Rencontre avec Olabissi Adjovi, fondateur de ouicarry.com

Bonjour Olabissi, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Je m'appelle Olabissi Adjovi, je suis d'origine béninoise et j'habite actuellement à Paris. J’ai fait mon lycée en Afrique du Sud dans un lycée français et après le bac des études d’ingénieur en génie électrique à Lyon en 2004. J'en suis sorti diplômé en 2009. Ensuite j’ai travaillé six mois au Bénin à Cotonou comme développeur informatique, je développais des logiciels de bureau pour  faire de la gestion de vente, notamment dans les pharmacies, pour tout ce qui concernait la facturation et la gestion de stock. Puis j’ai fais un master spécialisé sur l’entreprenariat à l'ESCP Europe en septembre 2010, dont j'ai été diplômé en 2012. A la fin de ce master, j’ai intégré l’incubateur pour jeunes entreprises de l’ESCP. Je suis arrivé en fin janvier et j'ai commencé mon projet en février 2012.

Peux-tu nous parler plus en détail de ton entreprise, et nous expliquer comment t'es venue l'idée de la créer ?

J’avais envie à la base de créer une entreprise, un esprit d'entreprenariat confirmé par ma formation. A partir de là, j’ai cherché les besoins. Un jour, j’avais un colis à envoyer à Cotonou et je n’ai trouvé personne ni aucun service pour envoyer facilement mon colis au pays. Mais il m'a fallu plusieurs mois avant d’être convaincu que cette idée pouvait être à la base de la création d’une entreprise. D'ailleurs, mon idée d'entreprise a évolué au fil du temps. J'avais à la base l'idée de mettre en relation des utilisateurs, de permettre à quelqu'un de se rendre disponible (je pars à Dakar à telle date) et de donner cette information à une personne qui aurait besoin d'un service de transport. Mais en testant cette idée, je me suis rendu compte que sans suivi de mon entreprise sur les questions d'assurance et de sécurité, ce concept aurait beaucoup de mal à marcher.

C'est donc en ayant mûri mon projet que j'ai fondé ouicarry.com. Ce site est l'interface qui propose du transport de colis totalement géré par mon entreprise. On propose un service de la même qualité que DHL mais en deux fois moins cher. Pour vous donner une idée des acteurs actuels de ce marché, il y a les transitaires (cargos maritimes, cargos avions), les transporteurs classiques (DHL, FedEx, La Poste) et les GP, qui sont des commerçantes, que l'on peut retrouver par exemple sur Paris à Barbès et Chateau-Rouge, qui font fréquemment des allers-retours entre la France et les pays africains, et transportent de manière plus ou moins informelle des colis. Mon positionnement sur OuiCarry se situe entre les GP et les transporteurs classiques.

Pour l'instant, je ne dessers que le Sénégal et donc m'occupe exclusivement de transports de colis entre la France et le Sénégal. Ce choix du Sénégal c’est fait un peu par hasard, parce que je me suis fait beaucoup d’amis sénégalais pendant mes études à Lyon, dont l’un a fondé une société de courrier pour entreprises à Dakar, "Speed Mail Service" . Cela a facilité la mise en place du service. C’est lui qui réceptionne à Dakar et fais la livraison, et moi du côté de la France. 3 millions de Sénégalais vivent en dehors du Sénégal, dont 19% en France. On se dit qu’il y a un marché potentiel.

Concrètement, comment se passe le fonctionnement et le développement de ton entreprise ?

Actuellement, je travaille avec mon stagiaire qui s’occupe du développement web et j’ai aussi un jeune web-designer en free-lance. Ce sont les deux personnes avec qui j’échange tous les jours pour faire avancer le projet. Pour le reste, je fais tout tout seul. J’ai bien envie d’élargir l’équipe, mais il faut encore que je développe mon chiffre d’affaire. Pour l’instant, mon besoin principal c’est un besoin de communication. Je passe beaucoup de temps ces derniers temps à être sur les réseaux sociaux pour faire connaître le service OuiCarry. L’idée c’est que ces tâches là de marketing et communication je puisse trouver quelqu’un pour s’en occuper à terme.

Quelles sont les difficultés que tu as pu rencontrer dans ton projet entrepreneurial ?

La communication, c’est pour moi le gros enjeu du moment. Je n’ai actuellement pas de gros besoins financiers, mais plus tard il en faudra. Je ne cherche pas encore à démarcher à ce niveau, mais d’ici le mois d’octobre je serai plus à même d’aller voir des investisseurs, en leur montrant des chiffres concrets sur ce que cette entreprise peut faire. Le personnel constituera le principal poste de dépenses de l’entreprise. Voilà pour ce qui concerne mon entreprise en ce moment. De manière plus générale, je dirais que c’est difficile d’entendre ce que les gens pensent de ton projet. Mais c’est aussi super important d’en parler avec des gens sceptiques. Les gens qui n’ont pas cru au démarrage du projet au début sont les mêmes qui m’encouragent aujourd’hui. Il faut croire en l’idée et ne pas s’arrêter pour de mauvaises raisons. Il y a des gens qui m’appellent tous les jours pour envoyer des colis, donc je me dis qu’il y a quelque chose à faire. Des conseils de gens d’expérience c’est toujours bon à prendre, mais il ne faut pas non plus s’y arrêter. Enfin, dans tout projet, l’équipe c’est ce qu’il y a de plus important. Une mauvaise équipe n'ira pas loin même si l'idée est bonne, alors qu'une bonne équipe ira loin même avec une mauvaise idée.

Qu’est ce que tu conseillerais aux jeunes qui voudrait entreprendre comme toi ?

J’ai hâte de réussir pour pouvoir donner des conseils ! On écoute plus les grandes réussites que l’entrepreneur de l’épicerie d’à côté. C’est en tout cas une nécessité pour nous autres africains. Les PME, c’est ça qui crée de l’emploi, qui fait bouger l’économie. On a besoin de faire du neuf, et on doit profiter du fait que notre continent soit un continent jeune au niveau économique. Il y a aussi en France un vrai engouement par rapport à l’activité entrepreneuriale, il y a beaucoup d’encouragements dans les écoles de commerce pour que les étudiants se lancent et il y a des structures comme les incubateurs pour soutenir les jeunes. C’est une manière de réagir à la période de crise que l’on traverse, on se dit qu’il faut soutenir l’invention qui fera le système économique de demain. Le plus dur c’est de démarrer, c’est pas facile. Mais pour le début, il faut tester l’idée. J’ai un ami ingénieur qui a créé une marque de vêtements en la distribuant à ses amis, voir comment ils réagissaient, avant de se lancer. Il faut vraiment tester son idée avant de vouloir se lancer à plus grande échelle. C’est ce que tous les professionnels disent : tant que t’as pas rentré le premier euro, ça ne sert à rien d’essayer de démarcher des investisseurs ou de convaincre d’autres personnes de t'aider. Faut commencer, faut démarrer.

C'est quoi les futures étapes de développement de 0uiCarry ?

J’aimerais élargir le service à d’autres pays d’Afrique, mais chaque pays est un nouveau challenge, parce que les réalités changent d’un pays à l’autre, notamment concernant le bon contact à trouver sur place. Je pense aussi avoir un interlocuteur fiable au Bénin. Mais pour les autres pays, quand on est à distance et qu’on ne connait pas les gens, c’est pas facile de nouer un cadre de confiance. Concernant le cadre réglementaire, c’est pas le grand problème, c’est plutôt de trouver des gens avec qui travailler. Pour le Cameroun, je cherche à m’y développer mais je n’ai pas encore de partenaire sur place.

Je pense aussi qu’il y a un vrai potentiel pour le transport de colis intra-africain où il y a d'ailleurs plus de trafic. Même du côté de l’Afrique de l’ouest, intra-UEMOA, je pense qu’il y a un vrai besoin et un vrai potentiel de création de liens entre les villes de la zone. J’essaye déjà de faire avec là où je suis, mais je ne m’interdis rien pour l'avenir.

 

Propos recueillis par Salimata Sow et Emmanuel Leroueil

5 entrepreneurs sociaux qui font bouger l’Afrique

Les entrepreneurs sociaux mettent en œuvre des solutions innovantes et pragmatiques aux problèmes sociaux en s'attaquant aux causes profondes et en créant une vraie transformation sociale.

Cinq Africains ont été nommés Entrepreneurs Sociaux de l'année 2012 le mois dernier lors du Forum économique mondial sur l'Afrique à Addis-Abeba, en Ethiopie. Les Prix sont décernés par la Fondation Schwab pour l'entrepreneuriat social et ont été présentés par Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du Forum économique mondial. La Fondation Schwab a été créée en 2000 et a été d'identifiée comme leader mondial de l’entrepreneuriat social dans plus de 40 pays à travers le monde. Parmi les cinq lauréats de l'année 2012, on compte deux entrepreneurs d'Afrique du Sud, une venant d'Ethiopie, un du Rwanda et une équipe de deux entrepreneurs opérant au Burkina Faso.

Bethlehem Tilahun Alemu, Co-Fondatrice et Directrice Générale, soleRebels, Ethiopie

L’entreprise soleRebels recycle des pneus de voiture pour en faire des semelles en caoutchouc à partir desquelles elle fabrique des chaussures élégantes, durables, et respectueuses de l'environnement à destination des marchés internationaux. soleRebels offre une formation et un emploi à des centaines de travailleurs défavorisés en Ethiopie, en misant sur le riche patrimoine artisanal du pays et la création d'un nouveau modèle d’ emploi pour les entreprises locales. La société, qui avait déjà été finaliste des Africa Awards 2011 pour l'entrepreuriat, utilise principalement des méthodes respectueuses de l'environnement et s'engage à une empreinte zéro carbone.

Sameer Hajee, PDG, Groupe Nuru Energy, Rwanda

Le groupe Nuru Energy travaille avec des micro-entrepreneurs pour diffuser ses diodes lumineuses Nuru, qui produisent jusqu'à 26 heures de lumière rechargeables à un sixième du coût du kérosène. Elles peuvent être rechargées hors-réseau, à l’aide d’une plateforme à pédales. A ce jour, Nuru Energy a mis en place ses produits dans 70 villages et a vendu 10.000 LED Nuru. Beaucoup de maisons en Afrique ne sont pas connectés aux réseaux électriques.

Paul Scott Matthew, directeur Afrique, North Star Alliance, Afrique du Sud

Dans les années 1990, Paul Matthew a noté les impacts alarmants de VIH / SIDA sur les travailleurs ambulants tels que les chauffeurs de camion et s'est rendu compte que ces travailleurs n'avaient pas accès aux soins de santé de base. North Star Alliance offre aux travailleurs mobiles et aux communautés liées un accès continu de haute qualité à la santé et aux services de sécurité à travers un réseau de cliniques reliées entre elles connu sous le nom de « Roadside Wellness Centres ». Depuis l'ouverture de son premier centre en 2005 au Malawi, le réseau de North Star s’est étendu à 22 centres dans 10 pays.

Andrew Muir, Directeur exécutif, Fondation Wilderness, Afrique du Sud

La Fondation Wilderness, créée en 1972, intègre des programmes de protection de l’environnement au travail social et éducatif. Elle a formé des milliers de jeunes à devenir des leaders communautaires et des gardiens du parc national. Plus de 100.000 jeunes défavorisés / vulnérables ont bénéficié de la Fondation Wilderness à travers ses interventions sociales et ses programmes d'éducation environnementale. Les activités de la fondation Wilderness ont permis de réhabiliter plus de 200.000 hectares de nature sauvage africaine et ces zones ont été étendues dans l'intérêt de la conservation et la protection de l'environnement.

Seri Youlou et Thomas Granier, co-fondateurs de l'association La Voûte Nubienne, Burkina Faso

Seri Youlou, agriculteur burkinabé, et Thomas Granier, maçon français, ont construit une maison à voûte nubienne au Burkina Faso il y a 10 ans. En formant des agriculteurs à la construction de maisons voûtées avec des toits en terre, l'association fournit à un prix abordable des solutions de logement écologiquement durable qui constituent une source de revenus pour les agriculteurs au cours des saisons maigres. « Au Sahel, c’est la seule alternative à l’utilisation de bois rare et de tôles inadaptées – chaudes et chères – qui obligent les populations à une architecture les enfermant dans un cercle vicieux de pauvreté », notent-ils sur leur site internet. Aujourd'hui, plus de 200 maçons ont construit environ 1300 maisons à voûte nubienne en Afrique de l'Ouest.

Hilde Schwab, présidente et co-fondatrice de la Fondation Schwab pour l'Entreprenariat Social, a commenté dans un communiqué de presse : « L'Afrique a connu une croissance considérable au cours de la dernière décennie. Les entrepreneurs sociaux utilisent des approches innovantes pour étendre l'accès aux soins de santé, à l'éducation, à l'énergie et au logement pour les populations marginalisées qui ne peuvent être incluses dans les marchés traditionnels. Ils veillent à ce que la croissance, telle que connait Afrique, soit et reste inclusive. »

Leyla Traoré, article initialement paru chez notre partenaire Next-Afrique

Tidiani Tall, un entrepreneur africain

Monsieur Tidiani (Jeff) Tall est un ingénieur diplômé de l’Ecole Polytechnique (Paris), entrepreneur en série et auteur de l’essai Réparer l’Afrique, une bonne fois pour toutes.

Bonjour M. TALL, Pouvez-vous nous présenter votre parcours universitaire et professionnel ?
Mr Tall : Né au Mali et de père diplomate, enfant, j’ai connu beaucoup de pays. Pour que je me fixe quelque part, mon père m’envoya en France où je fis les Classes Préparatoires au Prytanée Militaire de la Flèche dans la Sarthe. Je réussis à intégrer l’Ecole Polytechnique en 1990 après une 5/2 en tant que français. Après une spécialisation à l’ENSPM (Ecole Nationale Supérieure des Pétroles et Moteurs), j’ai débuté ma carrière chez Morgan Stanley (Banque d’affaires) à Londres en tant qu’analyste pendant deux ans. Par la suite j’ai démissionné et suis retourné au Mali monter une boîte de transports de carburant dans le domaine de la raffinerie. Face à un climat peu propice aux affaires (concurrence du secteur informel etc.), cette expérience n’a duré que trois années. Porté par la vague des dotcom (.com) à la mode, je créai une start-up Espirituality.com, aux Etats-Unis, qui n’a pas survécu à la bulle technologique des années 2000. Après un passage chez Roland Berger à New York en tant que consultant en stratégie pendant deux ans, j’ai travaillé à Dubaï dans un cabinet de marketing pour me rapprocher un peu plus de ma famille. Depuis début 2010, je suis en poste chez un leader mondial des matériaux de construction en temps que Vice Président afin de développer la partie vente et logistique en Afrique Subsaharienne.

De nos jours, on fait la promotion de l’innovation et de l’entreprenariat dans nos écoles. En temps qu’entrepreneur en série, quels conseils donnez-vous aux entrepreneurs en herbe ?
Mr Tall : Entreprendre sans expérience préalable n’est pas très raisonnable, ce fût mon cas. Il est préférable d’acquérir d’abord de l’expérience et de nouer des relations professionnelles avant de lancer une entreprise. Créer une start-up en Afrique requiert aussi de bien connaitre son secteur et d’y investir que si on trouve un réel besoin non satisfait ou mal satisfait par le marché. En fin de compte, je vous conseille de n’entreprendre que si vous êtes passionné et que vous ne pouvez pas vous empêcher de vouloir créer du travail, des produits et du profit. L’écosystème de l’enseignement supérieur français fait qu’en moyenne, on gagne plus si on suit un parcours classique.

A votre avis l’entreprenariat a-t-il changé au fil des années ?
Mr Tall : Oui. Le coût d’entrée dans une activité commerciale est devenu moins élevé. Avec une dizaine d’euros et quelques heures, on peut acheter un nom de domaine et produire du contenu original. Ca permet entre autres de tenter quelque chose en gardant son boulot ou en continuant ses études.

D’ où vous est venue l’idée d’écrire votre livre ?
Mr Tall : C’est venu avec la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de la Guinée en 2008. Ce pays démuni n’avait honnêtement rien à célébrer avec une telle situation économique. C’était aussi un moyen de dire aux dirigeants africains qu’on n’est pas satisfaits de leurs actes.

Vous dédicacez votre livre à certains africains en écrivant : <<A tous mes amis africains qui ont rejeté toute participation aux systèmes corrompus et immoraux qui ont pris en otage tout un continent, au prix de sacrifices personnels incommensurables. On vous a traité de fous à lier, de perdants, d’aigris ou de doux rêveurs. En ce jour, je vous salue>>. Pouvez-vous commenter ces propos ?
Mr Tall : J’ai beaucoup d’admiration pour les … idéalistes. J’utilise ce mot pour résumer ma pensée. J’admire ceux qui ont su garder et qui gardent encore leurs principes dans un milieu hostile où il n’y a pas vraiment de gendarme. Je voulais féliciter ceux-là dans mon livre parce qu’on entend rarement parler d’eux.

En lisant votre livre, on se rend compte que vous vous basez sur deux piliers : la jeunesse et les nouvelles technologies de l’information. Pourquoi ce choix ?
Mr Tall : Je pense que vous, la jeunesse actuelle, êtes une génération sans complexes. Vous n’avez pas le complexe du colonialisme, du blanc et vous êtes aussi plus exposés au reste du monde grâce à la technologie. Vous savez, la technologie est un outil qui supprime la censure. Prenez le cas de mon e-book (livre électronique), une fois diffusé, c’est très difficile de stopper sa diffusion. Sans le net, il n’aurait été lu que par ma famille proche par exemple.

Vous écrivez dans votre livre que votre vœu est qu’il soit une sorte de livre viral dont le message contaminerait tous les décideurs africains en même temps. Le retour que vous avez reçu à-t-il répondu à vos attentes ?
Mr Tall : L’écho des moins de 25 ans a dépassé mes attentes. Par contre, du côté des décideurs, j’ai été déçu. J’ai pensé mon livre comme un facteur de déclenchement. En Afrique, on est à l’heure des activistes. On a besoin d’une « bourgeoisie éduquée » qui anime les foules pour bouger les choses. Einstein disait que « La folie est de toujours se comporter de la même manière et de s'attendre à un résultat différent ». Mon livre fait appel aux activistes en leur répétant des idées classiques. Mais je pars sur le principe que si telle chose arriverait, les conditions seraient bien meilleures. Le printemps arabe a eu le mérite de donner la démocratie aux pays du Maghreb et de rendre les dirigeants africains moins arrogants. Actuellement, je ne suis pas un homme politique ; aux activistes de nos pays de prendre le relais !

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants africains en France ?
Mr Tall : Je leur dirai d’être pragmatiques et surtout de chercher à se construire. Ils doivent chercher l’expérience là où ils peuvent. Que ça soit en Malaisie, en France ou ailleurs en attendant de meilleurs auspices. Prenez l’exemple des Indiens et des Chinois. Ils peuvent rentrer chez eux actuellement car leur système est prêt. Ce qui n’est pas encore notre cas. Pour ceux qui retournent maintenant, c’est un choix que je respecte bien sûr. Je pense que l’heure est plus aux activistes et à ceux qui ont un tempérament pour la confrontation. Les étudiants ont plus intérêt à se former davantage, au risque d’un taux d’échec élevé car le système n’est pas encore prêt .Entre temps, les choses auront bien évolué en Afrique.
Permettez-moi de revenir sur l’entreprenariat. D’habitude, on insiste sur l’importance des langues étrangères mais on oublie la comptabilité. C’est le langage des affaires. Plus vous montez au sein d’une entreprise, plus les chiffres deviennent importants. Dans les écoles en France, les étudiants ont tendance à la regarder de haut. Donc, je vous dirai : apprenez la comptabilité et pratiquez-la !

 

Interview réalisée par Moustapha Sène et Abdoulaye Ndiaye

 

Pour aller plus loin: http://www.fixingafrica.com/fr/ et http://www.africa2030.org/

 

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