Vers une dévaluation du Franc CFA ?

Au regard de l’évolution de l’euro par rapport au dollar américain, il est possible que les pays de la zone franc subissent une perte de compétitivité-prix. Ainsi, une dévaluation du franc CFA est envisageable. Cependant, les indicateurs économiques actuels de la zone franc ne révèlent pas la nécessité d’une telle dévaluation. Au contraire, ils suggèrent une dégradation de la situation économique suite à une dévaluation.

Jusqu’à présent, d’importantes discussions normatives ont eu lieu sur le fonctionnement de la monnaie commune au pays d’Afrique francophone, le franc CFA. Il repose sur quatre piliers dont la parité fixe avec le franc Français et par conséquent avec l’euro, la libre convertibilité, la centralisation des réserves au Trésor Français et enfin  la libre circulation des capitaux. Dans un contexte où l’euro s’apprécie par rapport au dollar américain, il y a des craintes sur une probable perte de compétitivité-prix des pays de la zone Franc. Compte tenu des conséquences d’une telle politique de change, il importe de replacer les faits dans le cadre de la théorie économique afin de mieux comprendre l’opportunité d’une dévaluation du franc CFA.

La dévaluation intervient dans un contexte de parité fixe. Cependant, pour mieux comprendre les conditions qui président à son occurrence, il faut se placer dans le cas d’un régime de change complètement flexible. La monnaie peut alors fluctuer au gré de l’évolution de la balance courante[1] et de la balance des capitaux[2]. Ces fluctuations sont économiquement justifiées car elles permettent à la monnaie de s’ajuster aux échanges afin de maintenir une neutralité avec les échanges intérieurs. Ainsi, une augmentation du flux nets des capitaux, des biens, des services ou des transferts va se traduire par une appréciation de la monnaie. Dans le cas inverse, on assiste à une dépréciation de la monnaie.

La mise en place d’une parité fixe suppose alors que ces mécanismes de marché sont entièrement contrôlés par la banque centrale qui peut intervenir par le biais des outils de la politique monétaire pour reproduire le type de mécanisme auquel on aurait assisté en change flexible. Ainsi, une dévaluation est nécessaire si les flux nets sont en constante diminution pour annihiler l’effet d’une perte de la compétitivité-prix ; et de la faiblesse de la rentabilité des investissements étrangers.

Dans la zone Franc, la situation diffère selon les deux groupements régionaux, l’UEMOA[3] et l’UMAC[4], de même qu’au sein de chacune de ces unions monétaires. D’abord, la plupart des pays des deux zones ont une balance courante déficitaire à l’exception de la Côte d’Ivoire dans l’UEMOA et de la Guinée-Equatoriale dans l’UMAC. Sans ces deux pays, on constate qu’en moyenne, la balance courante est plus déficitaire et instable dans la zone UMAC que dans la zone UEMOA, comme le montre le graphique ci-contre. On note une tendance légèrement décroissante dans l’UEMOA ; tandis qu’elle est globalement croissante dans l’UMAC à l’exception des années 2009 et 2010. La situation dans les deux pays extrêmes est bien différente. Ils enregistrent contrairement à leur zone d’appartenance une balance courante presque excédentaire et en forte croissance notamment en Guinée Equatoriale. Il en résulte que la balance courante dans les deux zones ne suit pas une tendance à la baisse pouvant justifier la mise en œuvre d’une dévaluation.

Par ailleurs, la situation économique qui prévaut actuellement n’est pas similaire à celle qui prévalait avant la dévaluation de 1994. La différence vient notamment de la situation dans les deux pays aux situations extrêmes. En fait, la Côte d’Ivoire et la Guinée Equatoriale avaient toutes deux des balances courantes déficitaires avant la dévaluation de 1994. Cela pouvait servir de justification à une dévaluation puisque le solde des échanges extérieurs était globalement déficitaire dans les deux zones, de même qu’au Comores. Aujourd'hui, ces deux pays ont une balance excédentaire.

Quant à la balance des capitaux, les données du FMI montrent une légère croissance des IDE dans la zone Franc. Ainsi, la situation de la balance des capitaux ne peut pas non plus justifier une dévaluation du CFA même si l'hypothèse selon laquelle la croissance des IDE aurait été plus forte en l’absence d’une certaine surévaluation du CFA est plausible.

Bien que la situation des indicateurs économiques ne soit pas favorable à une quelconque dévaluation, l'on peut essayer de mesurer l’enjeu d’une telle politique. Dans le court-terme, on devrait s’attendre à une dégradation significative de la balance courante comme ce fût le cas dans l’UMAC après la dévaluation de 1994. Cette dégradation est notamment due au renchérissement du prix des importations ; l’augmentation du volume des exportations n’intervient que dans le long-terme. Dès lors, on estime que la balance courante retrouvera son niveau structurel dans plus de 10 – 15 ans.

L’augmentation du prix des importations dans le court-terme affecte de manière permanente les prix à la consommation. En effet, le renchérissement des prix à l’importation est reporté sur les prix de vente. Sachant que la plupart des produits de consommation, et même de première nécessité, est importée, une forte inflation est à craindre. On assistera certainement à l’effondrement du pouvoir d’achat des ménages et par conséquent à davantage de pauvreté. Les conséquences politiques d’une telle situation peuvent être désastreuses notamment à cause de la fragilité des gouvernements actuels.

Par ailleurs, une dévaluation va alourdir le poids de la dette extérieure pour les pays de la zone franc, qui consacrent en moyenne 15%[5] de leurs recettes d’exportation au service de la dette. Dans la mesure où le volume des exportations ne change pas dans le court-terme et que la valeur des exportations est moindre, la part des exportations dédiée au paiement du service de la dette sera encore plus importante. Il en est de même pour le principal de la dette qui verra sa valeur en monnaie locale augmenter.

Malgré les inconvénients liés à une dévaluation du CFA, il existe un gain dans le long terme sur le volume des exportations. Puisque celles-ci deviennent moins chères, leur demande augmente et se traduit par une augmentation des exportations, sous l’hypothèse que les capacités de production et la demande existent. Autrement, dans le cas où l’offre est limitée, ce qui est souvent le cas, les prix seront réajustés vers la hausse pour refléter leur niveau avant la dévaluation; ce qui limite l’augmentation attendue du volume. Il en résulte donc que dans le meilleur des cas, une dévaluation du CFA aura un effet neutre sur la balance courante dans le long-terme.

La seule composante sur laquelle une dévaluation du CFA peut avoir des effets positifs est le transfert des migrants ; notamment celui des résidents de la zone euro. Ces derniers vont bénéficier d’une augmentation significative de la valeur en CFA de leurs épargnes et pourront donc envoyer davantage de fonds vers leur pays d’origine. Cependant, l’augmentation du coût de la vie dans la zone franc risque d’éroder ce gain.

En définitive, il ressort d’une part que les indicateurs économiques actuels dans les pays de la zone franc ne justifient pas une dévaluation de la monnaie unique. D’autre part, si elle intervenait, une dévaluation du FCFA aurait de sérieuses conséquences tant économiques que politiques pour les pays de la zone. En vertu de ces deux conclusions, une dévaluation du FCFA ne peut provenir que de raisons indépendantes de la situation économique des pays de la zone franc.

Georges Vivien Houngbonon


[1] Solde des échanges de biens, de services et des transferts.

[2] Solde des flux de capitaux (investissements direct étrangers et placements spéculatifs)

[3] Union Monétaire Ouest Africaine

[4] Union Monétaire d’Afrique Centrale

[5] Perspectives Economiques de l’Afrique : http://www.africaneconomicoutlook.org/en/data-statistics/

Cameroun: richesse économique et surliquidité bancaire

Approche en chiffres de l’économie Camerounaise
Le Cameroun dispose de ressources naturelles agricoles (bananes, cacao, café, coton,miel), forestières, minières et pétrolières. Son PIB (environ 42.750 Mds de $ au total pour 3.923 Mds de budget de l’État en 2009 et par habitant 2300 $ en PPA) représente la moitié de celui de la Comunauté économique et monétaires de l’Afrique Centrale (CEMAC), ce qui lui confère une place importante au niveau régional. Le taux de croissance du PIB, en 2008 était de 3.9 %, la dette publique constitue 14.3 % du PIB ( 2009), ce qui lui confère le 116e rang mondial .La dette extérieure est de 2,929 milliards $ (2009).

Il a connu la valorisation de sa croissance économique vers les années 70 avec l’exploitation et la valorisation de ses gisements de pétrole , celle de ses exportations agricoles et de l’élevage qui était exercé en grande partie par les « peulhs ».

Le financement de l’économie Camerounaise 
La littérature économique distingue deux définitions de la liquidité : une définition étroite appelée « liquidité de financement » et une définition plus large qui renvoie beaucoup plus à la « liquidité des marchés ». Au sens étroit, la notion de liquidité recouvre les espèces ou les actifs susceptibles d’être convertis rapidement en espèces et détenus à cet effet pour satisfaire les demandes de retraits de fonds à court terme émanant des contreparties, ou pour couvrir leurs opérations. Dans cette approche, la liquidité est principalement liée à l’activité de transformation traditionnellement pratiquée par les banques.

Au sens large, la liquidité correspond à la capacité des banques à liquider un actif non monétaire, par exemple un titre d’investissement acquis à l’origine pour être détenu jusqu’à l’échéance, dans le cadre d’une opération de refinancement en monnaie de la banque centrale. La liquidité des marchés est au cœur des préoccupations de stabilité financière des banques centrales. L’absence de liquidité des marchés peut non seulement engendrer une inefficience des marchés, mais sa disparition soudaine sur un marché peut aussi dégénérer en crise systémique (Fouda, 2005).

Dans le premier cas, on est en présence d’un système bancaire qui refuse de prêter aux entreprises nationales et préfère détenir des actifs liquides mais à faible rendement auprès de la banque centrale. Dans le deuxième cas, le Cameroun comme tous les pays de la CEMAC préfèrent financer l’économie française aux dépends de leur propre économie à travers le mécanisme du « compte d’opérations ». Cette situation, n’étant pas une anomalie passagère, soulève plusieurs interrogations (Garsuault et Priami, 1997). Premièrement ne traduirait-elle pas une profonde défaillance de l’ensemble des mécanismes monétaires ? Deuxièmement, la solution adoptée actuellement qui consiste à mettre en place des Fonds pour les Générations Futures (FGF) ne remet-elle pas en question le principe même de solidarité à la base de la zone FCFA ? Troisièmement, dans ce contexte, quelles sont les différentes options qui s’offrent au Cameroun pour le financement de son économie ?

Cette surliquidité bancaire est commune à plusieurs pays à travers le monde. Elle survient lorsque la somme du compte courant et des réserves libres des institutions de crédit auprès de la banque centrale excède de manière persistante le niveau des réserves obligatoires. Plusieurs arguments ont été avancés pour expliquer l’excédent de liquidité dans la zone CEMAC en générale et au Cameroun en particulier. Nous notons le recyclage des excédents des ressources pétrolières; l’entrée des devises suite aux privatisations des entreprises publiques ; le risque élevé que représentent les prêts pour les banques, en raison des difficultés juridiques que soulève le recouvrement effectif des créances en cas de défaut ; les inefficiences importantes du système bancaire au niveau régional, qui freinent la transmission de fonds des banques très liquides de certains pays membres aux banques d’autres pays dans lesquels la demande de crédit est relativement forte ; le manque de concurrence entre les banques, en particulier au niveau régional ; la faiblesse de la demande de crédit d’un certain nombre de gros emprunteurs habituels, en particulier dans le secteur axé sur l’exportation, qui ont connu une amélioration substantielle de leur liquidité ainsi qu’un meilleur accès au crédit extérieur après la dévaluation de 1994.

Le paradoxe de la surliquidité se manifeste par une concomitance entre une surliquidité persistante et une insuffisance de financement du secteur réel. C’est le cas actuellement de la zone CEMAC. En effet, l’économie réelle de la zone CEMAC est en manque de moyens de financement externe, alors que le secteur bancaire dispose de liquidités excédentaires qu’il ne parvient pas à employer. Par sa persistance, le paradoxe de la surliquidité bancaire de la zone CEMAC dépasse un simple phénomène conjoncturel, laissant à penser que le problème de financement est celui de l’intermédiation financière et qu’il puise sa source dans l’histoire institutionnelle de la zone FCFA. Les tentatives d’explications de ce paradoxe avancées jusqu’à présent ne tiennent pas compte de cet aspect fondamental. Elles sont principalement de trois ordres.

La première tiendrait à la non coïncidence dans les temporalités de l’offre et de la demande. En effet, les banques de la zone CEMAC disposent essentiellement de ressources à court terme, alors que le secteur non financier recherche principalement le financement à plus long terme. Traumatisé par une très forte incertitude inhérente à la crise de la fin de la décennie quatre vingt, le système financier de la zone CEMAC s’avère actuellement incapable d’assurer une transformation effective des ressources.

Sources et Chiffres : BCEA
Sidi Ahmad Gueye

Article initiallement paru chez Njaccaar Le Courrier du Visionnaire

Franc CFA : Controverse symbolique ou ineptie économique ?

C’est l’histoire d’un roi qui pendant plus de cinq décennies régna sans partage sur tout un pan de continent. Assi paisiblement sur son trône depuis tout ce temps, rien ne l’a jusqu’alors véritablement inquiété. Rien, sauf ce vague écho qui se fait entendre depuis peu. Un bruit sourd et puissant, si familier aux grands monarques : celui des séditions. De plus en plus de décideurs politiques et d’intellectuels partout à travers le monde souhaitent mettre fin au « règne » du franc CFA. Vestige d’une époque révolue, symbole insupportable d’un lien de dépendance à anéantir, cette monnaie serait une plaie pour les pays africains de la zone franc. D’autres considèrent que l’on sous-estime la nécessité économique du franc CFA. Chacun des 14 pays africains l’utilisant serait parfaitement libre de créer sa propre monnaie, s’il le souhaitait. Pourtant, malgré les récriminations, le statu quo perdure. Faut-il, ou non, mettre fin au franc CFA ? La question demeure.

Ce texte est le premier d’une série de trois articles sur le franc CFA. Ce premier article aborde le sujet de manière historique. Le second se focalisera sur les arguments en faveur ou à l’encontre du maintien du franc CFA. Enfin, le troisième touchera au cœur du débat actuel sur la création d’une « monnaie unique africaine ». Nous souhaitons que le lecteur trouve dans ces travaux des éléments de réflexion plutôt que les positionnements personnels de l’auteur. Cependant, il n’est pas d’écrit parfaitement dénué de subjectivité. Nous espérons donc que les points de divergence alimenteront la discussion. .

Le « franc des colonies françaises d’Afrique »

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Entrer dans le débat sur le franc CFA sans avoir en tête quelques éléments historiques ayant présidé à son émergence, puis à son développement nous paraît être une grave erreur. C’est la porte ouverte aux discours passionnés et peu réfléchis. La question est on ne peu plus sérieuse, soyons donc méthodique.

Dans l’après-midi du 26 décembre 1945, une nouvelle monnaie est née : le Franc des colonies françaises d’Afrique –ou franc CFA, pour les intimes. La France vient de ratifier les accords de Bretton Woods et souhaite restaurer dans les plus brefs délais son autorité monétaire sur ses colonies africaines. Pendant la guerre, nombre d’entre elles ont, en effet, soit émis des monnaies gagées sur le dollar soit adopté celle de l’occupant. La parité de la nouvelle monnaie est fixe –sa valeur est fixée à 2 centimes de francs- et sa convertibilité en francs est libre1. Dès lors, un lien solide se tisse entre les deux monnaies : toute émission de franc CFA revient à accroître la quantité de francs en circulation. C’est précisément ce lien d’interdépendance qui est à l’origine d’un certain « paternalisme monétaire » dont nous ne sommes toujours pas sortis aujourd’hui. Ainsi, dès cette époque, la Banque de France s’est engagée à fournir des devises en cas de besoin, pour préserver la stabilité du franc CFA.

En 1962, le Mali se retire de la zone franc. Cet acte, loin d’être anodin, est symptomatique d’une époque. Les mentalités changent profondément durant la période de décolonisation. L’idée qu’une indépendance véritable doit non seulement être institutionnelle mais également économique émerge. En clair, pas d’autonomie sans pouvoir monétaire. Pour apaiser ce climat de tensions, le franc CFA est renommé « franc de la Communauté française d’Afrique » en 1958. Toutefois, le retour volontaire du Mali dans la zone franc en 1984 inaugure une étape nouvelle. On sait désormais que si l’autonomie monétaire est une chose, le succès économique en est une autre. Le rejet systématique de ce qui vient de France aliène plus que cela ne libère. Il faut faire sien ce qui nous est profitable et refuser ce qui ne l’est pas ; là est la véritable autonomie. Aussi la zone franc a-t-elle perduré jusqu’à aujourd’hui.

Si elle a depuis connu plusieurs transformations, la plus considérable d’entre elles est sa scission en deux zones monétaires distinctes en 1994 : l’UEMOA2 et la CEMAC 3. A ces deux zones correspondent deux monnaies différentes émises par deux institutions bien distinctes. La BCEAO4 émet le « franc de la communauté financière d’Afrique », tandis que la BEAC5 imprime le « franc de la coopération financière d’Afrique centrale ». Ainsi, contrairement à l’impression que l’on pourrait s’en faire, ni le franc CFA ni la zone franc ne constituent un univers monolithique. Conserver cela à l’esprit permettrait de nuancer quantité de discours animés sur « LE franc CFA » qui, perdant toute réalité tangible, finit par n’être plus qu’un symbole où chacun y met son grain de passion.

Quoi que l’on en dise, considéré dans son versant historique, le franc CFA restera toujours marqué du sceau du colonialisme. Quelle que soient les dénominations qu’il empruntera, il restera gravé dans les mémoires comme le « franc des colonies françaises d’Afrique ». Néanmoins, l’exemple du Mali, tout comme celui d’autres pays ayant rejoint la zone franc de leur plein gré, à l’instar de la Guinée Bissau (1997), incite à la modération. Force est de constater que certains Etats y trouvent apparemment leur intérêt. Quels peuvent être ces avantages ? Par quels inconvénients sont-ils pondérés ? Et dans l’ensemble, les bénéfices l’emportent-ils ? C’est ce que nous étudierons dans notre prochain article : Faut-il enterrer le franc CFA ?

Tidiane Ly

1 la libre convertibilité ne disparaîtra qu’en 1993 2 UEMOA : l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Bénin, Burkina Faso, Côte d’ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo) 3 CEMAC : Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad) 4 BCEAO : Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest 5 BEAC : Banque des Etats de l’Afrique centrale