Immersion au CTIC Dakar, premier incubateur TIC en Afrique Francophone

37584cdAu cours d’un cours séjour au Sénégal, j’ai eu la chance de pouvoir plonger au cœur de CTIC Dakar, le premier incubateur TIC en Afrique Francophone. Aussi, je vous propose une série d’articles pour découvrir CTIC Dakar, ses facteurs clés de succès, ses défis et enfin ses entrepreneurs.

Cet article est une interview d’Eva Sow Ebion, Responsable Communication de CTIC Dakar, qui nous donne un aperçu général de l’incubateur.

ADI : Pourriez-vous nous présenter votre parcours ainsi que le CTIC Dakar ?

ESE : Je suis Eva Sow Ebion, je suis responsable communication et événementiel au niveau de CTIC Dakar depuis maintenant trois ans, peu après le démarrage de l’incubateur. CTIC a été créé en avril 2011, à l’initiative de la fondatrice des incubateurs TIC en partenariat avec OPTIC qui est l’organisme des professionnels des TIC.

Pour ma part, je suis diplômée en communication et ressources humaines. Je suis aussi journaliste de formation, j’ai eu à travailler pour Diplomat Investissement, un magazine économique canadien. Rentrée au Sénégal depuis trois ans, j’ai pu me créer un réseau rapidement grâce à quelques expériences dans des entreprises d’import-export. Il faut dire que le réseau est une des clés du succès au Sénégal. J’ai ensuite rejoint des associations dans la santé publique, mis en place quelques campagnes de développement durable et apporté conseil en qualité de consultante auprès d’entreprises privées avant de rejoindre l’équipe de CTIC Dakar.

Pour présenter le CTIC, nous sommes un incubateur issu d’un partenariat PPP (partenariat public-privé). L’objectif était d’être à la fois le premier incubateur en Afrique Francophone, et un projet pilote qui pourrait se déployer dans d’autres pays. L’idée pour nous était également d’avoir des partenaires locaux tels que l’ARTP (Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes). Nous sommes sous la tutelle du Ministère de la Communication et du Ministère des Finances (on parle d’économie numérique). Nos autres partenaires sont l’ADIE (Agence de l’Informatique de l’Etat) qui nous met à disposition les bâtiments, Orange qui établit la connectivité, IFC de la Banque Mondiale, Infodev et le CDE – Consortium d’entreprises.

Il était important que le CTIC soit créé car le contexte s’y prêtait; 350 entreprises privées TIC, un bon taux de pénétration du mobile – environ 95%. Le seul problème est que le contexte était peu favorable, il n’y avait pas de fonds d’investissement à la base, il n’y avait pas de fonds d’amorçage prévu pour les entrepreneurs. Certains sont ici confrontés aux problématiques de l’accès à l’internet  haut débit. Les entreprises ont des soucis pour payer les salaires donc il est hors de question pour elles de faire de la recherche-développement. Il y avait ainsi de nombreuses problématiques qui se posaient et on avait matière à pouvoir y apporter des réponses.Selfie avec Eva Sow Ebion

Pour entrer dans le vif du sujet, notre cœur d’activité c’est l’accompagnement. On le fait à travers deux grands programmes. Un premier programme qui dure 3 ans est l’incubation proprement dit, période durant laquelle les entreprises évoluent au sein de la pépinière avec un suivi administratif, comptable et fiscal. Nous apportons également beaucoup de soutien en termes de communication et d’organisation d’événements. Notre grande valeur ajoutée se trouve au niveau du business development. Dans ce cadre, nous allons avec les entrepreneurs en rendez-vous, nous les aidons à gagner des parts de marché, et cela passe nécessairement par la mise à disposition d’un fort réseau ; un réseau personnel pour chacun des membres de l’équipe mais aussi un réseau institutionnel avec les partenaires de CTIC Dakar qui permettent d’ouvrir les portes plus facilement. Le dernier élément est le coaching, toujours dans le cadre de l’incubation, où là, non seulement nous aidons au recrutement des équipes, mais nous les faisons également monter en compétences via des formations, en finance, webmarketing, leadership, etc.

Le second programme que nous proposons est un programme d’accélération qui s’appelle « Buntu Tekki » et qui signifie « la porte du succès » en wolof. Ce programme d’accélération dure 6 mois et se tourne davantage vers les porteurs de projet pas encore établis en tant qu’entreprise. Les deux principaux objectifs de ce programme sont de leur permettre de se formaliser puis de capturer leur premier client, et d’avoir une plateforme réellement fonctionnelle en termes de développement technique.

Il arrive par ailleurs que des entreprises bien établies se rapprochent de nous sans passer par ces deux programmes d’accompagnement. Nous pouvons être amenés à leur apporter un soutien sur certains points bien déterminés. Par exemple, nous faisons du business development pour certains, nous organisons des événements spécifiques pour d’autres. Il peut aussi nous arriver de faire des offres de soft landing, nous l’avons déjà fait pour une entreprise française, une entreprise américaine et deux entreprises canadiennes. En effet, nous avons été quelque peu obligés de développer, en parallèle, des prestations de service car notre principale activité est l’incubation et il faut être conscient du fait que les incubateurs en Afrique ne fonctionnent pas (dans le sens où ils ne sont pas autonomes). Pour nous, le grand challenge était de faire de CTIC Dakar un incubateur viable et autonome.

Photo_Event_TEKKI_48ADI : Etes-vous focalisés sur les activités TIC ou avez-vous une visée plus large ?

ESE : Je trouve qu’il y a beaucoup d’a priori et que les gens ont tendance à penser que le secteur des TIC ne concerne que les nouvelles technologies. En réalité, les TIC ne sont pas faites pour aller toutes seules, le plus souvent elles sont là pour servir les autres secteurs d’activité. Donc même si nous ciblons les TIC nous avons beaucoup de lien avec les autres secteurs. Par exemple, nous avons déroulé un programme TIC pour l’agriculture, un autre pour la santé, dernièrement nous en avons conduit un pour la bonne gouvernance, actuellement nous réfléchissons à un programme TIC pour l’export, il y en aussi eu un pour le tourisme. Le but étant de faire comprendre aux entreprises et aux populations que les TIC ne sont pas là pour changer leur mode de fonctionnement mais pour faciliter leurs pratiques par un usage intégré.

ADI : Concernant les entreprises incubées, quel est le taux de réussite ? Sont-elles soumises à un processus de sélection ? Leur succès est-il lié à la motivation de l’entrepreneur où dépend-t-il d’autres facteurs ?

ESE : Mon avis est partagé car on peut avoir un porteur de projet extrêmement motivé, qui a tout pour réussir et qui ne va pas y arriver. Nous le constatons parfois malheureusement. D’autres fois, des porteurs de projets dont le profil ne nous semble pas idéal réussissent. Donc je pense qu’il y a aussi des paramètres qui ne sont pas professionnels et qui doivent être pris en compte du fait de la société dans laquelle nous nous trouvons.

Sur trois ans, nous avons connu de belles success stories, la plus belle étant People Input qui est aujourd’hui connue à l’échelle continentale. Le fait qu’ils aient été les premiers à se positionner clairement sur le digital a joué un rôle déterminant dans leur ascension fulgurante. Aujourd’hui par contre, la concurrence est rude dans ce secteur. Nous avons d’autres belles histoires à raconter comme celles de Nelam ou Seysoo.

Pour donner une idée, sur les trois premières années d’incubation, sur la totalité des entreprises, une seule a arrêté le programme, et ce pour des raisons personnelles. En 2013, nous étions à 1 milliard de FCFA de chiffre d’affaires cumulé sur toutes nos entreprises, avec environ une cinquantaine d’emplois créés.

De façon générale, les entrepreneurs de CTIC Dakar réussissent au moins à mettre en place une entreprise viable, un modèle économique viable. Il y a un processus de sélection pas facile et ceux qui le réussissent ont forcément un potentiel de réussite. La première sélection se fait au niveau de CTIC Dakar et la seconde avec le comité de sélection composé des parties prenantes de CTIC Dakar (parmi eux sont représentés des Ministères, IFC, Orange, OPTIC, l’ADIE, des experts sectoriels, la Banque Régionale de Solidarité, des entreprises privées, etc.).

ADI : Que pensez-vous du niveau de formation et des compétences des entrepreneurs ? Les ont-ils acquises au Sénégal ou à l’étranger ?

ESE : Il faut dire qu’au départ j’étais très axée diaspora et je me suis rendue compte par la suite qu’il y a une très bonne technicité au niveau local. Nos entrepreneurs Sénégalais sont de très bons techniciens et de très bons ingénieurs. Je les trouve meilleurs que ceux qui viennent de l’étranger, notamment ceux qui ont étudié à l’ESP. Le problème pour eux se trouve davantage dans la diction, le marketing, la communication, le développement commercial. Les Sénégalais de la diaspora sont meilleurs dans le relationnel et savent mettre en avant leur projet. Ils sont également plus exigeants au niveau des ressources humaines mais les « produits sénégalais » n’ont rien à envier aux sénégalais de l’extérieur.

Photo_Event_TEKKI_48_2ADI : L’Afrique anglophone est très en avance dans le développement des TIC (notamment le Kenya, le Nigéria ou encore le Ghana). Quel est de votre point de vue le positionnement de CTIC Dakar et du Sénégal dans ce secteur en Afrique ?

ESE : Je répondrai en trois points à cette question.  En mettant de côté l’Afrique du Sud, pour moi les pays anglophones font beaucoup. Il suffit de voir le nombre d’incubateurs au Nigéria, au Ghana, même au Libéria. Il est donc certain qu’ils sont très en avance mais ils n’ont pas encore trouvé de viabilité financière. Donc je pense que si un incubateur ne fonctionne pas très bien financièrement, cela signifie que les entreprises incubées ne fonctionnent pas nécessairement bien, ou du moins ne font pas suffisamment de chiffre pour porter l’incubateur.

Chez nous, c’est le même principe, on se rémunère sur le chiffre d’affaires des entreprises incubées. Mais nous avons pensé qu’il était important que nous continuions à grandir afin de donner plus d’élan à nos entreprises. C’est pour cela que nous avons tenté de trouver un modèle qui nous était propre et qui permettait qu’on devienne viable en tant qu’incubateur. Ce modèle nous l’avons trouvé à travers des services annexes que nous proposons à des entreprises. Ce sont surtout des évènements Tech. Le second point est la langue et aussi l’instabilité politique qu’il y a eu dans certains pays. Ces deux facteurs ont fait que nous avons pris du retard en Afrique francophone. Il y a dix ans, les sociétés anglophones ont commencé à sensibiliser leurs populations, contrairement à nous. Enfin, il y avait le problème de la connexion et du haut débit.

Notre volonté aujourd’hui est de répliquer notre modèle. Nous l’avons fait en appuyant la création du CIPMEN , centre d’incubation des PME du Niger et nous avons été mandatés dernièrement par la Banque Mondiale pour étudier le potentiel de la Mauritanie. Nous souhaitons répliquer au maximum notre modèle en Afrique francophone subsaharienne. Au niveau national, nous poussons également à la mise en place d’incubateurs régionaux à Thiès, Saint Louis et Ziguinchor.

Interview réalisée par Awa SACKO

1ére édition de l’Africa Code Week dans 17 pays africains

Membre de l’équipe Simplon et responsable communication de la première édition de l’Africa Code Week qui aura lieu dans 17 pays africains du 1er au 10 octobre 2015, Lucie Jagu nous éclaire sur les raisons d’une telle initiative.
 

A.S. : Quels sont les objectifs de l'Africa Code Week?

L.J. : Les organisateurs et partenaires sont partis du constat qu’au cours des vingt prochaines années, il y aura des millions d’emplois disponibles dans l’économie numérique. Parallèlement, sur le continent africain, des millions de jeunes entrent chaque année sur le marché du travail: l'économie digitale peut être pour eux un véritable potentiel d'insertion sociale et professionnelle. Il se trouve, enfin, que tous les partenaires de l’événement sont concernés par les questions d’éducation et d’innovation sociale.

L’objectif de l’Africa Code Week c’est, d’une part, de sensibiliser les pouvoirs publics et les publics à tous les enjeux du numérique et de la littératie digitale, d’autre part, de mettre en valeur les écosystèmes numériques africains déjà très engagés et actifs sur ces questions-là. Simplon a déjà des relations avec les écosystèmes africains à travers ses partenaires, la diaspora, les startups africaines, et c’est pour cela que nous souhaitions promouvoir les activités des acteurs locaux. D’un point de vue stratégique, sur le long terme, nous souhaitons construire des initiatives et des partenariats solides pour pérenniser l’initiative en impliquant les institutions publiques, les acteurs économiques et les organismes panafricains et internationaux.

Concrètement sur le terrain nous souhaitons développer trois axes :

– La formation de  futurs formateurs (train the trainer)
– L’organisation d’ateliers d'initiation au code qui auront lieu en octobre pour les enfants/jeunes de 8 à 24 ans
– La mise en place de cours online et offline, en français et en anglais. Ce dernier volet est géré par openSAP.


A.S. : Les organisateurs de l'événement sont tous Européens. Cela vous semble-t-il cohérent?

L.J. : Je dirais qu’effectivement les organisateurs sont pour la plupart occidentaux, les acteurs clés étant : le groupe SAP, le Galway Education Centre qui est irlandais et Simplon qui est français. Cependant, un autre partenaire très important est le Cape Town Science Centre basé en Afrique du Sud.  Nous comptons également sur le soutien de la Fondation Roi Baudouin de nationalité belge mais qui officie en Afrique. Enfin les bus Ampion apporteront leur contribution.

Ce que nous tentons c’est d’impulser une dynamique mais nous veillons à ce qu’elle se fasse toujours avec les acteurs locaux. C’est pour cette raison que nous avons aujourd’hui une cinquantaine d’ambassadeurs locaux pour les 17 pays. Ces relais sont très actifs  et ce sont eux, dans les faits, qui portent l'Africa Code Week. Leurs retours d'expérience et leurs  connaissances des communautés est primordial. Sans eux, l’initiative n’existerait pas.

Au-delà des ambassadeurs, nous avons des partenaires stratégiques tels que les ministères (Ministère de l’Education au Maroc, Ministère des Postes et de l’Economie Numérique au Togo, Ministère des Postes et des TIC en Côte d’Ivoire), des acteurs privés dans les télécommunications (ATOS au Maroc, Alink Telecom au Bénin et en Côte d’Ivoire). Nous venons par ailleurs de conclure un partenariat avec Google et nous travaillons à la concrétisation d’autres partenariats stratégiques pour les prochaines éditions.


A.S. : L'initiative est soutenue par le gouvernement français. De quelle manière cette coopération se concrétise-t-elle?
L.J. 
: Il y a plusieurs éléments. Nous avons la chance de bénéficier du patronage de Madame Girardin, Secrétaire d’Etat au Développement et à la Francophonie, ainsi que de celui d’Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au Numérique.

Dans le cadre de ces deux soutiens, il est très important de noter qu’ils s’inscrivent dans la continuité des actions mises en place par le gouvernement français : le plan ‘Sud(s) et numérique(s)’ et ‘La France s’engage au Sud’.

Dans la même démarche que nous, ces ministères veulent encourager l’initiative. Concrètement, ils vont relayer l'information et mobiliser les réseaux de la coopération française pour l’opération.


A.S. : Les opérationnels de l'événement (comme vous-même) sont les responsables de la communication. Peut-on considérer cet événement comme une simple opération de communication?

L.J. : La démarche de Simplon est la suivante : on part du principe qu’il s’agit d’une première édition de l’Africa Code Week organisée en 8 mois seulement pour insuffler une dynamique. Nous avons besoin de grands groupes comme SAP pour communiquer massivement et mobiliser les réseaux afin de soutenir les ambassadeurs sur place.

Au-delà de la communication, c’est une opération de visibilité, une vitrine qui doit permettre aux acteurs de l’écosystème numérique africain d’être reconnus à grande échelle. Ce n’est que le début d’un mouvement de fond. Pour les prochaines années, nous espérons approfondir tous les partenariats. Cette première étape est un réel appel aux soutiens et aux partenaires potentiels.

Propos recueillis par Awa SACKO
Ambassadrice de l’Africa Code Week Sénégal
Directrice Générale d’AGRINAFRICA Sarl

Immersion au CTIC Dakar: le point de vue des entrepreneurs

Au cours d’un cours séjour au Sénégal, j’ai eu la chance de pouvoir plonger au cœur de CTIC Dakar, le premier incubateur TIC en Afrique Francophone. Aussi, je vous propose une série d’articles pour découvrir CTIC Dakar, ses facteurs clés de succès, ses défis et enfin ses entrepreneurs. Cet article est le dernier de la série sur CTIC Dakar. Il s’agit d’un recueil de témoignages de quelques entrepreneurs qui, tous les jours, font vivre CTIC Dakar et contribuent à sa renommée. 

 

LogoLAM Malick Diouf – LAFRICAMOBILE 

Avant de nous installer au CTIC, nous nous sommes renseignés sur l’environnement entrepreneurial et TIC au Sénégal. Tout nous renvoyait vers deux endroits : CTIC et Jokkolabs. Jokkolabs est un espace de co-working.

CTIC, en plus d’offrir l’espace et l’environnement, met à disposition des personnes pour nous aider sur des problématiques spécifiques, d’autant plus que d’autres entrepreneurs sont passés avant nous et que donc, l’équipe CTIC a accumulé beaucoup d’expérience. Ainsi, elle peut nous faire avancer plus vite dans la mise en place et le développement.

La grande difficulté que nous rencontrons aujourd’hui est le fait de vouloir être présent à la fois au Sénégal et en France alors que nous avons une équipe réduite. Lorsque les leaders de l’entreprise sont absents, c’est là que le CTIC nous apporte un vrai soutien en aidant l’équipe à bien aborder les questions.

Par ailleurs, l’environnement au CTIC est pour nous très propice à notre développement, étant donné que nous créons des outils de communication web et mobile pour la diaspora africaine. Actuellement, nous bénéficions de l’espace de co-working et entrons dans la phase de pré-incubation. Nous passerons prochainement devant la commission pour intégrer le programme d’incubation ; cela dépendra de la viabilité économique de notre business. 

NDLR : J'ai appris aprés avoir réalisé cette interview que LAFRICAMOBILE a finalement intégré le programme d'incubation.

Camille Kramer-Courbariaux BAOBAB ENTREPRENEURSHIP 

Les vrais bénéfices de pouvoir travailler dans un endroit comme le CTIC, c’est avant tout la communauté que l’on y trouve, le réseau et les personnes qui y transitent. La notoriété du CTIC fait que des personnes et des entreprises qui évoluent dans notre écosystème viennent ici et la mise en relation se fait de manière très naturelle. Le CTIC est également très généreux dans la communication et fait entrer les porteurs de projet dans son réseau. L’avantage principal est qu’en étant ici, nous obtenons les informations avant qu’elles ne soient dévoilées, ce qui permet de bien se positionner et d’adapter sa stratégie, d’avoir une porte d’entrée sur des partenariats, des apporteurs d’affaire ou des prestataires de service qu’on aurait peut-être pas trouvé si l’on avait été tout seul.

Ensuite, pour nous qui travaillons dans l’espace Buntu Tekki, nous bénéficions aussi de la communauté d’entrepreneurs qui travaille à côté de nous, avec qui on peut échanger en direct et, de là, beaucoup de synergies se créent et des partenariats se nouent. Pour résumer, je dirais que c’est cette proximité avec l’écosystème TIC qui est la grosse valeur ajoutée du CTIC. L’équipe du CTIC est entièrement à notre disposition et nous en profitons au maximum. D’un point de vue humain et d’un point de vue networking, le CTIC est formidable. 

 

logo REALCLICTalla Diop – REALCLIC 

Je suis pré-incubé au niveau de CTIC Dakar depuis plus d’un an. Je fais partie de la deuxième phase de présélection d’entrepreneurs. Je développe divers services SMS et mobiles pour tout type d’activités et tous les secteurs : campagnes de communication SMS, sondages SMS, SMS Food pour la restauration et autres. Je remercie CTIC Dakar pour ces locaux et infrastructures mises à ma disposition. Pour l’instant, tout ce que j’ai réalisé côté commercial, j’y suis arrivé par moi-même. Ce que j’attends de CTIC Dakar c’est un accompagnement dans le développement commercial et la gestion car je suis un pur technicien. Pour le moment, un certain nombre de clients semble être intéressé par mes services, je les ai démarchés en allant les rencontrer directement sur le terrain. 

 

LOGO-DUGLANTE FullAbdoulaye Seck – SF TECHNOLOGIE 

Je suis le fondateur de SF Technologie, une entreprise qui fournit des solutions innovantes et la première que nous avons créée s’appelle DUGLANTE qui signifie « interactif » en wolof. C’est après la création de DUGLANTE que je me suis rapproché de CTIC Dakar. C’est l’équipe du CTIC qui m’a aidé à la mise en place du projet et sur l’aspect commercial. Cela fait maintenant six mois que je suis accompagné par l’incubateur et je ne le regrette pas, car grâce à leur encadrement et à leur accompagnement, je commence à vendre la solution et donc à gagner ma vie.

DUGLANTE est une solution qui permet au public d’envoyer des SMS et des tweets lors d’évènements, concerts, conférences, forums, lancements de produits, etc. Cette solution facilite l’interactivité entre le public et l’organisateur. Après l’évènement, nous envoyons un rapport avec les statistiques à l’organisateur afin qu’il puisse connaître le nombre de participants, leur intérêt et leur satisfaction. C’est là tout l’intérêt de notre solution. 

 

Sadibou SowINAOTA 

Sow3Je suis incubé au CTIC depuis un peu plus d’un an, mais j’y étais présent dès les débuts en partenariat avec une autre entreprise. Selon moi CTIC Dakar est un projet très intéressant, voire indispensable, pour plusieurs types d’entrepreneurs. Des personnes qui ont des idées potentiellement fort intéressantes mais qui n’ont pas d’investissement ou pas d’expérience dans la gestion d’entreprise se verront offrir une grande valeur ajoutée dans un incubateur de ce genre.

C’est le profil le plus fréquent que je rencontre au CTIC : des personnes formées dans un domaine spécifique (développeurs notamment) et qui ont besoin d’entrer dans d’autres domaines. Moi, par exemple, je suis programmeur de formation et j’avais besoin d’aide au niveau de la gestion, des finances, du relationnel, du réseautage. Pour tout cela,  le CTIC m’a beaucoup apporté. 

 

Stéphane NdourSAMA EVENT 

NDour3J’ai lancé SAMA EVENT qui n’était au départ qu’un projet. Arrivés au CTIC, on nous a appris à voir les choses différemment pour pouvoir vendre l’application et construire notre modèle économique. L’autre chose importante que CTIC Dakar nous a apporté, ce sont les opportunités de partenariat qu’on pouvait nouer dans le domaine de la technologie, obtenir les possibilités de se connecter à des systèmes autres que les nôtres, avec des API (interface de programmation), etc., ce qui est intéressant lorsqu’on veut fournir un service informatique de qualité. Il faut avoir un certain nombre de services connexes pour pouvoir vendre toute une palette de services. Voilà ce que CTIC nous a apporté pendant deux ans (soit deux sessions d’accélération). Aujourd’hui nous continuons seuls à déployer le modèle développé au départ avec le CTIC.

 

Babacar BiraneBAOBAB ENTREPRENEURSHIP 

Birane3Co-fondateur et Manager Général de BAOBAB ENTREPRENEURSHIP, je suis au CTIC depuis novembre 2013. J’y suis arrivé un peu par hasard car à mon retour de Grenoble je souhaitais démarrer administrativement et opérationnellement la start-up mais je n’avais nulle part où m’installer pour travailler. Un de mes associés, employé dans une startup incubée au CTIC m’a introduit à l’administration de l’incubateur à l’occasion d’un de leur évènement, « le Connectic », et puis je connaissais déjà le Catalyst, Yann Le Beux.

A partir de là, j’ai été accepté dans l’espace de travail type coworking space, Buntu Tekki. C’est très pratique lorsqu’on a un petit budget de bénéficier d’un tel espace en centre-ville. Bien que je ne sois pas incubé au CTIC, cela me permet d’accéder à un vaste réseau, de rencontrer beaucoup d’entrepreneurs, y compris de l’extérieur car le CTIC a une visibilité internationale. C’est ainsi, entre autres, que BAOBAB ENTREPRENEURSHIP a noué un large réseau de partenaires. Aujourd’hui, ce qui nous lie au CTIC, ce n’est pas une relation d’incubation, c’est une relation partenariale car le CTIC est positionné dans la chaîne d’accompagnement un peu plus en aval que BAOBAB ENTREPRENEURSHIP.

Le CTIC accompagne des start-up qui existent déjà et qui sont à la recherche de leur croissance. BAOBAB ENTREPRENEURSHIP est positionné plus en amont et tous les projets qui ne sont pas retenus au CTIC sont orientés vers nous. Nous nous assurons de la validité de leur business model et de leur degré d’aptitude à la croissance. Une fois que ces objectifs sont atteints, nous les mettons, entre autres, en relation avec le CTIC pour un programme d’incubation. 

Propos recueillis par Awa SACKO 

 

Immersion au CTIC de Dakar : Challenge

YannAu cours d’un cours séjour au Sénégal, j’ai eu la chance de me plonger au cœur du CTIC Dakar, le premier incubateur TIC en Afrique Francophone. Aussi, je vous propose une série d’articles pour découvrir le CTIC, ses facteurs clés de succès, ses défis et enfin ses entrepreneurs.

Cet article est une interview de Yann Le Beux, Catalyst à CTIC Dakar, qui nous explique les stratégies de développement du CTIC et les défis à surmonter.

ADI : Pourriez-vous nous raconter brièvement votre parcours et le contexte dans lequel vous évoluez au CTIC ?

YLB : Je suis Yann Le Beux, je suis Français résidant au Sénégal depuis trois ans pour le CTIC. J’ai eu la chance de bénéficier d’une bourse de la coopération allemande qui recherchait un startup advisor pour l’incubateur. Au départ, j’ai fait des études d’ingénerie matériaux avec une spécialisation en management de l’innovation. Après des expériences en Belgique, en Angleterre et aux Etats-Unis, je souhaitais en apprendre davantage sur l’évolution et l’impact des technologies en Afrique. L’idéal pour moi était de travailler dans un incubateur afin d’entrer rapidement en contact avec tout un écosystème et mieux comprendre comment les choses se passent. Je ciblais toutes les sciences mais les TIC m’intéressaient plus particulièrement. Au niveau des pays, je ciblais le Kenya, le Ghana et le Sénégal qui offraient il me semblait un environnement plus propice au développement de l’entrepreneuriat Tech.

J’ai donc rejoins l’équipe de CTIC Dakar quelques mois après son lancement en 2011, en tant que « Catalyst ». Nous avions à l’époque une petite équipe et étions donc tous très polyvalents. Pour ma part, en dehors du suivi quotidien des entreprises bien sûr, je me suis intéressé à la conception et la mise en place de nouveaux programmes tels que notre accélérateur de startup, et d’événements, faisant ainsi en sorte que ces derniers participent à la structuration de l’écosystème. Par ailleurs, nous avons réalisé pas mal d’actions sur la question des Business Angels et du financement en général, du lien avec les universités, et nous avons fait en sorte de mieux structurer nos programmes d’accompagnement pour pouvoir les améliorer et intéresser des partenaires. Enfin, je suis parfois l’interface pour les relations internationales. Le fait que je sois étranger peu aussi faciliter les échanges avec l’extérieur.

ADI : Pourriez-vous nous expliquer les particularités du CTIC ?

YLB : Bien que CTIC Dakar soit issu d’un partenariat public-privé, l’idée de l’incubateur provient au départ du secteur privé, notamment du patronat (OPTIC – Organisation des Professionnels des TIC) et la présidence de notre comité de gestion revient d’ailleurs au secteur privé. Au départ, une quarantaine d’entreprises informatiques plutôt traditionnelles (revendeurs de PC, développeurs ou intégrateurs de logiciels, etc.) qui composaient le secteur privé ont ressenti le besoin de créer un incubateur pour créer de l’innovation. C’est pour cette raison que le secteur privé est beaucoup plus influent au niveau de CTIC et que nous sommes beaucoup plus axés business. Légalement, nous sommes une association mais nous ne le disons quasiment jamais ; nous nous percevons davantage comme un cabinet de conseil.

Nous sommes également membre d’un réseau qui s’appelle Afrilabs, le réseau des incubateurs et hubs africains. Nous sommes 32 au total dont seulement 5 francophones (malheureusement). Ce réseau nous apporte beaucoup car il permet de partager des informations pertinentes ainsi que nos expériences, de constater les méthodes qui fonctionnent le mieux et d’adopter les meilleures pratiques pour être plus performant.

Au Sénégal, pour le moment il n’y a qu’un seul incubateur dédié aux entrepreneurs TIC, alors qu’il y en a déjà plusieurs milliers aux Etats-Unis et en Chine. Dans les années à venir, nous en aurons sûrement de plus en plus qui se spécialiseront par secteurs technologiques. C’est pour cela que je trouve fascinant d’être parmi les pionniers de ce domaine en Afrique francophone et d’être dans un centre qui dispose de ressources relativement importantes (10 employés, locaux de 500m2, financement pour les startups, etc.) pour accompagner les entrepreneurs Tech.

ADI : Etant donné que le secteur privé à une place importante dans la gouvernance du CTIC, est-ce que le profil des entrepreneurs sélectionnés est fonction du type d’innovation recherché par les entreprises partenaires ?

YLB : Il n’y a pas de lien entre les deux. Au départ, les entreprises du secteur ne savaient pas exactement quel type d’innovation elles souhaitaient trouver dans l’écosystème. Il s’agissait davantage de leur image et de voir l’émergence de jeunes start-up. Aujourd’hui, nos entreprises incubées sont parfois concurrentes  de celles qui composent le secteur privé, et c’est une bonne chose. Cela prouve que nos entreprises grandissent vite et bien. Dans d’autres cas, certaines entreprises plus grandes sont intéressées par acquérir certaines startups innovantes et c’est une très bonne chose également.

ADI : Quelle est l’implication des entreprises privées dans les activités de l’incubateur ?

YLB : La plupart des grands groupes essaye d’une manière ou d’une autre d’entrer dans une dynamique d’écosystème. Mozilla Firefox, par exemple, a présenté récemment le lancement d’une nouvelle plateforme à nos entrepreneurs afin qu’ils anticipent et adaptent leurs applications à ce type de plateforme. Avec Microsoft, nous fournissons des formations gratuites en développement mobile. Orange également s’implique de plus en plus, notamment via leur nouvelle division «Relations avec l’Ecosystème Numérique » à laquelle nous sommes rattachés. Cette relation met beaucoup de temps à se construire et commence enfin à porter ses fruits avec des initiatives proposées par le groupe telles que le « Data for Development Challenge » dans le cadre de laquelle Orange a ouvert toutes ses données pour la communauté de développeurs. Ce type d’initiative est pour nous très intéressant. Ils soutiennent également certains projets, sont en mesure de fournir des mentors, ils essaient d’ouvrir des portes malgré les nombreux freins qui demeurent encore aujourd’hui. A titre d’exemple, nous aimerions qu’Orange ouvre ses technologies de paiement mobile à nos startups de e-commerce, ou au moins qu’ils offrent des numéros verts ou des numéros courts SMS aux startups du Sénégal, mais à ce niveau-là, il n’y a aucune concession pour le moment bien que plusieurs discussions soient en cours.

ADI : En occident, les entreprises délocalisent énormément les services informatiques en Inde. Atos a annoncé récemment vouloir investir au Sénégal et faire du pays un fournisseur de services informatiques pour l’Europe. De votre côté, avez-vous tenté de positionner vos entrepreneurs sur ces marchés ?

YLB : En tant qu’étranger, il m’arrive d’être sollicité par des entreprises étrangères pour les aider à comprendre l’écosystème dans lequel nous évoluons. Cependant, pour le CTIC, il n’est pas intéressant d’accompagner ce type d’entreprise car notre grande valeur ajoutée se trouve sur le business development local. Nous sommes très forts pour trouver des clients locaux, Sénégalais et, de plus en plus, Ouest-Africains. Donc si l’objectif est de former des développeurs pour servir des clients européens, nous ne pouvons pas être d’une grande aide.

A long terme, ce type d’entreprise peut nous apporter car ils forment très bien les développeurs Sénégalais et leur offrent de très bonnes expériences professionnelles grâce à leurs gros moyens. Mais, à très court terme, ces groupes « pillent » toutes les ressources humaines de nos entreprises. Atos en l’occurrence est arrivé et a embauché la totalité de la dernière promotion de l’ESP – qui est la meilleure école de développeurs au Sénégal – avant même que les étudiants aient quitté l’école. Et maintenant que nos entreprises grandissent, nous nous rendons compte du manque criard d’ingénieurs sur le marché sénégalais : People Input compte une cinquantaine d’employés, Byfilling une vingtaine, Nelam Services une vingtaine également. Atos veut embaucher 200 développeurs la première année et 3 000 sur 3 ans alors que des deux meilleures écoles, l’ESP et l’UGB, ne sortent que 40 ingénieurs compétents chaque année. Ce décalage représente un gros risque pour notre écosystème. Malgré tout, le Sénégal dispose d’un réel potentiel et il serait très bénéfique pour l’image du pays que les groupes étrangers réussissent leur intégration sur le marché.

Yann_de piedADI : Au niveau de l’investissement privé, comptez-vous parmi vos partenaires des Business Angels ?

YLB : Oui nous en connaissons quelques-uns, mais ceux intéressés par les TIC se comptent sur les doigts d’une main au Sénégal. Nous avons essayé de développer un club de Business Angels mais cela n’a pas du tout fonctionné. Nous pensions au départ que de riches hommes d’affaire du Sénégal – car notre première cible était les Sénégalais – auraient été intéressés par le fait d’investir dans des jeunes talents TIC de leur pays. Ce n’est malheureusement pas encore le cas ; ils préfèrent investir dans le bâtiment ou des industries qu’ils maitrisent mieux ; et laissent des groupes tels que Rocket Internet s’accaparer tout le marché du e-commerce. Nous trouvons cette situation dramatique : il y a un vrai manque d’investissement local et de la diaspora. A l’inverse, des investisseurs étrangers tels que Rocket Internet ou Ringier comprennent le vrai potentiel du e-commerce en Afrique et le prouvent depuis deux ans via leurs investissements.

Mais ce n’est qu’une question de temps, plus nous aurons d’entrepreneurs à avoir réussi dans le secteur des technologies, plus ils réinvestiront  et accompagneront des startups donc je  reste confiant. Notre ancien directeur au CTIC, vient d’ailleurs de lancer un fonds d’investissement doté de plusieurs millions d’euros. Par ailleurs, la diaspora représente un gros potentiel, mais nous n’avons pas encore trouvé canal idéal pour la toucher.

ADI : Quelle est votre position sur le projet de ville numérique de Diamnadio ?

YLB : Nous sommes impliqués dans ce projet qui est effectivement très intéressant et il est prévu que notre incubateur soit au centre de cette cité. Pour nous, il s’agit d’une très bonne opportunité. Cela dit, cela fait déjà près de 10 ans que l’on parle de villes numériques au Sénégal et même si le projet est en bonne voie, il ne sera surement pas finalisé avant 3 ou 4 ans. Avec nos modestes moyens et nos 500 m2 nous avons accompagné plus de 60 entreprises et bâti un modèle qui est viable à 75%. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre avant de grandir, la demande est trop forte. Nous travaillons donc sur une extension de 1 500 m2 et l’ensemble de nos partenaires s’est engagé à nous soutenir dans cette démarche.

Propos recueillis par Awa SACKO

Les films de Stanley Nelson: Souvenirs de l’histoire oubliée des Afro-américains

Freedom Summer était le premier film présenté à la 4ème édition du Festival International des Films de la Diaspora Africaine. Le réalisateur américain Stanley Nelson a assisté à la sortie de ce film et il a pris part à un débat après la projection du film. Il a accordé à l'Afrique des idées une interview où il nous parle de son parcours et de son expérience à réaliser ce documentaire.

ADI: Parlez-nous un peu de vous et de votre parcours en tant que réalisateur.

SN: Je m'appelle Stanley Nelson. Je suis réalisateur et producteur de documentaires à New York. Je produis des films depuis près d’une quarantaine d’années maintenant. Pour moi, il est très important que les Afro-américains partagent leur expérience et parlent de leur histoire. Il m’est arrivé très souvent de penser qu’on n’enseigne pas aux noirs américains leur histoire à l’école. C'est une grande opportunité pour moi de le faire.

Quand j’y pense, j'ai eu l'idée de faire Freedom Summer trois ans après avoir réalisé Freedom Riders. Pour moi, il allait de soi de faire un film sur la lutte pour le droit de vote des Afro-américains pendant l'été 1964 dans le Mississippi. Freedom Riders est un film que nous avons réalisé pour célébrer le cinquantenaire des Freedom Riders de 1961 et cette année marque les cinquante ans de l'Eté de la Liberté.

Je produis des films depuis près de quarante ans et tous mes films sont, d’une manière ou d’un autre, liés directement ou indirectement à l'histoire du peuple afro-américain. J’ai décidé de devenir réalisateur depuis que je suis entré à l'université. J’ai suivi un cursus en 1974 qui me plaisait vraiment, ensuite j’ai suivi d'autres formations et je me suis impliqué dans des projets cinématographiques. C'est ainsi que je me suis formé au métier.

Mon premier film Two Dollars and a Dream sorti en 1987 raconte l’histoire d’une femme appelée Madam C.J. Walker. Elle a fait fortune en vendant des produits cosmétiques aux femmes noires. C'est la première femme dans le monde à être millionnaire alors qu'elle partait de rien.

ADI: En regardant le film, on constate qu'il y a beaucoup d'archives de bonne qualité datant de cette période. En France et en Afrique, nous connaissons très mal cette période de l'histoire. Est–ce le cas aussi aux Etats-Unis? Comment les gens réagissent-ils à cette partie de l’histoire américaine ?

SN: Aujourd’hui, l’histoire de Freedom Summer n’est pas bien connue aux USA, ni celle de Freedom Riders. Nous en avons entendu parler mais nous ne connaissons pas toute l'histoire. Je crois que les gens ne connaissent tout simplement pas ces histoires. J’espère qu’ils les ont découvertes au travers mes films.

ADI: Dans Freedom Summer, on constate que beaucoup de blancs se sont impliqués dans le mouvement pour les droits civiques. Ils ont soutenu les Afro-américains dans leur lutte pour l’obtention du droit de vote. Ils ont même vécu avec eux en dépit des conditions de vie précaires. Comment se développe la relation entre blancs et Afro-américains aujourd’hui ?

SN: C’est une question à laquelle je ne peux pas répondre. Je pense que les relations diffèrent d’un lieu à un autre et d’une personne à une autre. En général, on peut dire que les Afro-américains s'en sortent mieux depuis qu'ils ont le droit de voter. Par contre, il y en a toujours qui ne s'en sortent pas. D’une certaine manière, la ségrégation que vous voyez dans Freedom Summer, il y a 50 ans, est toujours d'actualité pour beaucoup d’Afro-américains aujourd'hui.

ADI: Le personnage de Bob Moses est très intéressant. Les gens se rappellent principalement de Fannie Lou Hamer. Pourtant Moses devrait être reconnu comme un héros aussi, vu la description que vous en avez faite au début du film, qui semble un peu mystérieuse d’ailleurs. Pouvez-vous nous parler davantage de cet homme et nous dire pourquoi vous le mettez en avant ?

SN: Bob Moses est l’un des vrais héros du mouvement pour les droits civiques mais personne ne le connaît. Il est parti au Mississipi en 1961 et a lutté pour le droit de vote des noirs. C'était une personne très intelligente et très calme, à la différence de Martin Luther King qui était un prédicateur plein de fougue.

ADI: La non-violence du CNCC était admirable mais à la fin du film, on a l'impression que le mouvement a échoué en quelque sorte et qu'il deviendra plus violent. Pourtant, l’usage de la non-violence comme une arme semblait être un bon moyen pour obtenir le soutien des Américains. Pourquoi n’ont–ils pas continué dans cette voie ?

SN: Je ne pense pas que le mouvement soit devenu violent. Je tourne actuellement un film sur le Black Panthers party. Je pense que dans ce parti beaucoup de gens étaient partisans du mouvement non-violent. Mais, ils avaient l'impression que ce n'était pas suffisant et qu'il devait y avoir une confrontation directe. Je ne pense pas que quelqu’un ait pensé que la violence était la seule solution ni que le parti des Black Panthers ou d'autres personnes aient prêché la violence. Les noirs aux Etats-Unis représentent un douzième de la population. Nous n’avons pas d’arme, ni de flotte, ni d’avion. Donc il n'y avait aucun moyen pour se confronter à la police ou à l’armée nationale. Mais les gens avaient l'impression que le mouvement pour les droits civiques n'était pas efficace. Il fallait essayer d'arriver au but par d'autres moyens qui conduirait à la confrontation et à la la légitime défense et non à la violence.

Aujourd’hui, nous continuons à nous battre chaque jour, nous nous battons pour le changement mais c’est beaucoup plus compliqué parce que nous avons tous les droits (droit de vote, etc). Maintenant nous luttons contre le racisme. La discrimination positive n'existe plus car elle est devenue illégale aux Etats-Unis. Les Noirs peuvent réussir et certains ont effectivement réussi comme Denzel Washington, Beyonce, entre autres. Cependant le système américain n'est pas très favorable à la plupart des noirs pour qui les choses n’ont pas substantiellement changé.

ADI: Vous prévoyez de réaliser un film sur le Black Panthers Party (qui sortira l’année prochaine). Ce mouvement était-il une conséquence du Freedom Summer ?

SN: Le mouvement des Black Panthers n'était pas une conséquence du Freedom Summer, mais plutôt de son échec. L’échec de la convention nationale démocratique a conduit des gens dans le mouvement des droits civils à dire que «nous avons tout fait correctement comme il se doit, mais nous n'atteindrons pas notre but comme cela». Je pense aussi que le parti des Black Panthers a fait évolué le mouvement au niveau national. Le mouvement pour les droits civils était un mouvement sudiste et religieux avec des leaders provenant d'églises. Les gens du Nord se disaient «Et nous alors?». Ils avaient l'impression que leurs problèmes n’étaient pas les mêmes. Ce sont pour ces raisons qu'autant de personnes se sont ralliées au mouvement des Black Panthers.

Propos recueillis par Awa Sacko

Traduit par Koriangbè Camara

 

STANLEY NELSON’S MOVIES: Reminder on the forgotten characters of the African American history

The first movie to be shown at the FIFDA Festival (Festival for African movies) was Freedom Summer on which L’Afrique des Idées already published some articles. The director, Stanley Nelson, was there for the premiere of the movie from the USA and he participated to a debate after the film. I got the chance to get his business card and organize the following interview for you ☺

 

ADI: Could you please introduce yourself and explain us your curriculum as a movie maker?

SN: I’m Stanley Nelson, I’m a director and producer of documentary films based in New-York. I’ve been making films for about forty years now and I think it’s really important as an African-American to tell about the African American experience and African American History. I think so many times African Americans are not taught their history at school and it’s a great opportunity for me to do it. I think I became very interested in the story of Freedom Summer after we did a film, three years ago, on the Freedom Riders. It seemed natural to go forward with this story and make a film about the summer of 1964 in Mississippi which was called “Freedom Summer” and a struggle for the right of African Americans to vote. Freedom Riders is a movie we made to celebrate the 50th anniversary of the Freedom Riders in 1961 and this year was the 50th anniversary of Freedom Summer.

I’ve been making movies for about forty years and all my movies are, somehow, related to African-American people, directly or indirectly. I decided to become a movie maker when I was in college. I took a course in 1974 – which I really enjoyed – then I took other courses and got involved in some projects. Through this process I became a professional. My first movie was Two Dollars and a Dream, in 1987, telling the story of a woman named Madam C.J. Walker. She made a fortune selling cosmetics devoted to Black women and she was recorded as the first woman ever in the world to become a millionaire starting from scratch.

 

ADI: While watching Freedom Summer, we can see that the historical records from that period are very rich and of very good quality. Beyond the USA, in France and Africa we don't really know this history, not so much as it is described in your film. Is it in the USA well known? How do people deal with this part of the American History?

SN: Actually, this history of Freedom Summer is not well known in the United States, nor is the story of the Freedom Riders. We’ve heard of them but people don’t know the whole history. I believe people just don’t know these histories. I hope they’ve discovered them with my movies.

 

ADI: During Freedom Summer, lots of White People got involved in the civil rights movement and integrated Black populations to help them get their right to vote. They even went to live with them in spite of very poor living conditions. How is the relationship between White Americans and African Americans today?

SN: This is a question I cannot answer. I think the relationships are different from one place to another and from one person to another. In general, African Americans have done better thanks to the civil rights movement but there are still African Americans who have not done well and someway, the segregation that you see in Freedom Summer, fifty years ago, is still the same today for too many African Americans people.

 

ADI: The character of Bob Moses is very interesting. People mainly remember about Fannie Lou Hamer, but Moses should also be regarded as a hero. We can feel it through the description you made of him at the beginning of the movie, which sounds like a little mysterious. Could you please tell us a little more about this man and why you put him into the light?

SN: Bob Moses is one of the true heroes of the civil rights movement but people don’t know his name. He went to Mississippi in 1961 and pushed for voting rights for black people. He was very brilliant person, he was very quiet, not a fiery preacher like Martin Luther King for example

 

ADI: The nonviolent action of the CNCC was admirable but at the end of the movie a feeling of failure is spread and we have the impression that it is going to turn into a more violent movement. However, the use of nonviolence as a weapon seemed to be a good way to get Americans on their side. Why did they not go on that way?

SN:  I don’t think there was a turn into violence. I’m finishing a film now on the Black Panthers party so I think that for many people who were part of the nonviolent movement, there was the feeling that there was a need for something else, and there might be a more direct confrontation. I don’t think that anybody ever thought that violence was the way, I don’t think that Black Panthers Party as a whole preached violence, and I don’t know many people who did. Black people in the USA represent 1/12th of the population, we don’t have guns, we don’t have tanks, we don’t have airplanes. So no way we could go into a direct confrontation with the police and the army of the country. But there was a feeling that the traditional civil rights movement was not working and that other ways, other things had to be tried, which to some extent would lead to confrontation, not to violence but to self-defense.

Today we are still fighting every day, we are actually fighting for change but it’s much more complicated because we already have all the rights (right to vote, etc.). Now the question is more about how to break racism. Affirmative action was made illegal in the USA and does not exist anymore. It’s possible for some Black people to be successful and you could take as an example people like Denzel Washington, Beyonce, and so on. But because of the way the system works in the USA, for most Black people things have not changed substantially.

 

ADI: You're planning a movie on Black Panther Party (to be released next year). Is the creation of the Black Panther Movement a consequence of the Freedom Summer?

SN: I think that the Black Panther movement was not a consequence of the Freedom Summer, but in many ways, the failure of Freedom Summer. The failure of the Democratic National Convention led many people in the civil rights movement to say “we’ve done everything right, it doesn’t matter what we do, we’re not going to succeed that way”. I also think that the Black Panther Party was a national progression of the movement. The civil rights movement was a southern movement and also a religious-based movement with leaders coming from the church. People from the north were thinking “what about us?” as their problems were not the same. These reasons made the Black Panther movement attractive.

Awa Sacko

FinAfrique : catalyseur de la finance africaine

De façon quotidienne, le cabinet FinAfrique conseille et forme les cadres financiers africains. C’est ainsi qu’il accompagne le rapide développement du secteur financier en Afrique subsaharienne. Son directeur général, Fabrice Kom Tchuente, a accepté de répondre à nos questions.

finafrique 2Fabrice Kom Tchuente, Directeur général de FinAfrique

Pourriez-vous nous présenter FinAfrique ?

FinAfrique est un cabinet de Conseil intervenant dans les domaines de la banque, finance et assurance. En 2008, avec trois cadres financiers, nous avons créé ce cabinet afin de rendre disponible en Afrique des prestations de haute qualité et technicité financière. Le constat au départ était qu’il y avait un réel besoin de compétences techniques dans le domaine de la banque, finance et assurance en Afrique pour beaucoup de cadres voire non cadres. A l’époque, pour avoir accès à ce type de prestations, notamment dans la finance « moderne », il fallait systématiquement se déplacer à l’étranger ou faire appel à de grands cabinets étrangers. Nous, nous proposons dans le cadre de notre branche formation FinAfrique Learning, au lieu de déplacer systématiquement les cadres à l’étranger (ce qui peut être onéreux), de faire venir des experts aux compétences équivalentes et qui bénéficient en plus d’une connaissance des problématiques financières locales. Tout ceci à des prix modérés afin que nos services soient à la portée du plus grand nombre, c’est-à-dire que notre but n’est pas de former uniquement les top-managers mais aussi des middle-managers et des non cadres.

FINAFRIQUE

Quelles sont les prestations de FinAfrique et à quel type de clients s’adressent-elles ?

Nous faisons du Conseil, des Etudes et de la Formation. Nos premiers clients sont les institutions financières privées (des banques et des compagnies d’assurance) ainsi que des administrations financières telles que les ministères de l’économie et des finances, des banques centrales, des banques de développement. Nous offrons également des services aux directions financières de quelques groupes industriels.

Depuis janvier 2012, nous sommes partenaire d’IFC (International Finance Corporation), filiale de la Banque Mondiale spécialisée dans le financement du secteur privé des pays en développement. Nous avons signé un contrat pour la mise en place d’un outil destiné aux PME camerounaises. Ce programme, le SME Toolkit, (boîte à outils pour les PME) offre un accompagnement et des formations en ligne via une plateforme déjà déployée dans une dizaine de pays africains. L’animation du réseau est centralisée au niveau d’IFC qui fournit du contenu aux partenaires responsables de chaque pays, mais à notre niveau nous développons, en plus de cela, nos propres contenus adaptés aux réalités locales. Nous avons mis en place cette activité il y a deux ans et elle fait sont petit chemin. Nous comptons aujourd’hui un portefeuille de 700 PME que nous formons via cette plateforme. Parallèlement nous collaborons avec des entreprises camerounaises, notamment un mouvement patronal – ECAM – dont le portefeuille d’adhérents est quasi exclusivement constitué de PME.

Plus récemment, c’est-à-dire fin juillet de cette année, nous avons conclu un partenariat avec l’African Guarantee Fund (AGF) basé à Nairobi et son partenaire l’African Management Services Company (AMSCO) basé à Johannesburg pour l’animation d’ateliers sur un ensemble de pays francophones (Afrique Centrale, Afrique de l’Ouest et Maghreb) avec l’objectif principal de renforcer les capacités des cadres des institutions financières partenaires d’AGF dans la création de nouveaux produits à destination des PME/PMI.

Nous menons également des études et des réflexions sur le développement et la croissance économique en Afrique. C’est dans ce cadre que nous avons organisé en Novembre 2013 à Douala le Forum FIFAS (Forum International de la Finance en Afrique Subsaharienne) sur le thème de la surliquidité bancaire, l’épargne et le sous-financement du secteur privé. L’objectif était de  comprendre le paradoxe qui existait entre, d’une part, les banques et des compagnies d’assurances-vie qui connaissent une situation de surliquidité et, d’autre part, le secteur privé qui peine à se financer, principalement les PME. Il y a eu de nombreux débats à la suite desquels un certain nombre de propositions ont été faites. Suite à cela nous avons rédigé un Livre Blanc qui a été présenté à de nombreux hauts responsables en Afrique Centrale, en Afrique de l’Ouest, en Afrique de l’Est, à l’île Maurice et à Madagascar afin de les sensibiliser à la mise en œuvre de ces recommandations.

La diffusion du Livre Blanc a-t-elle porté ses fruits ?

Je ne pourrais pas affirmer que c’est le Livre Blanc du FIFAS 2013 qui en est l’origine, mais je peux dire qu’il y a des recommandations présentes dans le Livre Blanc qui sont en cours de réalisation, notamment en Afrique Centrale où la banque centrale (BEAC) a accéléré la mise en place des bureaux d’information sur le crédit. Ces bureaux sont très importants et avaient été vivement sollicités par les banquiers lors du Forum. En effet, à titre d’exemple, il était très facile pour un entrepreneur, ou un particulier d’ailleurs, de faire défaut auprès d’une banque et ensuite d’aller emprunter auprès d’une autre banque sans être inquiété. Les bureaux d’information sur le crédit permettent d’éviter les abus de ce type.

Ce succès est-il dû au fait que des personnalités influentes aient pris part à ce Forum ?

Effectivement, les personnalités clés du secteur de la finance étaient présentes. Nous avons pu compter sur le Président de la FANAF (Fédération africaine des sociétés assurances), le Président des banquiers du Cameroun (APECAM), le directeur général de l’économie du Cameroun, un haut responsable de la Banque centrale (BEAC), un autre du Groupe Natixis en France, ou encore de la Banque Kepler en Suisse, ainsi que de nombreux spécialistes de tous horizons, comme le Private-Equity, des institutions internationales de développement telles que IFC et Proparco, etc.

Avez-vous l’intention d’organiser d’autres conférences sectorielles ?

En novembre dernier, il s’agissait de la première édition du FIFAS. Nous envisageons d’organiser une deuxième édition en 2015 et cette fois-ci elle aurait lieu à Abidjan.

Pour revenir au SME Toolkit, comment se matérialisent concrètement l’accompagnement des PME membres ?

Concrètement, le SME Toolkit prend la forme d’une plateforme en ligne sur laquelle les membres ont accès à des contenus qui traitent des sujets divers très utiles pour la gestion quotidienne d’une entreprise : le management, la gestion financière, le développement de son image et de son offre commerciale, la gestion des ressources humaines … Ce dernier élément est très important car les PME sont souvent gérées de façon très familiale.

Aidez-vous également les entrepreneurs que vous accompagnez à accéder plus facilement à des sources de financement ?

Nous comptons parmi nos partenaires bancaires la banque UBA Cameroon (United Bank for Africa), mais nous n’avons pas encore suffisamment développé cet axe « accès aux sources de financement » car il s’agit de l’axe le plus difficile du fait de la frilosité des banques. Avec le soutien d’IFC, nous allons accroitre ce réseau bancaire dans les mois qui viennent, notamment dans le cadre d’un projet de sélection de PME qui seront triées sur le volet. Je ne peux pas en dire plus sur ce sujet étant donné que le projet n’a pas encore été officiellement lancé.

Dans ce cas, les 700 PME déjà affiliées à la plateforme sont-elles toutes autofinancées ?

Oui, nos membres sont des entrepreneurs accomplis, ils se connectent régulièrement à nos modules de formation en ligne pour se former et lorsqu’ils ont besoin de conseils ou de services, ils nous contactent. Nous mettons à leur disposition des formateurs agréés sur le SME Toolkit qui répondent à leurs questions et échangent avec eux sur les problématiques rencontrées. C’est dans ce sens là qu’il faut comprendre le volet accompagnement.

Nous savons que dans les pays africains la très large majorité des entreprises opèrent dans le secteur informel. Cela est-il le cas des affiliés de la plateforme ?

Les entreprises que nous accompagnons n’opèrent pas forcément dans le secteur formel. Le profil de nos affiliés peut aller du simple vendeur de cigarettes qui a besoin d’améliorer la gestion de son budget à la PME de plus grande envergure qui doit diversifier son offre commerciale.

Quel est le coût pour accéder à la plateforme et aux services qui s’y rattachent ?

Tout cela est totalement gratuit. IFC ne finance pas les coûts de gestion de la plateforme, nous la maintenons par nos propres moyens. Cependant, lorsque nous avons besoin de débloquer des moyens supplémentaires, nous pouvons y installer des applications publicitaires qui vont rémunérer la plateforme.

L’autre service que nous fournissons c’est l’organisation des Journées de l’entrepreneur à la Chambre de Commerce de Yaoundé ou de Douala, en collaboration avec l’ONG Harambe Cameroon. Lors de ces journées, un certain nombre d’acteurs économiques (banquiers, consultants, des entrepreneurs ayant connu des success stories, des trésoriers, des conseillers en management) viennent tour à tour faire des présentations de façon bénévole. Cela dure toute une journée, les participants se voient remettre des supports et l’entrée coûte généralement autour de 10 000 FCFA (environ 15 euros).

Concernant le cœur de métier de FinAfrique, qui est le conseil et l’accompagnement des entreprises (banques, assurances, institutions financières), quels sont vos principaux domaines d’intervention et comment êtes-vous déployés ?

Nos domaines d’interventions sont assez divers dans le domaine de la Finance. S’il faut en citer quelques-uns, je citerais le Conseil en investissement, la Gestion Actif-Passif, la structuration d’un marché financier, la mise en place des normes prudentielles Bâle I, II et III.

Quel bilan faîtes-vous de vos six années d’existence ?

Nous nous sommes beaucoup enrichis en termes de partenariat, avec des institutions financières de renom (IFC, AGF à Nairobie, CESAG à Dakar). Nous avons su développer un large réseau d’entreprises partenaires et nous intervenons aujourd’hui pour de nombreuses institutions à travers l’Afrique subsaharienne.

Awa Sacko

Pour plus d’informations sur le SME Toolkit en Afrique francophone :