Développement des Comores : il faut (aussi) regarder au-delà des facteurs économiques!

Avec un indice de Développement humain faible, (moins de 0.550)[1],  les Comores sont un des pays africains les plus inégalitaires du continent. En plus des inégalités, c’est un pays qui connait des problèmes dans sa transformation avec une urbanisation galopante avec plus de 60 % des citadins vivant dans des bidonvilles. À cela, il faut ajouter la crise énergétique qui pèse sur la croissance économique, qui n’a pas dépassé 1.1 % en 2015, et un chômage élevé chez les jeunes. Ces problèmes économiques doivent inciter à  repenser l’économie et les politiques de développement du pays pour répondre aux attentes du peuple comorien comme l’a souligné Son Excellence Monsieur Le Président Azali Assoumani lors de son discours d’investiture en mai 2016: «  Je mesure pleinement l’ampleur de vos attentes et plus particulièrement, l’unité, la paix, la sécurité et le décollage économique de notre pays». Mais au-delà des facteurs économiques qui limitent son développement, les Comores font face également à des problèmes sociaux qui ne sont pas sans effets sur les progrès économiques du pays et qui demandent une remise en cause des comoriens. La question est donc de savoir comment les comportements influent-ils sur le  développement socio-économique des Comores ? Cet article traitera de certaines caractéristiques de la société comorienne qui pourrait être un frein au progrès économique et social des Comores.
 

La faculté de choix
Ces dernières décennies, la recherche sur les sciences naturelles et sociales a développé des théories stupéfiantes sur la façon dont les individus pensent et prennent des décisions. Alors que les gens posent toujours comme hypothèse que les décisions sont prises de façon délibérative et autonome, selon des préférences logiques et des intérêts personnels, de récents travaux montrent qu’il n’en est presque jamais ainsi : on pense de façon automatique – au moment de prendre une décision, les individus utilisent généralement ce qui vient naturellement à l’esprit ; on pense de façon sociale – les normes sociales influent en grande partie sur notre comportement et bon nombre de personnes préfèrent coopérer tant que les autres coopèrent ; et on pense par modèles mentaux – ce que les individus perçoivent et la façon dont ils interprètent ce qu’ils perçoivent dépendent de visions du monde et de concepts issus de leurs sociétés et d’histoires communes.

La belle tradition du ‘Anda’ aux Comores

À l’origine, le ‘Anda’ symbolise le Grand Mariage mais c’est devenu un phénomène social qui joue un rôle primordial dans la vie de chaque comorien. Je ne vais pas ici faire un bilan global du mariage et dire qu’il est mauvais ou pas car ce serait ignorer les maintes ramifications, irremplaçables et essentielles dans le déroulement de la vie aux Comores et qui ne relèvent pas du seul domaine économique. Les effets du ‘Anda’ tels que la gestion du quotidien, la structuration villageoise, le maintien d’une cohésion sociale et l’établissement de systèmes de gouvernance à l’échelle locale et régionale, nous permettent de voir à quel point ce phénomène est ancré en chacun de nous depuis notre naissance. Notre conduite et notre prise de décisions est programmée tel une machine dès notre jeunesse à suivre et respecter tout cela au risque d’être traité de non désirable, d’être banni de la société ou même au sein de nos propres maisons. La majorité des comoriens en sait quelque chose et beaucoup d’intellectuels y ont laissé leurs marques mais le plus important  concernant  le ‘Anda’ est que nous devons trouver le moyen d’allier coutume et modernité et faire en sorte que cette coutume se modernise de façon à répondre aux impératifs de développement du pays.


L’islam est-il un frein pour le développement ?

La religion joue un rôle fondamental en tant que déterminant du développement économique d’une région donnée et dispose d’un impact considérable sur la formation et l’évolution du corpus juridique et institutionnel d’une société, qui est lui-même un déterminant majeur et reconnu de longue date du développement économique. Dans les pays musulmans, l’influence de l’islam est si envahissante qu’elle empêche de nombreux États comme les Comores de s’interroger sur les vraies raisons de leur retard. Toutes les réponses apportées sont religieuses… Si les choses vont mal, nous sommes punis par Dieu pour avoir abandonné le droit chemin comme on a tendance à le souligner quand on est confronté à la mort : « c’est la volonté de Dieu ! » et on met de côté toutes les causes médicales, etc. Toutefois , comme on peut le constater dans plusieurs pays musulmans comme les Émirats Arabes Unis, le Qatar, l’Arabie Saoudite et autres qui sont très avancés qu’aucune religion ne puisse être «  par essence » défavorable au développement économique, puisque l’effet de ses dogmes est contingent aux conditions économiques, sociales et historiques du moment. Dans le cas des Comores où la pratique des lois islamiques que ce soit dans le collectif ou l’individualisme laisse à désirer. Surtout avec la nouvelle génération de «  musulman non pratiquant » qui semble croire qu'il suffit pour être musulman, de le déclarer avec la bouche et cela, même si on n'applique rien des obligations de l'Islam. Tous cela pour dire qu’aux Comores, on a plus nos repères dans la religion mais on tâtonne, nous devons soit nous déclaré pays laïc ou être de vrais musulmans pour le bien de notre développement.


La jeunesse comorienne est-elle une bombe à retardement ?
De nos jours, les jeunes comoriens, s’engagent en politique, et dans beaucoup d’autres secteurs. Ces nouveaux militants ont comme objectif de faire bouger les choses dans notre pays. Défendre les intérêts de la jeunesse paraît être leurs préoccupations majeures. Ils se lèvent ainsi pour revendiquer leurs droits à des conditions de meilleures conditions de vie. Ces jeunes comoriens longtemps défavorisés, veulent à travers leur engagement, avoir la liberté de choisir leur mode de vie. Et s'il n’y avait pas à choisir et que nous étions réduit à un seul mode de vie : la pauvreté ? Devraient-ils abandonner et continuer à critiquer les dirigeants sans bouger le petit doigt ou brandir le drapeau national et construire leurs vies par leurs propres mains ?

Plusieurs études montrent de façon concrète comment ces théories s’appliquent aux politiques de développement. Une meilleure compréhension et une vision plus subtile du comportement humain peut générer de nouveaux outils d’intervention et aider à atteindre des objectifs de développement a beaucoup d’égards – développement du jeune enfant, situation financière des ménages, productivité, santé et autres. En apportant même de légers ajustements au contexte décisionnel, en préparant les interventions sur la base d’une compréhension des préférences sociales et en exposant les individus à de nouvelles expériences et de nouveaux modes de pensée, on peut créer de meilleures conditions de vie.
Cependant n’y a-t-il pas un danger à essayer de changer les normes culturelles et religieuses d’une communauté par un «  big push » visant à modifier rapidement l’équilibre culturel d’une population, et donc ses normes coopératives ? Comme dit l’adage, qui va doucement, va surement. Il y a beaucoup à faire pour ce beau paradis et jeune pays que sont les Comores pour notre développement socio-économique et cela ne dépend que de notre mode de vie individuel et collectif  à nous tous peuple comorien car c’est uniquement ensemble qu’on mènera le bateau à bon port.

 


[1] African Economic Outlook 2016

Spiritualités mêlées : le soufisme en terre animiste

Soufisme aux ComoresDans un article du Nouvel Obs, Souleymane Bachir Diagne s’imaginait expliquant à son enfant les fondements du soufisme. Tantôt définie comme la branche mystique de l’Islam, tantôt vue comme une démarche purement spirituel et indépendante du dogme, le soufisme est aujourd’hui plus que jamais d’actualité : Eric Geoffroy en parlant de la spiritualité musulmane, la désignait comme la seule solution pour la pérennité de l'Islam.

Quand on parle de soufisme en terre africaine, le nom qui vient à l’esprit est souvent celui de Thierno Bokar, enseignant de l’écrivain Amadou Hampate Bâ. Au Mali comme au Sénégal, et aujourd’hui en Afrique du Sud, le soufisme est une démarche adoptée de façon individuelle ou communautaire. Cependant, il existe un pays où le soufisme est non seulement une démarche communautaire, mais aussi une tradition nationale : il s’agit des Comores. Si le pays est peu connu pour sa pratique spirituelle, il n’en est pas moins imprégné au point que les rituels soufis font partie du quotidien. La confrérie, la relation de maître à disciple, les savoirs ésotériques s’y croisent sans dire leur nom. Attitude humble propre à la spiritualité, ou symptôme d’une exposition à l’endoctrinement ?

Aux origines : un terreau propice au mysticisme

La légende voudrait que les Comores aient d’abord été peuplées par des djinn, “esprits” en arabe, enfermés dans les îles par le roi Salomon, fils de David. Les récentes fouilles archéologiques laissent supposer que la théorie serait fondée sur un réel passage des troupes de Salomon, puisque des reliques de tombes portant le sceau du personnage biblique, ainsi que des pratiques juives, ont été répertoriées dans l’archipel. A cela peut s’ajouter la forte présence, encore aujourd’hui, de rites purement animistes hérités des esclaves venus du Mozambique, du Zimbabwe et probablement du Botswana. Les coeurs étaient déjà sensibles aux discours religieux. Selon la tradition orale, au 7ème siècle, deux hommes en quête spirituelle auraient quitté l’archipel pour se rendre à la Mecque, où un certain Muhammad prêchait la nouvelle religion, héritière du christianisme et du judaïsme. Arrivés après la mort de Muhammad, ils seraient retournés aux Comores avec un enseignement fortement imprégné de la dimension spirituelle de l’islam, qui n’a eu aucun mal à se mêler aux croyances existantes pour donner lieu à une richesse spirituelle inédite.

Des savoirs jalousement gardés

Certaines familles semblent être gardiennes de savoirs ésotériques associés au soufisme. Cela est dû à la présence, très tôt, des confréries les plus influentes du monde soufi : Les confréries Qadirî, Shadhilî et Ba Alawiya. Héritage du chiisme, seconde mouvance adoptée par les musulmans à l’aube de l’expansion de l’Islam, qui accordent une place particulière à la famille du prophète, et du shérifisme, de même nature, également observé au Sénégal, le respect accordé au prophète et à sa famille alimente la pratique religieuse. Les sharifs sont, selon la tradition, chargés d’être les “éclaireurs de l’humanité”, donc les gardiens de certains savoirs sensibles. C’est ainsi que l’on retrouve dans les foyers sharif, ainsi que chez certains initiés, des corpus contenant invocations et talismans, qui sont dispensés au reste de la population avec parcimonie. La littérature poétique soufie y est enseignée de fait dans les écoles coraniques : la période du Mawlid, célébration de la naissance du prophète, fait l’objet d’une fête nationale. Des noms comme Al Habib Umar, Mwinyi Baraka, sont connus dans la sphère soufie mondiale.

Manifestations

L’amour du prophète, et par extension l’amour de l’humanité, sont les socles de la tradition soufie. C’est cet amour que femmes et hommes célèbrent lors de séances de méditation plus ou moins animées et riches de sens : les hommes se laissent porter par la transe mystique lors des cérémonies de daïra*, chantent leur amour pendant les madjliss**, quand les femmes se parent les mains de henné pour les ouvrir à la manière d’une corolle de fleur lors des dayba***. Car le mysticisme, aux Comores, est festif, et il n’est pas rare de déceler dans certaines célébrations une énergie semblable à celle des cérémonies animistes, qui ont elles aussi leur place – la danse des djinn est en l’occurrence la plus courante.

Le danger des fondamentalismes

Néanmoins, on peut se demander si cette omniprésence ne menace pas, justement, le caractère unique de la spiritualité. Presque toutes les familles comoriennes disposent d’un corpus immatériel de rituels tirés de la tradition soufie : invocations qui suivent chacune des 5 prières quotidiennes, anecdotes sur des personnalités marquantes. Bien souvent, ces rituels sont répétés sans que les auteurs en sachent l’origine ou la signification profonde, et la langue arabe, utilisée pour la plupart des rites, n’est pas comprise du plus grand nombre. Un détail qui, s’il ne constitue pas un problème en soi, fait des plus jeunes, en cette terre où les musulmans avaient su préserver la tolérance, l’ouverture et l’émulation intellectuelle prônées par l’Islam, une proie facile pour les fondamentalistes de tout horizon.

Touhfat Mouhtare

1  Eric Geoffroy, L'islam sera spirituel ou ne sera plus, Seuil

2 Carte blanche à SB Diagne, Le Nouvel Obs : http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20151115.OBS9536/le-soufisme-explique-a-mon-fils.html

3 Tradition orale. Gevrey, 1870

4 Comores, plaque tournante de l’esclavage, Ali T. Ibouroi, 2002. * Cérémonies de célébration soufie.

Photo : le deba-chant soufi de mayotte- Source  cfred-toulet

Que diable ferions-nous d’un « Pape Africain »?

"Extra ecclesiam nulla salus"

Hors de l'Eglise, il n'y a point de salut

Benoit XVI Afrique

 

Il faut croire que le Pape écoute Shakira, ou qu'à tout le moins la folie du "Waka-Waka, This time for Africa" a finalement saisi le Vatican. Il ne se passe pas un jour, depuis l'annonce de la démission/renonciation imminente de l'Evêque de Rome, Benoît XVI le 10 février dernier, sans que la presse ne nous inonde d'informations sur la probabilité que le prochain Souverain Pontife soit originaire d'Afrique. Nous aurons appris ainsi, première nouvelle pour beaucoup d'entre nous, que l'Afrique avait déjà donné trois Papes à l'Eglise Catholique (Victor I, Miltiade et Gélase I – tous berbères nés en Afrique du Nord) et que les Cardinaux Francis Arinze du Nigéria et Peter Turkson du Ghana sont, aujourd'hui, les favoris des "bookmakers" pour la succession de Benoît XVI.

L'enthousiasme que suscite cette possibilité, dans les médias, a quelque chose de puéril. Peu importe ce que pensent ces "papables". Peu importe leur intelligence. Peu importe leur influence. Ce qui compte c'est qu'ils soient Africains, et qu'enfin, il puisse y avoir un "Pape Noir". Peter Turkson alla même jusqu'à dire qu'après Obama et Kofi Annan, il est peut-être dans l'ordre des choses que cela se produise. Modeste en plus, Turkson…

Seule une minorité s'inquiète du fait que ni Turkson, ni Arinze ne soient à proprement parler des "reformateurs" (un vieil adage du Vatican veut qu'il n'y ait que trois catégories de cardinaux : les ultra-conservateurs, les très-conservateurs et les conservateurs). Ou même que Turkson ait eu l'imprudence (ou la bêtise), durant un séminaire en octobre 2011, de présenter une vidéo absolument idiote et vaguement conspirationniste alertant sur les dangers de l'expansion de l'Islam en Europe. Ou qu'il considéra comme une simple "exagération", le projet de loi débattu par le Parlement ougandais qui souhaitait instaurer la peine de mort pour les homosexuels.

Peu de gens prêtent l'attention qu'il mérite au fait que c'est d'une seule et même voix, stridente et consternée que les cardinaux Africains ont condamné la très modérée critique adressée par Ban Ki-Moon à certaines politiques sociales en Afrique. De la Guinée au Ghana et de Dakar au Cap, tous les "Papes Africains" en puissance ont décidé de soutenir les dogmes de l'Eglise Catholique, qu'il s'agisse de la répartition des rôles au sein de la famille, de la filiation, du droit des genres, de la contraception ou du VIH. Ils sont accouru de la même façon en 2009, à la défense de Benoît XVI, lorsqu'il affirma que la distribution massive de préservatifs ne réglerait pas la question du VIH en Afrique et pourrait même l'aggraver. Il suffit enfin de voir la révolte menée par le Nigérian Peter Akinola, au sein de l'Eglise Anglicane contre l'ordination des femmes, par exemple, pour se rappeler cette autre évidence : la plupart des religieux Africains qui accèdent aux plus hautes sphères de l'Eglise sont généralement parmi les plus conservateurs et dogmatiques qui soient.

Et après tout, c'est peut-être leur rôle. Et dans les limites de leur sacerdoce et de leurs voeux, ils avaient probablement raison. Dans une société laïque, personne ne doit attendre l'autorisation du clergé, ni pour aimer, ni pour mourir, ni pour espérer. La vieille formule "Forniquez si vous voulez, mais ne demandez pas au Pape de tenir la lampe" est plus vraie que jamais.

Mais, en quoi exactement l'élévation d'un de ces cardinaux conservateurs et rétrogrades au statut de Pape et leur accès à cette autorité seraient une bonne chose pour l'Afrique ou pour le monde, me dépasse. S'imagine-t-on un instant qu'ils appelleront à une révolution séculaire en Afrique? Espère-t-on qu'ils adopteront une attitude plus "ouverte" sur le VIH ou la sexualité? Pense-t-on vraiment qu'ils lutteront pour une plus stricte séparation entre pouvoir religieux et politique? Qui rêve un instant qu'ils orienteront les invraisemblables ressources financières du Vatican en faveur du développement de l'Afrique?

Et même si tel était le cas, qu'est-ce que ça changerait? Le problème ce n'est pas tellement l'homme. C'est l'institution, la survivance de cet archaïsme qu'est l'infaillibilité pontificale. C'est la grossièreté de la succession apostolique qui exclut les femmes de l'exercice de la prêtrise. C'est la religion elle-même qui proclame qu'en dehors d'elle, il n'y a point de salut.

C'est déjà triste qu'il y ait encore un Pape. Mais que diable allons-nous faire d'un Pape Africain? Encore moins de Turkson ou d'Arinze comme Pape Africain. Tant qu'un Européen sortait une autre "adresse" ou lettre à l'Afrique, on avait à la rigueur, la consolation de savoir qu'il s'agissait d'un… autre Européen s'adressant à l'Afrique. "Bah, encore un autre discours sur l'Afrique."

Mais si même le Pape est Africain…

Bethio Thioune : Le crépuscule d’une idole

"si le communisme et le fascisme n'avaient séduit que des canailles, ils n'auraient pas survécu si longtemps"

Jean-François Revel, le voleur dans la maison vide

 

Lundi 23 avril dernier, Cheikh Bethio Thioune, l'un des leaders de la confrérie Mouride du Sénégal, a été arrêté par les autorités policières sénégalaises et présenté le jeudi suivant à la justice. Il doit répondre des faits suivants : complicité de meurtre, inhumation de cadavres sans autorisation, détention d’armes et association de malfaiteurs. Il apparaît qu'une bagarre a éclaté, il y a quelques mois entre certains de ses "fidèles" et que deux d'entre eux ont été tués puis inhumés, sans plus de cérémonie, dans une concession appartenant au "Guide".

Voilà ce qui arrive lorsqu'un démagogue, un escroc se drape du manteau de commandeur des croyants. Thioune aura été, à la fois, un idiot utile du Wadisme et l'agitateur le plus conscient des failles et impasses du mouvement de Wade. Qu'Abdoulaye Wade ait décidé de s'acquitter des frais de justice du marabout est une circonstance aggravante. Avec la condamnation de Charles Taylor, que finalement, l'homme qui aura durant tant d'années détruit les esprits, l'intellect et la conscience religieuse de tant de gens aient à répondre à la justice, est l'une des meilleures nouvelles que cette pestiférée Afrique occidentale aie connu depuis dix ans.

Dans l’Afrique que nous voulons, Cheikh Bethio Thioune n’a pas de place, ni comme conscience morale, ni comme leader religieux, ni comme influence politique, ni comme entrepreneur privé, ni comme marabout, ni comme magicien. Le seul miracle accompli par cette fraude intellectuelle, par cette régression de la pensée, par ce détourneur de mineurs, par cet apparatchik de bas niveau, c’est d’avoir réussi à échapper à la justice aussi longtemps. Il ne transformait pas l’eau en vin. Il n’a fait que transformer la souffrance et l’ignorance en billets de banque.  

Le crépuscule d'une seule idole n'est pas suffisant. Terangaweb s'est déjà inquiété de la puissance et de la richesse des pasteurs évangélistes de l'Afrique anglophone. Encore un effort, mesdames, messieurs! Encore un effort, et notre pauvre Afrique sera débarrassée de ces fraudes, de ces imbécilités religieuses qui ont contribué, plus violemment que le colonialisme, à réduire la jeunesse d'Afrique à une sorte de réservoir de violences présentes, passées et à venir. 

 

 

Joël Té-Léssia