L’économie camerounaise face aux Accords de Partenariat Économique ACP/UE

Depuis le début des années 2000, l’Union Européenne et les pays Afrique Caraïbes Pacifique (ACP) ont entamé un processus visant à permettre la libéralisation de leurs échanges. Ces accords dits « Accords de Partenariat Économique » (APE) soulèvent de nombreuses questions sur leurs effets pervers sur les pays de la zone ACP, et le Cameroun ne fait pas exception.

Cet article, après avoir rappelé les bases des APE, visera à étudier leurs effets sur la compétitivité des entreprises camerounaises.

1. Contexte de ratification des Accords de Partenariat Economique par le Cameroun

Les Accords de Partenariat Économique (APE) sont des accords commerciaux visant à développer le libre échange entre l’Union Européenne (UE) et les pays dits ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Plus spécifiquement, ils visent la création d’une zone de libre échange entre l’Afrique et l’UE avec l’ouverture des marchés, le transfert technologique, les coopérations et partenariats internationaux et les nouveaux débouchés.

Ces accords interviennent après la convention de Lomé initialisée en 1975 et l’accord de Cotonou passé en 2000. Ils comprenaient dans un premier temps la prolongation des « préférences commerciales » non réciproques[1] qui ont pris fin en 2014. Au cours de cette année, le Cameroun a signé un accord intermédiaire de manière isolée et ce dernier est entré en vigueur en Aout 2016 (Tidiane  Dieye, 2014). Une nouvelle étape dans son application a été conclue en Août 2016 lors de la signature de son décret d’application par Son Excellence Paul Biya (Camerpost, 2016). Il prévoit une suppression de 80% des droits de douanes pour les produits européens sur une période de 15 ans[2] (Ramdoo, 2015) ; ce qui aura tendance à densifier l’offre des biens sur le marché camerounais.

Toutefois, la ratification des APE liant les pays africains à l’Union Européenne (UE) intervient dans un contexte paradoxal pour le Cameroun. En effet, depuis plusieurs années, le pays a entamé le processus de diversification de ses partenaires internationaux. On note particulièrement la baisse de la part de l’UE dans le commerce extérieur du Cameroun et l’émergence de la Chine en terre camerounaise depuis plus de 5 ans. Elle représente aujourd’hui environ 17% des échanges extérieurs du Cameroun et est de plus en plus impliquée aussi bien au niveau du commerce des biens et services qu’au niveau des infrastructures routières, de l’hydroélectricité, des télécommunications, des logements sociaux et de l’alimentation en eau.

Si l’on s’en tient à ces aspects, on avancera que les APE vont favoriser et ou renforcer l’industrialisation des pays africains. Pourtant, l’expérience des USA, de la Corée du Sud, de la Chine et de la Suisse montre que pour se développer et s’industrialiser il faut parfois s’enfermer (Pougala, 2013). En effet, pour rester compétitifs face aux produits manufacturés venant de la Grande Bretagne au XIXème siècle, les industriels américains ont convaincu le congrès de voter une loi portant le droit de douane à 47% sur les produits manufacturés en provenance d’Europe. Cette configuration a permis à l’industrie américaine de se développer sans être perturbée par les forces extérieures.

Dès lors, nul doute que la ratification des accords de partenariat économique du 22 Juillet 2014 aura des répercussions négatives fortes sur les pays africains signataires en général. Nous étudierons ici les effets des APE sur l’économie camerounaise en particulier.

2. Conséquences ou perversité des APE au Cameroun

Le Cameroun est aujourd’hui le seul pays d’Afrique Centrale à avoir franchi le cap du démantèlement tarifaire[3]. La simulation de l’impact de ce démantèlement tarifaire, sans la mise en œuvre du volet développement et la mise à niveau des entreprises locales, dans le Document de Stratégie pour la Croissance et l’emploi (DSCE) exposait des pertes cumulées des recettes non pétrolières à 459,6 milliards de F CFA entre 2015 et 2020. En termes de recettes fiscales, ces pertes cumulées jusqu’en 2013 étaient estimées à 1330 milliards.

Les APE favoriseront également l’éviction des contrats réalisables à moindre coût à cause de la corruption permanente (Pougala, 2013). Alors que de nombreux projets étaient jusqu’ici négociés de pays à pays, ils devront désormais être soumis au marché des appels d’offres et à toutes ses dérives, en réponse à la législation européenne désormais appliquée.

Par ailleurs, le cœur de la politique économique de l’UE étant que l’Etat ne doit avoir de contrôle sur aucune entreprise, les APE vont également favoriser la privatisation des entreprises publiques (Pougala, 2013). De la sorte, par ces accords, le Cameroun doit s’attendre à des procès d’entreprises européennes dénonçant le fait que les entreprises camerounaises qui fournissent les services de base soient les propriétés plus ou moins exclusives de l’Etat.

Au-delà de ces aspects, la principale inquiétude réside dans le fait que la mise en œuvre des APE se fera au détriment du commerce intra africain, les entreprises nationales seront confrontées à l’intensification de la concurrence internationale des firmes plus aguerries de l’Union Européenne. Ce qui ne sera pas sans incidence négative sur l’économie camerounaise à cause de la faible productivité et de la faible compétitivité de celle-ci.

En le classant 115ème sur 145 pays en 2013[4], le forum économique mondial (World Economic Forum) réaffirme la capacité limitée des entreprises du Cameroun à créer les richesses et les emplois. Même sans les APE, la mise à niveau des entreprises camerounaises est un impératif pour exister dans un monde en pleine globalisation. Le principal défi pour cette économie est d’assurer la compétitivité de son secteur privé.

3. Les perspectives pour la compétitivité des entreprises camerounaises

Plusieurs « instruments » ont été mis en œuvre pour favoriser la compétitivité des entreprises. L’on peut citer le comité de compétitivité, le projet de compétitivité des filières de croissance, le Cameroon business forum, la banque agricole, l’agence des petites et moyennes entreprises (Eloundou, 2014). Mais les résultats obtenus ne sont pas assez satisfaisants et suscitent de nouvelles recommandations. A côté du plan d’adaptation de l’économie camerounaise, évalué à 2500 milliards de francs CFA, qui vise le renforcement du tissu économique à travers l’amélioration de la compétitivité des entreprises nationales et de l’enveloppe de 6,5 milliards de l’UE pour soutenir cette même  compétitivité, plusieurs actions sont envisageables.

L’élargissement de l’assiette fiscale

Contre la baisse des droits de douane, on peut envisager un élargissement de l’assiette fiscale. En 2011, le secteur informel représentait 90% de la population active et contribue à environ 30% du PIB de l’économie nationale avec 2,5 millions d’unités de production informelles (INS, 2011 ; Mbodiam, 2017). Les intégrer aux moyens de reformes appropriées aidera à collecter de nouvelles ressources pour répondre aux exigences de la compétitivité entre autres. La première exigence est la création d’un cadre macroéconomique favorable aux affaires, la deuxième exigence est la culture de l’innovation.

La création d’un cadre macroéconomique favorable aux affaires

Plus de la moitié des chefs d’entreprises interrogés donnent une opinion défavorable de l’environnement des affaires au Cameroun. Les facteurs les plus dégradants font référence aux infrastructures, à la corruption, à la concurrence déloyale, à l’accès au crédit, aux coûts élevés des facteurs de production, aux formalités administratives, etc. (RGE, 2009). Il en résulte que le gouvernement doit effectivement devenir un partenaire efficace du secteur privé en renforçant la construction des infrastructures, le développement des techniques de l’information et de la communication et les projets structurants dans le domaine de l’énergie. Ceci nécessite d’avoir également des institutions fortes.

La culture de l’innovation

La culture de l’innovation permet d’enrayer l’intensification de la concurrence par les prix en mettant l’accent sur d’autres facteurs de différenciation. Il est démontré qu’elle est un important facteur de production, de compétitivité ainsi qu’un levier de croissance, d’emploi, d’investissement et de consommation (Eloundou, 2014). Ainsi, les entreprises qui utilisent les innovations technologiques par exemple sont les plus productives. Par ce canal donc, les entreprises camerounaises pourront aisément se distinguer et se lancer à la conquête des gains et des nouveaux marchés.

Etant donné que cette innovation est fonction de la taille des entreprises, on peut comprendre pourquoi elle reste encore limitée au Cameroun où la plupart des entreprises sont de petite taille et ne disposent par conséquent pas de moyens pour supporter les coûts très élevés de recherche. En 2009, le pays comptait 75% de très petites entreprises[5] contre 1% de grandes entreprises[6]. La promotion de l’innovation nécessite le financement des activités de recherche-développement d’une part, et l’exploitation des résultats des travaux menés par les chercheurs d’autre part. Selon le recensement général des entreprises de 2009, seuls 11% des chefs d’entreprise en faisaient usage et on peut imaginer que ce chiffre n’ait pas beaucoup évolué.

La limitation de l’impact des mesures non tarifaires

Il s’agit de lever les obstacles non tarifaires que les acheteurs du monde imposent aux PME camerounaises et de limiter l’impact des mesures non tarifaires qui plombent les échanges commerciaux. Au moins 10% des entreprises camerounaises sont confrontées à des mesures non tarifaires contraignantes tant pour les exportations que pour les importations. Elles concernent notamment l’administration de la preuve à l’origine et des obstacles techniques au commerce. Par ailleurs, aucun produit camerounais de la première phase de démantèlement du 4 Août 2016 ne répond aux normes européennes. La limitation de l’impact de ces mesures peut se faire en assurant la cohésion au niveau national desdites règles, en rationalisant les dispositifs et en favorisant la transparence au niveau des mesures.

En somme, le développement des capacités productives du secteur privé camerounais exige que les entreprises camerounaises soient soutenues et remises à niveau pour être capables de répondre aisément aux exigences des marchés.

La signature des accords de partenariats économiques entre l’UE et le Cameroun en 2016, soulève de nombreuses interrogations, notamment sur leurs potentiels effets pervers sur l’économie camerounaise. Certaines mesures visant à améliorer la compétitivité des entreprises et le climat des affaires peuvent néanmoins être envisagées.

Claude Aline Zobo

[1] C’est-à-dire la levée des droits de douane pour les exportations des pays ACP tout en permettant le maintien des barrières tarifaires sur leurs importations en provenance de l’Europe.

[2]Pour plus de précisions sur l’évolution des tarifs, confère Brice R. MBODIAM « Cameroun : le Président Biya déclenche le démantèlement tarifaire progressif suite à l’entrée en vigueur des APE Avec l’UE », investir Au Cameroun, Août 2016.

[3] Abattement des droits de douane.

[4] 119ème sur 138 pays en 2017.

[5] C’est-a-dire les entreprises avec moins de dix salariés.

[6] C’est-à-dire les entreprises dont l’effectif est supérieur à 5000.

Références

Cheick Tidiane DIEYE (2014) : « Accord de partenariat économique : l’interminable saga aura bientôt une fin ? ».

Isabelle RAMDOO (2015) : « APE : quels gains pour l’Afrique et que peut elle perdre ? », ICTSD.

Jean Paul POUGALA (2013) : « APE Cameroun : voici pourquoi le Cameroun ne doit pas signer l’APE final », www.pougala.org.

Jocelyne NDOUMOU-MOULIOM (2016) : « APE : un déséquilibre à réduire », Cameroun Tribune.

Laurice ETEKI ELOUNDOU (2010) : « La compétitivité des entreprises camerounaises par l’innovation ».

Samuel NTOH (2009) : « La compétitivité et l’internationalisation de l’entreprise camerounaise face à l’ouverture des marchés ».

Nouvelle coalition politique au Nigéria : l’opposition a-t-elle (enfin) une chance?

Alors que le PDP (Parti Démocratique Populaire, People Democratic Party) au pouvoir au Nigéria fait face à de sérieux problèmes internes et externes, quatre partis de l’opposition ont fusionné pour devenir le All Progressive Congress (Congrès progressiste – ACP).

Depuis le passage de pouvoir du régime militaire au multipartisme au Nigéria en 1999, le candidat représentant le Partie Démocratique Populaire a gagné systématiquement toutes les élections présidentielles. Jamais les candidats de l’opposition n’ont vraiment semblé en mesure de pouvoir mettre fin à cette domination du PDP.

Cependant, pour les élections à venir en 2015, l’opposition nigériane pourrait bien avoir ses meilleures chances. En février dernier, quatre des partis de l’opposition se sont réunis pour former l’ACP. Pendant ce temps, bien des interrogations sont soulevées quant à l’aptitude du gouvernement à faire face à des défis économiques, sociaux et sécuritaires exceptionnels, alors que le PDP est considéré comme étant en proie aux luttes intestines et aux rivalités entre personnalités.

L’ACP annoncerait-il une nouvelle ère pour la politique nigériane ?

Un appel au changement

chief-tom-speaking@UNLors du discours d’inauguration de la nouvelle coalition, Tom Ikimi, le président du « comité de fusion » de l’ACP, a proclamé : « Un changement radical n’a jamais été aussi urgent dans la vie de notre pays… Nous, les partis suivants – respectivement le ACN (Le congrès d’action du Nigéria), l’ANPP (Le Parti de tout le peuple nigérian), l’APGA (La Grande Alliance Progressiste) et le CPC (Le Congrès pour le Changement Progressiste) – avons décidé de fusionner sur le champ pour devenir l’ACP afin d’offrir à notre peuple assiégé une recette de paix et de prospérité. »

A chaque élection depuis 1999 des fusions de partis d’opposition ont été proposées, mais jusqu’à présent, les conflits d’intérêts personnels, le chauvinisme ethnique et même des opérations de sabotage ont compromis ces efforts. L’exemple le plus récent est l’alliance formée à l’approche de l’élection présidentielle de 2011, lorsque le CPC et l’ACN proposèrent une coalition ; les deux parties échouèrent à aplanir leurs différences et à trouver un terrain d’entente, ce qui aboutit à une victoire confortable du PDP.

Avant la fusion de l’ACP, les partis d’opposition étaient perçus comme des partis régionaux représentant seulement des groupes ethniques, ce qui contrastait avec l’appel du PDP qui en apparence était un parti d’échelle nationale. Cette nouvelle coalition rassemble, cette fois, plusieurs groupes ethniques majeurs et a notablement comblé le fossé séparant le Sud et le Nord, en unifiant : le CPC à majorité Hausa-Fulani et qui a récolté 31.8% des votes de l’élection présidentielle de 2011 ; l’ANC à majorité Yoruba, qui contrôle actuellement 6 des 36 états de la Fédération, y compris Lagos, la capitale commerciale du Nigéria; L’APGA centralisé autour des Igbo, qui contrôle un Etat fédéré ; et l’ANPP qui contrôle les Etats de Borno et Yobe.

« L’évolution vers un système à deux partis pourrait créer une opposition plus crédible, forte et mobilisée », a expliqué Adigun Agbaje, Professeur de Science Politique à l’Université d’Ibadan. Au même moment, s’adressant à la Think Africa Press, l’ancien ministre du PDP Femi Fani-Kayode est allé jusqu’à dire : « Si la situation ne change pas et que l’administration actuelle n’est pas défaite aux élections, alors le Nigéria finira comme la République du Zaïre – un état déchu sans espoir d’un futur décent. »

Les difficultés du PDP

Ces dernières années, la domination totale du PDP a semblé sur le déclin. Le Président Goodluck Jonathan a reçu 57 % des votes aux élections de 2011, ce qui est en dessous des 70% récoltés par son prédécesseur Umaru Yar’Adua en 2007. Le PDP contrôle 56% des sièges dans la Chambre des Représentants, alors qu’il en contrôlait 73% en 2007. Sur la même période, sa présence au Sénat est passée de 81% à 65%.

De surcroit, alors que l’opposition se réunit, il y a des signes que les divisions au sein du PDP s’aggravent. Il semble y avoir des désaccords continuels, par exemple, entre les gouverneurs et le Comité National du Travail dirigé par Bamanga Tukur ; ses divisions ont été révélées lorsque la majorité des gouverneurs a décidé de boycotter la récente tournée de « réconciliation » effectuée par Tukur dans plusieurs Etats contrôlés par le PDP.

Une autre source de querelles est le déclin physique d’Olusegun Obasanjo, un ancien dirigeant militaire qui avait gagné les élections présidentielles de 1999 et 2003, qui continue d’être une figure influente du PDP ainsi d’une figure internationale respectée. Au cours de forums locaux et internationaux, Obasanjo n’a pas manqué de critiquer la manière dont le gouvernement gère la question du groupe islamiste du Nord, mené par Boko Haram, ou encore le fort taux de chômage. Le renvoi d’un proche d’Obasanjo du conseil exécutif du PDP souligne encore plus l’existence d’un désaccord au sein du parti. Désaccord qui pourrait jouer en faveur de l’ACP s’il n’est pas résolu.

Les défis à venir pour l’ACP

En réponse à l’inauguration de l’APC, le PDP a diffusé une déclaration signée par son secrétaire national en charge de la communication publique, Olisa Metuh, indiquant : « Les Nigérians sont ici confrontés à une ironie. C’est l’ironie d’un parti politique, qui, en l’absence d’un programme adéquat et d’un rythme de travail solide, désire cependant se voir confier la tâche de porter le destin de plus de 160 millions de Nigérians sur ses faibles et tremblantes épaules. (…) la nation, notre peuple et notre démocratie seraient tous mis en péril s’ils se voyaient confiés le pouvoir. »

Quoique clairement partisane, la déclaration met pourtant en lumière le fait l’APC est elle-confrontée à de nombreux défis.

« Si le nouveau parti parvient à se consolider et commence à agir comme une seule entité, les élections de 2015 seront alors sûrement plus compétitives », explique Samir Gadio, un expert en Marchés Emergeants pour la Standard Bank, « mais la durabilité de cette fusion n’est pas sans risque. »

« La nomination du candidat présidentiel avant la lutte de 2015 pourrait toujours diviser la nouvelle organisation. De plus, le PDP contrôle toujours la plupart des Etats et a accès aux ressources administratives, ce qui est un avantage comparatif clé », continue-t-il.

Similairement, Ayo Dunmoye, professeur de Science Politique et doyen des sciences sociales de l’Université Ahmadu Bello à Zaria, insiste sur le fait que l’APC devrait « débattre des problèmes et non des personnalités », adopter la démocratie interne et permettre à des candidats d’émerger lors des primaires libres du parti – « sans quoi la fusion sera mort-né », prévient-il.

buhariEn effet, les deux protagonistes majeurs de l’APC – Muhammadu Buhari, ancien officier de l'armée, et chef d'état du Nigéria entre 1983 et 1985 (à l'issue d'un coup d'état), aujourd'hui chef du CPC, et Bola Tinubu, ancien gouverneur de Lagos et leader de l’ACN – auront très vraisemblablement leur propre programme pour la course aux élections 2015, et le choix du candidat présidentiel pourrait être un vrai test pour la coalition. Après tout, nombre des membres de l’APC semblent être intéressés par cette élection, Buhari lui-même, mais aussi Nasir El Rufai, l’ancien ministre du Capital Fédéral et le gouverneur de Lagos, Batanunde Fashola.

Un nouveau territoire politique ?

Une opposition forte et viable est un élément essentiel dans tout processus électoral et l’ACP pourrait bien apporter un surcroit de compétition dans la vie politique nigériane. Mais cela ne garantit pas en soi, que les citoyens nigérians s’en trouveraient mieux. En effet, par le passé les querelles politiques n’ont pas vraiment profité au nigérian moyen, et les problèmes liés à la non-régulation de l’argent en politique, au patrimonialisme et à la corruption des partis seront sûrement aussi rencontrés par l’ACP.

En dépit de tout cela, le professeur Adigun Agbaje, de l’Université d’Ibadan, fait confiance au peuple nigérian. « La détermination du peuple, sa vitalité, son mépris total de l’autoritarisme et sa soif de liberté, de justice et d’équité promettent de toujours contribuer à la sécurité future de la démocratie, du développement et de la paix », dit-il.

Que ces idéaux servent la cause du PDP au pouvoir ou de l’APC récemment formé, cela reste à voir, mais si la nouvelle coalition parvient à se maintenir jusqu’en 2015, les élections seront les plus serrées de l’histoire de la Quatrième République nigériane.


Lagun AKINLOYE, article initialement publié sur Think Africa Press, traduit en français par Gabriel LEROUEIL.