Une voix africaine !

L’Afrique fait aujourd’hui l’objet de tous les fantasmes : soit une terre d’opportunités plaçant le continent au centre de toutes les convoitises, soit une terre qui continue de pâtir de son si mauvais départ comme l’indiquait Réné Dumont. Cet optimisme et ce pessimisme, trouvent leur raison d’être.  Opulence côtoie précarité. L’Afrique apparaît comme le nouveau relai de la croissance mondiale alors que le Pib par habitant dans la plupart des pays ne progresse que faiblement, voir stagne dans certaines régions. Le numérique a permis l’éclosion d’une jeunesse entreprenante mais ne reste accessible qu’à une minorité. La population s’urbanise de plus en plus alors que les bidonvilles croissent, avec des accès de plus en plus limités aux services sociaux de base.

Ce grondement d’idées et de discours, parfois laudateurs ou alarmistes, portés par des entités exogènes au continent, a fait de l’Afrique une terre d’expérience en tout genre dans la quête du développement suivant le modèle occidental, comme le rappelle si bien Felwine Sarr dans son Afrotropia. Aussi ont-ils étouffé la voix intérieure du continent qui depuis les indépendances questionne et discute son modèle de développement en faisant appel à son histoire, ses croyances et ses différentes cultures.

Cette voix devient cependant de plus en plus audible à la ferveur des nombreux défis du continent, portée par une jeunesse qui peu a peu saisi les messages que lui ont laissé ses pères. Chinua Achebe interpellait déjà dans Man of the Nation et Anthills of the Savannah quant aux dérives de l’autocratie. Dans sa si longue lettre, Mariama Bâ décrivait les conditions sociales, celle de la femme en particulier, à l’aube des indépendances en Afrique ; et Ngugi wa Thiong’o dans A Grain of Wheat annonçait les écarts économiques qui émergeaient au début de la période post coloniale.

Cette nouvelle voix se matérialise sous plusieurs formes. Les réflexions d’Achille Mbembé dans Sortir de la Grande Nuit, la jeunesse africaine qui lutte pour un avenir meilleur que décrit Mbougar Sarr dans son Silence du Chœur et l’invitation à la chose politique d’Hamidou Anne et al. dans Politisez-vous ! en sont de véritables témoins. Les initiatives pour repenser l’Afrique, par les africains eux-mêmes, se multiplient. La société civile dans les pays s’organise et assure la veille citoyenne.

Toutefois, malgré ce regain de vitalité, cette voix est encore porteuse de bruits qui annihilent la clarté du message qu’elle porte et qui vise à définir une nouvelle pensée, un nouveau paradigme en ce qui concerne le développement de l’Afrique.

A ce titre, un filtre est plus que nécessaire afin d’extraire de ce signal riche en idées et réflexions nouvelles, celles qui permettront de construire l’Afrique que nous voulons. Comme le rappelle Georges Vivien Hougbonon, un tel filtre ne peut exister que dans « un cadre bien approprié » qui favorise la confrontation des idées, seule condition nécessaire et suffisante pour l’émergence de nouveaux courants politiques, économiques et sociales, pour envisager une transformation pérenne et endogène du continent.

L’Afrique des Idées ne manquera pas d’être présent à ce rendez-vous, et de participer activement à la construction par les idées d’une Afrique qui fait rêver ses enfants, car nous croyons fermement à la philosophie de Senghor que c’est « au carrefour du donner et du recevoir où chacun se sentira à l’aise parce que se sachant à la fois donneur et receveur » que l’Afrique pourra être repensée.

L’Afrique que nous voulons (suite et fin)

c68a72e0-2Nous évoquions la semaine dernière dans nos colonnes la nécessité d’une prise de recul critique face aux changements de paradigme qui s’opèrent sur le continent : plus riche, plus urbain, plus ouvert au monde, plus structuré ; mais  également plus déraciné, plus consumériste, plus « aculturel » et toujours aussi peu uni.  Posant les principes de base du concept d’afro-responsabilité, nous souhaitions en filigrane réaffirmer notre capacité à détenir les ressorts de notre propre bonheur et de notre propre émancipation.

Le propos n’étant pas d’aller à l’encontre de la marche de l’Histoire (pourquoi n’aurions nous pas, nous aussi, voix au chapitre de la modernité ?) ; mais plutôt de rester alertes pour ne pas céder aux sirènes d’un développement illusoire et d’un vernis temporaire. Heureusement, les acteurs de la construction de cette autre Afrique, durable, inclusive, en avance sur les problèmes de son temps, existent. Héros ordinaires d’un quotidien qui se cherche, ils bâtissent dans l’ombre une vision nouvelle de l’Afrique et dessinent ensemble, et souvent sans le savoir, les  contours de nouvelles utopies et de solutions inédites. Qui sont-ils ?

Nouvelle donne, les moteurs du changement.

En dépit des pesanteurs précédemment citées, qui sont le lot d'un continent qui a raté son départ post indépendance, des moteurs du changement existent. Et ce, dans un contexte de fertilité des outils et des idées, parfois hors du circuit classique de l’État et de ses démembrements.  Nous en identifions ici trois principaux : la société civile de plus en forte et influente qui émerge ; la jeunesse véritable potentiel et première richesse du continent qui s'organise et montre son envie pour le choix d'un nouveau braquet ; enfin la technologie qui permet d'imaginer un nouveau champ des possibles plus large et plus crédible.

Les acteurs culturels du continent qui, chaque jour, jouent leur rôle de moteurs importants dans le changement des sociétés. Pourquoi ? En raison de leur sensibilité à saisir l’ère du temps et le vent qui tourne. Qu’apportent-ils dans l’édification de cette autre Afrique ? De cette 3ème voie ? Trois éléments fondamentaux à tout projet d’envergure : l’audace d’y croire, la folie d’essayer,  l’énergie d’avancer. Les artistes africains n’y font pas exception et prennent de plus en plus en compte leur rôle avant-gardiste dans le changement qualitatif des pays. Véritables éclaireurs du temps présents, il dessinent les contours d’une société à venir et mettent en lumière les maux de notre temps, à l’image par exemple du projet Prophétie au Sénégal.

Dans un autre registre, les think tanks et instituts de mesure et d'influence positive, à l’instar de la Fondation Mo Hibrahim,  prennent leur  place dans l'architecture institutionnelle de l’Afrique en faisant avancer la démocratie et élargissant le cercle des outils d'aide à la décision pour les décideurs. Car pour insuffler des politiques adéquates, faut-il déjà mesurer de façon juste l’existant : nous l’avons vu avec le PIB du Nigéria par exemple, révisé à la hausse de façon considérable suite à un ajustement méthodologique.

Les réseaux sociaux enfin sont un moteur pour davantage de transparence, de réédition des comptes pour les gouvernants et de capacité de mobilisation et de lobbying pour avancer certaines causes justes. Désormais intrinsèquement ancrés dans les pratiques quotidiennes, ils deviennent également le lit d’une remise en question des structures hiérarchiques habituelles et donc le lieu d’une émancipation créatrice.

Le temps des solutions, vers un continent agile.

Afro-responsables, nous nous voulons également afro-optimistes. Car oui, ce n’est qu’au goût du risque et d’un brin de folie que nous aurons l’audace de penser une 3ème voie à la confluence des réalités actuelles et à la hauteur des défis qu’elle comporte. Oui il est aujourd’hui plus que temps de ne plus regarder dans le rétroviseur, de pardonner au passé ses serments pour achever un nécessaire et sine qua non travail de mémoire afin de bâtir un avenir fécond. Oui enfin ce n’est qu’au prix de nos efforts que nous parviendrons à lutter contre ce que La Boétie appelait « la servitude volontaire » pour construire l’Afrique que nous voulons.

Ce n’est qu’en adoptant une approche introspective que le continent, déjà adepte des sauts : technologiques, créatifs, humains ; pourra trouver les ressources nécessaires pour catalyser ses énergies et devenir un continent visionnaire.

Continent de tous les défis, serions-nous en train de devenir celui de tous les espoirs ? Nous l’espérons et le souhaitons. Ainsi, à problèmes inédits, solutions inédites. La restriction nous pousse à l’ingéniosité. Preuve en est, les innovations africaines sont aujourd’hui exportées hors de nos frontières. C’est le cas par exemple de la solution de M-banking M-Pesa, pensée au Kenya et commercialisée en Roumanie depuis 2014. Car, ne nous leurrons pas, face à l’immensité des défis qui nous attendent et à commencer par le premier d’entre eux, nourrir et instruire 1, 5 milliards d’âmes à l’horizon 2030[1], soit demain, les solutions devrons être « jugaad », c’est à dire agiles, innovantes, inédites ou ne serons pas.

C’est d’ailleurs sur cette incitation à l’ingéniosité collective et individuelle que nous souhaitons conclure cette réflexion en deux temps, dont la 1ère partie est accessible ici. A notre sens et en définitive le mot de la fin doit aller à la responsabilité individuelle, car l’Afrique, et au delà le monde de demain, habite un peu en chacun d’entre nous. C’est la fameuse théorie du colibri, cet oiseau qui face à l’incendie de la forêt a continué selon la légende indienne à apporter sa goute d’eau, aussi modeste fût-elle, pour contribuer à éteindre le feu, là ou tous les autres animaux fuyaient. Soyons colibris, soyons exigeants, soyons optimistes, soyons aigris mais surtout, soyons unis… Car, dans un monde globalisé, les propos de Fatou Diome doivent trouver une résonnance particulière : « nous serons riche ensemble, ou nous coulerons ensemble ». Ne rêvons plus simplement l’Afrique, rêvons là plus fort et surtout, construisons la, habitons la.

 

Hamidou Anne et Christine Traoré

 

A lire dans nos colonnes sur le même sujet :

La thématique de l’afro-responsabilité vous intéresse ? Poursuivez votre lecture sur le sujet  à travers une sélection de notes et analyses publiés récemment sur Terangaweb.com :

           

 

 

 


[1] Soit autant que l’Inde ou la Chine. Sur ce sujet voir l’ouvrage CHINDIAFRIQUE, Boillot et Dembinski (2013).

 

 

Les perspectives de L’ADI pour 2015

LogoTempChers amis de L’Afrique des Idées,

En ce nouvel an, L’Afrique des Idées, en tant qu’association de loi 1901 ayant pour objectif de contribuer au débat public sur l’Afrique, entre dans sa 5ème année d’existence. Depuis la mise en place de notre site internet terangaweb.com en janvier 2011, environ 1 300 articles d’analyse ont été publiés. Nos membres ont également été à l’initiative d’une vingtaine de conférences en Afrique et en France avec comme intervenants des personnalités issues aussi bien du secteur privé que du secteur public, des universitaires aussi bien que des professionnels de premier plan.

De façon spécifique, l’année 2014 a été un tournant majeur pour L’Afrique des Idées qui se positionne désormais résolument comme un think-tank qui a vocation à proposer des idées novatrices dans les domaines de l’économie, de la politique et de la culture. Au-delà des articles d’analyse, L’Afrique des Idées propose des notes d’analyse, des enquêtes ainsi que des études de recherche. Les résultats de notre étude sur la croissance inclusive, menée en partenariat avec l’Ecole d’Economie de Paris, ont ainsi été présentés à L’Université des Nations Unies à Helsinki et publiés récemment dans la série des documents de travail de l'UNU-WIDER. Afin d’appuyer cette nouvelle orientation, un conseil scientifique d’une dizaine d’universitaires et de professionnels issus du droit, de la finance et de l’économie apporte son expérience et son expertise pour mieux orienter l’essor de L’Afrique des Idées.

Dans le sillage du travail effectué en 2014, les perspectives de développement de L’Afrique des Idées s’articulent autour de trois axes. Il s’agit d’abord de crédibiliser davantage notre positionnement de think-tank en apportant au débat public des contributions scientifiques sur des thèmes tels que la mesure de l’impact de la croissance africaine, les classes moyennes africaines, les politiques de concurrence, la fiscalité et le foncier. Il s’agit ensuite de renforcer notre ancrage local sur le continent à travers l’ouverture de bureaux dans trois pays africains à l’image de celui de Dakar qui sert depuis deux ans de laboratoire de notre déploiement. Il s’agit enfin de donner davantage de visibilité à nos productions et à notre structure à travers une communication d’influence plus proactive et l’organisation d’un rendez-vous majeur que nous voulons annuel. A travers ces trois axes, nos équipes consacrent leur savoir-faire et leur dynamisme au développement de L’Afrique des Idées et à la structuration d’une agora de qualité sur l’Afrique, et en Afrique.

Les résultats de L’Afrique des Idées et les perspectives pour cette année ne sont en effet possibles que par l’engagement remarquable d’une centaine de jeunes professionnels et chercheurs, africains et non africains, mus par une conviction forte : dans un contexte où l’Afrique connait des transformations sociales et économiques inédites et attire l’intérêt du monde entier, il est nécessaire d’apporter au grand public, notamment aux africains eux-mêmes, une connaissance fine et équilibrée des dynamiques en cours. Cette contribution au débat public passe aussi par une (ré)appropriation, par la jeunesse africaine elle-même, du discours sur l’Afrique, de la même manière que la croissance du continent doit s’effectuer en priorité au profit des populations locales, les deux aspects étant du reste fortement liés. Tel est le sens de l’afro-responsabilité qui est, depuis plus de quatre ans, au cœur de notre démarche. Tel est le sens de l’engagement de L’Afrique des Idées qui a pour ambition de structurer, dans le temps long, un think-tank de référence porté par la jeunesse africaine.

Excellente année 2015 !

Nicolas Simel Ndiaye

2014 in the short and long run

20142014 did not start under favorable auspices for Africa. The onset of a civil war in both South Sudan and Central African Republic, an attempted coup in DRC, the institutional stalemate in Tunisia and the noxious political situation in Egypt have made the headlines of African news. In addition, there are less dramatic realities yet painfully concrete such as the climate of distrust prevailing between African citizens and their political representatives, in South Africa for instance. Unfortunately the systematic misuse of public goods and the embezzlements on an industrial scale don’t only happen in Malawi where the scandal resulted in the government resignation. A job market way too narrow and everyday more impervious to young graduates is feeding a general dissatisfaction.

The most pernicious of the multiple ills threatening Africa remains the lack of creativity and innovation. Creativity and innovation are not only the privilege of art or fiction. They ought to be the pillars of our action on our reality in its social, economic and political dimensions. So many things await to be improved, we cannot afford to merely suffer the present and accept it as is. Not only should we create alternatives to what is being thought and done today but also give ourselves the means to mobilize the resources which will bring those alternatives to life.

Many of my generation, now aged 20 -40, would rather watch instead of intervening on the broad range of problems plaguing the continent.  We indeed have no grip on the short term of Africa, the one of the great events which will be under the world’s spotlights in 2014. But we are the first makers of the medium term of Africa, the one which will define the decades to come by the middle of the twenty-first century, in 2050. Hence, we can make of 2014 a pivotal year in which we will pave the way for a brighter future.

It is a resolution to which we, at Terangaweb-l’Afrique des Idées, are firmly committed. Our main goal will be, for 2014, to make operational the think-tank that we have been incubating for several years and that we consider necessary to the public debate and the social life of our African countries.  As a reminder, when we launched the website Terangaweb.com four years ago, we wanted to create a free space for dialog, conducive to an exchange of ideas and rigorous analyses about Africa, because we thought that such spaces lacked in the Web, with most websites being news-oriented.

We even identify the same lack in the current offer of laboratories of ideas. The term ‘think-tank’, known also as ‘laboratory of ideas’ refers to an independent and a not-for-profit structure gathering experts with a view to producing studies and proposals for public policies, in order to enrich the debate and influence decision-making.

We have indeed few laboratories of ideas in sub-Saharan Africa while the need for expertise is acute for the public debate and the orientation of public policies. The two main think- tanks for French-speaking countries of sub-Saharan Africa are the CODESRIA (based in Dakar) and the CEDRES of Burkina Faso. They are very academic laboratories of ideas in social sciences, with an operating mode characteristic of the older generation of laboratories of ideas, aiming at an expert and technical audience and overlooking the general public and the diffusion of their analytic and policy briefs through the media and towards the decision-makers.

In 2014, we will keep on improving our website Terangaweb.com and fully dedicate our time and energy to achieve the ambition of a think-tank, l’Afrique des Idées, which will meet the need for an independent, creative, innovative and yet rigorous actor, which will propose solutions and mobilize itself for their implementation in fields such as youth employment, social protection, renovation of African civil services, preservation and sustainable enhancement of the environment and ecological heritage, inclusive growth and reduction of social inequalities, monetary policy of the CFA franc zones among other important issues…

That is the collective good resolution of l’Afrique des Idées, we wish to all success and the best for 2014.

 

An article by Emmanuel Leroueil, translated by Ndeye Mane Sall

L’Afrique a des Idées…

logo« Chantons les Africains, Chantons la Belle Afrique, Chantons les beaux paniers, … ». Cette Afrique des beaux paniers existe-elle encore ? Légitime interrogation pour de millions de jeunes africains qui, dans leurs parcours scolaires ont eu la chance d’entonner cette célèbre chanson.

Ma rentrée sur l’Afrique des Idées, je la dédie à cette Belle Afrique. N’en déplaise aux détracteurs, l’Afrique a bien des Idées. Des Idées aussi ingénieuses qu’innovantes, l’Afrique n’en manque pas.

Dans tous les coins et recoins du continent, il y a bien des choses qui se font pour mettre l’Afrique sur le droit chemin. Désolé, pour que l’Afrique se fasse respecter. Trop de ragots sur un continent, qui malgré tout, en attendant d’autres résultats scientifiques, conserve son titre plus qu’honorifique du « berceau de l’Humanité ».

En Afrique, la Conscience Collective s’accorde sur les monstrueuses difficultés politiques, économiques, sociales et depuis culturelles. N’empêche, elle fait bien naître des génies. Des génies qui ne se lasseront pas de faire briller une Afrique au passé tragique. Même l’autre, quand il chante que « l’homme noir n’est pas bien entré dans l’histoire », savait au tréfonds de son âme que l’Afrique a des Idées. Il en donnait déjà la preuve avec sa formule très polémiquée de l’ « immigration choisie ».

Mais bien heureusement, pas vraiment besoin de serpenter les rues des faubourgs d’Europe et d’Amérique ou encore de l’Asie, pour dénicher ces talents qui donnent du sens à l’Afrique. Tous n’ont pas eu besoin de faire les classes dans ce qu’on appelle très affectueusement les grandes écoles occidentales. D’autres ont même le mérite d’avoir abandonné des conditions « exceptionnelles » de ces pays scientifiquement confirmés pour s’offrir des années de réflexion sur l’Afrique en Afrique. Et que dire de ces génies qui n’ont jamais goûté aux délices d’un vol intercontinental pour certifier tout fièrement que l’Afrique a des Idées.

Je me souviens comme toujours de ce monumental chanteur béninois qui n’hésite point à clamer haut et fort que « les grands de ce monde viennent d’Afrique ». Sagbohan Danialou, puisque c’est de lui qu’il s’agit était-il dans le secret des dieux ? Certainement pas, mais des Africains convaincus d’une Afrique positive, une Afrique qui gagne, Une Afrique pionnière, ils sont bien des millions à travers le monde.

Que les uns, nationalistes de France, manifestent un extrémisme absolu d’une époque révolue; que les autres, flics de leur Etat, déshumanisent des migrants africains, parce qu’ils auraient gagné clandestinement leur pays en proie à des difficultés économiques monstrueuses, qu’ils se souviennent qu’il y a bien une Afrique qui innove. Qu’ils se rappellent qu’il y a bien une Afrique de demain. Une Afrique des Idées dont la lumière embraserait l’Humanité toute entière.

Cette Afrique, c’est celle de grands noms et de grandes icônes. De la Politique à l’Economie, de la Musique au Sport, du Cinéma au Théâtre, ils n’ont qu’un seul dénominateur commun : Prouver que l’Afrique grouille d’idées aussi pharaoniques que merveilleuses. Marcher dans cette Afrique, c’est aller sur la terre de Nelson Mandela, Kofi Anan, Barak Obama, Bertin Nahum, Agélique Kidjo, Djimon Houssou et bien d’autres dont les racines sont ancrées dans l’audace d’un continent super « convoité » depuis des générations.

Qui d’entre vous pourrait sonder la joie qui était la mienne d’apprendre qu’un togolais, médecin de son Etat se met dans l’invention d’une imprimante 3D à base d’objets recyclés. Quel bonheur est le mien de savoir que même dans son Congo natal décimé par des années de conflits que le génie de Vérone Mankou ne tarit point, et que Victor Agbegnegou, compte offrir à l’Afrique en général et à son Togo d’origine en particulier les mêmes conditions de téléphonie mobile que partout dans le monde.

Même Goldbach, depuis sa tombe, aurait ses yeux rivés sur l’Afrique. Pour qui ne le sait pas, Ibrahima Sambégou Diallo, jeune guinéen, serait en train de devenir le premier mathématicien africain à avoir élaboré un théorème. Ce dernier aurait réussi à trouver la solution à la conjecture de Goldbach.

Et point de mots pour reconnaître le mérite de ces petits génies du Liberia, du Nigeria et de plusieurs autres pays du continent qui, à peine instruits, font parler l’immensité de leur génie par des solutions miracles à des problèmes communautaires de longue date. De l’invention d’une station radio ou d’un générateur à base d’objets recyclés ou des débris d’armes de guerre, plus qu’à l’Afrique, c’est au monde qu’il donne des idées. Un regard vers la formidable trouvaille du technicien informatique sud-africain Steve Song permet de s’assurer que l’Afrique de demain se bâtit dans tous les coins du continent. En tout cas, lui pourra fournir de l’accès à internet à des milliers de villageois grâce à une technologie Wi-Fi à partir des boîtes de conserve.

Saviez-vous quelle est et sera mon estime pour cette belle cohorte de jeunes africains bien inspirés qui tirent de l’éclosion des nouvelles technologies des inventions révolutionnaires et futuristes pour l’Afrique ?

Non ! Je ne pense pas un seul instant que vous en saviez quelque chose. En tout cas, pour nous, c’est une première, un marché d’idées à l’africaine qu’on fête et qu’on ne cessera jamais de célébrer.

Mais attention ! Que l’euphorie ne l’emporte point. L’Afrique a des idées…

De-Rocher Chembessi

L’ambition 2013 de Terangaweb – l’Afrique des idées

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Cher(e)s lecteurs(trices), 

Terangaweb – L'Afrique des idées a depuis sa création privilégié une approche participative et transparente de son projet collectif. C'est dans la continuité de cette approche que je souhaite vous présenter ci-dessous le projet 2013 que nous sommes en train de formuler et qui définira les ambitions de notre think-tank pour cette année. Ce projet est encore soumis à la critique et aux propositions constructives des membres actuels et futurs de l'association. Il sera soumis au vote de notre Assemblée Générale en fin février 2013. Je vous invite à le lire, à le commenter et, s'il vous semble attrayant, à y participer en nous rejoignant. N'hésitez pas à rentrer en contact avec nous à cet effet !

Le Projet 2013 de l’association Terangaweb – l’Afrique des Idées s’articule autour de deux volets : d’une part l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de développement 2013 et d’autre part la structuration de l’association. Le plan de développement 2013 a pour ambition de faire de notre think-tank un acteur reconnu du débat public africain, au-delà de la seule production d’articles sur le site. Il s’articule autour de deux axes : il nous faut en effet à la fois renforcer nos acquis et développer de nouveaux relais de production d’idées.  Quant à la structuration de l’association, elle se décline aussi en deux axes : la mise en place d’un nouveau bureau composé d’une dizaine de personnes élues par les membres de l'association ainsi que la recherche de ressources financières pour porter le développement de l’association.

Plan de développement 2013

Axe 1 : Renforcer nos acquis

1. Mieux structurer notre association : ouverture du compte bancaire ; cotisations donnant droit au statut de membre de Terangaweb ; constitution d’une assemblée générale et vote pour un nouveau bureau de l’association, mandaté pour un an ; actualisation de nos statuts ; renforcement des pôles Communication (partenariats médiatiques, présence sur les réseaux sociaux, amélioration de la communication interne à l’association) et Trésorerie (appel à cotisation, recherche de financements publics et privés, levée de fonds pour projets ciblés) autour d’un Secrétaire Général, responsable administratif de l’association, en charge de l’organisation des réunions, de la tenue des PV, etc. Mieux diviser le travail au sein de l’équipe et définir précisément les rôles et les responsabilités de chaque membre.
Animateur clé : le Secrétaire général

2. Renforcer la production et la visibilité du site internet : recrutement de nouveaux rédacteurs ; multiplication de chroniques régulières sur le site, par des « leaders d’opinion » au style reconnaissable et affirmé ; travail de réseau des responsables de rubrique avec les acteurs liés à leur thématique (ex rubrique Culture : lien avec librairies spécialisées, site spécialisés sur la culture africaine, maisons d’édition, maisons de production, centres culturels, etc.). Développer notre stratégie de présence sur les réseaux sociaux et de référencement sur internet. Augmenter le nombre d’interviews de personnalités intéressantes, de reportage de terrain, de vidéos disponibles sur le site.
Animateur clé : le rédacteur en chef.

3. Ouvrir de nouvelles antennes territoriales en Afrique : suite à l’ouverture en 2012 d’un premier bureau Terangaweb à Dakar, cette dynamique doit être prolongée. Le but est de renforcer l’ancrage de l’association au continent africain, tant en termes de visibilité (organisation de conférence sur place, relais dans les médias locaux) qu’en termes de production (reportages et interview, liens avec les chercheurs des différents pays africains). L’objectif en 2013 est de mieux structurer le groupe à Dakar et d’ouvrir une à deux nouvelles antennes africaines.
Pour renforcer l’ « exportabilité » de l’association, il peut être envisagé dès mars 2013 de ne conserver comme nom collectif que « l’Afrique des Idées » et d’abandonner « Terangaweb ».
Animateur clé : le directeur territorial

Axe 2 : Développer de nouveaux relais de production d’idées 

1. Publier un essai collectif de la rédaction : à partir de notre production d’articles des deux dernières années, publier un ouvrage collectif qui résume notre philosophie de l’afro-responsabilité et propose quelques pistes pratiques pour relever les défis du développement socio-économique du continent.
Animateur clé : chef de projet essai collectif. 

2. Formaliser un nouvel indice économique, basé sur l’analyse de l'augmentation des revenus des populations africaines. Du fait des insuffisances d’informations communiquées par le seul taux de croissance du PIB pour appréhender les dynamiques socio-économiques africaines, nous chercherons à mettre en avant un indice économique basé sur l’augmentation réelle des revenus des ménages africains. Le but est de répartir la population d’un pays en déciles de revenus et d’étudier la variation du revenu dans chaque décile, d’une année à l’autre. Cet indice peut donner plusieurs informations qui ne sont actuellement pas disponibles : 1/ comment l’évolution de l’activité économique impacte concrètement le pouvoir d’achat des différentes catégories de population ? 2/ Comment évaluer précisément le nombre de ménages appartenant à la « classe moyenne » et le nombre de ménages destinés à rejoindre cette catégorie ? 3/ Avoir une vision dynamique des inégalités sociales (est-ce que l’augmentation du revenu des déciles les plus privilégiés augmentent beaucoup plus vite que celle de premiers déciles ?) 4/ Quelle part de la croissance du PIB d’un pays alimente l’augmentation des revenus des populations et la part qui est exfiltrée à l’extérieur du pays ? Nous comptons faire un partenariat avec un centre de recherche de l’Ecole d’Economie de Paris pour montrer l’intérêt scientifique de cet indice, ainsi qu’un partenariat avec un institut de collecte statistique africain, afin de collecter de manière systématique ces données, ce qui n’est actuellement pas fait.
Animateur clé : chef de projet indice économique.

3. Explorer la possibilité d’une activité conseil : l’objectif serait double : permettre à Terangaweb une contribution concrète et perceptible à l’accompagnement des acteurs économiques et administratif en Afrique d’une part et d’autre part contribuer à la recherche de ressources financières pour le développement de l’association.
Animateur clé : chef de projet consulting.

 

Structuration du Bureau de l'association

Le développement de notre association nécessite aujourd’hui de s’appuyer sur des ressources financières. Plusieurs sources potentielles de financement existent parmi lesquelles les subventions d’administrations publiques ou de fondations, la contribution des parrains, l’organisation d’activités génératrices de revenus, etc. La première des pistes à explorer reste cependant la cotisation des membres de Terangaweb – l'Afrique des idées. En plus de générer des revenus annuels prévisibles pour l'association, ce système présente l’avantage de renforcer le sentiment d’appartenance des membres de Terangaweb – l'Afrique des idées.

Principe :
" Il est posé le principe d’une cotisation annuelle donnant qualité de membre de l’association Terangaweb.
" La qualité de membre de Terangaweb offre la possibilité de se porter candidat et de voter pour la constitution du nouveau bureau de l’association. Plus généralement, il permet d’assister à titre gratuit aux rencontres qui seront organisées par Terangaweb avec certaines personnalités (petit-déjeuner Terangaweb) ou à toute activité restreinte à laquelle participe l'association. 

Montant :
" La cotisation se fera sur une base annuelle.
" Le montant de la cotisation devrait se situer entre 20 et 25 euros.
" Se pose la question de l’uniformisation ou pas du montant de la cotisation. Le
montant retenu (20 ou 25 euros) pourrait ensuite être converti selon une grille de
parité de pouvoir d’achat en fonction du pays de résidence de chaque cotisant.

Usage des ressources issues des cotisations :
" Frais de gestion du compte bancaire de l’associations : 50 euros par an
" Frais pour disposer d’un nom de domaine sur Internet : 72 euros par an
" Frais divers (supports de communication, organisation de conférence, mise à jour
du site internet, etc.)

Planning prévisionnel de structuration du Bureau
" Jeudi 10 janvier 2013 : Communication des références bancaires de l’association et lancement de l’appel à cotisation.
" Samedi 16 février : la liste des membres de Terangaweb appelés à participer à l’élection du bureau sera arrêtée à cette date.
" Samedi 23 février : Assemblée générale élective du nouveau bureau de l’association.

 

Emmanuel Leroueil

Directeur de Publication de Terangaweb – l'Afrique des idées