Comme la plupart des chroniqueurs, j’aurais pu en cette première semaine du mois de Février jeter mes dévolus sur le dernier sommet de l’Union Africaine. Malgré moi, larmes aux yeux, le sommet de l’Union Africaine, le 22ème du genre, tenu la semaine dernière sur la terre africaine d’Addis-Abeba sera dans le futur. Espérons, dans un tout simple futur, mais pas aux calendres grecques.
Certainement que vous vous demandez ce qui se trame derrière cette excuse, presque interminable. Et pourquoi pas d’Union Africaine en cette semaine de l’Union Africaine.
Dans le somptueux monument, expression de la forte aliénation chinoise sur le continent, les dirigeants de l’Afrique, manifestement éhontés, avaient, derrière chacun dans son pays, un panier désespérément impérissable de grandes difficultés. Aussi montagneuses que le Kilimandjaro, et étendues que le Nil, ces difficultés n’ont que légendaire réputation, le ralentissement d’une Afrique pourtant prédestinée à la gloire.
Etiez-vous au Bénin cette semaine ? Aviez-vous connu le malheur de séjourner au Sénégal ? Êtes-vous maladroitement invités dans les deux Congo ? L’Afrique du Sud et le Maghreb vous-ont-ils accueilli une fois pour le plus court séjour que possible ?
Si vous aviez connu l’Afrique, vous connaissez le délestage. Ces coupures interminables de l’électricité, qui des heures durant pour le mieux, ou des jours pour le pis, font de l’Afrique, un continent potentiellement adepte du noir.
Et c’est bien, faute de coupure d’électricité que cette chronique n’aurait jamais existé. Soixante douze heures durant, j’étais, comme nombre d’habitants de ma ville de Parakou, au nord du Bénin, royalement plongé dans un noir, caractéristique pathologique de l’échec des politiques énergétiques de nombre de pays africains.
La crise de l’électricité en Afrique, c’est un mal dangereusement ancré dans le quotidien du continent, mais dont les impacts vont bien au-delà du domaine économique et du développement. Saviez-vous combien sont morts en cause de ces pratiques viscérales ? Aviez-vous une idée de combien sont-ils, ces africains qui perdent mille et une autre opportunités pour raison de délestage ? La réalité est bien triste.
A Parakou, le dernier délestage de la semaine fera encore parler de lui. Et pour des années encore ! Il aura donné la mort à deux jeunes braves individus. Qui, pour s’extraire du noir du délestage se sont asphyxiés par le monoxyde de carbone d’un groupe électrogène. Un drame qui fait grand bruit dans le coin.
Mais l’espoir est permis. Un espoir uniquement, pour ceux dont les pays prennent conscience de la réorientation de la politique énergétique. Un espoir aussi pour ceux qui fondent leur salut/indépendance énergétique sur les énergies renouvelables. C’est un grand potentiel pour l’Afrique avec ce soleil aussi rayonnant que violent qui fait le charme et la richesse du continent. Si solidarité, il y en avait, et objectivité devenait une valeur partagée sur le continent, un pas de géant vient d’être fait pour extraire toute l’Afrique du mal du délestage avec l’annonce de la construction d’un troisième barrage électrique sur le fleuve Congo (Projet Inga 3).
Une Afrique aux mille lumières, le rêve est permis…
De-Rocher Chembessi