Vue panoramique sur le 4ème FIFDA, Paris

Pour sa rentrée, l'Afrique des idées vous propose de revenir sur quelques unes de ses réalisations de l’été.

5588755031_1d8cfef16e_bPartenaire de la 4ème   édition du Festival International de Film de la Diaspora Africaine, l'Afrique des idées a déployé un petit dispositif pour couvrir l’événement qui s’est tenue à Paris du 05 au 07 septembre dernier. Le temps d’un week-end plusieurs lieux ont accueilli des films que l’on ne voit pas forcément, des productions qui, sans ce genre d’organisation auront beaucoup de mal à rencontrer un public. Un week-end de voyage, de rencontre, de débat pour donner à voir d’autres univers et à entendre un autre discours.

Installé à Paris en 2009, prolongement d'une expérience qui se poursuit aux Etats-Unis, le Fifda est un espace de visibilité pour des productions cinématographiques en lien avec l’Afrique et ses diasporas. C’est un domaine d’intervention très large dans lequel se croisent des sensibilités différentes, plusieurs esthétiques et une diversité de public. Sous la direction de Diarah N’daw-Spech et Reinaldo Barroso-Spech, au fil des années le festival prend ses galons. L’évolution se lit à la fois par les nombres des films et des lieux proposés. Chaque année, la programmation s’élargit autant qu’elle gagne un nouveau bastion, un nouveau territoire. Au cinéma  la Clef (75005) qui était le seul à « ouvrir » ses portes au FIFDA en 2012, se sont progressivement ajoutées les salles Etoiles Lilas, Le Brady, Le Comptoir général, et Le Lucernaire. Ce développement dans l’espace permet de créer plusieurs spots qui mettent en lumière la très riche activité cinématographique des Afriques. Croissance également pour le festival lui-même qui, selon la codirectrice Diarah N’daw-Spech, intéresse un public plus important, bénéficie d’une bonne couverture médiatique et arrive à fédérer plus de partenaires. Ainsi, le parcours de cette 4 è édition, traversant presque Paris, nous a mené dans 4 lieux à la découverte d’un cinéma vivant, ambitieux et très contemporain.

La soirée de lancement a eu lieu au Cinéma Etoile le vendredi 05 septembre. En ouverture, la première européenne de Freedom summer, le dernier film de Stanley Nelson, un réalisateur connu du Fifda. En 2012, sa précédente réalisation et pendante de l’actuelle, était déjà dans la programmation du Festival. Cette soirée co-organisée en partenariat avec l’Observatoire de la diversité et l’Ambassade des Etats-Unis en France a connu une participation active de l’Afrique des idées, dans le débat après la projection. Stanley Nelson (réalisateur) et Lareus Gangoueus (Afrique des idées) ont conversé avec Fulvio Caccia (modérateur/ Observatoire de la diversité) sur l’historique du film, son contenu et surtout son importance pour la jeunesse actuelle, pour les minorités en France et ailleurs. Dans ces prolongements, Awa Sacko publiera très prochainement un entretien avec Stanley Nelson dont le film (une présentation dans le dossier) a enthousiasmé le public venu nombreux.

Ce départ réussi augurait de la bonne tenue d’un festival qui, en dépit de la diversité des films proposés, gardait une grande cohérenceHomeAgain. Le cycle migration-transmigration autour duquel gravitaient plusieurs films, pas forcément récents, était le noyau de la programmation. Le fait de faire se côtoyer des œuvres de différents âges est bien méritoire à plusieurs égards. Il permet de (re)découvrir des pièces du patrimoine cinématographique d’Afrique et  de sa diaspora rappelle la trajectoire du septième art dans ces contrées tout en soulignant la permanence de certains questionnements. Tout ce qui a trait au départ, à l’exil, à la vie ailleurs est alors appréhendé dans un dynamisme entre le présent et le passé. Dynamique est aussi le changement de prisme : les allers retours entre la fiction et le documentaire sont un double éclairage qui permettent de saisir la complexité des phénomènes. Dans ce sens, Home again de Sudz Sutherland et Expulsés de Rachèle Magloire et Chantal Regnault sont deux faces de la même pièce. Ces films qui passaient pour la première fois en France, traitent autant de la difficulté du retour que de la citoyenneté instable de la diaspora africaine dans plusieurs pays occidentaux. L’un comme l’autre met l’accent sur l’absurdité des systèmes judicaires à l’égard des ces « migrants de l’intérieur » qui, pour la plus part, ont toujours vécu dans les pays qui les expulse, après qu’ils aient purgé une peine de prison pour un délit mineur.

Mais le Fifda c’est surtout l’Afrique avec laquelle l’équipe entretient des liens de travail à travers les festivals : elle se rend régulièrement au Fespaco et Diarah N’daw Spech a participé en tant que membre du jury au dernier festival de Durban. C’est aussi l’Afrique à l’écran dans toute sa diversité, dans sa contemporanéité. Et quoi de plus contemporain que les rues, celle de Douala ou celles encore plus tumultueuses de Kinshasa ? Trois films, trois regards (dynamisme et multiplicité de point de vue) nous ont fait vivre la pulsation kinoise à travers sa musique, ses contradictions. De la figure de Papa Wendo, l’immortel interprète de Marie-Louise, chanson récemment samplée par le jeune rappeur Alex Finkelstein, à Kinshasa la pieuvre du sculpteur Freddy Tsimba, nous avons ici aussi l’idée de transmission, la recherche de ce lien entre le passé, le présent et l’avenir.

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Le festival s’est achevé avec la projection du documentaire de Dom Pedro dans lequel  le cinéaste effectue une plongée dans les profondeurs du Tango et remonte à la surface l’africanité de cette musique.

Pour ceux qui auront raté l’un ou l’autre de ces films, le fifda assure travailler de concert avec les salles pour qu’ils soient reprogrammés tout en essayant de les rendre disponibles en DVD. En session rattrapage, il y a les ciné-clubs à Paris tout au long de l’année mais aussi l’équipe d’Afrique des idées. Claudia Soppo Ekambi, analysera pour nous le film W.A.K.A. de Françoise Ellong et Touhfat Mouhtare, en amatrice des (mé)tissages entreprendra une conversation avec Dom Pedro autour de son film, Les racines africaine du Tango.

Ramcy Kabuya

Le Festival Chale Wote : l’art “different” dans le plus vieux quartier d’Accra

Le Ghana est un pays ouest Africain mieux connu pour son équipe nationale des Blacks Stars, son cacao et surtout son emblématique premier président Kwame Nkrumah. Il connaît moins de succès que son gigantesque frère Nigérian quant il s’agit des arts mais le Ghana n’est pourtant pas dépourvu de ses pépites noires et regorge de talents de tous bords.

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Jamestown est le tout premier quartier d’Accra et constitue un des quartiers les plus peuplés et défavorisés de la capitale. Quelques immeubles défraichis témoignent des vestiges de la colonisation et l’on observe l’abondance d’enfants, semblant tous avoir entre 2-8 ans, vivre tels des adultes et vagabonder dans les ruelles de Jamestown. Le quartier regorge de vie malgré la précarité de ses populations et constitue le fief de l’ethnie Ga qui chaque année célèbre leurs chefs à travers la cérémonie d’Homowo.

Stimuler le quartier, contribuer au bien-être de ses habitants à travers les arts et révéler, fédérer des artistes ghanéens en inspirant, montrant au monde que l’art est un droit, mettre le Ghana sur la carte mondiale des pays touristiques, telles sont les pistes qui me semblent motiver l’existence du Festival Chale Wote.

Plus de 150 artistes ghanéens vont contribuer au festival ; des cascadeurs, des performances théâtrales, happenings indéfinissables, fresques murales, live shows, body painting, artisanat mais aussi conférences sont au programme.

L’imaginaire et la créativité africaine et la Création avec un grand « C » sont à l’honneur et à leur apogée lors de ces festivités. Le thème de cette année est plus particulièrement la vie et la mort unis dans la renaissance intitulé « An Eternal Dream into Limitless Rebirth ». Message clair invitant à voir le milieu artistique ghanéen comme un phoénix renaissant constamment. Thème lourd de sens dans le contexte économique exceptionnellement moribond du pays.

Ce festival mérite d’exister car il montre les frontières franchissables entre les « beaux » arts et les arts exercés hors des écoles. Chalewote  veut aussi militer pour plus d’art dans le quotidien des ghanéens toutes classes sociales confondues. L’art n’est plus pour les élites, il est  aussi un droit pour les plus démunis. Les fresques murales sur des habitations abandonnées illustrent cette volonté de réapproprier des espaces, des âmes laissées pour compte pour leur redonner force et vie.

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Crédit photo : Accradotalt

Des artistes tels que Mohamed Ibrahim ont pu être révélés par les éditions passées et sont désormais exposés dans des galeries aussi prestigieuses que la Saatchi au Royaume-Uni.

La 4ème édition a été lancée le Samedi 23 août 2014 et elle promettait d’éblouir, de captiver, de sensibiliser, d'inspirer la communauté de Jamestown et les milliers d’autres festivaliers attendus.

Shari HAMMOND

Plus d’informations : accradotalttours.wordpress.com

Programme du festival Chale Wole 2014