Comment améliorer la participation des acteurs africains à la révolution énergétique ?

S’il n’est plus à démontrer les enjeux de l’accès à l’électricité durable et compétitive pour tous en Afrique subsaharienne, il est indispensable de toujours souligner que l’électricité demeure avant tout un outil de réduction des inégalités de base, sociale et économique. Les nombreux enjeux autour de l’électrification du continent africain nous interpellent sur un certain nombre de points sur lesquels nous proposons à travers ce billet de murir la réflexion.

  • La question du capital africain

D’après le GOGLA[1], environ 4 millions de solutions solaires ont été distribuées dans le monde au premier semestre 2017, impactant plus de 120 millions de personnes dans le monde, et représentant un chiffre d’affaires d’environ 96 millions USD, soit plus de 50 milliards de FCFA. De façon spécifique, l’Afrique subsaharienne, où près de 600 millions sont concernées représente la moitié de ce portefeuille en termes de ventes et de revenues. Ces chiffres mettent en avant un fait : La révolution énergétique du continent est déjà en marche. Ces initiatives sont pour la plupart financées par des capitaux privés et non des programmes publics et institutionnels classiques.

Quel que soit le modèle d’affaires de ces compagnies (cash ou PAYG[2]), les revenues de ses activités émanent des bénéficiaires eux même, quand bien même il peut exister des subventions et appuis en tout genre[3]. En conséquence, dans un environnement où la Responsabilité Sociétale et Environnementale et le Local Content sont de plus en plus défendues, il revient donc de s’interroger sur la structure du financement. Le constat est que plus de 80% des compagnies les plus actives sur le continent n’ont pas un capital africain mais plutôt américain, européen et/ou asiatique. En somme, l’électrification du continent revêt plus un enjeu financier et économique mondial, dans le contexte actuel. Nous proposons dans ce billet quelques pistes de réflexion pour permettre au continent de relever les défis de son électrification.

  • L’accès à l’information et la promotion des initiatives des start-ups

Compte tenu des enjeux sociaux et climatiques, il existe de plus en plus de fonds d’impact et d’investissement destinés à la mitigation de ces défis. Ces opportunités financières sont nivelées en différentes catégories qui vont des donneurs à du financement de dette senior.

Les quelques chiffres disponiblesmontrent que très peu de compagnies africaines sont visibles dans ces canaux d’investissement ; non pas uniquement pour une question de bancabilité mais par asymétrie d’informations. En effet, il existe très peu de canaux officiels recensés pour disséminer les opportunités mondiales qui sont disponibles ; une situation exacerbée par le  les faibles taux de couverture d’internet et d’électricité dans les pays africains. D’après GSMA, environ 35% de la population africaine a un accès imminent à la téléphonie mobile de type smartphone. Quand bien même les plus grandes plateformes de réseaux sociaux[5] développent des contenus allégés pour l’Afrique, il est capital de réduire les coûts d’accès des données et aux infrastructures.

Aussi, le succès des start-ups occidentales résident le plus souvent dans l’existence de « Call For Projects » ou de « Grants » disponibles qui sont des opportunités de financement accessibles en soutien des projets naissants. Elles ont un double intérêt dans la mesure où elles permettent de traquer les meilleurs projets sans dépenser des montants faramineux en R&D[6], ou pour promouvoir un savoir-faire local. A l’échelle de la Zone B de l’Afrique de l’Ouest[7], la balance est très déséquilibrée entre les dons locaux et internationaux[8]. En conséquence, il est indispensable pour nos instances sous régionales d’appuyer à travers des financements attractifs et accessibles pour la consolidation d’un réel cocon d’opportunités et d’acteurs innovant à l’image des Labs ouest africain de Dakar, Lomé et Cotonou, ainsi que des opporunités telles que le Energy Génération animées de jeunes togolais.

  • Des indicateurs afro-responsables

L’accompagnement des institutions et gouvernements est plus que nécessaire pour la viabilité et la pérennité des initiatives locales. . Pour ce faire, il est important pour ces derniers d’avoir une vision structurée sur les enjeux et les défis à relever. Au-delà du critère universel d’accès pour tous à l’électricité, il faut définir de nouveaux indicateurs de performance socio-économique aux échelles micro et macroéconomique. Au titre de ces exemples, nous pouvons citer le nombre de personnes impactées pour justifier l’atteinte des Objectifs du Développement Durable pour augmenter les chances d’accès à davantage de financement d’impacts, le nombre de sociétés crées dans les filières pour mettre en place les politiques fiscales et commerciales en faveur de l’employabilité, la part de projets sous régionaux cofinancés[9] pour parler en termes du commerce intra-région sous l’aval des institutions cadres (UEMOA, CEDAO, CEMAC, etc.…), etc. Ces nouveaux KPI que nous jugeons afro-responsables sont à la fois des critères de performance et de défis aux échelles nationale et sous régionale dans la mise en œuvre des multiples politiques publiques d’intégration et de développement.

  • Oui au protectionnisme panafricain !

Enfin, dans une Afrique où les taux de collecte fiscale sont relativement faibles, la crédibilité et la viabilité des Budgets des Etats hors IDE[10] dépend principalement de leur revenu disponible. Au regard de la part importante de l’économie dite informelle, l’amélioration des taux de collecte passe par des assiettes et des abattements de plus en plus larges. A contrario des grands projets miniers et d’infrastructures où les MoU[11] couvrent des facilitations et exonérations pendant les périodes d’exploitation, les enjeux microéconomiques des solutions développées pour le secteur de l’électricité imposent aux Etats d’avoir des structures de collecte adaptées à chaque niveau d’opérations. Exonérer le marché solaire revient de facto à intensifier l’extraction des ressources hors du continent car la majorité des sociétés n’ont pas du capital africain et plus de 99% des produits consommés n’y sont pas produits : Il s’agit avant tout d’un enjeu de stratégie et de développement.

Pour terminer, il n’est pas inutile de rappeler que dans les années 50, au nom du National & Patrioct Act, les USA ont labellisé et normés le marché fluvial pour favoriser les compagnies américaines les domaines de l’acier et du container. Dans les années 2000, l’Union Européenne a imposé des taxes pour décourager l’entrée sur le marché commun des modules fabriqués en Asie et en Chine particulièrement. Encore plus récemment aux USA, le leader européen de l’aéronautique Airbus a racheté la filiale CS de Bombardier, leader canadien du même domaine face aux mesures du Président Trump pour l’assemblage des appareils sur les chaines d’Airbus aux USA ; créant donc des emplois et de la croissance à l’économie américaine. Tout au même moment sur le marché africain, au Sénégal, la société Nadji –Bi développe et conçoit au niveau local des produits solaires certifiés Lighting Africa.   Au Bénin, des inventeurs, jumeaux ont conçu un foyer amélioré fiable et compétitif prêt à l’export qui promeut aussi bien des composants solaires importés et assemblés localement, ainsi que les résidus de palmier traditionnel. Enfin, au Togo, sous l’égide du Feu Président Tall, la SABER-ABREC, institution panafricaine conçoit finance, développe des projets d’impact avec l’appui de la CEDEAO et de l’UEMOA en faisant la promotion de groupements sous régionaux et internationaux.

Leomick SINSIN

[1] Global Off Grid Lighting Association

[2] Pay As You Go

[3] EnDeV de la GIZ, DFID, SNV est un programme de subvention des produits à des taux préférentiels

[4] https://www.usaid.gov/news-information/press-releases/oct-25-2017-usaid-announces-63-million-awards-bolster-sub-saharan-africas-grid

[5] Facebook, Whatsapp, Twitter, Google

[6] Recherche & Développer

[7] Côte Ivoire, Mali, Niger, Burkina, Togo, Benin, Ghana, Nigeria

[8] En Grant international, nous avons recensés ceux des organismes de développement (AFD, USAID), des Banques et Telco (Orange, SGB, etc.). S’agissant des sous régionaux et nationaux, nous avons rencensés particulièrement ceux du Nigéria (Dangote, TEFUN, et récemment de banques locales (Ecobank). Cette liste est loin d’être exhaustive.

[9] à l’instar du PRODERE de la Commission de l’UEMOA

[10] Investissement Direct de l’Etranger

[11] Memorandum Of Understanding

Développement de l’énergie en Afrique : quel espoir au delà de la médiatisation ?

energies-renouvelables-scandale-financierQuelle que soit sa source, l’électricité est l’un des piliers de la compétitivité et de la prospérité partagée d’un pays. Revenu au cœur des débats publics, l’accès pour tous à l’énergie est devenu la marque de fabrique de multiples organismes institutionnels, gouvernements et fonds d’investissement compte tenu de la place que tendent à occuper les énergies renouvelables. Rappelons-nous qu’en 2013, le président des Etats Unis d’Amérique a annoncé la réalisation du mégalodron « Power Africa » qui consisterait en la concentration de 7 milliards de dollars USD dans l’installation de 10 000 MW supplémentaires pour connecter 20 millions de foyers et entreprises. En ce début d’année, le ministre français, Jean Louis Borloo était sous les feux des projecteurs pour présenter son plan Marshall qui vise à électrifier toute l’Afrique en dix années à hauteur d’un investissement de 200 milliards d’euros. Bien que ces initiatives soient louables, leur concrétisation et impact peuvent s’analyser de deux façons différentes :   d’une part, par le biais d’une nouvelle forme d’aides au développement dont l’action est davantage centrée autour de secteurs porteurs de richesses ou susceptibles d’affecter plus fortement la population  ; d’autre part, comme une opportunité à saisir par des multi nationales conscientes de l’amélioration du climat des affaires de nombreux pays du continent africain. Garants de l’afro responsabilité, nous avons décidé d’approcher sous trois angles différents cette médiatisation énergétique.

Une question pertinente, mais pas forcément prise sous le bon angle

Plusieurs articles de L’Afrique des Idées ont traité la question de l’énergie en général et de l’accès à l’énergie électrique de façon spécifique.  Malgré les multiples solutions qui existent de nos jours, les principaux obstacles au développement de la filière peuvent se résumer autour des trois points à savoir : (i) l’absence d’un cadre réglementaire propice au climat des affaires et en particulier dans un secteur où la rentabilité s’accorde sur le très long terme[1] ; (ii) la part importante des subventions qui semblent ne profiter qu’aux ménages les plus aisés[2] et (iii) la pérennité des projets par le coût d’accès abordable et durable[3] compte tenu du pouvoir d’achat. La question de l’énergie en Afrique semble donc plus corrélée au climat des affaires et aux disponibilités à payer des clients finaux hors subventions plutôt qu’à la question de capital-investissement qui est l’approche des initiatives évoquées ci-dessus.

Pourtant, plusieurs initiatives locales et sous régionales existent

A l’instar des espaces économiques, il existe aussi des pôles sous régionaux d’électricité (WAPP, EAPP, SAPP, etc..). Ces « Regional Power Pool » militent en faveur de l’intégration régionale. Il s’agira à long terme de créer des autoroutes de transport et de distribution de l’énergie produite. La complexité de la question du stockage jumelée à celle de l’intermittence des énergies nouvelles obligeront les parcs de production à se synchroniser en permanence pour répondre aux besoins de consommation, qui eux sont peu flexibles et ne cessent de s’accroitre.

En ce qui concerne l’électrification des zones rurales, il existe une institution baptisée « Club ER[4] » qui regroupe les agences et structures africaines en charge de l’accès à l’électricité en zone rurale. Basée à Abidjan depuis moins d’un an, le Club ER est une synergie des retours d’expérience des pays membres pour renforcer les institutions et le personnel par des solutions locales. Appuyée par l’Union Européenne pour sa première phase, l’institution est emmenée à voler de ses propres ailes dans les années à venir.

Un continent tourné vers lui-même et vers l’avenir et qui ne fait qu’écrire son Histoire

Dans une Afrique réputée pour son hétérogénéité, l’harmonisation des espaces régionaux a aussi accéléré la mise en œuvre des politiques énergétiques. A l’Ouest, la Commission de l’Union Monétaire Ouest Africaine finance depuis trois ans le Projet Régional de Développement des Energies Renouvelables et de l’Efficacité à hauteur de 20 millions d’euros dans sa phase pilote pour inciter les gouvernements à investir dans les énergies nouvelles. A l’Est, le Kenya et l’Ethiopie renforcent leur interconnexion pour combiner l’énorme parc géothermique et hydraulique en cours de construction. Au Centre, le projet Inga est encore à l’étude. Au Sud et au Nord, le travail a déjà été accompli, quand bien même la diversification des sources de production redéfinit la gestion du secteur. L’Afrique du Sud vient de lancer un Dossier d’Appel d’Offres de 500 MW supplémentaires.

Loin des projecteurs, le secteur de l’énergie en Afrique fourmille d’idées et de projets. Jean Raspail disait « que dans la guerre des ondes, le commentaire masque toujours l’événement[5] ». L’espoir est en déclin car si on ne veut se voir imposer des choix, nous devons être capables d’écrire notre avenir. C’est en cela que l’Afrique marque une révolution formidable car elle brûle certaines étapes ; elle mise autant sur le stockage et les réseaux intelligents sans passer par une industrie centralisée. Dangote souhaite diversifier ses investissements en signant un partenariat avec General Electric, pionnier dans la fabrication de turbines. Le groupe souhaite aussi faire de ses cimenteries des centrales à cycle combiné qui produiraient à la fois de l’électricité et de la chaleur en sus du ciment.

Enfin, l’espoir est en déclin parce qu’il ne s’agira pas simplement d’électrifier le continent. Il faudra garantir une énergie accessible à la masse dans un environnement où plusieurs centres d’accouchement n’ont qu’une bougie ou un téléphone portable pour s’éclairer, de multiples commerces, des hôpitaux et même des morgues ne peuvent respecter la chaine du froid faute d’une continuité de l’électricité, un avion en cours d’atterrissage est victime du délestage de l’aéroport ; ou simplement  ce pénalty d’une phase finale de coupe du monde écourté… C’est en cela que subsistent les défis de l’Afrique que nous voulons.[6]

Léomick Sinsin


[1] Le dilemme de l’électrification rurale

 

 

 

 

 

[2] Les subventions à l’énergie sont elles nécessaires ?

 

 

 

 

 

[3] Quelles sont les énergies les moins chères ?

 

 

 

 

 

[5] Le camp des saints, Jean Raspail

[6] http://terangaweb.com/lafriquequenousvoulons-2/

 

 

 

 

 

Un cas d’école d’afro-responsabilité dans le secteur de l’énergie : La SABER

image_energie-renouvelableLomé bénéficie d’une position géographique très avantageuse. A mi-chemin entre la pointe ouest du continent et le delta du Niger, la capitale togolaise relie aisément les autres régions du continent grâce à un réseau aérien en forte expansion. Elle accueille notamment un complexe des institutions sous régionales.  Au 9ème étage du bâtiment de la Banque d’Investissement de la Commission Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, sont installés les locaux de la Société Africaine des Biocarburants et des Energies Renouvelables (SABER). Sous l’égide de son président Directeur Général Thierno Bocar Tall, la SABER se veut le bras du déploiement opérationnel des énergies renouvelables en Afrique pour les décennies à venir. En quoi peut-elle être porteuse d’initiatives capables de faire face aux défis énergétiques ?

Cet article s’inscrit dans le cadre de la préparation du Forum International Green Business qui sera organisé à Pointe Noire du 17 au 19 mai 2016.

La SABER en quelques mots

La SABER est une institution internationale dont le capital est détenu par quinze Etats africains [i]et six institutions financières[ii]. L’institution est- un modèle de réussite de Partenariat Public-Privé (PPP) grâce à une étroite collaboration entre  Etats et bailleurs de fonds africains. Avec des capacités de production très réduites, la plupart des pays subsahariens sont victimes du coût de revient de l’énergie produite et d’un taux de disponibilité très bas de leur parc de production qui est le plus souvent dominé par des centrales thermiques.  Quelques-uns  comme la Guinée et le Congo qui sont dotés d’un potentiel hydraulique élevé, n’arrivent pas à en jouir compte tenu des ressources techniques et humaines nécessaires et de la difficulté à structurer le financement.

L’objectif de la SABER est donc de promouvoir et de financer les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique dans ses pays d’action, tout en favorisant le transfert de technologie. Et cela pour contribuer à la naissance d’un secteur industriel africain dans le domaine des Technologies de l’information et de la communication (TIC) et de l’énergie.

Une expérience consolidée

Depuis 2013, la SABER a signé un protocole d’accords avec la commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA)  qui lui délègue la maîtrise d’ouvrage  pour la mise en œuvre du Programme Régional du Développement Durable et de l’Efficacité Energétique(PRODERE). D’un portefeuille d’environ 20 milliards de Francs CFA, le PRODERE décline  la Politique Energétique Commune des Etats-membres de l’UEMOA. Il s’agit d’un programme pilote visant à stimuler l’investissement  dans les énergies propres. La SABER, bras technique de l’UEMOA, accompagne chaque Etat dans la mise en œuvre du programme.  Elle capitalise  les bonnes pratiques au niveau local et national en vue d’harmoniser le secteur des énergies renouvelables à l’échelle régionale. Ainsi, le PRODERE a permis d’installer des milliers de lampadaires solaires, des lampes à basse consommation, des adductions d’eau villageoise, des kits solaires et des mini-centrales. Grâce à l’expérience accumulée par  PRODERE, le Togo a emboité le pas de l’UEMOA en mettant sur pied un projet gouvernemental d’installation de 13 000 lampadaires solaires. De même,  le Bénin a mis en place le PROVES[iii] qui vise à l’installation de 15 000 lampadaires solaires et  105 mini-centrales solaires et adduction d’eau afin de viabiliser les chefs-lieux d’arrondissement non encore électrifiés.

Plusieurs autres programmes foisonnent comme la construction de centrales solaires, ou encore la gestion du Fonds Africain pour les Energies Renouvelables (FAER). Riche d’un portefeuille de plusieurs milliards de dollars, il s’agit de structurer le financement en vue de soutenir les initiatives bancables, dans la mesure où le secteur des énergies en Afrique subsaharienne a le vent en poupe.

Plusieurs Etats et partenaires techniques se manifestent donc, afin de bénéficier de l’expérience technique et financière de la SABER.

L’Afro-responsabilité comme exigence

Compte-tenu du potentiel non exploité d’énergie sur le continent, la SABER apparaît aussi bien comme un bailleur de fonds, qu’un accélérateur de compétences et de savoir-faire local dans l’espace subsaharien souvent décrié sur le plan énergétique. Si les premières expériences sont couronnées de succès, plusieurs défis demeurent néanmoins à l’ordre du jour.

D’une part, celui de la formation hautement qualifiante d’élites africaines. L’expansion du secteur énergétique doit être accompagnée par des formations locales dans les domaines croisés du droit, de l’ingénierie, et de la recherche. Ces formations porteront les cadres des générations futures à un piédestal équivalent à celui des écoles et universités occidentales.

D’autre part, la recherche doit occuper un rôle prépondérant dans la promotion des innovations. S’il est louable de faire des champions nationaux adjudicataires de marchés et d’appels d’offre, il est encore plus brillant de promouvoir des initiatives de conception locales. Les exemples foisonnent dans le domaine de la préservation de l’environnement avec les foyers améliorés et la noix de coque comme substitut abondant et compétitif pour lutter contre le charbon de bois, nocif pour l’environnement et dommageable à l’environnement.

Enfin, le dernier enjeu, et pas des moindres, concerne la communication digitale moderne. A l’image de l’industrie musicale africaine d’une certaine époque où l’engouement suscité à l’échelle nationale et régionale ne favorisait pas du tout l’essor des artistes dans les chartes internationales. Non pas qu’elles ne soient pas exportables, mais bien souvent par faute de moyens de communication et de soutien marketing efficace. Chaque initiative, aussi marginale soit-elle mérite un coup de projecteurs. Des forums, salons et concours d’envergure ne seront que des facteurs positifs pour faire retentir l’écho silencieux du génie créatif africain. Le CardioPad, le M-Pesa ainsi que le SAM10 en sont les porte-étendards.

Loin des effets d’annonce, la SABER apparaît comme un cas d’école – dans les partenariats publics privés. En avril 2016, Oragroup s’est joint à la SABER pour mettre en place une plateforme dédiée au financement des grands projets énergétiques d’un montant global de 130 milliards de Francs CFA  dont 50% en dette et l’autre moitié en fonds propres. La confiance dont jouit l’institution, jumelée aux retours d’expérience capitalisée, en font un levier déterminant de la politique d’accès à l’énergie pour tous sur le continent africain.

Leomick SINSIN


[i] Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Mali, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Léone, Tchad et Togo.

[ii] BIDC, BOAD, Ecobank, FAGACE, IEL et Nexim Bank

[iii] http://www.agenceecofin.com/solaire/1601-25831-benin-lancement-de-l-installation-de-15-000-lampadaires-solaires-et-de-105-microcentrales-solaires

L’Afrique de l’Ouest : Vers un pôle de compétitivité énergétique ?

Il est vrai que les statistiques abondent en ce qui concerne la performance économique de l’Afrique subsaharienne. Il est aussi vrai que cette croissance est tirée par les secteurs énergétiques et miniers réputés pour leur  forte valeur ajoutée que par l’ouverture de lignes commerciales avec l’Asie et l’Amérique du Sud. Quand bien même les externalités et les effets d’échelles sont nombreux, il n’en demeure pas moins que la question de l’amélioration du niveau de vie des populations du continent suscite des réactives vives et divergentes. C’est la raison pour laquelle nous parlerons d’un projet qui en plus d’améliorer le bien-être des populations est susceptible d’améliorer la compétitivité  économique et énergétique de l’Afrique de l’Ouest : Le Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (GAO).

Nouvelle imageLe GAO est un projet ambitieux qui date des années 80 et  qui permet de nos jours l’acheminement du gaz naturel entre le Nigéria, le Bénin, le Togo et le Ghana. Long d’environ 700 km, il fournit en gaz naturel les principales centrales de production d’énergie électrique des pays concernés. L’opportunité d’une telle infrastructure est multiple. Tout d’abord le gaz naturel demeure l’énergie fossile la plus compétitive pour la production d’électricité. D’autre part, la découverte de nombreux gisements dans les bassins du Golfe de Guinée assure un stock de réserve important pour une exploitation à long terme. Contrairement au pétrole qui est souvent exporté et peu traité localement pour son raffinage, l’exploitation du gaz naturel permet une plus value locale plus importante; surtout quand nous savons que le Nigéria torchait autrefois l’équivalent de toute la consommation énergétique de l’Afrique faute de débouchés.

Nouvelle imagLe gazoduc est fonctionnel depuis 2011 et relie des centrales de la Communauté Electrique Bénin (CEB)[i] au Bénin et au Togo, et de la Volta River Authority (VRA)[ii] au Ghana. Grâce au prix du gaz naturel, le coût de revient du kWh produit est plus compétitif que les sources traditionnelles. La fonctionnalité du gazoduc a même entrainé des  meilleures perspectives de l’offre d’électricité compte tenu de la multiplication des projets de centrales. Il s’agit d’un atout important dans la mesure où, conformément au plan directeur du secteur de l’énergie de l’UEMOA, les interconnexions  et l’homogénéisation des réseaux électriques de chaque pays faciliteront les transferts d’énergie et permettront de rendre les tarifs de livraison de l’électricité à un prix soutenable aux populations. Les questions de tarification, d’extension et de contrat dépendent d’une autorité de régulation : l’AGAO : Autorité de Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest. D’un point de vue macroéconomique, la disponibilité et la compétitivité de l’électricité dynamiseront la zone UEMOA à travers la baisse des prix des produits industriels, manufacturés ainsi que des services. Le bien être social sera amélioré de facto et nous pourrons alors supposer que les performances économiques statistiques s’accompagnent d’une amélioration du cadre et du niveau de vie des populations.

Toutefois, malgré l’engouement et les espoirs suscités par l’opérationnalisation d’un tel projet, des contraintes restent à surpasser. Nous n’en citerons que deux: d’une part, les volumes contractuels ne sont pas encore respectés car le gazoduc transporte moins de 50% des capacités garanties. Ceci affecte le démarrage des projets de construction, ainsi que les centrales actuelles qui tournent au ralenti ou en sous régime malgré une demande en énergie sans cesse croissante. D’autre part, la question de la sécurité du gazoduc en offshore est plus que d’actualités avec la recrudescence de la piraterie maritime et de la pêche illégale. Rappelons qu’en 2012, le dragage de l’ancre d’un pétrolier piraté puis détourné dans les eaux togolaises a entrainé la rupture du gazoduc et son indisponibilité pendant plus de dix mois. Il s’en est suivi une recrudescence des délestages entrainant un recours au fuel lourd ou au Jet A1 dont les couts de production sont prohibitifs.

La mise en place  d’un cadre de concertation et de prévention contre les troubles susceptibles d’affecter le bon fonctionnement du gazoduc s’avère nécessaire. C’est à cet effet que des forums et réunions s’organisent dans les quatre pays concernés de façon régulière.

Dans une Afrique où les infrastructures et les projets communs sont rares, nous devons saluer cette initiative Ouest africaine d’un Partenariat Public Privé qui relève de l’Afro responsabilité.

 

Léomick SINSIN

 

 


[i] La CEB est une organisation inter étatique entre le Bénin et le Togo. Elle fut créée à la fin des années 60. Elle gère la production, le transport et la distribution d’énergie électrique entre les deux pays.

 

 

[ii] La VRA est la principale structure ghanéenne en charge de la production d’énergie électrique.  Elle gère entre autres le barrage d’Akosombo ainsi que de nombreuses sources thermiques.

 

 

 

Que savons-nous sur l’économie verte en Afrique ?

Synthèse de nos publications sur le thème du forum green business

couverture 8A partir de la définition donnée par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), l’économie verte se caractérise par des activités de production et de consommation impliquant un faible taux d’émission de carbone, l’utilisation rationnelle des ressources et l’inclusion sociale. Pour adapter cette définition très générale au contexte africain, (Kempf 2014) a réalisé une quinzaine d’entretiens auprès d’entrepreneurs locaux au Congo Brazzaville. Ces entrepreneurs sont actifs dans les domaines de la transformation agro-alimentaire, de la gestion des déchets, de l’eau et de la santé.

De ces entretiens, il ressort que les entreprises « vertes » cherchent à mettre en avant des circuits courts de commercialisation (CCC) et des modes de production plus intégrés. Comme le montre l’analyse de (Libog, Lemogo, and Halawa 2013), l’adoption et la vulgarisation des CCC permettrait à coup sûr une réelle revalorisation de la production locale et la rendrait plus compétitive avec l’augmentation des revenus des petits producteurs, une meilleure productivité, l’émergence d’une agriculture respectueuse de l’environnement et le développement des économies régionales et sous-régionales.

Lorsqu’on considère les activités menées par les entrepreneurs « verts », nos analyses montrent qu’il existe de réelles opportunités à saisir dans l’émergence de l’économie verte en Afrique ; en particulier dans l’agriculture biologique et la gestion des déchets.

En effet, selon l’analyse de (Houngbonon 2014), l’Afrique dispose d’énormes atouts dans la production des produits d’agriculture biologique compte tenu de la qualité de ses terres agricoles et de leur disponibilité. Plus spécifiquement, le faible développement de l’agriculture intensive en Afrique implique une faible utilisation des pesticides, ce qui rend les terres agricoles africaines plus appropriées à l’agriculture biologique. De plus, le continent dispose encore d’énormes superficies de terres agricoles non encore exploitées. Par exemple, en 2010, seulement 40% des terres agricoles en Afrique sont cultivées ; cette proportion chute à 25% en Afrique Centrale. Se basant sur ces atouts, il recommande de former les paysans africains à l’agro-écologie et de mettre en place des normes de certification équivalentes aux standards européens et américains.

Dans ces conditions, l’agriculture biologique pourra nourrir l’Afrique à sa faim selon (Morghad 2012). A partir d’une expérience menée en Ethiopie et citée dans une étude de l’Institut du Développement Durable, l’auteure explique comment l’agriculture biologique a permis d’améliorer les rendements agricoles dans une région souffrant de sécheresse et de la désertification. Toutefois, ce rôle clé de l’agriculture biologique risque d’être compromis par les accords de partenariats économiques en cours de signature par la plupart des pays d’Afrique sub-saharienne comme l’a souligné (Halawa 2014)  dans un article sur le sujet. En effet, à partir des résultats de plusieurs études, il relève l’impact négatif que peuvent avoir ces accords sur la diversification des économies africaines et en particulier sur l’agriculture biologique.

Ainsi, la promotion de l’agriculture biologique requiert une réponse globale alliant à la fois l’accès au financement, la formation des agriculteurs, la mise en place des normes de certification et la négociation d’accord commerciaux qui placent l’agriculture biologique au cœur de ses préoccupations.

Quant à la gestion des déchets, (Kempf 2012) se base sur un rapport de la Banque Mondiale qui montre qu’en 2005, l’Afrique ne représentait que 5% de la production mondiale de déchets. Plus de la moitié (57%) de sa production est constituée de déchets organiques, donc valorisables sans trop de difficultés. Bien entendu, la part de l’Afrique dans la production mondiale de déchets est amenée à augmenter avec la croissance économique et démographique ; il en va de même pour la composition des déchets qui deviendra plus complexe. Cette évolution transforme les déchets en  formidable opportunité d’affaires pour les entrepreneurs souhaitant s’engager dans l’économie verte. Cependant, à partir d’entretiens réalisés auprès d’entrepreneurs du secteur, (Kempf 2013) rapporte que la faible structuration de la filière des déchets, et en particulier le peu d’opportunités de valorisation, demeurent l’une des principales difficultés pour relever le défi des déchets africains.

De même, (Madou 2014) montre qu’à Abidjan, la gestion des déchets souffre d’un manque d’efficacité dans l’organisation du secteur. Typiquement, la persistance du secteur informel, le manque de matériel adapté et de formation du personnel, la gestion des décharges publiques sont à l’origine de cette absence d’efficacité. Un développement de l’activité de gestion des déchets passera donc par la revalorisation du service auprès des ménages, le recyclage des déchets, la formation du personnel et une plus forte implication de l’Etat dans l’organisation du secteur, en particulier dans la gestion des décharges publiques. Les PME restent cependant des acteurs clés pour le développement du secteur et son efficacité.

L’émergence d’une économie verte ne saurait enfin se faire sans un accès à l’énergie pour tous, en particulier en milieu rural. Cela est d’autant plus crucial lorsqu’on sait que plus 95% de la population rurale n’a pas accès à l’énergie dans plusieurs pays africains, comme le Bénin, Madagascar, le Niger et la Zambie,  alors même que le développement d’activités nécessitant de l’énergie telles que l’agriculture biologique auraient un très fort impact en milieu rural. La principale raison identifiée par le Club des agences et structures en charge de l’électrification rurale est la difficulté d’accès au financement. Comme l’a souligné (Sinsin 2014), celle-ci est liée à la faible densité de la population dans les zones rurales qui ne favorise pas la rentabilité d’une extension du réseau électrique dans ces zones. A partir de projets tels que l’Expérience EDF, le GERES au Bénin et UpEnergy en Ouganda, Africa Express recommande une formation professionnelle adaptée et une sensibilisation des populations à l’échelle locale, une promotion des énergies locales décentralisées sur toute la filière à l’échelle régionale et enfin une mise en place de législation appropriée à l’échelle nationale pour inciter le secteur privé à investir dans les énergies renouvelables.

En définitive, l’économie verte peut être considérée comme une application concrète, pratique et viable du volet économique du développement durable. Elle présente d’énormes atouts pour l’Afrique et en particulier pour l’Afrique Centrale,  que ce soit dans le domaine de l’agriculture biologique ou de la gestion des déchets. Elle a besoin d’être soutenue par un accès accru aux énergies renouvelables.

Nous en savons actuellement trop peu sur les politiques les plus efficaces à mettre en place pour soutenir l’émergence d’une économie verte en Afrique. Sur ce sujet, L’Afrique des Idées souhaite engager des études plus approfondies pour accompagner les décideurs publics à identifier les réponses les plus appropriées à l’émergence d’une économie verte en Afrique, et en particulier en Afrique Centrale.

 

Georges-Vivien HOUNGBONON

Références :

Halawa, Djamal. 2014. “Quels sont les enjeux des APE pour l’agriculture et l’industrialisation?” L’Afrique Des Idées.

Houngbonon, Georges Vivien. 2014. “L’Afrique peut-elle bénéficier de L’agriculture biologique ?” L’Afrique Des Idées.

Kempf, Véra. 2012. “Comment l’Afrique gère-t-elle ses déchets?” L’Afrique Des Idées.

———. 2013. “Comment mettre en valeur les déchets au Congo?” L’Afrique Des Idées.

———. 2014. “Economie Verte, de quoi parle-t-on ?” L’Afrique Des Idées.

Libog, Charlotte, Jerry Lemogo, and Djamal Halawa. 2013. “Les Circuits Courts de Commercialisation.” L’Afrique Des Idées.

Madou, Stéphane. 2014. “Comment gère-t-on les déchets domestiques à Abidjan?” L’Afrique Des Idées.

Morghad, Leïla. 2012. “L’agriculture biologique permettra-t-elle de nourrir l’Afrique à sa faim?” L’Afrique Des Idées.

Sinsin, Leonide Michael. 2014. “Quels financements pour l’accès à l’énergie en milieu rural?” L’Afrique Des Idées.

Comment financer l’accès à l’énergie en zone rurale?

Le constat : L’Afrique subsaharienne est la région où le taux d’accès à l’énergie électrique est le plus faible. Le constat est encore plus alarmant quand l’on considère les zones rurales où vivent plus de 60% de la population. L’électrification rurale a toujours été au cœur des enjeux de développement du continent africain. Sa spécificité tient du fait qu’au nom de la péréquation spatiale, toutes les régions d’un pays doivent être raccordées au courant conventionnel, en garantissant à chaque habitant un même service, une même qualité et un même prix d’accès. Mais compte tenu de l’hétérogénéité des superficies des pays du continent, l’enjeu des politiques d’électrification rurale est multiple quand à PIB quasiment égaux, le Bénin (PIB 2005 : US$ 13Milliards) avec une superficie de 112 622km2 doit électrifier toutes ses zones rurales au même titre que le Mali (PIB 2005 : US$ 15Milliards) avec une superficie de 1.240.192km2. Pourtant, ces pays ont tous ratifié les Objectifs du Millénaire pour le Développement avec des cibles d’environ 30 à 50% de couverture des zones rurales à l’horizon 2015.

Nouvelle imageToute politique d’électrification doit répondre à un besoin de développement économique pour la valorisation des régions et localités, et d’équité sociale pour l’amélioration du bien être des populations touchées. Avec le coût onéreux de l’extension du réseau, et du déploiement des énergies renouvelables qui demeurent encore cher au niveau international, la rentabilité financière ne doit pas être une des conditions sine qua non de l’investissement dans le secteur de l’énergie, mais plutôt la rentabilité économique et sociale.

D’après les statistiques relatives au taux d’accès à l’énergie électrique en zone rurale, nous remarquons une certaine homogénéité des pays africains hors Afrique du Sud et Afrique du Nord : Madagascar a un taux d’environ 5% en 2012, le Bénin entre 4 et 6%, la Côte d’Ivoire une moyenne de 34%, le Cameroun est à 12%, la Zambie à 4.5%, le Niger à moins d’un pour cent et enfin la Somalie à environ 20%.

Il est donc indispensable de trouver le modèle de financement le plus approprié pour la réalisation d’infrastructures énergétiques rurales quand bien même les secteurs public et privé, tous deux impliqués ont des valeurs et des stratégies différentes.

Le cadre : D’après les conclusions de l’étude du Club des agences et structures Africaines en charge de l’Electrification Rurale (Club-ER), le partenariat Public-Privé est marqué par une faible mobilisation des financements privés, l’existence de risques liés à des contrats imparfaits ou mal rédigés, l’absence d’un cadre juridique favorable et un besoin ardent de gros investissements du secteur public. La plupart des experts sont unanimes sur le fait que l’électrification rurale est déficitaire en termes de moyens financiers et de compétences humaines et techniques.

Que faire ?  L’ampleur et la diversité des besoins de même que la complexité et la variété des réponses impliquent une bonne compréhension des aspects soci-culturelles des populations cibles. C’est dans ce cadre qu’EDF leader français et européen du secteur de l’énergie propose une stratégie reposant sur 5 piliers :

  • Partenariat : Maximiser les partenaires locaux privés/publics.
  • Continuité : Avec des cycles relativement longs dans le secteur, tous les projets doivent s’inscrire dans la durabilité.
  • Innovation et partage d’expériences : La nécessité de la Recherche et du Développement permet d’obtenir des effets d’échelle importants dans le temps, sur le coût aussi bien que sur l’adoption d’une technologie. C’est pour cela qu’il est très important de partager les expériences pour une progression efficace.
  • Rentabilité : L’accès  à l’énergie doit entrainer le développement de plusieurs activités qui génèrent des revenus pour pérenniser le projet.
  • Mesure d’efficacité : Il est nécessaire de s’appuyer sur des évaluations régulières, que le constat soit positif ou négatif afin d’améliorer le retour d’expériences.

Des actions concrètes : Plusieurs actions ont été menées et il est important de mettre en exergue les plus phares à notre connaissance :

L’expérience EDF : EDF a développé un modèle pour l’électrification rurale décentralisé, en partenariat avec l’ADEME nommé « SSD ». Il s’agit d’un concept pour proposer un ensemble de services portés par une société de droit local. Ce programme est effectif en Afrique du Sud, au Maroc, au Mali et au Sénégal. Les SSD, ou sociétés de services décentralisés sont gérées par des entrepreneurs locaux. Initialement, une Joint Venture est mise en place avec EDF et sur le long terme, toutes les parts sont transférées vers l’entrepreneur local. Au Maroc, plus de 23 000 clients soit 161 000 personnes sont concernés par ce programme.

Le GERES au Bénin : Il s’agit d’un projet de développement d’une filière locale de production d’agro carburant dans des activités mécaniques en milieu rural. Doté d’un budget de 3,3 millions d’euros,  le projet a permis l’installation d’unité d’extraction d’huile d’une capacité de 250L/jour avec un réseau de consommateurs riche de plus de 500 propriétaires de moteur diesel qui améliorent ainsi leur empreinte écologique.

UpEnergy en Ouganda : UpEnergy contribue à combattre la pauvreté, améliorer la santé des populations et protéger les forêts en mettant à la disposition des populations des technologies propres comme les foyers améliorés. Le financement est en assuré par les mécanismes de la finance carbone. Chaque four permet d’économiser 19h de cuissons par semaine, et 5 heures de temps de collecte de bois, l’équivalent d’un litre de carburant. Au total, cela a permis d’économiser 200 000T de et de sauver plus de 600 000 arbres.

En conclusion : Etant donné que l’accès à l’énergie constitue un moyen d’accélérer l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement, nombreux sont les programmes nationaux ou internationnaux qui se développent autour de l’accès à l’énergie. Sous formes de dons, de conventions de concession ou purement financiers, la réussite de ces projets réside dans la façon dont ils seront appropriés par les populations cibles et dans la pérennisation financière de ces derniers. C’est pourquoi une formation professionnelle adaptée  et une forte sensibilisation sont nécessaires.

Au niveau régional, il s’agit de promouvoir les solutions locales, décentralisées, sur l’ensemble de la filière : de la production à la consommation. La valorisation des énergies locales aura un effet d’échelle important sur l’emploi des jeunes, l’autonomie des femmes ainsi que l’accroissement de la valeur ajoutée économique des zones qui auront accès à une énergie abordable, disponible et propre.

Enfin, Le rôle des Etats sera de définir des plans ambitieux pour le très long terme, garantissant une législation appropriée de même que de fortes incitations pour stiumler le secteur privé et indirectement l’activité économique. La gouvernance efficace ainsi que l’émergence des nouveaux cœurs de métier sont donc les mots d’ordre.

Le dilemme de l’électrification rurale

Nouvelle imageDu 25 au 30 Décembre dernier se tenait à Djibouti un sommet africain sur le thème de l’électrification rurale.  Une trentaine de pays aussi bien francophones qu’anglophones ont répondu à l’appel. L’objectif était de faire un bilan du sous secteur de l’électrification rurale. À travers ce billet, nous tâcherons d'en faire la synthèse et de mettre en exergue les difficultés auxquelles font et feront face les pays africains.

L’électrification rurale a toujours été au cœur des enjeux de développement du continent africain. Sa spécificité tient du fait qu’au nom de la péréquation spatiale[1], toutes les régions d’un pays doivent être raccordées au courant conventionnel, tout en garantissant à chaque habitant un même service, une même qualité et un même prix d’accès. Mais compte tenu de l’hétérogénéité des superficies des pays du continent, nous comprenons d’emblée l’enjeu des politiques d’électrification rurale quand on sait qu’à PIB quasiment similaire[2], le Bénin (PIB 2005 : US$ 13Billion[3]) avec une superficie de 112 622km2 doit électrifier toutes ses zones rurales au même titre que le Mali (PIB 2005 : US$ 15Billion) avec une superficie de 1.240.192km2. Pourtant, ces pays ont tous ratifié les objectifs du millénaire pour le développement avec des cibles d’environ 30 à 50% de couverture des zones rurales à l’horizon 2015.

En comparant les statistiques relatives au taux d’accès à l’énergie électrique en zone rurale[4] présentées lors du sommet, nous remarquons une certaine homogénéité des pays africains hors Afrique du Sud et Afrique du Nord : Madagascar a un taux d’environ 5% en 2012, le Bénin entre 4 et 6%, la Côte d’Ivoire une moyenne de 34%, le Cameroun est à 12%, la Zambie à 4.5%, le Niger à moins d’un pour cent et enfin la Somalie à environ 20%. La plupart des pays aussi bien anglophone que francophone oscillent entre 5 et 30%, en fonction de leur taille, de l’intérêt qu’accordent les gouvernements en place au sous secteur[5], et de la structure de tutelle en place.

Concernant l’organisation du sous-secteur, il s’agit d’un point déterministe car suite aux recommandations du FMI et de la Banque Mondiale dans les années 1990 dans le cadre de l’accélération de l’électrification des zones rurales, deux groupes se sont formés : les uns privilégiant le renforcement des structures étatiques, avec une hausse considérable des montants alloués au sous secteur (en l’occurrence le Maghreb et l’Afrique du Sud), les autres (pour la plupart sub-sahariens) allant dans le sens de la création d’agence ou de structures spécialisées d’électrification rurale.  Sans revenir sur les résultats et  les performances annuelles de chacun des groupes, la tendance nous indique que le premier groupe, a réussi en moins de 20 ans à atteindre des niveaux d’électrification rurale supérieurs à 80%, contrairement au second groupe qui peine à atteindre les 30%. En l’absence de statistiques fiables qui nous auraient permis de faire des conclusions critiques, nous pouvons toutefois émettre quelques hypothèses: la mise en place d'agences, au détriment du renforcement des sociétés nationales d’électricité pose le problème de leur autonomie financière notamment leur dependance à la création de nouvelles lignes budgétaires et/ou de subventions que l’État n’arrive pas toujours à honorer et leur forte dépendance aux bailleurs de fonds internationaux dont les montants accordés ne peuvent toujours être budgétisés. Et ce, malgré le fait que le budget de ces agences dépend le plus souvent d’une ponction imputée sur les factures des abonnés ou des « rentes » ou tirées d’une libéralisation de la filière par des concessions, comme c’est le cas en Côte d’Ivoire.

Pour finir, nous aborderons le dilemme de l’approvisionnement et de la fourniture d’énergie électrique dans les zones rurales. Bien qu’il n’existe pas de définition arrêtée « d’une zone rurale », une zone peut se définir comme rurale compte tenu du nombre d’habitants (jusqu’à 5000 habitants par exemple), de son poids économique, ou de sa proximité avec le réseau conventionnel. Dans le cas du Bénin, l’Agence en charge de l’électrification rurale s’est donnée comme seuil d’action 20 km des lignes du réseau national. Mais à la vue de la superficie de certains pays ainsi que des questions relatives au coût du kWh produit, l’électrification rurale pose le double enjeu de pouvoir rendre accessible l’énergie électrique sans augmenter le coût d’accès. Même dans les pays comme la Côte d’Ivoire[6] et le Ghana où le mix énergétique est très intéressant, la base[7] est assurée le plus souvent par du thermique (gaz, jet-A1 ou autre combustible), l’hydraulique étant très dépendant des saisons climatiques. Quand on tient compte des pertes d’ordre techniques et non techniques, il devient alors important de promouvoir les sources de production décentralisées dans les zones rurales très éloignées. Les choix de ces sources décentralisées (solaires, éoliens, hybride diesel-renouvelables, hybride renouvelable-micro barrage, etc.) doit se justifier par des analyses cout-bénéfices pointues, et contingentes entre le coût de ces nouvelles sources d’énergie et le coût très onéreux de l’extension du réseau. En effet, comme nous l’avions toujours dit, l’énergie est ce bien social économiquement inaccessible pour tous, qui se doit toutefois d’être disponible pour tous.

 

                                                                                                                      Leomick SINSIN

 


[1] La péréquation est un mécanisme de redistribution qui vise à réduire les écarts de richesse, et donc les inégalités, entre les différentes collectivités territoriales

[2] Se baser sur le PIB ne permet pas de comparer les performances économiques des pays mais juste d’avoir un indice de de mesure du niveau de richesse réel généré

 

 

 

 

 

[3] WorldWiki

 

 

 

 

 

[4] Rappelons que le taux d’accès se calcule sur la base du nombre de localités électrifiées par le nombre total de localités du pays

 

 

 

 

 

[5] L’importance des gouvernements dépend du budget annuel alloué à l’électrification rurale

 

 

 

 

 

[6] 57% de thermique et 43% d’hydraulique

 

 

 

 

 

[7] La base constitue la source d’énergie la plus utilisée pour la production d’énergie en continue, contrairement à la pointe qui constitue la source activée pour répondre à l’énergie marginale à produire

 

 

 

 

 

Les inconvénients de l’énergie électrique photovoltaïque en Afrique

 

Nouvelle image (4)Compte tenu du milliard et demie d’habitants n’ayant pas accès à l’énergie électrique, nombreux sont les programmes nationaux et  internationaux qui militent en faveur de l’énergie pour tous. Ainsi, de l’extension du réseau électrique, au recours aux énergies nouvelles, l’énergie de demain doit répondre d’un gage de non intermittence,  d’accessibilité pour tous, et enfin de qualité.

Dans le précédent billet, nous avions évoqué les atouts de l’énergie photovoltaïque, qui constitue la ressource  énergétique la plus abondante au monde. Malgré qu’elle soit considérée comme l’enfant prodige des énergies nouvelles, son développement se heurte à des difficultés de tout genre que nous tâcherons d’évoquer dans ce dernier article.

En économie, l’une des principales variables d’ajustement est le prix. Au centre de la majorité des théories économiques, le prix  et les variations de prix symbolisent tout consentement à payer ou à recevoir, le changement de comportement par rapport à nos habitudes, et enfin notre capacité à adopter ou non une nouvelle technologie. De ce fait, quand bien même le coût de l’énergie photovoltaïque a chuté sur le plan mondial, les prix d’acquisition demeurent élevés pour la moyenne des ménages africains. L’installation solaire, qui est un investissement de long terme n’est pas souvent compatible avec les besoins financiers de court terme des populations. A titre d’exemple, un système de 400Wc qui permet d’alimenter la TV, 6 ampoules, la radio coûte environ 800 000FCFA HT[i], quand le SMIC est de l’ordre de 372 000FCFA/an/personne[ii], soit 744 000FCFA au moins pour un ménage où les deux parents sont actifs. La situation est d’autant plus grave qu’il n’existe pas de mécanisme de subventions, d’exonération fiscale, de prêts bancaires ou de soutien aux besoins de consommation des ménages.

Ensuite, l’énergie électrique pose le problème du stockage. L’énergie électrique ne se stocke guère, mis à part le recours à des barrages pour pomper l’eau en journée et la rétribuer  en soirée. Les énergies renouvelables sont pour la plupart intermittentes. Dans le cas du photovoltaïque, à la tombée de la nuit, le système devient totalement passif dans la mesure où il n’y a plus d’irradiation solaire, malgré que notre demande en énergie soit constante. La solution actuelle réside dans le recours au stockage sous forme de batteries, des piles géantes qui accumulent l’énergie non consommée durant la journée afin de la redistribuer le soir et les jours de faible ensoleillement. Malheureusement, la technologie des batteries n’est pas encore très avancée, dans la mesure où dans les pays développés, elle n’est pas souvent sollicitée (en Europe par exemple, on parle de raccordement au réseau or bien souvent dans les zones rurales africaines, on est en réseau isolé dit « Off Grid »).  Ainsi, le coût du stockage peut représenter jusqu’à 40%[iii] du montant initial de l’investissement, sachant que les batteries ont une durée de vie beaucoup plus réduite que les autres composants, avec un facteur risque en cas de court circuit ou d’erreur d’installation.

D’autre part, en l’absence d’organismes de conformité, de normes définies et appliquées, et d’un marché de consommation bien identifié, le secteur énergétique électrique en amont[iv] est peu identifié des grands  industriels mondiaux. La plupart des matériels utilisés sont  importés et utilisés sur la base de réglementations des pays exportateurs. Etant donné également que les réseaux présentent souvent des déviances (le cas des multiples baisses de tension, des surtensions, et des coupures non programmées), l’utilisation qui en découle devient impropre aux données d’utilisation du constructeur. Cette question va de paire avec le manque de compétence locale pour assurer le fonctionnement des installations, ce qui explique pourquoi la plupart des principaux projets solaires furent des échecs. Le rôle de la recherche et du développement, précédemment évoquée dans un article de TerangaWeb,  ainsi que de l’innovation pour un marché africain de consommation, compte tenu des ses particularités et de ses attentes devient alors un pilier phare du déploiement énergétique.

Enfin, un des principaux obstacles, ou du moins une ouverture de réflexion représente le duopole public-privé. L’énergie est un bien stratégique où la géopolitique  témoigne de l’importance des enjeux qui en découlent. Les investissements énergétiques sont très onéreux, et l’état actuel des réseaux et infrastructures dans les pays africains est synonyme des problèmes auxquels font et feront face les pays africains. L’implication du secteur privé s’avère donc nécessaire, pour dynamiser et pérenniser la filière, bien qu’à l’origine le secteur de l’énergie soit réputé pour être des plus monopolistiques. L’Etat, à mon avis se devra donc d’être un intermédiaire d’échange, régulateur et maitre d’œuvre des feuilles de route énergétique, en ayant toujours à l’esprit qu’économiquement non viable, l’énergie devra toujours être socialement disponible pour tous.

 

                                                                                                        Leomick SINSIN

 

 


[i] Il s’agit d’une moyenne recensée sur les installations au Bénin, et de mon retour d’expérience

 

 

 

 

 

[ii] 31000 FCFA (environ 48€) par mois

 

 

 

 

 

[iii] Revoir le précédent billet sur la décomposition du CAPEX d’une installation solaire

 

 

 

 

 

[iv] L’amont, tel que définit ici, concerne principalement les composants tels que les onduleurs, les régulateurs et les données de fréquence pour le réseau.

 

 

 

 

 

Les avantages de l’électricité solaire photovoltaïque en Afrique

L’engouement suscité par les énergies solaires, de nos jours témoigne du rôle et de la place que cette énergie occupe dans nos activités quotidiennes. Cet article présente les atouts de l’énergie photovoltaïque, enfant prodige des énergies renouvelables, dans le cadre de l'Afrique.


Quelle soit d’origine primaire ou secondaire, renouvelable ou non, chaque type d’énergie répond à un besoin bien précis en fonction de l’usage qui en découle et de son coût de fonctionnement. Dans les précédents articles[1], nous avons brossé un aperçu des différentes sources d’énergie électriques utilisées à savoir l’hydroélectricité, le thermique et l’énergie photovoltaïque. Dans cette étude, nous mettrons en exergue les atouts de l’énergie photovoltaïque dont le récent déploiement mondial en fait l’enfant prodige des énergies renouvelables.

En 2011, environ 27 GW de puissance photovoltaïque ont été installés à travers le monde (fig.1) ; soit le quart de la capacité totale de l’Afrique en 2008 et un peu plus que le tiers de la puissance de l’Afrique sub-saharienne[2](pdf). En conclusion d’un précédent billet, nous avions souligné que quand bien même l’énergie photovoltaïque ne résoudra pas entièrement le défi auquel fait et fera face l’Afrique ; elle aura toutefois un rôle clé à jouer dans le mix énergétique en matière de production d’électricité.

photovoltaic installation

fig.1 Installations photovoltaïques annuelles de 2000 à 2011 sources PV Report 2012

 

Avec un rayonnement variant de 3 à 6 kWh par m² selon la position géographique, le principal atout d’une installation solaire en Afrique est sa capacité à fournir suffisamment de puissance pour répondre aux besoins quotidiens. En effet, avec une consommation annuelle moyenne de 128 kWh[3] par individu en Afrique de l’ouest ; dont le coût d’installation reviendrait à environ 500 000 FCFA (environ 750 €) [4];  l’option d’un système photovoltaïque devient tout aussi bien accessible que rentable sur le long terme. Ce potentiel est nettement plus accru pour le solaire thermique dans les pays sahéliens où la forte température facilite la production de chaleur et/ou d’énergie électrique.

D’autre part, l’avantage d’un système solaire est la décentralisation du système de production. En effet, il est coutume d’isoler les systèmes traditionnels de production en dehors des zones résidentielles pour des raisons techniques (taille de l’installation, infrastructure lourde) et environnementales (sécurité). Cette longue distance fait entrer en compte des paramètres comme le transport et la distribution qui alourdissent le coût de revient de l’énergie produite. Outre cet aspect financier, les longues distances d’acheminement engendrent des pertes importantes entre le site de production et le lieu de consommation finale. A titre d’exemple, une nucléaire a un rendement de 30% malgré la puissance conséquente générée. Quand l’on connait la vétusté des infrastructures existantes, nul ne saurait contredire le bien fondé d’un système où le site de production juxtaposerait le point de consommation. Le bon exemple est la maison isolée avec des modules surplombant la toiture.

Enfin, le dernier argument et pas des moindres est le travail d’efficacité énergétique qu’impose une installation solaire. Un système solaire est une énergie intermittente qui dépend de plusieurs paramètres comme la météo, la qualité de l’installation etc. De ce fait, la consommation implique un recours vers des appareils sobres et peu énergivores. Nous réduisons ainsi le niveau de consommation tout en préservant le même niveau d’utilité. C’est le cas des ampoules LED de 5 W qui fournissent autant d’énergie que nos anciennes à  incandescence de 50 à 80 W.

Contrairement au réseau, le système photovoltaïque répond d’une installation statique au niveau de la production mais amovible dans le temps. La bonne gestion de notre consommation et le contrôle judicieux de l’appel en puissance permettent d’allonger considérablement la durée de vie de l’installation (10 ans avec stockage et environ 20 ans hors stockage) et de pérenniser l’indépendance énergétique par une offre individualisée adaptée à chaque ménage.

Sommes toute,  la valeur ajoutée de cet article consiste à mettre en avant les points positifs des installations photovoltaïques en site isolé. A nouveau, bien que l’énergie solaire ne puisse répondre à l’ensemble des besoins auxquels feront face les nations africaines pour les années à  venir ; son intégration simplifiée et souple aura une place prépondérante à jouer dans les mix énergétiques futurs. Dans un prochain billet, nous tâcherons d’évoquer les freins à la croissance de cette nouvelle forme d’énergie.


[1] http://terangaweb.com/cout-de-lenergie/

  http://terangaweb.com/lafrique-refuserait-telle-de-sauto-electrifier/

 

 

 

[2] L’électricité en Afrique ou le continent des paradoxes  Christine Heuraux – IFRI

 

 

 

[3] Idem

 

 

 

[4] De l’expérience de l’auteur dans le secteur

 

 

 

Le tout puissant Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou

Malgré l’engouement suscité à l’échelle nationale et régionale, rares sont les musiques africaines qui se retrouvent dans les classements internationaux. Non pas qu’elles ne soient pas exportables, mais bien souvent par faute de moyens de communication et de soutien marketing efficace. C’est pour pallier à cette situation que j’ai décidé de rédiger ce billet sur Le tout puissant Orchestre Polyrythmo de Cotonou, qui a œuvré à faire du Bénin le Quartier Latin de l’Afrique, jadis. C’est l’un des secrets les mieux gardés de l'Afrique, qui aurait pu disparaitre sans avoir fait goûter au monde l’intensité de ses mélodies.

L’histoire de ce groupe est celle d'un pari sur le temps d’une quinzaine d’amis. Créé dans les années 60, l’orchestre a évolué avec les soubresauts sociaux, culturels et politiques des pays africains à l’heure des indépendances et de l’éveil d’une certaine identité panafricaine. Bercé par les rythmes mythiques de James Brown en passant par Salut les Copains et les Yéyés, Polyrythmo a su créer un rythme inspiré des hits de l’époque et des percussions locales proches de la culture vodoo. C’est la naissance de mélodies qui se définiront plus tard comme l’afro beat. C’est l’époque de Bailly Spinto en Côte d’Ivoire, de GG Vickey entre Paris et Cotonou, sans oublier les Golden Sounds du Cameroon, auteurs de l’intemporel Zangalewa récemment repris par la chanteuse colombienne Shakira pour la Coupe du Monde 2010.

Les hits s’enchainent alors au fil des bals poussières de l'époque. Le succès est au rendez-vous, car L’Orchestre Polyrythmo de Cotonou, c’est avant tout un panel de rythmes s’étalant du cubain à la pop rock et réglés au clapet des pas africains. Le célèbre magazine portugais Publico le qualifia dans un article de « musique dure à définir, ni africaine, ni occidentale, ni du passé, ni du présent, mais tout simplement immortelle ». Pour le New York Times, il s’agit tout simplement « d’un des meilleurs groupes de Funk au monde ». Malgré l’engouement suscité et les multiples collaborations régionales avec des artistes en vogue tels que Fela Kuti, Manu Dibango, Myriam Makeba, Angelique Kidjo ; Polyrythmo n’est jamais sorti d’Afrique pour faire connaître son talent et sa musiquequi ne se définit d’aucun genre, car elle n’appartient pas à un registre donné ni même à l’ère du temps. Gnonas Pedro, du groupe Africando, chantait en son temps « La musique ne nourrit pas son homme ». Le Polyrythmo a ainsi failli périr dans l’oubli sans ne plus jamais reprendre la voie des studios.

Il aura fallu une interview à Cotonou d’Élodie Maillot de Radio France en 2007 pour réaliser le rêve du groupe : signer une tournée internationale. En 2010, le groupe se produit de Cotonou à New York en passant par l’Écosse et le pays de la samba. L’expérience a été si positive que de juin à aout 2012, une douzaine de dates sont de nouveau arrêtées dans une trentaine de capitales occidentales après la sortie de leur dernier album « Cotonou Club ». Un jeune et célèbre groupe de rock écossais les a même sollicité pour l’enregistrement d’un hit sur ces mélodies incantatrices (vidéo ci-jointe). Malgré la ferveur des musiques ivoiriennes et européennes accentuée par la substitution des disc jockeys au live, la nostalgie de la belle époque demeure toujours intacte dans le cœur des béninois qui réitèrent à chaque occasion leur passion pour ces musiques qui ont traversé plusieurs générations et qui nous titillent l’ouïe à chaque écoute.

À l’heure des MP3 et d'Internet, Polytrythmo se fait une nouvelle jeunesse, au regard de l’engouement suscité et du nombre de clips postés et « likés » sur les réseaux sociaux. Un nouveau site internet d’une ergonomie très simple permet de mesurer l’ampleur du phénomène et l’héritage qui aurait pu être qualifié de vestige. Élodie Maillot a créé un label ; « Son d’ailleurs » afin de promouvoir ces musiques de lointains horizons qui méritent aussi d’avoir leur chance sur les ondes radiophoniques occidentales.

En résumé, Le Tout Puissant Orchestre Polyrtyhmo de Cotonou, ce ne sont plus que 10 copains encore en vie, 42 ans de musique et près de 500 morceaux. L’histoire de ce groupe a suivi par bien des aspects l'histoire de notre continent. Celles des valeurs et cultes qui finissent par imploser fautes de perspectives. Un gisement de talents, bien souvent identifiés localement, mais qui s’atrophient par le temps et l’absence de politiques culturelles fortes. Mais c’est aussi celle d’hommes et de femmes, bien loin de l’éblouissement des projecteurs ; qui ne perdent pas la foi ni la joie de vivre. Et loin des gigantesques budgets des maisons de production internationales, il suffirait d’une bonne volonté pour tout simplement les faire renaitre à l’âge de la retraite ; afin de faire miroiter aux plus jeunes talents l’espoir d’une issue à ce tunnel sombre, dans lequel persiste et survit en bruit de fond ; le silence de ces mélodies que sont nos secrets d’Afrique…

Et si ces mots ne suffisent toujours pas, faites donc un tour dans la rubrique médias de leur portail web.

Léomick Sinsin

Turbulences dans le ciel subsaharien (3)

Dans son essai The Box, Marc Levinson décrit comment le transport de marchandises a été révolutionné par l’avènement du container, entrainant des effets d’échelle importants sur les coûts et la logistique. Dans le transport d’individus, une révolution similaire s’observe depuis bientôt une trentaine d’années avec la libéralisation du secteur aérien qui était autrefois destiné aux secteurs militaire et postal. Toutefois, cette révolution n'a pas encore tout à fait eu lieu en Afrique. Dans les deux premiers billets, nous avions dressé un bilan des problèmes techniques et économiques qui obscurcissent le ciel subsaharien. Dans ce dernier article, nous apportons quelques pistes de réflexion afin de mettre en exergue les défis à relever par l’Afrique pour que son espace aérien connaisse ses heures de gloire à l’instar des autres régions du monde. Pour cela, nous procéderons par une approche PESTEL, méthodologie utilisée en stratégie d’entreprise pour analyser les facteurs du macro-environnement dans laquelle une société évolue.

Politique : le crédo de Terangaweb est la promotion de l’Afro-Responsabilité. Il en résulte que la responsabilité du développement de l'aérien passe par des réformes internes au continent, pour promouvoir des cadres juridique et politique propices. Pour ce faire, aux échelles régionales ou nationales, il est important que les pays se dotent de législations transparentes ainsi qu’un droit de l’aérien. D’autre part, les multiples conflits constituent un manque à gagner non négligeable. Rappelons que durant le début des conflits en Côte d’Ivoire et au Mali, les liaisons aériennes ont été suspendues à cause de la fermeture des frontières.

Économie : L’Afrique compte environ 360 compagnies enregistrées, alors même que 35 pays n’en sont pas dotés (ou bien même quand c’est le cas, elles sont de tailles négligeables). La grande partie de ces compagnies est sur liste noire. Le continent est victime de ses nombreuses compagnies non homologuées, desservant des marchés très étroits. Un mouvement de concentration et de coopération est nécessaire, comme on l’observe déjà avec Ethopian Airlines et A-Sky ou Air France qui vient de s’allier à Air Mali et Burkina. Plus communément connus sous la dénomination de « Share Code », ces partenariats permettent d’homogénéiser les espaces aériens pour simplifier les transferts des passagers et pour une meilleure qualité des prestations fournies. L’objectif final serait de mettre en place des hubs africains qui favorisent les économies d’échelle.

Social : Malheureusement, le secteur aérien est méconnu du grand public africain. Au regard des statistiques d’IVAO (International Virtual Airlines Organisation), l’Afrique est souvent le continent le moins desservi et plébiscité. À ce titre, il convient de saluer des initiatives comme FS-Africa, vitrine des passionnés de l’aérien africain qui ne cesse de promouvoir ses couleurs et son savoir-faire ainsi que la division sénégalaise d'IVAO.

Technologie : Il s’agit d’un des points cruciaux du secteur aérien africain. L’essor du trafic doit s’accompagner d’une promotion des e-Tickets largement répandus ailleurs mais qui ne représentent que 28 % des billets vendus en Afrique (selon le rapport du forum Africain de l’Aérien). D’autre part, l’ASECNA, organisme chargé de superviser l’espace aérien ouest-africain, malgache et comorien, doit accélérer l’installation des équipements de navigation conformes au trafic des pays. Les radars VSAT et de navigation permettront de mieux géo-localiser les appareils et de repérer puis sanctionner les cargos transportant de la drogue et qui se posent à leur convenance au Mali ou ailleurs. A l"heure actuelle, les approches s’effectuent à vue ou au NDB (instrument de radio-navigation datant d’une cinquante d’années) malgré la présence d’instruments modernes comme les VOR et l’ILS (Instrument Landing System) souvent négligés à cause des risques de pannes aléatoires, de délestages ou de mauvais calibrage. Il convient de mettre fin à cette situation par une mise en conformité constante de l'ASECNA aux standards internationaux. 

Environnement : Comme nous l’avions souligné, les principaux accidents surviennent durant les phases de décollage et d’atterrissage. C’est pourquoi les différents pays doivent revoir leurs plans d'urbanisme en construisant les nouveaux aéroports loin des métropoles et des lieux d’habitations. C’est le cas au Cameroun avec l’aéroport de Nsimalen. D’autre part, un constat alarmant est l’inexistence dans la majorité des pays de procédures antibruit qui font de la pollution sonore un mal persistant des riverains qui y ont développé une résilience. Il faudrait penser à définir des grilles horaires claires et promouvoir les « approches en lisse » comme on l’observe dans les pays développés. Cette procédure améliore la consommation en phase d’approche avec un meilleur vitesse plus silencieuse, contrairement aux approches par pallier.

Législation : dernier volet de l’approche PESTEL et pas des moindres, l’avenir du secteur aérien en dépend étroitement. En effet, face à l'usage récurrent d'avions vétustes à qui l'on offre une nouvelle vie en Afrique, il est important que les pays concernés mettent en place des lois pour mieux contrôler la maintenance et le suivi du carnet de vol des appareils. La promotion de nouveaux appareils pourrait passer des politiques de bonus/malus sur l’âge des appareils et sur le nombre d’heures de vol. Cette politique qui a été développée dans le secteur routier a connu un franc succès. Et enfin, notre pensée se tourne particulièrement vers le désert de Mojave aux USA où sont stockés plusieurs avions neufs pour cause de morosité financière ou de commandes annulées. Nous faisons donc un clin d’œil aux futurs entrepreneurs africains, qui peuvent tirer profit de cette situation par des achats ou des contrats de leasing pour la mise en opération de ces appareils.

L’objectif de ces différents articles était d’apporter un regard transparent sur le secteur aéronautique africain. De plus en plus d'africains sont amenés à se déplacer, mais le secteur aérien semble encore dans la torpeur. Les solutions énumérées sont des axes de réflexion qui peuvent sensiblement améliorer l’état du trafic et des compagnies. Rappelons toutefois, que l’Afrique a connu par le passé des cieux plus glorieux à l’époque où le Concorde, fleuron de la technologie aérienne effectuait des vols réguliers au Sénégal pour joindre le Brésil. Jacques Darolles, commandant de bord chez Air France, écrivait dans son ouvrage Le plus beau bureau du monde : « Extraordinaire bordel des liaisons radio HF en Afrique centrale, où certains centres de contrôle n'ont même pas le téléphone, où tout le monde gueule en même temps, et où la fréquence 126.90 sert d'auto-info à toutes les compagnies aériennes du monde, pour se repérer les uns les autres, en attendant l'accident majeur, qui un de ces jours, forcément, arrivera…. On attend le croisement avec un "Springbok" ( Sud africain), qui nous fait un appel de phares quand il nous voit, et on monte… Fin de nuit sur l'Afrique, encore 4 heures 30 avant La Réunion. Tu as le nez sur le pare-brise, et tu vois arriver, sur ton 747, le Kilimandjaro, rien que ça. Le mont Kilimandjaro, Seigneur de l'Afrique, glisse sous mon aile droite.
Là, tu es MUET… Poser franchement, car la piste est courte, et à 281 tonnes restantes, les freins vont chauffer… Le terrain, il n'était tout simplement pas allumé. C’est L’Afrique patron ! ».

 

Léomick Sinsin

Turbulences dans le ciel subsaharien (2)

Dans le premier article de la série, nous avons dressé un bilan technique concernant la gestion chaotique des infrastructures aéroportuaires. L’article ci-présent met en exergue l’état du trafic d’un point de vue macroéconomique et ébauche un panorama plutôt contrasté des compagnies aériennes africaines.

La question du tourisme : Le tourisme représente le principal facteur de développement du secteur aérien mondial. L’avantage de l’aérien est qu’il apporte un coût d'opportunité (à travers les gains de temps) à un marché de masse. Comme le soulignent les travaux de l’économiste Bass sur les modèles de diffusion, ce scénario entraine l’essor d’une demande nouvelle qui ajuste vers le haut la courbe d’offre par une baisse drastique du coût d’accès. Malheureusement, cette théorie économique ne prévaut pas pour le moment en Afrique. Selon les données de l’IATA, de l’OMT et du forum sur le transport aérien africain (FATA) qui s’est tenu au Mali, l’Afrique a accueilli environ 45 millions de touristes étrangers contre environ 1 milliard de flux touristiques dans le monde. Bien que le secteur occupe une place marginale au niveau mondial, il connait une forte croissance tirée par les locomotives que sont L’Afrique du Sud, le Kenya et le Maghreb même si cette dernière zone a été fortement perturbée par les évènements du printemps arabe. Cette disparité des performances touristiques ne reflète pas une disparité des dotations en sites touristiques, mais plutôt une répartition du trafic au sein du continent marqué par l’état contrasté de compagnies aériennes qu’il est important d’analyser.

La répartition du trafic africain : D’après les statistiques du forum du secteur aérien africain, le trafic domestique et régional est très faible (environ 3 %) compte tenu de l’état du tourisme souligné ci-dessus ainsi que du faible niveau de vie. En effet, ramené au PIB/tête, le prix d’un billet d’avion inter-pays ou même inter-région pour le cas du Nigéria, est souvent équivalent à la moyenne des revenus annuels déclarés par habitant. Le constat est plus alarmant en Afrique de l’Ouest et Centrale (AOC), car le trafic a progressé d’environ 0.8 % et 1.7 % respectivement (d’après les données du FATA). Ces chiffres témoignent du nombre peu élevé de lignes aériennes recensées. Cette situation est d'autant plus inquiétante que cette région concentre un certain nombre de pays enclavés : Mali, Burkina-Faso, Niger, Centrafrique, République Démocratique du Congo. 5 % du trafic concerne des lignes reliant  14 grandes villes avec en moyenne un peu plus de 150 personnes transportées par ligne contre 35 % du trafic qui concernent les lignes de moins de 10 personnes entre une centaine de villes et qui s’adressent en général aux vols d’états ou aux VIPS. Lagos-Accra est la ligne la plus active avec en moyenne 250 000 passagers annuels, suivie de Dakar-Abidjan ; Cotonou-Pointe Noire ; Douala-Libreville (en moyenne 170 000 passagers sur chaque tronçon). Des pays comme le Cap-Vert ou la Guinée Équatoriale ne sont pas rattachés à cette zone car leurs transports sont très particuliers, se caractérisant par un petit secteur aérien très sollicité et un secteur maritime.

Concernant l’Afrique Australe et du Sud (AAS), ce sont les régions les plus actives de l’espace subsaharien. En effet, le niveau de vie sensiblement plus élevé d'un côté, et d'un autre côté la présence de flottes nationales créées très tôt et qui se sont rapidement imposées sur leurs marchés locaux, a permis l’extension du trafic de cette zone. Vis-à-vis du trafic international, il s’agit de la vitrine la plus significative du transport aérien africain. Aujourd’hui, 2/3 de ce trafic est opéré par des opérateurs étrangers. En AOC, ce trafic est majoritairement axé vers l’Europe. Comme nous pouvons l’imaginer, il s’agit pour la plupart de la diaspora ainsi que des quelques flux touristiques Nord-Sud. Les destinations les plus prisées sont le Sénégal, le Nigéria, le Ghana, le Cameroun et le Gabon. Pourtant très peu d'aéroports atteignent le million de passagers en transit, les moyennes s'échelonnant plutôt aux alentours de 300 000passagers/an. Outre les flux des diasporas et de touristes d’Europe occidentale et d'Amérique du Nord, le second relai de croissance du trafic aérien en AOC est dû aux pèlerinages saisonniers comme la Mecque ou les séminaires catholiques (avec la venue du Pape au Bénin et au Cameroun qui a considérablement renforcé les lignes en place). Il s’agit là d’un constat regrettable, car même les évènements comme le Coupe d'Afrique des Nations ne provoquent pas de tels engouements. Une fois de plus, l’AAS est le bon élève avec un trafic fort dynamique et pluriel : Les USA et l’Asie représentent les lignes les plus actives. Cette situation se justifie par l’existence de hubs en Afrique de l'Est qui sont des plateformes aéroportuaires très actives et par des compagnies aériennes très dynamiques.

La situation des compagnies aériennes : la question des coûts

En Afrique Occidentale et Centrale , la plupart des compagnies manquent de stabilités économiques et durables. En prenant le cas de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, les principales compagnies ont été dissoutes à deux reprises en moins de 5 ans avec un changement de nom (Air Ivoire qui renait en Air Côte d’Ivoire et Sénégal Airlines en Air Sénégal puis en Air Sénégal International). Ces remaniements font que les compagnies ne jouissent pas d’une bonne image auprès des populations locales qui préfèrent se tourner vers les compagnies étrangères. En guise d’exemple Camair Co a enregistré une perte d’environ 50M€ malgré une forte diaspora. Sa principale ligne est Paris-Yaoundé-Douala avec un taux de remplissage de moins de 40%, bien loin des résultats de sa principale rivale Air France. Le constat est sans appel : la mauvaise gestion et les mauvais retours d’expérience ne permettent pas de développer une image de marque des compagnies de l’AOC, ce qui est un frein à la préférence nationale. Quant à la question des taxes, il s’agit d’un point clé, car elles représentent un gain important des pays hôtes. Le poids des taxes est disproportionné par rapport aux pratiques internationales, le prix des taxes étant bien souvent égal aux coûts de transport sur les billets Abidjan, Lomé, Cotonou à destination de Paris. Cette situation est d’autant plus déplorable que la gestion effective des infrastructures n’est pas à la hauteur du montant des frais perçus.

Enfin, il subsiste le problème d’une concurrence déloyale, car les flottes actuelles de l’AOC sont totalement inadaptées aux ambitions portées, ou du moins aux besoins du marché. Air Mali, Air Sénégal Inter et Air Ivoire opèrent vers Paris avec des avions de type B737, A320 et MD87, traditionnellement tournés vers le court moyen-courrier qui transportent moins d’une centaine de passagers contrairement à Air France-Bruxelles Airlines qui opèrent en B777/A340 avec une moyenne de 300 passagers.

Une fois de plus, l'Afrique Australe et du Sud affiche des performances beaucoup plus brillantes. Avec des compagnies locales très dynamiques du Kenya à l’Afrique du Sud, la zone s’est très tôt développée une expertise et une confiance accréditée à travers le monde. À titre d’exemple, le Kenya ou l’Éthiopie opèrent avec des B777 qui est le long courrier le plus récent avec un rayon d’action supérieur à 14 000kms. Elles peuvent donc aisément concurrencer les majors internationales. De plus, elles ont des filières «cadet» qui sont des centres locaux de R&D et de formation d’équipage qui visent la promotion d’une main-d’œuvre locale expérimentée, contrairement à leurs sœurs d’AOC qui opèrent pour la plupart avec des équipages navigants étrangers. De même, par rapport au trafic local, il existe une multitude d’appareils moyen-courriers qui permettent de desservir l’ensemble du pays et de la sous-région. En 2006, South African Airways( SAS) et Kenya Airways(KQ) ont transporté respectivement 8 millions et 2,5 millions de passagers contre un million pour Air Senegal International (ASI) et 500 000 pour Air Madagascar. KQ possèdent environ 24 appareils, la SAS environ 65 contre 20 pour la Comair et 4 pour Air Mali. Enfin, Air Burkina dessert 10 destinations, Air SénégaI 30 contre 30 pour KQ et 230 pour SAS. Toutefois, à la vue des conjonctures économiques des pays concernés et de l’absence de statistiques plus abouties, nous sommes incapables à ce jour d’affirmer le lien de causalité entre tourisme/performance économique et dynamisme du secteur aérien. Même si le constat d’une certaine corrélation est bien visible sur tous les plans.

Somme toute, cette vision macroéconomique du secteur aéronautique africain permet d’observer qu’il existe une réelle fracture entre les régions subsahariennes ; fracture déjà soulignée dans d’autres secteurs. Dans le dernier billet, nous décrirons les perspectives ainsi que les défis à relever en Afrique.
 

Léomick SINSIN
 

Turbulences dans le ciel subsaharien

Considéré comme le moyen de transport le plus fiable, l’avion est le principal outil de transport de personnes entre les régions africaines et le reste du monde. A l’intérieur même du vaste continent africain, l’avion présente bien des avantages face à un secteur routier déficient, impraticable et peu sécurisé. L’Afrique représente environ 5 % du transport aérien civil mondial et 2 % en termes de volume de frets. Malgré les prévisions de l’Organisation Mondiale du Tourisme sur les perspectives d’expansion du secteur aérien (voir l'article de Ted Boulou sur ce sujet), l’actualité ne cesse de s’assombrir avec une série de crashs d’avions. Si le présent n’est pas très souriant, le secteur aérien représente néanmoins un vecteur de croissance considérable pour une Afrique mobile et réglée au pas de la mondialisation.
C’est donc pour cette raison que nous avons décidé d’y consacrer une série d’articles. Dans ce premier papier, nous évoquerons les principales causes des problèmes techniques qui affectent le secteur aéronautique africain.

Un rappel de la situation actuelle. Depuis 2011, environ 27 crashs aériens ont été recensés dans le monde dont 7 en Afrique. La quasi-totalité de ces incidents s’observe en phase d’atterrissage. Plus de 70 % de ces crashs se sont déroulés en Afrique Centrale, où les infrastructures routières inter-Etats sont quasiment inexistantes. L’ensemble de ces crashs ne concerne que des compagnies africaines, signe d’un réel décalage de la qualité de service en comparaison des compagnies étrangères qui desservent aussi le continent. A quoi doit-on cette situation ?

Un contexte historique bien souvent négligé : La plupart des aéroports africains ont été construits du temps de la colonisation avec des pistes d’atterrissage proportionnelles au trafic de l’époque. Souvent situés en plein centre-ville, ils ont rarement été intégrés dans la planification urbaine des villes, pour peu que de tels plans existent. Compte tenu de la vague d’urbanisation importante depuis les années 80, les aéroports se sont très vite retrouvés enclavés, au milieu des habitations et zones d’activité de leur agglomération. Selon le Bureau d’Enquête et d’Analyse qui est le principal organisme technique européen du secteur aérien, le risque de crash est le plus élevé durant les phases critiques que sont le décollage et l’atterrissage. Ce facteur de risque corrélé avec la géolocalisation des aéroports, nous comprenons d’emblée pourquoi les accidents aériens sont si dévastateurs en Afrique, car en plus des dégâts matériels, il faut aussi tenir compte des dégâts au sol. C’est le cas du crash récent au Nigéria en plein centre de Lagos, qui a provoqué de nombreuses victimes au sol.

Un problème d’infrastructures : La gestion du transport aérien requiert un certain nombre d’infrastructures et d’équipements. Au sol, une des principales lacunes est l’état de nos équipements. Dans le rapport du 1er forum africain du transport aérien, l’accent a été mis sur l’absence d’équipements nécessaires pour la maintenance et la gestion du trafic depuis la fermeture des sites de maintenance de Dakar et Brazzaville. En 2004, un avion d’Air Ivoire dont le pneu a éclaté à son atterrissage à Cotonou a bloqué l’aéroport pendant 24heures, faute de camion de tractage et de matériel pour regonfler la roue. Il aura fallu attendre plus de 8 heures pour qu’un autre vol d’Air Ivoire ramène le matériel nécessaire. Au début du mois de juin 2012, ce même aéroport de Cotonou a été plongé dans l’obscurité faute d’approvisionnement électrique. Cette situation a entrainé l’annulation de tous les vols programmés. Étant donné qu’il s’agit du seul aéroport international du pays, les externalités économiques négatives ne peuvent être que très lourdes. Il n’est pas rare de croiser aux abords des pistes d’atterrissage un ensemble d’épaves, qui se laissent vieillir par manque de main-d’œuvre qualifiée ou de logistiques capables de retraiter l’ensemble des composants défectueux.

Dans les airs, le constat est tout aussi édifiant. La plupart des aéroports ne dispose pas de radar visuel. Le suivi des vols s’effectuent entièrement par contact radio avec les tours de contrôle. Les centres de navigation sont dans l’impossibilité de suivre la position physique des avions dans leur zone de contrôle… Ce manque de moyens technologiques s’avère très couteux : en 2007, un vol de Kenya Airways s’est écrasé juste après son décollage de nuit de Douala, dans la forêt. Il aura fallu plusieurs jours et l’appui du centre de recherche par satellite de Toulouse pour localiser enfin l’épave. D’autres soucis de coordination sont à relever. Dans l’espace aérien du Sahara, il n’y a pas de centre de contrôle radio. Les contacts entre appareils s’effectuent sur une auto-fréquence (Unicom). Pour éviter toute collision, chaque appareil doit indiquer sa position toutes les demi-heures afin de s’identifier vis-à-vis de tout appareil opérant dans un espace proche.

La question de la flotte : Il s’agit d’un point crucial que nous développerons davantage dans le prochain article. Bien que très diversifiée, la flotte de la plupart des pays est souvent le facteur le plus influent dans l’évaluation du risque d’incidents. Souvent proches de la trentaine d’années, bon nombre d’avions ont été achetés d’occasion à petits prix dans les pays du Nord, où ils ont déjà été largement amortis. Le manque de rigueur dans les contrôles et la mise en conformité laxiste offre à certaines épaves volantes le droit de vivre une seconde vie en Afrique. D’après la liste noire publiée par l’UE , plus de 70 % de la flotte aérienne serait interdite d’opérer dans le ciel européen. Cette situation est d’autant plus préoccupante que même les chefs d’État donnent les mauvais signaux. En prenant le cas du Bénin, Mali, Niger, Côte d’Ivoire et Sénégal (même si le président Macky Sall a revendu l’A320 acheté à l’Etat français), ils ont tous acquis des Boeing ou Airbus datant des années 60. Même s’ils sont entretenus dans de bonnes conditions, il subsiste toutefois un risque de crash plus élevé dû à l’âge de la flotte.

À travers ce premier article, nous avons essayé de mettre en exergue quelques points cruciaux qui handicapent le secteur aérien africain. La réalité est que s’il existait un contrôle mondial de conformité des aéroports aux règles de sécurité, bon nombre de ceux qui existent en Afrique seraient interdits d’opérations. Dans notre prochain article, nous tâcherons de développer les questions d’ordre économique auxquelles font face les compagnies africaines.

Léomick Sinsin
 

Le Nigeria à l’heure nucléaire

Le gouvernement du Nigéria vient de signer un accord-cadre avec le géant russe du nucléaire Rosatom. Même si le nucléaire présente un certain nombre d'avantages compétitifs par rapport à d'autres sources d'énergie, il est de nos jours au centre de toutes les interrogations, compte tenu du risque induit qu'illustrent les événements de Fukushima. L’Afrique s'est jusqu'à présent tenue à l'écart de cette source d'énergie ; l’Afrique du Sud est le seul pays exploitant deux réacteurs civils pour sa production d’électricité, en partenariat avec EDF-Areva. Dans ce cadre, comment analyser la transition énergétique qu’aborde le Nigéria et qui représente une première en Afrique de l'Ouest ?

Le choix du nucléaire, ou comment répondre à des besoins de masse en énergie

Le principal avantage d’une centrale nucléaire est sa capacité continue de fourniture d’une importante quantité d’électricité (elle fonctionne en moyenne 5600 h sur les 8760 h d’une année). Contrairement aux idées reçues, le nucléaire est une source de production d’énergie verte à l’instar de l’éolien et du solaire, car il n’y a pas de pollution liée au cycle de production d’électricité. Il s'agit donc d'un outil particulièrement indiqué pour faire face à de gros besoins en énergie. Or, d’après le World Energy Council qui est le rapport officiel publié par l’IAE (l’Agence Internationale de l’Énergie), environ 87 millions de Nigérians ne bénéficient actuellement pas d’une couverture électrique. Cette pénurie et les multiples délestages représentent un réel frein à la croissance et au développement, car à une échelle macroéconomique, elle ne permet pas le déploiement d’industries lourdes très énergivores. D’un point de vue microéconomique, il s’agit d’un manque à gagner considérable, car la productivité des agents économiques (les ménages, les petits commerces ou simplement les écoles et administrations) est amoindrie, du fait que leurs ressources en énergies sont faibles et non continue (délestages). L’ensemble des activités économiques est ainsi subordonné aux nombres d’heures d’ensoleillement dans la journée. Sur la base d’une centrale de Rosatom (925MW), une seule installation suffirait à répondre au besoin d’environ deux millions de foyers, synonyme d’un pas-de-géant dans une Afrique célèbre pour sa pénombre.

Les risques liés à l'énergie nucléaire

On ne saurait évoquer l'impact du nucléaire au Nigeria sans rappeler que ce pays est l'un des plus instables de la sous-région. Les perpétuelles violences entre communautés religieuses, les multiples attentats de Boko Haram, les dissensions entre le Nord et le Sud du pays, ainsi que les kidnappings incessants illustrent le climat d'insécurité et de fébrilité de cette nation. Dans ce contexte, l’installation d’un site nucléaire peut être perçue comme une arme de revendications supplémentaires pour l’ensemble des groupes dissidents et fortement armés. Cette situation peut légitimement faire souffler un vent d’inquiétude chez l’ensemble des pays voisins. Comment le pays saura-t-il prévenir et gérer les situations de crise liées au nucléaire ? Les récents incidents survenus à l'intérieur même des pays les plus avancés techniquement laissent présager du pire pour un pays comme le Nigeria. La domestication de l'énergie nucléaire nécessite des procédures rigoureuses dans le cahier de charges de construction et de gestion des centrales, procédures qui doivent être respectées en pratique par les techniciens exploitants.

Enfin, autre question cruciale sur laquelle le gouvernement nigérian ne semble pas apporter de garanties, celle de la gestion des déchets nucléaires. Dans la plupart de pays exploitants, cette procédure est encadrée par des normes et des juridictions très strictes. Avec un air de déjà vu comme le Probo Koala en Côte d’Ivoire ou les décharges à ciel ouvert d’Accra, l’Afrique est souvent perçue comme la poubelle du monde. Qu’en sera-t-il de ces déchets produits localement  ?

Quelques recommandations

Tout d’abord, il conviendra de construire les sites nucléaires dans des zones très éloignées des lieux d’habitation afin de minimiser tous les risques énumérés ci-dessus. D’autre part, il est important de sensibiliser très tôt l’opinion publique, car une telle infrastructure d’utilité publique mérite d’être bien connue de tous pour faciliter le vote des vigoureuses mesures préventives. En guise d’exemple, le Ghana a pu mettre en place un site internet (ghana oil watch) pour tenir informé les citoyens de toutes les actualités et des mesures en cours dans le cas de sa récente exploration pétrolière. Enfin, s'il est souhaitable de recourir à une technologie novatrice, cette politique d’expansion ne doit pas constituer un frein au déploiement des sources d’énergie existantes et alternatives. Et en particulier au gaz ; chaque année, l’Afrique torche environ 50 Gm3 de gaz (il s’agit des torches à ciel ouvert : durant l’exploitation du pétrole, une importante quantité de gaz gît et faute d’infrastructures en place pour le traitement et la capture, on le brule en continu). En terme d’énergie équivalente, cela représente la moitié des besoins électriques du continent tout entier. De plus, il s’agirait d’un bon compromis pour le WAPP, interconnexion ouest-africaine sur laquelle Terangaweb a consacré un article.

Léomick SINSIN

Un coup d’oeil sur l’or noir en Afrique

Quand on parle pétrole, nous avons souvent à l’image un liquide fluide, bien loin de son aspect visqueux et lourd. Le pétrole est depuis les années 1950 notre principale consommation énergétique pour le transport et la production d’électricité. Une étude de la filière s’avère donc utile afin de comprendre la place et les défis de l’Afrique au sein de cette industrie. D’après le BP statistique Review, l’Afrique détient 10 % des réserves prouvées avec une consommation de 4 % à l’échelle mondiale, soit moins de 2% pour la partie subsaharienne hors Afrique du Sud. Pourquoi ce décalage ? Sans revenir sur les sujets de fonds souvent évoqués (pauvreté, Dutch Disease), il faut noter des défaillances dans les politiques à long terme des pays producteurs de pétrole africains. Avec des compétences importées du Nord sans véritable transfert de connaissances, les premiers contrats signés étaient de type concession : les pays attribuent des licences de très longue durée sous réserve d’une part fixe des revenus des compagnies internationales (ou IOC). Ce n’est qu’avec l’avènement de l’OPEP, la création des compagnies nationales plus dynamiques dans certains pays (NOC), les chocs pétroliers entrainant une perte de puissance de l’OPEP au profit des marchés financiers et des producteurs indépendants que se sont développés les contrats d’exploration et de partage de production (CEPP) largement répandus de nos jours.

Le cycle de production du pétrole montre bien où se crée la valeur ajoutée et à quel niveau se stiuent les producteurs africains. Bien qu'extrait à un cout relativement faible (15-25 $/baril), il n’est pas rare d’entendre que le baril de pétrole a atteint un cours de plus de 100 $. De quoi parle t'on exactement ? Il existe une centaine de variétés de pétrole (classés selon leur densité, leur teneur en souffre et d’autres paramètres). Les types de pétrole considérés comme référence sont appelés Marker. Ce sont les standards négociés dans le monde. Les principaux sont le WTI pour le marché américain, le Brent pour le marché européen et l’Oman pour le marché asiatique. En l’absence d’un pouvoir de marché, et d’un marché local dérisoire, l’Afrique ne possède pas son marker et est souvent indexée sur le Brent. Notre brut est négocié bien loin des contraintes économiques locales. À ce stade du processus, il gagne 30-40 $ supplémentaires auxquels sont liés le risque de production, le transport et la volatilité des marchés.

Ensuite intervient le raffinage. Une raffinerie est une technologie de pointe très onéreuse (aussi chère qu’une centrale nucléaire : 2 à 9 milliards $ selon la taille) du fait de la complexité des procédés chimiques et de son fonctionnement à plein temps. Bon nombre de pays africains où le pétrole est extrait n’en sont pas dotés (et même lorsques les raffineries existent, elles sont aussi vieilles que le traité d’indépendance…) à cause du manque de technologie locale, du coût de l’investissement et de l’absence d’un marché de masse capable de soutenir le rythme effréné. La phase de raffinage produit une valeur ajoutée de 20-25 $/baril du prix final actuel. Au final, ce dernier flirte allègrement avec la barre des 100 $. D’après une récente étude de l’IFP, il s’agit de son prix techniquement et économiquement soutenable de nos jours.
Enfin, une foi raffinée, nous obtenons les produits pétroliers que nous consommons au quotidien. Ces produits sont acheminés vers les points de consommation à des prix standardisés. Dans la plupart des pays africains, ce standard du « litre » équivaut presque au salaire journalier. La seule solution viable pour nos gouvernements passe par la subvention (avec ces mêmes recettes tirées des CEPP) afin d’alléger la facture du consommateur. Et quand les subventions deviennent trop importantes, gare aux émeutes comme on a pu le constater en ce début d’année au Nigéria dans le cas d’une politique d’allègement par le décideur . En observant cette chaine, on comprend d’emblée le faible rang qu’occupe l’Afrique dans les négociations internationales sur le marché pétrolier. Sa réelle utilité est d’être un champ d'extraction alternatif pour l’Occident dans sa politique de sécurisation de son approvisionnement, par ces temps de remue-ménage au Moyen-Orient.

Toutefois, la situation actuelle n'a rien d'irrévocable. Un certain nombre de réformes sont à même de changer la situation   :
• Tout d’abord une meilleure affirmation des Pays Africains Producteurs de Pétrole pour la création d’un Marker sous régional avec une part de la production de ces pays dédiée au marché local
• D’autre part, la mise en place d’un fonds commun afin de pallier la volatilité des cours énergétiques dont les PIB des pays producteurs sont très sensibles.
• Ensuite, un programme sous-régional de développement d’unité de raffinerie sur la base d’un marché commun. Cette approche permettra de soulager le poids de l’investissement initial ainsi que les contrebandes liées au commerce illicite de l’or noir.
• Et enfin, la dernière et pas des moindres, une meilleure intégration sous-régionale facilitée par l’existence de zones économiques telles que l’UEMOA, LA CEDEAO, le CEMAC, la SADC et l’UMA, qui doit permettre d'agrandir les marchés intégrés et de faciliter des stratégies communes d'investissement.
 

 Léomick Sinsin