The Iroko project: The Crowd lending Pioneer in West Africa

The Iroko project is the first crowdlending platform in West Africa. The objective is to allow individuals to lend their savings directly to small and medium-sized companies in West Africa, for a fixed term and interest rate.

The project:

The project was created by two former students of Paris HEC (who graduated in June 2016), passionate about the dynamics and stakes that cross the African continent, especially West Africa.

Their work is based on a threefold observation: in the coming decades, the creation of millions of jobs represents a major challenge of the region, but SME’s are the main levers of job creation. However, these companies often lack the necessary funds for their development. This is the famous “missing middle” or “missing link” of financing. Since September 2015, they have been working on the opportunity of crowdfunding for small and medium businesses from West Africa and they conducted a feasibility study in April/May 2016 in Senegal and Ivory Coast. This study led to partnerships notably with Cofina group and Lendopolis (KissKissBankBank Group).

There were 3 objectives: to develop a legal operational model in the West Arican legal framework (there is no regulation on crowdlending in West Africa yet), to gauge the SMB and lender's interest in the service and to create strategic partnerships with local institutions. Then, they  presented and published their report (which is available on their website) and went back in October to start their activity.

The aim of the pilot stage (october to march) is to realize the three first lendings of about 30 millions CFA francs each. The first collection will start after the first project presentation during the launching event in Dakar on November 15th. They also joined the Cofina Group business incubator in Dakar.

Function and business model

The pivot of their model is their partnerships with agencies that assist SME’s, such as the Entreprise Upgrading Office or the ADEPME in Senegal. Every small and medium business funded is supported and  tutored by these agencies for at least a year.  These provide quantitative and qualitative information on the companies they assist and act as trusted third parties. The applications transmitted by these agencies are then reviewed by the Iroko Project team, and for those selected, presented to the lender community. The needs of the projects funded, vary between 10 and 100 million CFA francs. If the needs are more substantial, they can be complemented with a traditional bank loan. Once the project is presented online, lenders choose individually if they want to contribute, depending on the quantitative and qualitative information available on the company and its team. They also decide the amount they want to lend: between 100 000 and 2 million CFA francs. During this phase, lenders have the possibility to exchange with the manager and ask questions about the company activity. Data on social and environmental impacts are also highlighted, following the setting up of credit are also highlighted. These include: number of jobs created, reduction in the use of fossil energy, impact on local products etc. Once the collection is completed, the credit is disbursed and the reimbursements start. The proposed remuneration to lenders equals the credit interest rate and is around 9 to 14% each year.

The service proposes a complementary source of financing and a performing savings product, affordable for individuals. Once the credits have been set up, the Iroko project teams are in charge of following up the reimbursements and the possible recovery in partnership with the agencies. Concerning the default risk, as a last resort, it is supported by the lenders who are actually paid for the risk taken.

The economic model relies on the amount drawn during the credit setup, incurred by the company at a rate of 4,5 % of the total credit amount.For the lenders, the service is free and joining the community is very simple. Iroko project is open to every resident having a bank account in CFA francs. The only documents required are an ID and and bank transfer information.

Conclusion

The goal is to create a dynamic network where lenders and borrowers coordinate their funds, competence and know-how to encourage the development of the West African economic structure. The team is aware that their service targets the West-African privileged part of the population who have a strong savings capacity.   Developing innovative and popular payments channels such as mobile money is a priority.  However, these solutions are still very expensive and very difficult to bear by the parties at stake (SMB, lenders, Iroko Project).

Finally, the team hopes that their initiative helps the implementation of a specific regulation for crowd lending in this region. That is the reason why they discuss with the Senegalese authorities and the UEMOA zone to support the reflexion in that way.

The official project launching is scheduled on November 15th 2016 in Dakar.

You can contact the Iroko project team at contact@iroko-project or on Facebook and Twitter

Translated by

Anne-Sophie Cadet

Le numérique peut-il vraiment changer votre vie ?

Depuis que le football ne fait plus rêver, le nouvel eldorado social africain se trouve dans l’entrepreneuriat, avec un intérêt particulier dans les domaines du virtuel. En même temps que le nombre d’Africains connectés monte en flèche, Internet, les réseaux sociaux en général ainsi que les solutions numériques sont  envisagés dans tous les discours. Ces changements se suivent forcément de modifications plus ou moins profondes dans le quotidien des uns et des autres, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. Le digital a-t-il une influence si grande sur nos vies ?

  1. Le digital change-t-il nos habitudes ?

Le réseau social Facebook a atteint en juin 2014 les 100 millions d’utilisateurs mensuels en Afrique. Avec une telle croissance, les faits par eux même  prouvent que les modes de vie changent, ici comme ailleurs. L’ampleur de ces changements se perçoit plus facilement dans des nations à forte présence technologique comme le japon ou Singapour, mais de plus en plus les vies africaines se modifient, de manière parfois plus forte qu’ailleurs. Le continent vert étant par exemple le seul sur lequel le mobile est utilisé à plus de 80% par rapport aux ordinateurs et autres tablettes pour les connexions sur le Web.

 

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(c) Jeune Afrique / Infogram

Plus généralement, on voit le digital changer les sociétés de plusieurs manières. Nous le voyons quand nous nous rendons compte que plus du tiers de la population mondiale aujourd’hui dispose d’internet. Nous voyons de  plus en plus fréquemment nos mamans nous envoyer des demandes d’amitié sur Facebook *pour notre plus grand malheur*, pendant que nos papas regardent leurs matchs, consultent leurs mails, profitent des services vidéos comme YouTube via leurs téléphones. Et la tendance est croissante, puisque les transports par drones d’Amazon et les ballons distributeurs de Wi-Fi nous font passer dans un univers digne des meilleures séries de science-fiction.
Nous voyons aussi le digital quand nous pouvons assister en streaming (en direct) à l’E3, la conférence du jeu vidéo, et lorsque nous pouvons lancer des campagnes de financement participatif (« Crowdfunding »). Ces campagnes de financement permettent entre autres de redonner ses couleurs à une culture comme avec le projet JeParleBassa’a 2.0, qui vise à réhabiliter certaines langues  locales au Cameroun. Le digital permet à  une entreprise de faire de la location de voitures sans voitures, et le digital permet aussi à une voiture de se déplacer sans chauffeur. De la monnaie à la météo en passant par la télévision, les transports. D’ailleurs prenez une minute, et pensez au téléphone. A chaque appels que vous émettez, vous entendez distinctement la voix d’une personne située à des milliers de kilomètres de votre position, vous arrivez à la voir en direct et même, vous pouvez lui faire un transfert d’argent *ce qui doit être fréquent si vous êtes africains*.

Il y a moins de quarante ans que l’internet est entré dans nos habitudes, mais on peut difficilement imaginer un monde sans le digital. Ceci dit, ces changements globaux n’ont pas forcément d’impact réel sur les vies des africains, qui sont relativement en retard dans la course aux datas.

  1. Le digital change-t-il vraiment la vie ?

Selon beaucoup, pas vraiment. Soyons un peu pragmatiques. L’homme n’en est pas à sa première révolution, et à moins que les mayas aient raison, l’humanité a encore quelques belles années avant que nous ne soyons tous dévorés par les oranges mutantes issues de l’agriculture OGM. En attendant, l’homme a toujours vécu des innovations, et très peu ont réellement changé quelque chose à notre manière fondamentale de vivre. Malgré les discours  optimistes à souhait, en fait, tout   est pareil. Notre manière d’aimer par exemple n’a pas changé, les compétences nécessaires au leadership n’ont pas  changé, et on se rend compte que la vie est un éternel recommencement, vu que Pokemon et les jeans déchirés  sont revenus à  la mode.  De plus, malgré les ambitions philanthropiques et mégalomaniaques des superpuissances et des milliardaires de l’heure, on n’a pas encore vu beaucoup de réalisations  vraiment utiles pour l’humanité, au point que certains se demandent si ces projets humanitaires sont vraiment si humanitaires que ça.

Parce qu’entre nous, l’Afrique est pauvre. Bon. Soyons politiquement corrects. L’Afrique est un « contexte géopolitique complexe et incertain». Qu’est-ce que des applications web, le data mining ou les drones peuvent apporter à une région où on a des coupures de courant de vingt heures par semaine? Qu’est-ce que les « wazzaps » et les « fassbook » peuvent apporter à quelqu’un qui vit sous le seuil de un Euro par jour ? Comment est-ce possible que l’homme soit capable d’aller sur la Lune et sur Mars, et qu’il soit inapte pour éradiquer la famine ?

 

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(c) Jeune Afrique / Infogram

A contrario, la transformation digitale qu’est en train de connaitre le continent africain ne se fait  pas sans risques. En Algérie qui est le cinquième pays africain sur  les réseaux sociaux, on a récemment ouvert un centre de désintoxication contre  Facebook. Incroyable mais vrai. Pendant ce temps des terroristes notoires utilisent fréquemment des vidéos de propagande diffusées via les réseaux sociaux, ainsi que des services de messagerie chiffrée comme Telegram, l’application de messagerie qui permet d’envoyer des messages virtuellement impossibles à intercepter. Le digital change même la manière de faire la guerre.

Des variations notables du quotidien africain sont certes perceptibles. Outre les 25 % d’abonnés mensuels revendiqués par le continent, on compte aussi une utilisation plus que massive des outils de messagerie instantanée comme WhatsApp, qui a affiché deux années de suite un taux de croissance de plus de 50%. L’Afrique est aujourd’hui le premier continent en matière d’utilisation de solutions de paiement mobile comme avec M-PESA au Kenya, et de manière générale le digital a rendu l’Afrique beaucoup plus mobile. Dans les deux sens que peuvent prendre ce mot.

  1. Qu’est-ce que le digital apporte alors à l’Afrique ?

Des perspectives.

Il ne faut pas se voiler la face. Les discours sur le prétendu réveil africain n’auront pas passé l’épreuve du temps. Beaucoup des problématiques sociales, économiques, structurelles de  l’époque des indépendances sont encore bien présentes de nos jours. Ceci dit, même si une connexion internet ne remplace un champ détruit par la sécheresse, le digital est loin d’être un placement à perte, au contraire.

Considérer que le numérique n’est pas une  priorité parce que le peuple a faim, c’est  équivalent à considérer en pleine deuxième guerre mondiale que la fabrication d’armes  et les entraînements  des soldats ne sont pas  une priorité… parce que le peuple a faim. C’est incohérent, surtout qu’en vérité, on est vraiment en guerre. Les épidémies, l’instabilité sociale, et les très nombreux préjugés nuisent à l’image de l’Afrique, et empêchent l’instauration d’un climat entrepreneurial fiable.

Sur tous ces champs de bataille, les technologies de l’information et de la communication offrent des perspectives, ouvrent des portes. Le simple accès à l’information permettrait déjà de mieux gérer certaines épidémies, pendant que les applications de sécurité routière offrent de belles solutions à des problèmes concrets, permettant de [plus ou moins] réduire les taux d’accidents en attendant les super-routes promises par tous les plans africains d’émergence en 2025, 2035, 2045 et cetera.

S’agissant de l’éducation la question ne se pose même pas. A l’heure actuelle on devrait intégrer l’utilisation des blogs et des algorithmes dès la sixième pour rattraper le retard pris sur les nations des autres continents. Au japon, on envisage déjà d’introduire le code dans les programmes scolaires. Au primaire -_-.

De toutes manières, même si les technologies de l’information ne résolvaient aucun problème et ne changeaient rien au quotidien, il faudrait  quand même capitaliser dessus. Si on ne le fait pas, d’autres le feront à notre place et ils ont même déjà commencé. Les projets visant à « connecter l’Afrique » sont des priorités pour de nombreuses grosses boites américaines et chinoises. La ville de Hong Kong à elle seule produit plus de contenu sur WIKIPEDIA que tout le continent Africain. Faudra-t-il attendre que le monde vienne écrire nos articles à notre place ?

Quelques-uns ont compris, et certaines de nos figures politiques se sont aussi mises à la page, avec des mesures plus ou moins utiles, éthiques, efficaces. L’exonération d’impôts sur l’importation de matériel technologique ou l’achat d’ordinateurs pour les universités sont déjà adoptées, même si on débattra plus tard de la pertinence souvent discutable de celles-ci. Dans le même temps les coupures brutales de l’internet en périodes électorales ne sont pas rares non plus. En outre il n’est pas rare de voir quelques « négligences » de la part des gros médias sociaux, envers certaines figures emblématiques africaines. Le compte « officiel » de l’artiste Youssou n’dour notamment, avec 173k abonnés, n’est pas certifié. Comme quoi le digital ne peut pas tout changer, sans une vraie volonté.

Cela signifie que nous avons encore du chemin à faire, mais ce qui est sûr c’est que ce chemin sera bien moins pénible pour les nations et peuples africains qui auront compris ce qui est plus qu’un slogan pour quelques geeks en mal de reconnaissance : Le digital, c’est le futur. Si vous en doutez, vous vous trompez.

 

Cet article est issu de TechofAfrica.com, site d'actualités sur les nouvelles technologies et les startups en Afrique.

 

Entrepreneurs : Comment bénéficier de l’engouement des fonds d’investissement pour l’Afrique ?

Il y a depuis près d’une décennie un engouement sans précédent pour l’investissement dans le secteur privé en Afrique. Cette tendance est notamment impulsée par les fonds d’investissement, attirés par les retours sur investissements supérieurs à la moyenne mondiale. Ces derniers reçoivent chaque jour plusieurs dizaines de plan d’affaires (business plan) de la part d’entrepreneurs souhaitant lever des fonds. Pourtant, seuls quelques projets seront sélectionnés. Cet article est la synthèse d’une conférence organisée par le cabinet d’avocats Clifford Chance et Private Equity Africa Magazine le 12 février 2013 à Londres. Ci-dessous, nous revenons sur les éléments-clés d’une candidature réussie.

Se placer du point de vue de l’investisseur
Pour commencer, il faut s’assurer que le plan d’affaires de l’entreprise est bien construit, et qu’il ferait sens pour un investisseur d’y mettre son argent. Les investisseurs se posent trois questions avant d’engager leur argent dans une entreprise :
• Est-ce que cette entreprise est déjà rentable et a atteint une taille critique ?
• L’entreprise a-t-elle une structure qui lui permettra de croître et d’augmenter ses profits ?
• Sera-t-il possible de revendre l’entreprise à un prix avantageux après 5-10 ans ?
Si la réponse est oui à chacune de ces trois questions, alors il y a des chances que le projet soit examiné dans le détail par le fonds d’investissement. Quelles sont les implications de ces questions ?
Le premier élément pris en compte par l’investisseur est qu’il désire investir dans une entreprise qui a déjà prouvé qu’elle pouvait générer des profits réguliers et croissants. Il est aussi essentiel que l’entrepreneur qui souhaite lever des fonds soit prêt à réduire son contrôle sur l’entreprise pour la durée d’investissement par le fonds (5-10 ans). En effet, lors d’un tel investissement, le fonds rachète une part majoritaire des actions de l’entreprise, afin de subventionner et de guider son développement.
Par ailleurs, pour être une cible intéressante, l’entreprise doit évoluer dans un marché en croissance, et disposer d’une structure capable d’absorber le capital investi par la croissance et le transformer en flux nets de trésorerie. Pour cela, il faut que l’entreprise dispose d’une structure managériale qui ne repose pas uniquement sur la personne de l’entrepreneur (micro-gestion), et puisse être agrandie sans voir sa rentabilité diluée. L’entrepreneur a donc tout intérêt à mettre en place des processus de fonctionnement interne permettant d’assurer une gestion efficace et impersonnelle de son entreprise.
Il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’abord de convaincre l’investisseur de risquer une somme d’argent importante dans un projet. Les sommes engagées sont énormes, ce qui justifie l’extrême sélectivité des fonds d’investissements en Afrique, qui rechignent encore à investir dans des start-ups (venture capital).
Pour rendre un dossier de candidature convaincant, il est essentiel de modéliser la valeur de l’entreprise sur la base d’hypothèses claires. Ces calculs doivent se faire sur la base d’études approfondies des évolutions du marché et des attentes des consommateurs, ainsi que de la maturité des produits/services proposés. Ces évaluations seront d’autant plus convaincantes qu’elles utiliseront les modèles financiers fondamentaux tels que le Comparable Companies Analysis, le Precedent Transactions Analysis ainsi que les mesures-clés de rentabilité et de retour sur investissement (ROE, ROIC, EBITDA…). Finalement, il est recommandé de proposer une stratégie dite « de sortie » pour l’investisseur, en fonction de l’industrie dans laquelle l’entreprise évolue et des moyens de l’entrepreneur. Celle-ci peut être le rachat des actions cédées au fonds d’investissement par l’entrepreneur lui-même, la revente de celles-ci à un concurrent plus gros, ou encore une introduction en bourse. En lui donnant une idée de la manière de rentabiliser son investissement, on le rassure sur la quantité de risque qu’il va prendre en investissant dans une entreprise donnée.

Bien choisir le fonds d’investissement
Pour les projets les mieux ficelés, vient alors le moment de choisir le fonds qui investira dans l’entreprise. Ici, les rôles s’inversent, et plusieurs critères sont à prendre en compte pour faire un choix.
L’entrepreneur doit évaluer l’adéquation du fonds d’investissement avec son entreprise. En effet, les sommes investies diffèrent énormément d’un fonds à l’autre, tout comme leur degré d’investissement dans la gestion de l’entreprise. Si l’entrepreneur compte garder un contrôle sur les opérations de son entreprise, il a tout intérêt à choisir un fonds d’investissement qui ne lui imposera pas trop de contraintes. D’autre part, certains fonds sont spécialisés sur une industrie ou une région, et sont souvent dirigés par des investisseurs ayant de l’expérience dans l’industrie/la région concernée. Ces derniers font bénéficier aux entreprises du portefeuille de leur réseau personnel et de leurs compétences techniques. Il est donc plus judicieux pour un entrepreneur dans le domaine des télécommunications de vendre son entreprise à un fonds d’investissement spécialisé dans ce secteur. Toutefois, il faut aussi s’assurer que le fonds d’investissement ne possède pas déjà une entreprise compétitrice.
Finalement, la compatibilité des personnalités et des cultures peut déterminer la réussite ou l’échec d’un investissement. En effet, dans une situation d’investissement par un fonds, la société sera cogérée par le fonds et l’entrepreneur. Il faut donc accorder la plus grande attention au facteur humain.

Due diligence et autres joyeusetés (ce qu’il ne faut pas faire)
Une fois le fonds d’investissement choisi, ce dernier va procéder à une due diligence, qui consiste à évaluer tous les aspects de l’entreprise (fonctionnement, finances, marché, produits, facteurs de risque…) afin de contrôler les informations soumises dans le dossier de candidature.
Depuis quelques années, les processus de due diligence sont de plus en plus poussés, et de ce fait augmentent la durée nécessaire entre l’examen du dossier de l’entreprise et l’investissement effectif. Cela est dû à plusieurs scandales, notamment au Maroc en 2007, où un fonds d’investissement a dû rembourser la dette d’une compagnie d’assurances qu’il avait achetée. En effet, la société avait masqué cette dette (de plusieurs millions de dollars), et celle-ci n’avait pas été détectée lors de la due diligence…
Il est donc conseillé par les investisseurs d’être aussi transparent que possible, car au final, un entrepreneur qui tricherait risquerait de ne plus jamais voir son dossier examiné pour investissement…
Ceci n’étant qu’une synthèse sur le sujet, n’hésitez pas à me contacter pour plus de détails en laissant un commentaire au bas de cette page !

Babacar-Pierre SECK

Tidiani Tall, un entrepreneur africain

Monsieur Tidiani (Jeff) Tall est un ingénieur diplômé de l’Ecole Polytechnique (Paris), entrepreneur en série et auteur de l’essai Réparer l’Afrique, une bonne fois pour toutes.

Bonjour M. TALL, Pouvez-vous nous présenter votre parcours universitaire et professionnel ?
Mr Tall : Né au Mali et de père diplomate, enfant, j’ai connu beaucoup de pays. Pour que je me fixe quelque part, mon père m’envoya en France où je fis les Classes Préparatoires au Prytanée Militaire de la Flèche dans la Sarthe. Je réussis à intégrer l’Ecole Polytechnique en 1990 après une 5/2 en tant que français. Après une spécialisation à l’ENSPM (Ecole Nationale Supérieure des Pétroles et Moteurs), j’ai débuté ma carrière chez Morgan Stanley (Banque d’affaires) à Londres en tant qu’analyste pendant deux ans. Par la suite j’ai démissionné et suis retourné au Mali monter une boîte de transports de carburant dans le domaine de la raffinerie. Face à un climat peu propice aux affaires (concurrence du secteur informel etc.), cette expérience n’a duré que trois années. Porté par la vague des dotcom (.com) à la mode, je créai une start-up Espirituality.com, aux Etats-Unis, qui n’a pas survécu à la bulle technologique des années 2000. Après un passage chez Roland Berger à New York en tant que consultant en stratégie pendant deux ans, j’ai travaillé à Dubaï dans un cabinet de marketing pour me rapprocher un peu plus de ma famille. Depuis début 2010, je suis en poste chez un leader mondial des matériaux de construction en temps que Vice Président afin de développer la partie vente et logistique en Afrique Subsaharienne.

De nos jours, on fait la promotion de l’innovation et de l’entreprenariat dans nos écoles. En temps qu’entrepreneur en série, quels conseils donnez-vous aux entrepreneurs en herbe ?
Mr Tall : Entreprendre sans expérience préalable n’est pas très raisonnable, ce fût mon cas. Il est préférable d’acquérir d’abord de l’expérience et de nouer des relations professionnelles avant de lancer une entreprise. Créer une start-up en Afrique requiert aussi de bien connaitre son secteur et d’y investir que si on trouve un réel besoin non satisfait ou mal satisfait par le marché. En fin de compte, je vous conseille de n’entreprendre que si vous êtes passionné et que vous ne pouvez pas vous empêcher de vouloir créer du travail, des produits et du profit. L’écosystème de l’enseignement supérieur français fait qu’en moyenne, on gagne plus si on suit un parcours classique.

A votre avis l’entreprenariat a-t-il changé au fil des années ?
Mr Tall : Oui. Le coût d’entrée dans une activité commerciale est devenu moins élevé. Avec une dizaine d’euros et quelques heures, on peut acheter un nom de domaine et produire du contenu original. Ca permet entre autres de tenter quelque chose en gardant son boulot ou en continuant ses études.

D’ où vous est venue l’idée d’écrire votre livre ?
Mr Tall : C’est venu avec la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de la Guinée en 2008. Ce pays démuni n’avait honnêtement rien à célébrer avec une telle situation économique. C’était aussi un moyen de dire aux dirigeants africains qu’on n’est pas satisfaits de leurs actes.

Vous dédicacez votre livre à certains africains en écrivant : <<A tous mes amis africains qui ont rejeté toute participation aux systèmes corrompus et immoraux qui ont pris en otage tout un continent, au prix de sacrifices personnels incommensurables. On vous a traité de fous à lier, de perdants, d’aigris ou de doux rêveurs. En ce jour, je vous salue>>. Pouvez-vous commenter ces propos ?
Mr Tall : J’ai beaucoup d’admiration pour les … idéalistes. J’utilise ce mot pour résumer ma pensée. J’admire ceux qui ont su garder et qui gardent encore leurs principes dans un milieu hostile où il n’y a pas vraiment de gendarme. Je voulais féliciter ceux-là dans mon livre parce qu’on entend rarement parler d’eux.

En lisant votre livre, on se rend compte que vous vous basez sur deux piliers : la jeunesse et les nouvelles technologies de l’information. Pourquoi ce choix ?
Mr Tall : Je pense que vous, la jeunesse actuelle, êtes une génération sans complexes. Vous n’avez pas le complexe du colonialisme, du blanc et vous êtes aussi plus exposés au reste du monde grâce à la technologie. Vous savez, la technologie est un outil qui supprime la censure. Prenez le cas de mon e-book (livre électronique), une fois diffusé, c’est très difficile de stopper sa diffusion. Sans le net, il n’aurait été lu que par ma famille proche par exemple.

Vous écrivez dans votre livre que votre vœu est qu’il soit une sorte de livre viral dont le message contaminerait tous les décideurs africains en même temps. Le retour que vous avez reçu à-t-il répondu à vos attentes ?
Mr Tall : L’écho des moins de 25 ans a dépassé mes attentes. Par contre, du côté des décideurs, j’ai été déçu. J’ai pensé mon livre comme un facteur de déclenchement. En Afrique, on est à l’heure des activistes. On a besoin d’une « bourgeoisie éduquée » qui anime les foules pour bouger les choses. Einstein disait que « La folie est de toujours se comporter de la même manière et de s'attendre à un résultat différent ». Mon livre fait appel aux activistes en leur répétant des idées classiques. Mais je pars sur le principe que si telle chose arriverait, les conditions seraient bien meilleures. Le printemps arabe a eu le mérite de donner la démocratie aux pays du Maghreb et de rendre les dirigeants africains moins arrogants. Actuellement, je ne suis pas un homme politique ; aux activistes de nos pays de prendre le relais !

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants africains en France ?
Mr Tall : Je leur dirai d’être pragmatiques et surtout de chercher à se construire. Ils doivent chercher l’expérience là où ils peuvent. Que ça soit en Malaisie, en France ou ailleurs en attendant de meilleurs auspices. Prenez l’exemple des Indiens et des Chinois. Ils peuvent rentrer chez eux actuellement car leur système est prêt. Ce qui n’est pas encore notre cas. Pour ceux qui retournent maintenant, c’est un choix que je respecte bien sûr. Je pense que l’heure est plus aux activistes et à ceux qui ont un tempérament pour la confrontation. Les étudiants ont plus intérêt à se former davantage, au risque d’un taux d’échec élevé car le système n’est pas encore prêt .Entre temps, les choses auront bien évolué en Afrique.
Permettez-moi de revenir sur l’entreprenariat. D’habitude, on insiste sur l’importance des langues étrangères mais on oublie la comptabilité. C’est le langage des affaires. Plus vous montez au sein d’une entreprise, plus les chiffres deviennent importants. Dans les écoles en France, les étudiants ont tendance à la regarder de haut. Donc, je vous dirai : apprenez la comptabilité et pratiquez-la !

 

Interview réalisée par Moustapha Sène et Abdoulaye Ndiaye

 

Pour aller plus loin: http://www.fixingafrica.com/fr/ et http://www.africa2030.org/