Salon de coiffure made in Nigeria

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Lorsque j’étais petite, ma mère aimait m’emmener dans ces salons de coiffure achalandés, où le bruit, la musique, les ragots, les rires, l’insalubrité et la proximité aussi, étaient présents. Je m’asseyais, et une coiffeuse devait généralement m’être affiliée après qu’elle « ait fini l’autre carré de tissage, dans deux minutes… ». Les deux minutes devenaient facilement quarante minutes, et parfois, ma mère (dont la patronne prenait vite la tête en charge), s’irritait et exigeait qu’on commence ma tête, car elle était pressée. Nous mangions aussi, dans ce lieu, ce qu’on y vendait à proximité : des brochettes et du pain à la salade ou à la boulette de viande, très huilée. Ma mère parlait avec la ‘patronne’, sa tête dandinant de ci de là, au gré de sa coiffure. Moi, je n’avais pas une esthétique en matière de tresses très affirmée, on me faisait généralement des « couettes, avec des mèches dedans », juste assez pour en augmenter la longueur naturelle, et parfois le volume.

Ma mère, comme les autres femmes dont l’expérience et l’art de la séduction avaient exercé l’inspiration, rivalisait de subterfuges afin de ‘tromper l’œil’. Elle avait découvert un tissage suffisamment naturel, et si bien placé qu’elle ne jurait plus que par lui. C’était sa coiffe à la mode, et les multiples compliments de ses amis et des inconnus la confortaient dans ce choix. C’est vrai que ce tissage lui allait bien, avec ses yeux bridés, elle avait l’air, avec ces mèches noires auburn et bouclées, d’une vraie asiatique ou d’une malgache.

Moi, j’aimais écouter les grands. La patronne, dont l’influence se mesurait à son professionnalisme, à son adresse à la coiffure, participait à toute conversation écoutée d’un ton sans appel. Ses doigts jonglaient et les cheveux informes prenaient soudain une forme, un air, un éclat, une beauté, et même un parfum : la laque nous emplissait les narines à nous écœurer après la coiffure.

Les conversations étaient invariablement les mêmes: un mari trompeur, une ‘folle de fille voleuse de gars’, ou ce genre de choses. Souvent, il y avait un gars, coiffeur, aux manières efféminées, qui s’occupaient du coin des ‘hommes’, expert en coiffure masculine, mais parfois aussi en coiffures féminines. Il participait aussi à la conversation, et riait comme une femme. Fort coquet, il était aussi très apprécié des femmes du salon, toutes des habituées, qui l’appelaient de son petit nom, et essayaient par respect de ressusciter une virilité perdue : « Edu, mon petit homme », « ah, ce gars­ là il est fort ! ». Et Edu paradait, la tête haute, fort de sa célébrité. Il entrait, et c’était des acclamations, chacune de ses tenues étaient détaillées. Ma mère aussi riait, mais elle se gardait bien d’en faire trop, elle gardait la plupart du temps ses pensées pour elle mais était très exigeante avec la coiffure : « ne serre pas », « mets une raie­ là », etc.

Mais ce qui me frappait le plus dans cela c’était les films. Les femmes, clientes comme coiffeuses, étaient souvent totalement sub­ju­guées par les films Nollywood, qui passaient en boucles. Elles connaissaient chaque réplique, mais tremblaient aux mêmes parties : « là, son corps va se décomposer, tu vas voir… » ; « hihiiiii…pardon, je ne veux pas voir ça ! »

Les exclamations montaient, et des liens avec la réalité ne manquaient jamais de faire surface : « C’est vrai o, c’est ce qu’ils font dans la réalité ! Ils n’ont rien inventé ! Les clubs de milliardaires sorciers existent o ! »

Ma mère et moi nous rions de leur crédulité et de leur excitation. Nous savions que les sorciers existaient, mais nous ne prenions jamais un film comme un élément concret qui nous ferait nous exciter de la sorte. Mais pour ces femmes, toutes Nigérianes (pour les coiffeuses et le coiffeur, surtout, ou Maliennes et Sénégalaises), ces films étaient leurs liens avec leur vie. Un film finissait, et on en remettait un autre. Déjà dès le générique, il y avait une atmosphère de mort. La religion côtoyait immanquablement la sorcellerie. Les coups du sort ou malchance ne manquaient jamais de sanctionner l’imprudent qui s’était laissé vaincre par sa cupidité ou sa jalousie…

Drapeau-NigérianCes films, je ne les supportais pas, car ils me faisaient peur. Une chaîne publique chrétienne prit à son compte d’en faire son fond de commerce principal, et je me hasardais d’en regarder un chez moi. Frida et Gloria sont deux sœurs. L’aînée est belle et gentille, la deuxième aussi est belle mais méchante. L’aînée, comme pour Cendrillon rencontre son prince, riche et beau. La seconde par jalousie tue son aînée, sans que (évidemment), personne ne sache. Elle console le veuf et le met dans ses bottes. Sauf que voilà, Frida était une fille versée dans la Bible, et Dieu s’en mêle. Frida ne trouve pas le chemin du Ciel, elle hante son ex maison conjugale. Gloria, finalement perd la boule, et elle est sommée par un pasteur de tout avouer « sinon tu resteras folle ! ». L’exorcisme a lieu, Gloria est libérée, mais le choc est tel qu’elle perd son mari­ex­beau­frère. Ah oui, …elle meurt finalement à la fin. Justice divine.

Ce film que je viens de vous raconter m’a hanté pendant au moins une semaine. Gloria m’apparaissait dans ma chambre, au réveil, aux waters, en route. Je devais rompre avec ce cinéma pour toujours.

Bien que moi mon expérience fut, pour l’enfant que j’étais, assez négative, force est de constater que ces films marchent. L’industrie Nollywood est aussi influente que Hollywood, et de ses bacs sortent autant des films ‘bas de gamme’ que de très bonnes productions tournées même avec de grands acteurs reconnus.

Le cinéma nigérian ne se résume pas qu'à celui que je regardais dans les salons de coiffure, avec des doublures mal placées, des images floues, où seule importait l’histoire. Aujourd’hui, il a ses lettres de noblesse, et peut se targuer d’influencer l’Afrique entière et même le monde. Ce cinéma, est avec Bollywood, un des plus regardés. Que l’on s’imagine que dans mon pays francophone, des demandes énormes imposaient des traductions bancales, pourvu qu’on ait le film, la trame. Le concept de ces films étudie très bien leur cible et joue avec les cocktails explosifs du succès : pouvoir, sorcellerie, argent, église, rivalités féminines et amour.

Dans le salon où j’allais, les hommes avaient beau jeu de faire ‘les indifférents’ mais ils suivaient quand même. Le film Le club des milliardaires parlait au désir de pouvoir de chacun d’entre eux. Pendant des jours, ils parleraient de ce film, feraient des avertissements en fonction de ce film, etc. J’ai donc eu ma coiffe, elle est comme je voulais : « des couettes avec des mèches au bout, pour qu’on croit que ce sont mes cheveux. Au fait, madame, vous pouvez me mettre des perles ? ». Réponse de la coiffeuse : « Héééé… il va se faire tuer !!!! »

Pénélope Zang Mba

Affiche NWP2015

 L'Afrique des idées est partenaire du Festival Nollywood Week qui a lieu sur Paris du 4 au 7 Juin 2015

Développer l’industrie du cinéma en Afrique

une_cinemaLorsqu’on observe les budgets colossaux des films américains, on arrive vite à la conclusion que l’industrie cinématographique peut contribuer à créer beaucoup d’activités économiques, voire d’emplois. De même, quand on considère le contenu des films américains et leur influence sur le rayonnement international des Etats-Unis, on ne peut que conclure à l’importance stratégique du cinéma dans la visibilité internationale d’une nation. C’est aussi à la même conclusion qu’on arrive lorsqu’on prend en compte « l’exception culturelle » Française. Dès lors, il convient d’accorder une place plus importante à l’industrie cinématographique dans les réflexions sur le développement de l’Afrique.

La bonne nouvelle, c’est que l’Afrique n’a plus besoin d’aller chercher loin les recettes pour développer son industrie cinématographique. Aujourd’hui, le Nigéria offre un exemple à suivre à travers son industrie cinématographique communément appelé « Nollywood ». Cependant, à l’heure actuelle, nous savons très peu de la conjonction de facteurs qui a conduit à l’émergence et au succès grandissant de cette industrie au Nigéria. Pourquoi n’avons-nous pas observé le même succès dans d’autres pays ? Qu’est ce qui a fait la différence ? Le succès Nigérian est-il transposable dans d’autres pays africains ?

Les quelques rares publications sur l’émergence de Nollywood nous fournissent quelques réponses à ces questions. Cependant, celles-ci ne nous semblent pas satisfaisantes. L’un des ouvrages qui examine cette question avec beaucoup d’adresse est celui de Pierre Barrot intitulé « Nollywood : Le phénomène de la vidéo au Nigéria ». A partir de l’article dont il a fait l’objet sur ce site web on y apprend que la présence d’investisseurs locaux, l’acquisition des nouvelles technologies et l’utilisation optimale des ressources sont les trois principaux facteurs qui expliqueraient le succès nigérian. A y voir de près, on constate que toutes ces conditions sont également réunies dans plusieurs autres pays comme le Ghana, le Kenya ou l’Afrique du Sud. Cependant, en dépit des multiples tentatives qui sont faites dans ces pays pour développer l’industrie du cinéma, le succès n’est pas encore au rendez-vous.

L’une des conditions que nous avons identifiée et qui semble expliquer le succès nigérian est l’économie d’échelle. Ce paramètre économique qui baisse significativement les coûts unitaires de production à mesure que le marché potentiel s’élargit permet d'expliquer l’émergence de l’industrie cinématographique au Nigéria. C’est elle qui a permis de rentabiliser les productions coûteuses du cinéma et d’inciter les investisseurs locaux à placer leurs actifs dans ce secteur. C’est aussi elle qui a incité les entrepreneurs à adopter les nouvelles technologies pour profiter davantage les économies d’échelles. Enfin, c’est elle qui a induit l’utilisation optimale des ressources pour satisfaire aux exigences de rentabilité des investisseurs.

Etant le pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 168 millions de personnes en 2012, loin devant l’Egypte et l’Ethiopie (87 millions), le Nigéria présente cette particularité démographique nécessaire à l’activation des économies d’échelle qui sont très importantes dans l’industrie cinématographique. Il en est de même pour le succès croissant de Hollywood qui peut se permettre de financer des films très coûteux, mais de très bonne qualité, vendus dans le monde entier.[1] A elles seules, les économies d’échelles induites par la démographie exceptionnelle du Nigéria peuvent expliquer les trois facteurs identifiés dans les publications actuelles comme sources de l’émergence du cinéma au Nigéria.

Compte tenu du caractère exogène de cette cause, il en résulte que le succès nigérian sera difficile à répliquer dans d’autres pays africains. Même en tenant compte des perspectives démographiques, très peu de pays africains seraient en mesure de faire émerger une industrie de production cinématographique comme celle du Nigéria. Par conséquent, il serait intéressant de voir une convergence des politiques de la culture entre les pays africains de manière à soutenir la montée en puissance de Nollywood comme le hub du cinéma africain à l’échelle mondiale. Cela passera par davantage de collaborations entre les cinéastes nigérians et ceux des autres pays africains. Cette tendance est actuellement en cours entre le Ghana et le Nigéria où l’on observe que des acteurs nigérians et ghanéens jouent dans le même film. En plus, la contribution des Etats africains à la formation des ressources humaines et à la mise en place des infrastructures nécessaires à la production ne serait plus que souhaitable.

Nonobstant la conclusion à laquelle nous sommes parvenus, il n’en demeure pas moins que le mystère persiste sur les mécanismes microéconomique, politique et social qui ont assuré le succès de  Nollywood non seulement au Nigéria mais de plus en plus dans toute l’Afrique. Des réflexions plus poussées méritent d’être menées sur la question afin d’accompagner le développement de cette industrie si capitale dans le processus du développement. Me permettant de compléter cette citation attribuée à Edouard Herriot, je dirai que la culture n’est pas seulement ce qui reste quand on a tout oublié ; mais c’est aussi ce qu’il y a d’original à partager avec les autres ; le cinéma en est une.

 

Aller plus loin :

NOLLYWOOD : La réussite made in Nigeria

 

Georges Vivien Houngbonon

 

 

 

 

 

 


[1] La production du film Avatar a coûté 387 millions de dollars US. (cf. Wikipédia)

 

 

 

 

 

NOLLYWOOD : La réussite made in Nigeria

En juin 2007 sortait un film documentaire réalisé par Franco Sacchi et Roberto Caputo intitulé This is Nollywood. Ce documentaire, récompensé au Raindance Film Festival de Londres la même année, retrace la naissance et le développement de l’industrie du cinéma au Nigéria. On y apprend comment une industrie générant plus de 250 millions de dollars l’année a pu voir le jour sur le continent le plus pauvre de la planète. On y apprend également comment Nollywood est devenue en l’espace de quelques années seulement la troisième puissance cinématographique au monde en nombre de films après Bollywood en Inde (Iere) et Hollywood aux Etats-Unis (IIe).

A travers cet « exemple-symbole »je tâcherai de vous présenter une Afrique que l’on ne montre pas souvent : une Afrique qui marche, qui crée des emplois et offre de nouvelles perspectives. Cela étant dit, il faudra, de la même manière, se pencher sur les contraintes sociales et économiques agissant comme des freins à l’exploitation de toutes les capacités existantes pour le développement de cette industrie fleurissante.

La fin des années 80 est une période trouble à Lagos où la violence et l’insécurité qui l’accompagne  se trouvent partout dans les rues. Une fois la nuit tombée il devient dangereux de se hasarder hors de son domicile. Dans ce contexte et de manière extrêmement rapide, la majeure partie des lieux de vie sociale sont désertés : bars, restaurants, jusqu’aux lieux de cultes. Il en est de même pour les rares salles de cinéma que compte alors la ville. S’organise alors un système d’import massif de films vidéo venus d’Inde et des Etats-Unis. Face à cette concurrence prestigieuse, la production cinématographique locale s’effondre.

Au début de l’année 1990, un scénariste Okey Ogunjiofor, tente de trouver un réalisateur pour son histoire intitulée Living In Bondage, qui, comme son nom l’indique,  traite avant tout du rapport de l’homme au pouvoir et de la volonté des dirigeants de conserver leurs populations dans l’obscurantisme. Si le réalisateur est finalement trouvé en la personne de Chris Obi Rapu, reste encore à le produire. Ken Nnebue, déjà connu dans le milieu, décide de produire le film mais une nouvelle stratégie s’initie en ce qui concerne la commercialisation. La production décide en effet que le film ne sortira pas sur grand écran craignant que la faible fréquentation des salles  ne lui permette pas de rentrer dans ses frais. Le film est alors copié sur VHS uniquement et livré aux kiosques. Au début de l’année 1992 sort la cassette Living In Bondage. Le succès est immense. Nollywood est née.

Aujourd’hui l’industrie du film de Lagos est la troisième puissance cinématographique mondiale en terme de nombre de sorties derrière les deux géants Bollywood et Hollywood. Avec un budget global de 250 millions de dollars par an Nollywood produit plus de 1800 films par an et livre dans les kiosques plus de 30 films par semaines ! Cette production intensive comble une forte demande estimée à plus de 100 millions de consommateurs et permet dans le même temps de créer plusieurs milliers d’emplois. Quels sont donc les facteurs aillant permis un tel essor ?

On peut dégager trois éléments permettant d’entendre la réussite de Nollywood. Tout d’abord, il y a des entrepreneurs locaux qui investissent massivement dans la production des films. On retrouve aujourd’hui à Lagos, environ 300 producteurs prêts à investir chaque jour dans de nouveaux projets cinématographiques. Il y a ensuite l’acquisition des nouvelles technologies. Les caméras digitales ont laissé place aux caméras HD et les supports ne sont plus VHS mais quasiment intégralement DVD. Enfin, l’utilisation optimale des ressources s’avère être également un facteur de réussite. La durée moyenne d’un tournage est de 12 jours pendant que le budget moyen qui est alloué à un long métrage est de 15 000 dollars. La post- production est rapide et peu coûteuse pour des retombées financières immédiates. Un bon film vendra en moyenne 50 000 copies tandis qu’un véritable succès se vendra à plus du double. Le lieu physique symbolisant le mieux cette réussite est sans aucun doute l’Idumtao Market. Ce quartier de Lagos entièrement transformé en centre géant du 7e art nigérian, où les stars aiment flâner afin de tester leur popularité, abrite plusieurs dizaines de magasins tous consacrés à la vente de DVD et de produits dérivés.

Malgré cette réussite il faut noter que Nollywood se trouve encore loin derrière ses deux ainées et qu’il existe certains facteurs freinant son développement.

La réussite de Nollywood reste toute relative. Bien qu’il serait mal venu de tenter de la mettre sur un pied d’égalité avec ses concurrentes il est intéressant de noter par la comparaison chiffrée l’écart, pour ne pas dire le gouffre, qui subsiste entre l’industrie du cinéma nigérian et ses deux principales rivales. Si, comme il a déjà été dit plus tôt, le cinéma nigérian génère 250 millions de dollars par an, le cinéma indien lui en génère 1,3 milliards et l’Américain… 51 milliards toutes productions confondues (films, séries etc.). Le film le plus cher de Nollywood a nécessité un budget de 89 000 dollars tandis que son pendant américain Avatar a mobilisé un budget de 460 millions de dollars. Enfin, l’exposition internationale n’est pas encore assurée puisqu’il n’existe pas, à ce jour, de cérémonie de récompenses semblable aux Filmfare Awards (Bollywood) ou aux mondialement connus Oscars (Hollywood).

Au-delà de ce retard, des facteurs endogènes viennent perturber le développement du cinéma au Nigéria.

Tout d’abord, le piratage, massivement répandu dans la capitale, met à mal la vente des DVD malgré les contrôles répétés des distributeurs. Si le piratage existe partout ailleurs, il fait des dégâts tout particulièrement à Nollywood où les recettes ne proviennent quasi-exclusivement que de la vente de DVD puisque les sorties en salles représentent un pourcentage infime des films. Il existe également un problème d’infrastructures puisque dans le quartier de Surelere, quartier qui abrite les bureaux de production, les salles de montage, il n’existe pas de studio de tournage où il serait possible d’installer des décors virtuels. Tous les tournages se font donc sous décors naturels ce qui entraîne une nouvelle complication : le racket. Bien souvent les réalisateurs doivent payer les chefs de bandes des différents quartiers de la ville, pour obtenir le droit de tourner sur leurs « territoires » ce qui peut parfois grever lourdement le budget du film. Enfin, le manque de professionnalisme de certains acteurs peut entraîner du retard dans les commandes. S’il existe de nombreux films, les mêmes acteurs se retrouvent sur beaucoup d’affiches. Ils acceptent souvent plusieurs tournages à la fois ce qui entraîne un absentéisme répété, donc du retard, donc une perte d’argent.

 

 

Si Nollywood est économiquement intéressant à étudier, son intérêt social n’est pas à négliger. Pourquoi ce cinéma nigérian est-il si populaire ? Ce sont les sujets qui y sont abordés qui le rendent attractif. On y parle de la prostitution, du sida, de la guerre, de la religion. Des thèmes auxquels la population est confrontée tous les jours. Cette attractivité s’opère aussi par la variation dans la manière d’aborder ces thèmes : tantôt par le drame, tantôt par la comédie, tantôt par la romance. La popularité des films de Lagos est telle qu’elle se diffuse petit à petit en dehors des frontières du pays pour toucher en premier lieu les pays anglophones d’Afrique comme le Ghana, le Libéria ou encore la Zambie. Cette passion commence également à toucher la diaspora noire des Etats-Unis et d’Europe où les jeunes notamment s’intéressent aux différentes productions.

Dix-huit ans après sa création Nollywood a convaincu le Nigéria et se lance, avec ses armes, à la conquête du monde. L’industrie du cinéma nigérian est devenue si populaire quelle est aujourd’hui un instrument stratégique crucial pour certaines institutions. La maison de production évangéliste Mount Zien Faith Ministries produit exclusivement des films dont le thème est la religion et dont les scénarii mettent en avant les évangélistes face aux autres obédiences religieuses. En réponse, quelques maisons de production musulmanes, avec de puissants mécènes, se sont créées à Lagos ces dernières années.

Giovanni C. DJOSSOU

Sources : Nollywood : le phénomène vidéo par Pierre Barrot Nollywood par Hugo Pieter www.thisisnollywood.com