Le G5 sahel a été lancé en grande pompe et son avènement était porteur d’espoir. Il donnait tous les signes évidents d’une bonne solution africaine pour venir à bout du terrorisme dans le sahel. Cependant à ce jour, cette lueur semble vacillante. Les regards sont tournés vers les puissances occidentales pour réveiller cette force qui se targuait d’être une initiative africaine. Le dernier Sommet de l’Union africaine s’en est en fait une préoccupation. Etait-il possible d’envisager déjà dès sa naissance que cette force se heurterait au mur ? Le G5 Sahel peut-il honorer les espoirs ? Faut-il envisager les choses autrement ?
Le G5 Sahel aux origines
Le G5 Sahel ou « G5S » est un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité. Il a été créé lors d’un sommet du 15 au 17 février 2014 par cinq États du Sahel à savoir le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Ces 5 Etats s’étaient mis en commun pour venir à bout de la menace terroriste commune. En effet, la région du Sahel est souvent aux prises avec des forces terroristes telles qu’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest), Al Mourabitoune, l’Etat islamique dans le Grand Sahara, Ansar Dine, Boko Haram.
Il trouve donc sa justification dans la volonté des chefs de ses Etats membres d’éradiquer la menace terroriste et amorcer une marche commune vers le développement, persuadés que les questions du développement économique et de la sécurité étaient interdépendantes. Toutefois, le G5 Sahel est-elle la seule et la première organisation régionale à se pencher sur la question ?
Multiplicité des organisations régionales sur la question du terrorisme
Le G5 Sahel n’est pas la première organisation à lutter contre la menace terroriste en Afrique. Chacun de ses Etats membres fait partie d’au moins une organisation régionale travaillant sur les mêmes thématiques que le G5 Sahel.
Ainsi, sur le plan de développement (et de l’intégration économique), on peut énumérer l’UEMOA et la CEDEAO en Afrique de l’Ouest, la CEMAC pour l’Afrique centrale et l’UMA pour l’Afrique maghrébine. Il faut toutefois rappeler que l’Union du Maghreb Arabe dont est membre la Mauritanie avec les autres pays du Maghreb arabe n’existe aujourd’hui que de nom en raison de ses difficultés à décoller réellement. Cela plante déjà le décor de l’efficacité relative de l’UMA et de sa capacité à faire face à la menace terroriste.
Sur la question de la lutte contre le terrorisme (et par là-même du blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme), les Etats du G5 Sahel appartiennent encore à d’autres organisations. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont membres du GIABA ou Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent (et le financement du terrorisme) en Afrique de l’Ouest qui regroupe 16 pays d’Afrique de l’Ouest, par ailleurs membres de la CEDEAO, la Mauritanie est membre de l’organisation GAFIMOA / MENAFATF avec les pays du Maghreb et du monde arabe et le Tchad est membre du GABAC, une organisation dépendant de la CEMAC et créée en 2000.
Fortes ambitions et faibles moyens
Parmi les principaux objectifs du G5 Sahel, il y a entre autres, la création d’une force d’intervention commune, la création d’une école de guerre en Mauritanie, le lancement d’une compagnie aérienne, la construction d’une voie ferroviaire reliant les cinq pays et la suppression des visas entre les pays de la région. Seulement, faire face à la menace terroriste n’est pas sans susciter des difficultés d’ordres financiers et logistiques. La forte ambition économique du G5 Sahel a donc été freinée par les difficultés à réunir les fonds nécessaires à la réalisation des projets, d’où la nécessité de se tourner vers l’extérieur. Le coût de fonctionnement du G5 Sahel pour est estimé à environ 350 millions d’euros par an. Celui-ci a été au niveau des promesses, plus que rempli, puisqu’il y a eu plus de 400 millions d’euros de financements promis. La force ambitionne compter un effectif de 5000 hommes et la moitié n’est pas encore atteinte. La force conjointe souhaite être pleinement opérationnelle au printemps 2018 pour appuyer les 4 000 hommes de l’opération Barkhane et les 12 000 soldats de la MINUSMA (Mission onusienne au Mali). A ce jour, sur les 480 millions d’euros nécessaires, 414 millions sont disponibles.
La campagne pour le financement de la force a abouti à l’appui, de l’Union européenne (UE), les États-Unis, de l’Arabie saoudite et de quelques pays du Golfe. Cependant, cette aide, ne pourra permettre au G5 Sahel d’être opérationnel que lorsqu’elle sera réellement versée. En outre, le problème se pose au niveau des effectifs. Les militaires formés et affectés au G5 Sahel sont déjà en service soit au MINUSMA, soit dans leur armée d’origine, ce qui suppose la constitution d’effectifs de remplacements. Un défi humain en perspective pour chacun des Etats membres. La France quant à elle soutient sans réserve le G5 Sahel et encourage à une prise en main africaine de la question du terrorisme sur le continent, ce qui permettra à terme à un retrait de l’Opération Barkhane.
Réactivité et ingéniosité des groupes terroristes
Les groupes terroristes ne semblent pas manquer de réactivité. En effet, les cinq groupes terroristes en activité dans le Sahel ont créé ensemble une nouvelle entité « Jamaât Nosrat Al-Islam Wal Mouslimine » (groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, principale alliance djihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda). Et alors que le Sommet de l’Union Africaine prenait ses marques à Nouakchott, un attentat suicide a été perpétré vendredi 29 juin 2018 contre le quartier général de la force du G5 Sahel au Mali. L’attentat a été revendiqué par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans. Dans le même sillage, des militaires français de l’opération Barkhane ont été victimes d’un attentat à la voiture piégée le dimanche 1er juillet. Cela repose avec une toute nouvelle acuité la question de la sécurité dans la région du Sahel et appelle à la mobilisation de moyens nécessaires.
La menace terroriste au Sahel, un frein au développement
La menace terroriste dans le Sahel se fait de plus en plus lourde et les groupes terroristes semblent être de plus en plus organisés. L’effort entrepris pour la lutte contre ce fléau détourne sans doute des priorités en matière de développement. Le terrorisme a transformé la configuration internationale d’autant qu’elle laisse encore le droit international tétanisé et pantois. A ce fléau, de solutions nouvelles devraient être proposées. La question du terrorisme au Sahel ne manque pas certainement d’avoir des ramifications avec des questions d’ordre économiques et politiques relatifs avec l’immigration aux portes de l’Europe, le chômage. Les Etats membres du G5 Sahel, n’étant pas des Etats économiquement avancés, la lutte contre le terrorisme pourrait faire dépenser une précieuse énergie utile au développement.
Perspectives incertaines
La question du G5 Sahel était à l’ordre du jour des discussions prévues pour le 31 Sommet de Nouakchott (du 1er au 2 juillet 2018) et le président français était attendu pour redynamiser cette alliance militaire. En réalité, la France qui conduit dans la région l’opération Barkhane, voit dans la force du G5 Sahel un possible modèle de prise en main par les Etats africains de leur propre sécurité. Seulement la question du financement pérenne reste une équation difficile à résoudre et ce en raison du véto américain au financement par les Nations Unies de la force anti djihadiste. Si le Conseil de Sécurité avait pu réussir à placer l’activité du G5 Sahel sous le chapitre VII de la Charte des Nations Unies, cela aurait résolu durablement la question du financement.
En revanche, le G5 Sahel pourrait s’inspirer du modèle de la Force d’intervention conjointe multinationale (MNJTF), qui lutte contre Boko Haram dans le bassin du lac Tchad. La forte collaboration de ces Etats membres et la mobilisation des moyens conséquents ont permis d’avoir des réduire la capacité de nuisance de la secte et la confiner dans ses retranchements.
Si la question se pose autrement pour le G5 Sahel avec des enjeux qui affectent nécessairement les pays occidentaux, il semble tout de même contre-indiqué, au vu des récents développements d’envisager la prise en main totale du G5 Sahel par ses initiateurs.
Voir au-delà de l’aspect militaire
En sept mois, la force a mené deux opérations dans la zone des trois frontières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger où sévissent notamment le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans et l’organisation Etat islamique au Grand Sahara (EIGS). Les accusations de violations des droits de l’homme perpétrés par les militaires du G5 Sahel lors de l’Opération Hawbi amènent aussi à s’interroger sur la confiance qu’il peut susciter au plan international et même auprès des populations locales. Il a été rapporté que des violations des droits de l’Homme ont été perpétrées. Ne serait-il pas temps de repenser la stratégie afin de ménager les populations locales? Ne faudrait-il pas voir au- delà de l’aspect militaire pour éduquer les populations civiles qui sont parfois victimes de bavures afin d’éviter qu’elles se radicalisent et ne rejoignent les rangs des terroristes ? La lutte contre le terrorisme ne doit pas être perçue par les autochtones comme une lutte dirigée contre leurs religion ou groupes ethniques. Aussi la réponse militaire doit être respectueuse du Droit international et minimiser les risques pour les civils.



Deux beaux gestes, l’un spontané, l’autre calculé. Ce samedi 26 mai à Paris, Mamoudou Gassama, jeune malien sans papiers de 22 ans, n’a pas hésité à grimper à mains nues la façade d’un immeuble pour sauver la vie à un enfant de 4 ans suspendu dans le vide du balcon du 4ème étage d’un immeuble du 18ème arrondissement. Alors que l’émotion était à son paroxysme, il fut invité par le président français qui lui proposa une naturalisation et une intégration dans le corps des sapeurs-pompiers. Un parfait scénario pour un film à la Clint Eastwood ! Soit. Quoique cette régularisation puisse susciter de l’admiration, elle est pourtant la fumée qui cache la face hideuse d’une politique d’immigration qui contraint à la clandestinité 300 000 autres Gassama et bloque des millions d’autres dans des pays tiers.
La scène politique africaine voit émerger de plus en plus d’hommes d’affaires, et cela est inquiétant. De Marc Ravalomanana hier à Patrice Talon aujourd’hui en attendant peut-être Moïse Katumbi demain leur ambition ne se limitent plus aux postes ministériels. Tous mettent en avant leur approche pragmatique, censée faire de leur pays la nouvelle Corée du Sud. Cependant, l’histoire et l’analyse politique nous enseignent qu’ils ont toujours tendance à engager leurs nations sur une pente glissante caractérisée par une instabilité politique, une monopolisation de l’économie, et dans le meilleur des cas un creusement des inégalités.
Si un demi-siècle après les indépendances, le niveau de vie de l’Africain moyen n’a pas évolué, c’est en grande partie à cause de la capture de l’Etat opérée par certains investisseurs dont M. Bolloré est l’archétype.
Comme au début de chaque année, le mois de janvier 2018 n’a pas échappé aux ballets d’annonces des performances macroéconomiques des pays africains. Et comme depuis un certain nombre d’années maintenant, l’Afrique est au premier rang en matière d’économies les plus prospères ; certains classements positionnant d’ailleurs six pays africains dans le top dix des économies en croissance sur l’année à venir.
L’ANC a voulu offrir une sortie honorable à son leader contesté en lui proposant de présenter lui-même sa démission. C’était sans compter sur la tenacité de Jacob ZUMA qui tenait à son baroud d’honneur. Il s’est accroché au pouvoir contre vents et marées. Il a défié son propre parti en refusant dans un premier temps de démissioner. La menace de la motion de censure initiée par son propre camp le 14 fevrier 2018 a cependant eu raison de lui.
La Banque Africaine de Développement a publié le mercredi 17 janvier dernier l’édition 2018 de son rapport sur les Perspectives Economiques en Afrique. Cette édition se démarque des précédentes et marque une certaine rupture dans la production de ce document. L’institution semble s’être appropriée totalement l’exercice, tant dans la forme que dans le fond. Le document sera désormais publié à la mi-janvier de chaque année, au lieu de juin, période traditionnelle de publication du rapport. L’institution assure vouloir être celle qui propose en premier des informations économiques sur l’Afrique, prenant ainsi à contre-pied le Fmi qui jusque-là établissait des prévisions sur les performances économiques en Afrique, en avril de chaque année. Le volume est réduit de moitié et seule la BAD a produit et signé cette édition – contrairement aux autres éditions co-signées avec l’OCDE et le PNUD. Elle va proposer aussi des sous rapports pour chacune des cinq régions du continent, une première.
Depuis un certain nombre d’années, on voit se multiplier partout en Afrique des “Journées Nationales des TIC”, portées et promues par des ministres de l’Economie Numérique qui veulent de plus en plus nous faire croire que le numérique ou le digital serait la réponse à tous les maux de l’Afrique.
L’Afrique fait aujourd’hui l’objet de tous les fantasmes : soit une terre d’opportunités plaçant le continent au centre de toutes les convoitises, soit une terre qui continue de pâtir de son si mauvais départ comme l’indiquait Réné Dumont. Cet optimisme et ce pessimisme, trouvent leur raison d’être. Opulence côtoie précarité. L’Afrique apparaît comme le nouveau relai de la croissance mondiale alors que le Pib par habitant dans la plupart des pays ne progresse que faiblement, voir stagne dans certaines régions. Le numérique a permis l’éclosion d’une jeunesse entreprenante mais ne reste accessible qu’à une minorité. La population s’urbanise de plus en plus alors que les bidonvilles croissent, avec des accès de plus en plus limités aux services sociaux de base.
S’il n’est plus à démontrer les enjeux de l’accès à l’électricité durable et compétitive pour tous en Afrique subsaharienne, il est indispensable de toujours souligner que l’électricité demeure avant tout un outil de réduction des inégalités de base, sociale et économique. Les nombreux enjeux autour de l’électrification du continent africain nous interpellent sur un certain nombre de points sur lesquels nous proposons à travers ce billet de murir la réflexion.
S’appuyant sur l’exemple de leur pays, dix jeunes sénégalais dénoncent dans un ouvrage collectif, la désuétude de la vie politique en Afrique, abandonnée par les intellectuels et envahie par des politiques professionnels qui peinent à transformer de façon durable et pérenne leurs pays. Fort de ce constat, ils invitent la jeunesse africaine à s’intéresser à la vie politique de leur pays parce que le développement tant recherché et souhaité par cette dernière ne peut se faire sans une gouvernance forte.