L’Afrique face aux grands défis environnementaux

On a célébré ce 5 juin la journée mondiale de l’environnement, sur le thème « rapprocher les gens de la nature ». Cette année, cette journée reste entachée par la décision du président TRUMP de sortir les Etats-Unis de l’accord cadre de Paris sur les changements climatiques du 12 décembre 2015, dont l’enjeu est de contenir le réchauffement climatique « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels» et si possible de viser à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C »[1].

L’Afrique, bien que pionnière à travers l’Union Africaine dans la protection de l’environnement[2], doit maintenant faire face à de nouveaux défis environnementaux avec des problématiques ciblées et une action limitée face aux changements climatiques.

La prise en compte des problématiques environnementales en Afrique

Depuis l’adoption en 1968 de la première convention africaine sur la Conservation de la Nature et des Ressources Naturelles, les problématiques d’ordre environnemental du continent n’ont pas changé. A la protection de la nature et des ressources naturelles, s’ajoute celle de la préservation de la couche d’ozone détériorée au fil des ans par la croissante industrialisation des pays du Nord. Nombreux sont donc les défis environnementaux que ce continent doit relever pour les générations futures.Cette bataille passe notamment par la préservation de certains sites géographiques, essentiels à la protection de notre écosystème. Il s'agit entre autres de :

-La sauvegarde du bassin du Congo : Vaste région forestière d’environ 230 millions d’hectares, le bassin du Congo, regroupant une dizaine de pays[3] pour 77 millions d’habitants est la seconde forêt tropicale au monde en termes de surface après l’Amazonie. Sa superficie représente environ 6% de la superficie forestière mondiale et c’est l’une des plus grandes réserves biologiques de la planète. Les forêts du Bassin du Congo génèrent l'oxygène qui contribue à la qualité de l'air que nous respirons, jouent un rôle déterminant dans le ralentissement du réchauffement climatique en stockant et séquestrant du carbone et servent à l’alimentation des populations riveraines.

Malheureusement, des millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année du fait de son exploitation par une population en forte croissance. Cette disparition provoque des émissions de gaz à effet de serre, avec des répercussions sur le changement climatique mondial.

Dans le cadre de sa sauvegarde des actions régionales et internationales sont menées. Le bassin du Congo, c’est également 29 organisations gouvernementales et non gouvernementales dont la COMIFAC[4], les Initiatives de Type II (IT II) qui ont pour objectifs la mise en œuvre de l’Agenda 21[5] adopté au Sommet de la Terre de Rio en 1992[6]. Lors du sommet africain de l’action[7], les chefs d’Etats africains ont préconisé la mise en place d’un « fonds bleu pour le bassin du Congo » qui s’appuiera sur la mise en œuvre de micro-projets touchant aux domaines liés au développement durable tels que les projets hydro-électriques, le traitement des eaux, l'irrigation des terres cultivables.

-La grande muraille verte contre l’avancée du désert : Dans les terroirs sahéliens notamment agro-sylvo-pastorale[8], le développement socio-économique, la sécurité alimentaire et les besoins domestiques sont fortement tributaires de la disponibilité des terres arables, des ressources hydrauliques, forestières et pastorales. Les zones arides et semi-arides du Sahel représentent un ensemble de patrimoines culturels et biologiques remarquables qu’il convient de conserver, restaurer et valoriser. Cependant, les effets de la désertification, la variabilité climatique et la pression anthropique ont fortement dégradé, voire détruit cet important patrimoine naturel.

L’Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte est créée en 2005 par les Chefs d’État et de Gouvernement de 11 Etats sahéliens[9] sous l’égide de l’Union Africaine par Convention internationale[10]. Son objectif global est, d’une part, de lutter contre l’avancée du désert par les pratiques éprouvées de gestion durable des terres, de renforcer la protection des ressources naturelles et des systèmes de production et de transformation, d’assurer le développement socio-économique des Communautés locales par des plateformes polyvalentes d’Activités Génératrices de Richesses, de renforcer l’accès aux services sociaux de base et de gestion de la transition vers l’économie verte, d’éradiquer la pauvreté et l’insécurité alimentaire et de renforcer les capacités d’adaptation et de résilience d’autre part[11].

-La réhabilitation du bassin du Tchad[12] : Le bassin du Tchad est un bassin hydrographique de 2.381.636 kilomètres carré au cœur de l’Afrique soudano-sahélienne en bordure sud du désert du Sahara et il offre des écosystèmes très riches dans un environnement marqué par l’aridité. Les principales activités économiques dans la région sont la pèche, l’élevage, l’agriculture et le commerce pour une population estimée à près de trente millions d’habitants. Le cours du Lac a beaucoup changé depuis 1973 et même si son assèchement est dû à sa surexploitation (demande en eau pour l’irrigation), le changement climatique est aussi l’un des facteurs.           

En 1964, la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT)[13] a été créée avec pour mandat, la gestion durable et équitable dudit Lac et des autres ressources en eaux partagées du bassin éponyme, la préservation des écosystèmes du bassin conventionnel, la promotion de l’intégration et la préservation de la paix et de la sécurité transfrontalières dans le Bassin du Lac Tchad.

De ce qui précède, nous constatons que la question de la préservation et de la sauvegarde des ressources naturelles demeurent cruciale en Afrique. Des actions nationales, régionales et internationales sont menées dans ce sens. En sus de ces défis environnementaux le changement climatique reste le combat essentiel de ce siècle, combat dont l’Afrique est en marge à cause de ses moyens sont limités.

Vers une  préservation de la planète : l’Afrique et ses moyens. 

L’Afrique est le continent le plus durement touché par le changement climatique, bien qu’il soit moins responsable que d’autres régions de la planète, de ses facteurs causals.

Etant l’un des facteurs majeurs de dégradation de l’environnement, plusieurs rencontres internationales ont été tenues en vue de sa préservation. C’est ainsi qu’au Sommet de La Terre, Rio 1992, outre l’adoption de l’Agenda 21, une convention sur le climat a été adoptée. Elle a été entérinée par le protocole de Kyoto de 1997[14] et l’Accord de Copenhague de 2009[15]. L’Accord de Paris adopté en 2015 sur le climat et les changements climatiques est donc le résultat d’un long processus.

Lors de la conférence de Copenhague, la question de la répartition financière avait cristallisé les oppositions Nord/Sud. En effet, pour les pays en développement, le soutien financier des pays industrialisés était une condition nécessaire à leur engagement dans la lutte contre le changement climatique. Les pays développés souhaitaient en retour que les pays en développement et surtout les plus avancés participent aux efforts financiers. Lors de la Conférence de Paris, outre l’accord unanime des 195 pays de contenir le réchauffement climatique « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels»  et si possible de viser à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C », il a été convenu  d’affecter  des fonds aux  efforts  d’adaptation et d’atténuation du changement climatique des pays en développement. Toutefois, selon l’accord, s’il est vrai que les pays riches devront débourser davantage de fonds, les pays en développement sont aussi tenus d’y apporter une contribution[16].

Au regard de l’impact du changement climatique sur l’Afrique, l’objectif pour les pays africains consisterait à exploiter les vastes ressources énergétiques renouvelables du continent[17].

L’Initiative Africaine pour les Energies Renouvelables (AREI) menée par la Commission de l’Union Africaine et bien d’autres organismes, vise à permettre l’installation d’une capacité énergétique renouvelable à grande échelle sur le continent africain d’ici 2020, ce qui aurait un impact considérable sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre du continent.

En outre le Fonds Vert pour le Climat (FVC), mécanisme financier de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatique a pour objectifs de limiter ou de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les pays en développement et d’aider les communautés vulnérables à s’adapter aux impacts déjà ressentis du changement climatique.

La décision du président des Etats Unis, Donald TRUMP, de se retirer de l’Accord de Paris remet donc en cause ce Fonds car les Etats-Unis de Barack OBAMA étaient un grand contributeur[18].

Mais, comme le rappelle le président Emmanuel MACRON dans son discours du 2 juin 2017 en réponse à la décision du président américain de sortir de l’accord de Paris, « MAKE OUR PLANET GREAT AGAIN ». L’Afrique doit être en marche pour la préservation de la planète pour les générations futures. Donnez-nous les moyens et donnons-nous les moyens.

                                                                                                                                                                                                                                                         Corinne Alida KABRE

 

 

 

 


[1] Article 2 de l’accord de Paris.

 

 

 

[2] Convention Africaine sur la Conservation de la Nature et des Ressources Naturelles de 1968.

 

 

 

[3] Angola, Burundi, Cameroun, Gabon, République centrafricaine, République du Congo, Guinée équatoriale, République démocratique du Congo, Rwanda et Tanzanie.

 

 

 

[4] La Commission des forêts d'Afrique centrale (COMIFAC) est le principal organe de l'autorité qui supervise, au niveau régional, les décisions sur la conservation du Bassin du Congo.

 

 

 

[5] C’est une déclaration de propositions juridiquement non contraignantes. Ce programme pour le XXIe siècle liste les grands principes d’actions dans des domaines très diversifiés : l’éducation, la participation des femmes, l’économie, la gestion des ressources naturelles, afin de s’orienter vers un développement durable de la planète.

 

 

 

[6] La Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement, encore appelée premier sommet de la Terre, a eu lieu en juin 1992 à Rio. Il s'est tenu vingt ans après la conférence de Stockholm, la première consacrée aux questions d'environnement  et il a été adopté la « Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement» ou « Agenda 21 ». Ont été en outre adoptées à Rio deux conventions-cadres, l'une sur la biodiversité et l'autre sur le climat.

 

 

 

[7] Tenu le 16 novembre 2016 à Marrakech, cette réunion de haut niveau, organisée en marge de la COP22, connait la participation de chefs d'Etat, de gouvernement et de délégations de 50 pays africains.

 

 

 

[8]La méthode de culture concilie les arbres, la production végétale et la production animale.

 

 

 

[9] Burkina Faso, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Soudan, Tchad

 

 

 

[10] http://www.grandemurailleverte.org/, consulté le 11/06/2017 à 23h16.

 

 

 

[12] Le cours d'eau est partagé par le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Nigeria.

 

 

 

[13]Les pays membres sont : le Cameroun, le Niger, le Nigeria, le Tchad, la République Centrafricaine et la Libye.

 

 

 

[14] Signé en 1997 puis ratifié en 2005, le protocole de Kyoto a défini des objectifs légalement contraignants et quantifiés de réduction des gaz à effets de serre. Les Etats se sont engagés à réduire leurs émissions de GES de 5,2% en 2012, par rapport au niveau de 1990.

 

 

 

[15]Considéré comme l’une des conventions majeures en matière de changement climatique, la conférence de Copenhague avait pour objectif de définir la période post-2012 une fois la période d’engagement du protocole de Kyoto terminée. La déclaration finale réaffirme l’objectif de limiter le réchauffement de la planète à 2°C par rapport à 1850 devenant ainsi un objectif collectif avec 183 pays signataires.

 

 

 

[16] Le deuxième rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) sur l’écart de l’adaptation en Afrique  indique que les pays africains devront mobiliser jusqu’à 3 milliards de dollars par an entre 2016 et 2020.

 

 

 

[17]Energie solaire, énergie éolienne, etc.

 

 

 

[18] Près de trois milliards de dollars soit 23% des contributions.

 

 

 

Innovative Africa for a better tomorrow

shutterstock_162828188Despite a decade of strong growth, Sub-Saharan Africa still faces a number of social and economic challenges. These range from access to education, off-the-grid electricity, clean water, job creation and public infrastructure. While there is no silver bullet, one word is inspiring millions – innovation.
 
Of course, innovation doesn’t just happen, it takes government will. In short, the region needs to reform its economic structures to make enterprise easier. The international community also has its part to play as do foreign governments and global bodies – one piece of the jigsaw is a fair deal on climate change.
 
The COP21 conference in Paris last year laid bare the dual threats to African economic growth in relation to global warming. The first is that by asking African countries to greatly reduce their carbon output, we are asking the region to compromise economic development.
 
Moreover, climate change is, and will continue to impact Africa disproportionately through flooding, drought and starvation.  It is the ultimate injustice that African development should be threatened in this way. Francois Holland said at COP21 that the world owes “…an ecological debt…” to Africa. Such vocal support was much needed and it just that the final COP21 deal states that developing countries are entitled to international support in the development of new technologies. If the international community meets these obligations, African innovators will stand a much greater chance of building sustainable businesses.
 
Young Africans overwhelmingly prefer to work for themselves than for an existing company. They are tech-savvy with high mobile phone penetration and the continent has a growing middle-class that is hungry for high-end products and services. COP21 also provided Africa with an opportunity to showcase home-grown technologies that provide new ways to bring clean water and energy to the poorest rural communities. Energy and water support one of the region’s most important industries – agriculture. It employs millions.
 
Organizations such as Gorta-Self Help Africa are supporting rural farming communities across sub-Saharan Africa, helping them to find new ways of yielding crops. These include developing drought tolerant crop varieties and ‘climate smart’ technologies that help to keep moisture in the soil. Home-grown innovations such as these reduce reliance on purchasing foreign technologies, they create jobs and help to create supply chains that are the building blocks of a diverse small and medium enterprises (SME) sector. The COP21 deal also mandates that developed countries pool capital in order to provide poorer nations with at least $100 billion per year by 2020.
 
It is within this context of international support that young innovators can realise their potential – and it is not confined to agriculture or the environment. Mobile money solutions have helped millions of unbanked Africans enter the banking system by enabling the transfer of funds or shopping through a simple mobile phone. In the healthcare sector, new technologies are being created that have a high social impact in the prevention and treatment of disease. Professor Lesley Erica Scott won the Innovation Prize for Africa’s ‘Special Prize for Innovation’ with the development of the Smartspot TBCheck – a device that is designed to assess whether or not machines used to diagnose TB function properly. This is a technology that will greatly aid accurate diagnosis and help to curb the TB epidemic in Africa.
 
The challenge for such innovators is often limited access to capital. A region of disparate economies and financial systems means that Sub-Saharan Africa does not have the capital markets needed to support entrepreneurs. However, some countries, such as Angola, are pushing ahead with economic reforms that include public-private partnerships. Angola has also launched a unique state-backed venture capital fund, FACRA, which acts as a conduit between growing Angolan businesses and foreign investors. Through FACRA, businesses and investors from developed countries have an opportunity to meet financially viable, growing Angolan enterprises – providing foreign firms with investment opportunities whilst creating a new pathway for Angolan entrepreneurs to reach the capital they need to grow.
 
As we look ahead to a year of economic uncertainty – where low oil prices and a slump in commodities are the new normal – Sub-Saharan African nations and the international community must push ahead and do everything possible to support African innovators. Capital markets must mature, banks must be liberalised, governments must find new ways of enabling innovation and the global community must continue to do its fair share.
 
Africa has what it takes to create a tomorrow that helps it to meet its climate change obligations and innovators that will go on to build robust, diverse economies. Economic growth and environmental responsibility are not mutually exclusive and in order to support economic growth, the world must unite so that African entrepreneurs can develop financially viable businesses that provide African solutions to African challenges.

 

This article was published for the first time by TEODORO DE JESUS XAVIER POULSON on the website of the World Bank.

 

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                   Rubrique Analyse Economique

L’Afrique dans les négociations climatiques : enjeux, stratégies et perspectives

sécheresseDepuis 1990, les différents rapports du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur le Climat apportent non seulement plus de certitudes sur l’origine anthropique du dérèglement climatique observé mais aussi plus de précisions sur ses impacts actuels et futurs. Fruit de la première phase des négociations climatiques et actuellement mis en œuvre, le protocole de Kyoto est l’instrument juridique contraignant duquel ont découlé des mécanismes de régulation dont l’Afrique a très peu bénéficié. Et ce, en dépit du fait que, bien que responsable de seulement 4,5% du total des émissions de gaz à effet de serre, elle reste le continent le plus vulnérable.

Les négociations sur le cadre post-Kyoto (post 2020) ont abouti à un premier accord universel obtenu lors de la 21ème conférence des parties (COP21) en décembre 2015. Profondément conscients de l’enjeu, les Etats africains se sont distingués en  s’engageant sur des objectifs ambitieux en matière de réduction de gaz à effet de serre d’ici 2030, réaffirmant  leur volonté d’atténuer et de s’adapter au changement climatique. Ils doivent cependant continuer à travailler pour la  sécurisation des ressources financières dédiées  et un appui technique conséquent afin que leurs objectifs puissent être atteints sans entraver leur développement. Pour obtenir un accord juste et équitable à la COP21, ces Etats ont réussi le pari de tenir un langage commun. Mais il faudrait qu’ils associent davantage  la société civile et les acteurs économiques africains particulièrement dans la mise en œuvre de ces accords.        

La forte implication de la société civile dans la mobilisation contre le changement climatique et les diverses actions qu’elle a pu engager ont d’ailleurs montré sa capacité à être porteuse d’améliorations positives. Ainsi, en se positionnant comme partie prenante d’une gouvernance responsable, pilier du développement durable, cette dernière offre de réelles opportunités de changement aux Etats africains. Lisez l'intégralité de ce Policy Brief.