La musique congolaise : culture du masochisme?

C’est une question très congolaise qui me turlupine l’esprit : les riverains du fleuve Congo sont-ils masochistes ? Cela fait quelques années que je me la pose, au rythme des bals dansants auxquels je participe avec ma belle. Ces soirées où la rumba congolaise succède aux trémoussements torrides que suscitent les " chauffés " de JB Mpiana, Koffi Olomidé ou encore d’Extra Musica. Ces noms seront complètement inconnus pour certains des lecteurs, mais sachez que Koffi Olomidé ou Werrason, stars de la musique congolaise, par extension de la mélopée africaine ont été capables de remplir le palais Omnisports de Paris-Bercy.

Cependant, ce n’est pas une louange que j’adresse à ces artistes qui illuminent certes la nuit congolaise pour mieux obscurcir le quotidien des congolais. Si les mélodies de ces auteurs portent la poésie congolaise au firmament, célèbrent l’amour, elles sont parasitées par les dédicaces habilement glissées à l’endroit des politiciens véreux des deux rives du fleuve Congo. Le phénomène n’est pas nouveau. Ko buaka libanga (buvette aux Congo) est un concept installé depuis deux décennies par lequel les artistes congolais touchant difficilement leur droit d’auteur renflouent leurs tiroirs-caisses en monnayant la proclamation du nom d’un producteur, d’un compatriote à l’étranger ou ces dernières années d’hommes politiques. Les longues rumbas congolaises se transformant en une réclame continue. La démarche est habile et s’est tellement insidieusement infiltrée dans les moeurs qu’elle ne semble plus déranger les congolais.

Déjà, dans les années 80, les grandes brasseries de bière de Kinshasa et Brazzaville communiquaient par artistes interposés sur les effets positifs de leurs produits Tonton Skol, Primus, Ngok, etc.

Ce type de représentation peut avoir des effets thérapeutiques quand, par exemple, les artistes congolais remettent en scène des situations de guerre en évoquant par la danse Hélico, les fameux bombardements de Brazzaville ou encore la fameuse danse Ndombolo imitant la démarche du Mzee Laurent-Désiré Kabila. Après tout, il faut bien rire, sinon en danser de toutes ses horreurs. Mais est-ce la solution ? Ces dernières années, les hommes politiques ont également investis le créneau. Aussi en écoutant un morceau du génial Fally Ipupa, votre blogueur danseur devra s’attendre à une référence au maire de Brazzaville, ou d’un autre grand général de la place, contraignant votre serviteur troublé à marcher sur les pieds de sa belle alors qu’il tenait un bon rythme… Imaginez-vous entrain de danser sur un morceau de Johnny Halliday et qu’un clin d’œil soit donné au ministre de l’intérieur Alliot-Marie en plein cœur de " Quelque chose de Tennessee "… Si vous pensez ensuite à l’état des rues de Brazzaville, les délestages d’électricité, l’absence d’eau potable aux pompes de la majorité des populations congolaises, vous comprendriez le désarroi du congolais qui se réfugie le soir au fond d’un nganda (*) dans une rumba langoureuse d’un artiste les flagellant des noms de tous ces notables qui pourrissent son quotidien…

La pratique est devenue tellement courante que les artistes ne se posent plus la question de faire la part entre de la bonne plante et de l’ivraie.

Mais, il se passe ces derniers temps en Europe quelque chose en lien avec ce que j’ai évoqué plus haut. Un phénomène qui va peut être permettre aux artistes congolais de prendre la mesure de leur responsabilité.

En effet, depuis deux ans, les artistes ne peuvent plus se produire sereinement en Belgique ou en France. Un collectif de jeunes ressortissants de la RDC basé en Belgique empêche la production de concerts de musiciens congolais sans la référence à la situation du conflit armé qui secoue l’Est de ce pays et qui a déjà fait plus de 5 millions de morts en un peu plus de dix ans. Ainsi la star des stars Koffi Olomidé a vu son concert au Zénith de Paris annulé au mois de février 2009. L’artiste Werrason a vu sa tournée de 2006 sabordée par ce même collectif.

Tout cela est déplorable pour les afficionados, mais les artistes congolais vont devoir prendre une posture quant à leur rapport avec le politique, la question politique et le patriotisme. Enfin, il faut l’espérer. La question des droits d’auteur devoir être remise sur table pour assurer l’indépendance des artistes de toutes ces contingences matérielles… et que les mélomanes congolais puissent savourer leur rumba en toute quiétude.

Lareus Gangoueus

Article initiallement paru Chez Gangoueus

L’économie du sorgho et du mil : faits, tendances et perspectives

Le sorgho est la cinquième plus importante céréale dans le monde, qu’il s’agisse du volume de la production ou des superficies cultivées. Le mil se classe au septième rang et regroupe un ensemble de céréales qui ont pour caractéristique commune la petitesse de leurs graines. Environ 90% des superficies cultivées en sorgho et 95% des superficies cultivées en mil se trouvent dans les pays en développement, surtout en Afrique et en Asie. Ces cultures sont généralement pratiquées dans un écosystème où la pluviométrie est faible, donc prédisposé à subir la sécheresse. La plupart de ces régions ne se prêtent pas à la production d’autres céréales, à moins qu’on irrigue les champs. Le sorgho est utilisé en alimentation humaine et animale, alors que le mil est presque exclusivement utilisé en alimentation humaine.

Le sorgho entre cultures intensives et cultures extensives

L’économie mondiale du sorgho regroupe globalement deux systèmes de production et d’utilisation bien différenciés. Un premier système est intensif, commercial et la production est principalement utilisée en alimentation animale. On le trouve dans les pays développés et certaines parties de l’Amérique latine et des Caraïbes. Les hybrides, les engrais et les technologies modernes d’exploitation de l’eau sont largement utilisés; les rendements moyens atteignent 3-5 t/ha. Ce système de production commercial est pratiqué sur moins de 15% des superficies cultivées en sorgho, mais il compte à lui seul pour plus de 40% de la production mondiale. Environ 40% du grain ainsi produit est commercialisés sur les marchés internationaux des aliments du bétail.

Un second système est extensif, à faible apport d’intrants et la production est principalement utilisée en alimentation humaine. On le trouve dans les pays en développement (avec quelques exceptions en Amérique latine et dans les Caraïbes). Des variétés améliorées sont parfois cultivées, surtout en Asie, mais la culture demeure généralement moins intensive que dans le système commercial. Les taux de fertilisation sont bas et l’adoption des technologies de conservation de l’eau reste faible. Dans plusieurs régions, les rendements moyens ne sont encore que de 0,5 à 1,0 t/ha. En Afrique et en Asie, les systèmes de production du mil se caractérisent généralement par des pratiques extensives (plutôt qu’intensives) de production et une faible adoption des variétés améliorées. Les rendements stagnent à 0,3-1,0 t/ha. Des hybrides sont cultivés dans certaines parties de l’Asie, mais les variétés traditionnelles occupent encore la plus grande partie des superficies cultivées en mil. Peu de paysans appliquent des engrais ou des techniques améliorées de conservation de l’eau.

Le sorgho et le mil sont d’une importance vitale dans le monde, car ils contribuent à l’alimentation des familles dans les régions les plus pauvres et où la sécurité alimentaire est la plus précaire. Dans les principales régions productrices d’Afrique et d’Asie, plus de 70% du sorgho et 95% du mil sont consommés par l’homme. Les paysans qui y vivent n’espèrent souvent que produire suffisamment de grain pour satisfaire les besoins alimentaires de leurs familles – et plusieurs n’arrivent même pas à atteindre ce modeste objectif. Dans ces régions, une petite partie seulement de la récolte est vendue, surtout sur les marchés locaux. En Afrique, les facteurs agro-climatiques responsables de l’insécurité alimentaire sont d’autant plus pernicieux qu’ils limitent l’adoption des technologies améliorées. Les paysans, vivant souvent au seuil de la subsistance, trouvent risqué d’investir le peu qu’ils ont dans de nouvelles technologies. L’investissement requis pour changer de semences est minime et de plus en plus de paysans utilisent les nouvelles variétés. Cependant, ils sont moins enclins à investir leurs maigres ressources monétaires dans l’achat de fumier ou d’engrais chimiques. On alloue peu de capital et de temps de travail familial pour la fertilisation et les travaux de conservation de l’eau, car on estime pouvoir obtenir un meilleur rendement en investissant ces ressources dans des activités agricoles autres ou dans des entreprises non agricoles. Par exemple, l’éducation et l’agriculture peuvent être en concurrence directe lorsque vient pour le paysan le temps d’investir le peu qu’il a.

L'amélioration de la culture du sorgho et du mil en Afrique et en Asie

Au cours des dernières années, la production du sorgho et du mil a augmenté en Afrique. Ce gain provient essentiellement d’une augmentation des superficies cultivées. Les rendements n’ont pas augmenté; ils ont même diminué, car les cultures ont débordé sur des terres encore plus marginales. Cela, dans des régions déjà prédisposées à subir la sécheresse. Cependant, les paysans devraient commencer à intensifier leurs pratiques, car les contraintes liées à la terre deviennent plus serrées et les coûts de production des déficits alimentaires augmentent. En Asie, l’infrastructure commerciale est relativement bien développée, surtout dans les régions plus densément peuplées. L’adoption des technologies améliorées a été plus rapide et plus généralisée qu’en Afrique. Au cours des trois dernières décennies, l’augmentation des rendements a été sensible. Cependant, dans les régions plus sèches et moins densément peuplées, la situation ressemble à celle trouvée en Afrique (agriculture traditionnelle, faible adoption des technologies nouvelles et améliorées, insécurité alimentaire).

Les débouchés économiques du sorgho et du mil

Les superficies cultivées en sorgho et en mil ont diminué dans les pays asiatiques. L’augmentation lente de la productivité et les bas prix payés aux producteurs ont réduit la compétitivité de ces céréales. Dans plusieurs régions, ces cultures ont été remplacées par d’autres plus rentables, ou déplacées sur des terre marginales où leur adaptation aux conditions sèches et moins fertiles leur donne un avantage comparatif. Presque tout le sorgho transité sur les marchés internationaux est destiné à l’alimentation animale. Le système de production commercial du sorgho des pays développés, de l’Amérique latine et des Caraïbes repose sur ce commerce. L’utilisation du sorgho en alimentation animale a diminué progressivement au cours de la dernière décennie, car cette culture a été particulièrement affectée par des modifications apportées aux politiques agricoles dans plusieurs pays. Cependant, les perspectives de la demande pour le sorgho fourrager sont prometteuses, surtout en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes. Cela devrait renforcer l’économie du sorgho dans ces régions.

De petites quantités de sorgho sont utilisées par l’industrie alimentaire pour la production de farine et de bière. Les perspectives d’expansion de ce marché sont bonnes, si les rendements du sorgho augmentent assez rapidement pour rejoindre ceux des céréales concurrentes et si les coûts de commercialisation restent bas. De faibles quantités de mil sont échangées sur le marché international des graines pour les oiseaux. Ce commerce se fait surtout entre pays développés et ses perspectives d’expansion sont limitées. Le commerce du mil comme denrée alimentaire est essentiellement un commerce transfrontalier. L’augmentation de la production du mil servira surtout à résorber des déficits alimentaires localisés.

La sécurité alimentaire est encore le but premier des efforts faits pour améliorer les économies mondiales du sorgho et du mil. Pour la majorité des paysans, une augmentation de la production se traduira directement par une consommation plus grande de ces céréales et une meilleure nutrition. Lorsque les besoins alimentaires des ménages seront satisfaits, une part plus grande de la production sera acheminée vers les marchés régionaux. Une production et une productivité accrues permettront d’augmenter les revenus, ce qui est particulièrement important dans les régions où ces cultures sont produites, car on y trouve les populations les plus pauvres au monde.

Sadio SANGHARE
Sources : www.fao.org

Article initiallement paru sur Njaccaar Visionnaire Africain

Yahia Belaskri: Si tu cherches la pluie, elle vient d’en haut

Cet été j'ai lu, à l'occasion de la coupe du monde de football en Afrique du Sud, un recueil de onze nouvelles consacré à ce sport avec autant d'auteurs. J'avais été marqué par la violence et la justesse de l'une d'entre elles écrite par Yahia Belaskri. Aussi, c'est avec une certaine satisfaction que je me suis plongé dans ce deuxième roman édité chez Vents d'ailleurs.


Déhia. Adel. Deux destinées liées. Ce couple séjourne pendant ses vacances quelque part en bord de mer d'un  pays qui ressemble à l'Italie. Peu importe. Yahia Belaskri donne quelques indices en évitant de nommer explicitement les lieux. On sent dans les intermèdes où le présent s'invite, où ces vacances sont évoquées, que tout est fragilité, attention, amour, écorchures du passé entre cet homme et cette femme. Et une mer qui les sépare de la terre d'origine.

C'est sur les causes de cette fragilité que Yahia Belaskri décide  de porter son regard  en revenant sur le cheminement sur la terre du Maghreb originelle. Dehia. Jeune enseignante d'une université d'une grande ville, elle se dévoue à cette tâche de transmission du savoir avec toutes les difficultés que peut rencontrer une femme dans un univers où l'obscurantisme religieux qui touche la jeunesse estudiantine à plus en plus prise et la corruption des élites est devenue un sport national. Évoluant, dans un milieu aisé, entouré par des parents émancipés, on voit au travers du regard faussement insouciant de Déhia  que la violence est néanmoins à tous les coins de rue. Elle raconte une journée où il pleut. Une journée partagée entre ses cours, sa mère, son amant. Une journée où tout va basculer quand la violence de la société va s'abattre sur ses êtres les plus chers.   

Adel quant à lui est un cadre supérieur consciencieux. Issu des milieux les plus modestes, il est parvenu à se faire une place au soleil  à force d'instruction et en rompant avec le fief familial pour s'établir dans une autre grande ville du pays. Compétent, probe, il fait partie de ces hommes intègres qui souhaitent améliorer le cadre de travail et la productivité des structures dans lesquelles il évolue, mais qui se heurtent  au népotisme, au clientélisme, à la corruption et autres maux qui gangrènent cette société.

Quand l'amour pointe son bout du nez, laissant de nouvelles perspectives à Adel, un acte terroriste réduit à néant tous ses espoirs, écrasant sous les décombres le corps sans vie de l'être aimé…

C'est une reconstruction commune que tentent ensembles Adel et Déhia loin de cette terre de violence, de l'autre côté de la Méditérrannée…

Mais quelques formes que puissent prendre l'exil physique, peut-on réellement échapper, se soustraire à son passé?

C'est la question qui me taraude l'esprit en terminant cet ouvrage. Le point de vue de Belaskri est intéressant. Si je n'ai pas accroché sur une partie du parcours de Déhia qui traite de manière brutale du fondamentalisme religieux qui façonne la société dans laquelle elle vit, j'ai été beaucoup plus sensible au portrait d'Adel et surtout de Badil qui est un peu la surprise dans la construction de ce roman. Je n'en dirai pas plus sinon j'en dirai trop sur les développements autour de Badil, frère cadet pommé d'Adel.

Belaskri nous conte très bien toute cette violence. On la retrouve dans sa manière d'écrire, dans l'enchainement des verbes, avec une forme d'essoufflement du coureur grec qui annonce la victoire de Marathon. Les descriptions sans être trop longues sont imprégnées de ce rythme très marqué dans la narration des deux personnages d'Adel et Badil. Un livre dur, qui nous parle d'un monde qui se déshumanise. La pluie ne vient pas toujours d'en haut.

Lareus Gangoueus

Article initiallement paru Chez Gangoueus
Yahia Belaskri, Si tu cherches la pluie, elle vient d'en haut
Editions Vents d'ailleurs, 124 pages, 1ère parution en 2010

Source photo – Vents d'Ailleurs

 

Variations sur une urgence

“I'll be everywhere. Wherever you can look – wherever there's a fight, so hungry people can eat, I’ll be there. Wherever there's a cop beatin' up a guy, i'll be there. I'll be in the way guys yell when they're mad.”

John Steinbeck, The Grapes of Wrath

Appelons ça la « division interrégionale des malheurs » : Afrique occidentale (guerres civiles à caractère ethnique), Afrique centrale (génocides interethniques à caractère économique), Afrique Australe (corruption et Sida), Afrique du Nord (menaces islamistes), Afrique de l’est (famine). C’est simple, facile à ranger, facile à penser. Le journal s’ouvre sur « crise au Malawi », on sait à peu près autour de quoi ça va tourner ou « affrontements sanglants en Guinée », on complète la phrase « Peulhs contre malinkés – ou l’inverse.» Mais dans cette sinistre classification, admettons que la Corne de l’Afrique se distingue par sa « persévérance » : ça fait vingt ans que des gens y meurent ou s’apprêtent à y mourir de faim. Au bout d’un moment… On s’en fiche un peu.

 

Savons-nous encore ce que signifie un million de morts ? Je ne parle pas d’un millions d’exécutés ou de gazés. Un million de gens qui meurent patiemment, sans cris et sans larmes (le corps se protège et retient toute l’eau qu’il peut). Des hommes qui tombent et ne se relèveront plus ? En 1984-85, un millions de gens moururent en Éthiopie. Il a fallu ça pour décider le « monde » à réagir, en commençant par une chansonnette et des concerts. Au fond, la famine en Afrique de l’est, c’est ça : un refrain.

 

Douze millions de gens, en Éthiopie (encore ?), au Kenya et surtout en Somalie sont menacés, depuis début juillet par la plus sévère sécheresse connue sur le continent, depuis soixante ans. Quatre millions d’entre elles sont en situation de détresse alimentaire grave. 750.000 risquent, à très court terme de mourir. Seuls 40% des enfants dans les camps de réfugiés pourraient survivre (j’adore le « pourraient » – vous mesurez le risque quand même ? Ils « risquent » de survivre !!). L’aide arrive, « molo molo » comme ils disent à Abidjan (piano piano). Ils ont trouvé un joli mot pour décrire le phénomène : « aid fatigue » (je traduirais par « la lassitude du cœur).

 

Quelques dizaines de milliers d’hommes avaient péri avant que l’alerte ne fut lancée. Trois mois déjà. Les dons se font attendre. Certains donateurs (États-Unis en tête) attendent un signal (le demi million de morts ?) avant de débourser les aides promises. Le Royaume Uni a débloqué 59 millions d’euros, la Norvège 50, l’Espagne 25, la France… 10 ! (Vous vous souvenez de « l’homme Africain » etc. ? Bah, c’est la seconde partie du discours, coupée au montage, qu’on nous livre maintenant).

 

La Somalie ne m’empêche pas de dormir. Vous non plus d’ailleurs. Ce n’est pas grave. Quand il faudra ensevelir un million de corps desséchés, on trouvera toujours de quoi payer bulldozers et pelles géantes. Et sur les fosses communes, en guise d’épitaphe, on pourra toujours apposer « désolé, j’avais donné pour Haïti !»

Pour ceux qui veulent agir (ça coûte moins qu’un paquet de cigarettes), il y a encore :

https://fr.wfp.org/donate/dons/cornedelafrique

https://dons.actioncontrelafaim.org/don-urgence?codemailing=11PI39

et d’autres liens ici : http://www.europe1.fr/International/Famine-en-Somalie-a-qui-donner-644461/

Joël Té-Léssia

It’s time for Africa!

Le 21eme siècle sera résolument africain. Le « Grand jeu » du siècle naissant s’y déroule. En effet,  depuis peu, notre continent fait l’objet d’une attention inhabituelle de la part de la presse occidentale et des essayistes en mal de prospective. Cet attrait soudain ponctue la longue   époque de la  littérature afro pessimiste, alarmiste et catastrophiste. Le temps de l’Afrique semble arrivé. Le continent entame une nouvelle ère qui clôt le trop long chapitre de la décolonisation et du néocolonialisme.

Désendettées et débarrassées de la tutelle des institutions internationales,  les nations africaines reprennent en main leur destin. Longtemps objets de politique extérieure, elles deviennent pleinement sujets des relations internationales. Conséquence plus que cause de ce changement d’époque, le foisonnement d’acteurs géopolitiques présents sur le continent rappelle à qui veut l’entendre que notre terre n’est désormais la chasse gardée, ni le pré carré, de personne. A l’aube de ce siècle naissant, l’Afrique savoure enfin les premiers fruits de son indépendance. Jadis marginalisée, elle redevient une pièce maitresse du grand échiquier mondial.

Objet de convoitise, elle abrite ainsi le sol d’opposition de l’impitoyable affrontement  entre les puissances du monde contemporain. Nul besoin d’évoquer l’importance des ressources géologiques  dont  le capital serait évalué à 50.000 milliards de dollars. L’Afrique des années à venir engendrera des externalités globales. A l’horizon 2030, il s’agira de nourrir,  loger et  construire un vaste espace de près de 2 milliards d’habitants. Notre continent sera courtisé aussi bien comme interlocuteur économique que comme partenaire diplomatique. L’offensive de charme de la chine, qui vacille entre prédation et stratégie gagnant-gagnant, reste représentative de cet attrait soudain et de ce subit regain d’intérêt pour le berceau de l’humanité.

Les Etats Unis, par l’intermédiaire de l’administration Obama, procèdent à une refonte de leur politique en Afrique dans le cadre d’une stratégie d’endiguement du fondamentalisme  islamiste. Quant à l’Europe, elle se fait tailler des croupières. Empêtrée dans l’impasse institutionnelle de la construction européenne, elle peine à croire aux bouleversements qui s’annoncent à ses portes. Le vieux monde perclus de conservatisme semble incapable de remettre en cause les schémas du passé et  de s’émanciper de sa posture charitable et paternaliste face à des nations africaines qui avancent à toute vitesse et qui ne l’attendront pas. Les vieux démons du continent, potentats adoubés par l’occident, sont tour à tour renversés par la force du ciel ou par celle des peuples, emportant avec eux la nébuleuse Françafrique.

Cependant, s’il appartient aux partenaires de l’Afrique de prendre conscience des opportunités de l’émergence stratégique du sous-continent, il revient aux africains de les saisir. Cette Afrique nouvelle, émancipée et convoitée, devenue  sujet et maitre de son propre destin, n’a d’autre choix que de se doter des capacités institutionnelles qui lui permettront de défendre ses intérêts et d’exercer  ses  responsabilités collectives. Cette atomisation  des nations africaines  doit laisser place à l’unité afin de nous faire entendre dans le concert des nations. Les échecs du panafricanisme ont certes produit un certain désenchantement  exacerbé par les prophètes du cauchemar africain mais elle ne doit en aucun cas menacer  notre  engagement.

Ce texte est un appel renouvelé à tous les panafricanistes dans ce long combat qu’est celui de la fédération des forces vives. A elle seules revient l’immense tache de déjouer les pronostics fatalistes sur l’avenir de l’Afrique, comme ont pu le faire, avant nous, les élites asiatiques face à la condamnation sans appel du rapport Pearson. L’Afrique est en marche.

Ndiengoudy Sall

Article initiallement paru sur Njaccaar Le courrier du Visionnaire

Patrimoine archéologique et défis politiques dans la Tunisie nouvelle

Il y a quelques jours de cela, je me promenais, en compagnie d’amis tunisiens, le long de la côte de Sidi Bou Saïd, petit port touristique situé à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Tunis, proche des vestiges de Carthage. Notre marche nous amena bientôt auprès d’une superbe villa, dont l’architecture mariait avec bonheur le style classique de Sidi Bou Saïd, aux couleurs blanches et bleues popularisées par le Baron d’Erlanger, à des éléments plus modernes. Mais l’attraction principale de la demeure consistait en trois magnifiques colonnes ainsi qu’un arc de pierre taillée, qui en ornaient le jardin, et qui provenaient, sans le moindre doute possible, des ruines puniques toutes proches.

Pillages et abandon, de Sidi Bou Saïd à Dougga

Aucun doute ne pèse non plus sur la manière dont ces vestiges historiques s’étaient retrouvés dans le jardin d’une propriété privée : profitant du mépris de l’État tunisien pour son patrimoine culturel, ou bénéficiant d’une complicité active au sein des autorités publiques, les propriétaires avaient tout simplement subtilisé les colonnes et l’arc afin d’en décorer leur demeure, au vu et au su de tous, ajoutant l’injure de la provocation à celle du vol. Une discussion avec un gardien rencontré dans les environs nous apprit l’identité du propriétaire de la villa : Belhassen Trabelsi[1], beau-frère du Président Ben Ali – et l’un des orchestrateurs du pillage de la Tunisie auquel se livrait la famille régnante.

Photo par David Apelbaum

Le surlendemain, nous visitions la cité romaine en ruines de Dougga, dans le nord-ouest du pays. L’expérience est fascinante – et, pour un Français habitué à une préservation organisée des vestiges archéologiques, surprenante : les ruines sont laissées à l’abandon et au bon plaisir des visiteurs, l’État tunisien se contentant de prélever un droit d’entrée. Passée l’ivresse provoquée par la déambulation dans une ville laissée en l’état, où les pierres tombales ornent toujours les cimetières et les mosaïques embellissent l’intérieur des maisons, on ne peut s’empêcher de constater que, pour romantique qu’elle puisse être, cette déréliction provoque une dégradation rapide des vestiges. La plupart des pierres tombales sont déjà illisibles, et les ruines des maisons sont exposées aux intempéries (et aux impérities des visiteurs).

De surcroît, l’abandon du site laisse le champ libre aux éventuels pillards et autres revendeurs. Notre guide s’anime en expliquant que la collecte de vestiges à Dougga allait bon train jusqu’à ce qu’arrive un groupe d’archéologues allemands qui, après avoir mis à jour de nombreuses statues, mosaïques et autres bas-reliefs, s’en sont retournés dans leur pays faute de crédit pour poursuivre leurs recherches, non sans avoir mis sous clef, sur le site, les objets déterrés. Depuis lors, le pillage du site semble avoir largement diminué.

Comme le gardien de Sidi Bou Saïd, le guide de Dougga, très remonté contre les Trabelsi, ne manque pas de nous faire un inventaire de leurs exactions archéologiques et de leur mise à sac du patrimoine historique de la Tunisie. Quelle n’est alors pas ma surprise lorsque, mes amis tunisiens s’étant éloignés, il me prend à part et me propose d’acheter, pour quelques dinars, d’authentiques pièces romaines qu’il a lui-même ramassées sur le site… .

Il n’est d’ailleurs pas le seul : la récupération et la vente de vestiges archéologiques aux touristes, à petite échelle, a progressivement acquis le statut d’industrie nationale en Tunisie. Il est vrai que le désintérêt flagrant de l’État pour la mise en valeur des vestiges du passé, ainsi que l’exemple déplorable des pillages mis en œuvre par les hautes sphères de la société, ne peuvent qu’encourager les Tunisiens à prospérer au détriment de leur propre histoire. Cependant, les reproches adressés aux Trabelsi et autres pillards à grande échelle montrent que ces mêmes Tunisiens qui profitent du commerce illicite des œuvres d’art ont, malgré tout, conscience de l’importance de conserver cette histoire.

Trois défis pour une Tunisie démocratique

Il existe un lien direct entre patrimoine archéologique, mémoire historique et démocratie. C’est en effet la conscience de sa propre histoire qui pousse un peuple à vouloir prendre le contrôle de sa destinée. C’est dans cette histoire que se forge une identité qui va au-delà du régime en place, puisqu’elle est forcément plus riche et plus complexe, et c’est dans cette histoire qu’apparaissent des figures admirables, qui peuvent offrir une alternative au sempiternel exemple du dictateur et de ses proches. Au contraire, les dictatures vivent dans l’illusion d’un présent permanent, figeant dans le temps leur insupportable longévité et effaçant jusqu’au souvenir de leur absence antérieure.

Ainsi, au-delà de la simple anecdote, ou des regrets que peuvent ressentir les amoureux de la culture antique face à la rapide dégradation des vestiges tunisiens, les deux épisodes contés ci-dessus transcrivent très explicitement les trois grands défis auxquels le peuple tunisien fait face, dans le cadre de sa lutte pour la démocratie.

Le premier défi, sans doute celui dont le gardien de Sidi Bou Saïd et le guide de Dougga étaient les plus conscients, est celui de la justice. Les castes dirigeantes de la Tunisie – qui ne se limitent pas aux familles Ben Ali et Trabelsi, mais incluent tous les soutiens principaux du régime – se sont comportées, pendant plusieurs décennies, en délinquants de droit commun, et doivent désormais être traitées comme tels. Ceux qui ont pillé tout un pays, les vestiges archéologiques n’étant qu’un exemple choquant parmi d’autres, doivent être jugés pour ces faits, afin de montrer que la Tunisie appartient désormais au peuple tunisien.

Photo par David Apelbaum

Se contenter d’oublier ou d’amnistier les vols et extorsions commis par le régime déchu ne peut que fragiliser la démocratie tunisienne naissante : n’importe quel parti arrivant au pouvoir aura, ensuite, beau jeu de dénoncer la complaisance des autorités de transition envers les anciens pontes du régime, de se poser en justicier intransigeant, et finalement de s’assurer une hégémonie politique en éliminant ses rivaux, au prétexte de leur tiédeur et de leur hésitation à punir les suppôts de Ben Ali. Sur ce point, la Tunisie doit tirer leçon des expériences d’Europe de l’Est, où la complaisance envers les anciens hiérarques communistes a mené au pouvoir, vingt ans plus tard, des partis extrémistes dont le fonds de commerce était la « lustration », la revanche contre ces ex-dignitaires[2] – et qui en ont profité pour écarter leurs opposants de toutes les sphères du pouvoir, à travers des listes de dénonciations anonymes.

Le second défi, peut-être le plus vaste, et en même temps le plus évident,  est la reconstruction du pays, dans le sens du bien-être du peuple tunisien. Le patrimoine archéologique tunisien doit être préservé, conservé, étudié et rendu accessible à tous les citoyens tunisiens, comme élément de mémoire historique, et pas uniquement aux touristes et aux classes aisées. De la même manière, l’ensemble du tissu économique et social du pays doit être retissé, refondu, et réorienté dans un sens véritablement démocratique, permettant un exercice effectif des libertés proclamées. Le partage des richesses patrimoniales et culturelles est, en ce sens, un avatar archéologique du partage le plus important, celui des richesses produites par le capital et le travail tunisiens. Si la démocratie reste limitée à son aspect juridique et institutionnel, sans investir le terrain économique, elle demeurera un vain mot.

Reste le troisième défi, le plus complexe et celui qui mettra le plus de temps à être relevé : c’est la confrontation des Tunisiens avec leur propre passé, leur propre silence, leur propre passivité, voire, ici et là, leur complicité avec le régime qui les a opprimés durant vingt-sept années.

En effet, le touriste en visite en Tunisie ne pourra que constater la véhémence avec laquelle tous ses interlocuteurs vilipendent les exactions du régime en place, et la comparera avec le silence généralisé qui s’imposait avant le 14 janvier 2011 et le départ de Ben Ali. La défense est facile : le peuple était surveillé, le peuple était menacé, le peuple avait peur, nous dit-on. La vérité est nettement plus subtile et nuancée : nombreux sont ceux qui, à leur modeste et peu nuisible échelle, ont su profiter des opportunités qu’offrait un régime dictatorial. Nombreux sont ceux qui, dans un État de non-droit, ne se sont pas sentis obligés de respecter eux-mêmes ce droit que leurs dirigeants bafouaient. Nombreux sont ceux qui, en voyant les colonnes de Carthage installées dans la maison de Belhassen Trabelsi, sont allés dérober des pièces de monnaie à Dougga pour les vendre aux touristes. Et le gardien aujourd’hui payé par l’État pour surveiller que les Trabelsi ne reviennent pas dans leurs propriétés spoliées était, il y a un an, payé par les Trabelsi pour empêcher que des intrus ne jettent un œil trop appuyé dans leurs magnifiques jardins.

Aujourd’hui, dans son ivresse révolutionnaire, le peuple tunisien n’est pas encore prêt à reconnaître ses torts, à admettre sa part de responsabilité dans les malheurs qu’il a enduré, à assumer sa servitude partiellement volontaire. Il lui faudra pourtant faire ce long et difficile travail sur lui-même pour qu’un jour, sa démocratie s’appuie, non pas sur le mythe d’un peuple résistant et opprimé, mais sur un regard adulte, véridique et sans concession, porté par une nation sur son passé, sur ses erreurs, et sur les leçons qu’elles comportent pour l’avenir[3].

Et ce jour-là, lorsque le peuple tunisien aura châtié les pillards qui l’ont gouverné, rebâti un État de droit et d’équité, et surtout considéré sans concessions sa propre attitude, les colonnes et arcs de Carthage regagneront leur place sur la colline de Byrsa, les monnaies antiques pourront être admirés dans des musés publics, et les ruines préservées de Dougga brilleront, sous le soleil doré, d’un éclat plus vif que jamais.

David Apelbaum

Article initiallement paru chez ArabsThink


[1] Frère de Leïla Ben Ali, épouse de l’ex-Président tunisien, Belhassen Trabelsi était réputé avoir la haute main sur les activités mafieuses de la famille Trabelsi (trafics, extorsions, corruption). Actuellement en fuite dans un lieu inconnu (probablement le Canada ou un État du Golfe), il a été condamné par contumace, le 28 septembre 2011, à quinze ans et deux mois de prison pour trafic de devises et métaux précieux.

[2] L’exemple typique en est, en Pologne, le parti « Droit et Justice », des frères Kaczyński, et sa loi de lustration de 2007. Suite à cette loi, de nombreux intellectuels ont été menacés de perdre leurs droits civiques pour des faits, plus ou moins réels, de collaboration avec les autorités communistes.

[3] Il faut rappeler, à titre d’exemple, qu’après la défaite de l’Allemagne nazie en 1945, les autorités françaises ont perpétué pendant près de trente ans le mythe d’une « France résistante » où la collaboration avec l’occupant nazi n’était que marginale. Il a fallu attendre la publication d’un ouvrage américain, La France de Vichy de l’historien Robert Paxton, en 1973, pour susciter un débat sur cette période. Et ce n’est qu’en 1995, soit plus de cinquante ans après les faits, que le Président Chirac a reconnu, dans le discours du Vél’ d’Hiv’, la responsabilité directe de la France dans la déportation de dizaines de milliers de Juifs.

Cheikh Hamidou Kane, L’aventure ambiguë

Cheikh Hamidou Kane s'est de suite imposé comme un des écrivains africains incontournables avec la parution en 1961 de L'aventure ambiguë. Dans cette œuvre majeure de la littérature du XXe siècle, l'auteur pose une problématique consubstantielle à l'Africain, à savoir la nature de son identité face aux nouveaux défis qui lui sont imposés par l'enseignement dit moderne et assurément matérialiste de la puissance occidentale ; civilisation colonisatrice dotée de particularismes organisationnels qui lui sont propres et constitutifs de son être. Une interrogation qui se pose avec une acuité déterminante lorsque cet homme est un fervent croyant en Dieu et fait de cette spiritualité sa raison d'être.

Cette question majeure et incontournable de l'identité – sa construction dans deux univers différents à savoir la société traditionnelle et le modernisme occidental – habite le personnage principal, le jeune Peul Samba Diallo, façonné à la fois par l'enseignement coranique et par les préceptes de ses études supérieures en philosophie faites à la métropole. Dans le village, le maître coranique qui est aussi gardien des traditions des Diallobé, voit en Samba Diallo l'élève prodige. A la manière du patient artisan qui laborieusement fait sortir l'or précieux de sa cosse, le professeur travaille à ce que Samba se débarrasse de son ignorance crasse et embrasse Dieu l'Incommensurable.

A cette fin, le maître emploie une éducation forgée dans le stoïcisme le plus rigoureux qui en dépit de sa sévérité la plus extrême conduit le jeune impétrant à un état de ravissement extatique dans sa communion avec la Divinité. Les longues et épuisantes récitations coraniques deviennent très vite un bonheur infini. Mais avec la venue des Français arrive leur école. En qualité de fils de dignitaire et d'étudiant brillant, il se doit de la fréquenter pour discerner au mieux les défis des temps nouveaux et les meilleurs moyens sinon de les contrer du moins de les assimiler à la tradition pour que le peuple des Diallobé ne sorte pas vaincu mais renforcé de la confrontation des deux civilisations.

Élève des plus doués dès le premier cycle scolaire, il fait part à son père de son embarras sur les contradictions de la perception du monde existant entre l'enseignement prodigué par le maître coranique et celui reçu à l'école. Le second ne l'éloignerait-il pas de Dieu ? A Paris, dans le cadre de ses études supérieures où il se frotte aux principes mis en avant par les philosophes de la vieille Europe, son désarrois ne fait qu'empirer et devient insoutenable. Samba Diallo, jeune intellectuel africain en France, ne réussit pas à réaliser cette union constitutive d'une nouvelle identité prenant en compte le matérialisme occidental et les vertus d'une société traditionnelle où Dieu est le grand architecte. Mais une telle union de deux conceptions du monde qui serait constitutive d'une identité nouvelle, originale, n'est-elle pas impossible ?

De ce conflit intérieur d'une violence inouïe, Samba Diallo se noie dans une ambiguïté qu'il n'est pas à même de dépasser. Son père auquel il confit ses peurs le rapatrie au village, cela pour le faire revenir dans la maison de Dieu. Mais il est trop tard. Samba Diallo périt dans la confusion, l'indécision, le doute. L'insupportable étrangeté le condamne. Ou bien devrions-nous dire pour être plus exact que Samba Diallo se condamne à la mort.

Au regard du parcours de Cheikh Hamidou Kane, nous ne pouvons pas ne pas penser que l'itinéraire de Samba Diallo ait été, du moins en partie, inspiré par celui de l'écrivain. Il est plus que probable que celui-ci ait souffert des angoisses issues des même interrogations. Peul, né en en 1939, façonné par les traditions et par l'enseignement coranique, il fut lui aussi amené à faire de longues études dans l'école de la puissance colonisatrice qui lui fournit des Connaissances qu'il mit en pratique tout au long de sa vie – il décède en mai 2009 – dans ses fonctions publiques tant nationales que internationales. L'aventure ambiguë va plus loin que les interrogations concernant la négritude et les réponses que celle-ci propose sur la problématique identitaire. D'ailleurs il dira de la négritude : « J'avoue que je n'aime pas ce mot et que je ne comprends pas toujours ce qu'il recouvre ».

La réflexion identitaire posée par Cheikh Hamidou Kan dépasse le continent africain. Elle s'adresse à toutes ces personnes qu'elles soient ou non africaines vivant dans des sociétés traditionnelles organisées par et dans Dieu et qui par la colonisation ont été soumises à une acculturation violence source de traumatismes ressentis dans la plus grande douleur. Il en est né une remise en cause qui a fait fondre leur identité originelle dans un maelström. La parole de Cheikh Hamidou Kane est toujours d'un grande actualité. Il est vrai que les indépendances telles qu'elles se sont faites pouvaient difficilement apporter des réponses idoines à cette quête identitaire.

Hervé Ferrand

Article initiallement paru dans Ballades et escales en littérature africaine

Catalogue des idées chic

Mirabeau, aucun talent ; mais son père (qu’on n’a pas lu), oh!

Gustave Flaubertdictionnaire des idées reçues

 

 

 

 

 

 

 

 

La police fait bien son boulot

Antiracisme, communisme du XXIème siècle

Google nous rend cons

Benoit XVI, nazillon

Ne pas posséder de télévision

Quand le Brésil s’éveillera…

Ils ont besoin de discipline ces gosses !

Juan Carlos, sauveur de l’Espagne

Woody Allen, indépassable

Homère…  Simpson ?

De Gaulle avait vu juste

Éloge de la parentalité

Défense de la Défense

Défense du droit d’offenser… les musulmans, seulement

Apprendre le mandarin

« Dead Aid » ? Magistral ! Surtout quand on ne l’a pas lu

« Et si l’Afrique refusait le développement ? »

Thomas Sankara, Jésus Noir

Tolkien supérieur à J.K Rowling

Grand Corps Malade supérieur à Aragon

Dire du mal de Facebook, mais continuer à l’utiliser

Steve Jobs, Dalaï Lama et martyr

Je suis de gauche, mais je me soigne…

Joel Té-Léssia

Devant la douleur des autres

Chacun d’entre nous a un degré différent de résistance à Dieu, aux inégalités sociales, à la douleur, aux visions d’horreur, etc. Je résiste assez bien au premier, mais mon insensibilité s’épuise rapidement en descendant cette liste.

J’ai vu, hier, avec beaucoup de retard, les images d’un ranger pakistanais exécutant, sur la voie publique, en plein jour, un jeune homme arrêté quelques minutes auparavant. Elles rappellent furieusement – et sauvagement – la photo prise par Eddie Adams de Nguyen Ngọc Loan, chef de la police sud-vietnamienne abattant, d’une balle de revolver, un prisonnier Viêt-Cong menotté. Ou encore celles du soldat guinéen assassinant, à coups de couteau, en pleine rue, un manifestant pacifique et désarmé.

Me sont revenues en tête, depuis, d’autres images plus dures et plus sordides. La mort imbécile. La mort inutile.

Je me rappelle l’encéphale ouverte d’un enfant de cinq ans, le rouge et le blanc, le sang et la cervelle par terre. Son père n’avait pas toléré qu’il renverse la plaquette d’œuf achetée au « Mauritanien » comme on disait. C’était une hache. L’exode rural n’a pas effacé chez tous les paysans les reflexes d’antan. Le geste fut rapide et précis. Un crâne d’œuf au milieu de coquilles brisées. Le rouge, le blanc, le jaune et le noir, enfin réunis. « A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, Je dirais quelque jour vos naissances latentes. »

Samuel Doé, le sergent-chef, l’ancien des forces spéciales américaines, assassinant des ministres attachés à des mâts, face à la mer. L’appel du large. Âmes à la mer : les yeux de Gary Cooper. Samuel Doé, le Président, torturé sous la camera devant son bourreau se désaltérant d’un gorgée de bière fraîche, l’été à Monrovia est desséchant, vous savez. L’oreille droite, puis la gauche et le reste. Alouette ! Le coffre de la voiture, l’homme-tronc qu’on en tire. Les rires et les cris. J’avais dix ans lorsqu’enfin, un cousin me montra les images. On supporte moins facilement la torture que la mort véritable. « La mort est un fait brut. On n’apprend pas à mourir », la torture est lente et répétitive, assez lassante à vrai dire. Qui vit par le feu.

Une cigarette au bec. Ils avaient osé lui mettre une cigarette au bec. Ils fumaient à ses côtés, eux aussi, armes au poing et bandana taché de sang, aux couleurs du drapeau américain, pauvre Washington, sur le front. Des mercenaires Libériens, moins chers et plus expérimentés que leurs confrères sud-africains. La tête était posée sur un tronc d’arbre, immobile, souriante, clope au bec. Fumer tue.

La mèche de Lumumba, docile et plaquée. Les troufions lui offrirent à boire. Il refusa. Christ à ses heures. Comme au Fils de l’Homme on lui perça le flanc… d’un coup de pataugas. C’était Patrick. Sa voix nasillarde ne s’élèverait plus. Le bon Roi Baudouin achevait sa sieste au Palais de Bruxelles, le Congo s’enflammait.

Je me souviens du visage d’une enfant colombienne calme dans la boue, le regard apaisé, même pas accusateur. Dans ses yeux, le jardin d’Éden s’annonce, pendant que son corps s’enfonce dans la fange et l’enfer.

Je me souviens… Quiconque écrit « je me souviens » se sait menteur. On ne se souvient jamais de rien. Le cœur plus que la tête recrée les émotions et les peurs passées. Et ce que ce gueux retrouve sous la tranquillité du savoir-vivre, c’est la puanteur des horreurs, passées, présentes et à venir.

 

Joël Té-Léssia

Les confréries religieuses en politique au Sénégal (1) : de la colonisation à la construction étatique

Le IXème siècle est communément retenu par les historiens comme période de l’avènement de l’Islam au Sénégal. A l’époque, il y eut un contact entre la religion musulmane et le Sénégal par la conversion du roi du Tekrour War Diaby. Jusqu’au XVIIème siècle, « l’Islam de cour », confiné dans les affaires royales, restait une affaire d’élites. A partir du XVIIIème siècle, l’islam va devenir une religion des masses sous l’action des chefs religieux : un islam des confréries[1]. Celles-ci sont des communautés de fidèles regroupés autour de chefs religieux charismatiques. La confrérie va ainsi devenir le cadre privilégié des musulmans du Sénégal ; elle va aussi imprégner toutes les sphères de la vie des fidèles du fait notamment d’un mode d’organisation spécifique.

En effet, chaque maître soufi rassemble et anime une communauté de disciples. Entre le marabout et ses disciples existe une relation de dépendance qui peut entrer dans le cadre de ce que Abdellah Hammoudi nomme « la dialectique maître/disciple »[2]. Ce lien transparait notamment dans la soumission totale du talibé (disciple en wolof, inspiré de l'arabe) à son marabout. Cette soumission, qui ne se limite pas seulement au domaine spirituel mais qui concerne également le domaine séculier, confère aux marabouts des différentes confrériques un pouvoir considérable. 

Cette naissance des confréries et le développement de leur mode d’organisation au Sénégal sont contemporains de la colonisation à laquelle les populations locales trouvent différentes formes de résistance. L’Islam confrérique en sera notamment une et cette étape marque l’entrée des confréries religieuses dans la sphère politique. Les marabouts de la Tiddianiyya mènent alors une farouche guérilla contre le colonisateur français. Quant à Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme, il est vite accusé par l’administration coloniale de préparer une guerre sainte. Aussi, est-il contraint à l’exil en 1885 au Gabon.

Cependant, l’action de l’administration coloniale va être guidée par le pragmatisme qui l’amène à établir une collaboration avec les marabouts dont elle a pris la mesure de l’emprise sur les populations locales. Si l’administration coloniale avait établi un pouvoir effectif en milieu urbain, elle avait toutefois besoin du soutien des chefs religieux en milieu rural aussi bien pour mieux tenter de légitimer son pouvoir que pour bénéficier de relais locaux. En contrepartie, les marabouts ont bénéficié de la reconnaissance du pouvoir politique et d’avantages économiques considérables. Ceux ci concernaient notamment les retombées de la culture de l’arachide[3] pour laquelle le pouvoir colonial mettait à la disposition des marabouts des milliers d’hectares de terres arables. Christian COULON résume cette collaboration en ces termes : « Les marabouts avaient la haute autorité sur une grande partie de la population et jouissaient  partout d’un grand prestige moral et social. Les autorités coloniales, quant à elles, dominaient l’appareil d’Etat.  Les uns contrôlaient donc le centre, les autres la périphérie »[4].

Si l’indépendance du Sénégal en 1960 constitue un tournant politique majeur, fondamentalement, elle n’en constitue pas un pour les rapports entre les confréries religieuses et le pouvoir public. Lorsque se met en place le nouvel Etat du Sénégal et bien que la constitution stipule en son article premier que « La République du Sénégal est laïque », les nouveaux gouvernants savent qu’ils doivent s’appuyer sur les marabouts. Et comme au temps des colonies, ceux-ci sont appelés à assurer deux fonctions substantielles dans le système politique, celle de légitimation et celle d’intermédiation avec les populations locales. 

Ce soutien des chefs religieux, le Président Léopold Sédar Senghor en a bénéficié en temps de paix comme en temps de guerre, notamment lors de la crise de 1962 qui l’opposa à Mamadou DIA, alors Président du Conseil. Si DIA représentait une certaine rigueur socialiste, SENGHOR, passait pour être plus modéré et plus respectueux des féodalités politiques, religieuses et économiques. Et si lors de cette crise, les deux protagonistes sillonnent le pays pour rencontrer les marabouts des différentes confréries, ceux-ci ont choisi leur camp. A propos des marabouts, Christian COULON écrit : « Ils craignent qu’en cas de victoire, M. DIA et ses partisans n’accélèrent les transformations entreprises et ne portent par là préjudices à leurs prérogatives. Aussi lorsque le 17 décembre, dans des circonstances particulièrement troubles, quarante députés votent une motion de censure contre M. DIA, lorsque le lendemain ce dernier et ses principaux lieutenants sont arrêtés, il n’y aura aucun marabout pour élever la voix en sa faveur. Abdoul Aziz SY se retranchera dans le silence ; El Hadj Ibrahima NIASS, El Hadj Seydou Nourou TALL, Falilou MBACKE, manifesteront publiquement leur soutien à L.S. SENGHOR ».

Cette crise de 1962 est très intéressante à deux égards. D’abord parce que le recours que font DIA et SENGHOR aux marabouts prouvent à quel point ces derniers pèsent dans l’échiquier politique et la manière dont les gouvernants ont intériorisé cette donnée. Ensuite parce que cette crise révèle que les chefs religieux tiennent à leurs avantages économiques. C’est ainsi par exemple qu’en dépit de la loi sur le domaine national de 1964, dont le but était de mettre un terme aux féodalités terriennes, l’Etat a continué d’accorder aux marabouts d’énormes concessions de terres.

Le rôle important des chefs confrériques dans la vie politique sénégalaise va s’accentuer. Plus tard en effet, l’instauration du multipartisme lors de la réforme constitutionnelle de 1981 va davantage contribuer à placer les grands marabouts  dans la position d’arbitres constamment sollicités. A travers leurs « ndiggeul », ces fameuses consignes de vote, on leur prête un pouvoir redouté. Certains marabouts ont cependant su garder un certain devoir de réserve tandis que d’autres préféraient troquer leurs habits religieux pour les apparats de la politique. Et depuis l’arrivée du Président Abdoulaye Wade au pouvoir en 2000, certains sont devenus, au grand dam de la démocratie sénégalaise, de véritables marabouts politiques.

Nicolas Simel

A suivre

Les confréries religieuses en politique au Sénégal, 2ème partie : L’ère des marabouts politiques



[1] La confrérie Qadriyya, la plus ancienne des confréries du Sénégal, a été originellement fondée par le mystique soufi Abd al Qadir al-Jilani et atteint le Sénégal au cours du XVIIIème siècle. Aujourd’hui le Sénégal compte quatre principales confréries, la Qadiriyya, la Tidianiyya, la confrérie des mourides et celle des Layènes.

[2] Abellah Hammoudi, Maîtres et disciples, Editions Toubkal

[3] Jean Copans insiste notamment sur cette réalité dans son ouvrage Les marabouts de l’arachide, Paris, Le Sycomore, 1980

[4] Christian Coulon, Le Marabout et le Prince

L’Afrique: nouvel eldorado des cabinets de conseil en stratégie?

« Après la première guerre mondiale, les cabinets de conseil ont joué un rôle clé dans la restructuration et le développement de l’industrie américaine, avec notamment le cabinet Arthur D. Little auprès de General Motors, Mc Kinsey auprès de Du Pont ou de Ford ou encore Booz Allen Hamilton auprès du Gouvernement américain. Ces cabinets ont ensuite fortement contribué à la diffusion des nouveaux « modèles managériaux » en Europe et en Asie, plaçant ces zones dans le peloton de tête de la compétitivité et du développement. L’Afrique est restée en arrière. » Ces propos sont de Victor Ndiaye, PDG du Groupe Performances Management Consulting (PMC) (http://www.perfcons.com/), principal cabinet de conseil en management en Afrique francophone.

Toutefois, si les métiers du conseil en management ont été très peu développés en Afrique jusqu’au début des années 2000, ils ont pris un essor considérable au cours de la dernière décennie. Ce développement  s’explique notamment par le libéralisme économique caractérisé par la privatisation de nombreuses entreprises publiques.  Pour accompagner ce mouvement, aussi bien les structures privées que publiques ont manifesté le besoin de se faire aider par des cabinets dans la définition et la mise en œuvre de leur stratégie. C’est ainsi que l’une des premières missions du Cabinet PMC a été d’accompagner la privatisation de la Sonatel (Société National de Télécommunications) suite à la séparation entre les Postes et les télécommunications au Sénégal en 1995.

Ce contexte économique ainsi que la volonté de plusieurs Etats africains de s’engager dans la voie de l’émergence économique ont contribué à orienter le conseil en Afrique vers le management stratégique. Aussi, les cabinets ont-t-ils surtout chercher à aider les institutions publiques et les grandes entreprises nationales à définir et à mettre en œuvre des plans stratégiques sur une durée de 5 à 10 ans. L’enjeu pour ces cabinets consiste à accompagner la transformation des économies africaines et à amener les entreprises du continent à devenir plus performantes et plus compétitives. 

Et en Afrique plus qu’ailleurs, l’une des caractéristiques majeures du conseil en management est son orientation vers le secteur public. Principaux acteurs de la vie économique, les Etats et les institutions publiques sous-régionales restent en effet les principaux clients des cabinets de conseil. A son arrivée à la tête de la commission de l’Union Africaine en juillet 2003, l’ancien Président malien Alpha Omar Konaré a choisi le cabinet PMC pour doter l’institution panafricaine d’une nouvelle vision stratégique. C’est aussi au Cabinet PMC que l’on doit les Programmes Economiques Régionaux (PER) de l’UEMOA (http://www.izf.net/upload/Guide/per_uemoa.pdf) et de la CEMAC (http://www.cemac.int/PER%20Volume1.pdf).  

Grâce au travail des cabinets de conseil en management, les Etats africains ainsi que les entreprises du continent peuvent s’appuyer sur des réseaux de savoir en matière de gestion économique et stratégique, alliant une fine connaissance des meilleures pratiques au niveau international à l’expérience du milieu local. Il reste que si les cabinets locaux insistent sur leur parfaite connaissance des réalités africaines et leur volonté d’accompagner les Etats et les grandes entreprises dans une perspective de développement à long terme, le marché africain attire de plus en plus les grands cabinets internationaux de conseil en stratégie. 

Mc Kinsey, qui possédait déjà un important bureau à Johannesburg, s’est installé à Casablanca depuis 2004. Le prestigieux cabinet américain accompagne notamment depuis 2010 la mise en oeuvre du plan de développement industriel national baptisé Emergence. Il accompagne aussi l’Office Chérifien des Phosphates (OCP), principale entreprise du Maroc. En juin 2011, le cabinet Roland Berger Strategy Consultants célébrait ses trois ans de présence dans le Royaume chérifien au moment où le Boston Consulting Group (BCG) y soufflait sa première bougie. L’Afrique du nord, au premier chef le Maroc, est aujourd’hui l’une des régions les plus attractives pour les cabinets de conseil en stratégie (http://www.consultor.fr/devenir-consultant/actualite-du-conseil/239-le-maghreb-nouvel-eldorado-du-conseil.html).

Cette concurrence des cabinets internationaux n’a pas seulement pour théâtre l’Afrique du Sud et le Maghreb ; elle touche de plus en plus l’Afrique subsaharienne. Signe des temps, l’Etat du Sénégal a confié cette année le rapport d'audit de la Senelec (Société Nationale d'Electricité) à Mc Kinsey ; 10 ans auparavant, ce travail avait été confié au Cabinet PMC. Le leader mondial du conseil en stratégie vient d’ailleurs d’ouvrir un nouveau bureau à Lagos.

Nicolas Simel

Faut-il espérer un « été subsaharien » ?

Sous la cendre et les répits apparents, le potentiel révolutionnaire est là qui pourrait éclater bientôt. Comme en Égypte et en Tunisie, les manifestations et protestations que connaissent beaucoup de pays d’Afrique subsaharienne pourraient déboucher sur un renversement inespéré et relativement rapide des régimes en place. L’Afrique noire s’apprêterait, elle aussi, à « leur » dire « dégage !» comme l’y invitait TerangaWeb.

Telle est la position défendue par Ty McCormick, diplômé de l’université d’Oxford et chercheur associé à Foreign Policy Magazine, dans un récent article publié sur le site de la revue. L’exemple de la jeunesse arabe, l’inflation, la hausse du prix du carburant, un accroissement encore plus aigu des inégalités dû au partage inique des fruits de la croissance économique et la brutalité, comme l’archaïsme des réactions des pouvoirs en place, sont les germes d’un « été subsaharien » dans la continuité du printemps arabe.

McCormick appuie sa thèse sur la multiplication et la vigueur nouvelle des manifestations de l’opposition sur tout le sous-continent. 111 manifestations ont éclaté en Afrique du Sud depuis 2010. Au Malawi, les dérives autoritaires de Mutharika et la répression brutale des protestations ont conduit les États-Unis (via le Millenium Challenge Corporation) et l’Angleterre à suspendre leur aide bilatérale – les 18 morts enregistrés depuis le 20 juillet n’ont pas réduit l’ardeur des dizaines de milliers de manifestants. En Guinée-Bissau, le président Malam Bacai Sanha a été contraint de négocier une trêve, le 26 juillet dernier, avec une opposition qui mobilisa jusqu’à 10.000 manifestants au cours des dernières semaines. Enfin, l’exceptionnelle mobilisation des Sénégalais a eu raison de la réforme constitutionnelle voulue par Abdoulaye Wade.

La frénésie et la brutalité renouvelées, avec lesquelles certains gouvernants africains (au Burkina Faso, au Zimbabwe, en Éthiopie, en Guinée équatoriale, au Gabon, au Cameroun ou à Djibouti), depuis fin janvier 2011, répriment dans l’œuf la moindre contestation, seraient, pour McCormick, autant d’indicateurs de l’imminence d’un « été subsaharien ».

Cet argument a pourtant des faiblesses. Parmi lesquelles, le peu de cas fait de l’antériorité d’un autre été subsaharien, plus long, plus progressif et peut-être plus utile et efficace que le « printemps Arabe ». En ramenant les récentes protestations et « révoltes » qui ont éclaté en Afrique subsahariennes à leur juste mesure, et surtout en les associant à une analyse de plus long terme, Calestous Juma, professeur à l’Université Harvard, conclut, dans un billet publié sur le même site, que la meilleure chose à espérer du printemps arabe est qu’il ne fasse pas d’émules en Afrique subsaharienne.

Juma insiste – assez lourdement – sur une vérité très importante : la situation socio-économique et politique de l’Afrique subsaharienne comparée à la réalité du sous-continent à la fin des années 70, pour n’être pas idéale, n’en reste pas moins un considérable succès. Il l’attribue aux réformes libérales (économiques et politiques) adoptées depuis les années 1980-90. Et pour lui, l’essoufflement relativement rapide des protestations post-printemps arabe, dans le sous-continent, au-delà de la répression policière, est d’abord le signe d’une réticence profonde des populations locales à troquer un progrès politique et social observable, stable et durable contre une nouvelle vague de soulèvements « populaires » incertains et facteurs d’instabilité.

En un mot, l’été subsaharien a déjà eu lieu : les bouleversements que connaît le monde arabe ne sont qu’un effet de rattrapage. En Janvier 2011, un pays membre de la Ligue Arabe sur deux avait à sa tête quelqu’un ayant occupé de très hautes fonctions dans les forces de sécurité (Oumar Guelleh, Hosni Moubarak, Mouammar Kadhafi, Abdullal Saleh, Khalifa ben Zayed Al Nahyane, Ben Ali, Béchir el Assad, Hamad bin Khalifa al-Thani, Omar el-Bechir, Mohamed Ould Abdel Aziz et Michel Sleiman.) Ce n’est plus le cas en Afrique subsaharienne. Et c’est la marque des profondes évolutions survenues dans cette région depuis 1980.

Le fait est qu’ici s’opposent deux visions du progrès économique, politique et sociale : radicalisme et réformisme. Et cette opposition est vieille. Elle précède la révolution russe de 1917 !

Il est difficile, aujourd’hui de prédire avec certitude, l’impact définitif que les révolutions Arabes de 2011 auront en Afrique. Pourtant, il convient de remarquer qu’après l’euphorie des premiers mois, le souffle semble être retombé. Kadhafi est toujours au pouvoir. En Syrie, au Bahreïn ou au Yémen, la répression continue, plus forte que jamais. Le bouleversement constitutionnel prévu au Maroc n’a pas eu lieu. L’armée dirige l’Égypte et les élections prévues en Tunisie ont encore été repoussées. Dans le même temps, le Sud-Soudan est né, 19 élections nationales sont programmées en 2011 et 28 autres sont prévues pour 2012 ! Plus significatif encore : on assiste aux derniers soubresauts d’une vieille tradition : celle des coups d’états militaires d’Afrique subsaharienne. La tortue semble l’emporter sur le lièvre.

 

Joël Té-Léssia

À qui profite réellement le franc CFA ?

Rappelons tout d’abord que la France et les pays africains de la zone franc (PAZF) ont signé le 4 décembre 1973, une convention visant à « mettre en commun leurs avoirs extérieurs dans un fonds de réserves de change. Ces réserves feront l’objet d’un dépôt auprès du Trésor Français, dans un compte courant dénommé comptes d’opérations ». La création de ces comptes d’opération fait suite au Pacte Colonial négocié par le conseiller du Général de Gaulle, Jacques Foccart, au lendemain des indépendances, et qui obligeait les PAZF à déposer la totalité de leurs avoirs extérieurs au Trésor Français. La convention de 1973 a assoupli ce « pacte » en ramenant le taux du dépôt à 65% des avoirs extérieurs, l’objectif officiel étant de répondre aux besoins de trésorerie des PAZF, et d’honorer leurs engagements auprès de leurs créanciers. En contrepartie, la France garantie une convertibilité illimitée du franc CFA en euros.

Cette convertibilité illimitée du franc CFA signifie qu’à chaque fois que de la richesse est créée dans un PAZF, de la monnaie est créée (du franc CFA en l’occurrence). Il en résulte une création potentielle de franc français, jusqu’en 2002, puis d’euro, ce dernier étant automatiquement convertible. Comme nombre d’économistes, nous pouvons voir dans ce mécanisme une source illimitée de devises pour la France. En effet, étant donné que la France est historiquement le principal partenaire et investisseur des pays de la zone franc CFA, la création de richesses en franc CFA lui a permis d’accumuler massivement des devises, notamment grâce à une liberté de rapatriement des capitaux sans restriction que légalisent les principes régissant le franc CFA. Ces comptes d’opérations seraient d’autant plus rentables qu’ils sont excédentaires jusqu’en 1980, puis de nouveau après la dévaluation de 1994, décidée par la France, qui a réduit la valeur du franc CFA de moitié. La garantie totale du franc CFA accordée par la France n’est donc aujourd’hui que fiction puisqu’il est peu probable que les Etats africains de la zone franc fassent faillite.

Cependant, force est de constater que l’environnement a changé, la France a perdu son quasi-monopole sur les marchés africains et la pluralité des acteurs présents aujourd’hui sur ces marchés ne permet plus à la France de s’enrichir (autant) sur le dos des Etats africains. En réalité, la plus grande faille de ce système repose sur le fait que les comptes d’opérations du Trésor français considèrent comme une seule et même entité l’ensemble des PAZF. Par conséquent, des pays ayant une balance commerciale excédentaire (tels que la Côte d’Ivoire ou le Gabon) payent pour des Etats déficitaires (telles que le Mali ou le Togo) qui ont ainsi la possibilité de s’endetter puis de faire porter la charge de cette dette à l’ensemble des pays de leur zone monétaire.

Ainsi, un pays comme le Sénégal est-il « douillettement » installé dans un profond déficit de sa balance commerciale avec des importations valant en moyenne le double de ses exportations, sans que cela ne se traduise par une quelconque sanction sur le plan monétaire. En d’autres termes, les mécanismes de la zone franc encouragent une forme de paresse économique en entretenant une propension à importer sans aucune relation avec les exportations. De nombreux pays africains sont, de ce fait, devenus des importateurs nets de biens de consommation et vivent au-dessus de leurs moyens, sans que cela ne transparaisse au niveau des statistiques de la zone monétaire.

On pourrait penser que finalement ce sont ces Etats qui bénéficient le plus de la zone franc CFA, mais ce sont ces même pays qui, aujourd’hui, ne parviennent pas à développer leur secteur industriel, voient le secteur tertiaire se développer mais principalement dans le commerce d’importation, abandonnent leur PME locales qui font face à des coûts dans un franc CFA trop fort (car arrimé à l’euro) et ne parviennent à rivaliser avec les importations bon marchés produites dans des monnaies plus faibles (yuan par exemple) ou dans des pays à monnaie forte qui subventionnent leurs exportations. Quand l’Afrique connait un taux de croissance de 6% en moyenne, les pays de la zone franc CFA atteignent une moyenne de 4%.

Nous pouvons en conclure que le franc CFA profite avant tout aux entreprises étrangères, aussi bien à celles déjà implantées en Afrique, qui peuvent rapatrier leurs capitaux en Europe ou en Amérique et bénéficient de l’absence de risque de change, qu’à celles qui exportent en Afrique où elles ont accès à un réservoir de consommateurs sans restriction aucune. On pourrait croire, à priori, que le franc CFA bénéficie également aux pays africains déficitaires, mais en réalité il représente un frein au développement de la compétitivité et de la concurrence des entreprises locales ainsi qu’à l’industrialisation.  Le rapport 2011 de la Cnuced (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement) et de l’Onudi (Organisation des Nations Unies pour le développement industriel) n’a-t-il pas indiqué que l’Afrique ne représentait que 1% de la production manufacturière mondiale ?

 

Awa Sacko

On veut des légendes !

“My greatest hero is Nelson Mandela……incarcerated for 25 years, he was released in 1990, he’s been out about 18 years now……and he hasn’t reoffended. Prison works!”
Ricky Gervais


J’ai horreur des sanctifications comme des exécutions publiques. Gandhi fut tour à tour, un anglophile monomaniaque, obsédé par la Couronne, qui méprisait les Noirs et souhaitait s’engager dans les armées de Sa Majesté, puis un « Sage » admiré par tous, en même temps qu’un lâche effroyable qui laissa sa femme mourir sans soins et enfin, un vieillard impuissant et libidineux qui s’endormait entouré de fillettes de treize ans. Martin Luther King trompait sa femme, allait au boxon, plagia des pans entiers de sa thèse de doctorat et de longs morceaux de son « I Have a Dream ». Jésus habitait chez ses parents, aima une pute et éprouvait des sentiments ambigus envers un de ses disciples. Le Général de Gaulle se prenait pour La France et sortait des phrases comme « Les Arabes, ce n’est rien. Jamais on n’a vu des Arabes construire des routes, des barrages, des usines» ou « Ce sont d’habiles politiques. Ils sont habiles comme des mendiants » ou encore « Je n’aime pas les youpins. » Mahomet épousa une fille de six ans puis coucha avec quand elle en eut neuf – autant surveiller la marchandise, soi-même, « dans ces pays-là ».

Ces travers personnels n’enlèvent pas toute leur puissance aux bouleversements plus ou moins positifs, que ces figures ont occasionnés dans l’histoire des hommes, mais suffisent, amplement, à ce qu’on nous épargne les « comme disait Gandhi » et autres prêts-à-penser du même genre.

La nouvelle idole qu’on essaie de nous imposer est : Nelson Mandela !

Ah, ils auront tout essayé : timbre-poste, statue ; bio-auto-bio-bio-romancée-essai-biographique-recueil-de-citations-recueil-de-citations-authentifiées ; t-shirt, pin’s, casquettes, chemises ; décorations, prix Nobel-et-non-Nobel, Doctorat Honoris Causa, pièces-de-théâtre-films-documentaires-BD ;  écoles-musées-aéroports-baptisés en son nom,. Tout ! J’avais proposé les préservatifs Mandela « pour garder le goût de la liberté ». Personne n’en a voulu !

 Il y a aujourd’hui une véritable industrie Mandela, qui supervise l’utilisation de la marque, porte plainte, récupère des dommages et intérêts, interdit à Charlize Théron de vendre un baiser pour la Fondation, qui négocie les apparitions de la diva, signe les contrats d’édition, relit les scenarii. Mandela lui-même pourrait mourir demain, que ça ne changerait plus grand-chose – ça pourrait même booster la marque !

On nous vend un Mandela sans aspérités. Il n’a jamais rien fait de mal. On travestit son histoire personnelle au point d’omettre qu’avant d’être le vieillard souriant, au pardon œcuménique qu’on nous présente, il a aidé à la formation de la branche armée de l’ANC. Qu’il a pris les armes et que c’est justement pour ça que sa vie est passionnante. On veut nous faire aimer Mandela pour les mauvaises raisons. On a fait de ce politicien doué, calculateur et tenace, une espèce de momie fade, mal fagotée, un distributeur de sagesse ancestrale. Un sage, en un mot – c'est-à-dire un vieux con. Le plus étrange,  c’est que je crois qu’il en joue et qu’il n’est pas dupe. Le monde a besoin de légendes. Il se prête au jeu. Que faire d’autre ?  

Ce qui fait la vie d’un homme ? C’est à peine une façon de dire « non ». Les refus de Mandela ont eu une dureté, une force, une beauté, hors du commun ! C’est en homme apaisé qu’il est sorti de prison, comme on dit d’un volcan qu’il est endormi mais pas éteint! Sa capacité d’indignation était intacte, formidable, en veille. Qu’est-ce qu’il en reste aujourd’hui ? Un Christ Bantou…

Demain, le monde célébrera les 93 ans de « Madiba ». Tout bien compris, mieux vaut ça que les 86 ans de la publication de Mein Kampf…

Joël Té-Léssia

 

À nos lecteurs

Cela fait sept mois, jour pour jour, que nous avons lancé la nouvelle formule de Terangaweb – l’Afrique des idées. Nous nous étions fixé un objectif ambitieux : faire paraître, tous les jours, un article d’analyse de qualité sur une thématique liée à l’Afrique. Vous êtes seul juge de la qualité de nos articles ; en termes de rythme de parution, nous avons relevé le défi jusqu’à présent.

L’idée de Terangaweb nous est venue suite à une frustration d’internaute : le peu de sites dédiés non pas à l’information, mais à l’analyse sur l’Afrique. Nous nous sommes donc retroussés les manches à quelques-uns, pour pallier à ce manque. Nous avons également souhaité inscrire ce site internet dans un mouvement plus large, celui du web 2.0, c’est-à-dire de l’internet participatif et interactif, où le lecteur peut-être aussi un rédacteur, où la connaissance libre et gratuite circule et s’enrichit de l’apport de tous. C’est sans doute dans cette direction que nous avons le plus d’efforts à fournir pour que Terangaweb – l’Afrique des idées ressemble vraiment à ce que nous voulons en faire.

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Nous nous sommes organisés en différentes rubriques, Economie, Analyse politique, Histoire, Parcours, Culture, etc. Chaque rubrique est animée par un chef de rubrique qui est chargé du suivi du planning de parution des articles, de motiver les rédacteurs de sa rubrique, de leur donner des idées d’articles, de les relire et éventuellement de conseiller des modifications. Certaines de nos rubriques sont plus actives que d’autres, et nous manquons particulièrement de rédacteurs dans les rubriques Histoire, Afrique urbaine et Critique d’essai. Avis aux bonnes volontés !

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