Vers une dévaluation du Franc CFA ?

Au regard de l’évolution de l’euro par rapport au dollar américain, il est possible que les pays de la zone franc subissent une perte de compétitivité-prix. Ainsi, une dévaluation du franc CFA est envisageable. Cependant, les indicateurs économiques actuels de la zone franc ne révèlent pas la nécessité d’une telle dévaluation. Au contraire, ils suggèrent une dégradation de la situation économique suite à une dévaluation.

Jusqu’à présent, d’importantes discussions normatives ont eu lieu sur le fonctionnement de la monnaie commune au pays d’Afrique francophone, le franc CFA. Il repose sur quatre piliers dont la parité fixe avec le franc Français et par conséquent avec l’euro, la libre convertibilité, la centralisation des réserves au Trésor Français et enfin  la libre circulation des capitaux. Dans un contexte où l’euro s’apprécie par rapport au dollar américain, il y a des craintes sur une probable perte de compétitivité-prix des pays de la zone Franc. Compte tenu des conséquences d’une telle politique de change, il importe de replacer les faits dans le cadre de la théorie économique afin de mieux comprendre l’opportunité d’une dévaluation du franc CFA.

La dévaluation intervient dans un contexte de parité fixe. Cependant, pour mieux comprendre les conditions qui président à son occurrence, il faut se placer dans le cas d’un régime de change complètement flexible. La monnaie peut alors fluctuer au gré de l’évolution de la balance courante[1] et de la balance des capitaux[2]. Ces fluctuations sont économiquement justifiées car elles permettent à la monnaie de s’ajuster aux échanges afin de maintenir une neutralité avec les échanges intérieurs. Ainsi, une augmentation du flux nets des capitaux, des biens, des services ou des transferts va se traduire par une appréciation de la monnaie. Dans le cas inverse, on assiste à une dépréciation de la monnaie.

La mise en place d’une parité fixe suppose alors que ces mécanismes de marché sont entièrement contrôlés par la banque centrale qui peut intervenir par le biais des outils de la politique monétaire pour reproduire le type de mécanisme auquel on aurait assisté en change flexible. Ainsi, une dévaluation est nécessaire si les flux nets sont en constante diminution pour annihiler l’effet d’une perte de la compétitivité-prix ; et de la faiblesse de la rentabilité des investissements étrangers.

Dans la zone Franc, la situation diffère selon les deux groupements régionaux, l’UEMOA[3] et l’UMAC[4], de même qu’au sein de chacune de ces unions monétaires. D’abord, la plupart des pays des deux zones ont une balance courante déficitaire à l’exception de la Côte d’Ivoire dans l’UEMOA et de la Guinée-Equatoriale dans l’UMAC. Sans ces deux pays, on constate qu’en moyenne, la balance courante est plus déficitaire et instable dans la zone UMAC que dans la zone UEMOA, comme le montre le graphique ci-contre. On note une tendance légèrement décroissante dans l’UEMOA ; tandis qu’elle est globalement croissante dans l’UMAC à l’exception des années 2009 et 2010. La situation dans les deux pays extrêmes est bien différente. Ils enregistrent contrairement à leur zone d’appartenance une balance courante presque excédentaire et en forte croissance notamment en Guinée Equatoriale. Il en résulte que la balance courante dans les deux zones ne suit pas une tendance à la baisse pouvant justifier la mise en œuvre d’une dévaluation.

Par ailleurs, la situation économique qui prévaut actuellement n’est pas similaire à celle qui prévalait avant la dévaluation de 1994. La différence vient notamment de la situation dans les deux pays aux situations extrêmes. En fait, la Côte d’Ivoire et la Guinée Equatoriale avaient toutes deux des balances courantes déficitaires avant la dévaluation de 1994. Cela pouvait servir de justification à une dévaluation puisque le solde des échanges extérieurs était globalement déficitaire dans les deux zones, de même qu’au Comores. Aujourd'hui, ces deux pays ont une balance excédentaire.

Quant à la balance des capitaux, les données du FMI montrent une légère croissance des IDE dans la zone Franc. Ainsi, la situation de la balance des capitaux ne peut pas non plus justifier une dévaluation du CFA même si l'hypothèse selon laquelle la croissance des IDE aurait été plus forte en l’absence d’une certaine surévaluation du CFA est plausible.

Bien que la situation des indicateurs économiques ne soit pas favorable à une quelconque dévaluation, l'on peut essayer de mesurer l’enjeu d’une telle politique. Dans le court-terme, on devrait s’attendre à une dégradation significative de la balance courante comme ce fût le cas dans l’UMAC après la dévaluation de 1994. Cette dégradation est notamment due au renchérissement du prix des importations ; l’augmentation du volume des exportations n’intervient que dans le long-terme. Dès lors, on estime que la balance courante retrouvera son niveau structurel dans plus de 10 – 15 ans.

L’augmentation du prix des importations dans le court-terme affecte de manière permanente les prix à la consommation. En effet, le renchérissement des prix à l’importation est reporté sur les prix de vente. Sachant que la plupart des produits de consommation, et même de première nécessité, est importée, une forte inflation est à craindre. On assistera certainement à l’effondrement du pouvoir d’achat des ménages et par conséquent à davantage de pauvreté. Les conséquences politiques d’une telle situation peuvent être désastreuses notamment à cause de la fragilité des gouvernements actuels.

Par ailleurs, une dévaluation va alourdir le poids de la dette extérieure pour les pays de la zone franc, qui consacrent en moyenne 15%[5] de leurs recettes d’exportation au service de la dette. Dans la mesure où le volume des exportations ne change pas dans le court-terme et que la valeur des exportations est moindre, la part des exportations dédiée au paiement du service de la dette sera encore plus importante. Il en est de même pour le principal de la dette qui verra sa valeur en monnaie locale augmenter.

Malgré les inconvénients liés à une dévaluation du CFA, il existe un gain dans le long terme sur le volume des exportations. Puisque celles-ci deviennent moins chères, leur demande augmente et se traduit par une augmentation des exportations, sous l’hypothèse que les capacités de production et la demande existent. Autrement, dans le cas où l’offre est limitée, ce qui est souvent le cas, les prix seront réajustés vers la hausse pour refléter leur niveau avant la dévaluation; ce qui limite l’augmentation attendue du volume. Il en résulte donc que dans le meilleur des cas, une dévaluation du CFA aura un effet neutre sur la balance courante dans le long-terme.

La seule composante sur laquelle une dévaluation du CFA peut avoir des effets positifs est le transfert des migrants ; notamment celui des résidents de la zone euro. Ces derniers vont bénéficier d’une augmentation significative de la valeur en CFA de leurs épargnes et pourront donc envoyer davantage de fonds vers leur pays d’origine. Cependant, l’augmentation du coût de la vie dans la zone franc risque d’éroder ce gain.

En définitive, il ressort d’une part que les indicateurs économiques actuels dans les pays de la zone franc ne justifient pas une dévaluation de la monnaie unique. D’autre part, si elle intervenait, une dévaluation du FCFA aurait de sérieuses conséquences tant économiques que politiques pour les pays de la zone. En vertu de ces deux conclusions, une dévaluation du FCFA ne peut provenir que de raisons indépendantes de la situation économique des pays de la zone franc.

Georges Vivien Houngbonon


[1] Solde des échanges de biens, de services et des transferts.

[2] Solde des flux de capitaux (investissements direct étrangers et placements spéculatifs)

[3] Union Monétaire Ouest Africaine

[4] Union Monétaire d’Afrique Centrale

[5] Perspectives Economiques de l’Afrique : http://www.africaneconomicoutlook.org/en/data-statistics/

Circulaire du 31 mai : Y a-t-il des gagnants ?

 

Le 31 mai dernier, les ministres de l’Intérieur et de l’Emploi Français ont pris une circulaire[1] qui restreint davantage les conditions de changement de statut d’étudiant à salarié pour les étrangers. Cette circulaire a suscité moult protestations et indignations aussi bien dans le milieu estudiantin qu’au sein du patronat français. De même, plusieurs articles ont été publiés dans les quotidiens d’information et sur des sites web comme Terrangaweb – l’Afrique des Idées. Si ces articles font une analyse fort intéressante de la circulaire, ils n’ont cependant pas clairement établi les gagnants et les perdants de cette décision. Des interrogations persistent toujours sur les pertes et les gains de chaque partie c'est-à-dire de la France et des pays d’origine.

En effet, la France accueille chaque année environ 200 000 immigrés, selon les chiffres fournis par le Haut Commissariat à l’Intégration et cités par le journal « Le Monde », dont 50 000 étudiants en moyenne[2]. Sachant que 32%[3] des étudiants suivent des études supérieures notamment dans les grandes écoles, on estime à 16 000 le nombre d’étudiants potentiellement concernés par cette circulaire. Toutefois, avec un taux de retour de 50%, il n’y a effectivement que 8 000 étudiants qui sont directement concernés par la mesure. De plus, avec un taux de chômage de 15%, selon les statistiques de l’Insee, on aboutit à 6 800 étudiants effectivement concernés par les nouvelles difficultés liées au changement de statut. Quelles sont donc les pertes et les gains liés à un refoulement de ces derniers vers leur pays d’origine ?

Du côté de la France, cette restriction va se traduire à court terme par une perte de capital à investir pour les entreprises et à long terme par une augmentation du chômage chez les autochtones. En effet, les 6 800 étudiants étrangers qui se sont vus opposer un refus de changement de leur statut ont trouvé leur emploi à l’issue d’une procédure d’embauche concurrentielle qui inclut également des étudiants autochtones. Dès lors, ils ont visiblement été embauchés par les entreprises à cause des avantages qu’ils présentent en termes de gain de productivité par rapport à leurs concurrents Français. Notons que ce gain résulte non pas de capacités professionnelles supérieures mais plutôt d’une assiduité plus importante du fait de leur statut d’étrangers et de l’espérance d’une promotion ultérieure contrairement à leurs concurrents qui ne sont pas soumis à ces contraintes.

Or, puisque ce gain de productivité ne se traduit pas par une augmentation du salaire, le surplus qu’il génère est retenu au profit de l’entreprise. Par conséquent, l’entreprise qui embauche un étudiant étranger qualifié se retrouve avec un profit supérieur à celui qu’elle aurait fait dans le cas contraire. Le surplus de profit sera donc investi pour créer de nouveaux emplois, pour embaucher d’autres travailleurs étrangers, et surtout pour embaucher davantage de travailleurs autochtones vu qu’ils ont trois fois plus de chance d’être embauchés que les étrangers[4]. C’est d’ailleurs ce gain qui suscite en partie le soutien du patronat à l’indignation des étudiants étrangers. Ainsi, avec cette circulaire, la France perd d’une part ce gain immédiat de capital supplémentaire dans le court-terme, et d’autre part tous les retours sur investissement et les emplois qu’il peut générer dans le long-terme.

De plus, il n’existe pas de gain en termes de réduction des dépenses sociales pour la France. Selon le Rapport intitulé «Immigration Sélective et Besoins de l’Economie Française», l’importance relative du poids des dépenses sociales dont bénéficient les immigrés provient surtout de la catégorie des immigrés non-qualifiés. Au contraire, les travailleurs immigrés qualifiés contribuent à un solde positif au niveau du budget de l’Etat en vertu des impôts prélevés sur leurs rémunérations élevées et du peu d’aides sociales qu’ils nécessitent.

Si l’on considère maintenant la situation des pays d’origine, on conclut qu’ils ne sont pas non plus gagnants; car la mise en œuvre de la circulaire va se traduire par plus de pauvreté. L’idée que l’arrivée de nouveaux diplômés compétents pourra mieux aider les pays d’origine à se développer ne tient pas face aux pertes énormes que cela engendre. Pour s’en convaincre, il suffit de considérer le travail d’un étudiant étranger qualifié comme un service d’exportation de qualité de son pays d’origine. En fait l’étudiant peut être vu comme un capital disposé à recevoir un certain niveau de travail (l’éducation de haut niveau dans notre cas) afin de produire de la valeur ajoutée. Cette éducation n’étant pas disponible dans le pays d’origine et par ailleurs, les retours de ce investissement étant plus élevés dans le pays d’accueil que dans le pays d’origine, il est dans l’intérêt du pays d’origine que l’étudiant aille à l’étranger et qu’il y demeure pendant sa période d’activité. En réalité, ces étudiants ont très peu de débouchés pour valoriser leurs acquis à juste titre dans leur pays d’origine. Par exemple, on n’a pas nécessairement besoin d’un diplômé d’HEC pour gérer la comptabilité d’une entreprise ordinaire au Niger.

Selon la dernière enquête 2010 de la Conférence des Grandes Ecoles, le salaire annuel moyen d’un diplômé des grandes Ecoles est de 35 000 euros à la sortie. Dans l’hypothèse où les nouveaux salariés transféreraient 30% de leur revenu annuel vers leur pays d’origine, cela représente environ 10 000 euros par an, soit un total de 68 millions d’euros. Dans la situation actuelle où bon nombre rentreront dans leur pays d’origine, cela représente un manque à gagner équivalent au revenu annuel d’environ 10 000 ménages, soit 50 000 personnes sans ressources si nous supposons une moyenne 5 personnes par ménage. Par conséquent, dans le court terme, les pays d’origine vont faire face à un accroissement du nombre de pauvres notamment en Afrique sub-saharienne où le nombre de personnes dépendant des transferts des migrants est en constante augmentation.

Cependant, cette perte pour les pays d’origine ne se manifestera que dans le court terme, car les nouveaux diplômés pourront trouver de nouvelles destinations afin de mieux rentabiliser leurs compétences scolaires. De plus, les pertes enregistrées dans le court-terme n’ont pas un impact dans le long-terme car l’essentiel des transferts aurait été utilisé à des fins de consommation et non d’investissement.

L’impact de cette circulaire peut être évalué sous d’autres angles notamment social et culturel. Toutefois, il ressort de l’analyse sous l’angle économique que toutes les parties sont perdantes et plus particulièrement le pays d’accueil qu’est la France. Dès lors, il est probable que les motivations de cette circulaire soient loin d’être économiques mais plutôt politiques. Ainsi, il y a peu de chance qu'elle soit reconduite l’année prochaine.

Georges Vivien Houngbonon

L’urbanisation en Afrique : Source de Développement ou de Pauvreté ?

Des mouvements de populations ont toujours été observés à l’orée des grands progrès économiques. En Afrique, la population urbaine est passée de 115 millions en 1970 à 413 millions en 2010, soit presqu'un quadruplement en 40 ans[1]. Cette dynamique est encore plus importante en Afrique sub-saharienne où la population urbaine a été multipliée par 5 au cours des quarante dernières années. Les projections anticipent un taux d’urbanisation de 50% d’ici l'année 2030 et de 62% en 2050. Cette explosion de la population urbaine en Afrique est-elle source de progrès économique ou à la fois source et conséquence de la pauvreté?

D’un point de vue économique, l’urbanisation devrait être le résultat d’une plus grande attractivité de la ville du fait de l’industrialisation et des opportunités d’emplois s'y trouvent. Ainsi, la population non-agricole s’installe dans les centres urbains pour développer des activités manufacturières et commerciales. Dans le même temps, la population agricole se concentre en milieu rural pour produire et fournir les biens nécessaires au fonctionnement des manufactures et à la consommation des citadins. La forte valeur ajoutée des industries manufacturières engendrerait de nouvelles opportunités d’emplois en milieu urbain, sources d’exode rural. De plus, l’accroissement de la demande va entraîner plus de spécialisation dans les tâches, ce qui va conduire non seulement à des gains de productivité mais également à l’arrivée de nouveaux migrants en provenance du milieu rural. Ce mécanisme économique est pourvoyeur de croissance économique, de réduction des inégalités et de développement. Il a été observé dans la plupart des pays du monde qu'une forte croissance de la population urbaine s’est accompagnée d’une augmentation significative des revenus.

 Cependant, la dynamique de la migration urbaine en Afrique, et plus particulièrement au sud du Sahara, ne suit pas cette même logique économique. Une comparaison entre l’Asie du Sud Est et l’Afrique sub-saharienne est révélatrice de ce paradoxe. En effet, avec un taux d’urbanisation de 36%, l’Afrique sub-saharienne a un revenu par habitant de $601 EU contre $647 EU en Asie du sud Est qui a un taux d’urbani sation de 29%[2] . Ainsi, l’Afrique sub-saharienne aurait eu $803 EU si son urbanisation s’accompagnait des mêmes effets qu’en Asie du sud Est. 

Ce paradoxe est le résultat de deux problèmes spécifiques aux pays africains. D’une part, la faiblesse du tissu industriel caractérisé par l’inexistence de manufactures et la prépondérance des entreprises commerciales. La hausse continue des importations de produits de consommation en est une preuve. D’autre part, les inégalités grandissantes entre le milieu rural et le milieu urbain, comme le montre par exemple un rapport de la Banque Mondiale sur le Burkina-Faso. Elles sont présentes sur tous les plans allant des revenus aux besoins de base comme la santé et l’éducation. Cela engendre une forte préférence pour le milieu urbain chez des populations rurales qui s’appauvrissent au fil des années. En guise d’exemple, la pauvreté est plus importante en milieu rural qu’en milieu urbain quasiment dans tous les pays africains.

Ces deux facteurs combinés induisent une forte migration vers les villes sans réelles opportunités d’emploi. Les migrants sont essentiellement des jeunes sans qualification professionnelle. Il en résulte des bidonvilles avec des conditions de vie très peu décentes, car la ville ne dispose pas de moyens suffisants pour fournir à tous certains éléments de base tels que le logement, l’électricité et l’eau. Le cas de la ville de Dakar illustre bien les problèmes de fourniture d’électricité dus à la forte concentration de la population dans la même ville – la densité de la population de Dakar est de 5300hab/km2. Par ailleurs, les jeunes non qualifiés qui forment la majorité des migrants vont gonfler le secteur informel et exercer des activités dangereuses comme la vente d’essence frelatée ou destructrices du cadre de vie telles que le métier de taxi-moto « Zémidjan » à Cotonou.

En   somme, l’urbanisation en Afrique ne semble pas être une source de croissance économique, de réduction des inégalités et de développement humain. Même si elle a un impact sur ces différentes aspects, il est fort vraisemblable que la pauvreté supplémentaire qu’elle créé annihile son impact sur le développement. Que faut-il faire dans ce cas ? Contenir le flux de l’exode rural ou formuler de  nouvelles politiques plus adaptées à ce paradoxe?

Georges Vivien Houngbonon


[1] Estimation à partir des données de UN-Habitat

[2] Rapport de UN-Habitat

Un nouveau riz pour l’Afrique : Nerica

Le riz constitue la principale nourriture en Afrique et plus particulièrement au sud du Sahara. Actuellement, un Africain consomme environ 21 kilos de riz par an et cette quantité est en constante progression. En Afrique sub-saharienne plus particulièrement, la consommation annuelle de riz par habitant est de 42 kilos. Cette forte consommation du riz induit une demande de plus en plus importante sur le marché locale qui ne suffit plus. Dès lors, l’Afrique importe 40% de sa consommation en riz, ce qui représente 30% des importations mondiales de riz. Face à ce constat, des chercheurs agronomes ont mis en place une nouvelle espèce de riz dénommé « NERICA » (new rice for africa). Le succès de cette nouvelle espèce est décrit dans un récent rapport de la Banque Mondiale intitulé : Améliorer l’efficacité et la production agricole à travers des interventions ciblées.

La mise en place du NERICA répond aux insuffisances inhérentes aux deux plus importantes espèces de riz habituellement cultivées en Afrique ; notamment le glaberrima et le sativa. Le glaberrima est une espèce originaire d’Afrique ayant une productivité très faible mais possède une capacité de résistance plus forte aux conditions climatiques africaines et aux attaques d’insectes. Au contraire, le sativa, originaire d’Asie, a une plus forte productivité mais reste plus vulnérable que le glaberrima. Le NERICA a été mis sur pied pour combiner les avantages des deux premières espèces ; notamment une forte productivité et une meilleure résistance aux conditions climatiques. Eu égard à cette combinaison d’avantages, le NERICA a pu être cultivé à la fois sur les plaines et sur les collines avec une très grande productivité. Néanmoins, son adoption n’est pas encore complète.

En dépit de ses atouts, cette nouvelle espèce de riz n’est pas encore adoptée partout en Afrique. La plupart des pays ont seulement atteint moins du quart de leur potentiel d’adoption. Ce faible taux d’adoption est lié au développement récent de l’espèce et aux procédures de sélection des variétés. Ces procédures peuvent prendre plusieurs années à cause du temps de la moisson et la comparaison des résultats entre l’ancienne espèce et les nouvelles variétés. Actuellement, une nouvelle approche plus rapide dénommée « Méthodologie participative de sélection des variétés » a été mise en place pour accélérer la sélection des variétés et l’adoption de NERICA par les agriculteurs. Avec cette nouvelle approche, la durée de sélection est passée de 10 ans à 3 ans. Avec toutes ces innovations, l’adoption de NERICA est en constante progression et les premières cultures montrent déjà une plus forte productivité et une capacité de résistance accrue. Dès lors, sa culture est susceptible d’augmenter le revenu des planteurs ; voire réduire la pauvreté et les inégalités de revenu.

En termes d’impact économique, l’augmentation du taux d’adoption va réduire significativement les importations de riz à destination de l’Afrique et assurer une plus grande autosuffisance alimentaire des populations. Par ailleurs, les premiers résultats d’évaluation suggèrent que l’introduction de l’espèce NERICA a permis d’augmenter le revenu des producteurs en moyenne de 30$ US. Cette augmentation de revenu vient principalement de l’accroissement des rendements. De plus, l’impact se révèlent être plus important chez les femmes que chez les hommes car les ménages agricoles dirigés par les femmes sont en général plus pauvres et son plus enclins à adopter la culture du NERICA. Toutefois, l’impact global est hétérogène et diffère selon les pays.

En outre, deux principaux défis restent à relever dans le secteur du riz. D’une part, il s’agit d’augmenter le nombre de chercheurs travaillant sur les innovations dans la culture du riz. D’autre part, l’accélération de l’adoption de cette nouvelle espèce est primordiale pour assurer l’autosuffisance alimentaire en riz de l’Afrique. Une fois le potentiel d’adoption atteint, le continent n’aura quasiment plus besoin d’importer le riz. Dès lors, les milliards de dollars dépensés dans cette importation peuvent servir à la mise en œuvre de politiques sociales, gage de développement.

 

Georges-Vivien Houngbonon

Le Botswana, champion de la croissance

"D’où viendra la croissance ?", se demandait le New York Times dans son éditorial du 10 août 2011. A cette question, le journal répond que les pays développés ne peuvent espérer leur croissance que des pays en développement. A cette même question pour les pays en développement, l’on serait tenté de répondre : la chance, une bonne gouvernance et de bonnes politiques publiques. Telle semble être la recette du succès économique du Botswana selon un récent rapport de la Banque Mondiale[1].

Vaste (581 726 km²) et peu peuplé (1 800 000 habitants), le Botswana fait partie des rares pays africains ayant eu un succès économique fulgurant depuis leur accession à l’indépendance. Avec un taux de croissance moyen annuel de 7%, le revenu par habitant a été multiplié environ par 10 en moins de 50 ans, faisant du Botswana l’un des rares pays africains à revenu intermédiaire. L’espérance de vie à la naissance est passée de 37 ans à 58 ans[2] et le taux d’alphabétisation des adultes a atteint 85% en 2010. La principale raison de ces progrès est le développement du secteur minier notamment à travers l’exportation du diamant.

Le diamant constitue la principale source de richesse du Botswana avec une contribution au PIB de 40% loin devant l’agriculture, l’industrie et les services. L’exploitation du diamant représente 85% des exportations du pays et 50% des recettes gouvernementales. Toutefois, le secteur emploie une très faible proportion de la population active. Si la découverte du diamant peut-être assimilée à de la chance pour le Botswana, c'est aussi parce que ce pays a échappé à la malédiction des ressources naturelles qui a frappé tant d'autres pays africains, grâce à la mise en oeuvre d'une bonne gouvernance et de politiques économiques appropriées. 

Sur le plan de la bonne gouvernance, le pays a bénéficié de l’homogénéité ethnique et religieuse de sa population composée à 80% de Tswanas et de 70% de chrétiens. Dès lors, cela assure en partie une stabilité politique avec un système de démocratie parlementaire où les élections se déroulent sans heurts majeurs. Cette stabilité est par ailleurs soutenue par l’appropriation des modes de gouvernance traditionnelle comme les kgolta. Il s’agit de groupes consultatifs composés de sages chargés d’apporter leurs points de vue sur les décisions du gouvernement. Cela a permis de créer un lien de confiance entre la population et l’Etat et d’associer toutes les couches de la population au processus de développement économique et social. L’emboîtement de ce système de gestion participative et l’esprit bénévole de l’Etat a également réduit les pratiques de corruption et de détournements, gage d’une utilisation responsable des revenus du diamant.

Quant à la mise en œuvre des politiques économiques, l’Etat a opéré des choix qui ont évité au Botswana le revers des pays dont une si grande partie des exportations dépend d’un seul secteur connu sous le nom de « syndrome hollandais »[3]. Cela passe par un investissement massif des revenus du diamant dans les infrastructures, une réduction de la participation de l’Etat dans les entreprises et le renoncement à la politique de substitution par les importations. Par ailleurs, des fonds d’épargne ont été mis en place pour éviter l’effet procyclique des revenus du diamant sur les dépenses publiques et la volatilité du taux de change réel.

On constate effectivement que la combinaison de la chance, de la bonne gouvernance et des politiques économiques appropriées est la clé du succès économique du Botswana. Cependant, cette chance n’est pas durable car les ressources en diamant sont prévues de s’épuiser vers 2029. Dans ces conditions, d’où viendra la croissance ? Le rapport suggère une diversification de l’économie, mais cela n’est guère une tâche facile.

 

Georges-Vivien Houngbonon

 


   

[1] http://siteresources.worldbank.org/AFRICAEXT/Resources/258643-1271798012256/YAC_chpt_4.pdf

[2] Niveau faible à cause de la forte prévalence du VIH-SIDA

[3] Quand la richesse en ressources naturelles entraîne une appréciation de la monnaie locale et une chute de la compétitivité de l’ensemble des secteurs de l’économie.

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Dépendance au coton et croissance : Exemple du Burkina Faso

La culture du coton demeure une importante source de devises étrangères pour plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne. Son poids dans les exportations est très élevé, notamment au Burkina Faso où sa valeur représentait 85% des exportations totales en 2007 alors qu’elle ne dépassait pas 40% en 1990. Cela faisait du Burkina Faso le premier producteur et exportateur de coton en Afrique en 2007. En termes absolus, la production du coton au Burkina Faso a triplé en 10 ans en passant d’environ 200 mille tonnes en 1997 à plus de 600 mille tonnes en 2007. Ces résultats sont à inscrire à l’actif de la mise en œuvre réussie d’une réforme institutionnelle du secteur durant ladite période. Ce type de succès est unique en Afrique sub-saharienne dans la mesure où la production du coton est restée stable dans les autres pays producteurs qui ont également fait des réformes institutionnelles du secteur. Plusieurs défis restent néanmoins à relever et c’est en substance, ce que révèle une étude récente de la Banque Mondiale intitulée Cotton Dependence in Burkina Faso : Constraints and Opportunities for Balanced Growth.

Cette étude montre que la croissance de la production cotonnière dans l’ex Haute Volta n’est pas liée à une augmentation de la productivité. Elle résulte plutôt d’une augmentation de la superficie cultivée, du nombre de producteurs et de la quantité d’intrants agricoles. Ces résultats sont le fruit d’une meilleure gestion de la filière qui a fait suite à la mise en place d’un cadre institutionnel plus adéquat. Ce dernier va au-delà du cadre conventionnel qui consiste à privatiser sans tenir compte du contexte social et de l’organisation précédente des producteurs. Dans le cas du Burkina Faso, la réforme s’est focalisée sur la mise en place d’une meilleure coordination entre les acheteurs et les producteurs notamment en matière de négociation des contrats. Ainsi, des coopératives de professionnels ont été créées sur la base d’une adhésion volontaire. Cela a permis une plus grande confiance entre les acteurs du secteur et une réduction des coûts opérationnels. Cette initiative semble avoir contribué significativement à une hausse importante de la production du coton dans un pays où la balance commerciale est fortement déficitaire. Par ailleurs, même si la réforme a eu du succès, la dépendance de l’économie Burkinabè vis-à-vis de la production et de l’exportation du coton pose la question de la stabilité de sa croissance dans le court-terme et celle d'une croissance plus forte dans le long-terme pour favoriser le développement.

Dans le court-terme, la production du coton a besoin d’être davantage soutenue pour exploiter pleinement le potentiel qu’offre le secteur avec ses externalités positives sur la structure de l’économie, voire sur d’autres domaines. En effet, malgré les réformes amorcées, le secteur rencontre encore des difficultés inhérentes à la gestion des risques et à l’adoption et la diffusion des nouvelles technologies. La culture du coton reste soumise aux aléas climatiques, ce qui n’assure pas toujours un niveau de récolte suffisant. Ainsi, des systèmes d’assurances sont nécessaires pour mutualiser les risques.

Par ailleurs, une partie de l’augmentation de la production est due à la mise en culture de nouvelles terres et à l’arrivée de nouveaux producteurs. Cela dit, l'on espère que le secteur verra sa productivité augmenter après l’épuisement des facteurs de production. D’autres obstacles subsistent à l’adoption de nouvelles techniques de culture. Il s’agit notamment du manque d’expérience pour l’utilisation des engrais et de la mentalité des producteurs qui se contentent souvent de l’autosuffisance alimentaire du ménage et de la minimisation des risques. La levée de ces différents obstacles dans le court-terme permettrait d’accroître la production et de mieux contribuer à la croissance voire à la réduction de la pauvreté. D’autre part, le secteur est soumis à des contraintes extérieures qui ne garantissent pas une pleine contribution de la production du coton à la croissance du pays.

Il existe au Burkina une très forte corrélation entre le taux de croissance de la production du coton et le taux de croissance du PIB. Le taux de croissance de la production du coton étant très instable du fait de la volatilité des cours mondiaux du coton et de ses intrants, des alternatives sont nécessaires dans le long terme pour soutenir une croissance économique équilibrée. A ce même horizon, l’étude préconise l’amorce d’une industrialisation du secteur du coton à travers un développement plus accru de l’industrie textile. Elle suggère aussi et il s’agit là d’un point important, une meilleure diversification de l’économie à travers le développement de nouveaux secteurs d’exportation tels que les fruits, les légumes, la volaille et le riz. Il faut cependant reconnaitre que  la défaillance des institutions, le manque d’investissement et la faible implication de l’Etat dans la production des biens publics sont autant de freins à la diversification économique.

Il ressort donc que le Burkina Faso a réussi une réforme du secteur du coton mais que beaucoup de difficultés subsistent encore. Une nuance mérite toutefois d’être faite par rapport au lien entre la mise en œuvre de la réforme et l’augmentation soudaine de la production du coton. La croissance observée pourrait provenir de fuites de la production de coton en provenance de Côte d’Ivoire. En effet, 2002, l’année où la production a amorcé sa croissance exponentielle correspond au début de la crise en Côte d’Ivoire. Or le coton est principalement cultivé dans le Nord de la Côte d’Ivoire qui a échappé au contrôle de l’Etat à partir de cette même année. Qui plus est, on constate que la production de coton en Côte d’Ivoire a chuté de 250 mille tonnes entre 2002 et 2007 alors qu’elle a augmenté d’environ 300 mille tonnes durant la même période au Burkina Faso. Par conséquent, le succès attribué à cette réforme devrait être relativisé. Le défi majeur demeure toutefois le renforcement des réformes et la diversification de l’économie.

                                                                                                                     Georges Vivien Houngbonon

Vers l’autofinancement du développement en Afrique ?

Vers l’autofinancement du développement en Afrique ?

Avec un PIB[1] par habitant 17 fois inférieur à celui des pays avancés, l’Afrique Sub-saharienne représente aujourd’hui la région la plus pauvre au Monde. Les populations de cette région ont un niveau de vie largement en dessous de ceux des pays avancés. Par ailleurs, les diagnostics sur les défis liés au développement sont connus de tous. Qu’ils soient dans le domaine de l’éducation, de la santé, de l’agriculture et des infrastructures de communication et de transport, les besoins sont énormes. Dès lors, l’exécution des projets d’investissement publics identifiés requiert la disponibilité de moyens financiers importants. Où trouver ces moyens financiers dans un pays pauvre ?

La réponse évidente à cette question semble être les sources de financement extérieures. Qu’elles proviennent d’accords de prêts bilatéraux avec d’autres pays développés ou des prêts multilatéraux gérés par des institutions internationales telles que la Banque Mondiale ou le FMI, la principale question demeure l’autofinancement du développement. Or, le poids du financement extérieur demeure élevé en Afrique sub-saharienne. C’est le cas des pays de l’UEMOA où le taux[2] de financement des investissements publics sur ressources propres ne dépasse pas 50%. Toutefois, comme l’indique la figure ci-dessus, cet indicateur croît d’une année à l’autre indiquant une participation plus importante de l’Etat dans les investissements publics. Le taux de financement sur ressources propres est ainsi passé de 35% en 2000 à 50% en 2005, et cette tendance continue après 2005 bien que les données récentes ne soient pas disponibles pour l’extension du calcul.

Au regard de cette tendance continue à la hausse, l’on pourrait s’interroger sur les nouvelles sources de financement sur fonds propres des Etats Africains. Sachant que la valeur des investissements est également en constante augmentation, s’agit-il alors d’une amélioration de la fiscalité dans ces pays ? Dans le cas échéant, de quel type de fiscalité s’agirait-il? Ces questions constituent des points de réflexion qui ne seront pas abordés ici, faute d’information. Dorénavant, ce résultat constitue une note très positive dans l’appréciation du financement du développement en Afrique sub-saharienne.

En effet, abstraction faite des chiffres, les ressources financières actuelles de l’Etat sont très insuffisantes en Afrique. Cela est dû en premier lieu à la défaillance du système fiscal et en second lieu à la faiblesse de la croissance économique par rapport à son niveau potentiel. Malgré cette situation, si les Etats Africains parviennent de plus en plus à financer les projets de développement sur davantage de ressources propres, cela révèle une meilleure prise de conscience des dirigeants africains des conditions de vie des populations.

Par ailleurs, l’aide extérieure n’est pas mauvaise en soi, mais elle ne doit pas engendrer une situation de passivité et de dépendance chez les bénéficiaires que sont les Etats Africains. Au contraire, elle devrait servir de tremplin vers l’autofinancement des projets de développement à long terme. Fondamentalement, l’aide au développement ne peut se substituer à l’autofinancement dès lors que sa contribution dans le processus de développement est marginale. Comme l’a montré l’économiste zambienne Dambisa Moyo[3], l’efficacité de l’aide au développement est très faible et elle conduit à renforcer davantage une situation de dépendance, de corruption et de défaillance des  marchés.

En plus, les théories de l’économie politique nous enseignent que les populations sont susceptibles d’être plus engagées dans le contrôle de l’exécution des projets de développement – à travers le parlement et les organisations de la société civile – si les ressources financières proviennent de leurs taxes et donc de leurs efforts. Par conséquent, le financement sur ressources extérieures a tendance à renforcer davantage la mauvaise gouvernance. La mauvaise gestion de l’aide extérieure entraîne l’échec des projets de développement, ce qui n’assure pas le remboursement des emprunts. On assiste finalement à un rééchelonnement de la dette ou à son annulation.

En général, les motivations de l’aide au développement ne sont pas toujours d’ordre économique, comme ce fût le cas durant toute la période de la guerre froide. De plus, la mauvaise gouvernance encouragée par l’image de gratuité que porte l’aide extérieure n’assure pas les résultats escomptés. C’est ainsi que seulement une infime partie du montant de l’aide extérieure parvient aux populations. La majeure partie est destinée aux prestations de services administratives dans le transfert des ressources mobilisées. Le phénomène du « leaking bucket » frappe ainsi l’aide au développement : une bonne partie des ressources initiales est « perdue » dans le processus de leur mise à disposition.

Il est également possible d’envisager l’argument de l’efficacité économique des prêts bilatéraux entre pays ayant une large capacité de financement, comme la Chine actuellement et un pays en besoin de financement. Toutefois, il ressort de plus en plus que l’aide extérieure est fortement conditionnée par la situation économique dans le pays donateur. C’est ainsi que la crise financière de 2008 a incité les pays développés à davantage contrôler leur déficit budgétaire et à mettre en place des fonds de sécurité capables de financer les déficits budgétaires en cas de crise. Dès lors, les accords de prêts portent sur des montants moins importants.

Somme toute, il résulte que le financement du développement sur l’aide extérieure ne peut être qu’une phase transitoire vers l’autofinancement. La tendance vers l’autofinancement observée est une lueur d’espoir dans ce sens. Dès lors, il est souhaitable qu’une partie de l’aide extérieure soit allouée à la mise en place progressive d’un système d’autofinancement du développement.

 

Georges Vivien Houngbonon


[1] Source FMI WEO. Données en Parité du Pouvoir d’Achat, ce qui nous permet d’avoir une comparaison du niveau de vie économique.

[2] Il s’agit du rapport entre le montant des investissements financé par les ressources de l’Etat et celui des investissements financés sur appui extérieur.

[3] Dambisa Moyo, « Dead Aid : Why Aid is not Working and How There is a Better Way for Africa », éditions JC Lattès, 2009.