Entretien avec Lynda Aphing-kouassi Directrice Générale du Cabinet International KAIZENE

Lynda Aphing-kouassiMère d’une petite fille de 11 ans, d’origine ivoirienne, Lynda Aphing-kouassi est la  Directrice Générale du Cabinet International KAIZENE, un des cabinet de formation de renom en Afrique basé à Londres Pall Mall Piccadilly et à Abidjan Zone 4.

Diplômée de l’université de Hull, elle a commencé à travailler dans le domaine bancaire à Santander, la Société Générale, Vaultex (une filiale du groupe HSBC) en tant que responsable d’équipe, directrice des investissements puis banquière d’affaires à Londres, membre du Conseil d’Administration de l’Organisation for Talents Within (organisation non gouvernementale à Atlanta) et membre de l’Institut des Directeurs de Londres (I.O.D). Elle milite en faveur d’une Afrique innovante, capable de prendre son destin en main à travers l’entrepreneuriat et l’autonomisation des femmes. Lynda est résolument engagée à apporter sa pierre à l’édifice pour le développement de l’Afrique.

 

ADI : Pouvez-vous nous en dire plus sur les origines du cabinet KAIZENE ?

 Tout d’abord sachez que le Cabinet KAIZENE vient du mot « Kaizen » d’origine japonaise qui une très ancienne pratique de formation qui signifie détermination, le changement pour le meilleur ainsi que la continuité dans le développement et le perfectionnement.

La pratique « Kaizen » est reconnue mondialement comme une méthode compétitive aboutissant au succès, mais est également le pilier de la stratégie d’avancement que toute organisation devrait pratiquer selon nous, car elle assimile à la fois le développement personnel et celui de l’entreprise.

Ainsi créé depuis 2015, KAIZENE, Cabinet international basé à Londres et à Abidjan, est spécialisé dans le renforcement des capacités des entreprises publiques et privées, Formations Professionnelles, compétences techniques et non techniques, Coaching, Responsabilité sociétale et Conférence annuelle sur les infrastructures et BTP à savoir :

1.DÉCEMBRE 2015 : OIL MINING AND GAS – LONDRES

2.AVRIL 2016 : SECTEUR PÉTROLIER DÉFIS ET OPPORTUNITÉS – ABIDJAN

3.OCTOBRE 2016 : ELECTRIFICATION DE L’AFRIQUE – CAPE TOWN

4.DÉCEMBRE 2017 : BTP ET INFRASTRUCTURES – DAKAR

5.DÉCEMBRE 2018 : BTP ET INFRASTRUCTURES – KIGALI

La 6ème édition est prévue en Ethiopie en Octobre 2019

 

ADI : Vous avez décidé de créer votre propre entreprise. Comment en êtes-vous arrivé là ?

Apres identification de certains problèmes axés sur le capital humain j’ai eu La volonté de contribuer au développement de nos sociétés et en particulier de fournir des services à valeur ajoutée permettant de renforcer nos capacités et de renforcer l’importance du capital humain dans les entreprises et de promouvoir les talents pour le développement de notre société.

Mon objectif est également de travailler avec les entreprises pour développer leurs missions de RSE afin de créer des actions durables pour nos pays et de contribuer à l’autonomisation de la femme.

Mais surtout parce que j’avais un rêve de grande envergure auquel je croyais vraiment qui répondait a un problème de notre société et pour lequel je travaille avec acharnement et détermination.

 

 ADI : Faites-vous face à beaucoup de concurrence ? Quelle stratégie avez-vous adopté afin de relever ce défi ?

Le marché de nos jours est de plus en plus concurrentiel, nos collaborateurs représentent alors notre atout principal.

Nous mettons l’accent sur les formations ludiques qui sont à caractère personnel, nous offrons également des formations sur mesure, un coaching en développement personnel et par-dessus tout, nous n’oublions pas nous-mêmes de nous former et de nous documenter constamment pour être les meilleures versions de nous-mêmes afin de pouvoir aider les autres à travers nos formules afin d’être les meilleures versions d’eux-mêmes. Nous travaillons aussi sur des programmes axés pour les femmes et leur développement.
 ADI : Comment avez-vous financé votre début de la phase création d’entreprise ? 

J’avais quelques économies, pas un montant énorme mais je me suis néanmoins engagée et j’ai même offert des formations gratuites afin de me faire connaitre.

J’ai surtout eu la Fondatrice de l’école Grain de soleil qui a eu confiance en nous et a accepté de nous donner une chance ce qui nous a permis d’avoir un fond de roulement pour continuer et ainsi démarra notre belle expérience.

 

ADI : Qu’en est-il du marché de la formation et du coaching en Afrique ? 

L’optimisation de nos ressources humaines nécessite d’une part la convergence entre les objectifs personnels de vos employés (liberté d’expression-image- recherche de reconnaissance mesurée), et d’autre part le développement de la culture et la vision de l’entreprise. C’est ainsi que la formation prend tout son sens. De nombreuses études démontrent l’efficacité de la formation dans la croissance de l’entreprise et dans le processus de développement d’un État. Les résultats de la formation sont concrets et mesurables tant dans la productivité que dans la montée en puissance économique du pays.

Grâce à ses effets de levier sur la croissance et l’emploi, la formation professionnelle est primordiale pour les pays développés et nos pays en développement, en zones rurales et urbaines. Elle permet d’accompagner la croissance et la compétitivité des entreprises d’une part, et prévenir l’exclusion des jeunes du marché du travail d’autre part, car vecteur d’une croissance inclusive et durable.

Le coaching est très important car, sert à réécrire notre histoire, nous permet d’impacter positivement, de créer l’inspiration en l’autre et de devenir un leader ; étant ainsi une solution pertinente et efficace qui permet d’explorer les solutions possibles pour résoudre la situation actuelle d’une personne et l’aider à définir ses actions à mettre en œuvre pour atteindre ses solutions désirées. Concernant le coaching axé sur le genre précisément des femmes, le travail s’accentue davantage sur leur développement personnel, leur personnalité, l’intelligence émotionnelle et sur leur estime de soi afin de prendre leur place dans les postes directionnels et aussi de mieux s’affirmer dans la société.

 

ADI : Quelles ont été les principales difficultés auxquelles vous avez dû faire face et qui vous suivent aujourd’hui ?

L’intégration :

Il faut apprendre à mieux connaitre son environnement et l’intégrer sans complexes. La meilleure manière de l’intégrer est d’être humble et demander de l’aide quand le besoin se présente. Rester soi-même mais faire preuve de sérieux quand il s’agit du travail. Comprendre sa motivation première.

Le genre :

Le fait d’être une femme dans le passé ne facilitait pas le sérieux durant les échanges et parfois ses échanges déviaient vers le rapport social. Il a fallu une rigueur et une fermeté pour obtenir les contrats par mérite me voyant parfois obligée de refuser certains si je sentais que l’intérêt était autre que le travail. L’absence de parité également à des postes de responsabilité il est important de regarder la femme dans le milieu du travail comme son égal et surtout lui donner la crédibilité qu’elle mérite dans ses taches.

L’estime de soi :

La connaissance de moi et la confiance en moi la détermination et la motivation m’ont beaucoup aidé à surmonter ses principales difficultés parmi d’autres car ils m’ont permis d’apprendre à avoir confiance en moi, à croire en moi et à apprécier les échecs et m’en souvenir comme des expériences positives me permettant de ne rien regretter. Par-dessus tout le support de ma famille, ma fille et mon réseau féminin m’ont permis d’aller au-delà de ses difficultés et de les surmonter avec force et ténacité. Eviter de compromettre sa moralité et ses principes.

La réputation :

Nous commettons tous des erreurs et ne pouvons pas faire l’unanimité le plus important est de continuer à travailler et croire au processus. Chaque erreur est une leçon il faut savoir se relever après ses erreurs et quelque soit la durée se relever et faire preuve de force et de détermination pour ne pas laisser la place au découragement quand les critiques ne sont pas positives. Réparer du mieux que possible ses fautes et continuer l’aventure la détermination le travail bien fait et le temps nous feront toujours surmonter le négatif et répareront toujours notre réputation. Par-dessus tout faire de son mieux pour préserver sa réputation mais continuer à prendre des risques pour se développer et de diriger selon ses principes et ses valeurs. Ne jamais laisser l’opinion négative des personnes définir qui nous sommes.

Cependant, aujourd’hui j’ai pu surmonter toutes ces difficultés et je peux affirmer qu’elles n’existent plus.

 

ADI : C’est quoi pour vous la responsabilité sociétale et quel est son importance pour les entreprises ? 

 La Responsabilité sociétale pour moi c’est le développement humain et le respect de notre Environnement.

C’est l’élément prioritaire dans le développement des entreprises. Ainsi, dans toutes les actions que nous menons (nos prestations, projets et activités, etc.), nous nous assurons de leur valeur ajoutée. Il en est de même pour chacun de nos employés avec lesquels nous formons une « Unité de développement ».

Toute entreprise et tout Etat pour se développer et être productif doit se doter d’une politique de gouvernance adéquate et adopter des règles de conformité et d’éthiques qui permettent de répondre aux préoccupations sociales et environnementales de droits de l’homme et des clients et la RSE favorise le respect des droits de l’homme et contribue au développement durable et bien-être de nos sociétés en prenant en compte les attentes de toutes les parties prenantes. Une politique de RSE est nécessaire pour tous et son importance est à un très haut niveau.

ADI : Quelle est la stratégie globale de votre entreprise pour l’atteinte des ODD ? 

 A Kaizene nous insistons plus sur :

  1. L’Accès à une éducation de qualité : à travers nos formations qualifiantes, spécialisées et adaptées aux besoins des professionnels et aux jeunes que nous encourageons dans leurs initiatives d’entrepreneuriat après identification de leur aptitudes à être entrepreneurs car nous ne sommes pas tous appelés à être entrepreneurs.
  2. L’Égalité du genre : par notre engagement pour l’entrepreneuriat féminin autonomisation de la femme, la parité dans les conseils d’administration, la formation des femmes et des jeunes sur le leadership féminin, la confiance en soi et l’estime de soi, la prise de parole et la communication parmi tant d’autres.
  3. L’Innovation et les infrastructures : chaque année nous organisons des conférences ayant pour but de répondre aux défis infrastructurels de notre continent. Ces conférences visent à accroitre les investissements en faveur de l’innovation, l’énergie, des logements et des transports afin de travailler à la réduction de la pauvreté et de palier aux soucis de nos populations.
  4. Les Partenariats pour les objectifs mondiaux : l’un des objectifs de nos conférences annuelles est de favoriser la création de partenariat entre le secteur public et privé et des synergies autour des enjeux infrastructurels pour le développement du continent, des enjeux de la formation avec pour objectifs de pouvoir outiller nos populations afin de favoriser un partenariat gagnant- gagnant.

ADI : Quels conseils donneriez-vous aux étudiants et aux jeunes diplômés qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat ?

  • Aux femmes tout d’abord, elles doivent être conscientes que leur féminité n’est pas une faiblesse, mais une opportunité à saisir afin d’exceller dans tout milieu.
  • Rester soi-même et ne pas accepter ce qui n’est pas acceptable. Avoir une estime de soi et se documenter constamment, faire des recherches car la connaissance est notre pilier comme nous le traduit la bible. Etre Humble et ne pas laisser la société dicter qui nous devons êtres.
  • Ensuite, définir ce que représente pour chacun la réussite professionnelle (réussite financière, de réussite sociale, d’accomplissement de soi, de bonheur au travail, de conciliation travail-famille, inspirer les autres…). Cette étape est essentielle afin d’établir un plan d’action et de développement pour y arriver. Pour exceller dans quoi que ce soit, il est essentiel de miser sur ses talents.
  • Il est donc essentiel de connaitre ses forces naturelles et ses limites (sans oublier son objectif !) afin de pouvoir les utiliser, optimiser le développement de leur carrière, atteindre leurs objectifs, en misant sur les accélérateurs et la formation appropriée cela pour maîtriser notre intelligence émotionnelle et ne pas hésiter à en apporter de l’empathie et notre maîtrise du risque afin de contribuer au développement du changement.
  • L’entrepreneuriat n’est pas un moyen de devenir milliardaire à la première tentative c’est vraiment une expérience difficile, qui nécessite un travail avec acharnement et l’identification d’une solution a un problème de la société et une confiance en Dieu, en soi et en son idée. Mais une expérience magnifique.
  • Se doter d’un état d’esprit de gagnant et assumer ses échecs et accepter les critiques et rester patients.
  • Un autre point à prendre en considération est de développer son réseau de contacts car le succès, c’est aussi les relations. Pour booster votre carrière, il faut savoir s’entourer des bons contacts et réseaux d’influence auprès desquels l’on peut s’instruire, apprendre mutuellement et se développer tous ensemble. Il faut trouver son mentor cette personne assez connecte qui pourrai en tout temps et en toute chose se porter garant pour vous et garant de vos références.

Tels sont pour Lynda Aphing-kouassi d’excellents moyens de favoriser le développement de nos entrepreneurs.

 

Pour plus d’info : 

https://kaizene.org/en/home/  

 

Cécile Fakhoury – Galeriste à Abidjan

La galerie Cécile Fakhoury est un îlot en bordure du tumultueux boulevard Latrille. Une enceinte pourvue d’un cube de béton, pavée de verdure et plantée d’étranges sculptures en bois. Un tour de l’exposition en cours et nous filons dans une pièce aérienne et épurée, à l’image de la maitresse des lieux. Cécile Fakhoury nous écoute, nous sommes un peu intimidés … Qu’est-ce que l’art contemporain ?

IMG_5850-copieL’histoire a débuté il y a bien longtemps. Fille d’un galeriste, collectionneur d’art moderne, la voie était toute tracée. Quoique. Après des études parisiennes, la française débarque à Abidjan et décide d’ouvrir une galerie, sa galerie ; nous sommes en septembre 2012. Les débuts sont difficiles, stigmates de la crise obligent. La machine est lancée, pivotant entre les deux pôles des marchés local et international. Les ventes varient mais l’aspiration reste la même : développer le marché local, tout en s’inscrivant dans l’écosystème international de l’art contemporain. La galeriste, qui bat le pavé des foires mondiales – « le nerf de la guerre » – affirme son plaisir à vendre à Abidjan. Cette satisfaction se lit dans les histoires des artistes présentés. Nombre d’entre eux ont un passé nomade, ils sont partis et revenus au pays, à l’instar de Jems Robert Koko Bi ou de François-Xavier Gbré. Les œuvres du premier sont massives, assaillantes, convoquant le sur-place. Il vit en Allemagne. Le second, qui vit et travaille en Côte d’Ivoire, somme le spectateur de lire l’événement dans le vide. Ses photographies témoignent d’une histoire du silence où l’homme, absent sur l’image, est au cœur. Des histoires invisibles pourtant criantes et inexorables.  Des artistes bel et bien présents, de « bons témoins » de leur époque.

Quand Cécile Fakhoury parle, le « nous » abonde. Les artistes présentés dans la galerie deviennent un groupe emporté par un élan, une vocation. « Le projet de ma vie », nous glisse la galeriste : titillée sur ses talents entrepreneuriaux, Cécile Fakhoury nous parle de sa volonté de placer ses artistes dans de bons musées, de construire et de sortir avec eux du pays … pour mieux y revenir. Rencontrés au fil des cercles d’initiés, d’ici et d’ailleurs, les artistes de la galerie Fakhoury ont des profils divers et jouent avec des palettes variées (photographie, sculpture, peinture, etc.). Leur « dénominateur commun » est de raconter notre vie d’aujourd’hui. Cet ancrage ultra actuel, en opposition à l’art moderne, est le suc de l’art contemporain pour la galeriste et la caractéristique de ses artistes. 

La vocation va de pair avec une démarche résolument pragmatique. La galerie devient une « structure économique », un « espace commercial » : la question n’est pas posée, sans ambages l’art est synonyme de marché pour Cécile Fakhoury. Si elle ne se retrouve pas dans le qualificatif d’entrepreneur – trop proactif pour elle – la galeriste évoque son cube en « son projet », « sa réalité quotidienne », nourri de son attrait artistique depuis l’enfance. 

Affirmant sans détour que l’aspect financier est inexorable, Cécile Fakhoury partage une vision enthousiaste sur le marché de l’art contemporain africain. 15_JRKB_nomansland_Expo_vues_GCF_6De nombreux facteurs participent à son développement, avec l’essor de multiples foires internationales (Art Dubaï, 1 :54 et Freeze London à Londres, biennales, etc.). L’attrait et la motivation pour l’art, perdus pendant les crises, reviennent petit à petit. A Abidjan, cette curiosité renouvelée participe à la multiplication des propositions et à l’ouverture de nouveaux lieux, tels que la fondation Donwahi. Avec cette dernière, voisine de la galerie Fakhoury, les liens sont vifs pour « créer un pôle » dans la ville. S’engager à développer un marché local contribue à nourrir un marché international, l’un n’allant pas sans l’autre pour la galeriste. Cette stimulation bat en brèche l’idée d’une concurrence néfaste : la rareté des acteurs sur le marché l’en prévenant. Cécile Fakhoury concède rêver de voir pousser une galerie en face de la sienne, « un marché ne se fait pas tout seul ». Sa vision d’une meilleure dynamique grâce à un tissu plus dense de galeries détonne dans le discours commun.

Quant à savoir qui sont les acheteurs, le discours se répète. A l’instar de l’art traditionnel, l’art contemporain africain reste malheureusement peu connu des autochtones. La foule et la gloire des expositions au Quai Branly ne trouvent guère d’équivalents sous nos tropiques. Les étrangers demeurent les premiers acquéreurs des œuvres produites sur le continent noir. D’où l’enthousiasme et la fierté quand des locaux se font collectionneurs. Portrait robot de ces derniers : des jeunes entre 30 et 40 ans ayant fait leurs études hors d’Afrique. Cette tendance est à entretenir, d’où les efforts de sensibilisation déployés par la galerie. Avec son équipe, la communication inclut des actions de visibilité sur les réseaux sociaux, sur le site internet et des évènements ponctuels. Les plus jeunes, au cœur de l’envie de la galeriste de faire connaître cet art, sont loin d’être oubliés. Le cube blanc se transforme de temps à autres en cour de récréation, une fois le scepticisme général des parents abidjanais surmonté…

Pauline Deschryver

Source photo Galerie Cécile Fakhoury /

Site de la galerie http://cecilefakhoury.com/

Impact de l’épidémie Ebola sur le quotidien des Abidjanais

 

HISTORIQUE

La maladie à virus Ebola (autrefois appelée fièvre hémorragique à virus Ebola) est une maladie grave, pouvant entrainer la mort certaine chez l’homme. Le virus Ebola, responsable de la maladie, est apparu pour la première fois en 1976 à Yambuku, dans l'actuelle République Démocratique du Congo. Cette localité étant située près de la rivière Ebola, celle-ci a donné son nom à la maladie.

Le virus se transmet à partir d’animaux sauvages et se propage ensuite dans les populations par transmissions interhumaines. Les premiers cas d’Ebola ont été notifiés dans la zone d’Afrique de l’ouest en mars 2014, d’abord en Guinée, puis s’est propagé rapidement en Sierra Leone et au Liberia.

Aucun traitement homologué n’a pour l’instant démontré sa capacité à neutraliser le virus. Vu la propagation très rapide du virus, nous pouvons affirmer que la menace Ebola a quelque peu changé les habitudes quotidiennes des Ivoiriens. La Côte d’Ivoire, pays frontalier de la Guinée et du Liberia, se devait de mettre en place un dispositif cohérent de veille afin d’empêcher l’entrée de la maladie sur son territoire.

QUELQUES MESURES PRISES PAR LES AUTORITES

Afin de lutter efficacement contre la menace Ebola, le gouvernement ivoirien a pris des mesures préventives et répressives, et ce, dans l’intérêt des populations.

La sensibilisation

Sensibilisation des populations sur la maladie à virus Ebola par le Ministère de la Santé

Des émissions de sensibilisation sur Ebola en langues locales sont diffusées  dans toutes les radios de proximité à travers le pays. Il s’agit d’émissions de santé qui vont être produites et diffusées au profit des populations sur la thématique de la lutte contre Ebola. Ces programmes sur le lavage des mains et les pratiques culturelles et religieuses ont été produits et diffusés aux populations de l’intérieur du pays, au terme de formations initiées par CFI (Canal France International) et RFI (Radio France Internationale).

D’autres modules de formation sont également dispensés sur les symptomes  de la maladie, les modes de transmissions et de contamination, etc.

 

Des ateliers sont également proposés aux populations rurales, et visent à contribuer à atténuer les résistances culturelles et favoriser une meilleure compréhension et une acceptation des mesures de prévention. Depuis l’apparition de la maladie dans notre zone ouest-africaine, les spots publicitaires, communiqués réguliers, messages radiophoniques, caravanes et campagnes de sensibilisation ne manquent pas. Les artistes musiciens ont même produit un clip vidéo intitulé « Stop Ebola ». Les revenus de la vente de cette œuvre musicale seront reversés à des fondations pour la lutte contre la maladie. Le footballeur International Didier Drogba s’est lui aussi engagé à associer son image à la lutte contre Ebola. Plusieurs autres ont suivi, notamment Yaya Toure, Gervinho, etc.

Mesures sanitaires

Surveillance renforcée dans les aéroports: des équipes médicales ont été déployées sur le site de l’aéroport afin de contrôler tous les voyageurs à destination d’Abidjan. Ces équipes sont dotées d’équipements modernes pouvant identifier et diagnostiquer toute personne à forte température et présentant les signes de la maladie.

Le Ministère de la santé recommande aux populations de se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon, d’éviter de faire des accolades, car la maladie se propage  à partir des fluides corporels (sueur, sang, salive). Toute chasse, tout transport de viande de brousse sont strictement interdits jusqu’à nouvel ordre (Chimpanzés, singes, chauve-souris, agouti, porc-épic). Sont également proscrits les faits de ramasser et de  manipuler les animaux morts. Un numéro vert gratuit (143) a été créé par le Ministère de la Santé afin de signaler très rapidement tout cas suspect.

 

Mesures répressives

 

Dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, deux chasseurs ont été mis aux arrêts. Ces individus ont outrepassé la mesure gouvernementale d’interdiction de la chasse. Ils ont été arrêtés et la gazelle, en leur possession, a été incinérée. A la frontière ivoiro-libérienne, plusieurs embarcations ont été bloquées. Le Préfet a indiqué que malgré les mesures d’interdiction, des personnes continuent de rallier illégalement les deux pays en passant clandestinement par le fleuve Cavally au moyen d’embarcations de fortune.

 

LES  COMPORTEMENTS NATURELS DES ABIDJANAIS

 

Au début de l’apparition de la fièvre Ebola dans les pays limitrophes de la Côte d’Ivoire que sont la Guinée et le Liberia, une véritable psychose s’est emparée de tous les Abidjanais, chacun voulant éviter d’être contaminé.

 

Les mesures préventives prises par le Gouvernement, à savoir l’interdiction de se serrer les mains, de faire des accolades, de manger dans les lieux publics a augmenté les craintes des populations face à une maladie qui jusque-là n’a pas de remède. Au départ, la situation fut effrayante, mais depuis quelques temps, elle s’est nettement améliorée, et les populations ont recommencé à se serrer les mains et se faire des accolades, car selon elles, c’est Dieu seul qui protège contre la maladie.

 

LES RAPPORTS AVEC LES LIBERIENS VIVANT A ABIDJAN

 

Bien que le Liberia soit un des pays les plus affectés par la fièvre Ebola, cela n’a pas véritablement eu d’incidences négatives sur la cohabitation entre Ivoiriens et Libériens à Abidjan. Le problème qui se pose est celui des Libériens vivant au Liberia et désireux de se rendre en Côte d’Ivoire. Sur cette question, le gouvernement a été formel. Aucune personne vivant au Liberia ne doit franchir la frontière ivoirienne. Cette mesure est purement d’ordre sanitaire et vise à circonscrire l’épidémie afin de mieux la combattre. Elle a été très bien comprise par les populations et n’est pas de nature à perturber les relations diplomatiques entre les deux Etats.

BILAN

L’épidémie de fièvre Ebola sévit actuellement dans quelques pays de notre sous-région ouest-africaine, dont deux de ces pays partagent des frontières communes avec la Cote d’Ivoire. La maladie a déjà fait environ 8459 morts, sur plus de 21329 cas enregistrés, selon le dernier bilan de l’OMS. Même si jusque-là aucun cas n’a été déclaré en Côte d’Ivoire, le pays se doit d’être en veille en maintenant les mésures preventives deja mises en place.

PERSPECTIVES

Selon l’OMS, les nouveaux cas de la maladie à virus Ebola dans les trois pays d’Afrique de l’ouest sont en réelle baisse. Cela est un signe d’optimisme et une lueur d’espoir pour l’avenir. L’Envoyé spécial des Nations Unies sur Ebola, Dr David Nabarro s’est déclaré confiant sur la lutte contre l’épidémie en Afrique de l’Ouest. Les Nations Unies sont heureuses et fières de la maníère dont la Côte d’Ivoire gère la menace Ebola. Ceci est très encourageant pour tous les acteurs qui ont décidé de faire barrage à la propagation de cette maladie.

Moussa Koné

SOURCES

www.sante.gouv.ci

www.prevention-ebola.gouv

www.aip.ci (Agence Ivoirienne de Presse)

www.who.int (site de l’OMS)

Xinhua

NB : les images sont tirées du site www.abidjan.net

Comment gère-t-on les déchets domestiques à Abidjan?

D’emblée, il est important de relever que la gestion des déchets domestiques à Abidjan a toujours été à la charge des pouvoirs publics (l’Etat de 1960 à 1980 puis la Ville d’Abidjan et maintenant le District d’Abidjan) dans la mesure où ils ont toujours été le maitre d’œuvre de celle-ci. L’analyse de la gestion du secteur montre que 2 grands systèmes l’ont marqué : un système avec monopole et un système sans monopole[i]. Chacun de ses systèmes a connu des évolutions, tant législatives qu’institutionnelles. Ainsi la gestion de ce service public a connu quatre grandes périodes depuis l’indépendance de la Cote d'Ivoire :

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Decharge d’ordures d’Akouedo

  • de 1960 à 1980 : système de privatisation avec monopole, géré par l’Etat ;
  • de 1980 à 1999 : système de privatisation avec monopole, géré par la Mairie Centrale d’Abidjan ;
  • de 2003 à 2007 : système de privatisation sans monopole, géré par le District et les Communes ;
  • depuis 2008 : système de privatisation sans monopole, géré par l’Agence Nationale de la Salubrité Urbaine (ANASUR).

De ces différentes périodes, il ressort que ce service public a toujours été privatisé (excepté pendant la très courte période allant de Janvier 1992 à Août 1992, période de transition).

L’organisation institutionnelle découlant de l’application des textes législatifs et réglementaires fait intervenir 2 types d’acteurs : les acteurs politico-administratifs et les acteurs techniques.

Les acteurs politico-administratifs sont :

  • les collectivités territoriales ;
  • le Ministère de tutelle technique ;
  • le Ministère de l’Intérieur ;
  • la Direction et Contrôle des Grands Travaux (DCGTx), et le Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement (BNETD) par la suite ont aidé les collectivités territoriales à superviser la gestion des ordures ménagères.

Les tâches dévolues à ces 4 entités sont aujourd’hui du ressort de l’ANASUR.

  • le Ministère de l’Economie et des Finances ;

Les acteurs techniques qui interviennent dans la gestion des déchets ménagers ont évolué au fil du temps.

De 1960 à 1999, dans le système de privatisation avec monopole, la SITAF (1960 à 1992) puis ASH International (1992 à 1999) assurait la collecte, le nettoyage des voies principales et la mise en décharge. Cette collecte était réalisée soit par le porte-à-porte à l’aide de camions-tasseurs, soit à l’aide de conteneurs placés dans les lieux publics tels que les écoles et les marchés. Les déchets, une fois collectés, sont acheminés vers une station de transfert puis transportés vers la décharge. Toutes ces opérations, de 1960 à 1999 étaient réalisées par les entreprises prestataires (SITAF puis ASH International).

Il est important de noter qu’après la résiliation du contrat de SITAF avec la Ville d’Abidjan, il est revenu à cette dernière d’assurer la gestion des déchets domestiques de la ville entre Janvier 1992 à Août 1992.

A partir de 1999, avec le système de privatisation sans monopole, plusieurs entreprises, en plus de ASH International, ont fait leur apparition dans le système de gestion des déchets ménagers. Ces entreprises assurent chacune sur un territoire défini par les autorités, la pré-collecte, la collecte, le transport des déchets jusqu’à la décharge.

Au-delà des entreprises du secteur formel, un important secteur informel s’est développé autour du système de gestion des déchets domestiques à Abidjan, depuis la défaillance de la SITAF, avec l’apparition des pré-collecteurs. Ils récupèrent les déchets domestiques en faisant du porte à porte et les acheminent à l’aide de brouettes ou de pousse-pousse vers les centres de groupage et de transfert.

Le système de gestion des déchets domestiques est caractérisé principalement par la production moyenne journalière qui s’élevait en 2009 à environ 3500t[ii], soit environ 0.95kg/habitant/jour (en supposant qu’Abidjan a 3.692.570[iii] habitants).

Il est important de noter que le budget alloué par la Ville d’Abidjan en 2000 pour la gestion des déchets est d’environ 3 milliards de francs CFA. Aussi la décharge d’Akouédo,  la plus grande d’Abidjan ouverte en 1965[iv] pour une période initiale de 25 à 30 ans, reçoit entre 2 000et 2 500 tonnes  de déchets par jour.

Cette belle architecture organisationnelle souffre, à l’évidence, d’un manque d’efficacité, vu les tas d’immondices qui jonchent les rues de la « Perle des Lagunes ». Sans un diagnostic plus approfondi, il n’est pas raisonnable de pointer le doigt vers tel ou tel acteur du système. Néanmoins il faut souligner que :

  • le caractère informel de l’activité et le manque de formation des pré-collecteurs sont souvent à la base de dépôts anarchiques dans la ville d’Abidjan,
  • les entreprises qui ont la charge de la collecte et du transport de ces déchets ne possèdent pas toujours les matériels adaptés et le personnel qualifié,
  • le contrôle des différents acteurs du système par les pouvoirs publics n’est pas toujours efficient
  • la décharge d’Akouédo, principale décharge du pays est saturée depuis belle lurette.

Il importe donc, au vu du niveau du budget alloué par les pouvoirs publics au secteur, que tous les acteurs du système de gestion des déchets domestiques réfléchissent à une organisation qui puissent garantir une plus grande efficacité de ce service public et à une valorisation (pourquoi pas énergétique) de ces déchets.

 

Stéphane Madou

 


[i] Source : «  Gestion des ordures ménagères d’Abidjan : Diagnostic », Mémoire de fin d’étude de Monsieur N’Guettia Kouakou Yves.

 

 

[iii] Données du Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 1998

 

 

[iv] « La politique de gestion de l’environnement dans les capitales africaines : le cas de la ville d’Abidjan en Côte d’Ivoire » de G. Touré page 94