Entrepreneuriat : Inspiration #1

Pas trop de lecture cette semaine, mais un petit film de 30 minutes pour vous inspirer! L'équipe l'a regardé, a aimé, certains ont commenté, et nous espérons que vous prendrez la suite!

Ce que nous souhaitons? Que vous puissiez, dans la partie Commentaires de cet article, marquer vous aussi quelques mots, quelques idées ou réflexions que vous inspire le film "le Mur du Son". Enjoy!

Quel mur du son? De quoi ça parle? by Lisa

Entreprendre en Afrique, c’est impossible ? Nous ne sommes pas assez formés ? Sans relations, nous n’arriverons à rien ? Les jeunes ne peuvent pas défendre leurs innovations ? Et pourtant … face à toutes ces idées reçues qui freinent souvent les porteurs de projet, voici un magnifique exemple de jeunes africains désireux d’innover pour le continent. Burkinabè, camerounais, burundais : ils ont tous à cœur de créer des entreprises ambitieuses et créatrices d’emplois pour répondre aux besoins de nos populations. Cette motivation les amènera à défier les plus grands entrepreneurs du monde jusqu’aux Etats-Unis ! La preuve en images.

Découvrez le parcours de Roosvelt, Yasmine, Ghislain, Amadou, Moctar et Gérard dans cette grande compétition qu’est la Global Social Venture Compétition et laissez-vous inspirer par le nouveau visage de l’Afrique qui innove!

Le Mur du Son, par 2ie productions:

https://www.youtube.com/watch?v=pQ1i_kIpkOg

Commentaires des rédacteurs

Véra : Un petit reportage autour d’une aventure humaine, une histoire de jeunes entrepreneurs, qui exprime enfin que les Africains sont porteurs d’innovations sociales potentiellement déterminantes pour l’avenir du continent. Inspirant et résolument optimiste, ce documentaire illustre sans aucun doute un précédent, et inspirera d’autres vocations!

Cécile : Ce reportage est un bol d’air frais d’expérience positive à l’africaine mais est également le fruit d’un travail collectif de structures, de personnes qui ont favorisé ce genre d’initiative, loin des poncifs classiques sur le continent, les jeunes africains osent montrer leurs potentiels et réussir. Ce reportage donne envie d’essayer, envie de réussir, envie de partager enfin de vaincre cette crainte lancinante que les jeunes entrepreneurs africains peuvent avoir en se disant simplement pourquoi pas nous ?

A vous! Vos réactions à chaud!

 

FasoPro, une start up 100% Burkinabè

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FasoPro, comme la majorité des start ups, est d’abord l’histoire d’un entrepreneur. Kahitouo HIEN est Burkinabè. Dagara, plus précisément. De là où il vient, il est traditionnellement considéré comme l’un de ces burkinabè qui consomment régulièrement des chenilles. En effet, dans tout l’ouest du pays, c’est un met répandu, que les populations s’arrachent pendant les mois de juillet, août et septembre.

 

Plus qu'un insecte goutu, craquant à l’extérieur et moelleux à l’intérieur s’il est bien préparé, la chenille a d’autres propriétés. Et c’est bien là ce qui a intéressé notre entrepreneur. Alors qu’il étudie pour obtenir sa Maitrise en Biochimie à l’Université de Ouagadougou, il apprend que la chenille de karité est particulièrement riche en protéines : composé de 63% de protéines, elle serait même plus protéinée que la viande ou le poisson. Il apprendra plus tard que 100g de chenilles permettent de fournir à un homme de corpulence moyenne le taux journalier nécessaire en fer, et que les chenilles présentent également un excellent rapport oméga 3 / oméga 6. Dès alors, pourquoi ne pas l’utiliser et la valoriser pour lutter contre la malnutrition, un de ces fléaux qui ravage encore le Burkina ?

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L’idée suit son chemin … Et Kahitouo intègre une école d’ingénieur pour obtenir un Master en Environnement. Mais cette école est un peu spéciale et propose de former des « ingénieurs-entrepreneurs ». C’est ainsi qu’à 2iE (Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement[1]). Kahitouo va imaginer une réalité économique à son idée. Première étape : structurer ses pensées dans un Business Plan. Exercice beaucoup plus difficile qu’il n’y parait. Et pour augmenter la pression, c’est à travers une compétition plus qu’exigeante qu’il se prête à l’exercice : la Global Social Venture Competition[2]. Surprise : le jury est intéressé par le projet, le trouve pertinent, et potentiellement très successful. Direction la finale mondiale à Berkeley en Californie, où, après de multiples étapes, Kahitouo obtient le Prix du Meilleur Impact Social et repart à Ouagadougou avec la somme de 10 000$. Oui, son projet a du potentiel. Oui, il créera une entreprise dont l’objectif est de prévenir la malnutrition grâce à la valorisation des chenilles de karité du Burkina Faso.

Il s’agit maintenant d’avancer. Créer une nouvelle industrie agroalimentaire, ça ne s’improvise pas. Pour cela, il intègre l’incubateur d’entreprises de 2iE. Un incubateur, qu’est-ce que c’est ? Un dispositif d’accompagnement à la création d’entreprise (souvent adossé à une institution d’enseignement supérieur, mais qui peut aussi être totalement privé et indépendant). Pendant deux années, il profite d’un accompagnement intensif du point de vue technique (grâce à l’intervention d’agronomes et à la collaboration avec un centre spécialisé français pour valider la composition nutritionnelle de ses produits[3]), du point de vue stratégique (pour penser un modèle économique performant et rédiger un Business Plan convainquant), du point de vue juridique (pour protéger ses innovations) et du point de vue financier (avec le financement de tout le travail de prototypage et l’accompagnement dans la première levée de fonds de l’entreprise). Il rencontre beaucoup d’experts et apprend beaucoup. Son projet est malmené, remis en question sans cesse, questionné dans un seul but : le rendre toujours plus ambitieux.

cuisine redim2014 : c’est parti pour une phase pilote. Grâce au partenariat avec des associations regroupant une centaine de femmes collectrices de chenilles, à la création d’un packaging sur-mesure, à la collaboration avec une association locale pour la location des équipements lourds, à une première levée de fonds réussie (en participant à des concours, en menant une campagne de crowdfunding[4] et en mobilisant des donateurs privés), et au recrutement d’une équipe de 6 personnes pour la production … FasoPro lance ToumouDélice, son premier produit. Objectif : commercialiser 17 000 produits pour valider l’existence d’un marché réel et convaincre les investisseurs potentiels de suivre l’entreprise dans son changement d’échelle en 2015.

 

ToumouDélice, ce sont des sachets de 500g ou 1kg de chenilles fraiches, savamment conditionnées pour être conservées pendant 18 mois, tout en préservant au mieux leurs qualités nutritionnelles. Ainsi, grâce à FasoPro, les Burkinabè peuvent désormais consommer toute l’année des chenilles de qualité, à un prix fixe palliant ainsi le caractère saisonnier de cette ressource. Les produits sont aujourd’hui en vente dans les alimentations ouagalaises, et bien sûr, les projets de recherche pour développer de nouveaux produits spécifiquement dédiés aux populations malnutries sont nombreux !

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FasoPro est une illustration parfaite de l’entrepreneuriat social « made in Africa » : un entrepreneur profondément attaché à son pays, une idée qui part de la valorisation de traditions et de savoir-faire locaux, un projet qui cherche à répondre à un problème social important, une utilisation intelligente des outils et des ressources existants, un développement étape par étape pour convaincre les consommateurs … FasoPro pourrait bien devenir incontournable sur le marché de la commercialisation des insectes.

  

Lisa Barutel

Pour en savoir plus :

www.fasopro.com

contact@fasopro.com

https://www.facebook.com/pages/FasoPro/192247810976127?fref=ts

https://www.youtube.com/watch?v=B_8daR_NgVo

L’entrepreneuriat : un modèle de développement pour l’Afrique?

Lors d'un échange passionnant avec Mr Bonaventure MVE ONDO, Philosophe, ancien recteur de la Francophonie et de l'université Omar Bongo, nous nous sommes arrêtés sur des chiffres alarmants : plus de 120 millions de jeunes sortiront des systèmes éducatifs d'ici 2020 en Afrique subsaharienne et les 3/4 de ces jeunes ne trouveront pas d'emploi. Si le marché de l’emploi se raréfie en Europe par exemple, a t-il jamais existé en Afrique ?

Quelles y ont les réelles perspectives d'emploi ? Les entreprises internationales joueront-elles le jeu en créant des emplois dans la sous région ?

Les autorités africaines et internationales ont-elles prévu des plans d'actions opérationnels ? Est-ce que l'entreprenariat ne serait pas une solution efficace pour permettre à un plus grand nombre d'occuper une place d'acteur économique dans une Afrique en pleine croissance ?

Je crois personnellement que l'entrepreunariat est une conséquence logique de la mutation de notre société. En quittant l'ère industrielle pour passer à l'ère de l'information, le nord et le sud se retrouvent dans une situation presque similaire : la nécessité de revoir leurs fondamentaux socio-économiques et l'obligation de concevoir de nouvelles approches dans le domaine du travail.  J’imagine parfois que dans un futur proche où nos petits-enfants et arrière-petits-enfants découvriront le « salariat » en allant visiter les musées ! En effet notre économie, fondée sur l’industrialisation et la consommation date du début du 19ème siècle, soit plus de 200 ans ce qui est infiniment petit à l’échelle de l’histoire de l’humanité. Il y a eu d’autres modèles avant et il y a aujourd’hui l’opportunité de créer de nouveaux modèles durables. Ceci est un enjeu majeur pour l’Afrique et une grande responsabilité. Mais c’est surtout une grande chance car contrairement à l’époque industrielle qui nécessitait de gros investissements et des équipements lourds, on peut aujourd’hui créer son entreprise seul chez soi avec un téléphone, un ordinateur, une connexion internet et surtout de la matière grise ! C’est sans précédent. Et pendant que les monopoles perdus nous parlent de « la crise », il n’y a jamais eu autant d’initiatives et de success stories. Même si créer son entreprise nécessite certaines aptitudes et compétences, notamment la gestion, nous serons de plus en plus nombreux à tenter notre chance en « Terre entrepreneuriale». De la révolution industrielle à la révolution individuelle, quelle sera le modèle de développement de l’Afrique à l’aube du 22ème siècle ?

C'est pour faire un tour d'horizon de la situation globale et des spécificités de chaque pays que je me suis tournée vers des opérateurs économiques confirmés ou débutants pour prendre le pouls de cette économie africaine qui fait l'objet de toutes les convoitises.

Episode 1 : Au Bénin les jeunes diplômés créent leur job !

Lors d'un séjour à Cotonou, j'ai eu le plaisir de rencontrer une équipe de jeunes diplômés qui a décidé de prendre son avenir en main en créant sa propre structure. Ils partagent leur expérience et leur vision du futur. Une génération ambitieuse qui est à l'écoute d'un monde qui bouge mais qui doit composer avec ses réalités et les usages locaux.

Entretien avec Steve Hoda, Directeur des opérations et Vianio Kougblenou Directeur Général du cabinet Intellect Consulting 

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Présentez-nous votre structure 

Intellect Consulting est le seul cabinet-conseil pluridisciplinaire du Bénin géré par de jeunes Béninois. Fondé en Janvier 2012, le cabinet propose ses expertises en vue de favoriser le développement économique des pays africains. Les activités du cabinet tournent autour de 7 départements (Recherche-Formation et Développement – Informatique – Communication et Stratégie – Ingénierie solaire – Management des Projets – Juridique – Évènementiel & Création) et repose sur les valeurs telles que la responsabilité, la réactivité, l’éthique et la qualité. Le cabinet, à ce jour, travaille en partenariat avec plus d’une dizaine de partenaires à travers le monde. (Consulter www.intellect-consulting.com pour plus d’informations)

 

Quelle est globalement la situation des jeunes diplômés au Bénin ?

La question de l’emploi est un véritable problème dans notre pays le Bénin. Il suffit simplement de voir le nombre de candidats lors des concours de la fonction publique pour s’en rendre compte.

 

Quels sont les dispositifs mis en place pour favoriser l'emploi ? Sont-ils opérationnels ?

Pour favoriser l’emploi, l’État a mis en place des Business Promotion Center (BPC) qui sont des cadres qui incitent les jeunes à la création de leur emploi. Ces BPC accompagnent les micro-entrepreneurs dans leur idée d’entreprise.

En dehors de cela, l’État a mis en place l’Agence Nationale pour le Promotion de l’Emploi qui accompagne également les jeunes dans la mise en œuvre de leur propre entreprise et aussi pour l’employabilité dans une entreprise qu’elle soit privée ou publique. Mais il faut noter que ces structures ne sont pas tellement opérationnelles.

 

Comment vous est venue l'idée de créer votre entreprise ?

Nous sommes pour la plupart membres de l’Association des Volontaires du développement Durable (AVD-Bénin) qui est une organisation non gouvernementale que nous avons créée en 2011. Vu qu’il était difficile d’avoir des financements et que la plupart d’entre nous étaient diplômés dans divers domaines, nous nous sommes dit « pourquoi ne pas mettre en place un cabinet-conseil pour financer nos activités ? » C’est ainsi que nous avons crée Intellect Consulting.

Comment ont réagi vos familles ?

La génération de nos parents ne sait rien de ce qu’on appelle « entrepreneuriat ». Ils préfèrent voir leurs enfants au sein d’une grande entreprise, signe de réussite pour eux. C’est donc normal qu’ils soient restés sceptiques au départ. Maintenant, ils nous apportent leurs bénédictions puisqu’ils sont conscients qu’il n’est plus facile de trouver un emploi.

 

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Nous avons deux grandes difficultés. La première est qu’il est difficile pour les banques de nos pays d’accompagner les start-up. Vous êtes donc bien conscients qu’une jeune entreprise qui se bat seule risque de disparaitre. Ce qui fait que le taux de « mortalité » des entreprises est très élevé. À côté de cela, il faut dire que la fiscalité dans notre pays n’est pas une fiscalité de développement. Elle tue plutôt les entreprises.  

Deuxième difficulté : Nous sommes très jeunes et la génération des personnes aux affaires ne fait pas confiance à la jeunesse qu’elle estime immature et incompétente.

 

Comment a été accueillie votre initiative ? Que pensent vos camarades de promotion de votre projet ?

C’est une initiative qui a été bien accueillie et qui force l’admiration autour de nous. Nos amis de promotion sont fiers de nous même s’ils trouvent le pari trop risqué.

 

Quels sont vos atouts ?

Nos atouts : Nous sommes jeunes diplômés dans plusieurs domaines (droit, informatique, journalisme, économie, gestion, finance, ingénierie solaire, e-marketing…). Nous avons fait pour la plupart des expériences dans de grandes entreprises de la place.

Intellect-Consulting s’est également entouré de personnes qui ont du succès dans leur domaine d’expertise, afin de bénéficier d’une formation continue pour notre équipe car nous souhaitons apporter un service de haute qualité sur le marché africain. Nous avons noué des partenariats avec des entrepreneurs & des experts en France, en Suisse, au Sénégal, au Togo, au Canada et en Inde. Ils nous apportent leur concours sur le plan méthodologique et sur le plan des idées.

Pour nous faire connaître et vulgariser le métier de consultant et plus largement la prestation de service intellectuel, nous avons également un magazine économique en ligne « LeConsultant » : http://intellect-consulting.com/la-mediatheque/bulletin/

 

Qu'apportez-vous à vos clients ?

Nous accompagnons nos clients pour développer leur chiffre d’affaires tout en adoptant une attitude éco-responsables. Tout le monde fait du business au Bénin, mais combien d’entreprises sont vraiment rentables ? Nous les aidons à préparer l’avenir en étant plus performantes.

 

Quels objectifs souhaitez-vous atteindre ?

Notre objectif : accompagner sur les trois prochaines années plus de 100 entreprises à développer leurs activités et leur chiffre d’affaires dans la sous-région.

 

Vous êtes-vous déjà imaginé ce que vous deviendrez dans 10 ans ?

Dans 10 ans, nous envisageons devenir un grand groupe qui accompagne les chefs d’États africains dans les processus de développement économique. C’est pourquoi, nous avons travaillé sur la vision de l’Afrique à l’orée 2050 que vous pouvez lire en allant sur ce lien : http://stevehoda.over-blog.com/2014/04/quand-intellect-consulting-vous-plonge-dans-l-afrique-de-2050.html

 

Quelles sont les aptitudes indispensables pour réussir ?

Pour réussir, il faut avoir une vision, des objectifs clairs et mettre les moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs. Cela demande beaucoup de discipline, de rigueur et surtout de persévérance.

 

Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui veulent se lancer ?

Pour les jeunes qui veulent se lancer, nous les encourageons et nous leur disons qu’ils ont fait le meilleur choix. Maintenant, il leur revient de bien mûrir leur idée de projet, de s’entourer de personnes qui partagent la même vision qu’eux et de maintenir l’esprit d’équipe.

Ils rencontreront certainement des difficultés qui sont des marches vers le succès. Ils ont donc besoin d’un esprit guerrier pour avancer.

 

Quels sont vos prochains défis ?

  • Mettre en place différentes micro-entreprises à travers le projet CAFE (Conférence/Plan d’Action Africain sur l’Entrepreneuriat). À cet effet, nous travaillons avec Lawson Investissements pour la mise en place d’une ferme agricole à Zinvié au Bénin.
  • Servir de foyer d’opérationnalisation pour aider la diaspora à investir au Bénin.
  • Amener tous les professionnels, élèves et étudiants à maitriser les logiciels de leur domaine respectif.
  • Installer l’énergie solaire dans bon nombre de foyers béninois.

 

Article de Jenny-Jo Delblond Coach financière et passionnée d’entrepreneuriat elle est spécialiste de l’éducation financière. Elle intervient en France, aux Antilles et en Afrique pour accompagner les entrepreneurs et les chefs d’entreprises. Conférencière, consultante et formatrice elle démystifie l’argent et permet aux gens de développer leur créativité financière pour augmenter leurs revenus et améliorer leur qualité de vie. Jenny-Jo a coutume de dire qu’elle est diplômée de la Haute École de la Vie, car autodidacte, c’est dans les entreprises qu’elle acquiert son expertise pratique dans le domaine des affaires et de la vente.

Réalité Augmentée: la prochaine frontière en marketing numérique

Si vous demandez à l'internaute lambda ce qu'il pense de la Réalité Augmentée (RA), vous serez submergés par des réponses mentionnant les « Google Glass » et ô comment disgracieux ils nous font paraitre, le concept ingénieux des arrêts de bus récents de Pepsi…et on affirme qu’en réalité tout cela n’est qu’une mode passagère. En fait, vous serez confrontés à la tâche de définir la Réalité Augmentée.

Selon SDK Digital Lab Startup, créé par Atiyya Karodia et Christian Fongang, gagnant du Top 100 Technologies Awards, pionnier de la Réalité Augmentée et première agence à intégrer la Réalité Augmentée à la télévision, la meilleure façon de décrire ce concept est:

"La superposition de contenu numérique, dans un contexte réel, à l'aide de votre Smartphone, votre webcam ou tout autre forme informatique portable."

 

 

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La Réalité Augmentée en image

En Afrique du Sud, en tant que consommateurs, nous sommes largement ignorants du concept de la RA, et les marques sont, en toute franchise, hésitantes à sauter le pas (les principales exceptions étant Pond’s South Africa, SA Home Owner et Rolling Stone SA entre autres), préférant s'en tenir à l'alternative que d’essayer. Elles testent les services les moins cher proposés aux entreprises et qui, trop facilement, se transforment en rien de plus qu'un tableau d’affichage dans les Médias Sociaux. L'appréhension est compréhensible, mais cela signifie-t-il que nous serons toujours condamnés à porter l'étiquette du pays qui copie-colle des concepts numériques?

Un grand malentendu est généré dans le public, liant les RA uniquement au Google Glass, lui valant ce régard dubitatif alors qu'elle peut être disponible et abordable pour tout le monde car utilisable sur n'importe quel Smartphone. Il s'ensuit le problème du mauvais usage des RA quand on superpose du contenu qui offre peu ou pas d'interactivité.

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 Il est assez évident que le nombre de Smartphones augmente et, avec la croissance actuelle de la RA, 4 années après les médias mobiles, la question n'est pas tant de savoir si la RA est temporaire, mais plutôt, comment sa généralisation va nous affecter en tant que consommateurs à travers le marketing numérique.

 

Afin de comprendre l'impact de la Réalité Augmentée dans un cadre quotidien, vous aurez besoin de prendre quelques minutes pour visualiser l'image que je m'apprête à peindre :

« Imaginez un monde où vous vous réveillez, utilisez votre téléphone pour scanner votre environnement et obtenir des rapports de trafic en géolocalisation qui rendront votre trajet du matin plus facile. Vous déjeunez et avez besoin de plus de céréales pour demain, tout ce que vous faites est de scanner votre boîte, choisir votre produit, votre épicier, payez avec votre téléphone et savoir que lorsque vous rentrerez, vous aurez exactement ce dont vous avez besoin sans un détour ou un cargo ».

Il existe deux mondes : le monde en ligne où nous interagissons avec les publications, les marques et entre amis ; ensuite il y a le monde réel, où nos actions impactent les entreprises et les marques de façon plus tangible. La tâche pour les marques qui veulent rester dans les bonnes grâces et le portefeuille des consommateurs n'est pas seulement d'avoir une présence dans ces deux mondes, mais de trouver un moyen de mettre les deux ensemble. La plus grande erreur à commettre en tant que marketeur numérique est de penser que les marques détiennent encore assez de puissance pour contraindre par inadvertance les consommateurs à un engagement positif sans réel effort, parce que le nœud du problème, c’est que le symbole dièse (#) sur une affiche ne suffit plus tout simplement.

 

 

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Les progrès et réussites technologiques et de communication se sont souvent appuyés sur notre caractère évolutif qui nous incite à dépenser un minimum d'énergie et d’en tirer un avantage maximal. C’est aussi là-dessus que mise la Réalité Augmentée et d’autres technologies en développement.

Nous avons assisté à la montée en puissance de la téléphonie mobile, de l'Internet, des Médias Sociaux, et même à l’augmentation du Wifi public gratuit à Johannesburg. Monde réel et numérique semblent donc se rejoindre peu à peu. Ces évolutions font penser qu’un jour nous serons encore plus, et continuellement, en contact physique et actif avec les dispositifs qui nous relient au monde en ligne. Une formidable opportunité pour les entreprises qui ont misé sur le numérique. Mais si l’Afrique du Sud décide de rejeter la Réalité Augmentée et les technologies du monde réel, le seul impact des marques sur les consommateurs à l'avenir se limitera-t-il à de simples Tweet ?

Cedric Yamdjeu

Jumia Kenya – An Afro-European success

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In April 2013, I purchased a dress on Jumia. The reasons for my purchase were threefold; I wanted a dress, my flatmate was working for the company, and, needing a credit card purchase to ensure their system was working, he offered me a 20% discount. After an exhausting exchange of emails and phone calls, I eventually received the dress. The amount of human work involved – phone calls, emails and delivery – just for the purchase of a simple dress, revealed a company in the throes of start-up hell.

One year later, Jumia Kenya sells 5000 items per month and has become an unavoidable actor on the Kenyan reselling market. Such success is testament to the ability of Rocket Internet, the German company which owns Jumia, to apply its internet reselling business model in an economically booming country.

At heart of Jumia, The Cream of European Entrepreneurship

"Our companies succeed bjumiaecause we provide all they need: Great people, functional best practices, funding and ongoing hands-on support” (Alexander Kudlich, Group Managing Director of Rocket Internet). It is hard to argue with the model; seven years after its creation, Rocket Internet owns 75 ventures in 134 countries.

Africa’s large market base and rapid development of internet services were undoubtedly the primary factors behind Rocket’s decision to invest in the continent. A (THE FIRST?) beneficiary of this decision was Africa Internet Holding, the company that created Jumia in 6 African countries. Jumia Kenya opened at the dawn of 2013.

Kenya’s economic rise

Kenya – like several other countries in Africa – presents unique opportunities for growth. On the demand side, the demographic boom provides the company with a large potential market. With fast economic growth, a middle class is emerging, creating a large customer pool for Jumia. These people are starving to access western consumption and this is precisely what the company offers. Jumia sells everything from fashion items, to electronic devices – laptop, cameras and mobile phones -, to home equipment.

On the supply side, Kenya presents undeniable competitive advantages as both land and manpower are extremely cheap (the average wage is about 3 euros per day).

Yet, besides these intrinsic qualities for company development, Kenya is not an easy place to settle in. The country lacks basic amenities, notably low internet coverage in some regions and frequent power cuts. In addition, and more importantly, Kenya is characterized by high levels of violence and corruption which seriously hindered the work of Jumia’s co-founders and employees. All the equipment at the first Jumia office was stolen. The warehouse was constantly under threat, forcing the co-funders to implement drastic security measures._MG_7813_bis

Moreover ‘Nairobbery’, as some have dubbed the capital of Kenya, has a deserved reputation for pervasive scams, which seriously hindered the trust of customers. To reinforce the customer’s trust, Jumia is offering to pay cash at the reception of the items. Also, if the customer is not satisfied, items are exchanged for free or reimbursed.

 

 

A risky but fruitful Afro-European success

Despite these challenges, Jumia Kenya has experienced positive market development thanks to its ability to solve these issues, in a local manner. A capacity to deal with local issues and adapt to hardship lies in the nature of the company itself. As each venue is constituted as an independent company, the co-founders have all the power in their hands to deal with problems. This is how, for instance, they hired Maasai guards to watch over the warehouse, as the Maasai are the only tribe allowed to carry a weapon – their traditional spear. They are also in charge of their human resources which allows them to hire and fire people at will, to suit the needs of the company at best. This constitution frees the company from bureaucratic issues, and provides it with a necessary flexibility when dealing with local issues.

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In that regard, entrepreneurship culture is at core of Jumia’s success as it allows the company to take advantage of Kenya’s economic features and deal with difficulties in a local and flexible manner. Their results speak for themselves. Opening a company in Kenya is a risky enterprise, as displayed by the numerous issues Jumia faced. Yet as Varun Mittal – former intern at Jumia Kenya puts it, “To start something in Africa can be a daunting task but the rewards will outweigh the problems”.

Impacts on Kenya

Jumia has demonstrated how a company can successfully take advantage of Kenyan market features. However, assessing the success of a company purely based on its profit margin could be considered reductive in a country still characterized by high levels of poverty and inequality. Jumia has successfully taken advantage of the Kenyan boom, but for the majority of Kenyans any positive results are yet to emerge.

Caroline Guillet

Pour aller plus loin : http://www.jumia.co.ke/

FinAfrique : catalyseur de la finance africaine

De façon quotidienne, le cabinet FinAfrique conseille et forme les cadres financiers africains. C’est ainsi qu’il accompagne le rapide développement du secteur financier en Afrique subsaharienne. Son directeur général, Fabrice Kom Tchuente, a accepté de répondre à nos questions.

finafrique 2Fabrice Kom Tchuente, Directeur général de FinAfrique

Pourriez-vous nous présenter FinAfrique ?

FinAfrique est un cabinet de Conseil intervenant dans les domaines de la banque, finance et assurance. En 2008, avec trois cadres financiers, nous avons créé ce cabinet afin de rendre disponible en Afrique des prestations de haute qualité et technicité financière. Le constat au départ était qu’il y avait un réel besoin de compétences techniques dans le domaine de la banque, finance et assurance en Afrique pour beaucoup de cadres voire non cadres. A l’époque, pour avoir accès à ce type de prestations, notamment dans la finance « moderne », il fallait systématiquement se déplacer à l’étranger ou faire appel à de grands cabinets étrangers. Nous, nous proposons dans le cadre de notre branche formation FinAfrique Learning, au lieu de déplacer systématiquement les cadres à l’étranger (ce qui peut être onéreux), de faire venir des experts aux compétences équivalentes et qui bénéficient en plus d’une connaissance des problématiques financières locales. Tout ceci à des prix modérés afin que nos services soient à la portée du plus grand nombre, c’est-à-dire que notre but n’est pas de former uniquement les top-managers mais aussi des middle-managers et des non cadres.

FINAFRIQUE

Quelles sont les prestations de FinAfrique et à quel type de clients s’adressent-elles ?

Nous faisons du Conseil, des Etudes et de la Formation. Nos premiers clients sont les institutions financières privées (des banques et des compagnies d’assurance) ainsi que des administrations financières telles que les ministères de l’économie et des finances, des banques centrales, des banques de développement. Nous offrons également des services aux directions financières de quelques groupes industriels.

Depuis janvier 2012, nous sommes partenaire d’IFC (International Finance Corporation), filiale de la Banque Mondiale spécialisée dans le financement du secteur privé des pays en développement. Nous avons signé un contrat pour la mise en place d’un outil destiné aux PME camerounaises. Ce programme, le SME Toolkit, (boîte à outils pour les PME) offre un accompagnement et des formations en ligne via une plateforme déjà déployée dans une dizaine de pays africains. L’animation du réseau est centralisée au niveau d’IFC qui fournit du contenu aux partenaires responsables de chaque pays, mais à notre niveau nous développons, en plus de cela, nos propres contenus adaptés aux réalités locales. Nous avons mis en place cette activité il y a deux ans et elle fait sont petit chemin. Nous comptons aujourd’hui un portefeuille de 700 PME que nous formons via cette plateforme. Parallèlement nous collaborons avec des entreprises camerounaises, notamment un mouvement patronal – ECAM – dont le portefeuille d’adhérents est quasi exclusivement constitué de PME.

Plus récemment, c’est-à-dire fin juillet de cette année, nous avons conclu un partenariat avec l’African Guarantee Fund (AGF) basé à Nairobi et son partenaire l’African Management Services Company (AMSCO) basé à Johannesburg pour l’animation d’ateliers sur un ensemble de pays francophones (Afrique Centrale, Afrique de l’Ouest et Maghreb) avec l’objectif principal de renforcer les capacités des cadres des institutions financières partenaires d’AGF dans la création de nouveaux produits à destination des PME/PMI.

Nous menons également des études et des réflexions sur le développement et la croissance économique en Afrique. C’est dans ce cadre que nous avons organisé en Novembre 2013 à Douala le Forum FIFAS (Forum International de la Finance en Afrique Subsaharienne) sur le thème de la surliquidité bancaire, l’épargne et le sous-financement du secteur privé. L’objectif était de  comprendre le paradoxe qui existait entre, d’une part, les banques et des compagnies d’assurances-vie qui connaissent une situation de surliquidité et, d’autre part, le secteur privé qui peine à se financer, principalement les PME. Il y a eu de nombreux débats à la suite desquels un certain nombre de propositions ont été faites. Suite à cela nous avons rédigé un Livre Blanc qui a été présenté à de nombreux hauts responsables en Afrique Centrale, en Afrique de l’Ouest, en Afrique de l’Est, à l’île Maurice et à Madagascar afin de les sensibiliser à la mise en œuvre de ces recommandations.

La diffusion du Livre Blanc a-t-elle porté ses fruits ?

Je ne pourrais pas affirmer que c’est le Livre Blanc du FIFAS 2013 qui en est l’origine, mais je peux dire qu’il y a des recommandations présentes dans le Livre Blanc qui sont en cours de réalisation, notamment en Afrique Centrale où la banque centrale (BEAC) a accéléré la mise en place des bureaux d’information sur le crédit. Ces bureaux sont très importants et avaient été vivement sollicités par les banquiers lors du Forum. En effet, à titre d’exemple, il était très facile pour un entrepreneur, ou un particulier d’ailleurs, de faire défaut auprès d’une banque et ensuite d’aller emprunter auprès d’une autre banque sans être inquiété. Les bureaux d’information sur le crédit permettent d’éviter les abus de ce type.

Ce succès est-il dû au fait que des personnalités influentes aient pris part à ce Forum ?

Effectivement, les personnalités clés du secteur de la finance étaient présentes. Nous avons pu compter sur le Président de la FANAF (Fédération africaine des sociétés assurances), le Président des banquiers du Cameroun (APECAM), le directeur général de l’économie du Cameroun, un haut responsable de la Banque centrale (BEAC), un autre du Groupe Natixis en France, ou encore de la Banque Kepler en Suisse, ainsi que de nombreux spécialistes de tous horizons, comme le Private-Equity, des institutions internationales de développement telles que IFC et Proparco, etc.

Avez-vous l’intention d’organiser d’autres conférences sectorielles ?

En novembre dernier, il s’agissait de la première édition du FIFAS. Nous envisageons d’organiser une deuxième édition en 2015 et cette fois-ci elle aurait lieu à Abidjan.

Pour revenir au SME Toolkit, comment se matérialisent concrètement l’accompagnement des PME membres ?

Concrètement, le SME Toolkit prend la forme d’une plateforme en ligne sur laquelle les membres ont accès à des contenus qui traitent des sujets divers très utiles pour la gestion quotidienne d’une entreprise : le management, la gestion financière, le développement de son image et de son offre commerciale, la gestion des ressources humaines … Ce dernier élément est très important car les PME sont souvent gérées de façon très familiale.

Aidez-vous également les entrepreneurs que vous accompagnez à accéder plus facilement à des sources de financement ?

Nous comptons parmi nos partenaires bancaires la banque UBA Cameroon (United Bank for Africa), mais nous n’avons pas encore suffisamment développé cet axe « accès aux sources de financement » car il s’agit de l’axe le plus difficile du fait de la frilosité des banques. Avec le soutien d’IFC, nous allons accroitre ce réseau bancaire dans les mois qui viennent, notamment dans le cadre d’un projet de sélection de PME qui seront triées sur le volet. Je ne peux pas en dire plus sur ce sujet étant donné que le projet n’a pas encore été officiellement lancé.

Dans ce cas, les 700 PME déjà affiliées à la plateforme sont-elles toutes autofinancées ?

Oui, nos membres sont des entrepreneurs accomplis, ils se connectent régulièrement à nos modules de formation en ligne pour se former et lorsqu’ils ont besoin de conseils ou de services, ils nous contactent. Nous mettons à leur disposition des formateurs agréés sur le SME Toolkit qui répondent à leurs questions et échangent avec eux sur les problématiques rencontrées. C’est dans ce sens là qu’il faut comprendre le volet accompagnement.

Nous savons que dans les pays africains la très large majorité des entreprises opèrent dans le secteur informel. Cela est-il le cas des affiliés de la plateforme ?

Les entreprises que nous accompagnons n’opèrent pas forcément dans le secteur formel. Le profil de nos affiliés peut aller du simple vendeur de cigarettes qui a besoin d’améliorer la gestion de son budget à la PME de plus grande envergure qui doit diversifier son offre commerciale.

Quel est le coût pour accéder à la plateforme et aux services qui s’y rattachent ?

Tout cela est totalement gratuit. IFC ne finance pas les coûts de gestion de la plateforme, nous la maintenons par nos propres moyens. Cependant, lorsque nous avons besoin de débloquer des moyens supplémentaires, nous pouvons y installer des applications publicitaires qui vont rémunérer la plateforme.

L’autre service que nous fournissons c’est l’organisation des Journées de l’entrepreneur à la Chambre de Commerce de Yaoundé ou de Douala, en collaboration avec l’ONG Harambe Cameroon. Lors de ces journées, un certain nombre d’acteurs économiques (banquiers, consultants, des entrepreneurs ayant connu des success stories, des trésoriers, des conseillers en management) viennent tour à tour faire des présentations de façon bénévole. Cela dure toute une journée, les participants se voient remettre des supports et l’entrée coûte généralement autour de 10 000 FCFA (environ 15 euros).

Concernant le cœur de métier de FinAfrique, qui est le conseil et l’accompagnement des entreprises (banques, assurances, institutions financières), quels sont vos principaux domaines d’intervention et comment êtes-vous déployés ?

Nos domaines d’interventions sont assez divers dans le domaine de la Finance. S’il faut en citer quelques-uns, je citerais le Conseil en investissement, la Gestion Actif-Passif, la structuration d’un marché financier, la mise en place des normes prudentielles Bâle I, II et III.

Quel bilan faîtes-vous de vos six années d’existence ?

Nous nous sommes beaucoup enrichis en termes de partenariat, avec des institutions financières de renom (IFC, AGF à Nairobie, CESAG à Dakar). Nous avons su développer un large réseau d’entreprises partenaires et nous intervenons aujourd’hui pour de nombreuses institutions à travers l’Afrique subsaharienne.

Awa Sacko

Pour plus d’informations sur le SME Toolkit en Afrique francophone :

Afrimarket : au délà du buzz médiatique, une potentielle réussite ?

Logo AfriMarket

Afrimarket est devenu en quelques mois la référence du « cash to goods » en Afrique. La startup française a su très rapidement se positionner  comme leader sur une niche du marché du transfert d’argent vers l’Afrique. Les mastodontes du secteur ont –ils des raisons de s’inquiéter de l’arrivée de cette innovante startup ?

L’environnement 

Le transfert d’argent vers l’Afrique : Taille du marché et contraintes

En 2014, les transferts de fonds de la diaspora africaine en direction du continent représenteront 32,5% du total des apports financiers à destination de l’Afrique (soit un volume de 60 Milliards en USD courants). Ce sera la plus grande source de revenus extérieurs de l’Afrique devant les Investissements Directs Etrangers (29,3%) et l’aide publique au développement (26,7%)[1]. Et encore, cette estimation ne tient pas compte des transferts informels (de particuliers à particuliers).

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 Apports financiers extérieurs et recettes fiscales en Afrique 2000-2014

Source : Calculs des auteurs d’après CAD/OCDE, Banque mondiale, FMI et les données des Perspectives économiques en Afrique.

Ces données mettent en évidence la taille colossale du marché de transfert de fonds que se partagent les deux (2) principaux acteurs du marché que sont Western Union (40% de part de marché) et Money Gram (25% de part de marché)[2]. D’après un article de Corine Moncel pour Mondafrique.com, « …cette situation « duopolistique » leur a permis de taxer au prix fort les transactions sur l’argent. En mai 2013, la Banque mondiale confirmait que les commissions pratiquées par les sociétés de transfert d’argent en Afrique étaient en moyenne de 12,2 % – mais avec des écarts très grands – contre 8,96 % pour le reste du monde. C’est sur les transactions entre pays africains que ces commissions sont les plus élevées : 20 %, voire plus, vers l’Afrique du Sud, le Ghana ou la Tanzanie ! Un manque à gagner considérable pour les Africains : si ces taxes baissaient de 5 %, l’Afrique recevrait 4 milliards de dollars de plus.« [3]

En plus des taux de commissions élevés, le transfert d’argent vers l’Afrique est confronté à d’autres contraintes parmi lesquelles on peut citer :

  • L’insécurité après encaissement des fonds réceptionnés. Les personnes sortant d’un bureau de transfert de fonds étant susceptibles de transporter d’importantes sommes en liquide, elles deviennent de potentielles victimes de vol.
  • Le taux élevé de potentiels bénéficiaires de transfert qui ne disposent pas des papiers d’identité requis pour le retrait de fonds. Cette situation oblige les expéditeurs à passer par des intermédiaires qui sont parfois peu scrupuleux ou qui prélèvent une commission supplémentaire.
  • Les fonds envoyés sont très souvent utilisés pour des raisons autres que celles pour lesquelles ils sont transférés.

Le cash to goods 

Contrairement au transfert d’argent classique, où le réceptionnaire reçoit le montant transféré en liquide et peut ainsi en disposer comme bon lui semble, le principe du cash to goods permet à l’expéditeur des fonds de contrôler l’usage de la somme envoyée en payant directement pour le  bien ou le service dont le besoin a été exprimé par le bénéficiaire. Ainsi,  les fonds transférés sont réceptionnés directement par le fournisseur du bien/service vendu.

Le cash to goods permet ainsi de lever les contraintes liées à la sécurité et à l’usage des fonds transférés. Demeurent cependant les risques de revente des produits reçus contre de l’argent liquide. 

Même s’il ne fait pas le bonheur de certains bénéficiaires, le principe du cash to goods a le potentiel pour séduire les expéditeurs dont 70%, d’après une étude réalisée par la Banque mondiale, souhaiteraient avoir davantage de contrôle sur les usages des fonds transférés. De nombreux bénéficiaires sont aussi sensibles à l’aspect sécuritaire et à la réduction de tracasseries.

Afrimarket…

La jeune startup a donc flairé un bon filon. Même si de petites initiatives de cash to goods  pour l’Afrique existaient déjà (congoprox, niokobok, etc.), elles étaient cantonnées à des communautés ou ciblées pays.  Lancée(?) en Juin 2013 par trois jeunes français avec le soutien de grands noms tels que Xavier Niel (Free), Jacques-Antoine Granjon (vente-privee.com) et David Foskett (ex cadre de Western Union),  Afrimarket est passé par l’accélérateur de Startup de Orange (Orange Fab France) et a très rapidement su se positionner comme la référence du cash to goods sur le continent.

Actuellement présente dans trois pays (Bénin, Côte d’Ivoire et Sénégal), la startup ambitionne progressivement couvrir tout le continent. Le Mali, le Cameroun et le Togo sont les prochains pays sur sa liste. Elle travaille aussi d’une part, à nouer différents partenariats pour étoffer sa gamme de biens et services offerts, et d’autre part, à développer un réseau de collecte de cash à travers divers points de vente. Selon Rania Belkahia, une des cofondatrices, l’objectif est de  capter 1% des flux circulant via Western Union.

Le fonctionnement

« Si par exemple 100 euros sont envoyés, cette somme sera allouée dans le réseau Afrimarket. Le consommateur peut ensuite aller dans un point de vente, effectuer ses achats, et lors de son passage en caisse, c’est le téléphone qui se substitue à la carte bancaire« , explique Rania Belkahia. « Et son authentification se fait grâce à un téléphone mobile classique : le marchand entre le montant de l’acheteur, son numéro de téléphone tandis que le consommateur entre un code PIN dans le terminal. « Si le compte du bénéficiaire est créditeur, le serveur appelle le téléphone du client qui émettra alors un son crypté qui sera entendu par le terminal. Cela permet de vérifier si le client est le bon et de rendre la transaction irrévocable« [4].

Fonctionnement et Technologie Afrimarket

La technologie

La technologie utilisée pour la sécurisation des transactions est celle du NSDT (Near Sound Data Transfer) développée par la société Tagattitude. Elle permet d’utiliser n’importe quel type de téléphone mobile (même les Feature phones) pour effectuer un paiement grâce à un échange de signal audio contenant des données cryptées avec un terminal approprié détenu par le marchand. Une technologie qui a déjà fait ses preuves dans plusieurs pays africains dont la Côte d’ivoire, le Mali, L’Afrique du Sud, etc.

… la future référence du transfert de fonds vers l’Afrique?

Bien qu’installée sur une niche à forte croissance (qui peut même devenir un vrai marché?), et offrant l’un des plus bas taux de transfert du marché (5%), Afrimarket ne représente actuellement pas une menace pour les mastodontes du transfert d’argent vers l’Afrique.  L’une des principales raisons du succès des leaders du marché est la taille de leur réseau de distribution.  Western Union et Money Gram ont su, grâce à des partenariats avec des banques, des postes, des petits commerces, etc., se rapprocher le plus possible des usagers.

Pour devenir un concurrent réel du duo du transfert d’argent sur le continent africain, la jeune startup devra donc multiplier les partenariats sur le continent africain, et faire adhérer un nombre très important de commerçants de proximité à son réseau.

Le futur d’Afrimarket pourrait aussi s’envisager dans un rachat par l’un des leaders du marché du transfert d’argent ou de la grande distribution en Afrique. Car, au vu de l’intérêt du concept, les acteurs traditionnels ne resteront certainement pas les bras croisés à observer la jeune startup leur grignoter des parts de marché.

Ismael Christian JEKINNOU

Profession de foi pour une rubrique entreprenante !

Capture

Des idées, les entrepreneurs en ont souvent dix par minute. Là-dessus, l’Afrique n’est pas en reste. Le continent de l’informel abrite des dizaines de milliers d’entreprises, qui contribuent à la croissance économique et au développement, menées par des entrepreneurs désireux de changer le monde ou le regard porté sur leur pays, qui se débrouillent pour se faire financer et persévèrent pour faire fructifier leurs projets.  En somme, l’Afrique bouge et innove, et notre think-tank est bien décidé à le démontrer.

Dans cette nouvelle rubrique dédiée, l’Afrique des Idées souhaite explorer les différentes facettes de l’entrepreneuriat africain, confronter les idées et les tendances pour contribuer à faire émerger des idées innovantes. Dans le processus d’une pensée en construction, nous nous intéresserons à des acteurs très différents, pour décrire sans prétendre pour autant à l’exhaustivité, une réalité que nous savons d’avance complexe et différente dans chacun des pays du continent. Entrepreneurs bien sûr mais pas seulement : structures d’appui, politiques publiques, investisseurs, entrepreneurs sociaux, institutions mondiales, joint ventures… font aussi partie du paysage entrepreneurial africain. Il y aura de la matière, c’est sûr ! Nous nous attaquerons également à des sujets plus transverses, à des analyses plus poussées, pour par exemple discuter de la définition d’une PME en Afrique, du rôle de l’informel dans la création d’activité, ou encore de l’avenir de l’entrepreneuriat social sur le continent.

L’entrepreneuriat africain est en  effet pluriel, de plus en plus féminin et les entrepreneurs africains ne font pas forcément du business comme dans la Silicon Valley. Ils ont d’ailleurs des conceptions sociales et environnementales de l’entreprise que l’Europe ou les Etats-Unis redécouvrent avec béatitude. En plus de vous informer, nous essayerons de vous inspirer, de vous donner envie de suivre certaines entreprises, voire même, sait-on jamais, de les aider d’une manière ou d’une autre. Nous tâcherons de montrer le meilleur de l’entrepreneuriat africain, en analysant les faiblesses et les difficultés spécifiques au continent.

Plus que jamais, nous sommes ouverts aux tuyaux et autres suggestions, aux mises en contact et aux contributions irrégulières. Ici, on ne dira pas « Non » mais « Pourquoi pas ? ».

Rejoignez la team des Rédacteurs entreprenants !

Vous n’y connaissez rien aux affaires ? Tant mieux, vous découvrirez des perles rares loin des projecteurs. Vous êtes curieux ? Nous sommes bien partis pour nous entendre. Vous vous sentez trop idéaliste ou anticapitaliste pour parler d’entrepreneuriat? Qu’à cela ne tienne, vous vous épanouirez à interviewer tous les entrepreneurs sociaux d’Afrique et découvrirez une autre façon de penser l’activité lucrative. Vous avez une compétence particulière ou une connaissance spécifique sur un sujet donné ? Partagez cela avec nous. Vous avez un peu la tchatche et vous adorez refaire le monde ? Les entrepreneurs répondront encore plus volontiers à vos questions ! Si vous avez encore plein de questions, si vous hésitez encore à vous lancer dans l’aventure, écrivez un petit mail, ce sera l’occasion de faire connaissance : vera@terangaweb.com

La Rubrique Entrepreneuriat

Les plateformes entrepreneuriales : cas de Concree

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Weebly, Legal zoom, Rockpost, Square, et Hootsuite; voici en 2012 selon le magazine américain Forbes le top cinq des meilleures plateformes au monde contribuant au développement de l’entrepreneuriat. Un concept qui n’est plus du tout à définir, l’entrepreneuriat a été reconnue depuis quelques décennies par les décideurs publics comme un moteur important de l’économie[1]. Ainsi, l’échange de bonnes pratiques et le coaching entre les nouveaux entrepreneurs et les plus expérimentés s’avère indispensable pour augmenter l’impact de l’entreprenariat sur les performances économiques. C’est dans ce cadre qu’intervient les plateformes comme Concree.

Dans le monde entrepreneurial une plateforme peut être définie comme une base de travail à partir de laquelle on peut mettre en plusieurs entrepreneurs d’un secteur, les orienter, leur apporter une assistance technique particulière et développer les outils nécessaires à la réalisation de leurs objectifs. L’un des rôles des plateformes entrepreneuriales est donc d’optimiser les démarches d’un nouvel entrepreneur.

Impact des plateformes sur l’écosystème entrepreneurial et sur les économies nationales

L’écosystème entrepreneurial fait référence à l’environnement entrepreneurial qui repose selon le Professeur Daniel ISENBERG sur six composantes : la culture, les politiques, le capital financier, les marchés, la main d’œuvre et les supports infrastructurelles.[2] Les plateformes entrepreneuriales, en optimisant les démarches des entrepreneurs, améliorent par la même occasion l’écosystème entrepreneurial à travers les changements qu’elles apportent à chacune des composantes de l’écosystème entrepreneurial.

Selon le magazine Forbes, les plateformes entrepreneuriales facilitent la création des entreprises. En effet grâce aux applications, logiciels, et sites web qui aident les entrepreneurs, le nombre d’entreprises créées a énormément augmenté dans le monde ces dernières années. Par exemple, en 2012 aux Etats-Unis d’Amérique, les jeunes entreprises communément appelés startup ont créé environ deux tiers des nouveaux emplois et sont sources d’innovations permanentes. Ainsi, les plateformes entrepreneuriales contribuent au développement même du secteur privé, qui est indispensable à l’économie toute entière.

‘’Concree’’, une plateforme entrepreneuriale pour l’Afrique francophone

Le 08 mai 2014, la startup Baobab Entrepreneurship a officiellement lancé sa plateforme dénommée ‘’Concree’’ (Connecter et Créer). Cette plateforme a été conçue pour offrir aux entrepreneurs les moyens de faire face aux challenges du monde entrepreneurial. Si l’Afrique anglophone est un peu en avance dans ce domaine avec des structures comme : Africa platform et Invest Africa ; Concree est la première du genre en Afrique francophone.

Concree a une vision assez claire de l’entrepreneuriat en Afrique et veut par des moyens efficaces contribuer au développement de ce dernier. La mission que s’est fixée cette nouvelle plateforme est de développer l’écosystème entrepreneurial au Sénégal et en Afrique à travers les nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC).

Concree met à la disposition de tout entrepreneur un espace de travail virtuel sécurisé et équipé d’outils dynamiques intervenant à chacune des phases de création d’entreprise. Elle propose un accompagnement avec un coaching adéquat des nouveaux entrepreneurs. En plus de cela la plateforme aide les nouveaux entrepreneurs à trouver des collaborateurs aux compétences complémentaires avec qui faire équipe. Sur le plan financier, Concree propose des solutions alternatives de financement adaptées aux jeunes entreprises. Enfin, elle met à la disposition de tout entrepreneur une base lui permettant de développer, d’améliorer et de tester son modèle économique et son business plan.

Les attentes sont nombreuses concernant cette nouvelle plateforme tellement les besoins du continent africain sont énormes. Même si Concree n’a pas encore fait ses preuves, il n’en demeure pas moins que des initiatives de ce genre sont à féliciter et font développer l’esprit de création d’entreprise qui est à la base de l’entrepreneuriat. Dans le domaine des plateformes entrepreneuriales, l’Afrique est encore très loin des autres continents mais on ose croire que d’ici quelques années davantage d’initiatives comme Concree vont émerger pour aider le secteur privé à jouer une partition plus importante dans les économies africaines.

Daniel Sessi


[1] Panorama de l’entrepreneuriat (2011)

 

 

 

 

 

[2] Introducing the Entrepreneurship Ecosystem: Four Defining Characteristics (2011)

 

 

 

 

 

Pourquoi faut-il investir dans les studios de jeux vidéo en Afrique ?

koriodan1L’industrie des jeux vidéo en Afrique est encore embryonnaire, contrairement aux autres régions du monde où elle représente un secteur clé de l’économie. Cependant, cette industrie voit aujourd’hui l’émergence de startups dont notamment le studio Kiro’o Games en Afrique Centrale. Quels sont les enjeux de cette industrie et pourquoi faut-il investir dans ce secteur ?

Etat du marché de la consommation

En 2013, l’industrie des jeux vidéo dans le monde représente près de 70 milliards de dollars  et plus de 95% de ces revenus proviennent des pays occidentaux qui, depuis près de 30 ans, en ont fait un secteur clé dans le divertissement.[1] Dans cette industrie, l’Afrique est à la traîne ;  le continent n’étant même pas compté dans la carte commerciale des éditeurs à cause du faible pouvoir d’achat des populations. Aujourd’hui, seuls quelques pays comme l’Afrique du Sud et le Nigeria sont les pionniers dans cette industrie sur le continent avec l’exemple de l’éditeur Maliyo Games au Nigéria qui propose des jeux certes simples, mais divertissants.

La jeunesse africaine des pays politiquement stables a pu jusqu’ici rester à la page, en partie grâce au piratage qui a mis les jeux vidéo à la disposition de bon nombre. Cette possibilité devenant de plus en plus contrainte à cause de la taille des jeux, la faiblesse des connexions à l’internet pour télécharger les jeux piratés, et l’évolution des politiques anti-piratage des créateurs de jeux. Nous nous acheminons donc dans ce secteur, vers une énorme fracture numérique pour les jeunes africains n’ayant pas les moyens financiers pour s’acheter un jeu vidéo.

Dans le cadre du goût des jeunes africains en matière de jeux, les choix sont en synergie avec les divertissements de la vie réelle auxquels ils ont droit. Les jeux de football ont la plus grande part de leur intérêt, ensuite les jeux d’aventure et de guerre, pour leur facilité de prise en main. Probablement une conséquence du système éducatif défaillant ayant tué l’intérêt pour la lecture auprès de ces jeunes, on trouve une réticence de leur part aux jeux abordant des thèmes et des systèmes exigeant une immersion poussée (jeux de rôles, jeux de stratégie, etc.). Rien ne permet toutefois d’affirmer que cette réticence persisterait s’ils s’identifiaient mieux aux personnages des jeux. A cette fin, la production locale de jeux vidéo constituerait certainement une bonne solution.

Etat du marché de la production

Il existe à ce jour très peu de studios de jeux vidéo africains. En Afrique du Nord, il s’agit pour la plupart de délocalisation de studios européens, et qui servent surtout de main d’œuvre pour les petits jeux complémentaires (version console portable ou mobile) des grands jeux européens et américains (par exemple Ubisoft au Maroc).

Les studios en Afrique subsaharienne se rencontrent principalement au Nigéria et en Afrique du Sud. L’Afrique du Sud étant la plus développée sur ce plan, avec des financements et une volonté de l’Etat de soutenir l’émergence de ce secteur. Toutefois ces studios africains sont focalisés sur le marché intérieur du jeu mobile, et du jeu gratuit surtout pour des thèmes éducatifs et sociaux. L’Afrique de l’Est spécialement le Kenya n’est pas sans reste avec la « silicon savannah » qui abrite aussi des studios de jeux vidéo comme Maliyo Games, une start-up kényane. On ne trouve aucun studio en Afrique centrale pour le moment, et aucun jeu africain à vocation de marché international. Dans cette région la startup de jeux vidéo Kiro’o Games devient une première dans le secteur.

En dépit de ces constats, l’Afrique peut exploiter le jeu vidéo comme un levier de développement, car elle dispose les talents artistiques et informatiques nécessaires à la conception des jeux vidéo. Il est donc possible pour les Africains de proposer de nouveaux jalons de créations, tout en ayant l’ambition d’exporter leurs produits pour un meilleur impact. La culture africaine trouvera ainsi un nouveau support d’expression, mais aussi une source de défis pour se sublimer et évoluer. Car le jeu vidéo doit proposer des visions « fantaisistes et extraordinaires » des cultures qui lui servent de bases. C’est justement cette approche qui fait l’originalité du projet de jeux vidéo « Aurion » en cours de conception par le studio Kiro’o Games.

koriodanLe jeu Aurion de Kiro’o Games

Aurion : L’Héritage des Kori-Odan est le premier jeu développé au Cameroun à destination du public africain et international par le premier studio de jeu vidéo d’Afrique centrale Kiro’o Games. Une sorte de Final Fantasy à l’africaine, Aurion va probablement révolutionner l’histoire de jeu vidéo en Afrique.

Ce jeu vidéo en 2D conçu par des Africains se prépare au Cameroun pour le troisième trimestre de 2014. Inspiré des mythes africains, la petite équipe de Kiro'o Games travaille activement depuis fin 2012 à la réalisation du projet Aurion, imaginé il y a plus de dix ans.  

Selon le scénario, Enzo Kori-Odan, prince de Zama et héros du jeu subi un coup d’état de la part de son beau-frère, le jour de son couronnement. Il décide alors de parcourir le monde afin d’acquérir son héritage pour retrouver son trône. Dans sa quête, il se rendra compte des dilemmes géopolitiques et existentiels de son rôle de futur Roi et devra trouver ses réponses pour assurer la destinée des siens.

Selon Guillaume Olivier Madiba, fondateur de Kiro’o Games, « Aurion, l’héritage des Koriodan » comporte trois avancées : l’esthétique, la narration et le gameplay. Esthétiquement, on découvre un tout un nouveau monde visuel et sonore pour l’environnement du jeu vidéo qu’on pourrait assimiler à de l’African Fantasy comme Final Fantasy, qui consiste à magnifier la réalité des traditions et cultures de l’Afrique. Narrativement, l’objectif ici est d’apporter une réelle profondeur dans la psychologie des personnages et aussi des dilemmes inspirés de ceux des héros africains ou des « méchants » de notre histoire continentale. Le Gameplay vient avec des innovations. L’une d’entre elle est le Cognitive Battle Event qui espèrent-ils, va donner une nouvelle piste Game design en lieu et place du QTE classique. Cette originalité a valu au projet d’être classé parmi le top 10 des studios de jeux vidéo prometteurs en 2014.

Cette innovation est à l’origine du succès grandissant de l’ouverture du capital de Kiro’o Game aux investisseurs. A ce jour, la startup a  vendu 44% des parts mises en vente pour une vingtaine d’actionnaires répartis dans le monde entier (France, canada). Son business plan a  été validé par les observateurs économiques internationaux tels que Venture Capital for Africa.

L’expérience de Kiro’o Games illustre comment l’entrepreneuriat des jeunes africains peut redynamiser la culture Africaine et son exportation massive vers d’autres horizons. Cela concourt à la sauvegarde du patrimoine culturel du continent à travers le jeu vidéo et crée par la même occasion un nouveau secteur d’emploi exploitant le plein potentiel des jeunes informaticiens, infographes et artistes africains. L’idéal serait que davantage d’initiatives similaires émergent partout en Afrique. Mais cela requiert la contribution de l’Etat à travers les subventions aux studios de jeux vidéo et plus particulièrement celle des investisseurs privés.

Cédric Yamdjeu


[1] Voir le rapport de l’ESA sur le marché aux Etats-Unis en 2013, de même que le communiqué de presse de Newzoo, l’agence de veille économique sur les marchés de jeux vidéos.

 

 

 

Comment inciter les jeunes à l’entreprenariat ? L’exemple du Synapse Center

Terangaweb_SynapseRacine Demba, membre de Terangaweb – L'Afrique des Idées, a récemment rencontré les responsables du Synapse Center, une organisation basée à Dakar qui accompagne les jeunes Sénégalais dans leurs projets d'entreprenariat. Résumé de leur entretien.

« Enrichir le Sénégal de sa relève et changer le monde à notre échelle » voilà par où commence Mariama Diaz, en charge du volet marketing et communication à Synapse, lorsqu’elle parle, avec le sourire, de son organisation.

Synapse Center est une organisation à but non lucratif de droit sénégalais fondée en 2002 par M. Ciré Kane, qui en assure la direction. Avec l’ambition affichée de libérer l’énergie créatrice de la jeunesse africaine, l’organisation accompagne des jeunes sénégalais, dans leur insertion socioprofessionnelle. Elle entend ainsi co-créer les conditions d’un développement durable et œuvre notamment dans le social business, l’employabilité, la promotion d’un nouveau type de leadership dans un Sénégal – et une Afrique en général – où les réalités sont souvent contraignantes pour ceux qui veulent entreprendre.

Au fil des années, Synapse a initié et mis en œuvre divers programmes qui ont pour objet d’insuffler chez les bénéficiaires l’esprit d’entreprise, et de les accompagner dans la concrétisation de leurs projets à fort impact social. Dans un contexte où d’importants défis sont à relever et ce dans tous les secteurs, l’organisation affirme que les solutions à ceux-ci ne peuvent être laissées à la seule charge de l’Etat. C’est ainsi qu’elle prône le « social business », la création d’entreprises hybrides, combinant impact social et viabilité économique, portées par des acteurs de changement.

Leader en matière d’accompagnement des jeunes au Sénégal, Synapse a su élaborer et éprouver un processus innovant qui met l’individu au cœur de sa démarche. Allant de la découverte de soi au choix de son impact dans sa communauté, en passant par l’ouverture à son environnement, Synapse propose à ses bénéficiaires un dispositif intégré qui leur permet d’ « oser inventer l’avenir ». Le Processus en U, puisque c’est ce dont il s’agit, comporte 3 phases clés, Observation & recherche – Retraite – Incubation. Ce modèle a été répliqué par d’autres organisations au Brésil et en France.

En dix ans d’activités et à  travers ses différents programmes, dont Promesse Sénégal, Challenge avec deux composantes, Empacto et Passeport Pour l’Emploi, Synapse exchanges et l’incubateur Tagg-at entre autres, l’organisation a accompagné à ce jour, près de 15000 jeunes, établis dans 124 villes et villages du Sénégal, du Burkina, du Mali et de la Côte d’Ivoire. Devant ces chiffres assez éloquents, Marianne Diaz remercie les partenaires, Artemisia International, IYF, USAID, FCYF, Microsoft, Africans In The Diaspora et bien d’autres tout autant importants qui ont rendu tout cela possible, ainsi que les bénéficiaires. « Nous n’aurions pu parvenir à cette étape de notre odyssée sans leurs concours et leur confiance. Ils ont permis à notre organisation de grandir et d’avancer à grand pas dans la matérialisation de notre vision commune d’une Afrique émergente, unie dans sa diversité et forte de sa jeunesse » ajoutera-t-elle.

En cette année anniversaire, Synapse réaffirme son engagement auprès de la jeunesse en initiant et en mettant en œuvre en sus des autres, les programmes « Innove4Africa » et « Jeunes Agriculteurs (JA) ». Ce dernier programme accompagne de jeunes agriculteurs, de la production à la commercialisation de leurs produits en passant par la transformation et le transport. Il concerne 400 jeunes « agropreneurs » – pour utiliser le charmant néologisme de Synapse – issus de trois régions du Sénégal : Dakar, Thiès et St-Louis. L’initiative contient aussi un volet communication très important. Il s’agit ultimement de conscientiser les populations, afin de les amener à consommer local avec en toile de fond, l’ambition de participer à relever le défi l’autosuffisance alimentaire.

Innove4Africa pour booster l’entreprenariat jeune en Afrique francophone

Innove4Africa est un programme destiné aux jeunes entrepreneurs d’Afrique francophone, âgés de 18 à 29 ans et ayant au moins six mois d’impact. Il leur offre l’opportunité d’intégrer un réseau dynamique d’entrepreneurs sociaux, d’avoir un accompagnement, ainsi qu’un appui financier de deux millions de francs CFA chacun, pour développer leur entreprise. Promu dans les 25 pays d’Afrique francophone, Innove4Africa, à travers une rigoureuse sélection, retiendra 25 bénéficiaires. Il ne s’agit nullement de choisir un jeune par pays, mais plutôt de prendre les meilleurs projets. La présélection a ainsi été faite par les organisations partenaires pays,  et la sélection finale par un comité sous régional, composé de divers membres avec une grande expertise dans leurs domaines respectifs.

Innove4Africa est donc, comme l’explique M. Ba chargé de programme à Synapse Center : « le premier programme de fellowship en entreprenariat social de l’Afrique francophone. Il célèbre et encourage les jeunes à innover d’avantage et à apporter des solutions face aux défis que rencontrent les populations africaines ». 

Les 25 entrepreneurs retenus suivront d’abord une retraite de formation et de renforcement de capacités sur le leadership, puis un coaching qui leur permettra d’avoir accès à des mentors, ainsi qu’à des plateformes de financement. Le but étant d’accompagner des entrepreneurs sociaux et de susciter des vocations à travers des exemples de réussite.

La retraite du programme est prévue du 17 au 24 janvier prochain dans la capitale sénégalaise. Une grande cérémonie de remise de prix sera organisée pour, selon les initiateurs, présenter Innove4Africa et ses bénéficiaires au grand public. 

Comment entreprendre en Afrique quand on est une femme ?

oser_afriqueLe 12 Octobre, l’association Oser l’Afrique a organisé une conférence en ligne (Hangout) sur l’entrepreneuriat féminin en Afrique en partenariat avec l’Agence de Communication Digitale Kouaba.[1]

Ce Hangout a permis de faire l’état des lieux et d’identifier à la fois les écueils et les armes dont peuvent bénéficier les femmes lorsqu’elles envisagent d’entreprendre en Afrique.

Pour aborder ces questions Oser l’Afrique a fait appel à trois entrepreneures africaines qui, chacune dans leur domaine, ont su Oser. Il s’agit de Rebecca Enonchong, Céline Vitoria Fotso et Paola Audrey Ndengue.

Rebecca est la fondatrice et PDG du Groupe AppsTech, une entreprise multinationale informatique qui a des bureaux sur 5 continents et compte des clients du secteur privé et du secteur public dans plus de 50 pays.

Céline est femme d'affaires, designer, community manager et architecte événementielle. Elle est également fondatrice de Je Wanda Magazine, média interactif de divertissement et d’actualité culturelle dédié à la jeunesse africaine.

Paola-Audrey est depuis 5 ans la co-fondatrice de FASHIZBLACK, un des médias leaders en matière de mode et Lifestyle afro. Elle y occupe les fonctions de rédactrice en chef et de directrice artistique.

Ce Hangout a été riche en enseignements et les questions des internautes ont orienté le débat en permettant à nos invitées de confronter leurs vécus.

kouabaOn a ainsi appris que les difficultés des femmes africaines ne sont pas toujours là où on pourrait le penser : entreprendre et être une femme africaine n’est ni impossible, ni incompatible. Les jeunes femmes et hommes africains ont des capacités et des possibilités : ils se doivent de les exploiter !

Le travail est le plus sûr moyen d’atteindre ses objectifs : tous les participants au Hangout se sont accordés sur ce point. En travaillant mais aussi en partageant avec des gens autour de soi on peut confronter son idée au terrain et aux autres pour mieux avancer.

N’ayez pas d’œillères : vos capacités d’apprentissage ont autant de valeurs que vos diplômes. Il n’y a pas de prédisposition pour un domaine ou un autre. D’ailleurs l’entrepreneuriat doit être démystifié : les vendeuses dans la rue sont des entrepreneures à part entière. Attention cependant : l’entrepreneuriat féminin en Afrique ne se réduit pas à cela !

La question de l’éducation a également été posée : aujourd’hui en Afrique il y a 79 filles scolarisées pour 100 garçons. Le problème de l’accès à l’éducation de ces jeunes filles, qui souvent décrochent à l’école primaire se pose. Leurs chances de réussir ne sont-elles pas biaisées dès le départ ?

twit1De même, il existe des barrières économiques et sociales à l’entreprenariat des femmes en Afrique et notamment au Cameroun. Rebecca, une de nos invitées, s’est faite refouler d’une banque parce qu’elle était une femme. Céline, s’est entendue dire qu’elle ne pouvait pas rentrer dans un bar sans être accompagnée d’un homme. Et pourtant nos trois entrepreneures sont d’accord : il faut y aller, il faut Oser entreprendre en dépit des difficultés. Et s’entourer de bonnes personnes, de mentors…

Les démarches pour entreprendre doivent être simplifiées, le climat social doit être assaini et des guichets uniques pour créer une entreprise doivent être ouverts. L’environnement reste encore trop complexe pour entreprendre : il est urgent d’agir en ce sens.

twit2Les entrepreneurs devraient communiquer entre eux et ériger des modèles, en mettant en avant des success stories : celles qui ont réussi apporteront un plus en partageant leur parcours avec les autres.

Enfin, des recommandations générales ont été formulées pour favoriser l’entreprenariat des femmes en Afrique. Il s’agit de :

  • Professionnaliser les tontines pour financer les microprojets,
  • Favoriser et développer le mentorat pour les jeunes débutantes,
  • Favoriser l’entrepreneuriat dès le plus jeune âge en l’enseignant au collège ou en y invitant des intervenants,
  • Développer la notion de droits d’auteurs et de propriété intellectuelle,
  • Développer des incubateurs dans des domaines autres que la technologie.

La bonne nouvelle est que le phénomène de business angels se développe davantage en Afrique. Cette tendance devrait être une opportunité pour les femmes d’entreprendre.

twit3Pour terminer, les trois invitées se sont prêtées à un jeu qui consiste à dire ce que leur évoquaient les trois mots clés du débat. A l’Afrique, elles associent le Cœur, la Beauté et le Mystère. Le mot Entreprenariat leur évoque le Travail, la Passion, la Femme et le Sacrifice. Enfin, elles associent le Financement au Combat, au Client, à Saint – Graal et à « Pas encore ».

twit4La vidéo du Hangout peut être visualisée en cliquant ici. Le prochain Hangout est prévu pour le samedi 23 novembre 2013. Le thème sera « Cultivons nos villes » ou quand l’urbanisme rencontre l’agriculture pour nous permettre de mieux vivre. Vous pouvez d’ores et déjà poser vos questions et suivre les débats en utilisant le hashtag #oserlafrique sur tous les réseaux sociaux.

 

 

 


[1] Un « Hangout » est une conférence en ligne qui utilise la plateforme de communication développée par Google.

 

 

L’entrepreneuriat au cœur du développement de l’Afrique

uneL’entrepreneuriat, un concept développé par l’économiste Joseph Schumpter en 1950 a de nos jours le vent en poupe sur le continent africain. Au lancement de sa tournée africaine portant sur le social business en 2006, Muhammad Yunus Professeur économiste et prix Nobel de la paix a déclaré que l’entreprenariat serait la clé du développement de l’Afrique.

Nombreux sont les économistes, les gouvernements et les organisations internationales qui sont du même avis et essayent de tout mettre en œuvre pour développer  l’Afrique tout en passant par l’entrepreneuriat.

Etant le continent le plus jeune du monde avec prés de 70% de sa population ayant moins de 25 ans (OECD, 2011), l’Afrique peut se vanter d’avoir une main d’œuvre abondante. Malheureusement la jeunesse africaine fait face à un sérieux problème de chômage qui ralentit considérablement la croissance du continent. En effet 60% des chômeurs africains sont des jeunes. Depuis les années 2000 l’Afrique a renoué avec une croissance économique positive, ce qui permet au continent d’être au devant de la scène en attirant de plus en plus d’investisseurs venus du monde entier. Ceci à considérablement augmenté le nombre d’opportunités d’affaires sur le continent. Voulant profiter de cette dynamique et aller de l’avant dans sa lancée vers un développement durable, l’Afrique essai d’emboiter le pas des pays développés qui depuis la deuxième moitié  du 20ème siècle  ont considéré l’entreprenariat comme un moyen d’augmenter la productivité et l’innovation.

Selon Paturel (2007), on parle d’entrepreneuriat si celui-ci « est, à partir d’une idée, l’exploitation d’une opportunité dans le cadre d’une organisation impulsée, créée de toute pièce ou reprise dans un premier temps, puis développée ensuite, par une personne physique seule ou en équipe qui subit un changement important dans sa vie, selon un processus qui aboutit à la création d’une valeur nouvelle ou à l’économie de gaspillage de valeur existante ». Ainsi nous avons l’entrepreneuriat à but lucratif et celui à but non lucratif communément appelé entreprenariat social. En plus d’être une solution aux problèmes d’emploi, l’entreprenariat contribue à la croissance économique et lutte aussi contre la pauvreté. Aussi simple que cela puisse paraitre, l’entreprenariat est créatrice d’emploi. Etant donné que tout entrepreneur est en quête de débouchés et de profits, il met  tout en œuvre pour réaliser ses ambitions et atteindre son épanouissement personnel. La création d’une entreprise ou l’expansion de cette dernière résous l’un des plus grands défis des gouvernements qui est celui de créer des emplois et de sécuriser ceux existants. En Australie par exemple dans les années 1990, les PME ont contribuée à la croissance nette de l’emploi dans une fourchette de 63% à 78% {Hall (2002)}.

L’entrepreneuriat fait augmenter la concurrence sur les marchés avec la création d’entreprises, ce qui a des répercussions positives sur la productivité de tout le secteur. L’apport d’innovation  redynamise le secteur et pousse les autres entreprises à se perfectionner. A long terme l’efficacité du secteur privé se voit renforcer, ce qui augmente sa contribution au PIB (Produit intérieur brut). Mis à part la création d’emploi qui contribue déjà à la réduction de la pauvreté, ces dernières années le phénomène d’entreprenariat social s’est énormément développé. Ce dernier à pour but spécifique de lutter contre la pauvreté, et les inégalités sociales. Ce phénomène qui est bien connu dans les pays développés vient de voir le jour en Afrique avec quelques initiatives comme au Nigeria où l’entreprise DMT ‘’Mobile toilets’’ fondée par Isaac Durojaiye a non seulement apporté un rendement intéressant à son fondateur mais, à travers son modèle de franchise, elle a aussi permis d’installer 22 000 WC et a donné un moyen de subsistance à des milliers de franchisés, principalement des femmes marginalisées.[1]

L’entrepreneuriat peut jouer un rôle important dans la croissance économique de l’Afrique mais pour atteindre cet objectif,  les gouvernements, les preneurs de décisions et les organisations internationales doivent se focaliser sur certains points vitaux: la promotion de l’entrepreneuriat, l’instauration d’un environnement favorable à la création d’entreprise, faciliter  l’accès au financement et assurer le suivi des entreprises.                                                        

Ø  La promotion de l’entrepreneuriat

Par la promotion de l’entrepreneuriat on sous entends la vulgarisation du phénomène et aussi l’encouragement de l’esprit d’entrepreneuriat. Sur ces points la grande partie du travail a été faite par les organisations internationales telles que les Nations Unies (NU), l’Organisation Mondiale de la Sante (OMS), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE); et les différents gouvernements. Grâce aux forums, conférences, foires et autres organisés pour promouvoir l’entrepreneuriat une avancée considérable a été faite. Cependant l’entrepreneuriat n’est toujours pas aussi répandu en Afrique comme dans les pays industrialisés. En effet dans la grande majorité des pays africains la promotion s’est focalisée sur les jeunes diplômés au chômage tout en oubliant le milieu rural qui est censé être l’un des poumons de l’économie africaine. En effet l’entrepreneuriat dans le milieu rural s’est avéré être très efficace dans les pays développés. Ceci étant la promotion doit être généralisée et l’esprit entrepreneurial doit être encouragé pas en se basant sur les critères de segmentation de la population. Tout individu étant doté d’un potentiel, il est tout à fait normal que n’importe qui peut entreprendre avec succès.

Ø  L’instauration d’un environnement favorable à la création d’entreprise

Ici l’essentiel est tout d’abord d’assainir le climat des affaires, et ensuite favoriser la création des entreprises, tout en se basant sur la formation. Une bonne régulation du secteur privé accompagnée des subventions et des avantages particuliers accordés aux entrepreneurs, telles sont les pratiques qui peuvent encourager la création d’entreprise. La mise en œuvre des politiques ayant toujours été un problème particulier en Afrique, il est triste de constater que la grande partie des aides et subventions annoncées ne se fait pas voir sur le terrain. Remédier à ce genre de pratique  serait vraiment bénéfique au continent et accélérerait le développement de l’entrepreneuriat. Aussi, réduire les démarches administratives à suivre et limiter tous les autres obstacles dans la création d’entreprise sont aussi des moyens efficaces pour encourager la création d’entreprise. Vu le niveau bas d’alphabétisation des pays africains il est conseillé d’organiser des formations visant à former tout individu pour qu’il puisse être capable de gérer une affaire et de peut être s’adonner à l’entreprenariat dans un futur proche.

Ø  Faciliter l’accès au financement

 L’Afrique étant le continent le plus pauvre, le problème de financement est l’un des plus grands obstacles rencontré par l’entrepreneur africain. Dans les pays développés comme au Etats Unis d’Amérique ou au Canada, tout entrepreneur bénéficie d’avantages particuliers et de subventions par rapport à son domaine d’activité; ce qui n’est pas le cas en Afrique. Avec un système financier qui n’encourage pas vraiment la création d’entreprise il est très difficile à l’entrepreneur africain de pouvoir financer ses projets. Les banques et micro finances africaines doivent se pencher sur le problème tout en favorisant les entrepreneurs par rapport aux prêts et aux différents types de soutiens dont ils auront besoin. Diminuer les cautions et garanties bancaires exigées pour les prêts, adapter la durée de remboursement aux activités,   et rabaisser les taux d’intérêt sur les prêts accordés aux entrepreneurs, telles sont les pratiques que le système financier peut utiliser pour encourager l’entrepreneuriat.

Ø  Assurer le suivi des entreprises

Enfin mais pas le moindre un organisme de suivi doit être mis en place pour veiller à la durabilité de toute activité entreprise. Cette cellule ou cet organisme jouera le rôle d’accompagnateur et de régulateur des projets. Avec le suivi des projets il serait plus facile d’agrandir les différentes entreprises créées et de réduire considérablement les risques de faillite. Ce faisant l’entreprenariat jouerait le rôle tant désiré dans le développement de l’Afrique.

En somme, l’entrepreneuriat en soit peut parfaitement exploiter le potentiel africain. Occupant une place de plus en plus grandissante en Afrique, il peut s’avérer être le moteur même du développement africain si les moyens sont mis en place pour le promouvoir et le soutenir. Réduire le chômage, éliminer la pauvreté, relancer le secteur privé, et booster la croissance, tels sont les avantages que l’entrepreneuriat peut apporter au continent africain.

 

Daniel Sessi


[1]  Emma Schaberg O’brien (Juillet 2013),”Nous devons intégrer l’entrepreneuriat au développement africain” http://ideas4development.org.

 

Financer la recherche pour l’innovation en Afrique

L'Afrique est en retard dans le domaine de la recherche et de l'innovation. Pourtant, les théories modernes de la croissance économique et les efforts actuellement entrepris sur le continent plaident en faveur de plus d'investissements dans ce secteur. Les partenariats publics-privés pourraient participer au financement de ces investissements.


Le cadre de la recherche en Afrique est très peu propice à l’innovation. Deux raisons à cela : les laboratoires de recherche sont sous-équipés et la plupart des projets de recherche sont financés laboratoire recherchepar des institutions internationales ou des pays développés.

Cette situation est en partie expliquée par les théories de la croissance qui privilégient le financement de l’enseignement primaire (au plus secondaire) au détriment de l’enseignement supérieur. Si cette recommandation peut être justifiée sur la base des contraintes financières des pays en développement, elle ne concourt pas une croissance économique forte et stable, comme le suggèrent les récents travaux de Aghion et al. Dans cet article, nous mettrons en exergue les raisons sous jacentes  à l’importance de l’innovation pour un pays en développement avant de présenter un exemple qui illustre le potentiel d’innovation des laboratoires de recherche dans les pays en développement. Enfin, nous soutenons qu’un partenariat avec le secteur privé fait partie des pistes de solutions pour un financement effectif de la recherche en Afrique.

En effet, les travaux de Aghion et al. démontrent que la capacité d’un pays à dépasser le stade de sous-développement réside dans la distance qui le sépare de la frontière technologique. Autrement dit, les pays qui disposent de peu de technologies sont susceptibles de croître beaucoup plus vite dans un processus de rattrapage des pays développés. Ceci à condition que ces pays disposent des ressources humaines capables d’imiter les nouvelles technologies disponibles dans les pays développés. Cela implique déjà un développement de l’enseignement supérieur notamment les formations d’ingénieurs. Ce fût le cas de l’Europe après la seconde guerre mondiale ; et c’est aussi le cas actuellement de la Chine et plus généralement de tous les pays dits émergents. Cependant, ces mêmes travaux montrent qu’une fois le rattrapage achevé, le pays doit s’engager dans un financement accru de la recherche pour inciter les chercheurs à l’innovation. C’est précisément cette phase que l’Europe tarde à entamer et que la Chine a très tôt compris en confiant la gestion de ces universités et écoles phares à d’éminents chercheurs américains.[1]

Alors que les résultats de cette approche ne sont pas encore certains, nous observons que les innovations majeures (machine à vapeur, électricité, télécommunications, etc)  sont très rares et que les pays qui s’attèlent à rattraper la frontière technologique subisse une dominance perpétuelle contrairement à ceux qui s’engagent dans l’innovation. Les Etats-Unis sont dans ce dernier cas après la révolution industrielle au Royaume-Uni. Or, le potentiel d’innovation est plus fort dans les milieux où la recherche n’est pas encore avancée.

 

Malgré l'absence de moyens, d'importantes innovations sont déjà découvertes sur le continent

Ainsi, l’Afrique est en bonne position pour trouver des innovations radicales. Selon toute vraisemblance, elle dispose des chercheurs motivés par l’innovation. A titre d’exemple, des chercheurs de l’université du Bénin (UAC) ont entrepris des recherches sur les propriétés de l’argile. Selon les observations empiriques, les jarres en argile utilisées dans les milieux ruraux ont un effet positif sur la qualité de l’eau. Plus particulièrement, l’eau conservée dans les jarres devient plus potable par le biais des particules qui se déposent dans leur fond. Cette observation se confirme lorsqu’on compare l’eau des puits des milieux argileux à celle des milieux sablonneux.

Toutefois, les propriétés de l’argile à l’origine de ce processus d’épuration sont aujourd’hui méconnues. Or, le Bénin dispose d’énormes réserves d’argile inexploitées, alors que des millions de dollars sont dépensés chaque année pour assurer l’accès à l’eau potable aux populations. Une telle recherche, si elle s’avérait concluante pourrait servir à pallier aux difficultés de fourniture de l’eau potable surtout en milieu rural. Les résultats de cette recherche peuvent servir également dans le traitement des eaux usées industrielles. Cependant, les infrastructures de laboratoires ne sont pas en général suffisantes pour que la recherche soit conduite dans les meilleures conditions, gage de résultats concluants. C’est ainsi que plusieurs recherches ambitieuses entreprises dans les laboratoires de recherche africaines n’arrivent pas à terme. Cette situation n’est pas de nature à inciter de potentiels chercheurs à innover.

Compte tenu des moyens financiers colossaux que requiert la recherche et des incertitudes qui la caractérisent, la plupart des Etats africains n’est pas en mesure de prendre en charge le financement de la recherche. Les projets de recherche financés par des pays tiers ou des institutions internationales n’entrent pas dans le cadre de l’innovation, mais essentiellement de la recherche empirique. Il nous semble donc que seuls des partenariats d’intérêts avec le secteur privé sont à même d’assurer le financement de l’innovation. Par exemple, le projet de recherche sur les propriétés de l’argile peut être économiquement rentable pour un investisseur privé. En effet, des dérivés de l’argile peuvent être de bons substituts pour les produits chimiques qui sont actuellement utilisés pour l’épuration de l’eau. En plus, ces produits présentent peu de risques pour la santé et l’environnement du fait du caractère naturel de l’argile.

Somme toute, le potentiel d’innovation est très élevé en Afrique. Cependant, sa transformation est contrainte par les capacités de financement. La mise en place de partenariat avec de grands groupes industriels peut être une solution à envisager pour lever cette contrainte.


[1] Voir l’article du Financial Times au sujet des écoles de commerce.

 

 

 

 

 

Interview de Laurent Liautaud, social-entrepreneur au Sénégal

laurent-liautaud-et-marc-rennardLaurent Liautaud, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

J’ai 36 ans, je suis au Sénégal depuis 2 ans. J’ai travaillé auparavant dans des marchés émergents et des marchés matures principalement dans l’industrie de la grande consommation et du conseil. Et donc je voulais entreprendre depuis longtemps en Afrique subsaharienne parce que je pense que c’est là que vont se dérouler les plus grandes innovations notamment dans le domaine de l’entreprenariat social qui m’intéresse beaucoup.

Qu’est ce que la plateforme Niokobok ?

Niokobok est un site internet sur lequel des gens, partout dans le monde, peuvent commander des produits qui sont disponibles au Sénégal pour leurs familles qui elles ont la possibilité de les retirer dans notre magasin partenaire aux Parcelles Assainies (banlieue de Dakar) ou bien de se faire livrer ; mais on fait majoritairement de la livraison. On fournit aussi des équipements solaires avec deux partenaires : Total et Station Energie Sénégal, une startup qui s’est lancée ici il n’y a pas longtemps.

Niokobok est vraiment une organisation à but lucratif mais qui a une ambition sociale de transformer la manière dont on peut prendre soin de ses proches à distance. Cet engagement social c’est ce qui fait, par exemple, qu’on a choisi comme premier élargissement de gamme le solaire. Parce que les énergies renouvelables, c’est intéressant au Sénégal et c’est important. On essaie aussi de faire des choses pour l’agroalimentaire local, tout ce qu’on vend vient du Sénégal car malheureusement dans ce pays, il y a beaucoup de choses importées. On aimerait être un canal qui aide à pousser des produits fabriqués ici.

Quels sont les modes de paiement que tu as développé?

On a la carte bleue Paypal et le virement bancaire qu’on a proposé mais qui est rarement utilisé. C’est intéressant de parler du mode de paiement car on a abordé la manière de faire adhérer les gens et justement ce fait est une barrière.

Pourquoi avoir choisi le Sénégal ?

Je crois que le Sénégal est à la fois un pays stable, un pays où il y a beaucoup de problèmes et de défis sociaux à relever mais un pays où il y a des infrastructures. C’est cela qui est intéressant. Le fait qu’il y existe beaucoup de difficultés structurelles et en même temps un cadre incitatif pour lancer des choses nouvelles.

On note que le Doing Business 2013 classe le Sénégal 166e sur 183 pays. Par rapport à ton expérience personnelle comment qualifierais-tu l’environnement des affaires dans ce pays ? Je pense honnêtement que la bonne surprise c’est qu’on n’ait pas beaucoup de difficultés dans le « doing business » pour l’instant. Créer une entreprise par exemple est une chose qui va très vite quand on a tous les papiers nécessaires.

N’as-tu pas noté une certaine lourdeur administrative ?

Non je crois qu’on ne peut vraiment pas se plaindre du processus de création d’entreprise. Après la complexité vient plus pour les plus gros. Nous, en tant que startup liée à internet, sommes tout de suite dans le secteur formel. Tout ce qui concerne le montage juridique et fiscal ainsi que la réglementation est compliqué certes, mais c’aurait été compliqué partout. En plus, ce n’est pas un handicap insurmontable. En fait pour l’instant moi je ne ressens pas du tout la 166e place dont on faisait référence.

Revenons sur l’agroalimentaire local, Niokobok a-t-il une stratégie visant à mettre en avant les produits faits ici ?

On va le faire. On a commencé par le solaire d’abord. Pour les produits locaux, on a commencé à lister du riz local d’abord, on l’a ajouté à notre gamme alors qu’il n’y était pas au début parce que des clients nous l’ont demandé. Mais le lancement de nouveaux produits nécessite de communiquer avant, avoir une stratégie plus ambitieuse et surtout un temps de réalisation.

Y a-t-il d’autres entreprises ici, dans la sous-région ou en Afrique qui font la même chose que Niokobok ?

Oui, il y a effectivement des initiatives similaires dans d’autres pays d’Afrique. Je pense que le e-commerce est un domaine en pleine ébullition sur le Continent.

As-tu l’ambition d’implanter Niokobok ailleurs qu’au Sénégal ?

Ultimement oui mais pour l’instant on est très occupé avec le Sénégal. Rien que pour la partie agroalimentaire, on ne fait que la région de Dakar. Donc l’objectif est de s’étendre partout au Sénégal. C’est un modèle qui peut être dupliqué dans d’autres pays mais pour l’instant on n’en est pas là.

N’as-tu pas l’impression qu’il faut une communication plus large pour mieux faire connaitre ce que tu fais au public ?

Si, le marketing est un enjeu important pas seulement pour faire connaitre mais pour que les gens aient confiance et essaient. C’est-à-dire que même des gens qui nous connaissent ne commandent pas, n’essaient pas tant que certains de leurs amis ne l’ont pas déjà fait. Donc oui le marketing est un aspect important pour ce genre de business mais je pense qu’on est dans le changement des comportements. C’est une alternative au transfert d’argent. Peut-être que ce n’est pas fait pour le remplacer totalement. Il faut que les gens prennent l’habitude de faire autrement, et c’est un grand défi marketing qui consiste non seulement à se faire connaitre mais en plus à ce que les gens utilisent nos services. Donc un double défi.

Niokobok a déjà obtenu deux récompenses internationales. Lesquelles ?

Il s’agit du troisième prix Orange de l’entreprenariat social en Afrique. Orange nous a ainsi apporté un appui financier et un accompagnement technique. On a aussi reçu une distinction dans un programme du Département d’Etat américain qui est le GISTECH HI. Ce sont là des choses qui nous ont fait gagner de la crédibilité auprès de nos premiers clients.

Y a-t-il eu un avant et un après prix Orange?

Oui parce que ça nous a permis de gagner en notoriété et de régler quelques problèmes d’ordre juridique notamment. Et puis on reçoit des conseils de pas mal de gens du groupe sur plein de sujets. Donc oui  il y a eu un avant et un après. D’ailleurs, la campagne du prix Orange 2012-2013 va démarrer et j’encourage tous le monde à y participer.

Enfin, peux-tu nous parler de Jokkolabs ?

C’est un endroit intéressant. C’est un espace de co-working où des entreprises et des freelances viennent pour partager un espace de travail et puis aussi pour adhérer à une communauté. A l’origine Niokobok était un projet de magasin comme les boutiques de référence, une chaine de magasins périurbaine et rurale.

En fait, je me suis installé à Jokkolabs et j’étais en contact avec d’autres entrepreneurs des TIC et j’ai vu qu’aujourd’hui dans le commerce, comme dans tous les secteurs, ne pas tenir compte des TIC est une folie. Et le projet a donc évolué ici grâce aux contacts avec d’autres gens. Mon premier voisin de bureau – parce que ça change tout le temps- , c’était Ludovic Lima qui a créé l’agence 3W, la première agence au Sénégal à avoir obtenu l’accréditation Facebook. Quand je travaillais sur mon projet de boutique, initialement dans la région de Kaolack (Centre), je faisais des allers retours, je le voyais lui s’occuper de ses campagnes Facebook et je me disais : « il faut en tenir compte ». Je pense que c’est des endroits très intéressants pour permettre des rencontres entre des gens qui travaillent sur des choses différentes et entre des entrepreneurs. Il y a des choses très modernes comme le co-working que moi personnellement j’ai découvert au Sénégal même si c’est une tendance mondiale.

Entretien réalisé pour Terangaweb – L'Afrique des Idées par Nima Daff et Racine Demba