Repenser l’éducation : pour une Afrique qui propose

Une étude menée par les Nations Unies en 2013 a donné lieu à des statistiques affolantes concernant l'éducation en Afrique : près de trois jeunes sur dix ne sont pas capables d'effectuer une opération de calcul simple, et deux jeunes sur cinq sont incapables de lire une phrase malgré leur scolarisation. 

Nietzche disait, à propos de la connaissance, que :

« Ce n’est que lorsque l’homme aura atteint la connaissance de toutes choses qu’il se connaîtra lui-même, car les choses sont les frontières de l’homme. ».

Du point de vue de l'éducation, il est nécessaire de prendre en considération la différence entre les besoins et les contraintes des enfants dans les pays africains et ceux d'autres continents, voire entre les enfants de chaque pays du continent. L'apprentissage, comme le définit Dewey, devrait prendre l'enfant pour base, car il est destiné à répondre à la nécessité de s'adapter à un écosystème donné. 

Or il s’avère qu’en 2014, les outils proposés aux enfants africains sont plus utiles aux enfants européens, car ils répondent aux contraintes de ces derniers. Il est urgent de repenser l’éducation dispensée aux enfants des Afriques de manière à ce que celle-ci réponde à leurs contraintes immédiates, et leur ouvre des pistes d’avenir dans leur propre territoire de naissance. Peut-être cela permettra-t-il aux générations futures de nourrir des rêves qui, loin de rejeter leurs traditions au profit d’un idéal « occidental », les connectera de nouveau à une civilisation dans laquelle, enfin, ils pourront se reconnaître. 

L’éducation comme réponse aux contraintes de notre environnement

La forme graphique dans laquelle se projette la pensée, le mode de compréhension de l'univers qui nous entoure, conditionnent durablement notre manière de réfléchir. Un paradigme se construit autour de cette réflexion, qui traverse les générations. Les pays Africains doivent investir dans des méthodes d'apprentissage qui répondent aux contraintes qui leur sont propres, afin d'apporter à leur tour leur manière de percevoir le monde à la grande fresque du savoir humain. 

Nombre de sociétés considérées comme primitives s’avèrent aujourd’hui détenir une rare connaissance de l’être humain et de son environnement. Que ce soit au fond de l’Amazonie, dans le désert du Kalahari, ou dans les endroits reculés d’Australie, les vestiges de ces civilisations que nous envions aujourd’hui sont encore témoins de systèmes éducatifs qui ont fonctionné. Ceux-ci sont à la peine aujourd’hui, en raison d’une mondialisation agressive et du désamour qui en découle pour tout ce qui concerne l’éducation traditionnelle. 

Se réconcilier avec les repères traditionnels 

Pourtant, les enfants Africains disposent de tous les outils nécessaires à la compréhension et à l’appréhension de leur environnement immédiat, et du grand mystère de la vie. Les contes, pour ne citer qu’eux, sont reconnus par les psychanalystes comme étant des outils qui permettent aux enfants de connaître les dangers auxquels ils peuvent être exposés, de les appréhender, d’y trouver des solutions grâce à leur ingéniosité. 

Il nous appartient d’explorer ces richesses, de les analyser, de nous en inspirer pour permettre à l’Afrique de s’exprimer de sa propre voix. Il est temps que les Africains se saisissent de cet héritage intellectuel et le mettent à exécution à travers le continent. Il est temps que l’Afrique propose, après avoir tant reçu. Qu’elle se construise par ses propres matériaux qu’elle aura solidifiés par les connaissances du passé, et qu’elle arrose la plante qui a longtemps germé dans ses terres. 

Comme les Grecs de l’Antiquité, les Africains doivent entrer en possession d’eux-mêmes. Le monde a aujourd’hui besoin d’une Afrique qui dialogue d’égal à égal avec les autres continents. L’Afrique a un devoir de prise en main et de restitution. Cela commencera par une réappropriation des modes d’enseignement par les citoyens Africains. C’est dans cette démarche que les pays Africains pourraient travailler en tant que partenaires, avec les pays d’Occident, et bénéficier de leur accompagnement durable et de leur expérience en tant que pays ayant eu l’occasion de développer leurs outils éducatifs. 

L’Afrique doit devenir ce qu’elle est déjà, c’est-à-dire un creuset de savoirs, un générateur de connaissances. Elle ne deviendra un partenaire efficace que quand elle apprendra à respecter sa propre individualité. 

Lycée à Abidjan – Copyright Zenman

Après les « grandes figures », quelle succession ? 

Le principe de l’enseignement, comme nous le savons grâce aux données historiques que nous possédons sur les aspects de la civilisation africaine, existe dans les fondements des sociétés africaines. Des auteurs comme Amadou Hampaté Bâ l’ont souligné à plus d’un titre. Les leaders politiques qui ont montré l’exemple de la sagesse africaine ont permis au continent de se hisser sur la scène internationale, tels Nelson Mandela ou Jomo Kenyatta. Dans les mondes Peul ou Bambara, l’homme est tenu, arrivé à un certain âge, d’enseigner aux plus jeunes ce qu’il a appris. Il y a là des leviers sur lesquels nous appuyer pour impulser un souffle nouveau au corps éducatif africain. 

Si les structures éducatives propres à l’Afrique ont disparu face à l’occidentalisation, leurs principes fondateurs demeurent, et leurs témoignages physiques sont encore présents. Il faudra étudier à nouveau ces structures, les replacer dans le contexte actuel, extraire les réponses qu’elles apportent aux contraintes aujourd’hui inhérentes aux sociétés africaines, et les réactiver dans les esprits afin qu’elles donnent naissance à une technologie maîtrisée par les africains sur les plans historique et pratique. Aujourd’hui, le G20 doit accompagner l’Afrique dans un processus de ré-enracinement dans le terreau du savoir. Il est temps de permettre une Renaissance africaine pour que le continent ait une pierre à apporter à l’édifice du savoir humain. 

Nelson Mandela disait que les actes des Sud-Africains devaient désormais déboucher sur une véritable réalité africaine, une société dont l’humanité serait fière. Ces mêmes propos s’étendent à tout le continent africain. Vingt ans plus tard, au devoir de « panser nos blessures » s’est ajouté celui de faire la paix avec une histoire trop longtemps limitée à ses épisodes aliénants, et concerne désormais la totalité du continent. A l’ère du Village Global, il est urgent de parachever la construction d’une Afrique qui propose.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright Photo Bernd Weisbrod

Touhfat Mouhtare

Le capital-investissement acclimaté à l’Afrique: un modèle en construction

capitalMalgré les taux de croissance élevés de la dernière décennie, le volume des investissements en Afrique est resté modeste comparé aux autres régions du monde. Le continent ne représente que 6.5% des transactions du capital-investissement sur les marchés émergents contre 78% pour les pays émergents d’Asie (1).  Une situation qui résulte de la stratégie des sociétés de capital-investissement ; ces dernières investissent principalement dans les entreprises à forte capitalisation. Les grandes entreprises des secteurs du pétrole, des mines, de la banque, des télécommunications sont privilégiées au détriment des PME, certes peu structurées, mais représentant l’essentiel du tissu économique des pays. La moyenne des tickets d’investissement est d’environ 10 millions de dollars -hors Afrique du Nord- (2) ; des montants que très peu de sociétés ont la capacité d’absorber. Il se pose ainsi la nécessité de repenser le modèle actuel du capital-investissement dans un contexte où, les performances des entreprises des marchés cibles sont affectées par la baisse des cours des matières premières, réduisant davantage les opportunités d’investissement.

 

Le développement de compétences entrepreneuriales : La solution face à l’effet paradigme

L’effet paradigme résulte des divergences entre les méthodes de gouvernance d’entreprise appliquées par les fonds d’investissements et celles souvent moins orthodoxes des PME africaines. Ce qui constitue un frein au développement du capital-investissement.

Il convient de présenter l’entreprise comme un système composé d’éléments en interaction permanente. Envisager une entreprise en tant que système revient à la considérer comme un ensemble organisé composé de différentes fonctions, individus, ayant tous des objectifs, pouvant être contradictoires. C’est cette contrariété en termes d’objectifs qui oblige le manager à adopter un modèle de gestion moderne afin de concilier les buts et assurer une croissance maitrisée. L’entreprise moderne met en place des procédures, établie des organigrammes, définit les responsabilités et les délégations de pouvoirs puis assigne les rôles aux individus. En Afrique, les PME ou les entreprises en début d’activité communément appelées  start-ups,  sont caractérisées par la concentration du pouvoir entre les mains du chef d’entreprise, qui n’est généralement pas prêt à le partager. Une autre caractéristique de ces entreprises est qu’elles sont pour la plupart familiales. On entreprend en famille. Des facteurs socioculturels peuvent expliquer cet état de fait. L’esprit communautaire, le sentiment d’appartenance à un groupe social, souvent  le village, est particulièrement présent dans les sociétés africaines. Zady Kessi, écrivain et Président du Conseil économique et social de Côte d'Ivoire,  disait dans Culture africaine et gestion de l’entreprise moderne (1998), que « L’esprit communautaire constitue la clef de voûte de l’édifice social africain ».

La mise en place d’un système de développement de compétences entrepreneuriales et d’apprentissage de bonnes pratiques, intégrant cette caractéristique indissociable à la culture de « l’entreprise africaine », qu’est l’esprit communautaire, trouve ainsi sens. Pour ce faire, le modèle des incubateurs est une piste. En effet les incubateurs, en plus d’être des lieux d’apprentissage, sont des lieux de socialisation. On apprend à se connaitre, à partager, à collaborer. Le lien de famille n’est plus le seul moteur de collaboration, donc de productivité. Pour l’investisseur, il permet de diffuser les meilleures pratiques en matière de gestion d’entreprise, mais aussi d’aligner ses intérêts avec ceux de l’entrepreneur ou du dirigeant de la PME dans l’optique de favoriser l’entrée au capital et le partenariat à long terme. Le développement du numérique accélère la transition vers ce nouveau modèle. De plus en plus de centres d’innovations se créent sous l’impulsion d’institutionnels et d’investisseurs. Au Ghana, le  « MEST » est un précurseur. Il a été créé en 2008 grâce au soutien de Meltwater, une multinationale spécialisée dans l’analyse de données en ligne. On le voit plus récemment  au Sénégal avec Cofina start-up House l’incubateur du groupe COFINA, une institution de financement. Cette approche qui semble se développer davantage en faveur des start-ups n’est pas exclusive aux entreprises en démarrage. Le capital humain étant le principal accélérateur de croissance ; les dirigeants des PME dans une démarche participative, au cours de périodes d’incubation ou de « camps de formation » organisés au sein de ces lieux, pourraient être invités à travailler ensemble hors du cadre familial. Le changement de génération à la tête des PME facilite la mise en œuvre de tels programmes. Ces moments seraient des occasions pour faire connaitre les règles du financement, en l’occurrence du capital-investissement, et faire apprendre l’orthodoxie en matière de gouvernance d’entreprise ; favorisant ainsi l’entrée au capital des PME.

 

Promouvoir des équipes locales et une nouvelle stratégie de levée de fonds

La particularité de la plupart des fonds d’investissement  intervenant en Afrique est de disposer d’équipes à très hauts potentiels. Ceci entraine des coûts de gestion élevés; ces dernières ayant des niveaux de rémunération identiques ou proches des standards occidentaux. Des équipes qui souvent, ne résident pas dans les pays où s’opèrent leurs investissements. Pour  J-M. Severino, Président d’I&P -un fonds d’investissement dédié aux PME africaines-, « avec les structures de coûts que doivent supporter les professionnels opérant depuis Londres, Paris ou Dubaï, il est quasiment impossible d’imaginer être rentable en investissant seulement 500 000 euros ou 1 million par opération». Une contrainte qui justifie le fait que ces fonds préfèrent participer à des transactions de plusieurs millions. Pour permettre aux structures plus modestes telles que les PME et les start-ups d’avoir accès aux énormes ressources du capital-investissement, il faut nécessairement favoriser la mise en place d’équipes locales. Cela passe par des transferts de compétences via des partenariats-métiers avec des structures ou des professionnels aguerris du capital-investissement. Ces équipes locales présentent l’avantage d’être proches des entreprises bénéficiaires des investissements. Ce qui s’avère primordial pour la réussite de ces dernières pour lesquelles un accompagnement dit « hand-on » ; c'est-à-dire au plus près de l’entrepreneur, est essentiel. Jean-Marc Savi de Tové, ancien de Cauris Management et associé du fonds Adiwale explique que, « La difficulté de ce métier, c’est qu’il faut vivre à moins de 5 Km de l’entreprise dans laquelle on investit, car l’entrepreneur va avoir besoin de vous presqu’en permanence ».  Les exemples de Teranga Capital au Sénégal ou de Sinergi au Burkina, des fonds soutenus par l’investisseur I&P et dirigés par des équipes locales sont illustratifs. Ces fonds investissent en moyenne entre 30  000 et 300 000 euros. Des montants qui correspondent aux besoins des entreprises.

Aussi réorienter la stratégie de levée de fonds s’avère indispensable. Au Sénégal par exemple -pays ayant bénéficié d’un des montants les plus élevés d’investissement d’impact en  Afrique de l’Ouest- ; sur 535 millions de dollars levés sur la période 2005-2015, plus de 80% ont été mobilisés par le biais de transactions de plus de 10 millions de dollars (3). Les investisseurs habituels des fonds d’investissement ont des exigences de rentabilité qui peuvent contraindre les gestionnaires à cibler, les grandes entreprises présentant un profil de risque moins prononcé ou, des transactions dans les projets d’infrastructures, au détriment des entreprises de plus petite taille ne garantissant pas le niveau de rentabilité souhaité. S’orienter vers des investisseurs sociaux à vocation entrepreneuriale, c'est-à-dire privilégiant un impact social par l’accompagnement des entreprises, favoriserait l’accès aux ressources aux PME et aux start-up. Il s’agit entre autres des fondations, des institutions de développement au travers de programmes spécialisés, d’investisseurs privés, etc. Selon la Banque mondiale, les jeunes représentent 60% de l’ensemble des chômeurs africains. Le rapport Perspectives Économiques en Afrique du Groupe de la Banque Africaine de Développement publié en 2012 indiquait que le continent avait la population la plus jeune au monde, avec 200 millions d’habitants âgés de 15 à 24 ans ; un chiffre qui devrait doubler d’ici 2045. Les défis auxquels fait face l’Afrique, en l’espèce la problématique du chômage des jeunes, rendent davantage pertinent cette approche et le choix du continent comme terre d’investissement pour ces investisseurs. Ce capital dit « patient » permet de rallonger la durée des investissements. En moyenne de sept (7) ans dans le modèle classique, la durée des investissements pourrait aller au-delà de dix (10) ans et ainsi garantir une croissance réelle des entreprises financées.

 

Instaurer un cadre législatif et fiscal avantageux et encourager la création d’associations locales du capital-investissement

Disposer  d’un environnement juridique et fiscal incitatif pour le capital-investissement, véritable alternative à l’emprunt bancaire, est essentiel au plein essor de ce mode de financement. Le développement de ce concept a toujours été précédé par l’introduction d’un cadre juridique organisateur. Aux Etats-Unis où est né le capital-investissement, il a fallu la promulgation du décret de la Small Business Investment Act (4) par le gouvernement américain en 1958, pour voir se développer le métier de capital-investisseur. Certains pays africains ont pris la mesure de l’importance du capital-investissement en édifiant des réglementations propres à ce métier ; c’est le cas de l’Afrique du sud et de l’île Maurice -où sont enregistrés la plupart des fonds d’investissement opérant en Afrique-. Dans l’espace UEMOA, une loi Uniforme sur les entreprises d’investissement à capital fixe a été prise et transposée par certains pays. Malgré des avancées sur le plan fiscal de cette loi, elle reste silencieuse sur certains points. S’agissant de la gouvernance des sociétés, elle n’indique pas les modalités de gestion et de contrôle. Par ailleurs, aucun texte ne précise clairement le capital minimum requis. Des améliorations restent à apporter afin de rendre cette loi plus efficace et incitative ; notamment en rendant possible un accompagnement financier par  les Etats, à ces sociétés, avec pour objectif de favoriser le soutien financier aux PME et aux start-ups. Cela passe par l’orientation de l’épargne locale, en l’occurrence celle collectée par les caisses de retraite, vers les fonds dédiés.

Afin de dynamiser le secteur du capital-investissement en Afrique, la mise en place d’associations locales est essentielle. Tel que préconisé par Jean Luc Vovor, – associé de Kusuntu Partners- lors d’une conférence tenue à Lomé sur le sujet ; les associations locales de capital-investissement devraient avoir pour mission d’informer et de promouvoir cette classe d’actif, parfois méconnue, auprès des partenaires que sont les entreprises en l’occurrence les PME et les start-ups, les sociétés d’investissement, les fonds de pension et les Etats.

La diffusion d’informations passe au préalable par le développement de programmes de recherches liés à ce secteur ; avec des recherches sectorielles, des enquêtes, le développement de normes, et aboutissant sur des sessions de formation et d’information. L’association sud-africaine de capital-risque et de capital-investissement (SAVCA), par son action, a favorisé l’instauration et la promotion de la réglementation relative aux fonds de pension en 2011 ; des amendements ont permis auxdits fonds de faire passer à 10% la part du capitalinvestissement géré. Il s’agit là du rôle déterminant que pourraient jouer les associations locales dans le développement du capital-investissement en Afrique.

 

Un écosystème entrepreneurial dynamique est essentiel au développement du capital-investissement en Afrique. Contribuer à l’éclosion de cet écosystème passe par la mise en place de centres de développement de compétences entrepreneuriales, en favorisant l’accès au financement. Les programmes comme celui lancé récemment par la BAD et la Banque européenne d’investissement, Boost Africa, qui ambitionnent de couvrir la totalité du secteur de la création d’entreprise ; en aidant à constituer un portefeuille de 25 à 30 fonds au cours des prochaines années sont à multiplier. Pour croitre et créer des emplois durables, les entreprises à forts potentiels que sont les start-ups et les PME ont besoin d’investisseurs capables de s’adapter à leur niveau de risque. Le capital-investissement en Afrique doit s’inscrire dans un cadre plus global mêlant développement de compétences, promotion d'équipes locales, accès au financement, et implication des pouvoirs publics.

 

 

Larisse Adewui

 

  1. Source : EMPA, Fundraising & Investment Analysis, Q4 2014
  2. Source : EMPA, Fundraising & Investment Analysis, Q4 2014
  3. Source : Le Marché de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest : Etat des lieux, tendances, opportunités et enjeux actuels, Pages 12-17
  4. La Small Business Act est une loi du congrès des Etats-Unis votée en 1958,  visant à favoriser le développement des PME.

Blue economy: an opportunity for inclusive growth In Sub-Saharan Africa

blueSub-Saharan African countries have over the last few decades recorded strong growth rates, resulting in an average growth of about 5% in the region in 2014. Countries such as Côte d’Ivoire, Kenya and Senegal have continued to perform well in spite of the notable drop in 2015 as a result of the fall in oil prices.

Despite these performances, most Sub-Saharan African countries continued to be plagued by high levels of poverty and inequalities and low standards of health and education systems, which explain the reason for their very low Human Development Index (HDI). According to the 2015 UNDP report on Human Development, 38 of the 48 Sub-Saharan countries are ranked among the fourth and last categories of countries with the lowest Human Development.

This situation can be attributed to a lack of exploitation of all the potentials available to these African countries. These include potentials offered by the seas, oceans, lakes and rivers, through fishing, tourism, commerce, energy supply and the production of pharmaceutical products which ensure the creation of wealth and employment. While maritime commerce can be said to be developed in the coastal nations of sub-Saharan Africa, fishing, tourism, energy and pharmaceutical production remain under exploited.

This article revisits the under-exploited aspects of the Blue economy in the Sub-Saharan African region that offer  a strong economic growth potential for the region.

Tourism: An under-exploited but important revenue-generating sector for Sub-Saharan Africa

According to the World Tourism Organization, Global revenues for tourism was about $1.5 billion in 2014, in which $221 billion was revenue from passenger transportation and $1245 billion  was from visitors’ expenditures in accommodation, food and drinks, leisure, shopping and other goods and services. This offers a really great opportunity in direct employment, particularly for the youth.

However, although the global revenues for tourism were high, Africa was only able to gain 3% from this total revenue – which equals less than 3% for Sub-Saharan Africa. This low tourism revenue rates is due to lack of significant political action that ensures revenue growth in the tourism sector. This lack of policy is characterized by under-equipped and under-managed beaches, inadequate infrastructure, a lack of promotion of tourist sites, and oftentimes a high political instability. If Sub-Saharan African countries, through the tourism potentials that the oceans offer can improve their tourism sector and achieve at least 10% from the global revenue for tourism totaling about $150 billion, they would then be able to have additional resources to finance other  developmental projects.

Fisheries and Aquaculture: Low African Productivity in the global market

The Food and Agricultural Organization (FAO) in its 2016 report on the State of the World Fisheries and Aquaculture highlights the fact that fish continue to be one of the most traded basic commodities globally, and that more than half of the  these exports are from developing countries. However, African marine and coastal aquaculture production was only 0.2% in 2014 (FAO 2014). This then gives a lower estimated turnover for Sub-Saharan Africa.

Considering the fact that Africa has an estimated maritime area of about 13 million square kilometers, it is a wonder why African production is not large enough. The importance of fishery and aquaculture in the economic transformation of Sub-Saharan African countries towards inclusive economies lies in their ability to create direct employment particularly for the underprivileged population. For example in Mauritius, 29,400 jobs were created through the Fishing sector in 2014, according to the FAO.

More so, there is no doubt that fishery and aquaculture have played an important role in the economic expansion of Asian countries over the past decades. That 53% of the global maritime and coastal aquaculture production of fish come from Asia in 2014, is proof   of  this fact. In other words, the global exports of fish, cited at the beginning of this section, come principally from Asian countries.

Hydro-electricity: Harnessing the   Potential to fully Power Africa

Energy is undoubtedly essential in the economic development of any country. Electricity is vital for the proper functioning of services such as health and education, as well as for the smooth running of businesses that create employment.

Access to electricity, especially in the rural areas would help in the creation of a certain employment, allowing the structural reduction of the level of poverty. Despite these benefits however, according to the African Development Bank, more than 640 million Africans do not have access to power, which corresponds to an access rate of just over 40%. The same source states that the energy consumption per capita in Sub-Saharan Africa (excluding South Africa) is about 180kWh, a far cry from 13,000 kWh per capita in the U.S, and 6,500 kWh in Europe.

Despite the fact that Hydroelectricity supplies about a fifth of the current energy capacity, this represents only a  tenth of its total output. Yet according to the International Energy Agency, the ocean’s renewable energy could supply up to 400% of the global demand. Simply put, the 28 coastal countries in Africa can fully power up their population and can equally export energy to the remaining 20 Sub-Saharan African countries. African states must therefore consider further exploitation of hydroelectricity so as to supply energy to their populations. This would enable the creation of jobs and ensure an all-inclusive growth.

Climate-change awareness

Despite their enormous provision of natural wealth to the population, the over exploitation or the improper exploitation of the oceans, seas, rivers and lakes can have adverse effects on the environment. The Life Index of marine species have indeed decreased by 39% between 1970 and 2000. It is therefore essential to respect certain rules in addressing the environmental production while enjoying the benefits of a Blue Economy. Countries wishing to take advantage of the Blue economy can look into the recommendations made in the Africa’s Blue Economy: A policy Handbook, of the United Nations Economic Commission for Africa. These policies include, among others, the development of a framework in promoting infrastructure that respects the environment such as green ports and the use of renewable technologies. The report also recommends investment in information services on the environment to facilitate the ready availability of information on the climate and the environment.

Translated by: Tomilade Adesola

Source :

http://www.uneca.org/publications/africas-blue-economy-policy-handbook

http://www.undp.org/content/undp/fr/home/librarypage/hdr/2015-human-development-report.html

http://media.unwto.org/fr/press-release/2015-04-15/les-exportations-du-tourisme-international-grimpent-1-500-milliards-d-usd-e

http://www.afdb.org/fr/the-high-5/light-up-and-power-africa-–-a-new-deal-on-energy-for-africa/

http://www.fao.org/documents/card/fr/c/9ba59d60-6d96-4991-b768-3509eeffc4da/

http://www.worldwildlife.org/publications/reviving-the-oceans-economy-the-case-for-action-2015

Eradiquer la menace terroriste au Nigéria par la coopération régionale: nécessité et moyens d’actions

nigeria-dc-protestLa présente note d’analyse s’intéresse aux initiatives nationales et régionales de lutte contre le terrorisme au Nigéria.  Elle établit le constat selon lequel la menace terroriste incarnée par la secte Boko Haram résulte de défaillances dans la gestion par l’Etat d’une secte religieuse ayant un fort ancrage local. La secte Boko Haram est analysée comme un mouvement religieux dont les actions se sont radicalisées au fil des années en réponse aux prises de position et de décision des dirigeants locaux et fédéraux nigérians. L’internationalisation de ses attaques en Afrique de l’Ouest et du Centre justifie la détermination des États de ces sous-régions à mener des actions concertées en vue d’aboutir à son éradication.  L’auteur analyse ensuite comment « la responsabilité de protéger » pourrait fonder l’organisation de l’action défensive et offensive régionale contre Boko Haram. Lisez l’intégralité de ce Policy Brief.

La culture africaine à l’épreuve de la tentation identitaire

Culture-Narcisse, par Le Caravage. XVIème siècle.
Narcisse, par Le Caravage. XVIeme siècle.
Sont suspects ces hommes de culture qui ne savent pas déchausser leurs lunettes pour fondre leur regard dans celui de l'autre afin de le mieux connaitre; sont étranges ces hommes de culture qui s'assignent comme tâche la farouche défense d'un lumignon quand le ciel de l'humanité brille d'une multitude d'étoiles.

La vanité de la sanctuarisation

 

Il est remarquable et inquiétant à la fois que dans les moments de crispation se ravive la volonté de définir les points d’ancrage d’une entité sociale. Si encore cette tentative prenait la forme du débat, peut-être en sortirait-il quelque chose. Mais passionnée, son expression se veut péremptoire et emprunte souvent à l’ignoble. La défense de ces points d’ancrage qu’on fixe sous l’appellation de culture adopte presque toujours l’expression brusque du rejet de ce qui déborde des colonnes de classification, menaçant de leur impureté l’éclat de ladite culture, profanant la pureté des origines aussi sans doute. Le postulat trois fois douteux de la permanence d’une culture, par essence mouvante, fluctuante, s’enrichissant, s’appauvrissant tel le lit d’un fleuve au gré de ses affluents ou des conditions météorologiques, nourrit ce désir d’homogénéité. Sans apports extérieurs qui la dynamisent, heureusement ou non, une culture se dévitalise ainsi qu’une langue peu à peu délaissée finit par mourir.

Il n’est donc, quoiqu’imaginent les partisans d’une identité figée, aucune culture qui puisse se targuer de sa permanence. L’Occident aux racines judéo-chrétiennes, la première. Sa foi chrétienne, sa citoyenneté romaine et ses idéaux culturels hellènes n’ont pas empêché qu’hier Germains, Goths, Lombards, Vandales et Arabes, entre autres, y laissassent un peu d’eux ; qu’aujourd’hui l’individualisme, la subjectivité et la laïcité y sèment les germes d’un ordre nouveau. Toujours les cultures, les civilisations empruntent, adaptent, assimilent. Le projet caressé par une partie de l’élite politique française, érigeant l’identité au rang de projet politique, est symptomatique de cette erreur brandie au peuple avec l’enthousiasme d’une croisade. Comme si ce dernier n’avait vocation qu’à humer le nauséabond.

Passons, car la France comme le reste de l’humanité n’a pas le monopole de la bêtise. Comme ailleurs elle a établi son règne en Afrique. Ce en dépit du ferme sentiment chez certains de son caractère immaculé, rêveurs d’une Afrique en apesanteur, épargnée de l’humaine férocité. Toujours les maux décriés ailleurs leur paraissent des bizarreries dont ils se croient exempts.

Les sociétés étant confrontations d’intérêts divers, parfois antagonistes, que parvient à peine à réguler la norme, un espace de socialisation si lisse relève simplement du mythe. L’Afrique, constate-t-on, est aussi percluse de sottise que les autres. La tentation identitaire quant aux œuvres de l’esprit qu’on constate chez certains Africains, en est avec d’autres la coupable empreinte. Seraient-ils sortis du dernier village du Sahel ou du Bassin du Congo que je ne le relèverais pas, mais il s’agit d’une tendance remarquable chez une partie sa fleur intellectuelle. Volontairement elle chausse des œillères et ne daigne considérer une œuvre que si elle porte l’estampille africaine.

L’autre jour en séjour chez un ami, comme je lui partageai mon désir de visiter le musée Balzac au château de Saché, ce dernier, déçu, s’engagea dans une critique de mon envie saugrenue et de mon intérêt pour l’illustre maitre Français. Comment, peut-on, Africain, éprouver le désir d’aller visiter un musée Balzac alors qu’on pas épuisé l’œuvre des écrivains Africains ? Rien que ça ! Un autre, promoteur passionné des lettres, me surprit lorsqu’au cours d’une discussion il tança sévèrement les penchants occidentalisants de la plume d’un écrivain africain nationaliste. J’entendis dans ses propos un reproche sous-entendu des choix plastiques de l’auteur, un peu trop éloignés, à son gout, d’une certaine esthétique africaine. Caricaturale, dirais-je.

Repli sur soi et culture : deux attitudes antinomiques

Défendre des intérêts nationaux, encourager la production culturelle d’une certaine aire, revendiquer son appartenance obligent-elles à verser dans l’inculture ? Dans la mesure où la culture est ouverture, élan vers l’autre qu’on approche d’abord pour son génie propre et qu’on découvre plus tard si on souhaite. L’inculture c’est l’esprit de clocher, c’est l’entre soi, c’est le sentiment de son propre génie, convenables aux esprits étriqués, enclins à limiter leur regard sur le vaste monde sur ce qui leur est familier. Ce repli sur soi-même, vulgaire crispation simpliste et bigote qui, si l’on fouille bien, réduit l’identité – subjective, mélange des diverses substances d’ici et d’ailleurs assimilées par le sujet -, à une seule appartenance, signe une culture chétive, avilit ce grand idéal.

Elégante, solide et gaillarde la culture souffle sur l’esprit, le nourrit, l’affermit et le rend agile. Elle est à l’esprit ce qu’est au corps l’exercice. Modérant et apprivoisant les affects, elle fait réaliser aux hommes leur ressemblance. Tout le contraire du carcan nombriliste. Par la puissance de leur beauté, la sincérité de leurs accents le Jazz et le Blues explosèrent leurs frontières primitives et séduisirent une partie de l’Amérique ségrégationniste. Qui se souvient du contexte de leur éclosion ? Aujourd’hui ces musiques sont assimilées blanches, mêmes dans l’esprit des Africains.

Amasser les lectures et les références intellectuelles ne cultive que si on se laisse transformer par la sève des lectures, et des arts en général, puissante source de révolte, d’irrévérence et d’élégance. Avoir des prétentions à la culture et n’apprendre jamais à regarder l’homme par-delà les montagnes et les océans, est une imposture ! On dit de l’Allemagne nazie qu’elle était policée, cultivée. Bien non ! Quoiqu’ayant lu tout Schiller, tout Goethe assimilé son romantisme, traquer Arendt, Zweig Mann, Brecht, Heine, était preuve de la barbarie la plus sombre. Et chaque fois qu’on nie la voix de l’autre simplement par idéologie ou par racisme, on se rapproche des autodafés et de l’exclusion.

Relativiser dans la douleur, dialoguer dans la différence

Nécessaire, le besoin de connaitre la culture de son terroir ou d’augmenter ses connaissances quant aux cultures des aires avec lesquelles on revendique une attache ne se fait pas sur le dos des autres cultures, fussent-elles celles d’un pays avec lequel on entretient des rapports difficiles du fait de la politique ou de l’histoire. C’est de culture donc qu’était imprégné l’auteur Africain blâmé par mon ami. Malgré ses griefs, il ne s’était pas débarrassé de la langue française, continuait, malgré sa mise au ban par la France de son temps, de célébrer ses beautés, et d’exprimer son génie par son truchement. Il avait réussi à prendre le recul nécessaire pour que son combat ne le brouillât jamais avec les grands esprits admirés au sein de la nation combattue.

A-t ‘on jamais entendu l’âme révoltée et anticolonialiste de Césaire renier Shakespeare ou Hugo ? L’a-t ’on jamais entendu cracher sur sa culture classique occidentale ? C’est en articulant l’idéal de dignité de cette culture à sa révolte de nègre qu’il nous est devenu ce grand poète, dénonciateur du colonialisme et pourfendeur des roitelets nègres. Allons-nous lui faire un procès en infamie ou en aliénation pour avoir crié sa négritude en français ?

La mémoire douloureuse des africains, légitime, continue de souffrir de la relégation du continent noir aux confins de l’humanité, chosifié, n’ayant « inventé ni la poudre ni la boussole », n’a pas fait sienne l’injonction du poète : « sois calme ma douleur ». Mieux que sombrer dans une valorisation agressive de l’histoire et des cultures africaines, au risque non seulement de graves incohérences et d’un criard manque rigueur, mais aussi de déshumaniser l’Africain, nettoyé des pesanteurs constitutives de l’homme que l’idéal d’humanité rêve de gommer, n’est-il pas préférable que l’Afrique embrase et réchauffe le cœur refroidi de l’humanité gagné par les démons de la discorde par ce rire fraternel et insoumis qui la sauva de la disparition ?

L’Afrique, fer de lance d’une révolution financière ?

Partout dans le monde, on assiste à un bouleversement du paysage financier[1]. Les banques traditionnelles sont prises de vitesse par des acteurs nouveaux, dits barbarement fintech et/ou opérateurs de mobile banking (MNO ou MVNO)[2], optimisant l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). En Afrique, cette tendance est croissante. Ce continent peut-il mener la voie d’une nouvelle ère financière ? 

L’Afrique, épicentre technologique des services financiers

Le phénomène de digitalisation financière est plus aigu sur le continent africain pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, les startups étiquetées « fintech » grouillent. Ce constat est sans équivoque et ce, dans la plupart des pays africains, notamment en Afrique de l’Est et en Afrique du Sud. Certaines se sont même fait remarquées sur la scène internationale, attirant investisseurs étrangers en quête de solides retours et/ou d’impact social. Ainsi, sur l’ensemble des investissements alloués aux jeunes entreprises africaines dans les NTIC en 2015, 30% concernaient les fintech[3]. Soutenues par un écosystème favorisant le développement de ces entreprises – avec une offre croissante d’accompagnement par des incubateurs et des concours entrepreneuriaux – ces pépites jouissent d’un environnement de plus en plus favorable à leur éclosion.

L’Afrique peut se targuer d’être le continent du mobile money et banking (ou m-paiement). La majorité des services de mobile money s’opérant à l’échelle planétaire ont lieu en Afrique (52%)[4]. Leur développement est exponentiel avec, en 2015, trois fois plus d’utilisateurs de portefeuille mobile et numérique qu’aux Etats-Unis et avec un rythme de croissance trois fois supérieur[5]. Cependant, certaines précisions s’imposent. D’une part, parler de rupture technologique en Afrique revient à négliger la situation actuelle. Contrairement aux pays occidentaux où l’offre bancaire est bien ancrée auprès une clientèle large, l’Afrique – avec des nuances pour l’Afrique du Sud – ne dispose pas de banques jouissant d’une telle base clientèle (9 Africains sur 10 n’ont pas accès aux services bancaires). Dès lors, ces acteurs créent des infrastructures et des services là où l’existant est quasi nul. D’autre part, la révolution en question n’est pas brutale mais par phases. Le déferlement du mobile money appartient à une première tendance, certes non achevée mais déjà talonnée par une seconde vague d’innovation menés par les fameuses fintechs. Alors que les services de mobile money, sont, dans l’ensemble, pilotés par de grands groupes de télécommunications et basés sur le téléphone portable, les fintechs sont surtout le fait d’entrepreneurs innovants en solo et axées sur l’usage d’internet[6].

Pionnière ou retardataire ?

Cette distinction permet de mieux apprécier si l’Afrique fait figure de pionner à l’échelle internationale ou si elle ne fait que rattraper un fort retard de bancarisation, avec des moyens qui lui sont propres. La réponse n’est pas binaire : l’Afrique crée de zéro des solutions répondant à des besoins basiques, pour combler le déficit de réponse adaptée des acteurs traditionnels. Cependant, la forme prise par ces solutions introduit un paradigme nouveau que les pays développés sont en train de copier, prenant dès lors l’Afrique pour modèle. Ainsi, on assiste à un bourgeonnement d’offres bancaires à distance en France (exemples de Soon, Hello Bank pour n’en citer que certaines) ; encore embryonnaires au Nord, elles font en revanche partie intégrante du paysage au Sud. En revanche, le focus sur le Nigeria du dernier rapport du cabinet KPMG sur les services financiers en Afrique souligne que les banques traditionnelles africaines semblent connaître les mêmes problématiques que leurs consœurs occidentales en ce qui concerne le passage au numérique. La conversion de leurs clients – qui utilisent déjà les plateformes numériques mais pour d’autres usages – à des services bancaires en ligne ne va pas de soi et la facilité d’utilisation reste un défi pour nombre de banques africaines.

Pourquoi un positionnement d’avant-garde ?         

Tout problème appelle une solution. C’est cette raison simple qui explique principalement l’ébullition constatée en matière de services financiers innovants. Elle se vérifie magistralement dans la problématique cruciale du financement des PME. Délaissées des banques – qui, peu flexibles, requièrent un nombre faramineux de garanties et comprennent mal leurs capacités de crédit – respectivement trop petites et trop grandes pour la plupart des fonds d’investissement et les institutions de microfinance – avec un ticket d’entrée trop élevé/petit pour ce segment – les PME reçoivent un meilleur accueil auprès de plateformes telles que Merchant Capital ou Rainfin en Afrique du Sud qui ont une connaissance fine de leurs besoins avec une proposition de valeur adaptée et flexible.

Similairement, alors que des institutions de la place existent pour répondre à des problématiques du quotidien, l’utilisation du numérique permet à d’autres acteurs de proposer des solutions plus adaptées, en accord avec les préférences des consommateurs africains[7]. Ainsi, en matière de transferts d’argent, face aux mastodontes occidentaux, l’opérateur de mobile money QuickCash cible les populations non desservies en brousse, reliant en particulier les planteurs de cacao en Côte d’Ivoire et leur famille dans les pays frontaliers. De même, la fintech WorldRemit a su s’imposer en se montrant plus réactive et moins chère pour répondre aux requêtes majeures de la diaspora. Ces exemples soulignent que, l’agilité et l’innovation, au-delà même de la technologie, sont les clés expliquant le succès des fintechs en Afrique. Dans le même registre, l’histoire de M’Pesa confirme cette hypothèse : c’est en saisissant que la population utilisait le temps de communication comme une monnaie d’échange, que Safaricom a eu l’idée de lancer l’opérateur de mobile banking kenyan.

Une tendance en plein essor

Premièrement, le marché est encore très peu desservi et ne demande qu’à croitre. Les chiffres sont cités à tour de bras mais leur effet demeure significatif : sur près de 330 millions d’adultes, 80% manquent d’accès aux services bancaires formalisés. Deuxièmement, une intégration est en cours, à la fois de manière organisationnelle et sectorielle. D’une part, banques et opérateurs de services virtuels tendent de plus en plus à s’associer pour renforcer leur service client et accroitre leur couverture. On peut ainsi citer les unions entre la Commercial Bank of Africa (CBA) et Safaricom au Kenya, créant M-shwari, ou entre des institutions de microfinance et M-Birr en Ethiopie. Multipliant les services, l’intégration entre MTN avec une division de la Standard Bank en Afrique du Sud, entre Airtel et Equity Bank au Kenya ou entre les opérateurs télécom et la Société Tunisienne de Banque ont favorisé des offres nouvelles, telles que la consultation des comptes, le transfert d'argent d'un compte bancaire à un autre via le mobile, le paiement de factures, le prêt bancaire, etc. En Afrique de l’Ouest, cette tendance a favorisé la forte croissance enregistrée depuis 2013 dans le mobile-money[8].

D’autre part, l’innovation est dynamisée par une intégration sectorielle. Cette caractéristique positionne sans conteste l’Afrique comme pionnière. L’utilisation des technologies déployées par les fintechs ouvre la voie à l’inclusion d’autres services financiers (e-santé, e-assurance, e-éducation, etc.). Ainsi, à l’instar de M’Kopa, des fintechs se sont mises à offrir à leurs clients des services divers et variés étoffant leur modèle économique et leur part de marché. C’est dans cette perspective que peut se comprendre la dernière annonce par Jumia de se doter se son propre système de financement par mobile.

Les raisons foisonnent pour que cette tendance se maintienne à vive allure. Jusqu’à présent, contrairement à leurs analogues américains, les fintechs africaines n’ont pas ou peu tiré profit de la masse de données qu’elles drainent quotidiennement. C’est pourtant une mine d’or ! L’analyse de ces informations permettraient entre autres de mieux cibler leur clientèle, avec des offres plus adaptées, de réduire les risques, etc. Une autre opportunité vient de l’adaptation du marché du travail aux problématiques émergeant à mesure que se constitue une classe moyenne à l’aise avec les technologies numériques. De nouveaux métiers et de nouveaux modèles apparaissent. Au Rwanda, les entreprises Rwanda Online et Pivot Access se sont alignées avec la vision nationale de devenir un hub numérique en Afrique en se positionnant comme des plateformes de services intégrés facilitant la vie au quotidien de la population (visa, enregistrement d’entreprise, paiement des impôts, etc. … le tout en ligne). Enfin, et non des moindres, la bonne marche des fintechs va de pair avec la nécessité de répondre urgemment à des enjeux sociaux : leur développement favorise l’inclusion financière, l’entrepreneuriat, l’égalité financière pour les deux sexes et la réduction de la corruption.

Les freins et nuances de ce développement

Si la vague des fintechs est excitante à plus d’un titre en raison de son impact socio-économique majeur pour le continent, elle doit toutefois être nuancée. Tout d’abord, elle s’inscrit dans une mode pour les startups en NTIC. Etre un entrepreneur en Afrique est branché, être un entrepreneur fintech, ça l’est doublement. Le revers de cette clinquante médaille est l’illusion qui peut s’ensuivre. Alors que les fintechs pullulent, bon nombre d’entre elles ont une vie très courte. Le taux d’échec, comme partout, est très élevé, tandis que le discours ambiant semble faire fi des difficultés inhérentes à ce secteur. En Afrique, ces dernières s’expliquent par un manque de capacités techniques. Les diplômés rechignent souvent à rejoindre des startups face à des propositions bien plus alléchantes de grandes entreprises[i]. L’autre écueil tient à la stratégie de distribution. M’Pesa a trébuché sur cet obstacle de taille en Afrique du Sud, en copiant son modèle kenyan et en négligeant l’effet de réseau indispensable pour réussir dans ce marché.

Sur le plan macroéconomique, deux enjeux majeurs pourraient entraver l’expansion des fintechs africaines. D’une part, l’absence ou le patchwork de cadres règlementaires pose un risque à la fois pour les usagers et les acteurs financiers. Comment s’assurer de la viabilité du système ? Comment prévenir toute bulle financière dans un marché faiblement/mal régulé ? Des codes tels que le The GSMA Mobile Money Code of Conduct, the SMART Campaign et the UN Principles for Responsible Investment, ont commencé à voir le jour mais ils restent embryonnaires face à un écosystème fourmillant et peu discipliné. D’autre part, si l’Afrique peut se constituer en modèle, son offre reste limitée à l’intérieur de ses frontières. Selon le rapport de l’UNCTAD, l’exportation des services technologiques africains est marginal, représentant seulement 0,3% des exportations mondiales en technologie de pointe[9], amoindrissant toute idée de positionnement pionner.

En conclusion, le trait le plus inspirant des fintechs africaines, mais qui ne leur est pas propre, est certainement leur agilité. Moins que la technicité, c’est leur spontanéité qui fait pâlir les banques occidentales, ou les poussent à les accompagner pour mieux s’en inspirer[10].

 

 

Pauline Deschryver


[1] http://cdn.resources.getsmarter.ac/wp-content/uploads/2016/08/mit_digital_bank_manifesto_report.pdf

[2] Par Fintech, on entend des innovations techniques appliquées aux services financiers classiques et des services financiers modifiant le paradigme financier ; MNO est l’acronyme anglais pour les opérateurs de réseau mobile virtuel

[3] Disrupt Africa African Tech Startups Funding Report 2015

[4] State of the Industry Report Mobile Money, GSMA 2015

[5] Source : VC4 Africa

[6] White Paper « The powerful rise of the 2nd generation of mobile banking in Africa », FINTECH Circle Innovate & Bankin Reports

[7] Selon le dernier rapport de KPMG sur le secteur bancaire en Afrique, le service client est le premier critère d’évaluation pour une banque

[8] On peut citer les associations entre les groupes Ecobank, BNP Paribas, Société générale et BIAO qui se sont associés à travers leurs filiales d'Afrique de l'Ouest avec Orange, MTN et Airtel.

[9] UNCTAD Technology and Innovation Report

[10] A l’instar d’institutions comme Barclays, qui a mis en place une communauté promouvant les fintechs africaines, Barclays Rise.


Iroko project : pionnier du crowdlending en Afrique de l’ouest

untitlediroko project est la première plateforme de financement participatif en dette rémunérée (crowdlending) en Afrique de l’ouest. L'objectif est de permettre aux particuliers de prêter directement leur épargne à des PME en Afrique de l'ouest, pour une durée et à un taux d'intérêt fixés à l'avance. 

Présentation du projet

Ce projet a été crée par deux anciens étudiants d’HEC Paris (diplômés en juin 2016) et passionnés par les dynamiques et les enjeux qui traversent le continent africain, et notamment l’Afrique de l’ouest. Leur travail est parti d’un triple constat : dans les décennies à venir, la création de millions d’emplois représente le défi majeur de cette région, or ce sont les PME qui sont les principaux leviers de la création d’emplois. Cependant, ces entreprises manquent souvent du financement nécessaire à leur développement, c’est le fameux « missing middle » ou « chainon manquant » du financement.

Depuis septembre 2015, ils ont travaillé sur l’opportunité du financement participatif pour les PME de la zone et ont notamment réalisé une étude de faisabilité, en avril-mai 2016, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Cette étude a été l’occasion de nouer différents partenariats, notamment avec le Groupe Cofina et Lendopolis (du groupe KissKissBankBank)[1].

L'objectif était triple : développer un modèle légal opérationnel dans le cadre juridique ouest-africain (qui ne possède pas encore de régulation propre au crowdlending), tester l’intérêt des PME et des prêteurs pour le service et nouer des partenariats stratégiques avec des institutions locales. Ils ont ensuite soutenu et publié leur rapport (qui est disponible sur leur site) et sont revenus en octobre pour démarrer l’activité. L’objectif de la phase pilote (octobre-mars) est de réaliser les trois premiers crédits, d’environ 30 millions FCFA chacun.

La première collecte débutera après la présentation du premier projet, lors de l'événement de lancement le 15 novembre à Dakar. Dans ce contexte, ils ont également rejoint l’incubateur du Groupe Cofina à Dakar.

Fonctionnement et modèle économique

Le pivot de leur modèle est leur partenariat avec des agences d’accompagnement de PME, comme le Bureau de Mise à Niveau ou l’ADEPME au Sénégal. L’intégralité des PME financées sur leur plateforme sont en effet suivies par ces agences depuis au minimum un an. Celles-ci  fournissent une information quantitative et qualitative sur les entreprises qu’elles accompagnement et agissent comme des tiers de confiance. Les dossiers transmis par ces agences sont ensuite étudiés par les équipes d'iroko project et, pour ceux retenus, présentés à la communauté de prêteurs. Les besoins des projets financés sur la plateforme varient entre 10 et 100 millions de FCFA. Si les besoins sont plus conséquents, ils peuvent également arriver en complément d’un crédit bancaire traditionnel.

Une fois le projet présenté en ligne, les prêteurs choisissent individuellement s’ils veulent y contribuer, en fonction des informations quantitatives et qualitatives disponibles sur l’entreprise et son équipe. Ils décident également du montant qu’ils souhaitent prêter : entre 100 000 FCFA et 2 millions FCFA. Lors de cette phase, les prêteurs ont la possibilité de communiquer avec le dirigeant de la PME et de questionner son activité. Egalement, sont mis en avant des données sur les impacts sociaux et environnementaux attendus suite à la mise en place du crédit : nombre d’emplois créés, réduction de l’usage d’énergies fossiles, impact sur la production locale, etc.

Une fois la collecte complétée, le crédit est décaissé et les remboursements débutent. La rémunération proposée aux prêteurs est égale au taux d’intérêt du crédit et se situe entre 9 et 14% par an.

Le service propose donc une source complémentaire de financement pour les PME et un produit d’épargne performant et accessible pour les particuliers.

Une fois les crédits mis en place, les équipes d'iroko project se chargent de suivre les remboursements et de réaliser d’éventuels recouvrements, en partenariat avec les agences d’accompagnement. En ce qui concerne le risque de défaut, il est, en dernier recours, porté par les prêteurs, qui sont donc rémunérés pour le risque qu’ils prennent.

Le modèle économique repose sur une commission prélevée à la mise en place du crédit, supportée par la PME et qui s’élève à 4,5% du montant du crédit.

Pour les prêteurs, le service est gratuit et rejoindre la communauté de prêteurs est simple : iroko project est ouvert à tous les résidents possédant un compte bancaire en FCFA. Les seules pièces démandés sont un document d’identité valide et un RIB.

Conclusion

L'objectif est de créer un réseau dynamique où prêteurs et emprunteurs mutualisent leurs fonds mais également leurs expertises et savoir-faire pour favoriser le développement du tissu économique ouest-africain.

L'équipe a conscience que leur service s’adresse encore à une partie privilégiée de la population ouest-africaine, bancarisée et possédant une capacité d’épargne importante. Développer des canaux de paiement innovants et populaires, comme le mobile money, est une de leurs priorités. Néanmoins, ces solutions restent encore trop onéreuses et difficilement supportables pour les parties en présence (la PME, les prêteurs ou iroko project).

Enfin, l'équipe souhaite que leur initiative permette de favoriser la mise en place d’une régulation propre au financement participatif dans la région. C’est pourquoi ils sont en discussion avec les autorités du Sénégal et de la zone UEMOA pour accompagner la réflexion dans ce sens.

 

Le lancement officiel du projet est prévu pour le 15 novembre 2016, à Dakar. N’hésitez pas à contacter les équipes d’iroko project à contact@iroko-project ou sur Facebook et Twitter


[1]  L’un des leaders du crowdlending en France

 

 

 

 

 

Perspectives économiques régionales: une croissance à plusieurs vitesses en Afrique subsaharienne!

Selon les dernières prévisions du FMI, le taux de croissance économique (la croissance moyenne)  de l’Afrique subsaharienne devrait descendre à son plus bas niveau depuis plus de vingt ans. Ces  prévisions publiées précisément le 16 Octobre 2016   dans son rapport semestriel  sur «les Perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne » soulignent  aussi une croissance hétérogène entre les différents pays de la région.

En effet, la conjoncture actuelle de l’économie mondiale, dominée précisément par la baisse continuelle des cours du pétrole et des matières premières,  a eu des effets différents sur les pays de la région en fonction de la structure de leur économie (pays exportateurs ou importateurs de pétrole, pays riches ou pauvres en ressources naturelles).

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             Afrique subsaharienne : croissance du PIB réel

De facto, les pays  tributaires des exportations de ressources naturelles (le pétrole) connaissent aujourd’hui un fort ralentissement    de leur économie. Des tensions causées, en partie, par la chute des exportations vers la Chine – premier partenaire commercial de la région (qui fait face à d’énormes difficultés économiques)  – mais aussi vers le reste du monde. Ainsi les pays comme le Nigéria, l’Afrique du sud et l’Angola ont vu leurs recettes nationales amputées  dans des proportions allant de 15 % à 50 % de leurs PIB depuis le milieu de l’année 2014.

Cependant, cette situation l’économie mondiale profite à d’autres pays comme le Sénégal, la Côte d’ivoire, le Kenya, l’Éthiopie …qui continuent d’afficher de bons résultats, car bénéficiant de la baisse des prix des importations de pétrole, de l’amélioration du climat des affaires. Ces pays devraient  continuer d’enregistrer des taux de croissance allant de 6 %  à  8%  dans les deux prochaines années, selon le même rapport. Mais dans l’ensemble, la production de la région ne devrait progresser que de 1,4 % en 2016. Un chiffre correspondant à ceux des années 1977, 1983,1992 et aussi de l’année 2009  date à laquelle la plupart des pays industrialisés du monde sont rentrés en récession la suite du krach de l'automne 2008.

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Afrique subsaharienne : croissance du PIB réel Pendant les épisodes de ralentissement économique actuel et passés

En plus de ces facteurs exogènes, la manque de transparence  des politiques publiques des pays les plus touchés a fortement contribué à leurs relentissements actuels et aux tensions économiques qu’ils connaissent. En ce qui concerne la politique économique, la réaction des différents gouvernements  fut lente voire même parcellaire.Et les progressions ou les croissances prévues pour les pays comme  la Côte d’ivoire, le Sénégal, l’Ethiopie, etc. pour les années à venir n’auraient pas d’effets ou d’impacts  sur l’économie des pays touchés  en raison de la faible intégration économique de la région.

Toutefois, les prévisions du FMI annoncent aussi une reprise modeste, avec une croissance d’un peu moins de 3 % pour l’année prochaine mais sous certaines conditions. Cette reprise ne serait possible que si  les différents gouvernements concernés, c’est-à-dire ceux qui dependent de l’exportation du  pétrole, mettent en place un ajustement budgetaire efficace à moyen terme.En d’autres termes,ces pays doivent  trouver des nouveaux moyens de financement de leurs économies  qui pourraient contribuer à attenuer l’effet de freinage à court terme sur la croissance et réduire l’incertitude qui fait actuellement obstacle à l’investissement privé.

D’ailleurs, cette problématique du financement des économies africaines a été le thème de la Conférence annuelle 2016 de l’Afrique des Idées qui avait réuni plusieurs experts au sein de l’université Paris Dauphine le 4 juin 2016.  L’élargissement de l’assiette fiscale, les Partenariats Public-Privé (PPP) sont des pistes à explorer pour garantir des moyens durables de financement des économies africaines.

Hamidou CISSE

Les NTIC et la problématique de l’éducation en Afrique

tic-en-education-en-afrique-1440x564_cLe développement des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) a révolutionné le monde entier dans divers domaines de la vie. Parmi ces domaines, on peut citer la médecine où les NTIC ont favorisé les dialyses, les échographies, les radiographies entre autres. Le commerce avec les achats et ventes en ligne, le système bancaire et l’éducation. Cet article s’intéresse à l’apport des NTIC dans le système éducatif en Afrique et propose quelques pistes  pour repenser le système éducatif africain à travers les NTIC seront proposées.

 

Les NTIC, un cadeau pour l’éducation

Les succès des Technologies de l’Information et de la Communication dans le système éducatif sont indénombrables. Tous les acteurs dans ce système liés aux ministères chargés de l’éducation pour les élèves et étudiants en passant par les enseignants et les parents d’élèves, profitent des NTIC. Les étudiants en sont les plus bénéficiaires. Grâce aux NTIC, l’État peut détecter rapidement des problèmes liés à l’éducation tels que la baisse des performances scolaires, le manque du personnel scolaire et d’enseignants dans une localité donnée pour procéder à des solutions rapides. De plus, les technologies favorisent la mise en place des cours en ligne qui peuvent pallier les problèmes d’infrastructures comme le manque d’amphithéâtres. Elles permettent également des projections vidéo pour une bonne visibilité des cours. La préparation des cours, la recherche de nouveaux exercices, devoirs et examens sont de plus en plus facile pour les enseignants grâce à l’internet. Dans cette optique, les NTIC permettent d’alléger la tâche des enseignants. Les parents, depuis la maison ou le lieu du travail, peuvent être au courant des activités de leurs enfants, de leurs performances courantes grâce à une bonne combinaison des NTIC avec les établissements scolaires. Les élèves et étudiants, ont de leur côté, une facilité dans la recherche. L’internet fournit une panoplie d’exercices corrigés et des cours pouvant améliorer la compréhension des leçons. Même si les ressources de l’internet ne peuvent aucunement remplacer les cours reçus en classe, elles peuvent aider les élèves à se mettre au jour. Les élèves n’ayant pas de professeurs disponibles peuvent recevoir des cours à distance grâce aux technologies. Plusieurs forums offrent des réponses et des discussions intéressantes entre étudiants et professeurs afin de trouver des solutions aux leçons non comprises. Les NTIC permettent un réseau plus large aux élèves et étudiants pour des questions réponses sur les incompréhensions et les difficultés.

 

Les NTIC, un piège pour les élèves

Si les Technologies de l’Information et de la Communication offrent beaucoup d’avantages au système éducatif, elles ont néanmoins quelques inconvénients notables sur l’éducation. En effet, elles ont entrainé une dépendance des enfants aux jeux vidéo. Même si ces jeux vidéo ont un effet stimulateur sur l’intelligence et les réflexes des enfants, ils ne peuvent pas remplacer les devoirs à domicile. Pourtant, les enfants consacrent de plus en plus de temps aux jeux vidéo qu’aux études. Certains enfants substituent des heures de sommeil et de repos aux jeux vidéo, ce qui fait que ces enfants arrivent souvent à l’école en étant fatigué. Le développement des ordinateurs, des logiciels et de l’internet n’a pas que des effets positifs à l’éducation ; il pourrait entrainer la baisse de l’effort intellectuel des acteurs du système éducatif, plus particulièrement des élèves et étudiants. La plupart des étudiants se limite aux ressources de l’internet tandis que les bibliothèques sont de plus en plus délaissées. Non seulement, il y’a plusieurs sites internet non fiables, mais aussi certains substituent la réflexion intellectuelle par des données de l’internet. L’effet pervers est le plagiat des travaux réalisés par les pionniers sur un sujet.  Et si les heures d'étude ne sont pas substituées pas par des jeux vidéo chez les jeunes élèves, elles sont substituées par les réseaux sociaux comme Facebook et autres…

 

Quelles pistes d’accélération pour repenser le système éducatif africain à travers les NTIC ?

L’utilisation des NTIC pour repenser l’éducation en Afrique passe par plusieurs niveaux dont l’inclusion de l’informatique au cœur du système éducatif africain, l’amélioration des  programmes télévisés pour l’insertion des enfants, l’adaptation du mobile et d’internet à l’éducation.

 

Mettre l’informatique au cœur du système éducatif africain

Au cours des vingt dernières années, de nombreux gouvernements ont adopté des politiques visant à encadrer l’intégration des NTIC dans l’éducation. Mais dans la mesure où l’intérêt pour l’apprentissage par ordinateur n’a grandi que récemment, il y a une absence totale de politique en matière d’informatisation du système éducatif africain. Si tous les pays africains avaient des politiques orientées vers l’intégration des NTIC à travers la mise en place des salles informatiques dans les établissements publics et privés, cela contribuerait à améliorer le niveau du système éducatif en africain. Il est donc nécessaire de promouvoir l'apprentissage assisté par ordinateur. Des reformes sont indéniablement nécessaires dans ce sens pour inciter les établissements privés secondaires et supérieurs à s’équiper  de salles informatiques. En effet, il est impératif d’insérer dans les programmes au moins deux heures de cours d’informatique par semaine. L’enseignement automatisé dans les programmes permettra de remédier à l’insuffisance de professionnels qualifiés dans différents domaines surtout dans les disciplines scientifiques. En outre, l’envie des élèves à apprendre de nouvelles choses, et leur curiosité de manipuler un ordinateur est une motivation supplémentaire  à leur présence en cours. Cela contribuera également à diminuer le taux d’absentéisme et le taux d’échec scolaire dans les pays africains. Par ailleurs, les États doivent aussi remplir pleinement leur rôle en équipant davantage les écoles publiques du secondaire à l’université, de salles informatiques de qualité. Ces mesures permettront de réduire significativement les incartades entre les programmes scolaires et les besoins réels de l’économie en main d’œuvre qualifiée.

 

Rendre le Mobile plus éducatif

Depuis plus d’une décennie, le marché de la téléphonie mobile a connu une expansion très forte à l’échelle mondiale. La vitesse de diffusion de cette technologie a été particulièrement rapide en Afrique subsaharienne. Dans le même temps, plus de 350 millions de personnes en Afrique subsaharienne sans école ni accès à l’électricité vivent dans des zones couvertes par le réseau mobile. Ce qui signifie que le mobile pourrait être un facteur déterminent dans la nouvelle construction de l’éducation africaine. Dans ce cas, comment le rendre plus éducatif ?

En initiant des collaborations ou des partenariats entre les États africains et les opérateurs téléphoniques. Les opérateurs téléphoniques peuvent jouer un rôle important dans la promotion du système éducatif africain. Les États africains doivent les inciter à s’impliquer davantage dans le nouveau système de l’éducation par le mobile. Les efforts doivent se concentrer dans les zones urbaines déjà couvertes par le réseau Mobile et s’étendre progressivement vers les zones rurales pas toujours bien couvertes. Pour cela, le ministère de l’éducation en collaboration avec les enseignements, doit élaborer des programmes clairs et détaillés sous forme d’application Mobile. Il s’agit de mettre en place des cours enseignés à l’école via le téléphone Mobile en tenant compte des diversités linguistiques existant dans les pays africains. Par exemple, il est important de réaliser certaines matières en plusieurs langues/dialectes et en fonction des spécificités des territoires. Dans ce cas, l’enfant ne sera plus déconnecté de l’école surtout dans les milieux ruraux où les filles ont tendance à rester à la maison alors que  les garçons eux sont privilégies pour les études.. Ainsi, le Mobile éducatif permettra de contribuer au changement des mentalités que le continent a éperdument besoin pour son développement. Au final, il serait propice à la croissance de la productivité des agriculteurs, la sécurité sanitaire, l’accès à l’éducation pour les personnes qui en étaient jusqu’ici exclues, la formation continue des enseignants en zones rurales, l’inclusion financière, ou encore l’optimisation des infrastructures routières.

 

Rendre l’internet plus éducatif 

L’Afrique enregistre un retard notable dans l’utilisation de l’internet comme outil pour l’amélioration du système éducatif. Selon l’UIT en 2015, seuls 19 % des Africains ont accès à l’internet. Ce faible taux s’accompagne d’une pénétration d’internet dans les ménages de seulement 11 %, contre près de 36 % dans les pays arabes par exemple. Parallèlement, alors qu’en moyenne, 28 % des foyers sont équipés d’un ordinateur (portable/fixe ou tablette) dans les pays en voie de développement, ils ne sont que 8 % en Afrique subsaharienne.

Face à cette situation, les gouvernements africains doivent conjuguer leurs efforts afin d’investir dans les NTIC pour améliorer l’offre  d’internet dans les établissements publics avec un système wifi pour faciliter les déplacements au sein des établissements. Au niveau de l'enseignement supérieur, l’utilisation de l’internet pourrait être le plus efficace grâce à la mise en place des programmes à distance. La formation à distance dans l’enseignement supérieur a plusieurs avantages. Elle est d’abord une alternative à l’enseignement supérieur traditionnel. Elle permet d’améliorer la qualité de l’enseignement dans plusieurs domaines. Cependant, les universités africaines montrent un intérêt significatif pour cette nouvelle méthode d’apprentissage, notamment en raison de l’inefficacité du système éducatif africain. Ainsi, les pays africains doivent mettre en place des campus numériques avec des bibliothèques connectées à la disposition des étudiants. Cela permettra de donner un élan à la promotion de la recherche scientifique dont le continent a éperdument besoin aujourd’hui.

L'enseignement par Internet doit encore faire face dans de nombreux pays africains à des obstacles majeurs, le premier d'entre eux étant la faiblesse des infrastructures antérieures de télécommunication et le coût prohibitif des tarifs d'accès à l'Internet. Par exemple, les responsables pédagogiques au niveau des ministères et des facultés doivent améliorer les outils pédagogiques qui peuvent être adaptés à l'Internet. Les contenus de nos programmes aujourd'hui disponibles en ligne sont pour la plupart établis en occident et ne s’adaptent donc pas nécessairement à des étudiants africains. Nous devons être capables de réaliser des programmes inclusifs à nos valeurs ancestrales, culturelles, sociologiques et tout simplement en cohérence à notre identité. Toutefois, plusieurs universités ont conscience de l’importance de l’Internet dans les programmes et réorientent leurs programmes existants à l’enseignement par Internet. L'enseignement par Internet peut contribuer à oblitérer certaines difficultés auxquelles les pays africains doivent faire face aujourd'hui, c'est-à-dire celles liées à l’inefficacité de l’appareil éducatif.

 

Yedan Ali

Amadou Sy

Financer les économies africaines – Livre blanc de la Conférence annuelle 2016 de L’ADI

Le problème du financement des économies africaines se pose avec plus d’acuité dans un contexte où les Etats élaborent des plans d’émergence conformément aux Objectifs de Développement Durable des Nations Unies et à l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. L’Afrique des Idées a réuni des experts lors de sa Conférence Annuelle pour réfléchir sur les moyens d’amplifier la mobilisation des ressources financières à destination des économies africaines. La question de la mobilisation des ressources internes et de la mise en place de modèles de financement innovants a constitué la principale problématique de cette rencontre. Les conclusions de cette réflexion se trouvent dans ce Livre blanc téléchargeable gratuitement.

 

L’économie bleue: une opportunité pour assurer une croissance inclusive en Afrique Subsaharienne!

blueDurant ces dernières décennies, les pays  d’Afrique Sub-Saharienne ont enregistré de forts taux de croissance entrainant une croissance moyenne de 5 % dans la région en 2014. Même si l’on note une baisse de ce taux en 2015 due à la chute des prix du pétrole, certains pays tels que la Côte d’Ivoire, le Kenya et le Sénégal continuent d’enregistrer  de belles performances en matière de croissance. Toutefois, malgré ces performances, la plupart des pays d’Afrique Subsaharienne restent minés par des niveaux de pauvreté  et d’inégalités élevés, des systèmes de santé et d’éducation peu performants, ce qui explique  leurs indices  de développement humain (IDH) très bas. Selon le rapport du PNUD sur le développement humain en 2015, 38 pays sur les 48 que compte l’Afrique Sub-Saharienne sont dans le quatrième et dernier cadrant, soit le cadrant des pays ayant un faible développement humain. On peut attribuer à cette situation, une inexploitation de toutes les potentialités dont disposent les pays africains. Parmi ces potentialités se trouvent celles offertes par les mers, les océans, les lacs, les fleuves et les rivières à travers la pêche, le tourisme, le commerce, la fourniture d’énergie et la production des produits pharmaceutiques qui permettent de créer de la richesse et des emplois. Si le commerce maritime est développé dans les pays côtiers d’Afrique sub-saharienne, la pêche, le tourisme, la production énergétique et la production pharmaceutique restent peu exploités. Cet article revient sur les aspects sous-exploités de l'économie bleue en Afrique subsaharienne et qui présentent un fort potentiel de croissance économique pour la région.

Tourisme : un secteur à forte recette mais très peu exploité par les pays de l’Afrique sub-saharienne

Selon l’Organisation mondiale du tourisme, les recettes mondiales du tourisme ont atteint 1500 milliards d’USD en 2014  dont  221 milliards d’USD de recettes de transports de voyageurs et 1245 milliards d’USD de dépenses des visiteurs en hébergement, repas et boissons, loisirs, achats et autres biens et services. Cela offre une très grande opportunité en termes d’emplois directs surtout pour la jeunesse.  Cependant, bien que les recettes mondiales du tourisme  soient élevées, l’Afrique n’en tire que 3 %, soit donc moins de 3 % pour l’Afrique Subsaharienne. Ce faible taux de recettes liées au tourisme est dû à un manque de politique d’envergure pour accroître les recettes du secteur touristique. Cette insuffisance de politique est caractérisée par des plages très peu aménagées et développées, une insuffisance d’infrastructures, un manque de promotion des sites touristiques et très souvent une forte instabilité politique.  Si les pays africains au Sud du Sahara, à travers les potentialités de tourisme qu’offrent les mers, peuvent améliorer leur secteur touristique et obtenir au moins 10 % de la part des recettes mondiales du tourisme, soit donc 150 milliards de dollars, alors ils pourront disposer de ressources supplémentaires pour financer des projets de développement.

Pêche et aquaculture : une faible production africaine dans la production mondiale

Le rapport de la FAO sur la situation mondiale des pêches et de l’aquaculture de 2016 montre que le poisson continue de faire partir des produits de base les plus échangés dans le monde et que plus de la moitié des exportations en valeur proviennent des pays en développement. Cependant, la production aquacole marine et côtière de l’Afrique en 2014 n’a été que de 0,2 % (FAO, 2014), ce qui donne un chiffre moins que cela pour l’Afrique Sub-Saharienne. Quand on sait que l’Afrique dispose d’une zone maritime de 13 millions de kilomètres carré sur sa juridiction, on peut se demander pourquoi la production de l’Afrique est ci-basse. L’importance de la pêche et de l’aquaculture dans la transformation économique des pays d’Afrique Sub-Saharienne vers des économies inclusives réside dans leur capacité à créer des emplois directs surtout pour des populations défavorisées. Par exemple en Ile Maurice, le secteur de la pêche a permis de créer 29400 emplois en 2014 selon la FAO.  Il n’y a aucun doute que la pêche et l’aquaculture ont joué un rôle important dans l’essor économique des pays asiatiques durant ces dernières décennies. La preuve est qu’en 2014, 53 % de la production aquacole maritime et côtière mondiale de poissons viennent de l’Asie. Autrement dit, les exportations mondiales en valeur de poissons, citées au début de la section, viennent principalement des pays asiatiques.

Hydro-énergie : une potentialité à exploiter pour alimenter l’Afrique à 100 %

Il n’est pas sans doute que l’énergie est indispensable dans le développement économique de tout pays. L’électricité est indispensable pour le bon fonctionnement des services de santé, des services d’éducation et pour le bon fonctionnement des affaires, créatrices d’emplois. L’accès à l’énergie surtout en milieu rural permettra de créer un certain nombre d’emploi permettant de réduire structurellement le  niveau de pauvreté. En dépit de ces bénéfices de l’énergie, plus de 640 millions d'Africains n'ont pas accès à l'énergie, ce qui correspond à un taux d'accès légèrement supérieur à 40 %, selon la Banque africaine de développement. De même, selon la même source, la consommation d'électricité par habitant en Afrique subsaharienne (Afrique du Sud exclue) est de 180 kWh, contre 13 000 kWh par habitant aux États-Unis et 6500 kWh en Europe.  Bien que l’hydroélectricité fournisse  environ un cinquième de la capacité actuelle, le potentiel utilisé n’atteint même pas le dixième du total. Pourtant, selon l’Agence Internationale de l’Énergie, l’énergie renouvelable des océans pourrait fournir jusqu’à 400 % de la demande globale d’énergie. Autrement dit, les 28 pays côtiers pourraient alimenter 100 % de leur population et également exporter de l’énergie vers les 20 pays restant d’Afrique sub-saharienne. Les États africains doivent donc songer à une exploitation totale de l’hydroélectricité pour fournir de l’énergie à toute la population, ce qui permettra de créer des emplois et assurer une croissance inclusive.

Prise en compte des changements climatiques

Si les océans, les mers, les rivières et les lacs offrent d’énormes richesses à la population, leur surexploitation ou mauvaise exploitation pourraient avoir de conséquences néfastes sur l’environnement. En effet, l’indice de vie des espèces maritimes a connu une baisse de 39% de 1970 à 2010. Pour donc prendre en compte la production de l’environnement tout en profitant des bénéfices de l’économie bleue, il est primordial de respecter quelques règles. Les pays souhaitant donc profiter de l’économie bleu peuvent se référer aux recommandations du rapport Africa’s Blue Economy : a policy  handbook de la Commission économique des nations unies pour l’Afrique. Ces politiques comprennent entre autres le développement d’un cadre pour promouvoir des infrastructures respectant l’environnement telles que les ports verts, l’utilisation des technologies renouvelables… Le rapport préconise également l’investissement dans les services d’informations sur l’environnement pour faciliter et la disponibilité des informations sur le climat et l’environnement.

 

Hamed Sambo

 

 

Source :

http://www.uneca.org/publications/africas-blue-economy-policy-handbook

http://www.undp.org/content/undp/fr/home/librarypage/hdr/2015-human-development-report.html

http://media.unwto.org/fr/press-release/2015-04-15/les-exportations-du-tourisme-international-grimpent-1-500-milliards-d-usd-e

http://www.afdb.org/fr/the-high-5/light-up-and-power-africa-–-a-new-deal-on-energy-for-africa/

http://www.fao.org/documents/card/fr/c/9ba59d60-6d96-4991-b768-3509eeffc4da/

http://www.worldwildlife.org/publications/reviving-the-oceans-economy-the-case-for-action-2015

 

TIC, Entrepreneuriat et les start-up technologiques

Notre précédent article sur les Télécommunications en Afrique dressait un panorama du secteur sur le continent, avec des chiffres témoignant de l’importance et de la croissance du secteur aujourd’hui et pour les années à venir. La croissance attendue du nombre d’abonnés mobiles en Afrique et le développement de la data vers des réseaux plus rapides (3G et 4G) font du secteur des NTIC un secteur privilégié par les entrepreneurs et startups africaines et les investisseurs.

La multiplication et le succès des incubateurs numériques dans les grandes capitales africaines témoignent de l’esprit d’entreprenariat et d’innovation qui se développe chez les jeunes africains. En particulier, l’Afrique du Sud, le Kenya ou le Nigéria sont des places incontournables dans l’écosystème de l’entrepreneuriat numérique en Afrique, de par le nombre de structures d’accompagnement (incubateurs, accélérateurs…), du nombre de startups qui voient le jour et des financements qu’attire le secteur. Les KINGS (Kenya, Côte d’Ivoire, Nigeria, Ghana et Afrique du Sud) représentent ces pays africains en plein essor économique, et porteurs du développement des NTIC et du digital, aussi bien dans la sphère entrepreneuriale que dans la cour des grands.

ntic

D’autres pays, comme le Maroc, Maurice ou le Sénégal ne sont pas en reste et attirent de nombreuses entreprises du secteur des TIC. En 2015, les investisseurs et les institutions d’aide au développement auraient accordé près de 185 millions de dollars de financement aux startups africaines.

 

Les principaux incubateurs numériques en Afrique

Afrique du Nord

Afrique de l'Ouest

Afrique de l'Est

Afrique du Sud

WikiStartp.tn

Flat6Labs.com

PlugAndPlayEgypt.com

Tahrir2.com

 

JokkoLabs.net

Cticdakar.com

iLabLiberia.org

MobileWebGhana.org

mFriday.org

CCHubNigeria.com

WennovationHub.com

ActivSpaces.com

Tekxl.com

IceAddis.com

iHub.co.ke

HiveColab.org

TheHubKampala.com

kLab.rw

Teknohama.or.tz

 

mLab.co.za

Google.co.za/Umbono

BongoHive.com

i-Hub.mg

 

 

Source : Etude Forbes Afrique 2015

 

En effet, aux quatre coins de l’Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest et Centrale, les entrepreneurs jouissent d’espaces d’échanges, de création et de développement, leur permettant de développer des applications et outils répondant aux besoins de la société et des consommateurs africains. Par ailleurs, l’organisation d’évènements, concours et Hackathons contribue à favoriser l’esprit entrepreneurial et à l’animation du secteur des TIC.

 

"Contraction de "hack" et "marathon", un hackathon est un événement lors duquel des équipes (composées de développeurs, mais aussi parfois de designers et de chefs de projet) doivent développer un projet informatique, en général un logiciel ou une application. Elles doivent le faire sur une période limitée, et généralement courte (une journée, une nuit, un week-end). Le but est donc de coder rapidement quelque chose de malin (d'où le "hack"). Il s'agit aussi de développer de manière intensive, sans s'arrêter (d'où le marathon). C'est aussi souvent une compétition festive à l'issue de laquelle un jury choisit et récompense des gagnants." Journal du net

 

Prenons l’exemple de Tekki48, un événement de 2 jours dédié aux startups organisé à Saint-Louis au Sénégal par le CTIC Dakar et Jokkolabs, en partenariat avec une université locale. L’événement a accueilli plus de 100 participants venus de tout le pays et 50 projets ont été pitchés devant un jury composé des acteurs clés de l’écosystème de l’entrepreneuriat au Sénégal. En particulier, depuis ces dernières années, les applications et startups technologiques à succès se concentrent sur des secteurs de l’économie dont le développement va de pair avec la croissance du continent. On retrouve ainsi des applications et plateformes dans les services financiers, avec l’essor des startups de la Fintech (M-Pesa, WeCashUp), du secteur de la santé, Healtech (JokkoSanté, Gifted Mom), de l’éducation, Edutech (WikiAfrica), de l’énergie et dernièrement, le secteur agricole (XamMarse, Trade at Hand).

Le point commun de ces startups technologiques à succès est l’aptitude qu’elles ont à allier esprit entrepreneurial et utilité sociale, ce qui leur permet non seulement de toucher un marché large, mais également d’attirer plus facilement des financements. Nous évoquons la question des financements à juste titre, car bien que le secteur des TIC soit prometteur en Afrique, les startups technologiques restent confrontées aux mêmes difficultés et contraintes que les startups classiques.

 

C'est aussi une question de financements et de ressources humaines!

En premier lieu, il n’est pas évident pour tous de trouver les financements nécessaires au développement de son projet. Prix, concours, emprunts ou Business Angels sont autant de pistes pour les entrepreneurs avertis, mais encore faut-il convaincre les investisseurs. Les structures d’accompagnement et de coaching jouent un rôle central sur ce volet, par le biais de l’incubation, des formations et ateliers divers. Par ailleurs, le développement de certaines plateformes requiert des compétences technologiques ou sectorielles (tel est le cas des startups technologiques dans le domaine de la santé ou des secteurs financiers par exemple), mais aussi commerciales et managériales. « Un technicien inventif et compétent est rarement un vendeur ou un homme d’affaires dans l’âme. », souligne Claude Migisha co-fondateur de The iHills Network, et membre fondateur de kLab, dans un article dédié au sujet.

Ces ressources humaines peuvent s’avérer difficiles à trouver et/ou coûteuses pour une jeune startup. De plus, les coûts de développement se répercutent parfois sur le prix du produit/service, ce qui limite son accessibilité à la population. Il convient donc que ces innovations technologiques, notamment celles ayant un impact social évident, soient accompagnées par le développement d’un environnement des affaires favorable ; on parle d’un accès facilité au financement, des infrastructures technologiques entretenues et la formation d’une ressource humaine adaptées. Au Kenya, suite à l’ICT Innovation Forum (Mars 2015), Bitange Ndemo, le précédent Secrétaire Permanent au ministère de l’information, de la communication et de la technologie, et Uhuru Kenyatta, le Président de la république, souhaitent faire du Kenya une « startup nation », par le biais de mesures encourageant l’innovation chez les jeunes, le financement de la recherche et du développement, dans l’optique notamment de créer des emplois.

 

 

Ndèye Fatou Sène

 

Sources

 

What a digital world : code binaire et numération africaine

Numérique et numération africaine. Sikidy
Divination Sikidy – Madagascar
Le mot « digital », usité aujourd’hui pour désigner tous les appareils et outils, matériels ou immatériels, dérivés de la nouvelle technologie d’information et de communication qu’est Internet, est un anglicisme. En anglais, « digital system » est le processus de traitement de données construit grâce à l’encodage de tout type d’information à l’aide du code binaire, deux chiffres représentant les deux états électriques de l’ordinateur : 0 et 1.

Peut-on retrouver cette logique binaire, autrement, dans d’autres civilisations ?

Maths pour tous

Des informaticiens, mathématiciens et physiciens tels que Leibniz, Raymond Lull, George Boole, se sont basés sur le système binaire pour construire les prémices de ce qui fait l’informatique aujourd’hui. On note d’ailleurs la référence souvent faite à l’algèbre de Boole en matière d’histoire du numérique.

Là où il est né, le code binaire est associé à l’énergie électrique et aux deux états d’un ordinateur qui fonctionne correctement : l’état de non passage du courant (0), et l’état de passage du courant (1).

Le codage, autrement

 

En Afrique, le stockage et la restitution de données à travers l’utilisation d’un système numérique à deux constantes existe sous la forme que les anthropologues nomment « divination ».

Cette discipline a son équivalent en Europe, sous le nom de divination par le tarot, ou par les runes. Mais en Afrique, elle est fortement attachée à une idée qui rappelle les éléments de l'informatique : stockage des données (mémorisation), traduction en information exploitable (nombres), interprétation.

Répandue dans tout le continent, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, existe sous plusieurs variantes. Leur origine varie selon la région où l’on se trouve : le sikidy à Madagascar, le sâhil aux îles Comores, le Bamana dans la région centrale (Cameroun), le hakata en Afrique du Sud (Zimbabwe, Zambie et Botswana). Du point de vue de l’histoire des mathématiques, on attribue l’origine des systèmes de divination, du moins en grande partie, à l’expansion de la géomancie arabo-islamique (Wim van Binsbergen (2000) et Eglash (1998) )[1].

Cependant, il est intéressant de noter des différences significatives entre ces systèmes ; différences que l’on ne saurait imputer aux seuls effets de l’évolution culturelle d’un savoir originaire des anciens empires arabo-islamiques.

Les systèmes de divination mathématiques

Attention : Lire une pensée qui ne privilégie pas l’écriture comme mode d’échange reviendrait à non seulement s’exposer à de fausses interprétations, mais aussi acquérir une vision "primitiviste" de cette pensée. De quoi voir le "sauvage" tel qu'il est : cette part de nous qui reste liée au monde du vivant, à la faune et à la flore.

Ainsi, pour éviter toute interprétation teintée de primitivisme, il vaut mieux prendre en compte, dès à présent, le caractère différent, et néanmoins tout à fait égal à toute autre pensée, de la pensée développée en Afrique. Les mathématiques ne se développent et ne s’étudient pas de la même manière en Afrique que dans les civilisations gréco-romaines, pour la simple raison qu’elles ne sont pas abordées de la même manière.

Revenons-en aux différences entre les systèmes de divination. En Afrique du Nord et en Afrique de l’Est, la divination numérique repose sur trois éléments matériels : le sable, les instruments et le devin. Le sable sert de support aux outils que le devin utilisera. Les instruments seront les représentations visuelles et matérielles des données numériques qui vont être utilisées. Il peut s’agit de cailloux, de cauris, de bâtons de petite taille ou d’os. Le devin, quant à lui, est l’interprète.

1ère analogie : Je ne peux m’empêcher ici de faire l’analogie entre le sable et l’écran, les instruments de codage et le code binaire, et le devin et le processeur/serveur.

Le principe, partout, consiste à isoler des éléments générateurs, toujours en nombre pair, et, à partir de celui-ci, à dégager une suite infinie de combinaisons paires ou impaires. Partout, le système semble être le même ; mais il diffère dans le nombre d’éléments utilisés.

A Madagascar (sikidy), au Nigeria (Ifa), le devin commence par tracer, ou poser, deux objets sur le sable. Ces deux objets seront les générateurs. Il lance ensuite les objets restés dans sa main. Chaque fois, il en retirera un ou deux, jamais plus, de sorte que se met en place un système basé sur une valeur impaire et une valeur paire. Ces valeurs, dans la plupart des régions, sont appelés la fille et le garçon, et le système générateur porte le nom de mère.

En Afrique du Sud, plus particulièrement chez certaines populations comme les Shonas, les Tswana ou les Kwi, également appelés Khoï, Kua ou Khoe, le système hakata diffère dans le sens où la combinaison génératrice est composée de quatre valeurs. Ces valeurs donneront ensuite naissance à des combinaisons diverses, au nombre de 16. Le caractère binaire ici concerne les faces des bouts de bois que l’on utilise : ils ont tous une face sombre et une face claire, et il existe deux probabilités : all faces up et all faces down.

L’humanité n’a donc pas fini de s’étonner elle-même !

Entrepreneuriat féminin : LAFEENT, l’association qui accompagne les entrepreneures africaines

LAFEENTL’association « L’Africaine, Femme Entrepreneur » (LAFEENT) est une association à but non lucratif qui a pour objetif de promouvoir l’entreprenariat des femmes africaines, en Afrique et ailleurs. Ses activités sont centrées autour du conseil , de la formation et de l’emploi. Discussion avec sa présidente, Meyia NTOLO.

« Les femmes africaines représentent aujourd’hui plus de 50% de la population du continent Africain. Elles sont donc des actrices incontournables, des forces pour son développement », déclare d’emblée Meyia NTOLO, Présidente et fondatrice de l’association. 

« Nous avons l’ambition de travailler à transmettre aux femmes Africaines les connaissances et informations nécessaires pour leurs projets de création d’entreprise , de sensibiliser le plus grand nombre à l’entreprenariat, d’aider au développement de PME et TPE déjà existantes, de travailler avec les différents états et organisations à la réduction du secteur informel par l’information, la formation et l’accompagnement».

Les missions que s’est donnée l’association LAFEENT sont diverses : (i) faire la promotion de l’entreprenariat des femmes africaines en Afrique ; (ii) accompagner les femmes africaines dans leurs projets ; (iii) encourager les femmes hésitantes à créer leur propre emploi ; (iv) promouvoir la conscience professionnelle dans le monde du travail et (v) intéresser les femmes et jeunes femmes/filles à l’entreprenariat

« Nous apprenons aux femmes à découvrir et développer leurs talents. Nous travaillons à valoriser leurs intelligences, leurs compétences, ainsi que leurs réalisations», ajoute Meyia NTOLO. L’association se donne comme objectifs de former les femmes pour leur fournir les connaissances indispensables dans leurs projets de création et de gestion d’entreprises. Il s’agit d’aider les femmes africaines à s’épanouir professionnellement en Afrique et ailleurs.

LAFEENT entend également accompagner les femmes dans leurs recherches d’emplois en Afrique, et permettre le développement de leurs compétences et talents (notamment à travers des ateliers). Enfin, l’association permettra de former un réseau de femmes entrepreneurs pour assurer un échange d’expériences et l’entraide entre ses membres, en particulier en informant les femmes Africaines de la diaspora souhaitant investir ou s’installer en Afrique sur les modalités de création d’entreprise dans leurs pays d’origine.

Le lancement des activités est prévu en fin d’année 2016.

Retrouvez toutes les informations sur LAFEENT sur son site internet. Vous pouvez aussi suivre l'association sur les réseaux sociaux : Facebook, Twitter et Instagram

Vous êtes entrepreneurs et souhaitez parler de votre activité ou discutez de l'entreprenariat en Afrique, écrivez nous ! 

Pour un « new deal » entre l’Afrique et le monde : Croissance(s) partagée(s)

JPG_AfriqueCroissanceComment et pourquoi un continent longtemps réduit à être à la fois l’arrière-cour politique et le relais de croissance économique des puissances du monde devient graduellement l’épicentre de toutes les attentions commerciales et intentions de développement international ?

Plus de cinq décennies après des indépendances qu’il n’est point exagéré de qualifier d’autonomies circonstanciées et de forme, l’Afrique suscite aujourd’hui un intérêt gourmand voire avide en termes d’investissements internationaux et d’attractivité pour le business mondial.  Aujourd’hui, la capacité pour les pays africains, dans leur spécificité et globalité, réside dans l’émergence d’une génération décomplexée, habituée aux dynamiques de confrontation internationale en matière de gouvernance politique et économique. Ces Africains nouvelle tendance est suffisamment renseignée sur les circuits de décision internationaux et travaille à une intégration outillée du continent dans l’arène mondiale pour faire face aux enjeux de compétitivité internationale.

A l’ère de la mondialisation débridée, soumise à de multiples crises économiques, bouleversements politiques et réorientation du système et des valeurs de coopération entre les Etats, l’Afrique apparaît comme l’Eldorado de la croissance mondiale et le biotope des nouvelles énergies du monde à l’horizon 2050.

Cette nouvelle donne économique et géopolitique s’exercera t-elle au détriment du continent ?

Faire mentir l’histoire

Pour envisager sereinement l’avenir, convoquer le passé n’est pas une attitude de régression mais de compréhension des piliers qui ont permis d’implanter durablement des schémas politiques, économiques, sociaux et culturels en Afrique. La Conférence de Berlin de 1885 initiée par les conquérants coloniaux sous la houlette du Chancelier Bismarck consacrait le partage de l’Afrique et la mainmise impérialiste sur ces ressources considérées à l’époque comme démesurément illimitées. Cet acte fondateur de la ruée vers l’Afrique, prélude à la colonisation, donnait le signal d’un « gâteau africain » découpé en territoires physiques et géographiques mais aussi en viviers économiques et de rentes pour les puissances occidentales. La suite ne fut qu’une succession de « prises d’intérêt économique et de ressources vitales » à sens unique, asséchant le continent africain, souvent avec la complicité d’acteurs locaux habilités à jouer les auxiliaires de liaison entre le Nord et le Sud.

130 ans plus tard, l’Afrique est toujours au centre de toutes les attentions vues du Nord et même de l’Orient. La Chine complète le tableau des puissances classiques en quête de vitalité économique. Se joue depuis deux décennies au moins en Afrique une guerre économique avec des outils de concurrence féroce entre globalement la France, les Etats-Unis, les Anglais d’un côté et les Chinois qui, forts de leurs longs compagnonnages tiers-mondistes avec l’Afrique, souhaitent durablement s’installer en maîtres dans les secteurs stratégiques sur le continent. Ils ne sont pas les seuls mais restent sur les lignes de front les acteurs prédominants sur l’espace économique et politique africain.

Après la Conférence de Berlin, la colonisation, les indépendances, la guerre froide, et la néo-colonisation et maintenant le cycle nouveau des régimes « post- Chute du Mur de Berlin », que propose l’Afrique pour les Africains et au monde ?

A cet effet, la nouvelle génération d’Africains aguerrie aux mutations géopolitiques dispose d’un avantage imparable : une grande capacité d’adaptation aux transformations et changements culturels du monde d’une part et d’autre part la position ambitieuse d’acteurs et « influenceurs » de nouveaux modèles qu’ils soient économiques et politiques. Le changement de paradigme tient en un axiome : l’Africain des années 2000 fait précéder la vision pragmatique d’un continent émergent, avançant avec ses failles et ses attributs de satisfaction, avant la réalité hypothétique d’une Afrique forte à l’essor économique insolent et à la stabilité politique incontournable.

De quoi l’Afrique est-elle le nom ?

Le continent est aujourd’hui celui des progrès divers et variés sur l’éducation, la santé, l’agriculture, les technologies. A l’horizon 2050, sa démographie sera la plus importante au monde. Actuellement forte d’un peu plus du milliard d’habitants, elle sera la terre d’un habitant sur quatre dans le monde dans trente ans. De fait, c’est le territoire de toutes les consommations et donc des besoins et opportunités. Corrélativement, le continent est celui des ressources : une jeunesse de plus en plus qualifiée en quête de destin collectif, un patrimoine naturel riche en forêts, mers et terres arables et des atteintes climatiques amoindries par un environnement encore vert et préservé. Pour exemple, le deuxième poumon vert du monde après l’Amazonie est au cœur de l’Afrique.

Ces différentes implications placent l’Afrique, pour les puissances internationales et multinationales, comme la terre de tous les attraits car un accès à plus d’un milliard de consommateurs est à la fois source de croissance économique, d’impact culturel et rayonnement international et d’influence politique et géopolitique.

Ainsi, ce continent devenu fortement compétitif apparait de fait comme le champ de bataille économique et politique du monde. Il y a lieu de s’interroger sur les retours de croissance pour l’Afrique elle-même. Le postulat d’une Afrique imprégnée dans la guerre économique et les luttes d’influence, loin d’être démontré, est suffisamment intéressant à analyser comme un nouveau facteur du bouillonnement des relations internationales. Le développement du continent, encore inégalement réparti, déséquilibré du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, malgré des ressources enviées, souffre aujourd’hui de la démonstration objective d’une conscience politique et continentale affirmée.

Au-delà du romantisme sur l’afro-optimisme, l’émergence en action

Il n’est pas un jour où des professeurs de foi, débordants d’enthousiasme invitent à croire en l’Afrique-Lumière, celle sortie miraculeusement de ses ténèbres séculaires par la seule magie du vœu. Le progrès économique, le salut social, la stabilité politique ne peuvent être réduits à des incantations bienheureuses. Aujourd’hui, les référentiels sur les lendemains qui chantent de l’Afrique ne sont pas différents de ceux qui ont été à l’origine de l’émergence de la Chine, du Brésil, de la Turquie, de la Corée du Sud, de la Malaisie, et que savons-nous encore ?

Concrètement, l’Afrique ne peut s’analyser comme un bloc émergent, sujet aux aléas d’une éventuelle récession économique, d’une crise politique, d’un conflit géopolitique. Il existe plusieurs Afrique(s). Le Rwanda, le Maroc, dans une moindre mesure le Nigéria ou l’Afrique du Sud représentent aujourd’hui des points de satisfaction avec la précaution admise mais non souhaitée d’une rechute.

Ainsi pour garder le cap et demeurer compétitif sur les marchés internationaux, les pays africains pris spécifiquement ou dans leur globalité doivent répondre à un ensemble structurant de critères non-exhaustifs mais qui permettant d’établir un climat de confiance pour le monde des affaires. L’existence d’infrastructures routières et maritimes (autoroutes, lignes ferroviaires et fluviales) et de circulation des biens et personnes (aéroports, ports), des conditions politiques stables et la sécurité, une main d’œuvre qualifiée et des cadres techniques de haut-niveau, la réduction de la corruption, des systèmes de santé et académiques adéquats, des capacités d’accueil et d’hébergement aux standards internationaux sont quelques préoccupations pour tous ceux qui souhaitent investir et travailler en Afrique. Un pays doté de structures bancaires et d’assurances sécurisées, de circuits administratifs et institutionnels fluides et dynamiques est rassurant. Le Maroc est l’exemple le plus abouti qui cumule tous ces points ; ce qui en fait aujourd’hui un leader en Afrique et une porte d’entrée vers l’Afrique subsaharienne.

De fait, il est très important que les pays africains soient accompagnés, dans le cadre de l’élaboration de leurs politiques publiques et  économiques, de concepteurs d’outils méthodologiques et adaptés au contexte administratif et culturel sur le développement de stratégie internationale et de promotion d’investissements extérieurs. L’urgence de cellules d’expertise géopolitique, de veille et d’intelligence économique dans les administrations publiques et chambres de commerce, les ministères des finances, du commerce, du tourisme, des affaires étrangères, dans les ambassades demeure un impératif.

Intégration africaine, paix et croissance durable

La nouvelle génération d’Africains est consciente que ces enjeux de développement doivent prédominer tout débat d’émergence et créer les conditions d’un partenariat entre le monde et l’Afrique où la croissance est partagée de façon équitable. La seule obsession qui vaille le déploiement de toutes les énergies de Rabat à Pretoria ou encore de Brazzaville à Harare n’est pas de rattraper un quelconque retard économique sur d’autres blocs de la planète, mais de dessiner les passerelles qui mènent à une intégration économique inclusive. Cela implique aussi pour les 54 Etats l’urgence d’aboutir en définitive à une véritable Union Africaine qui disposera de moyens et ressources politiques afin de s’imposer dans cette insaisissable compétition internationale. Modernisation des procédures administratives et nationales, professionnalisation des formations et mobilisation des ressources humaines vers le même objectif à la fois défensif et offensif, diversification des partenariats et coopération sud-sud, réelle intégration africaine économique et politique permettront d’accéder à une légitime prétention, celle de faire face aux défis de ce monde virevoltant en assurant durablement la croissance économique et la paix.

Il y va de l’équilibre du continent et du monde.

Régis HOUNKPE