(Re)penser la guerre en RDC

JPG_BrabantBook 250516Dans son livre “Qu'on nous laisse combattre et la guerre finira”, Justine Brabant interroge les combattants d’un conflit qui n’en finit pas à l’est de la République Démocratique du Congo. La journaliste et chercheuse ne veut rien excuser mais comprendre. Son texte est précieux car comme l’ont montré nombre d’historiens et d'anthropologues, il est extrêmement difficile de saisir la guerre à hauteur d’homme, tant les violences sont refoulées, dissimulées, exorcisées. Bien sûr, les chefs rebelles qui s’expriment dans son ouvrage se donnent le beau rôle. Celui de patriotes, qui ont tout fait pour éviter à leur pays les invasions de l’étranger. Mais leurs itinéraires sont passionnants et l’analyse qu’en tire Justine Brabant ouvre de nombreuses pistes sur lesquelles elle a accepté de revenir avec L’Afrique des Idées.

La RDC, ni en guerre, ni en paix

L’Est de la RDC est aujourd’hui dans cette situation paradoxale où il n’est ni tout à fait en guerre ni tout à fait en paix, malgré la transition politique de 2003 qui a mis fin officiellement à la deuxième guerre du Congo. Justine Brabant explique qu’il n’y a plus de guerre de position ou de conquête comme celle qui a permis en 1996 à Laurent-Désiré Kabila d’aller jusqu’à Kinshasa depuis l’est pour s’emparer du pouvoir. Mais il reste aujourd’hui “des îlots de pouvoir contrôlés par une myriade de groupes armés, avec des accrochages très réguliers et parfois meurtriers”. La journaliste parle “d’états de guerre” ou “d’états de violence”, un concept utilisé par le philosophe Frédéric Gros pour désigner ces formes inédites de conflits de longue durée qui échappent au cadre de la guerre classique.

Fin 2015, le Groupe d’études sur le Congo a répertorié et cartographié soixante-dix groupes armés encore actifs dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. “Un groupe armé c’est un chef, un groupe de combattants qui va d’une dizaine à plusieurs centaines de membres, une identification et une revendication en tant que groupe”, explique Christoph Vogel, l’un des auteurs de cette enquête. Chercheur à l’Université de Zurich, il conteste la terminologie “post-conflit” utilisée notamment dans les milieux diplomatiques pour définir la situation en RDC. Lui parle d’une alternance entre conflit de basse intensité et vagues de violences, une situation qui plonge les civils dans une insécurité permanente aussi bien réelle que perçue. Elle les empêche de faire des projets de long terme sur le plan personnel et professionnel, ce qui contribue in fine à la perpétuation de l’instabilité dans la région. Pour Justine Brabant, le Congo n’a “jamais été en paix depuis vingt ans”.

Pas une simple guerre de minerais

Cette guerre est “mal regardée”, dénonce également la journaliste. La dimension politique du conflit est souvent escamotée. Il est présenté comme une simple lutte pour l'appropriation des ressources minières de la région, entre mercenaires assoiffés de sang et d’argent. Ces minerais comme le coltan sont bien sûr “des facteurs de perpétuation du conflit”, mais “ils n’en sont pas le déclencheur sinon tous les pays qui en regorgent seraient en guerre”, insiste-t-elle. Même appréciation de Christoph Vogel qui souligne que l’exploitation artisanale des ressources minières commence avant la guerre, au milieu des années 1980, quand le Maréchal Mobutu la légalise dans un contexte de grave crise économique.

Selon Vogel, il est d’ailleurs quasiment impossible de trouver des mouvements rebelles dont la création procède directement d’une stratégie d'accaparement des ressources, à de rares exceptions près, comme le groupe NDC du chef rebelle Shéka, un ancien négociant en minerais. En général, les richesses du sous-sol congolais sont une source avec d’autres de refinancement des opérations militaires, alors que l’économie locale a été profondément déstabilisée. L’agriculture notamment, qui jouait un rôle fondamental dans la région, devient extrêmement difficile dans un contexte de conflit. Les populations sont contraintes de se tourner vers des activités mobiles et de court terme, délocalisables dès que les combats reprennent, comme l'exploitation artisanale des mines… La relation de causalité minerais-guerre est donc inversée.

Plus pertinente, la grille de lecture politique s’articule autour de deux axes. Le rapport de l’est de la RDC avec le pouvoir central d’une part, et de l’autre, les rivalités entre États au niveau régional, avec comme point de départ la tension entre le Congo et le Rwanda après le génocide rwandais de 1994. Car c’est un des facteurs fondamentaux du déclenchement de la guerre à partir de 1996. Le Rwanda, qui considère que l’est de la RDC accueille sciemment d’anciens génocidaires, pilote des opérations dans la région, aussitôt interprétées par les Congolais comme des invasions. Puis des groupes armés se forment, soutenus un temps par Kinshasa car ils jouent le rôle d’une armée de substitution face aux velléités rwandaises. Avant que les tensions ne reprennent entre ces groupes armés et le pouvoir central congolais…

Armée et rebelles, les mots piégés

Justine Brabant pousse aussi à repenser la dualité factice entre militaires et rebelles, en insistant sur les allers-retours permanents entre armée et groupes dissidents.“Pour rencontrer des chefs insurgés, il m’est arrivé fréquemment de passer par leurs anciens camarades du maquis qui sont dans l’armée congolaise, en allant très officiellement faire une demande à l’état-major provincial”, témoigne-t-elle. Ces frontières poreuses s’expliquent par la relation ambiguë entre les groupes armés et Kinshasa qui, on l’a vu, est passée du soutien tacite à la défiance envers ces mouvements. Mais aussi par le mécanisme mis en place pour tenter de rétablir la paix: un système d'intégration des anciens rebelles à l’armée. Le processus crée son lot de frustration et de jalousie. Certains héritent d’un grade plus ou moins factice, sans le poste stratégique et la rémunération qui vont avec… De quoi reprendre le maquis en attendant mieux.

La journaliste prend l’exemple d’un chef rebelle, qui paraît plutôt favorable à une intégration dans l’armée, mais exige une bien meilleure proposition du gouvernement. Dans l’intervalle, il reste dans le maquis et “envoie quand même de temps en temps une petite roquette sur les positions militaires congolaises…” La stratégie du gouvernement a toutefois évolué depuis deux ans, remarque Christoph Vogel. Les autorités, par crainte d’une fragmentation de l’armée, ont stoppé cette dynamique de récompenses en échange de l’arrêt des combats. Mais comme sa collègue française, le chercheur allemand constate lui aussi sur le terrain qu’il n’y a pas nécessairement d’animosité entre armée et groupes rebelles, avec même parfois une forme de respect pour les engagements “patriotes” ou le courage des uns et des autres.

Des générations dans la guerre

L’autre intérêt du livre est d’aller à la rencontre de plusieurs générations de combattants. Par sa durée, le conflit a sa logique propre et plonge la région dans un cycle de violences où les dimensions politiques et personnelles se mêlent. Parmi les personnages centraux du livre, on trouve ainsi Mzee (vieux en swahili) Zabuloni et son fils Fujo qui à son tour a pris le maquis. “Il faut mesurer ce qu’une guerre qui dure vingt ans génère de rancœurs et de désirs de vengeance. Fujo a vu sept de ses frères mourir à la guerre”, témoigne Justine Brabant. Après vingt ans de conflits, deux voire trois générations ont été socialisées dans cet univers de combat. Il leur devient difficile d’expliciter les causes originelles de la guerre.

 “Les idéologies de départ des groupes rebelles Mayi Mayi sont plus lointaines. Les repères se brouillent et se superposent aux biographies personnelles”, abonde Christoph Vogel. Disparaissent aussi des chefs emblématiques ou des autorités coutumières qui avaient un ascendant sur leurs troupes et jouaient un rôle de référence pour des combattants dont les revendications se fragmentent. Justine Brabant décrit Mzee Zabuloni comme l’emblème d’une génération qui, en 1996, a eu l’impression de faire face à une série d’invasions rwandaises contre lesquelles il fallait se battre. Son fils appartient lui à une génération “probablement plus consciente de ce que la guerre peut apporter en termes de reconnaissances sociales ou de postes politiques et militaires à la suite d’accords de paix. Ca ne veut pas dire que cette génération soit plus cynique ou plus opportuniste, mais simplement que ce sont des gens qui ont grandi avec la guerre, la connaissent bien, et qui savent ce qu’elle peut apporter dans une vie”.

Comment parler du conflit ?

La guerre du Congo est complexe, avec au plus fort des combats près de dix pays africains impliqués et plusieurs dizaines de groupes armés. Son traitement médiatique est épisodique et les connaissances du grand public très parcellaires. Pour autant, cette guerre n’est pas oubliée, affirme Justine Brabant. Au début des années 2000, elle a été plus suivie que les guerres civiles du Libéria, estime-t-elle. Plus de 200 ONG sont encore présentes sur le terrain et la MONUSCO, la plus vaste opération de maintien de la paix de l’ONU, est sur place avec un budget qui dépasse le milliard de dollars. Mais le conflit a été réduit à une sordide trilogie: minerais – enfants-soldats – viols, des thèmes à l’impact médiatique extrêmement fort et utilisés dans les campagnes humanitaires pour mobiliser des fonds.

Bien sûr, cette triade infernale a sa triste et douloureuse part de vérité. Mais elle a enfermé le conflit dans un cliché complètement figé de l’Afrique. En 2010, l’envoyée spéciale de l’ONU pour les violences faites aux femmes, la Suédoise Margot Wallström a même qualifié la RDC de “capitale mondiale du viol”. “Cette rhétorique est euro-centrée”, dénonce Christoph Vogel, “elle est stigmatisante et renvoie les Africains à une forme de sauvagerie, en oubliant par exemple que le viol pouvait aussi être une des armes de la domination coloniale”.

Ce discours a également des effets contre-productifs. Justine Brabant prend l’exemple des cas de fistules, une lésion des organes génitaux des femmes, qui peut être causée par des actes de violences sexuelles, mais aussi par un accouchement dans des conditions difficiles. Sur le terrain, certaines femmes qui souffrent de fistules sans avoir été violées sont amenées à se déclarer victimes de violences sexuelles pour pouvoir avoir accès aux soins et aux hôpitaux que les campagnes contre le viol financent. Dans le livre, des responsables d’ONG reconnaissent aussi gonfler leurs chiffres pour obtenir des fonds. Bien sûr, puisque le but est bien de trouver les moyens d’aider les populations civiles, on peut juger que ces situations ne sont finalement pas si graves, mais elles posent question.

Reste enfin le bilan de cette guerre. Il n’y a à ce jour aucune évaluation fiable du nombre de victimes de ce conflit. Il a probablement fait plusieurs millions de morts, estime Justine Brabant, qui conteste toutefois le chiffre de sept ou huit millions avancé par certains journalistes pour réveiller l’opinion publique. “C’est une extrapolation d’extrapolation. Cette querelle de chiffres c’est le résultat d’un système médiatique et politique où pour pouvoir mobiliser les gens, il faut être capable de chiffrer la souffrance”, regrette-t-elle. Cette guerre du Congo reste probablement la plus meurtrière depuis la Seconde Guerre mondiale et l’un des conflits le plus terribles de notre époque. Cela devrait suffire à tout faire pour y mettre fin.

Adrien de Calan

Pour aller plus loinQu’on nous laisse combattre et la guerre finira”, avec les combattants du Kivu, Justine Brabant, Ed. La Découverte.

RD Congo : une nouvelle dynamique dans la résolution du conflit

Résolution conflit RDCDepuis la signature de l’Accord-Cadre sur la Paix, la Sécurité et la Coopération à la fin du mois de février, la situation dans l’Est de la République Démocratique du Congo a connu plusieurs évolutions, qui semblent confirmer un changement d’approche pour la construction de la paix dans la région. Constatant l’impuissance du gouvernement congolais à impulser un règlement bilatéral du conflit en négociant avec les rebelles du M23, les 11 chefs d’Etats d’Afrique centrale réunis à Addis-Abeba sous l’égide de l’ONU avaient pris en main le dossier congolais avec une nouvelle formule (onze Etats parties et l’Union Africaine, la CIRGL, la SADC et l’ONU comme facilitateurs). Au cours des dernières semaines, deux évènements sont venus confirmer cette dynamique d’internationalisation.

La Brigade d’Intervention Spéciale de l’ONU

Tout d’abord, le 29 mars 2013, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la Résolution 2098, qui prévoit le déploiement d’une Brigade d’Intervention Spéciale dans l’est de la RDC. Depuis son déploiement en 2000, la mission de maintien de la paix onusienne (MONUC, puis MONUSCO), malgré des troupes conséquentes (17 000 soldats déployés) et un budget colossal (plus de 10 milliards d’euros dépensés en 13 ans), avait vu ses capacités d’action limitées par des règles d’engagement contraignantes. Bien qu’elle ait au cœur de son mandat la protection des civils, la MONUSCO n’avait le droit d’ouvrir le feu que si elle était directement attaquée par des groupes armés. De ce fait, les casques bleus avaient dû assister impuissants à la prise de Goma par le M23 en novembre dernier et aux multiples exactions qui avaient suivi. Cette passivité contrainte – puisque les troupes onusiennes n’avaient pas fait l’objet d’attaques – avait considérablement entaché l’image de l’ONU dans la région. Les casques bleus, accusés de « tourisme militaire », semblaient avoir perdu une partie de leur légitimité auprès des populations locales.

La mise sur pied d’une Brigade vient donc à point nommé : composée de trois bataillons d’infanterie (3 000 hommes au total), elle va répondre à des règles d’engagement beaucoup plus robustes, qui lui permettent de mener des opérations offensives contre les groupes armés dans les Kivus afin de les désarmer. Cette brigade devrait être composée de forces armées africaines en provenance d’Afrique du Sud, de Tanzanie et du Malawi, ce qui témoigne d’un engagement continental accru dans la résolution du conflit.

Toutefois, une opération militaire, aussi robuste et efficace qu’elle soit, ne pourra se substituer à un véritable processus politique, lui seul à même d’apaiser les antagonismes et de prendre à bras-le-corps les problèmes structurels des Kivus. La communauté internationale semble également avoir pris conscience de cette nécessité, et c’est dans cette optique qu’a été nommée mi-mars une Envoyée Spéciale de l’ONU pour la région des Grands Lacs, en la personne de Mary Robinson. Celle-ci aura pour mission de piloter l’implémentation de l’Accord-Cadre signé à Addis-Abeba.

Quelles perspectives pour une intervention militaire ?

La Brigade d’Intervention autorisée par la Résolution 2098 marque-t-elle la (re)naissance de la MONUSCO ? Déjà, des voix s’élèvent pour mettre en garde contre un excès d’optimisme. Le déploiement de cette Brigade pourrait connaître des remous : son principal contributeur, l’Afrique du Sud, fait face actuellement à un scandale national après que treize de ses soldats aient trouvé la mort en Centrafrique dans une opération de « sauvetage » très contestée de François Bozizé. Sa participation à de nouvelles opérations loin de ses frontières fait désormais débat. Par ailleurs, beaucoup redoutent que cette force armée ne vienne seulement jeter de l’huile sur le feu et ajouter une nouvelle source de violence dans une région déjà si militarisée.

Malgré ces réserves, la Brigade d’intervention, si elle est effectivement mise en place, aura sans doute des répercussions intéressantes sur l’évolution du conflit congolais. Jusqu’ici, la balance des forces dans l’Est du Congo entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23 était déséquilibrée à l’avantage de ces derniers : du fait de l’état pitoyable des forces armées congolaises (FARDC), les rebelles étaient fréquemment dominateurs sur le plan militaire, ce qui leur permettait d’aborder les processus de négociation en position de force. Avec une MONUSCO plus robuste, cette asymétrie est diminuée, voire renversée : le M23 sera maintenant pris pour cible par une force armée mieux équipée, et probablement plus nombreuse que lui.

Cela est d’autant plus vrai que le M23 a connu au mois de mars une grave crise interne : deux factions, rattachés aux deux hommes forts du mouvement Sultani Makenga et Bosco Ntaganda, se sont violemment affrontées. Les combats ont tourné à l’avantage de Makenga, qui a mis les troupes de Ntaganda en déroute. Celui-ci a décidé, à la surprise de tous les observateurs, de déposer les armes et de se rendre à l’ambassade américaine du Rwanda ; il a depuis été transféré à la Cour pénale internationale, qui avait émis un mandat d’arrêt contre lui depuis de nombreuses années. Certains des combattants pro-Ntaganda ont depuis réintégré le M23 ; mais celui-ci a sans nul doute souffert de ces luttes intestines, et apparaît moins puissant qu’il ne l’était il y a quelques mois.

Deux initiatives concurrentes

Dans ce contexte, il sera intéressant de suivre l’évolution du processus de paix de Kampala, engagé entre le gouvernement congolais et le M23 en décembre, avant que le dossier ne soit pris en main par la communauté internationale. Kampala reproduit la recette des précédentes négociations entre le gouvernement et l’ancien groupe rebelle du CNDP, et qui avait seulement servi à renforcer les capacités militaires et les réseaux politico-économiques de ce dernier. Comme son prédécesseur, le M23 avait engagé ce processus à la suite de sa prise de Goma en novembre, à un moment où il était clairement en position de force vis-à-vis de Kinshasa. Ainsi, si le nouveau déploiement de la MONUSCO produit une asymétrie en faveur du gouvernement, les négociations de Kampala reposent sur une asymétrie inverse, à l’avantage des rebelles.

Le  timing des deux initiatives sera donc crucial pour déterminer laquelle de ces deux dynamiques l’emportera en définitive. Le M23 ne s’y est d’ailleurs pas trompé, et a présenté cette semaine à Kampala un projet d’accord de paix pour essayer de prendre de vitesse le processus international qui, on l’a vu, lui est beaucoup plus défavorable. Création de brigades intégrées entre les forces congolaises et le M23, amnistie pour tous les actes commis depuis 2009, reconnaissance de tous les grades militaires du M23… On retrouve ici les grands principes tant de fois privilégiés ces dernières années. Reste à savoir si le gouvernement congolais, désormais dans une position plus avantageuse, choisira de jouer la carte de Kampala.

Les efforts de résolution de conflit au Congo, après plusieurs années d’enlisement, semblent être désormais à un tournant, et les prochains mois seront donc riches d’enseignement. Quoiqu’il en soit, ce premier pas ne doit pas cacher d’autres problèmes pressants : d’une part, la réforme de l’Etat congolais (et notamment de son armée) est indispensable pour rétablir une présence légitime dans les Kivus ; d’autre part, les acteurs nationaux et internationaux ne doivent pas  porter leur attention exclusivement sur le M23 : de nombreux autres groupes armés, ancrés localement, prennent aussi part dans la continuation de la violence dans l’est de la RDC. La démilitarisation ne pourra s’effectuer sans s’attaquer aux causes de cette violence à la plus basse échelle, à travers des processus de paix localisés.

 Vincent Rouget

Que se passe-t-il au Kivu ?

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S'il est un facteur qui rend fort compliquée la réalisation de la paix au Nord- et au Sud-Kivu, deux régions à l'est de la RDC, c'est bien le facteur économique. Prisonnier de son sous-sol, de ses ressources forestières, de ses terres fertiles, le Kivu est l'exemple-type de l'affrontement armé où le pillage, d'abord simple moyen de financement de la lutte, a pu devenir dans certaines occasions une véritable fin en soi, Le facteur interessant est que vous pouvez egalement jouer a ces jeux sur vos telephones cellulaires. le moyen pour quelques chefs militaires et politiques de s'enrichir à titre personnel. [1] Dans le même temps, le Kivu est aujourd'hui archétypique de ces conflits qui, sous leurs apparences internes voire régionales, s'inscrivent en casino online réalité dans un champ global, où une multitude d'acteurs internationaux viennent trouver leur compte. Dérégulée, l'exploitation des ressources minières du Nord- et Sud-Kivu satisfait à la fois groupes armés locaux Avec un service francophone aux petits soins des joueurs 24/7, casino Topaze a reussi le pari de proposer des jeux de qualite dans une plateforme securisee avec des operateurs professionnels. et marchés transnationaux ; une économie de guerre si lucrative et imbriquée dans un réseau si vaste qu'il devient difficile aujourd'hui de voir comment y mettre un terme.

La grande ruée vers l'Est du Congo…

Cruel paradoxe que ces dix-sept millions d'Est-Congolais qui sont pauvres de leurs richesses. Leurs terres arables, fertilisées par des millénaires d'activité volcanique, et leurs ressources forestières, sont déjà contestées depuis l'explosion démographique du début des années 1990 et l'arrivée en masse de réfugiés et divers groupes armés des pays limitrophes. Cette pression démographique a très vite fait de pousser la question du partage de la terre au centre des tensions interethniques et intercommunautaires.

Mais, en termes économiques, ce sont peut-être plus encore les ressources minières qui ont radicalisé les affrontements entre factions locales (milices maï-maï), étrangères et l'armée nationale. C'est que le sous-sol du Kivu est riche, très riche : de l'or, des diamants, mais surtout de l'étain, dont la RDC est aujourd'hui le cinquième exportateur mondial, et Miljoner fran Hall of GodsHall of Gods platser aven den pa prispallen bland natets spelautomater online med hogst jackpottar. dont la valeur a considérablement crû depuis le début des années 2000, après l'effondrement des marchés en 1985. Le secteur minier représente aujourd'hui près de 80% des exportations du pays, et 28% du PIB : autant dire, dans ces proportions, que l'activité est aussi sensible que réactive aux évolutions des marchés mondiaux.

Ainsi, depuis la fin des années 1990 et l'explosion de la demande mondiale en tantale, indispensable dans la production de produits de haute technologie (téléphones portables), le secteur s'est largement reconverti.[2] Possédant entre 30 et 80% des réserves mondiales de coltan (colmbo-tantalite, minerai composite duquel est extrait le tantale), le sous-sol du Kivu, encore sous-exploité par rapport à son concurrent australien, possède un potentiel financier considérable pour qui saura mettre la main dessus. A cette fonction, les candidats ne manquent pas : de l'armée nationale (malgré le Code Minier congolais qui interdit son implication dans toute opération commerciale minière) aux milices maï-maï, en passant par les factions informellement liées aux Etats voisins (ceux-là mêmes qui, comme l'Ouganda, se proposent comme médiateurs lors des négociations de paix), tous se bousculent pour s'approprier ou devenir les "protecteurs" exclusifs des zones d'extraction. Peuvent en résulter des affrontements particulièrement meurtriers, durant lesquels les populations civiles sont les premières et les plus importantes victimes ; peuvent en résulter, et c'est aussi rare que surprenant, des prises en charges conjointes par des factions antagonistes – ce fut notamment le cas du parc national de Kahuzi Bieza, un temps "protégé" à la fois par la FARDC et le FDLR.[3]

Contrôlé par des réseaux d'exploitation organisés…

L'extraction des ressources minières au Kivu est artisanale ; c'est-à-dire que, faute d'investissements, les ouvriers "creuseurs" disposent généralement plus de pioches et de pelles que de machinerie sophistiquée ; l'on creuse plus souvent à ciel ouvert que dans des galeries bien solides ; et le transport des marchandises se fait soit à dos d'homme, soit au moyen de camions dont la circulation est rendue difficile par la quasi-absence de voies praticables. Pour autant, et aussi surprenant que cela puisse paraître dans un tel contexte de guerre civile et de désordre généralisé, l'exploitation des ressources minières est une entreprise particulièrement organisée, constituée de circuits qui, depuis l'extraction des minerais jusqu'à leur vente sur les marchés, sont aussi opaques que structurés. Existe ainsi aujourd'hui une multitude de réseaux de grande échelle, employant plusieurs centaines de milliers de personnes (entre 200 et 350 000 ouvriers travailleraient dans ces mines), et qui font que jusqu'à 90% des exportations minières actuelles de la RDC sont de nature informelle.

Un pillage de masse, dont l'ampleur véritable nous échappe probablement encore, mais dont les factions armées tirent probablement un bénéfice faramineux. Qu'elles possèdent la mine ou en assurent simplement la "protection" (se mettant au service de la famille propriétaire de la zone, les soldats surveillent et punissent les ouvriers et gardent les mines de toute intrusion étrangère), ces factions et leurs chefs militaires se prélèvent, tout au long de la chaîne de production, des rentes qui leur permettent aussi bien de financer leur lutte que de s'enrichir personnellement. Rien qu'avec le commerce d'or, le FDLR engrangerait ainsi plusieurs millions de dollars chaque année. Chaque étape de ces circuits d'exploitation est ainsi l'occasion, pour un acteur ou un autre, de prendre sa part : transporteurs, douaniers, négociants ; comme souvent, les travailleurs eux-mêmes sont peut-être les seuls à ne pas bénéficier lourdement des richesses de leur sol.

Adossés à de grandes compagnies international…

En aval, de grandes compagnies occidentales, asiatiques voire africaines se chargent de donner leur dimension transnationale à ces réseaux d'exploitation minière et d'asservissement de la population. Rarement présentes sur place (on note toutefois l'implantation en 2011 de la Banro, compagnie canadienne spécialisée dans l'extraction d'or, dans la "ceinture dorée" du Twangiza-Namoya, une bande de 210 kilomètres de long dans le Sud-Kivu), certaines de ces compagnies entrent directement en contact avec les factions armées locales, leur offrant un appui financier en échange de garanties commerciales – c'est en tout cas ce dont on accuse, notamment, l'Anvil Mining Ltd, une compagnie australo-canadienne. Plus généralement, elles envoient leurs courtiers négocier étain et tantale à Goma, Uvira, Béni, Bukavu, les grandes plateformes commerciales est-congolaises, où viennent ainsi s'articuler activités informelles et économie mondialisée.

Parmi ces compagnies, selon le rapport de décembre 2009 de l'UN Expert Group on Eastern Congo, la Maysia Smelting Corporation, la Thailand Smelting and Refining Company (elle-même possédée par la Amalgamated Metals Corporation, sise au Royaume-Uni), et encore d'autres compagnies rwandaises, sud-africaines, mauriciennes, canadiennes, chinoises, américaines, européennes. En surimpression, des réseaux de trafics plus opaques encore, s'étendant jusqu'en Ouganda et au Burundi, permettent notamment à quelques-uns, comme les Emirats Arabes Unis, de faire l'acquisition de grandes quantités d'or à moindres coûts. C'est ainsi que marchés mondiaux jouissent d'une production peu chère, notamment à travers l'exploitation d'une main-d'œuvre aussi abondante que misérable, et grâce à un contexte où l'absence de régulation étatique permet de pratiquer le pillage en toute opacité et impunité. Ces grandes compagnies laissent les factions locales faire le travail, en achètent discrètement le produit ; en échange, elles donnent à ces factions les moyens nécessaires pour que cette absence de régulation se perpétue – avec elle, la guerre, l'asservissement des populations, leur appauvrissement, les massacres, les viols et violences de masse.

Passer à une économie "de paix" ?

Ainsi, il est peut-être ténu, il n'est peut-être pas essentiel, mais il existe néanmoins un lien entre la guerre au Kivu et les marchés mondiaux. Ce lien, c'est une économie de guerre élaborée et lucrative, qui permet à quelques-uns de s'enrichir (et ces quelques-uns là détiennent souvent la force militaire), mais aussi, il faut le rappeler, à beaucoup d'autres de survivre. Dans une société qui a été ruinée par vingt années de guerre, où la production agricole s'est effondrée, où l'industrie n'a jamais décollé, le travail à la mine, même s'il s'effectue dans des conditions déplorables et dangereuses, reste pour beaucoup de familles le seul moyen de subsistance qui leur est offert. Le salaire d'un mineur, de 2 dollars par jour, est même plus élevé que celui, par exemple, d'un instituteur. De fait, aujourd'hui, au moins 16% de la population des Kivus dépend directement de l'exploitation de ces ressources minières ; indirectement, c'est peut-être la population dans son ensemble qui lui est rattachée.

La diversité de ces acteurs et de leurs intérêts vis-à-vis du sous-sol Est-Congolais complexifie significativement l'achèvement de la paix au Kivu. Aucun accord de paix durable n'aboutira tant qu'on ne reconnaîtra pas que ce conflit peut être, pour de nombreux entrepreneurs de guerre, une façon efficace de s'enrichir considérablement ; que par conséquent ces entrepreneurs peuvent ne voir aucun intérêt à la cessation des hostilités ; que les marchés mondiaux ont aussi une responsabilité à assumer dans la perpétuation du conflit et l'appauvrissement et l'asservissement des populations locales. Mais c'est là que se situe le nœud du problème : si mettre un terme au conflit passera par le démantèlement de cette économie de guerre, autrement dit, en amont, par le désintéressement des factions armées dans l'extractions des ressources minières et, en aval, par le retrait des grandes firmes internationales, ce démantèlement risquera très fortement de plonger les populations qui dépendent elles aussi de cette économie de guerre dans une détresse plus profonde encore. La loi Dodd-Frank 1502 de 2010 (dite 'loi Obama' au Congo) a créé un embargo de facto sur les importations de minerais Est-Congolais ; ce faisant, elle considérablement amoindri la portée de ces réseaux d'exploitation informels… en mettant du même coup plusieurs dizaines de milliers de mineurs au chômage. Reconnaître la complexité de cette situation socio-économique au sein des accords, négociations de paix et décisions économiques extérieures, travailler de concert avec l'Etat congolais (pour l'heure inexistant dans la région) et les populations locales, en vue de la protection de ces dernières, seront des premiers pas nécessaires vers une réelle stabilisation de la région et sa reconstruction.

 

Félix Duterte


[1] Il est sage ici de ne pas affirmer catégoriquement que les ressources de la région sont la cause principale de son instabilité chronique depuis près de vingt ans ; tout autant, sinon plus, des facteurs ethniques, démographiques, politiques, entrent dans l'explication de ces affrontements parmi les plus meurtriers que l'Afrique sub-saharienne ait jamais connue.

[2] La bulle spéculative de l'an 2000 a néanmoins fait s'effondrer les cours du tantale et de fait quelque peu freiné sa production en RDC.

[3] FARDC : Forces Armées de la RDC. FDLR : Forces Démocratiques de Libération du Rwanda.

Les freins à la réforme de l’Etat en RDC (Fin)

Un calendrier de reformes pour la RDC

Le lien patriarcal conserve un sens très important dans l’arène politique congolaise. Les alliances politiques se font au gré presque exclusif des appartenances ethniques et familiales. Joseph Kabila n’hésita pas à se lier à Nsanga Mobutu, fils de l’ancien Président. De même, Antoine Gizenga, qui a réuni autour de lui des fidèles de Patrice Lumumba, se fit remplacer par son propre neveu, Adolphe Muzito, qui ne fit pas mieux que lui au poste de Premier ministre. Obtenir la délivrance d’une pièce d’état civil, d’un permis de conduire, ou d’autres documents administratifs, est beaucoup plus facile lorsqu’on a un « bon » patronyme. Les liens familiaux, au sens large, régissent la vie politique et administrative, et sapent la réforme.

La corruption qui passe par les dirigeants des firmes multinationales accentue le retard. L’effondrement en 1990 d’installations minières de Kamoto (Katanga), important pan de la Générale des Carrières et des Mines (Gécamines), qui assure en grande partie les fonds du Trésor de la RDC, témoigne de la négligence qui gangrène le secteur minier. Y passent argent, cuivre, or, cobalt, diamant, et des centaines de milliards de dollars. Le régime Kabila, d’une manière ou d’une autre, a réussi la malicieuse prouesse de la restauration des privilèges consentis aux cartels transnationaux qui gravitent autour des richesses minières sous Mobutu.

La Barrick Gold Corporation, L’Anglo-American Corporation, l’American Diamond Buyers, De Beers, etc. n’ont rien perdu de leur superbe en ce qui concerne l’opacité de leurs opérations financières, et continuent de sucrer éperdument les politiciens et fonctionnaires véreux pour acheter leur silence. En filigrane, apparaît un véritable nouvel ordre politique et économique voulu et entretenu par les dirigeants de ces multinationales, qui n’est pas sans rappeler une certaine Conférence tenue à Berlin, en 1885. La RDC, grande comme l’Union Européenne, frontalière de neuf Etats, est toute désignée pour de telles pratiques.

Assainir le secteur minier

Une redéfinition des termes d’exploitation qui prenne mieux en compte les besoins sociaux, notamment en termes d’emplois autochtones et de considérations environnementales, s’impose, en effet, en République Démocratique du Congo. Elle doit être protégée au plan politique et administratif. Il faudrait tout d’abord exiger une prise en compte systématique des méthodes de gestion qui permettent une transparence absolue dans les documents comptables de chaque entreprise pour parvenir à un assainissement de la vie privée. Il serait ensuite très opportun d’inclure des objectifs sociaux dans les conditions d’octroi d’agrément ou d’autorisation aux firmes multinationales, pour arriver à une exploitation optimale des ressources naturelles.

L’inclusion d’une forte dose de mesures revêtant un caractère de responsabilité sociale à l’octroi de licences d’exploitation accompagnera ces entreprises dans leur recherche d’assentiment de la part des populations autochtones. Ces mesures pourraient prendre la forme d’une augmentation du nombre d’emplois de type cadre, qui soient en tout cas importants et/ou bien rémunérés, aux populations locales.

Mieux, une priorité devrait être donnée aux Congolais disposant des qualifications requises pour accroître sensiblement les effectifs nationaux dans les grandes entreprises opérant dans le pays. Cette préférence nationale devra être étroitement surveillée, et intégrée au besoin dans les textes, afin de donner aux administrations compétentes la possibilité de la faire respecter.
Beaucoup plus de mesures participatives de la part des entreprises pourraient également se décliner sous forme d’actions régulières en faveur des associations ou groupements de certaines catégories sociales (jeunes, femmes, personnes âgées) pour les accompagner dans leurs activités citoyennes. Par ailleurs, il est plus que jamais utile d’augmenter la dose écologique dans les activités d’exploitation des ressources naturelles, qui fasse en sorte que l’activité industrielle ne se nuise pas à elle-même et profite également aux générations futures.

Mieux identifier les priorités des populations

Dans le même esprit, il serait utile de mieux prendre en compte les besoins des destinataires ultimes des réformes institutionnelles et administratives. Il s’agira pour les responsables politiques et les fonctionnaires d’inclure dans leurs prévisions et actions ultérieures le besoin criant de bien-être social qui s’est installé en République Démocratique du Congo. Au lieu de lamentablement suivre les orientations des bailleurs de fonds internationaux, notamment FMI et Banque Mondiale, les responsables politiques congolais, puisqu’ils disposent de la légitimé du suffrage universel, devraient plutôt s’enquérir au préalable des réelles priorités de leur peuple. Celles-ci ne sont pas inscrites dans des théories classiques internationalement admises, elles se trouvent à peu près dans chaque localité du pays.

Dans cette optique, les compétences des fonctionnaires formés à l’exécution de chaque tâche déterminée doivent dorénavant être mobilisées pour identifier les urgences sociales qui sévissent dans chaque partie de la RDC. Une certaine harmonie devrait se mettre en place dans les différentes actions entreprises par les administrations territoriales, les organismes publics destinés à l’accompagnement des initiatives locales, et les organes politiques locaux, pour atteindre une rationalisation des initiatives publiques en faveur du développement local.

Ce dernier pourrait utilement s’inspirer ou se faire aider par les mécanismes déjà mis en place au niveau national pour attirer les investissements privés internationaux et les financements des institutions publiques internationales. En d’autres termes, la coopération décentralisée, si elle est pensée en des termes plus soucieux des priorités du peuple congolais, pourra contribuer de manière décisive à l’essor économique de la RDC. Le programme de décentralisation, inscrit dans la Constitution et qui donna lieu à des heurts violents en 2009, pourra ainsi mettre à profit l’expertise internationale en la matière pour éviter toute sclérose. 

 

 

Mouhamadou Moustapha Mbengue

Rwanda – RDC: les dessous d’une guerre larvée

La récente admission du Rwanda au Conseil de Sécurité de l’ONU en tant que membre non permanent a ravivé les tensions entre Kigali et Kinshasa. En effet, la République Démocratique du Congo a activé, en vain, tous ses leviers diplomatiques pour que son encombrant voisin ne puisse bénéficier de pareille reconnaissance sur le plan international. Cet échec de la RDC confirme une fois de plus le grand bon diplomatique réussi par le Rwanda depuis près de deux dernières décennies. A coté d’une situation économique de plus en plus fleurissante, Kagamé est en passe de faire de Kigali une capitale diplomatique qui compte en Afrique.

Retour sur un conflit qui dure depuis près de deux décennies et dont les effets continuent à être dévastateurs pour cette zone géographique au potentiel énorme.Massacres, viols, mutilations, non accès à l'assistance humanitaire, destruction d’écoles et d’hôpitaux, enlèvements d’enfants incorporés de force aux groupes armés… Les conséquences dramatiques du différend entre frères ennemis rwandais et congolais sur la population civile sont légion. Ce conflit dont l’origine est au croisement de considérations ethniques, de raisons économiques et de calculs géostratégiques impliquant d’autres pays, voisins ou non, fait de l’immense terrain de chasse qu’est devenue la RDC, une zone d’instabilité chronique.

Tout part du génocide rwandais de 1994 qui a vu le massacre organisé de la population d’ethnie tutsie par des membres de l’ethnie hutue. Après l’arrêt du génocide et la prise du pouvoir par les Tutsis sous la houlette de Paul Kagamé, des centaines de milliers d’Hutus fuyant les représailles des nouveaux hommes forts de Kigali se sont réfugiés dans l’Est de ce qui était à l’époque le Zaïre avec la bienveillance de Mobutu.

A Kigali on est très vite convaincu que les camps de réfugiés nés de cette situation sont sous la coupe des milices hutues Interahamwe et de membres hutus de l’ancienne armée rwandaise, donc de génocidaires. Sous prétexte qu’ils préparent une invasion, la nouvelle armée rwandaise convoque la nécessité de défendre son intégrité territoriale pour occuper cette partie orientale du Zaïre. Mais derrière cette raison militaire se cache une autre beaucoup moins avouable, corroborée notamment par un rapport de l’ONU à l’époque : le dessein de Kigali est aussi, à terme, de faire main basse sur une partie des richesses du Zaïre. Comme pour donner du grain à moudre aux tenants de cette thèse, le Rwanda, qui rejette pourtant les accusations de l’ONU, arme d’abord les rebelles tutsis zaïrois Banyamulenge puis, avec l’Ouganda, l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila.

Ce dernier, avec l’aide de ces deux pays, parvient à évincer Mobutu du pouvoir en 1997. Il rebaptise le pays République Démocratique du Congo (RDC). Un an plus tard, en 1998, il décide de tourner le dos à ses alliés après en avoir trouvé d’autres jugés moins encombrants. Ainsi se sépare t-il de son chef de cabinet rwandais James Kabarebe, celui là même dont le général tutsi congolais Laurent Nkunda, entré en rébellion, dira quelques années plus tard, alors qu’on lui reprochait son allégeance à Kigali, qu’il a été le mentor de Joseph Kabila – héritier de son père à la tête de la RDC. Par conséquent, à en croire ces allégations, Kabila fils était lui aussi quelque part membre de l’armée rwandaise car formé dans le maquis par Kabarebe. Un raccourci hâtif certes mais qui en dit long sur l’influence que le Rwanda cherche à cultiver chez les dirigeants congolais.
Influence dont Laurent Désiré Kabila tenta toujours de se départir. Ses deux alliés traditionnels jugèrent alors opportun de le renverser mais c’était sans compter avec l’intervention de ses nouveaux alliés (Angola, Zimbabwe, Namibie, Libye, Tchad, Soudan) qui ont vu tout l’intérêt, d’ordre militaire parfois (démantèlement des bases de l’UNITA au sud de la RDC pour l’Angola) mais surtout économique qu’ils pouvaient chacun tirer de la situation compte tenu des trésors que renferme le sous-sol congolais. Cette démarche de Kabila père produira ce qu’on a appelé la deuxième guerre du Congo ou la première guerre continentale africaine. Elle dura quatre années (1998-2002).

Les accords de paix de Lusaka d’abord en 1999, puis Pretoria et Luanda en 2002, sont venus stabiliser relativement la région avec notamment le départ des 20 000 soldats rwandais présents dans l’Est de la RDC. Cependant, en dépit de tous ces accords, de ceux qui ont suivi (Nairobi 2006), de la présence de casques bleus et de l’organisation d’élections nationales qui ont conforté Joseph Kabila, de nombreux groupes armés souvent sponsorisés par des gouvernements étrangers continuent à opérer sur le territoire congolais. Cette instabilité chronique anéantit toute possibilité de développement du pays et de normalisation des relations entre Kinshasa et Kigali.

Une bonne partie de la population civile congolaise ne voit ainsi toujours pas la fin de cette guerre qui, de par sa durée, la multiplication de ses acteurs, le caractère à la fin illisible des revendications, des alliances et des parties prenantes, résiste à toute forme de bilan chiffré. En effet, nul ne sait exactement le nombre de victimes directes et indirectes engendrées par le chaos qui prévaut depuis des décennies dans le Kivu

Le Rwanda que plusieurs rapports de l’ONU, dont il vient d’accéder au Conseil de Sécurité, ont pointé du doigt ces dernières années quant à sa responsabilité conjointe avec l’Ouganda dans le pillage des ressources congolaises, continue de clamer sa légitimité sur toute une partie orientale de la RDC sous prétexte que cette zone, riche en ressources minières, serait « historiquement rwandaise ». Autant le dire sans nuance : tant que ce point de vue sera défendu par Kigali, la guerre larvée entre ces deux pays ne connaitra pas son épilogue.

Racine Demba