L’électrification rurale en Afrique: comment déployer des solutions décentralisées ?

A peine plus de 30% de la population d’Afrique subsaharienne dispose d’un accès à l’électricité, souvent précaire. Cette proportion chute à moins de 20% en milieu rural. Alors que l’extension du réseau électrique est souvent privilégiée pour pallier ce déficit, cette étude démontre que les solutions décentralisées sont particulièrement efficaces en milieu rural. En effet, l’électrification décentralisée fera partie de la solution pour nombre d’Africains, au moins pour un temps.

Cependant, soutenir son développement implique d’ajuster les politiques publiques et de créer de nouveaux modèles d’affaires, qui n’intègrent pas encore cette nouvelle conception de l’électrification. A l’aide d’études de cas, l’auteure décrit comment la technologie hors-réseau et les micro-réseaux ont été déployés avec succès au Sénégal, au Maroc et au Kenya. Les enseignements qui en résultent peuvent être utiles aux autorités en charge de l’électrification rurale en Afrique. Lisez l’intégralité de ce Policy Brief.

Mobilisation des recettes fiscales dans l’UEMOA : L’obstacle de l’informel, le levier du mobile-money

La mobilisation des recettes fiscales est, pour les pays africains, une urgence face aux besoins en financement nécessaires pour l’exécution des programmes de développement. Dans un contexte marqué par la raréfaction de l’aide publique au développement et le renchérissement de la dette, elle est encore plus pressante pour les Etats de l’UEMOA dont les rentrées fiscales représentent à peine 15% de leur produit intérieur brut (PIB), soit un niveau deux fois inférieur à celui constaté dans les pays de l’OCDE.

Ce rapport revisite l’ampleur du manque à gagner fiscal au sein des pays de l’UEMOA et analyse le rôle qu’y jouent le secteur informel et la fraude fiscale. Retrouvez ici l’intégralité de l’étude.

La Revue de L’Afrique des Idées – numero 1

L’Afrique des Idées a le plaisir de vous présenter le premier numéro de sa RevueCette publication pluridisciplinaire réunit les analyses menées par nos experts. Elle a pour but de vous donner des outils pour approfondir votre compréhension des défis auxquels fait face le continent africain. Dans ce premier numéro, vous retrouverez des propositions concrètes en matière d’électrification, de démocratie, d’implication de la société civile mais aussi de gouvernance fiscale en Afrique. Aussi diverses soient les thématiques abordées, ces analyses s’inscrivent dans une seule et même démarche. La Revue de L’Afrique des Idées est la concrétisation de ce en quoi croient tous les hommes et femmes qui s’engagent pour L’Afrique des Idées : la pertinence et la portée du concept d’Afro-responsabilité.

Vous pouvez télécharger l’intégralité de la Revue en cliquant sur ce lien : La Revue de L’Afrique des Idées n°1 – Mai 2017

Très bonne lecture !

Olivia  GANDZION

Experts :

AURORE BONARDIN, Chargée d’études à la Direction du développement culturel de la municipalité de Saint Denis (La Réunion) et Doctorante contractuelle a liée à l’équipe Déplacements Identités Regards Ecritures (DIRE) de l’Université de La Réunion.

CHRISTELLE CAZABAT, Docteure de l’Université Paris-Sorbonne et Chargée d’études, Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), New York.

GABRIELLE DESARNAUD, Chercheure, Institut Français des Relations Internationales (IFRI), Paris.

JAMES ALIC GARANG, Senior researcher, Ebony Center for Strategic Studies & Upper Nile University, South Sudan.

 

Les usages du numérique dans le domaine de la santé en Afrique

Dans un environnement d’extrême pauvreté, la maladie fait partie des principaux risques auxquels est confronté une part importante de la population africaine,[1] et ce, malgré des progrès significatifs enregistrés au cours des quinze dernières années. Selon les statistiques de l’OMS, l’espérance de vie à la naissance est ainsi passée de 44 ans en 2000 à 53 ans en 2015, soit une augmentation de 9 années.[2] Cependant, l’émergence économique de l’Afrique s’accompagne d’une augmentation de la prévalence des maladies chroniques[3] imputable aux nouveaux modes de vie et de consommation.[4] De même, l’explosion démographique, avec la concentration urbaine qui l’accompagne, augmente les risques d’épidémies, notamment de maladies infectieuses.[5]

Face à ces nouveaux facteurs de risque, l’Afrique accuse encore un retard en matière de politiques de santé, d’équipements, de personnels et de traitements. Par exemple, le nombre de médecins pour 1000 habitants a seulement cru de 0,1 point entre 1990 et 2011 en Afrique subsaharienne contre 0,9 point en zone Euro et 0,8 point dans l’OCDE.[6] Alors que les politiques publiques ont été principalement axées autour de la lutte contre le VIH-SIDA, n’est-il pas temps qu’elles intègrent les nouveaux défis en matière de santé auxquels les pays africains doivent se confronter ?

Dans cette étude, nous proposons une réflexion quant au rôle que pourrait jouer le numérique dans le secteur de la santé en Afrique. Retrouvez ici l’intégralité du rapport.


[1] Selon les résultats de l’enquête Afrobaromètre de 2014/2015, la moitié des africains ont déjà renoncé à des soins de santé faute de moyens.

[3] Diabète, cancer, maladies cardio-vasculaires et respiratoires, etc.

[4] Le taux de prévalence des maladies chroniques non transmissibles est passé de 18,7% à 25% entre 1990 et 2000. BOUTAYEB A. “The Double Burden of Communicable and Non-Communicable Diseases in Developing Countries”. Transactions of the Royal Society of Tropical Medicine and Hygiene, 100, 2006, pp 191-199.

[5] Selon l’OMS, la plus longue et plus grave épidémie à virus Ebola a été enregistrée en Afrique de l’Ouest en 2014, avec plus de 150 cas recensés chaque semaine.

[6] Le nombre de médecins pour 1000 habitants est passé de 0,1 à 0,2 en Afrique subsaharienne entre 1990 et 2011 alors qu’il est passé de 3 à 3,9 en zone Euro et de 2 à 2,8 dans les pays de l’OCDE sur la même période. Données Banque Mondiale : http://data.worldbank.org/indicator/SH.MED.PHYS.ZS

Eradiquer la menace terroriste au Nigéria par la coopération régionale: nécessité et moyens d’actions

nigeria-dc-protestLa présente note d’analyse s’intéresse aux initiatives nationales et régionales de lutte contre le terrorisme au Nigéria.  Elle établit le constat selon lequel la menace terroriste incarnée par la secte Boko Haram résulte de défaillances dans la gestion par l’Etat d’une secte religieuse ayant un fort ancrage local. La secte Boko Haram est analysée comme un mouvement religieux dont les actions se sont radicalisées au fil des années en réponse aux prises de position et de décision des dirigeants locaux et fédéraux nigérians. L’internationalisation de ses attaques en Afrique de l’Ouest et du Centre justifie la détermination des États de ces sous-régions à mener des actions concertées en vue d’aboutir à son éradication.  L’auteur analyse ensuite comment « la responsabilité de protéger » pourrait fonder l’organisation de l’action défensive et offensive régionale contre Boko Haram. Lisez l’intégralité de ce Policy Brief.

Financer les économies africaines – Livre blanc de la Conférence annuelle 2016 de L’ADI

Le problème du financement des économies africaines se pose avec plus d’acuité dans un contexte où les Etats élaborent des plans d’émergence conformément aux Objectifs de Développement Durable des Nations Unies et à l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. L’Afrique des Idées a réuni des experts lors de sa Conférence Annuelle pour réfléchir sur les moyens d’amplifier la mobilisation des ressources financières à destination des économies africaines. La question de la mobilisation des ressources internes et de la mise en place de modèles de financement innovants a constitué la principale problématique de cette rencontre. Les conclusions de cette réflexion se trouvent dans ce Livre blanc téléchargeable gratuitement.

 

Conflits sociopolitiques et crises électorales en Afrique subsaharienne francophone

LCrises électorales’inscription des pays africains francophones dans un processus de consolidation démocratique témoigne des importants progrès accomplis ces dernières années sur cette voie. Cependant, comme l’illustre la récurrence des crises électorales, l’expérience demeure encore fragile. En effet, l’exacerbation des conflits sociopolitiques antérieurs aux élections lors de leur déroulement, conduit parfois à des irrégularités électorales ou des fraudes électorales. L’intensification des conflits sociopolitiques lors des élections présidentielles est donc l’une des principales causes des crises électorales dans certains pays d’Afrique subsaharienne francophone. La prévention des crises électorales, et surtout l’enracinement de la démocratie électorale, doivent, par conséquent, et en dépit de ces conflits sociopolitiques, s’appuyer sur une véritable culture démocratique parfois défaillante.  Lisez l’intégralité de ce Policy Brief.

Black Gold, Deepwater and the Taxman: A Critical Review of Government Take in Ghanaian Oil and Gas 

image pb11The discovery of the Jubilee oil field in 2007 transformed the Ghanaian oil industry. It has been followed by a slew of other discoveries and additional projects are scheduled for production start-up in the coming years.

As the commercial oil and gas sector expands, a key objective of the state will be the optimisation of “government take” from the industry. This currently occurs through a variety of mechanisms including direct taxation, royalties and state participation in industrial projects.

Designing an optimal strategy for government take is a complex task which has even more importance for developing countries where a properly managed resource boom could drive significant economic growth. Governments have a desire to obtain maximum petroleum receipts as soon as possible but must balance this against the need to create an attractive investor environment for the growth of the sector. Getting the balance right in the early years is crucial. Greedy governments may generate some short-term returns but will stifle the necessary further investment that would permit a fuller exploration and development of the country’s hydrocarbon endowment. Conversely, unduly low taxation represents an obvious missed opportunity.

Fiscal design cannot be conducted in the absence of regional context, oil and gas capital is internationally mobile and competition between states for investment is fierce. Governments cannot design their own fiscal terms without carefully monitoring what is going on next door.

It is in this dynamic setting that Ghana is currently reviewing its petroleum legislation. The structuring of government take is an important part of the debate. This paper seeks to appraise the existing Ghanaian mechanisms of government take and makes recommendations on how the approach to the AOE could be revisited for future negotiation and the issue of revenue delay to the state for further analysis by policymakers. Read the full study 

Rencontr’Afrique avec Moussa MARA, ex-premier ministre malien

12799286_1086686241352492_6876720818068507230_nLe jeudi 25 février 2015, L’Afrique des idées a eu l’honneur de recevoir l’ex premier ministre Malien, président du parti politique YELEMA (« Changement ») et expert-comptable, Moussa MARA. Dans les locaux de l’Alliance Française, le premier ministre a éclairé l’assistance sur la situation politique et économique du Mali, dont il a dirigé le gouvernement d’avril 2014 à janvier 2015.

Une profonde refondation de l’organisation de l’Etat comme gage de stabilité

Dans son intervention, il a soulevé ce qui selon lui constitue les causes profondes de la crise politique au Mali. Il a notamment fait référence au fonctionnement et à l’organisation de l’Etat Malien, hérité de l’époque coloniale. Cette organisation serait en déphasage avec la réalité du terrain. Le Mali est vaste et très divers tant dans sa végétation que dans la composition de sa population.  Cette diversité n’a  cependant pas été prise en compte dans l’organisation mise en place par l’administration coloniale. La partie septentrionale du pays ne devrait pas être gérée de la même manière que le sud du pays. Cette négation de la diversité du pays dans l’organisation du pays a eu de néfastes conséquences, notamment l’absence de contrôle des autorités Etatiques sur le nord du pays.

Le premier ministre est revenu ensuite sur l’accord d’Alger qu’il estime être un accord important pour l’avenir du Mali et qualitativement intéressant dans ses dispositions. L’accord remet profondément en cause le fonctionnement de l’Etat tel qu’il est hérité de la colonisation. Il rompt avec les pratiques antérieures et prône une réelle refondation du fonctionnement de l’Etat Malien. Ce qui explique, selon lui, les fortes résistances rencontrées dans sa mise en œuvre. La société civile a été très intimement liée  à la négociation, donnant encore plus de crédit à cet accord qui dépasse le simple cadre d’un accord politique.

Le terrorisme : d’une potentielle menace à une durable et scabreuse réalité

L’Afrique est aujourd’hui minée par le terrorisme. Jadis une menace loin de nos contrées, ce fléau s’est durablement installé à l’intérieur de nos frontières. D'après les chiffres de Global Terrorism Index, l'Afrique subsaharienne aurait le plus grand nombre de morts causés par une attaque terroriste par rapport aux autres régions du monde en 2014. Le Mali depuis quelques années n’est pas épargné par ces attaques terroristes.

 Le terrorisme est devenu, selon le premier ministre, une menace qui s’est durablement installée dans nos territoires et avec laquelle il faudra apprendre à vivre .L’imminence de la menace doit contraindre les Etats concernés à un changement profond de comportement. Les Etats africains devraient étudier rigoureusement les différents types d’actions terroristes pour déjouer au maximum les tentatives de ces nébuleuses. Un succès de la lutte antiterroriste passe notamment par une formation adaptée des forces armées africaines face à cette atypique menace qui fort malheureusement devient de plus en plus banale sur nos territoires.

La nécessaire maitrise de l’eau pour une agriculture plus productive

Le développement de l’Afrique passe nécessairement par l’agriculture. Cette réalité n’a pas échappé à Mr MARA.

L’intensification de la production agricole est nécessaire pour amorcer un développement  économique durable du Mali selon les propos du président de YELEMA. Aujourd’hui encore, la production agricole du pays est trop dépendante des aléas climatiques. En effet, le niveau de pluviométrie détermine généralement la quantité mais aussi la qualité des récoltes. La maîtrise de l’eau serait primordiale pour résoudre les difficultés de ce secteur et enclencher un réel développement économique au Mali.

La jeunesse Malienne ne doit pas  constituer une menace mais un atout

Dans son propos, le premier ministre a également livré sa vision de la jeunesse malienne. Il a insisté sur le fait que la jeunesse malienne ne doit pas constituer une menace pour les dirigeants politiques mais un réel facteur de développement. En effet, le Mali a une démographie très dynamique avec une natalité très élevée. Cependant la vitalité de la natalité ne constitue pas pour le moment un réel atout pour le pays. Le premier ministre pense qu’il faut revoir le système éducatif malien qui prédestine quasiment tous les futurs étudiants à l’enseignement supérieur. Il faudrait réorienter les formations au Mali en amenant les jeunes vers des formations professionnelles et techniques plutôt que vers des études universitaires qui les mènent à des qualifications dont le Mali n’a pas ou peu besoin, et par voie de conséquence irrémédiablement au chômage. Il a aussi souligné la difficulté budgétaire du système éducatif notamment l’enseignement supérieur. 78% du budget de l’enseignement  est affecté à l’enseignement primaire. Ce qui laisse une marge de manœuvre très limitée pour amorcer de réelles actions de refondation de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle.

Sur la  question de l’éradication de la  corruption en Afrique en général et au Mali en particulier,  l’éducation de la population est incontournable selon les propos du premier ministre. Le premier ministre s’est également exprimé sur la place des femmes au Mali, dont l’amélioration ne se fera pas sans une évolution générale des mentalités. Il a par la suite évoqué la question des impôts et de la difficulté pour l’Etat de générer de véritables recettes fiscales en raison d’un secteur informel très présent.

Enfin, il a exprimé la nécessité selon lui que la diaspora malienne s’implique davantage dans le leadership malien.

Giaini Gnassounou

L’Afrique dans les négociations climatiques : enjeux, stratégies et perspectives

sécheresseDepuis 1990, les différents rapports du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur le Climat apportent non seulement plus de certitudes sur l’origine anthropique du dérèglement climatique observé mais aussi plus de précisions sur ses impacts actuels et futurs. Fruit de la première phase des négociations climatiques et actuellement mis en œuvre, le protocole de Kyoto est l’instrument juridique contraignant duquel ont découlé des mécanismes de régulation dont l’Afrique a très peu bénéficié. Et ce, en dépit du fait que, bien que responsable de seulement 4,5% du total des émissions de gaz à effet de serre, elle reste le continent le plus vulnérable.

Les négociations sur le cadre post-Kyoto (post 2020) ont abouti à un premier accord universel obtenu lors de la 21ème conférence des parties (COP21) en décembre 2015. Profondément conscients de l’enjeu, les Etats africains se sont distingués en  s’engageant sur des objectifs ambitieux en matière de réduction de gaz à effet de serre d’ici 2030, réaffirmant  leur volonté d’atténuer et de s’adapter au changement climatique. Ils doivent cependant continuer à travailler pour la  sécurisation des ressources financières dédiées  et un appui technique conséquent afin que leurs objectifs puissent être atteints sans entraver leur développement. Pour obtenir un accord juste et équitable à la COP21, ces Etats ont réussi le pari de tenir un langage commun. Mais il faudrait qu’ils associent davantage  la société civile et les acteurs économiques africains particulièrement dans la mise en œuvre de ces accords.        

La forte implication de la société civile dans la mobilisation contre le changement climatique et les diverses actions qu’elle a pu engager ont d’ailleurs montré sa capacité à être porteuse d’améliorations positives. Ainsi, en se positionnant comme partie prenante d’une gouvernance responsable, pilier du développement durable, cette dernière offre de réelles opportunités de changement aux Etats africains. Lisez l'intégralité de ce Policy Brief.

Rencontr’Afrique avec Ndongo Samba Sylla : l’Afrique est-elle condamnée à la pauvreté ?

10403564_866589696695482_7237605275269175726_nLa Rencontr’Afrique organisée le 13 Décembre 2014 par le bureau ADI basé à Dakar, a connu la participation du Dr Ndongo Samba Sylla, Economiste de Développement et Chargé de programmes au bureau Afrique de l’Ouest de la Fondation Rosa Luxembourg. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des échanges offerts par L’Afrique des Idées pour permettre à des personnalités ayant un profil intéressant pour  l’Afrique de partager leur expertise, et d’échanger sur leurs visions du continent. C’est dans cet ordre d’idées que Dr Ndongo a entretenu son auditoire autour du thème « Pour une autre Afrique : Eléments de réflexion pour sortir de l’impasse ». A en croire le conférencier, l’Afrique est, une nouvelle fois encore, mal partie.

L’émergence économique de l’Afrique : Mythes ou Réalités ?

Il y a plusieurs arguments qui militent aujourd’hui en faveur de la croissance rapide et conséquente des économies africaines. L’Afrique disposerait en effet à l’heure actuelle du potentiel économique le plus important. Sa croissance démographique soutenue et le pouvoir d’achat croissant de sa population en sont des arguments notoires. De plus, dans les chiffres cités par Dr Ndongo, on peut noter que le continent africain concentrerait environ 60 % des terres arables non cultivées du monde. Le même continent aurait aussi une classe moyenne en termes démographiques proche de celle de la Chine et de l’Inde (elle est passée de 115 millions en 1980 à 313 millions en 2010). Sur la décennie 2000-2010, l’analyse révèle que le taux de croissance annuelle moyen du PIB a dépassé les 08 % pour 06 pays africains (dont Guinée Equatoriale 14.8 % ; Tchad 10.7 % ) et les 04 % pour 30 pays (dont Angola 11.3 %, Ethiopie 8.4 %, Rwanda 8 %, Ouganda 7.4 %, Burkina Faso (6%), etc).

Malgré cette bonne performance économique, il faut cependant noter que la dynamique de croissance en Afrique est loin d’être uniforme, ce qui rend justement la progression du PIB très volatile. De plus, les sorties illicites de capitaux ont augmenté durant la dernière décennie, notamment dans les pays exportateurs de pétrole. Sur la période 2005 – 2010, le conférencier souligne qu’au moins 205 milliards de dollars auraient été perdus par le continent. Ce qui représente le quart de la valeur estimée des flux financiers illicites entre 1970 et 2010. Dans la mesure où les secteurs porteurs de la croissance en Afrique sont de plus en plus la propriété d’étrangers ou sous gestion étrangère, le PIB va être beaucoup plus important que le Revenu National Brut (RNB). Ainsi, les nationaux des Pays les Moins Avancés (PMA) vont recevoir en réalité peu des bénéfices générés par le commerce international. Le commerce inter et intra-industriel qui est mis en œuvre peut ressembler à un commerce entre  des nations riches et des nations pauvres. Mais en réalité, Dr Ndongo Sylla fait remarquer que ce commerce est mené entre des nations riches et d’autres nationaux de pays riches qui opèrent en Afrique.

Par ailleurs, il apparait pour le conférencier que les revenus primaires de l’IDE ont représenté la composante la plus importante des paiements de revenus effectués par les économies africaines en direction du reste du monde. En prenant l’année 2010 par exemple, cette part s’est située entre 49% et 98% pour 26 pays sur un total de 37 pays pour lesquels des données existent. C’est le cas notamment des principales puissances économiques africaines telles que l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Égypte, l’Angola, l’Algérie, etc. Le taux de profit des IDE a doublé durant la décennie 2000-2010, passant de 6 % à 12 %. De façon désagrégée et considérant toujours la période 2000-2010, 24 pays africains sur 40 pour lesquels des données existent ont connu  des taux de profits moyens de l’IDE supérieurs à 7 %. Le même taux avoisinait 77 % au Botswana, 51 % au Lesotho comme en Algérie et 36 % au Mali comme en Angola. Autrement dit, un investissement direct étranger de 100$ au Botswana rapporte, toutes choses étant égales par ailleurs, 77$ à son propriétaire. 100$ rentrent donc dans l’économie botswanaise, et 77$ en sortent. C’est dire qu’une partie non négligeable de la richesse créée sort de l’économie botswanaise. Cet exemple montre comment la croissance économique peut être forte en Afrique sans pour autant que les populations ne le ressentent dans leur quotidien. La thèse de l’émergence doit donc être revisitée pour lui donner un contenu nouveau plus adapté aux réalités africaines. Dr Ndongo Sylla s’interroge notamment sur le coût de la croissance économique pour les Africains ainsi que sur ses véritables bénéficiaires.

Le commerce équitable : Véritable scandale ?

Cette Rencontr’Afrique a connu également un partage d’idées sur le concept du commerce équitable. Celui-ci est définit comme étant un système d'échanges dont l'objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Sa démarche consiste à assurer une juste rémunération à des producteurs des pays pauvres afin qu’ils puissent développer leur activité à long terme et améliorer ainsi leur niveau de vie. Ayant eu l’opportunité de travailler en 2010 au sein du mouvement du commerce équitable/Max Havelaar dans le contexte de l’Afrique de l’Ouest, Dr Ndongo Sylla s’est tout particulièrement intéressé à ce commerce en se demandant principalement dans quelle mesure le commerce équitable est une réponse satisfaisante à la question de l’échange inégal. Son livre intitulé « Scandale du Commerce Equitable » fait autorité dans ce débat. En étudiant le modèle économique du commerce équitable Max Havelaar, le conférencier a montré, in fine, que ce commerce ne cible pas en réalité les producteurs les plus pauvres, ni les plus dépendants de l’exportation des produits primaires tels que le cacao ou le café. De plus, selon lui, la logique marketing a été poussée un peu trop loin.

Regard sur les Accords de Partenariat Economique (APE)

En juillet 2014, après une décennie de négociations, les chefs de l’Etat des quinze pays membres de la CEDEAO ont 

accepté de « parapher » les APE avec l’Union Européenne (UE). La « signature » aura lieu après leur ratification dans chaque pays membre. Ces accords prévoient une libéralisation progressive sur vingt ans (2015-2035) des importations des pays de la région à hauteur de 75%. Pour compenser les pertes de recettes fiscales qui vont s’ensuivre, l’Union Européenne a prévu pour la période 2015-2020 la mise en place d’un PAPED – programme des APE pour le développement – d’un montant de 6,5 milliards d’euros.

10374434_866589563362162_5231695328429590160_nPour Dr Ndongo Samba SYLLA, les APE sont une perte de temps et d’énergie. En effet, La plupart des études d’impact souligne des conséquences négatives du point de vue des recettes fiscales, de la balance des paiements, de la création d’emplois et de la croissance économique. Dans son argumentaire, le conférencier considère que les APE constituent une forme de confiscation de souveraineté dans la mesure où ils privent les pays africains de recourir aux politiques qui ont permis l’industrialisation des pays occidentaux. En outre, il fait remarquer que négocier des APE avec l’UE, première puissance commerciale mondiale, n’est pas pertinent pour les pays de l’Afrique de l’Ouest. La raison en est que sur les 16 pays qui composent cette région, 12 sont classés parmi les PMA. Et Comme les PMA ne sont pas obligés de signer les APE, il paraît ainsi disproportionné de la part de l’UE de vouloir traiter ces PMA sur le même registre que les quatre autres pays classés parmi les « pays en développement ». D’un autre coté, la libéralisation des importations de la région risque d’anéantir les efforts déployés jusqu’ici pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, pour transformer localement les matières premières locales, et pour amorcer le développement d’un tissu industriel.

Par ailleurs, en demandant l’application de la clause de la Nation la plus favorisée, l’UE pourrait aller à l’encontre de la stratégie des pays africains de diversifier leurs partenaires commerciaux. Pour le conférencier, les APE sont perçus comme d’autant plus asymétriques et inéquitables qu’ils occultent la question de la libre circulation des personnes.

Carmen Thiburs Agbahoungbata

Le retour russe en Afrique subsaharienne : enjeux, vecteurs et perspectives

Russie_-_Moscou_-_kremlin_cathedraleDepuis les années 2000 la Russie cherche à reprendre pied en Afrique Subsaharienne. Si l’Union soviétique a été active dans la région, la jeune Russie des années 1990 a en effet dû s’en désengager dans un contexte de manque criant de ressources.

Au plan politique, ce regain d’intérêt a vocation à démontrer la dimension mondiale de la puissance russe, Moscou souhaitant afficher sa capacité à projeter de l’influence dans « l’étranger lointain », bien au-delà de son seul « étranger proche ». Au plan économique, les entreprises russes cherchent quant à elles à étendre leurs positions dans les secteurs des matières premières et de la défense, où elles disposent d’avantages comparatifs, et à tirer profit de la croissance de certains leaders régionaux (Afrique du Sud, Nigéria).

Dans ce contexte, la présente note entend dresser une cartographie des intérêts russes en Afrique subsaharienne. Après avoir brièvement rappelé les contours historiques de la présence russe dans la région, elle y décrypte le réengagement de Moscou en matière politique, sécuritaire et de développement avant de proposer une analyse de la relation économique que la Fédération de Russie entretient avec l’Afrique subsaharienne. En tout état de cause, le renouveau de l’engagement russe conduit sous la bannière du pragmatisme et dénué d’affect, ne semble pas encore avoir permis à Moscou de retrouver l’acquis soviétique ni de rivaliser sérieusement avec ses concurrents directs, au premier rang desquels figurent les autres grands émergents tels que la Chine ou le Brésil. Lisez l’intégralité de cette Note d’Analyse.

N.B. Le manuscrit de la présente note a été achevé au cours de l’été 2015. Ce texte n’engage que son auteur qui en assume la responsabilité exclusive.

A New Approach to Land Tenure Security in Africa?

kenya-105816_640Contending that tenure insecurity under informal customary institutions dampens incentives for investment and contributes to low agricultural productivity in much of Sub-Saharan Africa, policy makers have tried to formalize customary land use through the provision of de jure rights to users.

In this article we describe the challenge of low agricultural productivity in Sub-Saharan Africa and review the available evidence on the effects of the policy responses throughout the region. Our findings indicate that formalization of land rights alone is unlikely to bring agricultural productivity in Sub-Saharan Africa close to the level observed in the rest of the world. However, the time window used is often too short to credibly assess the effect of the land rights formalization programmes on agricultural productivity. Besides, the formalization of land rights in rural areas raises a number of concerns about the land tenure security of the least powerful and least informed.

While it may be too soon to assess the long-term effect of the land rights formalization programmes in Sub-Saharan Africa, other approaches to increase tenure security are tested. Read the full study.

Afrique: Entreprendre et Innover

Cover Sunayon MaiL’initiative associative SunayON a pour but la mise en lumière d’opportunités commerciales en Afrique sub-saharienne, dont les effets participeraient à l’accomplissement de la croissance de ladite zone. Ainsi à travers l’étude du contexte actuel et des mentalités des consommateurs africains, La Note Stratégique Economique (NSE) vous propose un ensemble d’articles pertinents. L’objectif étant de saisir chaque mois les grandes dynamiques psycho-sociales et macro-économiques du continent. Lisez l’intégralité de cette Notice Stratégique Economique.

Rencontr’Afrique avec Gilles Olakounlé Yabi: la montée du terrorisme en Afrique de l’Ouest

JPG_Gilles Yabi 050315L’Afrique des Idées a organisé le samedi 21 mars sa première Rencontr’Afrique de l’année à Dakar avec Dr. Gilles Olakounlé Yabi, ancien directeur Afrique de l'Ouest pour International Crisis Group (ICG) et président-fondateur du WATHI, sur le thème de la montée du terrorisme en Afrique de l’Ouest : enjeux et défis sécuritaires. Le modérateur Lagassane Ouattara a  rappelé la formation en économie du développement de Gilles Yabi et son passage à l’International Crisis Group (ICG), avant de créer le WATHI, think tank citoyen et participatif qui propose des idées sur l’Afrique. Il a une expérience de plusieurs années sur les questions de crise en Afrique. Le WATHI est ouvert aux Africains ayant conscience de l’état du continent, de l’immensité des défis, et confiance dans l’avenir. Le WATHI (inspiré de « waati » qui signifie temps en bambara) est donc une boîte à idées qui cherche à produire et diffuser les idées, promouvoir du débat informé et agir pour changer les systèmes (politiques, économiques, sociaux) dans l’objectif de construire des sociétés africaines fortes, solidaires et progressistes.

Gilles Yabi a abordé le thème de la montée du terrorisme en Afrique de l’Ouest en rappelant que c’est un phénomène mondial qui a connu plus récemment une progression en Afrique en général et en Afrique de l’Ouest en particulier. 

Eléments de définition

Il n’y a pas de définition universelle du terrorisme, et les perceptions sont très variées

  • Il y a une définition de l’ONU via un groupe de haut niveau mis en place par le Secrétaire Général des Nations Unies et son groupe de contact
  • L’Institut pour l’économie et la paix, qui publie l’Indice Mondial du Terrorisme, le définit comme "l’utilisation illégale de la force, réelle ou sous forme de la menace, à travers la peur, la coercition, ou l’intimidation par des acteurs non étatiques". Son rapport 2014 dénombre 18 000 personnes tuées par terrorisme en 2013. Ils sont concentrés sur 5 pays (Irak, Afghanistan, Nigeria, Pakistan, Syrie) mais le phénomène reste mondial.

La situation en Afrique

Avec 1 500 personnes tuées en 2013 selon l'IMT, et bien plus en 2014, Boko Haram, actif depuis 2009, est un problème continental et pour l’Afrique de l’Ouest dont le Nigeria est un pays essentiel. Le mode d’action de Boko Haram est assez différent de ce qui se passe dans le monde arabe. Boko Haram utilise des modes qui relèvent davantage du crime organisé et des gangs. 12% des attaques l’ont été par attentat-suicide, mais la plupart consistent en des assauts armés. Hormis Boko Haram, il y a six autres groupes terroristes actifs au Nigeria, dont les plus connus sont le Mouvement pour l’émancipation du Delta du Niger (MEND), qui a un agenda politique de revendication d’une meilleure répartition des ressources pétrolières au profit des régions du Sud-Sud du Nigeria.

Il est important cependant d’inscrire Boko Haram et son émergence dans le contexte des politiques nationales des Etats concernés (corruption, pauvreté, faiblesse de l'Etat, frontières multiples…). La corruption,  la faiblesse ou l’absence de l’Etat dans des régions périphériques créent un contexte favorable à la diffusion et à la pénétration des idées d’un groupe comme Boko Haram. Le comportement des forces de défense et de sécurité est également un facteur important pour réduire la menace ou au contraire l’aggraver. Par exemple, les forces nigérianes avaient attaqué Boko Haram en 2009 à Maiduguri, au moment où le groupe ne se cachait pas. La police avait arrêté Muhammad Yusuf, le leader du groupe, et l’avait exécuté. Les survivants de la répression de 2009 sont entrés dans la clandestinité et ne sont réapparus que plus d’un an plus tard, sous la direction d’Abubakar Shekau. Si une approche différente avait été adoptée en 2009, et qu’il y avait eu un processus judiciaire, peut-être qu’on n’aurait pas créé un contexte favorable à l’émergence de la version très violente de Boko Haram sous Shekau.

Pour le Mali, AQMI existait depuis des années mais en 2012, a profité de la quasi-disparition de l’Etat malien au Nord pour s’installer, dans le sillage de groupes armés ancrés localement. AQMI a eu de nombreuses années pour développer des liens familiaux par mariages dans les régions touareg, pour pénétrer le tissu social à travers des réalisations et échanges économiques. Le gouvernement malien avait de son côté pris la mauvaise habitude de s’appuyer sur des relais locaux au Nord parfois liés eux-mêmes aux réseaux de trafics. Le conflit en Libye a servi de déclencheur à la crise au Mali, mais le contexte avait été largement créé par la mauvaise gouvernance et une certaine démission des autorités politiques et militaires du pays face aux défis, il est vrai, immenses de la sécurité dans le nord.

Il faut aussi mettre en lien le développement du terrorisme avec la mondialisation qui charrie des opportunités mais aussi de graves menaces, difficiles à contenir en particulier par les Etats les plus faibles. La mondialisation permet une plus grande mobilité des idéologies religieuses et politiques radicales, des moyens financiers et logistiques au service des groupes terroristes et permet des moyens de communication efficaces. Il est ainsi devenu possible de mobiliser des jeunes dans des actions armées à des milliers de kilomètres, à travers une communication astucieuse et moderne sur internet, en récupérant l’actualité internationale. 

Est-ce que c’est notre problème ? Sommes-nous concernés ? Est-ce une priorité pour l’Afrique de l’Ouest?

Le terrorisme est bien notre problème à tous en Afrique de l’Ouest. Mais la solution militaire, même si elle est devenue nécessaire par exemple au Nigeria pour faire face à Boko Haram, n’est pas la solution. Le phénomène Boko Haram révèle que nombre d’Etats ont perdu prise sur leurs sociétés. Les Etats ont perdu la capacité à regarder leurs sociétés en face, telles qu’elles sont devenues après des décennies de négligence de régions périphériques et de démission politique. La présence d’AQMI et de groupes connexes dans le Sahel et le Sahara, mouvements qui s’approvisionnent en Libye, elle-même en décomposition, l’interconnexion des pays de la région, tous ces facteurs font qu’aucun pays n’est à l’abri d’une attaque terroriste. Tous les pays sont concernés parce que des groupes ancrés dans un pays peuvent frapper dans un autre, comme on l’a vu par exemple avec al-Shabaab au Kenya.

Enfin, il faut poser la question du renseignement en n’oubliant pas que plus on donne des moyens aux services de renseignement et aux forces de sécurité, plus l’espace de libertés des citoyens a tendance à se réduire.  Il faut également être conscient des risques de récupération politique de la question du terrorisme. 

Mouhamadou Moustapha Mbengue

 

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