux d’Afrique

Ils sont jeunes, sont souvent partis de rien, ont parfois (déjà) connus plusieurs échecs avant de connaitre un succès. Et pourtant, ils ont réussis à créer des startups en plein développement créant des emplois et des perspectives dans leur pays d’origine.  

Zoom sur le parcours de dix jeunes entrepreneurs africains inspirés et inspirants !

1/ Momarr Mass Taal, 28 ans, Fondateur de Tropingo Foods, Gambie

Il aime dire qu’il a atterri dans l’entrepreneuriat par accident, à défaut d’une carrière dans l’administration… A 17 ans, Taal commence à imprimer des motifs sur ses t-shirts pour les personnaliser. Il commence ensuite à le faire pour ses amis, avant de créer sa propre marque de vêtements. Quelques années plus tard, il vend ses produits dans cinq pays d’Afrique.

Mais ce succès dans le textile ne lui suffit pas, et surtout n’exploite pas toutes les potentialités de son pays. Taal se lance alors dans l’agroalimentaire, en créant une entreprise de conditionnement de mangues et d’arachides. Tropingo Foods emploie aujourd’hui 140 personnes et exporte ses produits vers l’Europe et vers l’Asie pour un chiffre d’affaires de 1.5 millions d’euros par an.

2/ Mark Doumba, 29 ans, cofondateur de Clikafrik, Gabon

Alors qu’il se trouve à Dubaï, plusieurs amis de Mark Doumba lui demandent d’acheter et de leur délivrer certains produits. Réalisant la demande liée à cette situation, Doumba décide d’en faire un business : il recrute des personnes pour acquérir des produits de consommation et des pièces industriels à Dubaï, avant de les acheminer vers l’Afrique, essentiellement vers des PME et des consommateurs en quête de produits introuvables sur leur marché.

Les revenus de ce commerce explosent, permettant à Doumba de se lancer un fond d’investissements ciblant des PME en Afrique. Clikafrik compte aujourd’hui dans son portefeuille plus de 500 entreprises au Gabon et 200 au Sénégal, générant un revenu d’un million d’euros par an.

3/ Barclay Okari, 24 ans, Fondateur de Impact Africa Industries, Kenya

Okari a grandi dans un pays marqué par la violence, dans lequel, comme il le raconte sur sa propre expérience,  des enfants voient des cadavres sur le chemin de l’école, notamment durant les périodes électorales…   A l’âge de 11 ans, il commence à travailler dans l’entreprise familiale, et fonde à 15 ans sa première société, dans l’informatique. Celle-ci faillite au bout d’un an. Il récidive deux ans plus tard, également dans le domaine de l’informatique. Deuxième échec.

En 2010, Okari change totalement de secteur, en se lançant dans la fabrication de serviettes hygiéniques et couches bébé… Impact Africa Industries était né, et cette fois ci, il connaitra le succès. Son entreprise compte aujourd’hui plus de 80 salariés, et exporte ses produits en Ouganda et au Soudan du Sud, pour un chiffre d’affaire d’environ de 700.000 euros.

4/ Michael Muthiga, 29 ans, fondateur de Fatboy Animations, Kenya

Depuis sa plus tendre enfance, Michael Muthiga a développé une passion pour le dessin et la peinture. Ses parents furent impressionnés par son talent, mais craignaient que cette passion le conduise à l’échec scolaire. Pour tenter de « l’éloigner » littéralement des arts, son père l’a même transféré dans une école rurale. Paradoxalement, c’est là où il apprendra encore plus qu’en ville, grâce à un enseignant qui a remarqué son intérêt pour le dessin et lui apprit comment faire des dessins animés. Muthiga avait découvert sa vocation !

Il poursuivit sa formation dans ce domaine en apprenant à travers des vidéos en ligne libre d’accès. Après être passés par quelques jobs dans lesquels il économisait l’essentiel de son salaire, il réunit les fonds nécessaires pour acheter un équipement complet, et crée sa société en 2010. Fatboy Animations a percé dans le domaine de la publicité, accumulant les contrats. Avec son équipe de 9 personnes, il réalise aujourd’hui une dizaine de campagnes par mois.    

5/ Edwin Bruno Shayo, 29 ans, Fondateur de Smart Codes, Tanzanie

Il vendait des cassettes à 13 ans. Puis des CD à 17 ans. Après avoir réussi son acheter son premier ordinateur, il commence à faire des cartes de visites pour les entreprises, avant de se lancer dans la création de site web… Voilà comment Shayo a créé Smart Codes, une agence aujourd’hui spécialisée dans le marketing digital, qui emploie une trentaine de personnes et a un chiffre d’affaires de 300.000 euros par an. Ce succès lui a valu plusieurs prix et distinctions dans son pays, où il a été nommé « Young Achiever of the year » en 2015.

6/ Vital Sounouvou, 25 ans, Fondateur de Exportunity, Benin

L’histoire de Vital Sounouvou commence mal. A l’âge de six, il est atteint du paludisme. Le traitement qu’il reçoit lui sauve la vie mais le rend paralysé. Il continue d’utiliser des béquilles pour se déplacer. Ceci ne l’a pas empêché de faire des études et d’être diplômé.

Sounouvou a fondé Exportunity, une plateforme qui promeut les opportunités d’exportations en Afrique en mettant en contact producteurs et acheteurs sur tout le continent, et même ailleurs, à travers un simple téléphone. Exportunity compte 750 clients et une base de données de 85000 entreprises. Elle emploie 17 personnes.

7/ Joel Macharia, 29 ans, fondateur de Abacus, Kenya

A 29 ans, Joel Macharia a toute une vie entrepreneuriale derrière lui. Il a amassé beaucoup d’argent, a tout perdu, s’est endetté, et a tout reconstruit ! Il aime raconter qu’à l’âge de 8 ans, il revendait son déjeuner contre de l’argent, ou parfois des bonbons…

Macharia aime l’argent, et celui « l’argent des autres », comme lui disait son oncle. Ce dernier, travaillant dans le secteur bancaire, lui apprend quelques ficelles du métier. A 19 ans, il commence à mettre en pratique ce qu’il a appris avec l’argent de quelques personnes qu’il avait réussi à convaincre. Il joue en bourse et gagne, mais son business s’effondre en 2008, en grande partie à la suite des violences postélectorales qu’a connues le Kenya et de l’effondrement de la bourse locale.

C’est ainsi qu’il se retrouve fortement endetté, à l’âge de 22 ans, et contraint de travailler dans un autre domaine que ce qui l’intéresse. Juste le temps de « se refaire une santé » (ce qui prendra quand même 5 ans), et de lancer Abacus. Sa société de services financiers accompagne aujourd’hui plus de 3000 investisseurs.

8/ Sulley Amin Abubakar, 29 ans, fondateur de Zaacoal, Ghana

Trois personnes sont des sources d’inspiration pour Abubakar: Steve Jobs, Elon Musk, et sa grand-mère. Il place d’ailleurs sa grand-mère en tête de la liste, et dit avoir développée son esprit entrepreneurial en le voyant, en fil des années, vendre tout type de produit qui lui passait sous la main, des balais aux cigarettes.  

L’idée développée par Abubakar est  simple: recycler les déchets produits par les vendeurs de noix de coco dans la région d’Accra (il y en a plus d’un millier) pour en faire du charbon de bois. Une idée « verte » qui permet de traiter ces déchets dont la municipalité avait beaucoup de mal à se débarrasser. Cette idée est même devenue rentable, et sa production ne cesse d’augmenter!

9/ William Elong, 23 ans, Fondateur de Will & Brothers, Cameroun

William Elong voit les choses en grand. Et il avance très vite. A 18 ans, il obtient son premier diplôme en gestion. Cinq ans et quelques aventures plus tard, il décide de créer une société capable de montage de drones, destinée aussi bien aux usages civils (agriculture, médias, tourisme) que militaire. Son seul moyen au départ est une présentation Powerpoint…

Elong est aujourd’hui en pleine levée de fonds pour devenir le premier constructeur de drones au Cameroun, avec un projet de quadricoptére équipés de caméra haute définition capables de voler à une altitude de 500 mètres pendant une vingtaine de minutes.

10/ Uneku Atawodi, 28 ans, Fondateur de Bamboo Green Concepts, Nigeria

Atawodi a une passion: le polo. Elle l’a pratiqué en compétition et a beaucoup voyagé à cette occasion. Avec l’aide de son père, elle acquiert un hôtel à Abuja, et l’aménage pour la pratique du polo. Elle organise ensuite une levée de fond pour ouvrir un établissement similaire à Lagos, capitale économique du pays.

A travers à son expérience personnelle qui lui a permis de constater les difficultés à organiser une levée de fonds pour une PME, Uneku Atawodi lance une plateforme de crowdfunding, dénommée Malaik, sur laquelle près de 300.000 euros ont été levés en deux mois. Sa société, Bamboo Green Concepts, compte 67 employés à plein temps et plus d’une centaine à temps partiel.

 

Nacim KAID SLIMANE

Afrique: Entreprendre et Innover

Cover Sunayon MaiL’initiative associative SunayON a pour but la mise en lumière d’opportunités commerciales en Afrique sub-saharienne, dont les effets participeraient à l’accomplissement de la croissance de ladite zone. Ainsi à travers l’étude du contexte actuel et des mentalités des consommateurs africains, La Note Stratégique Economique (NSE) vous propose un ensemble d’articles pertinents. L’objectif étant de saisir chaque mois les grandes dynamiques psycho-sociales et macro-économiques du continent. Lisez l’intégralité de cette Notice Stratégique Economique.