Les ports, des ressources pour les économies africaines

 Les ports représentent de véritables leviers économiques pour les pays, générant d’importantes recettes fiscales. Les pays africains l’ont bien compris, et cherchent à développer ces infrastructures et les services s’y rattachant de diverses façons. Cet article propose de présenter certains enjeux économiques liés aux ports, avant de présenter les investissement et acteurs qui contribuent à faire des ports des infrastructures de poids.

Le potentiel économique des ports

La tendance actuelle est de transporter le plus de marchandises possible dans des navires plus imposants pouvant transporter jusqu’à 19 000 EVP (Equivalent 20 pieds : unité de mesure mondiale). Cette tendance redessine le paysage maritime. Désormais les grands ports mondiaux tels que les ports de Shanghai ou celui de Singapour remplissent un rôle de hub (c’est à dire une plateforme de correspondance pour la marchandise, qui facilite l’acheminement de la marchandise vers un lieu différent), ce qui va déplacer les ports secondaires vers l’Afrique et Amérique du Sud : désormais l’Afrique du Sud prend en charge des navires de 10 000 EVP.

Sur le plan national, un port est un véritable levier stratégique et économique. En effet, plus le port sera attractif, plus il aura des chances de générer des recettes fiscales importantes pour l’Etat. Pour la plupart des pays africains, plus de 90% des importations et exportations passent par les ports. Ce lieu reste un moyen de contrôle de l’arrivé des marchandises avant de pénétrer le territoire. Divers acteurs contribuent au choix du port : les armateurs (structure proposant le transport de marchandises sur leurs navires), le chargeur (entreprises faisant appel aux armateurs) et enfin les transitaires qui mettent en relation ces deux acteurs.

Les pays enclavés comme le Mali, le Burkina Faso ou le Niger, représentent des opportunités supplémentaires pour les pays côtiers : Par exemple, 60% des marchandises à destination du Mali passent par le port du Sénégal. Les pays côtiers sauront se différencier de par leur capacité à livrer les pays enclavés de l’hinterland rapidement et de manière efficace. Le critère de sélection des ports par les pays enclavés portera essentiellement sur les infrastructures environnant le port à savoir l’efficacité des réseaux routier et ferroviaire reliant le port. C’est pour ces raisons que les ports investissent également dans les liaisons multimodales. Deux grands projets vont dans cette direction. Le premier cas est celui de la boucle ferroviaire de 3 000 km reliant Cotonou (Benin) avec Parakou (Benin), Ouagadougou (Burkina Faso), Niamey (Niger) et Abidjan (Côte d’ivoire). Le deuxième cas est la ligne multimodal partant de Pointe Noir (République du Congo) et passant par Brazzaville (République du Congo) pour finir à Kinshasa (RDC).Cet axe est composé d’un réseau routier, ferroviaire et fluvial.

Investissements nécessaires

Pouvant s’étaler sur des surfaces jusqu’à 14 000 m² comme le port Richards Bay en Afrique du Sud, le deuxième plus grand port en conteneurs du continent Africain, les ports nécessitent des investissements lourds et permanents afin de maintenir leur attractivité et leurs performances.

L’investissement qui aura le plus d’impact reste le dragage, une technique qui permet d’enlever du sable, ou du gravier au fond de la mer. Cet investissement permet au port d’accueillir des navires avec des tirants d’eau (profondeur du bateau) plus important, qui peuvent par conséquent transporter plus de conteneurs. Le tirant d’eau conditionne toutes les activités sous-jacentes d’un port, ses équipements et ses infrastructures.

L’investissement le plus important en termes de coût est celui qui cible le matériel de manutention et les équipements. On retrouve dans cet investissement les équipements suivants :

  • Portique de quai : Chargement et déchargement de porte-conteneurs
  • Portique de parc (portique à l’intérieur du parc)
  • Grue mobile
  • Elévateurs (Véhicule qui transporte conteneurs)

Les investissements portés sur les entrepôts comme l’agrandissement des lieux de stockage ou les machines assurant la logistique permettront d’améliorer la gestion et le suivi des stocks.

Le système informatique est aussi un investissement à ne pas négliger. L’on peut citer le port du Benin qui a décidé de consolider son réseau informatique, ce qui a permis de faciliter la collecte de la TVA et réduit la paperasserie et le délai d’attente des navires sur les quais.

Enfin, les investissements dans la desserte de l’hinterland permettront aux marchandises de pénétrer le marché intérieur dans les meilleurs délais et de meilleures conditions.

Ces efforts financiers ont pour principaux objectifs d’augmenter l’efficacité des ports, de réduire le temps d’attentes des navires et rendre disponibles les marchandises le plus rapidement possible.

Privatisations des concessions portuaires

Les investissements abordés peuvent représenter une grande partie du budget de l’Etat si le port est entièrement nationalisé.
Par conséquent, les Etats ont souvent recours à la gestion sous forme de concessions via des partenariats publics – privé. Ces partenariats consistent à céder une partie du port sous forme de concessions à des partenaires privés. Le Port Autonome de Dakar en est un exemple, avec  DP World qui devrait investir plus de 500 millions d’euros sur 25 ans pour la construction et l’équipement du « port du futur ».

Parmi les principaux partenaires privés intervenant sur le continent, outre DP World, peuvent être citer Maersk qui gère le port de Monrovia au Libéria, et bien évidemment Bolloré avec plus de 15 ports à son actif sur le continent Africain.

Ce type de partenariat est à double tranchant pour la plupart des Etats faisant appel à des partenaires privés. Ce type de contrat a pour principal avantage de partager les risques et d’alléger les dépenses de la part des états. En effet, étant donné que les contrats de concessions ont généralement une durée moyenne de 15 ans, les entreprises sont plus enclines à effectuer des investissements de qualité, y compris en maintenance, puisqu’elles en tireront des revenus pendant cette période. Les inconvénients pour l’Etat sont d’une part la perte de contrôle des flux physiques des marchandises pénétrant sur le territoire. D’une autre part, les recettes fiscales liées au port peuvent être à la baisse car des exonérations fiscales sont parfois concédées.

A contrario, prenons par exemple le port de Radés en Tunisie dont la gestion n’est pas privatisée. Malgré le fait que ce port occupe la 9ème place du classement des ports africains, le port a des difficultés à répondre aux besoins d’une économie basée principalement sur l’import-export. Le délai d’attente est long pour charger et décharger les navires à cause des infrastructures qui présentent de problèmes d’efficience et de capacité et demandent à être rénovées.  De plus, le port a initialement été conçu pour fonctionner avec le système Roll Off Roll On (RoRo) qui consiste à charger et décharger les marchandises en les faisant rouler sur une rampe et les transports de remorque. Cependant, face à la recrudescence des conteneurs dans le commerce maritime, le port a eu du mal à s’adapter. Les cris d’alarme sur le port ne sont pas tombés dans les oreilles d’un sourd puisque le gouvernement promet d’investir pour la création de deux nouveaux quais à conteneurs et une zone logistique de 47 hectares.

L’intervention de partenaires privés permet donc d’apporter un véritable soutien financier et technologique. En revanche, comme nous l’avons énoncé précédemment, le port est véritable levier économique et stratégique du pays. Il permet également aux partenaires privés de collecter des devises étrangères. Ces nombreux avantages peuvent inciter les partenaires privés à abuser de leurs positions, comme l’entreprise Bolloré qui a été soupçonnée à de nombreuses reprises de financer plusieurs campagnes présidentielles.

Le futur : quels seront les grands ports de demain ?

Grâce au développement du commerce entre la Chine et le Brésil avec l’Afrique, le commerce maritime s’est développé en parallèle pour supporter le volume échangé qui a été multiplié par 10 durant cette dernière décennie. Ces tendances ont permis de faire naître les futurs grands ports de demain.
En Afrique de l’Est, les ports de Mombassa et de Djibouti entrent en concurrence notamment pour accueillir les nombreux navires naviguant en direction du canal de Suez.
En Afrique de l’ouest, le classement place le port de Lagos en première position grâce à sa population et sa force économique. Ce dernier est suivi de loin par les ports d’Abidjan, Dakar et Douala.
En Afrique du Sud, le port de Richard Bay qui occupe la deuxième place du classement des ports Africains reste le maître incontesté de la zone.
En Afrique centrale, les zones de conflit détériorent les réseaux routiers environnants les ports de la zone, ce qui n’enlève en rien l’énorme potentiel que présente cette zone en matière de gestion maritime et de desserte de l’hinterland.
Enfin l’Afrique du Nord est largement dominée par le port Saïd en Egypte grâce à sa situation géographique avec le canal de Suez et sa proximité géographique avec la péninsule arabique. Le port de Tanger Med occupe la deuxième place et contrairement au port égyptien, il est principalement tourné vers l’Afrique mais aussi vers l’Europe. Il occupe également la troisième place des ports Africains.

La concurrence se joue autant au niveau continentale qu’au niveau mondial. Dans ce dernier, le critère de différentiation portera surtout sur le transbordement, puisque que celui qui aura le meilleur service de transbordement pourra concurrencer les ports de la mer Méditerranée. En Afrique, les ports pouvant apporter cette valeur ajoutée seraient le port de Dakar / Mombasa au Kenya mais aussi celui de Tanger Med au Maroc.
Enfin, le regroupement de plusieurs ports en GIE (exemple Haropa : regroupement des ports du Havre, Rouen et Paris) restera une option supplémentaire pour tirer son épingle du jeu et proposer des services communs et complémentaires comme le dédouanement ou le stationnement des conteneurs.

Issa Kanouté

Sources

Magazine African business (édition de Avril – Mai 2017)

KA, Seydou, Les ambitions contrariés du port de Dakar (African business), 2017  

SAID ADEN, Samatar, La manutention portuaire au sein du terminal de Doraleh, 2010 :
http://www.memoireonline.com/09/11/4815/m_La-manutention-portuaire-au-sein-du-terminal-de-Doraleh9.html
LALEIX, Gaelle, L’empire Bolloré en Afrique: de la logistique aux médias, 2016
http://www.rfi.fr/afrique/20160413-france-empire-bollore-afrique-logistique-medias-ports-lome-conakry
ELION, Christian Brice, Transport : Bolloré opérationnalise le corridor Pointe-Noire/Brazzaville/Kinshasa, 2017a
http://www.adiac-congo.com/content/transport-bollore-operationnalise-le-corridor-pointe-noirebrazzavillekinshasa-63687
LA CONQUÊTE DE L’OUEST (DE L’AFRIQUE), 2016 – Ligne Cotonou – Abidjan
http://www.lemonde.fr/afrique/visuel/2015/09/03/la-conquete-de-l-ouest-de-l-afrique_4729018_3212.html#/
LEPIDI, Pierre, Comment l’Afrique de l’Ouest est devenue une cible pour les narcotrafiquants, 2016
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/05/26/comment-l-afrique-de-l-ouest-est-devenue-une-cible-pour-les-narcotrafiquants_4927153_3212.html

Boom du e-commerce dans le monde : l’Afrique est-elle préparée ?

ecomDans le monde, 1 462 milliards d’euros ont été générés par l’e – commerce en 2014 avec en tête la Chine et les États – Unies[1]. En parallèle, l’e – commerce pourrait atteindre plus de 50 milliard en 2018 en Afrique[2]. Cette activité correspond à l’achat et ventes  de biens et services sur internet. Malgré la fracture numérique en Afrique- 26% seulement de la population africaine a accès à internet[3]-, la population africaine très jeune et l’essor de la classe moyenne sont autant d’atouts qui permettent au e – commerce d’avoir de beaux jours devant lui en Afrique. Toutefois beaucoup reste à faire pour donner une véritable impulsion au e-commerce en Afrique. Cet article revient sur l’écosystème du e-commerce et les défis à relever pour booster le commerce en ligne en Afrique.

L’écosystème du e – commerce

Le fameux clic sur un site marchand confirmant l’acte d’achat de biens physiques ou immatériel déclenche une multitude d’activités pour que la livraison se déroule dans les meilleures conditions.
Un écosystème gravite autour de la chaîne de distribution. Cette dernière est composée d’intermédiaires ayant pour rôle de produire, de stocker, d’expédier et de livrer les marchandises.
L’écosystème, est composé de quatre éléments :

  • Infrastructure : axes routiers et réseaux internet
  • Économie numérique : Site internet adaptés/ applications mobiles/ gestion de la données et éditeurs de systèmes d’informations
  • Moyens de paiement : carte de bancaire ou par espèce
  • Outils de connexion internet : Les téléphones portables, tablettes et ordinateurs

C’est la combinaison et l’interdépendance de ces éléments qui permettront le développement du e – commerce et par conséquent qui donnera naissance aux prochains champions du secteur. Charge aux entreprises de se différencier grâce aux produits vendus.  

Le développement se fera dans un premier temps dans les villes fortement peuplées et situées à proximité des principaux axes routiers. En effet, c’est dans ces zones où l’infrastructure est développée, où les axes routiers sont dans un meilleur état et  c’est avec une connexion internet rapide  que le délai entre l’achat en ligne et la livraison se feront plus rapidement.

En effet, les coûts sous-jacents au e – commerce sont bien moins élevés que la distribution traditionnelle. Le réseau logistique sera moins complexe puisque contrairement aux distributeurs, les e – commerçants n’ont pas besoin de boutiques physiques pour proposer leurs produits car un site internet suffit pour que le client puisse visualiser des produit, sélectionner un produit et l’acheter. Les e – commerçants économisent des ressources financières car ces derniers n’ont pas à sécuriser des droits de terre pour implanter un point de vente.

Le client dispose de plusieurs moyens de paiements pour régler sa commande à savoir le paiement en espèces ou le paiement en ligne. Ces différentes possibilités auront un impact sur la chaîne de distribution. En effet, un dispositif de sécurité doit être mis en place afin d’éviter les tentatives d’arnaques si le paiement se fait en ligne.
Il faut savoir que le taux de bancarisation reste faible en Afrique. En revanche, les transferts d’argent via le téléphone mobile ne nécessitent pas forcement la possession d’un compte bancaire. Nous pouvons prédire que les moyens privilégiés seront les paiements par espèces et les transferts d’argent via le téléphone mobile.

Le portable sera le support à privilégier pour les achats en ligne!

Le e – consommateur dispose de plusieurs outils afin d’effectuer son achat tels que l’ordinateur, le téléphone  ou la tablette. En Afrique, 12% des consommateurs ont déjà achetés via leur mobile[1].

En effet, le secteur des smartphones a le vent en poupe sur le continent africain. D’une part, nous avons un continent qui a dépassé la barre du milliard d’habitant. En 2050, trois pays à savoir le Nigéria, la République Démocratique du Congo et l’Éthiopie[2] feront partie des 10 pays les plus peuplés du monde. En plus d’être peuplée, la population a la particularité d’être jeune avec une forte propension d’utilisation des TIC et du téléphone portable en particulier.

D’une autre part, la classe moyenne ne fait que croître et s’enrichir. Les constructeurs de téléphone portable africain et groupes internationaux proposent des téléphones entré de gamme à des prix raisonnables avec des fonctionnalités proches voir semblables aux portables haut de gamme. Ce n’est pas étonnant si 97% des africains auront un téléphone mobile en 2017 contre 82% en 2016[3].

Cependant, le principal challenge des e – commerçants sera de convertir les surfeurs en consommateurs grâces à des applications et sites internet adaptés pour les smartphones.

L’Etat, acteur clé du développement du e-commerce!

Tous les éléments précédemment cités permettront l’essor du e – commerce. En revanche, un dernier acteur à savoir l’État pourra accélérer ou ralentir ce développement. Le cadre législatif n’est pas à négliger puisque ce dernier pourra être propice à l’amélioration des infrastructures ainsi qu’à l’accès à internet. Prenons l’exemple du Sénégal avec le Plan Sénégal Émergent (PSE) initié par l’actuel président Macky Sall. Un des grands chantiers de ce plan est l’énergie. Ceci permettra d’améliorer la performance du secteur et de réduire la dépendance du pays. Ces ambitions auront un impact positif sur le e-commerce.
Des infrastructures développées permettront une circulation plus fluide des produits. La distribution continue d’électricité et d’un réseau de télécommunication sont des éléments nécessaires pour que le consommateur puisse effectuer une commande sur un site marchand sans interruption. 

Deux principales compétences seront requises pour lancer un site commerçant. La première compétence est la logistique. L’objectif sera de distribuer le produit le plus rapidement. Pour cela, il faudra définir un réseau de distribution adéquat et performant.
La seconde est informatique et technique. Cette compétence fait partie actuellement des compétences les plus recherchées du marché du travail. Celle-ci permettra non seulement de concevoir un site internet ergonomique ainsi qu’un back office capable de traiter les données mais aussi de comprendre le consommateur pour proposer des produits et d’établir une cartographie de la région livrée au fil des livraisons.  
L’interaction de ces compétences permettra de suivre le produit dans toute la chaîne de distribution. L’état aura la responsabilité de promouvoir cette discipline afin de profiter des retombés économiques.

En conclusion, le boom se fera en plusieurs vagues sur le continent Africain selon le degré de maturité des éléments précédemment cités. Plusieurs scenarios sont envisageables pour l’e-commerce en Afrique :

  • L’e – commerce amènera le développement d’une économie local : Cdiscount avant de s’implémenter en Afrique a fait appel à Bolloré Africa Logistics pour déléguer les activités logistiques. Les prochains e – commerçants locaux devront faire confiance aux acteurs locaux afin de créer un écosystème et faire en sorte que l’essor du e-commerce puisse aussi profiter aux acteurs locaux.
  • L’e – commerce produira des groupes nationaux : Les entreprises de commerce électronique ne proposeront pas seulement des services de ventes mais aussi des services annexes tels que la logistique, informatiques ou des services de cartographie. À titre d’exemple, Jumia, e – commerçant nigérian et 1er e – commerçant du continent africain propose désormais des services logistiques grâce à une expérience gagnée avec le temps. Les entreprises pourront aussi proposer des services plus complexes tels que des points de retrait plus nombreux, retour du produit et remboursements plus rapide. Lorsque le secteur du e – commerce aura atteint un niveau de maturité, les entreprises seront tentées par l’internationalisation. C’est à moment que l’état pourra intervenir afin de faciliter cette démarche en proposant un régime fiscal favorable tout en protégeant les entreprises nationales des entreprises étrangères.

Néanmoins, le commerce électronique sera confronté à plusieurs challenges.
La cybercriminalité sera un fléau qu’il faudra combattre. Ce dernier affecte autant les particuliers que les entreprises. En effet, les consommateurs seront découragés pour renseigner leurs identifiants bancaires et par conséquent d’effectuer une commande sur un site marchand non sécurisé.
Enfin, la mondialisation est une opportunité à double tranchant pour le e – commerce en Afrique. Quand bien même ceci permet aux entreprises de vendre leurs produits à d’autre pays, si l’état ne met pas en place un régime protégeant ces mêmes entreprises, le pays ne sera pas à l’abri de la concurrence étrangère. Des entreprises étrangères proposeront des produits présents localement mais de meilleure qualité ou avec des prix plus intéressants.

 

Issa KANOUTE


[1] Deloitte

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[2] RFI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

TIC et agriculture : pour mieux informer et accompagner les agriculteurs !

inclusion_financièreMalgré la montée de l’urbanisation dans certaines villes africaines, l’Afrique pourrait trouver son salut dans l’agriculture. On peut citer le Nigeria qui en réponse à la baisse continue et soutenue des prix des hydrocarbures a décidé de se replier sur l’agriculture afin de maintenir son niveau de croissance économique. Dans le monde, environ 60% des terres cultivables sont non cultivées. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, une grande partie de ces terres se trouvent aux États-Unis et en Russie. En revanche, l’Afrique possède aussi beaucoup de terres cultivables non cultivées. Selon McKinsey, l’agriculture ferra partie dans les années à venir des secteurs offrant le plus de perspectives de croissance et de profitabilité. L’industrie agricole pourra s’appuyer sur les NTIC pour accompagner sa croissance et surtout éviter le gaspillage alimentaire.
Le gaspillage alimentaire est, en effet, une grande problématique dans le monde. Cependant, force est de constater que le gaspillage ne se produit pas au même moment dans la chaîne de distribution et varie suivant le pays en question. Le gaspillage a plutôt tendance à se produire pour les pays les moins avancés après la récolte durant la phase de récolte et de transformation contrairement au pays riches et industrialisés pour lesquels le gaspillage se produit durant la phase de consommation par le client final. Pour les PMA (pays les moins avancés), ceci peut s’expliquer par différentes raisons telles que le manque de moyens financiers, d’infrastructures de transport ou de conservation et de communication.

Aujourd’hui avec le développement des NTIC, ces derniers  peuvent apporter une plus-value importante au secteur agricole. Cet article présente   les effets positifs des NTIC sur l’industrie agricole et identifie les conditions à remplir afin que les effets soient ressentis dans toute la chaine de distribution pour limiter le gaspillage alimentaire.

 

Le secteur agricole est dépendant des principaux éléments suivants :

  • Le cheptel : Les agriculteurs doivent s’assurer que le troupeau puisse vivre dans les meilleures conditions (protections contre les maladies, achat de vaccins …) ;
  • La météo : la majorité de l’irrigation des champs en Afrique subsaharienne provient de l’eau de pluie ;
  • Engrais et semences : obtenir les meilleurs produits aux meilleurs prix ;
  • Terre : entretenir la qualité de la terre afin que les récoltes puissent pousser dans des conditions optimales ;
  • Récoltes : s’assurer que les récoltes puissent subvenir aux besoins du village et que le reste puisse être revendu au meilleur prix.

 

La gestion de l’information

L’agriculteur doit donc avoir une bonne connaissance des différents paramètres liés  aux éléments ci-dessus. Et les NTIC peuvent l’aider à y arriver.

Les NTIC ont pour principal but d’accéder et d’échanger  l’information grâce à des supports comme les téléphones portables ou les ordinateurs. Les informations permettent aux agriculteurs d’accéder aux prix du marché des engrais et semences ou du marché des animaux (achat et revente, vaccins). En effet, une grande partie des récoltes sert à nourrir les habitants d’un village et le reste est revendu. Cependant, les agriculteurs n’ayant pas accès aux prix du marchés sont souvent emmenés à revendre leurs récoltes bien en deçà des prix du marché. Grâce aux NTIC, ces derniers pourront s’aligner plus facilement sur les prix du marché.
Les NTIC auront pour principal objectif de connecter les villages au monde extérieur notamment pour les prix du marché ou la connaissance des effets néfastes de certains produits chimiques.

Les effets sur la chaine de distribution

L’efficacité d’une chaine de distribution se mesure par la circulation de l’information. Et ceci peut se faire grâce aux applications mobiles. Ces dernières permettront le rééquilibrage de l’offre et de la demande. 
Un des moyens pour limiter ces gaspillages serait d’informer en continue et en temps réel les acteurs en aval de la chaine de l’évolution des récoltes afin d’écouler les produits dans les délais impartis (durée de vie faible pour certains aliments)., Aujourd’hui, de nombreuses applications ont vu le jour pour aider les paysans. Prenons l’exemple de l’application M-Farm qui a pour principales objectifs d’informer l’agriculteur en temps réel de la météo mais aussi des potentiels acheteurs.  Ce type d’application donne plus de pouvoir aux paysans qui pourront anticiper et mieux contrôler leurs récoltes sur le long terme.

Les conditions nécessaires pour bénéficier des effets des NTIC

Plusieurs conditions doivent être réunies afin que les NTIC soient utilisées à bonne escient.
La couverture réseau fait partie des conditions primordiales. Celle-ci selon sa puissance et sa fréquence permettra de faire circuler l’information.
Ensuite vient la problématique et pas des moindres de l’analphabétisme. La meilleure solution pour lutter contre cela reste la scolarité. Cependant, une alternative s’offre aux développeurs des NTIC pour faire face à cet obstacle. Il s’agit de l’utilisation d’images et pictogrammes. Non seulement l’utilisation des NTIC en sera simplifiée mais elles seront aussi accessible à plus de personnes du fait de l’existence d’une multitude de dialectes. Car il  est commun de retrouver plusieurs dialectes au sein d’un même village. Les solutions informatiques proposées doivent aussi être lisibles dans plusieurs dialectes afin de toucher un maximum de personnes au sein d’un même village mais aussi dans une même région.

L’agriculture restera donc un secteur à privilégier et à soutenir par le pouvoir étatique. Ce secteur reste une valeur sûre sur le long terme grâce aux terres très fertiles ainsi qu’une météo conciliante. Dans le cas où les NTIC sont utilisées à bon escient, celles-ci pourront diminuer le gaspillage alimentaire. Les prochaines étapes pour le secteur agricole seraient d’automatiser la production et de trouver une alternative à l’irrigation des champs par l’eau de pluie. Ces actions permettraient d’accélérer l’industrialisation de secteur agricole. Les NTIC constituent un support essentiel à la croissance de l’agriculture.

 

Issa Kanouté

 

Sources

Partage d’informations

http://www.finyear.com/Les-nouveaux-enjeux-technologiques-de-la-Supply-Chain_a36813.html?platform=hootsuite

Stimuler les rendements agricoles grâce aux TIC

http://www.scidev.net/afrique-sub-saharienne/tic/actualites/stimuler-les-rendements-agricoles-gr-ce-aux-tic.html

Les sols fertiles d’Afrique peuvent-ils nourrir la planète

http://www.nationalgeographic.fr/12418-les-sols-fertiles-afrique-peuvent-ils-nourrir-la-planete-enquete-alimentation/

Paradoxe : Afrique ; région la plus touchée par la faim mais ou il y’a le plus de terres fertiles

"Il est certain qu’il s’agit là d’une vision optimiste de l’avenir. La Thaïlande exporte actuellement davantage de produits agricoles que tous les pays subsahariens réunis,"

Terres africaines exploités par des groupes étrangers. Face à la pression démographique, manque de terres en Chine donc viennent en Afrique pour exporter en Chine

Travailler en collaboration avec grandgroupe qui possède la technologie

MacKinsey y croit toujours

http://www.jeuneafrique.com/mag/358092/economie/mckinsey-y-croit-toujours/

Gaspillage alimentaire

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/10/16/chaque-annee-1-3-milliard-de-tonnes-de-nourritures-gaspillee_4507636_4355770.html

Ampleur des pertes et gaspillage alimentaires

http://www.fao.org/docrep/016/i2697f/i2697f02.pdf

Les terres cultivables non cultivées dans le monde

http://www.agter.org/bdf/fr/corpus_chemin/fiche-chemin-208.html

Déçu par le pétrole, le Nigeria renoue avec l’agriculture

http://www.jeuneafrique.com/depeches/354558/economie/decu-petrole-nigeria-renoue-lagriculture/

Article teranga : TIC et agriculture: l’innovation au service du secteur primaire

http://terangaweb.com/tic-et-agriculture-linnovation-au-service/

High tech : le top 10 des applications mobiles africaines

http://www.jeuneafrique.com/165339/societe/high-tech-le-top-10-des-applications-mobiles-africaines/