10 jeunes millionnaires africains à suivre…

Une poignée de jeunes Africains au cœur de la vingtaine ou de la trentaine a bâti des entreprises et a amassé des fortunes enviables de plusieurs millions de dollars. Appelez-les les « million-dollar babies ». Alors que certains d’entre eux sont des bêtes d'entreprise, d'autres sont des bâtisseurs d'empire, comme Ladi Delano, entrepreneur nigérian de 30 ans qui a fondé, âgé alors d’à peine 23 ans, Solid XS, une entreprise à succès en Chine, qui commercialise de la Vodka haut de gamme. Il a ensuite cédé son entreprise de vodka pour plusieurs millions de dollars. Aujourd'hui, il est le co-fondateur et PDG de Bakrie Delano Africa, un support d’investissement à 1 milliard de dollars qui s'engage à faire des acquisitions dans les secteurs minier, de l'énergie et de l'agriculture du Nigeria. Le continent africain compte des milliers de jeunes entrepreneurs performants. Un nombre croissant d'Africains âgés de 40 ans et moins possèdent légitimement des fortunes de plusieurs millions de dollars. Ils ne sont pas héritiers et bâtissent eux-mêmes leur fortune. En voici 10 que vous devriez connaître :

Mark Shuttleworth, 38 ans, Afrique du Sud, Fondateur de Knife Capital

A 22 ans, Shuttleworth a fondé Thawte, une société de certification numérique et de sécurité Internet qu’il a ensuite vendue à VeriSign pour 575 millions de dollars en 1999, à l’âge de 26 ans. Shuttleworth a utilisé une fraction de ses recettes pour lancer HBD Capital (maintenant appelé Knife Capital), un fonds d'investissement sur les marchés émergents basé à Cape Town. HBD a fait une série de sorties réussies, notamment Fundamo, une société de services financiers mobile acquise par Visa pour 110 millions de dollars en 2011, et csense, qui a été acquise la même année par GE Intelligent Platforms. Shuttleworth a également fondé et financé Ubuntu, un système d'exploitation informatique dont il distribue les logiciels libre et open source. Shuttleworth est à le tête d’une fortune nette de 500 millions de dollars.

Ashish Thakkar, 29 ans, Ouganda, Co-fondateur et PDG de Mara Group

Thakkar, 29 est co-fondateur et PDG de Mara Group, un conglomérat ougandais avec des tentacules dans les services financiers, les hôtels, les énergies renouvelables, la technologie et la manufacture. Les revenus annuels sont d'environ 100 millions de dollars et le groupe a une présence active dans 16 pays sur quatre continents. Grâce à sa fondation Mara Foundation, Thakkar fournit un mentorat et pourvoit aux financements de jeunes entrepreneurs en Afrique orientale. Il finance aussi Next Generation Schools, une association caritative indépendante axée sur l'amélioration de qualité de l'éducation dans les écoles secondaires défavorisées en Ouganda. Le Groupe Mara a récemment signé un contrat de 300 millions de dollars avec le gouvernement tanzanien pour concevoir un centre commercial urbain ultra moderne d’environ 325 200 m².

Ladi Delano, 30 ans, Nigeria,  Fondateur et PDG de Bakrie Delano Africa

L’entrepreneur en série de la jet-set nigériane a encaissé ses premiers millions en tant qu'entrepreneur en boissons alcoolisées tout en vivant en Chine. En 2004, à l'âge de 22 ans, il a fondé Solidarnosc Asia, une société de boissons alcoolisées chinoise à l’origine de Solid XS, une marque de vodka premium. Solid XS a réussi à obtenir plus de 50% de parts de marché en Chine et a été distribuée dans plus de 30 villes chinoises, générant dans les 20 millions de dollars de recettes annuelles. Delano a par la suite vendu la société à une entreprise rivale pour 15 millions de dollars et investi ses fonds dans son entreprise suivante : le groupe Delano Reid, une société holding de placement immobilier axée sur la Chine continentale. Aujourd'hui, Delano est le premier dirigeant co-fondateur et directeur général de Bakrie Delano Africa (BDA), une joint-venture d’1 milliard de dollars avec le groupe indonésien Bakrie valant 15 milliards de dollars (capitalisation boursière). Bakrie Delano Africa sert de partenaire d'investissement au Groupe Bakrie au Nigeria. Le conglomérat indonésien a fourni plus de 900 millions de dollars de fonds à investir au Nigeria et Bakrie Delano Africa est chargé d'identifier les opportunités d'investissement dans les secteurs de la mine, de l'agriculture, du pétrole et du gaz, puis de les mettre en œuvre.

Justin Stanford, 28 ans, Afrique du Sud, Fondateur & PDG du groupe 4Di

Stanford, d’origine sud-africaine, est un entrepreneur en logiciels et un capital-risqueur. Après avoir abandonné l'école secondaire, Stanford a entrepris de lancer une entreprise de sécurité Internet qui fut un échec. Puis il est rentré chez ESET, une société slovaque de logiciel anti-virus où il a négocié avec ses fabricants pour s’accaparer l'exclusivité de la distribution lucrative du produit en Afrique australe. Aujourd'hui, ESET Southern Africade Stanford exploite la marque ESET dans la région et vend la gamme de produits de sécurité Internet ESET dans environ 20 pays subsahariens, s'appuyant sur une plateforme internet à très grand succès avec un modèle de distribution numérique pour les ventes de logiciels et de services en ligne. Aujourd'hui, la marque ESET de Stanford enregistre plus de 10 millions de dollars de chiffre d'affaires annuel et contrôle 5% du marché anti-virus en Afrique australe. Stanford est également partenaire et fondateur de 4Di Capital, un fonds de capital-risque basé à Cap Town. Il est en outre co-fondateur de l'Initiative Silicon Cap, un mouvement à but non lucratif qui vise à transformer le Cap en Silicon Valley de l’Afrique.

Magatte Wade, 36 ans, Sénégal, Fondatrice d’Adina World Beat Beverages et de Tiossan

En 2004, Magatte Wade a fondé à San Francisco Adina World Beat Beverages, une entreprise de fabrication de café, de thé et de jus de fruits qui utilise des recettes de boissons traditionnelles africaines et des ingrédients biologiques provenant de petits agriculteurs en Afrique et en Asie. Au cours des cinq années qui ont suivi son lancement, Adina a engrangé plus de 30 millions de dollars de capital-risque auprès d'investisseurs institutionnels et les produits ont commencé à être revendus par Whole Foods et United Natural Foods. Magatte a démissionné de son poste de PDG pour faire croître sa deuxième société, Tiossan, un fabricant de produits cosmétiques de luxe basés sur des recettes sénégalaises autochtones.

Mike Macharia, 36 ans, Kenya, Fondateur & PDG, Seven Seas Technologies

A 25 ans, Macharia, de nationalité kenyane, a fondé Seven Seas Technology, désormais la société de services informatiques la plus réputée d’Afrique de l'Est. La société qui vaut 50 millions de dollars (chiffre d'affaires annuel) est un fournisseur leader de solutions technologiques d’entreprises intégrées à travers l'Afrique dans les secteurs des télécommunications, de la finance, de l’immobilier, des services et du gouvernement. Seven Seas devrait être cotée à la Bourse de Nairobi l'année prochaine.

Vinny Lingham, 33 ans, Afrique du Sud, Fondateur de Yola Inc

Lingham, un ressortissant sud-africain, est le fondateur de Yola Inc, une société Web 2.0 basée à San Francisco qui fournit des services de conception, de publication et d'hébergement de site Web gratuits à plus de 3 millions d'utilisateurs actifs à travers le monde. Yola a attiré plus de 30 millions de dollars de financement de capital-risque auprès d'investisseurs institutionnels tels que ColumbusVenture Capital, une filiale du groupe Richemont du milliardaire sud-africain Johann Rupert. Avant Yola, Lingham avait fondé avec succès Click2Customers, un immense moteur de recherche de sociétés marketing avec des bureaux à Londres, au Cap, et à Los Angeles. Click2Customers ratisse environ 100 millions de dollars de revenus annuels. Lingham est co-fondateur de l'Initiative Silicon Cap avec son camarade entrepreneur sud-africain Justin Stanford.

Kamal Budhabatti, 36 ans, Kenya, Directeur Général, Craft Silicon

Kamal est le fondateur et PDG de Craft Silicon, une société kenyane de logiciels informatiques valant 50 millions de dollars (valeur de marché) qui fournit des logiciels destinés au secteur bancaire de base et à la microfinance avec des solutions mobiles de commutation, et des moyens de paiements électroniques pour plus de 200 clients institutionnels dans 40 pays répartis sur quatre continents.

Yolanda Cuba, 35 ans, Afrique du Sud, Directrice executive, South African Breweries

A 29 ans, Yolanda Cuba a été nommée directrice générale de Mvelaphanda Holdings, une société d'investissement cotée à la Bourse de Johannesburg. Pendant qu’elle était en poste, elle a reçu 10 millions de dollars de stock-options avant de démissionner de ses fonctions de directrice générale l'année dernière. Elle a ensuite accepté un poste de directeur exécutif à la South African Breweries.

Jason Njoku, 31 ans, Nigéria, Fondateur et PDG d’Iroko TV

Cet entrepreneur Internet nigérian non-conformiste est le fondateur d'Iroko TV, le plus grand distributeur numérique de films africains du monde. Iroko TV a été surnommé le « Netflix de l'Afrique ». Plus tôt cette année, Iroko TV a levé 8 millions de dollars en capital de risque investis par Tiger Global Management, firme de Private Equity et hedge fund basée à New York privé et gérée par le milliardaire Chase Coleman. IrokoTV bénéficie de contrats lucratifs de distribution de contenu avec Dailymotion, iTunes, Amazon et Vimeo. Njoku n'est pas disposé à divulguer les chiffres, mais les analystes estiment qu’IrokoTV pourrait valoir jusqu’à 30 millions dollars. Njoku est le plus grand actionnaire individuel de la société.

 

Mfonobong Nsehe, article initialement paru sur son blog sur forbes, traduit en français par Next-Afrique 

Le boom de la mode africaine

L'année 2011 a apporté une ré-émergence des motifs, estampes et textiles africains sur la scène mondiale. Les maisons de mode et les stylistes tels que Burberry, Vivian Westwood ou même Louis Vuitton produisent des collections clairement influencées par les cultures et paysages africains. Même la Première Dame américaine, Michelle Obama, a été repérée et photographiée à de nombreuses reprises avec des tenues présentant des motifs d'influence africaine du styliste nigérian Duro Olowu. Les magazines de mode occidentaux ont pris acte de la frénésie ambiante autour des influences africaines dans le secteur de la mode. Dans son édition spéciale « Best Dressed : Vogue’s Rising Style Stars of 2011 », l’influent magazine Vogue (édition américaine) a mis à la Une non pas une, mais deux femmes africaines connues pour leurs styles d’inspiration africaine : l’éthiopienne Julia Sarr-Jamois, rédactrice de mode chez Wonderland Magazine et la nigériane Oroma Elewa, rédactrice en chef de Pop Africana Magazine.

Le buzz africain

Les entrepreneurs de mode africains basés en Afrique présentent et vendent leurs marques via les expositions régionales et continentales. Rien qu’en 2011, seize grands événements à travers l'Afrique ont mis à disposition des concepteurs et entrepreneurs basés en Afrique, des plateformes pour mettre en valeur leurs créations. L’Afrique du Sud a pris les devants en organisant trois semaines de la mode (Fashion Weeks), deux au Cap et une à Johannesburg, impliquant des concepteurs venant de tout le continent. Ces Fashion Weeks sud-africaines ont été très médiatisées. Les pays voisins comme l'Angola, le Mozambique et le Zimbabwe ont tenu leurs propres Fashion Weeks afin d'accueillir et d'encourager leurs talents locaux du secteur de la mode. L’événement annuel de mode est-africaine fut la Swahili Fashion Week, un événement décrit comme « une plateforme de croissance rapide pour les créateurs de mode et les stylistes des pays "swahiliphones", mettant en valeur leur talent, commercialisant leur créativité et leur créant un réseau de clientèle et de professionnels du secteur la mode international ».

Le Nigéria a également accueilli en 2011 deux événements majeurs de la mode, la Nigeria Fashion Week et la Lagos Fashion and Design Week de MTN. MTN, une société de télécommunications de premier plan en Afrique, a collaboré avec le secteur de la mode à Lagos pour proposer cet événement, qui a réuni des agences de presse, des agents du secteur, des acheteurs et des consommateurs pour présenter les collections actuelles de créateurs à Lagos.

En plus du buzz sur le continent, la mode et les stylistes d'inspiration africaine ont produit une grande excitation à New York, considérée comme l'une des capitales mondiales de la mode. Arise Magazine, une formidable publication sur la mode et la beauté africaine fondée au Nigeria, s’est associé avec la Fashion Week d’IMG Mercedes Benz New York pour accueillir l’African Fashion Week. Le magazine a également organisé un événement à Lagos, au Nigeria en Mars 2011, avec plus de 51 créateurs africains en partenariat avec 81 mannequins, cinq spectacles de musique et trois jours de spectacles et d'événements. Un panel de juges a sélectionné les sept plus grands designers de cet événement et ils ont été invités à participer à la New York Fashion Week d’IMG Mercedes Benz intitulé "Made In Africa". Les cinq designers choisis pour représenter les talents africains à la vitrine de mode New York étaient les concepteurs nigérians Lanre DaSilva-Ajayi, Tsemaye Binitie, le duo Bunmi Olaye et Francis Udom de Bunmi Koko, Fati Asibelua et le duo sud-africain Malcolm Kluk et Christiaan Gabriel Du Toit de Kluk CGTD, qui ont tous reçu des critiques dithyrambiques pour leurs débuts à New York.

Les événements de mode mis en scène dans divers pays n’étaient pas le seul moyen pour les créateurs et entrepreneurs de la mode africaine de mettre en valeur leurs talents en 2011. Internet devient un outil de promotion solide, avec l’émergence de sites africains (notamment nigérians et sud-africains) franchement orientés sur le secteur de la mode. BellaNaija.com est un site nigérian lancé en 2006 et aujourd'hui considéré comme l'un des sites les plus reconnus et populaires dans la mise en valeur la mode, de la beauté, des tendances et des entrepreneurs africains. En Afrique du Sud, Ifashion.co.za a récemment remporté le titre de « communicateur Mode de l'année » lors de la cérémonie des Fashion Awards qui s’est tenue à Johannesburg en Afrique du Sud en 2011. Ifashion vise à être « une plate-forme de commercialisation pour tous dans le secteur ; de l'étudiant qui veut partager son talent aux plus reconnues maisons de mode. En accroissant la sensibilisation locale et internationale des marques de vêtements et des talents sud-africains, nous espérons inspirer une demande accrue et une fidélité pour les marques ». Les médias sociaux comme Facebook et Tumblr peuvent aussi se révéler être des moyens populaires pour les designers africains, les artisans et les marques basées dans divers pays africains, non seulement pour promouvoir leur entreprise, mais aussi comme un moyen pour les consommateurs intéressés de se renseigner et d’acheter.

Le développement de la "mode éthique"

Les créateurs africains, qu’ils soient reconnus ou aspirants, récoltent les fruits d’un secteur de la mode revigoré. Les petits et traditionnels artisans de textiles et d’accessoires africains, communément associés aux bibelots vendus dans les marchés touristiques en Afrique, commencent à se faire un trou dans le secteur, en joignant leurs efforts avec ceux des sociétés occidentales établies. Ces collaborations sont qualifiées de « mode éthique », un terme utilisé pour décrire, selon la définition d’Isabelle Quéhé, fondatrice de l’Ethical Fashion Show, une mode qui « agit dans le respect de l'environnement en travaillant à partir de matières recyclées ou naturelles et/ou qui aide les populations locales, la base étant, dans ce cas, la reconnaissance des droits fondamentaux de l'homme ».

La plupart des consommateurs occidentaux ont été introduits à la notion de mode éthique avec GAP et les produits rouges de la cause RED de Bono, du groupe U2, établissant des partenariats avec des grandes entreprises (parmi lesquelles GAP, Converse, Emporio Armani, etc.) afin de créer des produits avec le logo Red inscrit dessus. Un pourcentage des recettes générées par le biais de la vente de ces produits est alors reversé au « Fonds mondial », créé >pour lutter contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme en Afrique. Comme d'autres débats sur la philanthropie et l'aide à destination Afrique, cette initiative a été fortement critiquée, et des espaces ont été créés sur l'excitation à propos des nouveaux partenariats d'entrepreneuriat social dans la mode éthique, introduits par des sociétés comme ASOS, Indego Afrique et SUNO.

Indego Africa a été complimentée pour l’établissement de son partenariat novateur entre les artisans concepteurs de textiles et d’accessoires au Rwanda, et la marque américaine Nicole Miller. Contrairement à des initiatives passées de mode éthique impliquant les femmes africaines, « Indego Africa, une entreprise sociale à but non lucratif, met en relation des coopératives à but lucratif de femmes artisanes au Rwanda avec des marchés d'exportation pour leurs produits et offre une formation pour les aider à gérer leurs entreprises de manière plus efficace », précise leur site internet. Avec ce modèle de collaboration créé par Indego Africa, les femmes rwandaises sont des partenaires à parts égales dans une joint-venture à but lucratif.

De même, ASOS.com, le plus grand détaillant d’achats en ligne au Royaume-Uni, a collaboré avec la styliste française, Jessica Ogden, en 2011 pour créer une collection Made in Africa. Cette collection est exclusivement conçue, réalisée et achetée par des groupes communautaires artisanaux au Kenya pour soutenir le travail de SOKO, un atelier consacré à l'élaboration de solutions durables pour les défis économiques auxquels les collectivités du Kenya doivent faire face. ASOS.com affirme que l'entreprise fera correspondre à chaque achat effectué par les clients, une aide pour l'atelier SOKO au Kenya en fournissant aux artisans locaux une formation en vue d’améliorer leur propre art et leur activité. SUNO, la marque de vêtements pour femmes basé à New York fondée par Max Osterweis et Erin Betty, a lancé sa première collection en 2009 au Kenya. « Utilisant des crus de textiles kényans qu’Osterweis a collecté depuis des années au Kenya », ils produisent leur première petite collection locale. La société espère former et encourager les artisans du secteur de la mode au Kenya à créer et posséder leurs propres marques de façon durable.

 

Carole Ouédraogo, article initialement et à lire dans son intégralité chez notre partenaire Next-Afrique

Quel est l’état de la bancarisation en Afrique?

Combien de personnes en Afrique disposent de comptes bancaires et pour quoi les utilisent-ils ? On pourrait penser qu'il y a des réponses évidentes à ces questions, étant donné que la banque est la quintessence de l'entreprise mondiale, et qu’elle est importante non seulement dans les pays occidentaux mais aussi dans les pays africains, où elle peut aider les plus pauvres à épargner, à emprunter et à investir.

Pourtant, jusqu'à présent, les données sur la portée mondiale des institutions financières ont été limitées. Le FMI publie une enquête sur l’accès aux services financiers des épargnants et des emprunteurs. Mais on y trouve peu d’information sur combien les gens épargnent ou pourquoi ils empruntent. Notamment, les pratiques bancaires des personnes pauvres en Afrique, des femmes et des jeunes sont très mal connues. Aussi, l’année dernière un grand trou de données a fait surface dans le rapport de la Fondation Gates avec la Banque mondiale et Gallup World Poll, lorsque ces institutions ont effectué la plus grande enquête sur la façon dont les gens épargnent, empruntent, effectuent des paiements et gèrent les risques

Les Africains sont différents

Dans le monde, environ la moitié des adultes ont un compte bancaire individuel ou collectif, selon la nouvelle base de données Global Findex. Comme on pouvait s'y attendre, il y a une grande différence entre l'activité bancaire dans les pays occidentaux (où 89% des adultes ont des comptes) et dans les pays dits en développement (41%). La différence est encore plus large quand on s’intéresse aux cartes de crédit; où l’on constate que la moitié des adultes en détiennent dans l’Occident contre seulement 7% dans les pays en développement.

Au sein des pays, les taux de bancarisation sont proportionnels aux revenus et aux niveaux d'éducation. En Afrique, 55% des personnes ayant suivi un enseignement supérieur ont des comptes bancaires. Mais seulement un peu plus de 10% de ceux qui se sont arrêtés à un enseignement primaire en ont.

On note également un écart important des taux de bancarisation selon les sexes. Dans les pays en développement, 46% des hommes adultes disent avoir un compte, contre seulement 37% des femmes. On retrouve les écarts les plus notoires de la disparité entre les sexes en  Afrique du Nord. Ils sont un peu moins élevés dans le reste de l'Afrique, où la pénétration bancaire dans son ensemble est faible : 27% des hommes ont des comptes et 22% des femmes en ont.

Les gens n’utilisent que très peu les banques pour épargner

La plus grande surprise se situe au niveau de la façon dont les gens usent des banques et autres institutions financières. On pourrait s'attendre à ce qu’en dehors des pays occidentaux, les banques (qui ont tendance à être relativement coûteuses) seraient utilisées essentiellement pour les affaires. Pas du tout. La grande majorité des gens dans les pays en développement (88%) affirment qu'ils ont recours aux banques uniquement pour leur usage personnel.

En Afrique, la raison la plus fréquente pour détenir un compte bancaire est le besoin de prêt, par exemple, pour faire face aux urgences financières familiales (généralement une personne qui tombe malade). Le deuxième besoin évoqué réside dans les frais de scolarité, les maisons et les dépenses ponctuelles pour un mariage ou des funérailles. 38% de ceux qui ont des comptes bancaires disent les utiliser pour recevoir des envois de fonds des membres de la famille à l'étranger. En comparaison, dans les pays occidentaux, une des raisons particulièrement importante pour avoir un compte est de recevoir les allocations gouvernementales, les salaires ou les avantages.

Paradoxalement, les banques ne semblent pas être très utilisées pour ce qui semble être un objectif fondamental : économiser de l'argent. Plus d'un tiers (36%) des adultes ont déclaré qu'ils avaient économisé un peu d'argent l'an dernier. Mais seulement un cinquième (22%) ont déclaré avoir utilisé une banque ou autre institution financière formelle pour le faire. 29% auraient épargné, mais pas auprès d’une banque (sans doute, ont-ils mis de l'argent sous le matelas ou utilisé de l’argent pour acheter des bijoux). Une forme populaire de l'épargne dans l'Afrique était les clubs d'épargne, communément appelés les tontines. Un groupe de personnes se rassemblent pour déposer leurs sous régulièrement et chaque mois le groupe paie l'intégralité du pot à chaque membre à tour de rôle.

Les gens n’utilisent que très peu les banques pour épargner. C’est ce qui semble être le point fondamental qui se dégage de l’étude. L'étendue de services bancaires à travers le monde est beaucoup plus inégale et moins prévisible que ce à quoi l'on pouvait s'attendre. Bien sûr, l'utilisation des banques tend à augmenter avec les revenus au niveau mondial et dans les pays. Mais le revenu ne semble pas être le seul facteur déterminant.

Au final, qu’est-ce qui impacte les taux de bancarisations en Afrique ?

Le Ghana et le Bénin sont voisins en Afrique de l’Ouest et ont presque des niveaux similaires de revenus. Pour autant, le taux de bancarisation des adultes est  trois fois plus élevé au Ghana qu’au Bénin.

Autre exemple : le Nigéria et Cameroun sont voisins et ont à peu près le même niveau de services bancaires parmi leurs populations les plus pauvres (17% du quintile le plus bas dans chaque pays ont des comptes bancaires). Pour autant, les Nigérians riches sont presque trois fois plus susceptibles que les Camerounais riches d'avoir des comptes.

Des paramétres autres que les revenus ? 

La politique : les gouvernements africains facilent-ils l’installation et l’accessibilité des banques ?

Les banques elles-mêmes : après le manque d'argent, l'une des raisons les plus courantes que les gens donnent pour ne pas avoir un compte est la paperasserie.

Les téléphones mobiles aussi : au Kenya, 68% des adultes disent avoir utilisé un téléphone portable pour envoyer ou recevoir de l'argent au cours des douze derniers mois. Plus de la moitié d'entre eux ont des comptes bancaires.

Par Leyla Traoré, un article initialement paru sur le site de notre partenaire Next-Afrique sous le titre "Bancarisation en Afrique, les Africains sont différents, chassons les idées reçues!"

RDC : 10 ans de croissance fallacieuse

Les performances accomplies en RDC, en termes de positivité des taux de croissance et de maîtrise du niveau d’inflation depuis début 2000, sont devenues un vrai motif de fierté pour les autorités politiques, qui sont dorénavant bons élèves des institutions de Bretton Woods. Ils ne jurent plus que par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) : atteindre des taux de croissance à deux chiffres et les maintenir pendant 8 ans pour réduire la pauvreté de 50 %. Mais peut-on réellement émettre des prévisions fiables de réduction de pauvreté sur la base d’une croissance du type congolais ? Selon la Banque Centrale du Congo (BCC), entre 2001 et 2011, le PIB et l’emploi ont connu des taux réels de croissance de 5,5 et de 5,85 respectivement. Les secteurs primaire, secondaire et tertiaire ont été multipliés par 7,23 ; 5,60 et 44190,58 avec des taux de croissance de 24,58 % ; 21,09 % et 228,21 % respectivement. L’Indice de Production Industrielle qui se rapporte au secteur dit secondaire (usines, chantiers, mines et carrières) a varié de 2,61 % par an.

Ces statistiques sont apparemment impressionnantes, mais regardons-les sous un angle différent : le PIB étant la somme des Valeurs Ajoutées (VA), considérons la structure de celles-ci. La VA se répartit essentiellement entre les salaires, les cotisations sociales, les impôts, et les profits, dont l’augmentation traduit celle du PIB, et la qualité celle de la croissance. Mais il ne sera question, ici, d’analyser que l’emploi et la part revenant aux entrepreneurs, ainsi que les effets d’entraînement. La demande du travail est fonction de la production prévue par les entreprises. Le corollaire est qu’en période prospère l’emploi augmente, les prévisions restant positives, et la masse de salaire suit le même mouvement.

En RDC, de 2001 à 2011, le taux de chômage n’est passé que de 90 % à plus de 70 %. En terme réel, le PIB a été multiplié à peine par 2, le PIB/tête par 1,26 et plus de 71 % des congolais vivent avec moins d’un dollar américain par personne par jour selon le rapport mondial sur le développement humain 2011. La lenteur dans l’augmentation de l’emploi s’explique par le fait que la croissance ait été déclenchée et soutenue par le secteur tertiaire (qui a été multiplié par 44190,58),essentiellement constitué des sociétés de télécommunication et des banques qui n’ont pas besoin d’une grosse main d’œuvre. L’évolution du secteur industriel qui engloutit un travail abondant, n’égale pas son potentiel alors que l’emploi est un déterminant fondamental de la pauvreté. Une croissance non créatrice d’emplois massifs dans une économie à taux de chômage très élevé biaise les prévisions de réduction de pauvreté. Un autre aspect important de la création de richesses intérieures est la part revenant aux entreprises, les profits. Malheureusement ces profits ne sont presque pas réinvestis dans l’économie. Il y a donc un effet d’optique dans cette richesse.

Selon la BCC, la RDC perd chaque année, autour de 10 % du PIB suite aux transferts vers le reste du monde. Mais il est fort plausible que l’économie congolaise ait été transformée en une sorte de grenier où les investisseurs puisent pour réinvestir dans leurs pays d’origine. Et les richesses réinjectées dans l’économie ne représentent pas grand-chose par rapport à celles créées. Au regard de ces faits, nous sommes convaincus que les transferts vers le reste du monde sont de loin supérieurs à 10 %.

A présent parlons des effets d’entraînement. Supposons que suite à la production des sociétés étrangères installées dans un pays, le taux de croissance atteigne deux chiffres. Ces sociétés emploient une petite quantité de main d’œuvre dont les cadres sont étrangers et bien rémunérés, et les subalternes sont nationaux avec des salaires médiocres. La grande partie de leurs consommations intermédiaires est étrangère pendant qu’elles peuvent uniquement provenir de l’intérieur du pays, et pour tout couronner, leurs comptes bancaires sont logés à l’étranger, et la grande partie de ce qu’elles gagnent est rapatrié dans leurs pays. Dans leur incapacité à canaliser l’économie vers des objectifs bien définis, les autorités congolaises se contentent de l’installation d’une nouvelle société qui augmente le PIB, parce que dans ces conditions elles restent bons élèves des institutions de Bretton Woods, alors qu’elles devraient garantir les effets d’entraînement au sein de l’économie nationale. Une croissance qui n’occasionne presque pas d’effets d’entraînement et qui ne laisse que peu de moyens pour l’économie nationale biaise les prévisions de réduction de pauvreté. Les réformes doivent donc être d’actualité en RDC s’il faut espérer une croissance plus introvertie.

Avant tout, il convient de savoir que le libéralisme n’exclut pas l’orientation de l’économie vers un objectif. La canalisation de l’économie vers l’industrialisation sera un vrai moteur de création d’emplois massifs. L’amélioration des systèmes bancaire et financier est indispensable à la minimisation de la préférence des investisseurs vers l’étranger, ce qui pourra améliorer la disponibilité des ressources nécessaires au réinvestissement dans des secteurs à forte intensité de main d’œuvre. Et la mise en place d’un environnement favorable aux effets d’entraînement favorisera la croissance dans plusieurs secteurs. L’amélioration du cadre institutionnel économique propice à l’essor des PME à intensité en main d’œuvre doit préoccuper la RDC au premier degré.

La croissance du type congolais est donc fallacieuse, elle manque de consistance. Elle est basée sur des secteurs non créateurs d’emplois massifs, qui n’occasionnent presque pas d’effet d’entraînement. Elle enrichit plus les investisseurs tout en occasionnant des rapatriements massifs des richesses vers leurs pays d’origine, et donc ne laissant que peu de moyens pour l’économie nationale. Avec une telle croissance la réalisation des OMD devient une illusion.

Kyayima Muteba Franklin, économiste à l’Université de Kinshasa

Article initialement paru chez notre partenaire Next-Afrique

Bitcoin : Une révolution pour la diaspora et la finance en Afrique ?

Avoir une monnaie mondiale libre de tout contrôle d’Etat qui peut être utilisée de façon presque intraçable semble être trop beau pour vrai. Mais, la monnaie Bitcoin est une réalité, et elle a le potentiel de transformer la finance en Afrique. En tant que monnaie électronique, maintenue par un réseau peer-to-peer, le Bitcoin est basé sur un réseau ouvert, indépendant non seulement des contraintes géographiques de devises fortes, mais aussi des mesures de manipulation d'approvisionnement, réduisant ainsi sa sensibilité à l'inflation. Sa qualité anti-inflationniste est renforcée par le fait que sa masse monétaire soit limitée à 21 millions de Bitcoins même si elle se développe à mesure que le réseau s'accroit.

Comment cela marche ?

Pour pouvoir échanger des bitcoins, les internautes doivent installer un logiciel sur leur ordinateur. Ces utilisateurs allouent dès lors une partie de la capacité de calcul de leur ordinateur, et contribuent au processus de sécurisation des transactions. Les Bitcoins peuvent ensuite être stockés dans les portefeuilles virtuels cryptographiques sur des ordinateurs ou des smartphones, ce qui rend leur utilisation presque aussi anonyme que des espèces sonnantes et trébuchantes. « Par certains aspects, le bitcoin ressemble à des monnaies comme l'or car il y a une masse globale connue en circulation. Elle résiste donc à l'inflation et sa stabilité ne dépend pas d'un pays en particulier. Mais le bitcoin ressemble aussi à de la monnaie fiduciaire. Comme l'euro par exemple, la valeur d'un bitcoin dépend du fait que certaines personnes sont prêtes à l'accepter comme un moyen de paiement pour les biens et services », analyse Vili Lehdonvirta, spécialiste des biens virtuels et auteur d'une étude pour la Banque mondiale.

Une aubaine pour la diaspora africaine et leurs proches

Comment cette monnaie électronique peu connue pourrait décoller et transformer la finance en Afrique? Tout d’abord, notons que l'importance de l'argent envoyé par les diasporas vers les économies africaines est considérable. Ces entrées de capitaux privés ont une incidence directe sur le niveau des ménages et ont fait leurs preuves sur l’alimentation de la croissance locale, car elles pourvoient à des améliorations tangibles locales en fournissant un financement immédiat pour l'éducation et la santé ou des investissements dans les entreprises et les start-ups. Et, globalement ces paiements de transfert de fonds l'emportent sur les schémas d’aides humanitaires. Ce constat est vrai même dans un contexte où les transactions totales sont à la baisse en raison de la crise financière. Les migrants envoient toujours à la maison d’importantes sommes. Le Nigeria, par exemple, a reçu 10 milliards de dollars en 2009 en provenance de sa diaspora, et la contribution en pourcentage des paiements de transfert de fonds par rapport au PIB de certains pays est considérable avec, au Lesotho, un taux de près de 25%.

Le Bitcoin aide à résoudre bon nombre des problèmes actuels liés aux méthodes d’envoi d'argent vers les pays d’origines de la diaspora africaine. Les services de transfert d'argent sont efficaces, mais coûteux. Les virements bancaires peuvent également être coûteux tout en souffrant généralement d'un manque de rapidité et sont souvent inutiles pour les millions d'Africains sans compte en banque. De plus, envoyer de l'argent en utilisant régulièrement les services postaux est presque impensable. Le Bitcoin permet à ses utilisateurs de contourner les frais exorbitants pratiqués par les banques et les services de transferts, tout en offrant un service sécurisé, anonyme et surtout instantané. Ces facteurs sont clairement positifs pour l'impact économique et le développement des paiements de transfert de fonds car les expéditeurs qui seraient libérés des entraves de frais d'administration élevés pourraient fournir plus d'argent à leurs proches.

Transformer les paiements en Afrique

En outre, la monnaie pourrait apporter une sécurité renforcée pour les citoyens des pays où les mauvaises pratiques économiques et financières ont rendu leur monnaie trop instable ou, pire encore, sans valeur comme c’est le cas pour le dollar zimbabwéen. Bien qu'il soit peu probable que la monnaie représente un grand intérêt dans les pays à devise bien établie, l’attrait africain du Bitcoin est évident. Bien sûr, des problèmes d'infrastructure sont un obstacle majeur, et aucune monnaie africaine ne peut actuellement être échangée avec des Bitcoins. Cependant, avec la hausse des ventes de smartphones et une connectivité Internet qui devrait augmenter de façon exponentielle dans les prochaines années en Afrique, le Bitcoin semble plus que réalisable. Ces facteurs structurels associés à la réussite généralisée de M-Pesa, un système de transfert d'argent d’avant-garde via la téléphone mobile, montre que l'adoption de cette technologie ou quelque chose de similaire dans le futur n'est pas inconcevable.

 

Kader Diakité, article initialement paru chez notre partenaire Next-Afrique

 

Les défis du financement agricole : l’exemple de l’Agricultural Development Bank au Ghana

Alors que le financement d’État prend fin, l’Agricultural Development Bank, au Ghana, se réorganise pour mieux répondre aux attentes du secteur agricole. La stratégie de spécialisation est renforcée, de nouveaux produits sont créés, le réseau d’agences renforcé. Pour développer son action, la banque doit impérativement trouver des financements complémentaires.

La vocation de l'Agricultural Development Bank (ADB) à sa création était de fournir des services d’intermédiation financière à moyen et long terme et des services connexes au secteur agricole et agroalimentaire afin de renforcer l’attrait de l’agriculture en modernisant son fonctionnement, de créer des emplois, surtout en milieu rural, d’approvisionner les industries locales en matières premières, de fournir des devises et d’améliorer le niveau de vie des personnes travaillant dans le secteur.

Dans un premier temps, le financement a été en grande partie assuré par l’État et des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux. Les fonds étaient rétrocédés à des agriculteurs afin de réaliser des projets de production et transformation dans les secteurs, avicole, hévéicole, oléicole (huile de palme) et la pêche, et plus particulièrement de financer la préparation des terres, l’importation de matériels et le fonds de roulement. Ces investissements ont permis de commercialiser des produits et sous-produits agricoles et de transformer plusieurs petites entreprises en entreprises de taille moyenne, jetant les bases de la croissance industrielle et socioéconomique du Ghana.

Avec l’abolition des financements d’État, la banque a dû développer son réseau d’agences, mobiliser de nouveaux dépôts et obtenir des fonds auprès de bailleurs de fonds multilatéraux, principalement le Fonds africain de développement (FAD), la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale. Pertes de change (dues à des réformes du secteur financier), défaillances d’emprunteurs, suppression des subventions aux intrants agricoles et pertes liées aux faibles niveaux de production ont entraîné une dégradation rapide du portefeuille de prêts de la banque, qui a nécessité sa recapitalisation en 1990.

Dans ce contexte et suite à la levée de l’obligation faite aux banques d’affecter au moins un quart de leur portefeuille de prêts au secteur agricole, l’ADB dont la mission était de financer l’agriculture s’est trouvée davantage sollicitée pour financer des investissements agricoles à court, moyen et long terme.

TENDANCE ACTUELLE
Face à son manque de compétitivité opérationnelle dans un environnement financier national et international dynamique, l’ADB a entrepris de restructurer son modèle économique en 2009. Pour ce faire, elle a élaboré un plan stratégique à trois ans visant à aligner ses opérations sur les pratiques modernes de banque universelle afin de satisfaire aux exigences d'investisseurs, clients et actionnaires de mieux en mieux informés.

La restructuration a impliqué une révision de l'organigramme et de l'organisation afin de mieux satisfaire les clients, de respecter les meilleures pratiques du secteur et d’atteindre la rentabilité. Une nouvelle équipe de direction a été recrutée pour actualiser le plan stratégique et créer de nouvelles divisions – banque d’entreprise, banque de détail, financement du développement, banque transactionnelle, technologies.

L’ADB a également développé son réseau d’agences afin de rapprocher les services bancaires des investisseurs, en particulier dans l’agriculture et l’agroalimentaire. Depuis juin 2010, 22 agences ont été ouvertes (ce qui porte le total à 91 agences) dans des collectivités essentiellement rurales, tournées vers l’agriculture, et dans des centres commerciaux offrant un potentiel de production agricole.

Depuis la restructuration, le bilan de la banque enregistre une remarquable croissance, le total net des crédits passant de 372,86 millions (186 millions d’euros) en 2009 à 576,99 millions de cedis ghanéens (288 millions d’euros) en 2010. Dans le même temps, les prêts au secteur agricole ont connu une progression de 64,5*%. Cette évolution a renforcé la part de l’agriculture dans le portefeuille total de prêts, passée de 24,1 % en 2009 à 28,9*% en 2010, témoignage de la volonté de l'ADB de développer son portefeuille de prêts en faveur de l'agriculture.

Cette croissance conforte la position de leader de l’ADB au niveau national, avec plus d’un tiers des prêts au secteur agricole. Cette réussite a été reconnue en 2010 par Africa Investor qui lui a décerné le titre de “Banque de l’année en Afrique” dans le secteur agricole. L’ADB a été saluée pour ses avancées dans l’intermédiation financière adaptée au secteur agricole et l’expérience considérable qu’elle a acquise dans ce domaine.

Le volume de prêts en faveur de l'agriculture approuvés par la banque au premier semestre 2011 a augmenté de près de 70 % (hors financement de la campagne de cacao) par rapport à la même période de l’exercice précédent, consolidant ainsi la position de leader de l'ADB dans le financement de l'agriculture. Cette croissance régulière et importante des prêts en faveur de l’agriculture répond à l’un des principaux objectifs du plan stratégique à trois ans de la banque – accroître de 40 % la part de l’agriculture dans son portefeuille de prêts d’ici fin 2012. Dans le secteur agricole, le sous-secteur qui reçoit le plus d’attention est l’industrie agroalimentaire, qui représente près de 45 % des prêts agricoles signés. Elle est suivie par la distribution (Figure 1).

En partenariat avec le ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture et des bailleurs de fonds comme le Fonds international de développement agricole (FIDA), la BAD et l'AFD, la banque a accompagné des agriculteurs au travers de différents schémas tels que le Projet de développement de la riziculture dans les vallées intérieures1 ou le Programme de plantations villageoises d’hévéa (Encadré), etc. Elle a aussi apporté un important soutien à plusieurs initiatives publiques telles que le Programme pour la jeunesse dans l’agriculture2.

PRINCIPAUX DÉFIS
La principale difficulté de l'ADB pour financer et accompagner les investisseurs de toutes tailles dans le secteur de l'agriculture est la levée de ressources à moyen et long terme. De fait, il est difficile pour l'ADB de proposer les produits financiers adaptés à l'achat d'équipements agricoles ou de machines agroindustrielles et au financement du fonds de roulement d'entreprises à cycle de production long.

Le manque de financement à terme a d'ailleurs toujours fait obstacle au développement régulier du secteur agricole et de l’industrie agroalimentaire, compromettant ainsi une croissance économique régulière du pays.

STRATÉGIE DANS LE SECTEUR AGRICOLE
Dans le cadre de sa stratégie en faveur du secteur agricole, l’ADB a développé une gamme de produits financiers spécialement conçue pour l'agriculture afin de pouvoir contribuer au développement de chaque filière à tous les niveaux. Des produits et facilités de prêt ont été conçus et adaptés pour répondre aux besoins de chaque secteur et de chaque type de client. Ils ont été spécialement développés pour répondre aux besoins des clients à partir de la parfaite connaissance qu’a la banque des moteurs et des structures des activités sous-jacentes et des processus opérationnels en jeu.

L’ADB offre ainsi une vaste gamme de produits*: prêts à court, moyen ou long terme, facilités de caisse et de crédit-bail. Les principaux sous-secteurs dans lesquels l’ADB est présente sont les cultures industrielles (matières premières pour l’industrie), les cultures vivrières, les cultures d’exportation, l’industrie agroalimentaire, la distribution agroalimentaire, les produits pour l’agro-industrie, les intrants agricoles et les services agricoles.

Certaines activités agricoles peuvent être financées, par exemple, par un prêt sur cinq ans assorti d’un taux d’intérêt spécial de 15 % (le taux de base étant de 16,75 %) qui peut être consenti à des exploitants individuels, à des organisations d’agriculteurs, à des groupes ou à des entreprises, en faisant appel à diverses sûretés telles que des dépôts d’espèces, des polices d’assurance-vie, des propriétés foncières, des actifs corporels et des garants personnels.

VISION ET OPPORTUNITÉS

La vision de l’ADB pour le secteur agricole est d’accompagner son développement et celui de sa filière en octroyant des financements à moyen et long terme à visée stratégique et pérenne. Cette vision se fonde sur le potentiel considérable du secteur agricole, compte tenu des prix de la plupart des produits agricoles sur les marchés internationaux.

Cependant, pour concrétiser cette vision et mettre les opportunités à profit, l’ADB a besoin de ressources à long terme. D’autre part, la création d’institutions de micro-finance et la croissance des banques rurales ont progressivement érodé le monopole dont jouissait la banque dans le financement de la petite agriculture.

Dans une perspective de consolidation, sa stratégie pour 2011 prévoit d'améliorer et de développer son appui aux investisseurs agricoles sur la base d'un système d’offre de crédit efficace, et de constituer ainsi un solide portefeuille de prêts. La banque poursuivra donc ses efforts pour abaisser son taux de base – déjà parmi les plus bas – et mettre ainsi le crédit à la portée des agriculteurs, des entreprises agroalimentaires et des investisseurs. Il est en outre indispensable de former et de développer le personnel de la banque pour améliorer ses performances, les processus opérationnels et la productivité. Enfin, rapprocher encore les services de la banque des investisseurs et des clients en ouvrant de nouvelles agences et enrichir la gamme de produits qui leur est proposée est un moyen sûr de soutenir les investisseurs nationaux, et donc une croissance économique viable.

HENRY ALHASSAN SHIRAZU et THOMAS DE GUBERNATIS

Article paru chez notre partenaire Next-Afrique

Le top 5 des opportunités d’investissement en Afrique pour 2012

Les économies africaines se classent facilement parmi les plus résistantes au monde. Pendant la récession économique mondiale de 2009, l'Afrique était la seule région mis à part l'Asie à croître positivement, à environ 2%. La croissance du continent est depuis sur une trajectoire ascendante avec 4,5% de croissance moyenne en 2010 et 5,0% en 2011. Et cela va aller encore mieux en 2012. L'Afrique est en bonne position pour devenir la 2ème plus forte croissance régionale dans le monde, et selon le Fonds monétaire international (FMI), la croissance économique moyenne pour les 54 pays du continent se situera autour de 6% en 2012. L'Afrique devient une plaque tournante de plus en plus attractive pour les investisseurs à la lumière des différentes réformes économiques, politiques et sociales que connait le continent. Ce qui crée un environnement d'affaires amélioré propice à l'investissement direct étranger. En dehors de cela, il y a un développement généralisé de l'infrastructure sociale et physique, et il y a un vivier de travailleurs entreprenants de plus en plus instruits à travers le continent.

Il y a aussi une sérieuse hausse du pouvoir d'achat des Africains. Selon la Banque africaine de développement, l'émergence rapide de la classe moyenne en Afrique fait qu’elle compte aujourd'hui plus de 300 millions de personnes. En outre, des analystes du McKinsey Global Institute estiment que les dépenses générales en consommation à travers le continent va dépasser la barre du trillion (1000 milliards) de dollars l'année prochaine. Si vous êtes un investisseur qui n'a pas encore fait d’incursion en l'Afrique, il est maintenant temps d'intervenir et de saisir une part du trillion de dollars d’opportunités en 2012. Voici les cinq secteurs lucratifs dans lesquels vous devriez envisager d'investir.

L'agriculture

L'Afrique est mûre pour une révolution verte. Selon le McKinsey Global Institute, le continent abrite actuellement 60% du total mondial des terres arables et non cultivées. Voilà votre opportunité. Puisque la population mondiale augmente rapidement (dépassant récemment la barre des 7 milliards), la production agricole mondiale doit augmenter en vue de répondre à cette croissance. La majeure part de cette augmentation de la production agricole proviendra de l'Afrique. Alors que les obstacles traditionnels à la stimulation de la production agricole en Afrique ont été bien documentés (notamment un déficit d'infrastructures de distribution et les barrières commerciales), plusieurs gouvernements africains font des efforts considérables et ont réussi à surmonter ces faiblesses. Ces obstacles surmontés et la production agricole augmentée, il y aura une opportunité d'affaires pour la fabrication et la commercialisation de produits tels que les engrais, les pesticides et les semences ainsi qu'une demande de services de transformation des aliments comme le raffinage des céréales. Déjà, un nombre croissant de fonds de private equity surgissent pour financer la production agricole en Afrique. Rejoignez le train.

Le tourisme

Plusieurs pays africains comme le Kenya, l’Ile Maurice, les Seychelles et la Tanzanie sont devenus certaines des destinations touristiques du monde les plus prisées – pour des raisons évidentes. Selon l'Organisation mondiale du tourisme, les arrivées de touristes en Afrique pour l'année 2010 dépassaient 49 millions et sont susceptibles de passer le cap des 50 millions en 2012. C'est ce type de tendance dont vous devriez profiter. L'année prochaine, le milliardaire Richard Branson va ouvrir son safari de luxe dans le Masai Mara au Kenya tandis que le magnat italien Flavio Briatore, possède déjà Lion in the Sun, une retraite de luxe sur la station côtière de Malindi au Kenya. Mais en dehors des pavillons et retraites de luxe, plusieurs autres possibilités sont ouvertes dans le secteur du tourisme en Afrique. Par exemple, le lac Victoria en Ouganda a un nombre important de plans d'eau qui sont encore inexploités. Une croisière en bateau de luxe ou une excursion d'exploitant pourraient être d’excellentes idées. Les vols en montgolfière sont également une expérience relativement nouvelle pour les millions d'Africains ; ce qui pourrait être exploré comme une possibilité viable. Il y a aussi la place pour les investisseurs étrangers de s'associer avec les gouvernements sur les concessions des parcs nationaux.

Le secteur minier

Plusieurs pays africains ont de vastes gisements de ressources minérales qui sont restés largement inexploités en raison d'un manque de savoir-faire technique, et de l'incapacité financière de se lancer dans des projets miniers à forte intensité capitalistique. L'industrie minière du Nigeria, énormément sous-développée, en offre un bon exemple. Le pays possède une vaste gamme de ressources minérales qui inclue le minerai de fer, le charbon, le bauxite, l’or, l’étain, le plomb et le zinc qui ont été négligés en raison de la préoccupation du pays pour ses gisements massifs de pétrole. La République démocratique du Congo, la Tanzanie, la Namibie et la Zambie sont d'autres exemples de pays africains qui ont aussi des réserves inexploitées de grande valeur en diamant, cobalt, or, cuivre et autres ressources. Aventurez-vous y.

Les infrastructures

Investir dans l'infrastructure est essentiel à la croissance de l'Afrique. Même s'il y a eu des améliorations significatives dans le développement et la qualité des infrastructures à travers le continent, il y a encore un déficit évident. Inutile de dire que ce déficit a ses conséquences, y compris les goulots d'étranglement dans le bon fonctionnement des activités de commerce et d'exportation. Mais le financement du développement des infrastructures en Afrique n'est pas bon marché. Selon l’étude de la Banque mondiale en 2008 sur le diagnostic des infrastructures nationales en Afrique, le continent a besoin d'environ 80 milliards de dollars pour couvrir ses besoins en infrastructures. Bien sûr, la capacité de financement des gouvernements individuels des pays sont limités, d'où l’existence d’opportunités pour les investisseurs privés à s'associer avec les gouvernements africains dans le développement des infrastructures, par exemple pour l'approvisionnement en énergie fiable, les ressources en eau, les routes et les systèmes ferroviaires.

Les biens de grande consommation

Selon le McKinsey Global Institute, les dépenses de consommation en Afrique l’année prochaine seront de l’ordre d’1 trillion de dollars. Avec l’explosion de la classe moyenne de l'Afrique explose (plus de 300 millions de personnes), cherchant toujours à être approvisionnée en nouveaux produits, le secteur des biens de grande consommation semble prometteur. Il y a une opportunité énorme et toujours croissante pour les fabricants et détaillants de bien de grande consommation comme la nourriture, les boissons, les soins à domicile et les soins personnels. Mais la vitesse est essentielle. Les investisseurs qui peuvent rapidement intervenir et avoir une emprise sur le marché seront les acteurs dominants des années à venir.

 

Un article de Mfonobong Nsehe; Version française : J.P. Ntchoum pour notre partenaire Nextafrique.com.

 

Elites africaines : la génération des Guépard

George Ayittey, économiste ghanéen, auteur et président de la Fondation Free Africa à Washington DC, a écrit en 2006 un livre intitulé Africa Unchained: The Blueprint to Africa's Future, où il a cherché à répondre à la question de savoir pourquoi l'Afrique est considérée comme pauvre en dépit de ses vastes ressources naturelles. Selon lui, la réponse est évidente : la liberté économique lui a été refusée, d'abord par les puissances coloniales étrangères, et maintenant par les leaders autochtones aux pratiques oppressives similaires, opine-t-il. La guerre et les conflits ayant remplacés la paix, les infrastructures en Afrique se sont émiettées. Cependant, dans une tentative audacieuse d’arrêter de se lamenter sur la myriade de difficultés que connaît le continent, le célèbre économiste, propose un programme de développement : une voie à suivre pour l'Afrique.

Le livre Africa Unchained explore la question de savoir comment l'Afrique peut se moderniser, se construire et améliorer ses institutions autochtones. Il soutient avec force que l'Afrique devrait s'appuyer sur les traditions de marchés libres et de libre-échange plutôt que de maintenir l'exploitation des structures économiques. Ce plan a été qualifié de controversé, et a, depuis la publication du livre il y a cinq ans, froissé nombre de protagonistes à la fois sur le continent africain et à l'étranger. Le professeur Ayittey distingue dans son livre deux types de générations pour classifier les élites africaines : les Guépards (Cheetah) et les Hippopotames (Hippo).

La génération des hippopotames ("hippo generation")

Les Hippopotames héritent de l’époque et des mentalités dépassées des années 1960 : indigestes, grassouillets, et attachés à l'ancien paradigme du « colonialisme-impérialisme » avec une foi inébranlable en la puissance de l'Etat. Ils sont assis fermement dans leurs bureaux climatisés du gouvernement, à l'aise dans leur conviction que l'État peut résoudre tous les problèmes de l'Afrique. Tout ce dont l’Etat a besoin est plus de puissance et plus d'aide étrangère. Intellectuellement stigmatisés, ils sont coincés dans leur patch pédagogique de colonialiste boueux. Et ils défendraient farouchement leur territoire car c'est ce qui leur donne leur richesse. Ils se soucient moins de savoir si le pays tout entier s'effondre autour d'eux, mais sont contents aussi longtemps que leur étang est sécurisé.

La génération des guépards ("cheetah generation")

Les Guépards sont la génération nouvelle et en colère de diplômés et professionnels africains, qui regardent les questions africaines et les problèmes dans une perspective totalement différente. Ils sont dynamiques, intellectuellement agiles et pragmatiques. On pourrait les appeler la « génération sans repos »… un nouvel espoir pour l'Afrique. Les Guépards ne gardent pas les stigmates intellectuelles du passé. Là où les Hippopotames voient en permanence des problèmes, les Guépards aperçoivent des opportunités. Ils n'attendent rien des gouvernements ou des donateurs étrangers.

La génération des Guépards n'a aucun scrupule à se salir les mains. Elle reconnait que résoudre les problèmes des pauvres peut lui faire gagner de l'argent, et pour cette génération, il n'y a rien d'immoral à ce sujet. Après tout, c'est comme cela que les riches des pays occidentaux se sont fait des sous. En créant un produit ou un service, qui répond aux besoins ou aux problèmes du peuple, Bill Gates, par exemple, se fait des milliards avec les logiciels informatiques de Microsoft. Il n'est pas devenu riche en étant président des Etats-Unis, comme c'est le cas dans de nombreux pays africains.

La génération des Guépards est un nouveau réseau social / d'affaires de diplômés et professionnels africains en colère. Pour les Guépards, les solutions à la myriade de problèmes de l'Afrique se trouvent déjà en Afrique même. Les talents, les compétences et l'entrepreneuriat sont tous là et peuvent être trouvés, non seulement dans l'économie informelle, mais aussi dans le secteur traditionnel. Les femmes au marché, les commerçants, les orfèvres, les forgerons, les vendeurs de nourriture, les tisserands, les bergers, les sculpteurs, et les pêcheurs, pour ne citer que quelques-uns, témoignent tous de la tradition antique de l'entrepreneuriat et de l'activité commerciale dynamique en Afrique. Tombouctou, par exemple, était connue dans les annales historiques comme la ville du grand marché, comme l'étaient Kano, Salaga, Mombasa et Sofala. Ce réseau social / d’affaires innovant favorise la conviction que c'est par l'entreprenariat, les marchés libres, et le leadership que l'Afrique peut retrouver son illustre prospérité précoloniale.

La génération des Guépards offre une occasion unique pour les Africains et amis de l'Afrique de s'appuyer sur la tradition propre de l'Afrique en favorisant l'entrepreneuriat comme solution la plus viable pour faire de l'Afrique une terre de liberté, d'opportunité et de prospérité. A travers la brume des fléaux que sont les conflits, la mauvaise gouvernance et la pauvreté, la génération jeune et dynamique de l'Afrique perçoit des opportunités. Aussi, la mission est de partager des idées sur le développement économique de l'Afrique et de réseauter avec les investisseurs et les entrepreneurs africains pour le rétablissement de la liberté économique du continent.

Et vous, êtes vous plutôt Guépard ou Hippopotame ?

 

Marc-Olivier Kassy, article initialement paru chez Next-Afrique

 

Sources photo:

Africa unchained : http://www.strandbooks.com/african-1/africa-unchained-the-blueprint-for-africas-future

Etudiants africains de Sciences-po Paris : http://africa.jeuneafrique.com/etudiants-africains.html

Les cinq pasteurs les plus riches du Nigéria

Dieu est bon, surtout si vous êtes un pasteur nigérian avec un certain sens des affaires. Ces jours-ci, des millions d'âmes, recherchant désespérément des entrées financières, des miracles ou des guérisons, se précipitent tous à l'église pour la rédemption. Et tandis que la Bible déclare expressément que le salut est gratuit, certaines fois il a un coût : offrandes, dîme, dons à des leaders spirituels, ou réponse à des directives d'acheter de la littérature et autres produits créés par des hommes de Dieu. Les pasteurs ne sont plus uniquement intéressés à amener les gens au Paradis; ils ont imaginé des façons intelligentes de faire de l’argent frais tout en atteignant les âmes.

Le pasteur Chris Oyakhilome, par exemple, est fondateur et pasteur principal de l'Ambassade du Christ, une congrégation florissante avec des branches au Nigeria, en Afrique du Sud, à Londres, au Canada et aux États-Unis. Sa maison d'édition, LoveWorld Publications, a publié « Rhapsody of Realities », une dévotion mensuelle dont il est co-auteur avec sa femme. Il vend plus de 2 millions d'exemplaires chaque mois à 1$ chacun. Il possède également des stations de télévision, des journaux, des magazines, un hôtel, une chaîne de fast-food, et plus encore.

Beaucoup d'autres pasteurs nigérians construisent des empires de plusieurs millions de dollars à partir de leurs églises. Aujourd'hui, les pasteurs se déplacent en jets privés, conduisent des voitures de luxe comme les Daimler, les Porsche et les BMW, portent des Rolex et Patek Phillipes et détiennent des demeures à en couper le souffle. Après le billet de blog que j'ai écrit en mai sur les pasteurs nigérians qui possèdent des jets privés, j'ai été bombardé de courriels de lecteurs demandant à connaître les riches pasteurs au Nigeria. Alors je me mis à enquêter sur les avoirs de certains des plus éminents pasteurs du Nigeria, et je reviens avec des estimations réservées de leurs fortunes. J'ai contacté les représentants de tous les pasteurs et tous sauf celui de Matthieu Ashimolowo ont confirmé les biens que je liste. Les représentants du pasteur Ashimolowo n'ont pas répondu à mes e-mails.

Numéro 1: Bishop David Oyedepo     –       Eglise: Living Faith World Outreach Ministry, alias Winners Chapel
Fortune nette estimée: 150 millions de dollars

David Oyedepo est le plus riche prédicateur du Nigeria. Depuis qu'il a fondé le Ministère de proximité pour la foi vivante en 1981, cette dernière est devenue l’une des plus grandes congrégations de l'Afrique. Le Tabernacle de la Foi, où il accueille trois services chaque dimanche, est le plus grand centre de culte d'Afrique, avec une capacité d'accueil de 50 000 personnes. Oyedepo possède quatre jets privés et des maisons à Londres et aux Etats-Unis. Il possède également Dominion Publishing House, une maison d'édition florissante qui publie tous ses livres (qui sont souvent centrés sur la prospérité). Il a fondé et détient la Covenant University, l'une des principales institutions tertiaires du Nigeria, et la Faith Academy, un lycée élitiste.

Numéro 2 : Chris Oyakhilome       –       Eglise: Believers’ Loveworld Ministries, alias Christ Embassy
Fortune nette estimée : 30 à 50 millions de dollars

L'année dernière, le prédicateur charismatique a été au centre d'une affaire de 35 millions de blanchiment d'argent dans laquelle il a été accusé de détournement des fonds de son église dans des banques étrangères. Le pasteur Chris a plaidé non coupable et l'affaire a finalement été rejetée. Son église, la Christ Embassy, compte plus de 40 000 membres, dont plusieurs étant des chefs d'entreprise à succès et des politiciens. Parmi les intérêts diversifiés d’Oyakhilom, on compte des journaux, des magazines, une station de télévision locale, un label de disque, la télévision par satellite, des hôtels et un large patrimoine immobilier. Son réseau de télévision LoveWorld est le premier réseau chrétien diffusé 24h/24 de l’Afrique vers le reste du monde.

 

Numéro 3 : Temitope Joshua    –    Eglise: Synagogue Church Of All Nations (SCOAN)
Fortune nette estimée: 10 à 15 millions de dollars

L’ecclésiastique le plus controversé du Nigeria est aussi l'un des plus riches et des plus philanthropiques. T. B Joshua dirige la Synagogue Church Of all Nations (SCOAN), une congrégation qu'il a fondée en 1987, qui accueille plus de 15 000 fidèles chaque dimanche. Le pasteur demeure controversé depuis plusieurs années pour ses pouvoirs inexplicables de guérison de toutes sortes de maladies incurables, notamment le VIH/SIDA, le cancer et la paralysie. Pour les assoiffés de miracles, il s’agit là de la séduction parfaite. L'église possède actuellement des branches au Ghana, au Royaume-Uni, en Afrique du Sud, et en Grèce. Durant les trois dernières années, Joshua a donné 20 millions de dollars à des programmes d’éducation, de santé et de réhabilitation pour les anciens militants du Delta du Niger. Il possède Emmanuel TV, une chaîne de télévision chrétienne, et est un ami du président ghanéen Atta Mills.

Numéro 4 : Matthew Ashimolowo    –    Eglise: Kingsway International Christian Centre
Fortune estimée: 6 à 10 millions de dollars

En 1992, Foursquare Gospel Church, une église nigériane, a envoyé Ashimolowo ouvrir une branche satellite à Londres. Mais le pasteur Matthew avait d'autres plans et a décidé de mettre en place sa propre église à la place. Aujourd'hui, son Kingsway International Christian Center est connue comme étant la plus grande église pentecôtiste au Royaume-Uni. En 2009, l'église a enregistré des bénéfices de près de 10 millions de $ et des actifs de 40 millions de dollars. Ashimolowo gagne un salaire annuel de 200 000$, mais sa vraie richesse vient de ses affaires variées, dont son entreprise médiatique Matthew Ashimolowo, qui produit des séries de la littérature chrétienne et des documentaires. Les représentants d’Ashimolowo n'ont pas répondu à la demande de confirmation de sa fortune nette et de tous ses biens.

 

Numéro 5 : Chris Okotie    –     Eglise: Household of God Church
Fortune nette: 3 à 10 millions de dollars

Le pasteur Okotie réalise son premier succès en tant que musicien populaire pop dans les années 80. Il a trouvé la lumière, embrassé la bible et mis en place la Household of God Church, l'une des congrégations les plus flamboyantes du Nigeria. Les 5000 membres de son église se composent principalement de célébrités de Nollywood, de musiciens et de gens de la société. Il a contesté et a perdu les élections présidentielles nigérianes pour la troisième fois cette année avec le Fresh Parti, un parti politique qu’il a fondé et financé. Passionné d’automobile, il possède entre autres une Mercedes S600, un Hummer et une Porsche.

 

Un article de Mfonobong Nsehe publié sur son blog hébergé par Forbes; traduction : Next-Afrique.

 

Pour aller plus loin, notre portrait de Sunday Adelaja, évangéliste nigérian en Ukraine.

Les cinq femmes les plus influentes du Private Equity en Afrique

Depuis une petite dizaine d’années, le capital-investissement ou Private Equity a fait de l’Afrique subsaharienne un nouveau terrain de jeu qui attire des investisseurs de plus en plus diversifiés.Mfonobong Nsehe, journaliste nigérian, révèle les résultats de sa recherche sur les femmes qui ont su se faire un nom et une place aux plus hauts niveaux des meilleures firmes africaines de private equity. Il nous livre le top cinq des figures féminines les plus influentes de ce secteur, que notre nouveau partenaire nextafrique.com a traduit en français.

L'Afrique connaît un afflux sans précédent de capitaux privés. Selon les statistiques de l'Emerging Markets Private Equity Association (EMPEA), les investissements en private equity sur le continent atteignaient 1,5 milliard de dollars l'année dernière contre 151 millions de dollars en 2002. Une grosse part de ces fonds est gérée par quelques-unes des plus grandes sociétés de private equity sur le continent, telles qu'Hélios Capital Partners, Citadel Capital et African Capital Alliance, qui sont dirigées et dominées par les hommes. Pour la plupart, le private equity est une affaire d'hommes. Mais certaines femmes tirent malgré tout leur épingle du jeu. Voici les femmes les plus puissantes du secteur du private equity africain.

Tsega Gebreyes, Ethiopienne, Satya Capital.

La banquière d'investissement d'origine éthiopienne est fondatrice associée et PDG de la société Satya Capital, basée à Londres. La firme de private equity est axée sur l’Afrique avec plus de 200 millions de dollars sous gestion. Satya Capital a été fondée par le milliardaire soudanais Mo Ibrahim et investit généralement dans les 20 millions $ ou plus dans les entreprises des secteurs de la santé, des services financiers, de l’énergie et des ressources naturelles.

Diplômée de Harvard, Gebreyes a débuté sa carrière à la Citibank et à McKinsey avant de rejoindre Celtel en 1999 où elle a travaillé en étroite collaboration avec le fondateur de l'entreprise en tant que chef de la stratégie et du développement commercial. À Celtel, elle a aidé à lever des capitaux pour des acquisitions clés et a conçu le plan d'expansion régionale de la société. Surtout, elle a joué un rôle clé dans la gestion du processus de fusion-acquisition qui a finalement conduit à l'acquisition de 3,4 milliards de Celtel par MTC Koweït (cette opération a rendu Mo Ibrahim milliardaire). Toujours sous sa direction, Satya Capital a investi 80 millions de dollars dans des entreprises comme la Guaranty Trust Bank, une banque commerciale nigériane et Chemi & Cortex, une entreprise tanzanienne de produits de consommation.

Geneviève Sangudi, Tanzanienne, Carlyle Group.

En 2011, Carlyle Group, société américaine de gestion d'actifs alternatifs, a annoncé la création d'un fonds de 500 millions de dollars pour les investissements en Afrique. Geneviève Sangudi, une ressortissante tanzanienne, a été nommée directrice générale du Fonds. Le Private Equity n'était pas un territoire nouveau pour elle. Avant cette nomination, elle avait servi comme directrice associée pour les opérations nigérianes d’Emerging Capital Partners (ECP), une firme d'investissement afro-centrée avec plus d’1,8 milliard de dollars sous gestion. Elle a conduit l'entreprise à faire des investissements clés au Nigéria, notamment sur le géant nigérian Notore Chemical. Sangudi est titulaire d’un MBA de la Columbia Business School et d’un BA en anglais et en communication du Macalester College.

Wendy Luhabe, Sud-africaine, Women Private Equity Fund.

L’une des figures de conseil d’administration les plus respectées d'Afrique du Sud, Luhabe a par le passé siégé au conseil du groupe Vodacom et de BMW Afrique du Sud. En 2002, elle a fondé le Fonds Women Private Equity Fund (WPEF) de 13 millions de dollars, qui investit principalement dans des entreprises détenues ou dirigées par des femmes. Parmi les investissements les plus fructueux du fonds, on compte à ce jour Qphoto, une chaîne photographique, et I-SLICES, une entreprise qui fabrique des produits de soins oculaires. Luhabe est actuellement chancelière de l'Université de Johannesburg.

Ngozi Edozien, Nigériane, Actis

La diplômée d’Harvard a fait ses premiers pas au sein de la firme de conseil mondiale McKinsey avant de travailler pour le géant pharmaceutique Pfizer comme responsable de la région Afrique de l'Est, du Centre et Afrique de l'Ouest anglo-lusophone. Elle a ensuite fondé Equity Vehicle for Health in Africa (EVHA), un fonds de private equity engagé à investir dans le secteur de la santé. Il a été cofinancé par la SFI, la BAD, la DEG et la Fondation Gates. En 2009, elle a été nommée PDG d'Actis Afrique de l'Ouest. Actis est une des principales sociétés mondiales sur les marchés émergents de Private Equity avec plus de 4,8 milliards d'euros sous gestion. Edozien supervise les investissements ouest-africains de l'entreprise qui comprennent Mouka Foam, Diamond Bank et Seven Energy.

Minoush Abdel-Meguid, Egyptienne, Union Capital

La banquière d'investissement d'origine égyptienne a travaillé chez Citigroup, Goldman Sachs et HSBC. Co-fondatrice d'Union Capital, une firme d'investissement égyptienne principalement axée sur les PME, Abdel-Meguid est également présidente fondatrice de l'association égyptienne des jeunes banquiers, une organisation où les professionnels seniors encadrent les jeunes professionnels de la banque.

 

Un article de Mfonobong Nsehe publié sur son blog ; Version française : Zinab L. Traoré pour Nextafrique.com.

Cameroun: richesse économique et surliquidité bancaire

Approche en chiffres de l’économie Camerounaise
Le Cameroun dispose de ressources naturelles agricoles (bananes, cacao, café, coton,miel), forestières, minières et pétrolières. Son PIB (environ 42.750 Mds de $ au total pour 3.923 Mds de budget de l’État en 2009 et par habitant 2300 $ en PPA) représente la moitié de celui de la Comunauté économique et monétaires de l’Afrique Centrale (CEMAC), ce qui lui confère une place importante au niveau régional. Le taux de croissance du PIB, en 2008 était de 3.9 %, la dette publique constitue 14.3 % du PIB ( 2009), ce qui lui confère le 116e rang mondial .La dette extérieure est de 2,929 milliards $ (2009).

Il a connu la valorisation de sa croissance économique vers les années 70 avec l’exploitation et la valorisation de ses gisements de pétrole , celle de ses exportations agricoles et de l’élevage qui était exercé en grande partie par les « peulhs ».

Le financement de l’économie Camerounaise 
La littérature économique distingue deux définitions de la liquidité : une définition étroite appelée « liquidité de financement » et une définition plus large qui renvoie beaucoup plus à la « liquidité des marchés ». Au sens étroit, la notion de liquidité recouvre les espèces ou les actifs susceptibles d’être convertis rapidement en espèces et détenus à cet effet pour satisfaire les demandes de retraits de fonds à court terme émanant des contreparties, ou pour couvrir leurs opérations. Dans cette approche, la liquidité est principalement liée à l’activité de transformation traditionnellement pratiquée par les banques.

Au sens large, la liquidité correspond à la capacité des banques à liquider un actif non monétaire, par exemple un titre d’investissement acquis à l’origine pour être détenu jusqu’à l’échéance, dans le cadre d’une opération de refinancement en monnaie de la banque centrale. La liquidité des marchés est au cœur des préoccupations de stabilité financière des banques centrales. L’absence de liquidité des marchés peut non seulement engendrer une inefficience des marchés, mais sa disparition soudaine sur un marché peut aussi dégénérer en crise systémique (Fouda, 2005).

Dans le premier cas, on est en présence d’un système bancaire qui refuse de prêter aux entreprises nationales et préfère détenir des actifs liquides mais à faible rendement auprès de la banque centrale. Dans le deuxième cas, le Cameroun comme tous les pays de la CEMAC préfèrent financer l’économie française aux dépends de leur propre économie à travers le mécanisme du « compte d’opérations ». Cette situation, n’étant pas une anomalie passagère, soulève plusieurs interrogations (Garsuault et Priami, 1997). Premièrement ne traduirait-elle pas une profonde défaillance de l’ensemble des mécanismes monétaires ? Deuxièmement, la solution adoptée actuellement qui consiste à mettre en place des Fonds pour les Générations Futures (FGF) ne remet-elle pas en question le principe même de solidarité à la base de la zone FCFA ? Troisièmement, dans ce contexte, quelles sont les différentes options qui s’offrent au Cameroun pour le financement de son économie ?

Cette surliquidité bancaire est commune à plusieurs pays à travers le monde. Elle survient lorsque la somme du compte courant et des réserves libres des institutions de crédit auprès de la banque centrale excède de manière persistante le niveau des réserves obligatoires. Plusieurs arguments ont été avancés pour expliquer l’excédent de liquidité dans la zone CEMAC en générale et au Cameroun en particulier. Nous notons le recyclage des excédents des ressources pétrolières; l’entrée des devises suite aux privatisations des entreprises publiques ; le risque élevé que représentent les prêts pour les banques, en raison des difficultés juridiques que soulève le recouvrement effectif des créances en cas de défaut ; les inefficiences importantes du système bancaire au niveau régional, qui freinent la transmission de fonds des banques très liquides de certains pays membres aux banques d’autres pays dans lesquels la demande de crédit est relativement forte ; le manque de concurrence entre les banques, en particulier au niveau régional ; la faiblesse de la demande de crédit d’un certain nombre de gros emprunteurs habituels, en particulier dans le secteur axé sur l’exportation, qui ont connu une amélioration substantielle de leur liquidité ainsi qu’un meilleur accès au crédit extérieur après la dévaluation de 1994.

Le paradoxe de la surliquidité se manifeste par une concomitance entre une surliquidité persistante et une insuffisance de financement du secteur réel. C’est le cas actuellement de la zone CEMAC. En effet, l’économie réelle de la zone CEMAC est en manque de moyens de financement externe, alors que le secteur bancaire dispose de liquidités excédentaires qu’il ne parvient pas à employer. Par sa persistance, le paradoxe de la surliquidité bancaire de la zone CEMAC dépasse un simple phénomène conjoncturel, laissant à penser que le problème de financement est celui de l’intermédiation financière et qu’il puise sa source dans l’histoire institutionnelle de la zone FCFA. Les tentatives d’explications de ce paradoxe avancées jusqu’à présent ne tiennent pas compte de cet aspect fondamental. Elles sont principalement de trois ordres.

La première tiendrait à la non coïncidence dans les temporalités de l’offre et de la demande. En effet, les banques de la zone CEMAC disposent essentiellement de ressources à court terme, alors que le secteur non financier recherche principalement le financement à plus long terme. Traumatisé par une très forte incertitude inhérente à la crise de la fin de la décennie quatre vingt, le système financier de la zone CEMAC s’avère actuellement incapable d’assurer une transformation effective des ressources.

Sources et Chiffres : BCEA
Sidi Ahmad Gueye

Article initiallement paru chez Njaccaar Le Courrier du Visionnaire