Gamal Abdel Nasser et le mouvement des Officiers Libres

A l’aube d’une révolution : un parallèle entre 1952 et 2011

A l’heure à laquelle un vent de contestation sans précédent souffle sur l’Afrique du Nord, suscitant partout dans le monde une réaction de stupeur, d’espoir, mais aussi de crainte pour l’avenir, il convient plus que jamais de se remémorer de l’adage « lorsque tu ne sais pas ou tu vas, n’oublie pas d’où tu viens ». En Egypte, la révolte qui secoue aujourd’hui le pays est paradoxale. Elle se pose en rupture du régime militaire en vigueur depuis presque 60 ans en Egypte, tout en se réclamant des idéaux de la Révolution de 1952, qui avait renversé la monarchie et fait entrer le pays dans une nouvelle ère. Le contexte est d’ailleurs étrangement similaire à celui qui prévalait alors. Un souverain impopulaire, se laissait alors dicter sa politique par des Etrangers, et en profitait pour s’enrichir au passage avec les membres de sa cour, tout en menant un train de vie insoutenable dans une société inégalitaire, corrompue, et qui semble inconsciente des dangers qui pèsent sur son avenir. De violentes émeutes avaient secoué le pays en janvier. Comme en 1952, l’Egypte semble aujourd’hui être une étape en retard sur les dynamiques qui ont secoué le monde, perpétuant un régime issu d’un autre âge tout en générant les mêmes aspirations que dans d’autres parties du monde. Elle s’est laissée enfermer dans une sorte de coma politique, bouchant toutes les soupapes de sécurité qui auraient permis d’éviter l’explosion sociale actuelle.

Il serait intéressant d’imaginer ce qu’aurait été la réaction de Gamal Abdel Nasser, père de l’Egypte contemporaine, face aux événements qui secouent aujourd’hui son  pays. Adulé comme une icône de son vivant, Nasser n’est pas seulement le fondateur de la République Egyptienne, qui a renversé la monarchie, libéré le pays de la domination étrangère et redonné sa dignité à tout un peuple. Il est aussi une figure de référence pour tous les mouvements révolutionnaires des continents africain et asiatique,  un leader du mouvement des non alignés, ainsi qu’un personnage de premier plan dans les relations internationales au XXème siècle.

L’irrésistible ascension « d’un fils du peuple »

Gamal Abdel Nasser est né à Alexandrie en 1918, où son père est fonctionnaire des postes. Il est scolarisé au Caire, ville en pleine ébullition politique. En effet, l’indépendance accordée à l’Egypte en 1922, apparait de plus en plus comme purement formelle. La fragile monarchie qui a été établie après des siècles de domination ottomane et un protectorat de 40 ans, reste la victime de l’ingérence constante des Britanniques. Nasser s’engage très tôt en tant que militant nationaliste et est même blessé au cours d’une manifestation à l’âge de 16 ans. Il consacre une grande partie de son temps à la lecture, sa pensée étant influencée autant par la culture arabo-islamique que par des références européennes. Il admire en particulier les grands stratèges politico-militaires, comme Alexandre le Grand, Napoléon ou Garibaldi, et se renseigne sur les grandes personnalités de son époque comme Churchill, Hitler ou Gandhi.

Refoulé à l’académie de police et à l’académie militaire en raison de ses origines modestes, Nasser sera l’un des premiers à bénéficier d’une réforme politique qui va changer sa vie. Un nouveau gouvernement issu du parti nationaliste Wafd décide d’autoriser l’accès à la carrière d’officier aux fils de la classe moyenne, jusque la réservée à de grandes familles qui dominaient également l’administration et les professions libérales. Nasser renouvelle sa candidature à l’Académie Royale Militaire, et y est finalement admis en mars 1937. Il en sortira avec le grade de sous lieutenant, et est affectée dans le sud du pays, prés d’Assiout.

C’est  à cette période qu’il rencontre ceux qui seront ses compagnons de route, notamment Anouar el-Sadate, officier issu comme lui d’un milieu modeste. Lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate, l’Afrique du Nord devient l’un de ses principaux fronts. Arguant de la menace d’une avancée de l’Axe, l’Armée britannique se redéploie en Egypte et n’hésite pas à s’ingérer ouvertement dans les affaires du pays. Un incident en particulier choque Nasser, tout comme l’opinion publique Egyptienne : en 1942, l’Ambassadeur britannique au Caire marche sur le palais royal à la tête d’un bataillon et « ordonne » au Roi Farouk de destituer son Premier Ministre (en l’accusant de sympathies pronazies), pour exiger son remplacement par un homme davantage pro-anglais.

Alors que son ami Sadate œuvre au coté de l’Axe et fini par être emprisonné par les Anglais, Nasser attendra une autre guerre pour s’engager. Le premier conflit israélo-arabe éclate en 1948, et l’intervention de l’Armée égyptienne en Palestine connait de grandes difficultés. Le 6éme bataillon d’infanterie, dans lequel est mobilisé le jeune officier, se retrouve encerclé par les Israéliens dans la zone de Falluja, à une trentaine de kilomètres de Gaza.  Blessé, il résistera  courageusement avec quelques 4000 hommes pendant plusieurs mois, et n’évacuera la zone qu’a la fin du conflit, une fois l’armistice signé. Mais si cette action lui donne un statut de héros, elle ne suffit pas à éviter la déroute de l’armée Egyptienne, mal équipée, mal préparée et mal coordonnée.  L’armistice est perçu comme une humiliation, d’autant plus insupportable que le Roi et son entourage  auraient profité du conflit pour s’enrichir en trafiquant sur les provisions destinées à l’armée. A l’instar de la France en 1870, la Russie en 1917 ou de l’Allemagne en 1918, les échecs militaires catalysent le changement politique en discréditant complètement le régime en place et en mettant en avant la nécessité d’une réforme radicale.  C’est dans ce contexte que se constitue le mouvement des Officiers Libres, dont Nasser est le fondateur et principal animateur.

Les Officiers Libres et la Révolution du 23 juillet 1952

 

Le réseau des officiers libres, clandestin, regroupe quelques dizaines de jeunes officiers autour de Nasser, qui est le seul à en connaitre tous les membres et leur place dans l’organisation. Cette dernière est pourtant rigoureusement structurée en cinq comités spécialisés qui regroupent des officiers issus de différentes milieux et de diverses tendances, tous désireux de restaurer le prestige de l’armée et d’enclencher une profonde dynamique de réforme politique, sociale et économique. Nasser réussit même à convaincre un haut-gradé respecté et populaire, le Général Neguib, qui apporte une légitimité et une expérience décisive à un mouvement dans lequel la moyenne d’âge ne dépasse pas 35 ans.

Alors que le réseau était resté très discret pendant plusieurs années, il décide de passer à l’action prématurément dans la nuit du 22 au 23 juillet 1952, estimant par ailleurs que le contexte est favorable à un changement politique. L’opération est lancée à dix heures du soir, aboutissant à l’arrestation du chef d’Etat major, au contrôle de l’essentiel de l’appareil militaire et des principaux points stratégiques de la capitale, en particulier de la radio. Le lendemain, la prise de pouvoir des officiers libres est saluée, aussi bien en Egypte qu’à l’étranger, même si leur identité reste très floue et leurs intentions largement méconnues. Néanmoins, le seul  fait d’avoir renversé le Roi Farouk, corrompu et impopulaire, apparait comme un succès en soi.

Dans la foulée, une réforme agraire est annoncée, suscitant d’immenses espoirs parmi la classe paysanne. Les Officiers Libres placent le général Neguib au poste de président et Nasser à celui de  ministre de l’intérieur. Néanmoins, on observe un certain flottement, car ils ne semblent pas savoir exactement quoi faire du pouvoir, ni de leur alliance encombrante avec les Frères Musulmans. Et que faire de l’ancien Roi ? Sa vie sera finalement épargnée, et il sera conduit en exil sur son yacht vers l’Europe.

Après deux ans de « transition » entre l’ancien régime et la nouvelle république, Nasser finit par écarter le président et mettre en place un système de parti unique. En novembre 1954, Gamal Abdel Nasser est le seul maitre de l’Etat et engage des réformes politiques qui marqueront en profondeur l’Egypte et  la scène internationale. La Révolution Nassérienne est en marche… (à suivre)

Nacim Kaid-Slimane

Comprendre l’échec du socialisme en Afrique (2nde partie)

Mengistu, leader du Dergue et de la révolution éthiopienne, en compagnie de Fidel Castro

De la difficulté pour un Etat faible de planifier son économie nationale

Les expériences socialistes en Afrique l’illustrent cruellement : en matière de planification économique, le passage de la théorie à la pratique se révèle particulièrement compliqué. S’il suffit parfois d’un simple décret pour nationaliser des secteurs productifs, toute la difficulté pour un État est de les rendre compétitifs et de les faire fructifier, d’enclencher une dynamique de rétroactions positives favorisant croissance, emploi, hausse du pouvoir d’achat et bien-être de la population. Les jeunes et faibles États indépendants n’étaient pas en mesure de relever le défi des programmes socialistes qu’ils s’étaient fixés. C’est le constat que dresse Albert Gandonou  à propos du Bénin : « Faute de compétence, de professionnalisme et de gestion rigoureuse, l’économie a sombré dans le chaos et la banqueroute. A la fin des années 1980, les banques avaient fait faillite et les salaires n’étaient plus payés ». Constat que reprennent, à peu de chose près, les différents contributeurs de l’ouvrage.

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Comprendre l’échec du socialisme en Afrique (1ère partie)

Titre de l’ouvrage : Expériences socialistes en Afrique : 1960-1990

Editeur : Le Temps des Cerises

Résumé : Cet ouvrage collectif, dirigé par Francis Arzalier, étudie les stratégies politiques menées par les mouvements et leaders se réclamant du socialisme en Afrique. Le livre contextualise chacune de ces expériences, en analyse les ressorts intellectuels et sociologiques, les succès et les échecs.

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L’Afrique du Sud ou les immenses défis du développementalisme (2)

Comment juger du succès d’une politique économique ? Longtemps, la réponse a été simple : la forte croissance du PNB, à savoir l’augmentation du volume total de la production économique nationale. Si l’on s’en tient à ce seul critère, il nous faut nous rendre à l’évidence : la politique économique de l’Afrique du Sud, sur les dix dernières années, a été couronnée d’un relatif succès. En effet, depuis 1999, le taux de croissance moyen du PNB a été de 3%, avec un pic ces derniers temps (moyenne de 5% depuis 2006). Il faut aussi rappeler que l’Afrique du Sud était en récession économique (de 1988 à 1993) quand l’ANC a pris le pouvoir, ce qui porte la comparaison à son avantage. Succès relatif toutefois, parce que l’Afrique du Sud pouvait, structurellement, mieux faire. Comme toute économie émergente en phase de rattrapage économique, ce pays sort d’un état de sous-exploitation de ses ressources économiques (main d’œuvre, ressources naturelles, marché intérieur, opportunités d’investissements, etc.), ce qui lui permet normalement de connaître de forts taux de croissance, comparés aux économies développées matures. Or, des taux de croissance à 3% ou 5% sont dans la fourchette basse des résultats des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), groupe auquel l’Afrique du Sud aspire à faire partie.

Il n’en demeure pas moins que la plupart des analystes salue le « miracle économique sud-africain », sorte de locomotive d’une Afrique à la traîne. Deux hommes sont crédités du mérite de ce succès : l’ancien président Thabo Mbeki et son ministre des finances Trévor Manuel. Continue reading « L’Afrique du Sud ou les immenses défis du développementalisme (2) »

Qu’a fait l’Afrique de ses cinquante ans d’indépendance ?

Titre de l’ouvrage : L’Afrique, cinquante ans après les indépendances : bilan et perspectives

Editeur : Fondation Jean Jaurès

Résumé : Martin Ziguélé, ancien Premier ministre de la République Centrafricaine (avril 2001 – mars 2003) et actuel président du principal parti politique d’opposition de ce pays, le mouvement de libération du peuple centrafricain, tire le bilan de cinquante années de gouvernements africains indépendants et analyse la situation politico-économique actuelle du continent.

Il n’a échappé à personne que l’année 2010 est celle de la commémoration des cinquante ans d’indépendance de l’Afrique  subsaharienne. L’année aura été l’occasion pour nombre d’analystes de tirer le bilan de l’action des différents gouvernements africains sur le dernier demi-siècle. C’est dans cette veine que s’inscrit Martin Ziguélé, dont le présent ouvrage a pour angle d’analyse le résultat des politiques publiques menées par les gouvernements africains indépendants, et plus particulièrement des politiques économiques qui tentent de répondre au défi du développement. Pour ce faire, il distingue trois grandes périodes.

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Samir Amin et le « développement autocentré » (3ème et dernière partie)

En résumé, la théorie du développement autocentré de Samir Amin tient à ceci : l’espace économique mondial se structure en pôles (les pays développés) dont la suprématie s’appuie sur un modèle d’accumulation et de renouvellement du capital qui se fait au détriment de leurs périphéries (les pays sous-développés) à travers divers mécanismes dont le principal est celui de l’échange inégal. Tant que ces pays sous-développés orientent leur économie dans le sens de la structuration actuelle du système économique, c’est-à-dire par exemple en continuant de miser sur l’exportation de seules matières premières ou des composants industriels dont l’assemblage final et la plus-value resteront accaparés par le Nord, et bien ils se maintiendront dans leur position de périphérie. Les bénéfices économiques de ces périphéries ne profiteront qu’à leur bourgeoisie compradoriale, tandis que  l’écrasante masse de la population sera maintenue dans la pauvreté. Le problème est que l’élite des pays sous-développés appartient elle-même à ce système compradoriale, de naissance ou par cooptation (après de brillantes études supérieures à l’étranger par exemple), et qu’elle n’a pas forcément intérêt à court terme à changer le système. Problème plus important encore, quand bien même les dirigeants de ces pays seraient prêts à « décentrer » leur économie nationale, la pression de la finance internationale et des « partenaires » que sont les pays développés risquent de les en empêcher (cf, l’Afrique du Sud ou les immenses défis du développementalisme). Continue reading « Samir Amin et le « développement autocentré » (3ème et dernière partie) »

Samir Amin et le “développement autocentré” (2ème partie)

La théorie économique de Samir Amin s’inscrit dans une vision globale de l’histoire moderne. Selon lui, « développement et sous-développement constituent l’endroit et l’envers de la même médaille : l’expansion capitaliste ». S. Amin part du concept popularisé par Karl Marx d’accumulation primitive : l’accumulation de capital nécessaire à l’investissement des premiers temps du capitalisme ne serait pas le résultat d’une « épargne vertueuse » de capital comme tend à le proclamer les discours légitimant la position des « riches » ; cette accumulation primitive se serait plutôt faite sur le mode violent de la spoliation des faibles par les forts, au niveau national (le célèbre exemple des enclosures en Angleterre, voir Karl Polanyi, La grande transformation) et international.

Cette expansion historique du capitalisme se caractériserait par une longue maturation de ce cycle spoliation/accumulation/investissement/hausse de la productivité/bénéfices/supériorité accrue, s’inscrivant dans divers registres, dont le premier est le mercantilisme qui se développe au XVI° siècle et qui serait une systématisation du cycle précédemment décrit au profit des grandes puissances navigatrices européennes. Le mercantilisme esclavagiste, le colonialisme, l’impérialisme, n’en seraient que divers avatars. Continue reading « Samir Amin et le “développement autocentré” (2ème partie) »

Samir Amin et le “développement autocentré” (1ère partie)

Il faut  du temps à certaines grandes idées, à certains cadres de pensée majeurs pour s’imposer dans le champ intellectuel et politique, se faire réapproprier par d’autres et s’incarner dans des mouvements de revendication sociale ou des politiques publiques concrètes. Il en va ainsi de l’œuvre intellectuelle de l’un des plus brillants et prolifiques penseurs socialistes de la seconde moitié du XX° siècle, l’économiste franco-égyptien Samir Amin. Nous nous proposons dans une série de trois articles de faire découvrir le personnage Samir Amin et d’expliquer le contexte intellectuel dans lequel il se situe (I), de présenter et d’expliciter ses principales théories (II), et d’en tirer nos conclusions personnelles sur le programme d’action qui pourrait découler de ses idées (III).

Samir Amin est né au Caire en 1931, d’un père égyptien et d’une mère française. Après une scolarité passée dans le système éducatif français (lycée français du Caire), il poursuit ses études supérieures à Sciences Po  Paris, dont il sortira diplômé en 1952, et se spécialise ensuite en économie, obtenant son Doctorat es Sciences Economiques en 1957. Parallèlement à ses études supérieures, il milite activement au sein du Parti communiste français (bien qu’en désaccord progressif puis définitif avec le marxisme-léninisme) et participe à de nombreuses revues critiques réunissant de jeunes et talentueux étudiants issus de différents pays du Tiers-monde. Après avoir brièvement travaillé comme haut-fonctionnaire en Egypte de 1957 à 1960, il est obligé de s’exiler suite aux répressions que subissent les communistes égyptiens par le régime nassérien. Il travaille ensuite comme conseiller économique auprès du gouvernement malien nouvellement indépendant de 1960 à 1963. Ayant obtenu son agrégation de professeur de Sciences Economiques en 1966, il fait le choix de l’enseignement, et officiera à Poitiers, Paris-Vincennes et Dakar. Il est particulièrement attaché à la capitale sénégalaise, où il réside depuis plus de quarante ans, en tant que directeur de l’institut africain de développement économique et de planification qui s’y trouve puis, désormais, directeur du forum du Tiers-monde. Continue reading « Samir Amin et le “développement autocentré” (1ère partie) »

L’Afrique du Sud ou les immenses défis du développementalisme (1)

Son nom est Zuma, Jacob Zuma. Il est zoulou, il a 67 ans et vient d’être nommé président de l’Afrique du Sud le 6 mai 2009, conclusion logique de la victoire de l’ANC aux dernières élections législatives, avec 65,9% des voix. Par la grâce de ce scrutin, il est devenu le troisième leader post-apartheid de ce géant d’Afrique sub-saharienne : une population de 48,5 millions d’habitants, une économie qui pèse à elle-seule 45% du PNB de l’Afrique sub-saharienne et un Etat qui siège dans le tout nouveau club des puissants de ce monde, le G20. Un géant aux pieds d’argile toutefois, classé au 125ème rang (sur 179) de l’Indice de Développement Humain du PNUD en 2008, et qui partage avec le Brésil le triste record de pays aux plus fortes inégalités sociales dans le monde.

Comme ses prédécesseurs Nelson Mandela et Thabo Mbeki, Jacob Zuma est issu des rangs de l’African National Congress (ANC) qui, depuis 1991, fait face à l’immense défi du développement socio-économique. L’élection d’un nouveau président est donc une bonne occasion de juger le bilan gouvernemental de ce parti qui porta les espoirs de tout un peuple, et même de tout un continent. Car de par son poids réel et symbolique, l’Afrique du Sud est à l’avant-garde du mouvement développementaliste africain. Ses succès, et peut-être encore plus ses échecs, se doivent d’être médités. Continue reading « L’Afrique du Sud ou les immenses défis du développementalisme (1) »

Penser le socialisme au Sénégal

Peut-on parler de socialisme au Sénégal ? La question peut paraître incongrue quand l’on sait que le parti qui a dirigé ce pays de l’Indépendance à l’an 2000 se nommait…Parti Socialiste. Mais au-delà de l’étiquette, en quoi le parti fondé par le président Léopold S. Senghor, repris en main par son successeur Abdou Diouf et désormais dirigé par Tanor Dieng, peut-il s’assimiler au grand mouvement politique du socialisme ?

La réponse ne peut qu’être cinglante : en pas grand-chose, si ce n’est en rien. Le socialisme, en tant que mouvement politique de masse, s’est développé en Europe à la fin du XIX° siècle, dans le contexte de l’industrialisation de son économie, en se constituant comme le parti des ouvriers. Continue reading « Penser le socialisme au Sénégal »